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 07. We must learn to forget.

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MessageSujet: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyLun 25 Juil - 14:47

    Sortant de son appartement, Jessica resserra l'écharpe qu'elle avait autour du cou. Le temps était nuageux, le soleil semblait ne pas vouloir faire son apparition aujourd'hui. Elle poussa un petit soupir avant de monter dans sa voiture. L'idée de savoir qu'aujourd'hui le temps allait encore être gris, et que peut-être qu'elle n'allait pas voir le soleil, la démoralisait d'avance. Même si elle n'allait dehors, que pour manger avant de voir d'autres patients. La voiture alla en direction de la place BelleFontaine. Son cabinet se trouvait là-bas, pas très loin. Ce qui était une bonne chose à savoir, vu que le commissariat de police ou le cabinet du Dr Howell, n'était pas très loin du cabinet de Jessica. Elle s'était toujours dit, que si un jour un de ses patients ferait une crise d'angoisse, elle n'aurait qu'à appeler le médecin et il aurait accourut aussi vite. Ce qui bien entendu, n'était pas encore arrivé et elle espérait bien que cela n'arrivera jamais. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, la Clio rouge s'arrêta à côté du trottoir. La psychiatre sortit de sa voiture, en prenant soin de ne pas oublier ses affaires. Alors, qu'elle s'apprêtait à mettre la clé dans la serrure de la porte, elle se rendit compte que Sonia sa secrétaire était déjà arrivée. Avec un petit sourire, elle rentra dans le cabinet et salua la jeune femme. Pour une fois, celle-ci était arrivée en avance. Il était vrai que ce matin, Jessica avait un peu traîné. Quand elle s'était réveillée, et qu'elle avait vu le temps, cela l'avait un peu déprimé. Un peu de soleil, un ciel bleu en plein mois de mars ça ne pouvait pas faire de mal, mais, à la place c'était plutôt un temps gris. « Bonjour Sonia. Je suis surprise de te voir déjà ici. » Celle-ci eut un petit rire avant de dire. « J'avais du travail à terminer. » En signe de compréhension, la psychiatre fit un petit mouvement de la tête, avant de prendre le courrier présent sur la table. Comme presque à chaque fois, elle n'avait pas de courrier important concernant son cabinet. Cela la rassurait. Une fois, rendu dans son bureau, elle déposa sa veste ainsi que son écharpe sur le portemanteau. Elle observa son bureau. Il était impeccablement bien rangé, étant une jeune femme soigneuse, c'était souvent que Jessica prenait la peine de ranger les dossiers de ses patients, de faire attention que rien ne traîne. Même, que quelquefois elle avait l'impression que son bureau était mieux rangé que celui de sa secrétaire, ce qui la faisait rire.

    S'installant à son bureau, la jeune femme prit une feuille. Cette feuille contenait le nom des patients qu'elle recevait aujourd'hui. Quand, elle vit le nom de l'adolescente qu'elle avait en consultation, elle eut un petit sourire. Rien de mieux de commencer une journée, avec une adolescente qu'elle connaissait et qu'elle appréciait. Avoir toujours des jeunes en consultation, ne lui déplaisait guère. Si elle s'était spécialisée exprès dans les problèmes d'adolescents c'était parce que dans certains, elle semblait se retrouver. Puis, les comprendre, les pousser au bout de leur limites, elle adorait vraiment ça. Se rendant compte, qu'il y avait encore quelques minutes avant que sa patiente arrive. La jeune femme en profita pour revoir le dossier de l'adolescente. Cela était préférable, comme cela elle ne risquait pas de se tromper et pouvait mieux analyser les soucis de celle-ci. Elle se leva de sa chaise, pour attraper un dossier qui était rangé sur une étagère avec d'autres dossiers de couleur jaune. Après avoir cherché quelques secondes, elle trouva enfin celui qu'elle voulait et se rassit sur sa chaise. Feuilletant les pages du dossier, elle lisait sans dire un mot, concentrée sur ce qu'elle faisait, sur ce qu'elle était en train de lire. Bien entendu, le dossier, elle le connaissait. Jessica savait quels était les problèmes de la patiente qu'elle allait recevoir, mais elle ne pouvait guère s'empêcher de le relire une seconde fois. Cela l'occupait, elle pouvait attendre tranquille. D'ailleurs, sa secrétaire n'avait pas besoin d'elle. Paraît-il qu'elle avait du travail, soit alors, la psychologue n'avait pas cherché plus loin. Elle connaissait très bien Sonia et savait que celle-ci était une travailleuse, une très bonne secrétaire.

    Un son retentit. Un dring, le son de la sonnette, prévenant que quelqu'un arrivait. Jessica s'interrompit dans sa lecture et rangea le dossier sur son bureau. Cela étant préférable si jamais elle en avait besoin. D'attaque pour recevoir son premier patient, elle se leva de sa chaise pour se rendre vers la porte. Celle-ci n'était pas fermée. A vrai dire, la jeune femme ne fermait pas souvent la porte de son bureau, mise à part quand elle avait un patient. Elle trouvait que cela était mieux si jamais sa secrétaire voulait lui dire un truc, ou si jamais elle entendait le téléphone retentir et n'était donc pas surprise de recevoir un appel qui a été transférer. C'était son côté curieux qui ressortait, en partie. A présent à côté de la porte, la psychiatre attendait la jeune fille.
    « Bonjour Edena. Comment vas-tu aujourd'hui? » dit-elle en la voyant entrer. Elle savait ce que sa patiente traversait en ce moment et elle était prête à l’aider. Un petit sourire accompagna ses paroles, mais elle ne voulait pas que Edena ne soit trop mal à l’aise, et préféra donc la laisser tranquillement s’installer. « Je t’en pries, installe-toi. »
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyLun 25 Juil - 19:50

Rose Kennedy avait un jour dit : « On dit souvent que le temps guérit les blessures. Je ne suis pas d'accord. Les blessures demeurent intactes. Avec le temps, notre esprit afin de mieux se protéger recouvre ces blessures de bandages et la douleur diminue mais elle ne disparaît jamais. » Edena Penelope Miller n’avait jamais compris la portée de cette phrase qu’elle avait un jour lu dans un livre. Jamais avant qu’elle ne soit confrontée exactement à cette situation. Avant qu’elle n’ait besoin d’affronter ses peurs, de devenir adulte à sa manière. La plus grande peur de cette adolescente un peu différente des autres était la solitude. Et c’était à ce fait qu’elle était confrontée. Une grande blessure avait causé un vide dans son cœur. Un vide si grand, si immense qu’il était possible de s’y perdre. Mais commençons par le début.

Deux semaines avant Halloween, cette adolescente était montée dans la voiture familiale des Miller. Le père au volant, la mère sur le siège avant. Ses deux frères Preston et Porter, assis sur la première banquette. Elle s’était blottit dans les bras de son copain, Alexander sur la banquette arrière. La voiture était pleine de cet uniforme de camouflage. Un uniforme vert, sur l’épaule gauche, le drapeau américain et le numéro d’identification de la base militaire. C’est que William Phileas Miller, Edgar Preston Miller et Alexander Roberts partaient tout trois pour ce pays chaud et si dangereux qu’était l’Afghanistan. Pour la seconde fois de sa courte vie, Edena s’était rendu compte que le métier que son père avait choisi était dangereux et c’était parce que son copain partait qu’elle le réalisait. Toute la scène avait l’air surréel. En arrivant à l’aéroport, il y avait les médias locaux qui couvraient le départ des quelques deux cents militaires de la base de Colombus. La jeune demoiselle se serra dans les bras de son amoureux sur le tarmac. Elle ravalait ses larmes et son envie de lui dire de ne pas partir qu’elle avait trop peur de ne pas le revoir. Et le temps était venu. Elle avait serré son père puis son frère dans ses bras. Mais laisser partir son copain fut plus dur. Le baiser s’éternisa. La caméra des nouvelles avait capté ce dernier baiser qu’elle n’avait pas vu passé. Au mois de Novembre, le test de grossesse, le dernier qu’elle s’était dit qu’elle passerait, était tombé positif pour le plus grand plaisir d’Edena. Mais le plaisir avait été de courte durée. Quatre mois, presque jour pour jour, plutôt, un militaire en uniforme s’était présenté sur le pas de sa porte pour lui apprendre que juste deux de ses hommes reviendrait d’Afghanistan. Le militaire n’avait pas demandé à parler à Elizabeth, il avait demandé à lui parler. Elle avait su alors que ce n’était pas son père. Que ce n’était pas son frère. Edena ne s’était pas dit que ce n’était pas possible. Elle ne voulait pas que son bébé n’ait pas la chance de voir son père et d’avoir cette relation si complice. Le monde d’Edena s’était arrêté.

Quatre mois s’était écoulé depuis. Et son monde avait commencé lentement à reprendre une certaine vitesse. Il avait recommencé à bouger lentement. La psychiatre Jessica Randfield était pour beaucoup dans ses progrès minces. Mais quelque chose avait de nouveau bousculé le mince équilibre. Le 15 mars avait été marqué par le retour d’Afghanistan de ces deux hommes et l’absence d’Alex lui frappa de nouveau. Dieu merci, le jeudi était le jour de sa rencontre avec Jessica. Et le 15 tombait un mardi. Le dix-sept au matin pourtant elle ne dormir pas plus longtemps qu’elle ne l’avait fait la veille et l’avant-veille. Si dans la nuit du quatorze au quinze la nuit avait été courte, celle qui menait du quinze au seize puis celle qui menait du seize au dix-sept avaient été raccourci par la présence d’une lettre dans sa chambre. Son père lui avait faite cette surprise quand elle lui avait posé une question sur son homme et sur les conditions qui avaient entouré le décès de son copain de si longue date. Il y avait trois lettres mises dans des enveloppes brunes et épaisses. Mais une seule qui lui était adressée. C’était cette lettre qui l’avait chamboulée plus que le fait de se réveiller le matin dans une maison ou il y avait maintenant deux de ses quatre frères et ses deux parents. Elle n’avait pas eu la force de déplier le papier et de lire la lettre. Alexander avait voulu lui dire quelque chose. Elle le savait. Il avait aussi fait des plans pour leur fils ou leur fille. La jeune demoiselle s’était donc levée bien avant son rendez-vous. Elle avait regardé l’enveloppe et son contenu. Un DVD et une pile d’une dizaine de feuille pliée en trois. La jeune femme ferma les yeux en la glissant dans son sac à dos. Elle avait un cours de sport le jeudi matin qu’elle manquait à cause de sa grossesse.

Elle prit le temps de se faire un smootie qu’elle transféra dans une bouteille. Elle portait une paire de leggings, une grande tunique, un manteau et un foulard. Malgré tout cet équipement, la rondeur du ventre se voyait à des milles et des milles de la jeune femme ce qui lui valait souvent des remarques sur le fait qu’elle devrait avoir honte de s’affirmer et d’être enceinte à un âge aussi jeune. En voiture, elle se rendit à la place BelleFontaine ou elle rencontra monta jusqu’au bureau de sa psychiatre pour être reçu et pour finir par entrer dans le fameux bureau qu’elle connaissait très bien parce qu’il l’aidait à reprendre un peu le contrôle sur sa vie ce qui lui arrivait si souvent ces temps ci.
« Bonjour Edena. Comment vas-tu aujourd'hui? Je t’en pries, installe-toi. »
Edena sourit en entrant. Elle enleva sa veste et son foulard, déposa son sac à ses pieds. Elle avait cours après cette rencontre. La jeune demoiselle s’assis dans le sofa de la psychiatre en se demandant si elle faisait bien de toute suite lancer ce qui la préoccupait tellement et qui la hantait depuis si longtemps. Elle finit pourtant par murmurer.
« Je vais bien… Ils sont revenus, y’a deux jours. Si vous saviez le poids que ça m’a enlevé. »
Mais c’était un mensonge blanc. Un petit mensonge qui venait de se rajouter sur une pile de petits mensonges blancs. Parce qu’il y avait la lettre. La lettre assez épaisse qui était dans son sac à main et qu’elle ne se sentait pas la force de déplier le papier, d’ouvrir le DVD et de le mettre dans le lecteur pour voir ce qu’il avait voulu lui dire.
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyMar 26 Juil - 17:13

    Quand l'adolescente entra, Jessica eut le droit à un petit sourire, ce qui la rassura. Elle savait qu'au moins, aujourd'hui encore celle-ci était contente de la voir. Ce qui bien évidemment était réciproque. Il y avait certains patients qu'elle appréciait plus que les autres, certains dont elle se sentait obligée de les aider. Et Edena faisait partie de ces personnes. Peut-être qu'elle ne le saurait jamais, car la psychiatre ne lui dirait jamais. Puis, elle savait que la jeune fille traversait bien des choses différentes des autres adolescents de son âge. Dès leur première rencontre, elle avait compris qu'elle devrait tout faire pour l'aider, tout ce qui était dans son possible. Elle se souvenait encore de la première consultation avec la jeune fille, quand elle avait lu son dossier, entendu ce qu'il lui arrivait ; elle avait été un peu surprise. Même si à force, elle était habituée à entendre des histoires, des problèmes dont on ne pourrait soupçonner. Elle avait bien vu que la jeune fille semblait comme dépasser, perdu. Elle n'avait que dix-neuf ans, elle était presque une femme. La psychiatre le comprenait vraiment et était toujours à l'écoute à chaque consultation qu'elle avait avec celle-ci, en espérant qu'Edena n'allait pas lui dire de mauvaises nouvelles. Elle savait que c'était difficile à vivre pour la lycéenne, mais il fallait qu'elle fasse le deuil de son petit-ami, qu'il fallait qu'elle avance devant elle en laissant le passé derrière soi, sans le regarder, en essayant de l'oublier. Jessica saura toujours là pour la jeune fille, pour l'épauler, la soutenir. S'asseyant à sa place habituelle, elle vit Edena s'asseoir sur le sofa. « Je vais bien… Ils sont revenus, y’a deux jours. Si vous saviez le poids que ça m’a enlevé. » La psychologue remarqua bien que dans la phrase de l'adolescente tout n'était pas en partie vrai. Elle savait remarquait cela. Au fil du temps, c'était presque sans s'en apercevoir qu'elle arrivait à distinguer le bien du faux. C'était devenu instinctif, elle ne pouvait guère s'en empêcher. D'un geste machinal, quelques mots furent écrits sur le carnet que la psychiatre tenait dans ses mains. Elle ne dit rien. Cela ne voulait pas dire qu'elle allait se mettre à écrire encore et encore, non elle essayait juste de voir si Edena n'avait pas d'autres choses à lui dire. Ses yeux se posèrent sur le sac de celle-ci, cela ne l'étonna point, ce n'était que la matinée, ce n'était guère étonnant si la jeune fille avait avec elle son sac de cours. Très rapidement, ses yeux se reposèrent sur la jeune fille. Prête à l'écouter, prête à entendre, prête à faire sa psychiatre rongée par la curiosité et l'envie de l'aider. « Es-tu sûr que le poids que tu avais en toi c'est enlevé ? » Dans cette question, d'une voix aussi sincère qu'elle le pouvait, Jessica faisait référence au copain de l'adolescente. Elle voulait savoir - mieux comprendre si le fait de ne revoir que son frère et son père avait ressortit en elle des souvenirs. C'était sa façon à elle, de lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle fasse son deuil, mais, tout en douceur, sans la brusquer, même si elle n'y allait pas souvent avec grâce. Puis, il y avait le fait que c'était une lycéenne qui attendait un bébé, aucun stress ne devait donc arriver. Quand, la psychologue regardait le visage d'Edena, elle voyait bien que la fatigue se lisait sur son visage, elle se doutait que revoir les membres de sa famille avait dût l'empêcher de dormir. Pourtant, elle semblait si fatiguer, avec comme une pointe de mélancolie dans son regard. Ça pouvait être compréhensible. La psychiatre se dit alors qu'Edena devait lui cacher quelque-chose, elle ne le voyait rien qu'en voyant ses yeux marrons. En aucun cas, elle ne voulait brusquer les choses. Même si elle avec un côté assez curieux en elle, ce n'était pas son genre de demander à ses patients ce qu'il lui cachait. Elle était patiente, elle se doutait que cela allait arriver, elle comprenait certes, le fait qu'il ne voulait pas en parler. Mais, elle ne baissait pas les bras, elle faisait des sous-entendus pour qu'ils avouent, pour qu'ils disent enfin ce qu'ils ont sur le coeur, que cela les libères, les rend plus léger qu'avant qu'ils n'arrivent.

    Le stylo en suspens sur le carnet de notes, Jessica n'avait pas baissé les yeux, elle regardait l'adolescente d'un air serein, d'un air agréable. Elle avait fixé quelques secondes le sac de la jeune fille, sans s'attarder sur cela. Après tout ce n'était qu'un sac, qui était beaucoup chargé- ce qui ne lui avait guère échappé. Elle ne disait plus rien, elle attendait la réponse de l'adolescente. Pour le moment, elle ne posait que des questions, ne se permettant pas de juger, ce n'était pas son genre de faire cela, pas du tout. Après, quand elle comprenait mieux la situation, quand elle voyait qu'elle devait donner des conseils, que la situation en avait besoin; alors, elle ne posait plus de questions, mais parler comme-ci elle s'entendait vraiment bien avec sa patiente, comme-ci elle la connaissait depuis toujours. Ce qui n'était pourtant pas vrai, mais c'est ce qui semblait, c'est ce que ça donnait, ça avait l'air. Elle aurait bien voulu lui poser une autre question, en savoir un peu plus, mais les années d'expérience dans son métier lui avait pris que quelquefois le silence était mieux, que quelquefois il ne valait mieux ne pas trop poser de questions, que d'écouter, analyser était mieux. Les questions, les paroles ça ne venait qu'après, si cela était vraiment indispensable. Ce n'était pas cruel - le mot cruel ne pouvait être employé ici. Ce n'était en aucun cas cela, c'était juste de cette façon qu'elle agit depuis plusieurs années, jamais ô non sûrement elle ne cesserait de fonctionner comme ça.

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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyMer 3 Aoû - 19:17

La vie est une longue suite de première fois. Regardez en arrière et vous réussirez toujours à vous rappeler de votre premier jour de lycée, du premier amour ou de votre premier baiser. C’est un fait qui est établi que ces moments sont des moments-clefs dans une vie. Il y aura parfois des secondes fois, des troisièmes, des quatrièmes, et cetera. Mais chaque première fois reste marquante… car elle nous semble toujours plus authentique, plus réelle, plus vraie que toutes celles qui suivront. Ce sont ces moments que nous nous rappelons le plus longtemps.

La première fois qu’Edena Penelope Miller avait mis les pieds dans le bureau de mademoiselle Jessica Randfield avait été une de ses premières fois qui marquaient. Quand on perd un membre de sa famille qui sert pour l’armée, cette dernière fournit le nom d’un psychiatre qui est sensé aider à faire le deuil et à comprendre l’ensemble des sentiments contradictoires qui envahissent la personne dont l’être cher est disparu. Mais Edena n’avait pas accepté la main que l’armée lui avait tendue. À cet instant et dans cet état, la jeune demoiselle ne souhaitait qu’une seule chose : ne plus entendre parler de l’armée. Jamais ! Même s’il restait encore son père et Edgar, son frère dans l’armée. Son univers s’était écroulé et elle gisait sous les décombres d’un tas de première fois qui n’auraient jamais lieu. Pas de première échographie où il lui serrait la main. Pas de première fois où elle aurait pris la main d’Alexander pour lui faire sentir les mouvements de son enfant. Pas de la panique dans ses yeux lors de l’accouchement de leur premier enfant – parce qu’Edena aurait été sur qu’il y en aurait eu plus qu’un. Pas de première couche changée par Alexander. Pas de premier anniversaire de naissance de leur enfant. Pas de premier pas que leur enfant aurait fait entre Edena et Alexander. Lentement, elle s’était surprise à couler sous cette mer de petites déceptions. Elle pensait qu’elle savait nager assez bien pour se débrouiller sans se noyer. Mais elle avait eu tord. Et elle s’en était rendu compte au cours des jours qu’elle n’arrivait plus à être normale et que même vivre était devenu difficile avec le temps. Si elle n’avait pas été enceinte, elle se serait saoulée pour avoir l’impression de pouvoir expulser son mal en vomissant quand elle aurait été finalement ivre. Mais c’était le fait d’être enceinte qui l’avait sauvé de sa propre fin. Il avait fallu qu’elle se prenne en main. Son enfant, à défaut d’avoir un père qui serait présent, méritait d’avoir une mère qui serait assez forte pour être en mesure de l’élever. La jeune demoiselle avait donc pris rendez-vous chez mademoiselle Randfield. C’était sa mère qui lui avait conseillé d’aller la voir plutôt qu’une autre. Infirmière depuis plus de quarante ans, Elizabeth Rose Miller avait de nombreux contacts pour d’excellents psychologues et psychiatres qui était en mesure de l’aider à s’en sortir. Sa mère avait été d’une patience extraordinaire pendant les longs mois de noirceur. Elle n’avait que laisser une carte de visite sur le meuble de sa chambre à côté de sa lampe et Edena avait eu le choix d’appeler ou pas. Elle s’était assise sur son lit à la mi-janvier, un lundi où il n’y avait pas de cours… en fait, une journée où elle n’avait pas eu la force d’aller en cours. Elle avait composé le numéro de téléphone une fois. La voix de la secrétaire avait raisonné de l’autre côté du fil et Edena avait raccroché. La jeune demoiselle avait du s’y prendre à cinq fois avant d’avoir le courage de demander si elle pouvait avoir un rendez-vous avec la psychiatre. Sa main tremblait alors qu’elle notait dans son agenda avec son écriture ronde en forme de bulle, l’heure du rendez-vous. Des larmes lui avaient brûlés le coin des yeux. Elle les avait ravalé. Encore ce jeu des apparences. Avoir l’air forte. Avoir l’air d’être détachée de la situation qui se produisait autour d’elle. Son cœur battait la chamade. Elle s’entendait penser : et si c’était une très mauvaise idée d’aller voir pour de l’aide ? Et si c’était une mauvaise idée de chercher à comprendre sa maternité ? Elle s’y était rendue juste à la bonne date. Nerveuse comme jamais. Elle tremblait.
« Es-tu sûr que le poids que tu avais en toi s'est enlevé ? »
Brusque retour au présent. La jeune demoiselle perdit lentement son sourire. La question s’imposait par elle-même. Elle était légitime. Parce que mademoiselle Randfield savait lire en Edena. En ces non-dits qui était plus que nombreux quand on arrivait près d’Alexander. Edena croisa les jambes. Ses bras se serrèrent contre son corps. La jeune demoiselle ne savait pas si elle devait réellement dire le fond de sa pensée. Elle ferma doucement les yeux. Comment parler ? Quels mots mettre sur ce qu’elle ressentait depuis plusieurs jours ? Elle appuya finalement une main sur son ventre, sur cette courbure qui dérangeait. Il ne devait pas entendre cela. La jeune femme murmura doucement.
« Non, je suis toujours enceinte. »
Bien sur, Edena avait dit cela à la blague. Elle adorait son bébé bouée de sauvetage. Elle laissa s’échapper un léger éclat de rire avant de rajouter d’une voix douce et qui se voulait détachée de la réalité des mots qui suivirent. Comme si elle parlait de la pluie et du beau temps.
« Et Alex nous a laissé des lettres et des disques. À moi… et au bébé. »
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyMar 9 Aoû - 0:48

    Les années d'expérience, le nombre de gens qu'elle avait pu rencontrer, l'aide qu'elle avait pu leur apporter, la psychiatre se souviendrait toujours de cela. Ce genre de choses ça ne s'oublie pas. Elle s'en souviendrait toute sa vie, toute sa carrière. Il y a des choses comme ça, qui laissent des souvenirs. C'était exactement ça. C'était exactement ce que pensait Jessica de toutes ses années, de tous ses patients. Certes, elle ne se souvenait pas bien de tous les patients qu'elle avait pu avoir, mais, quelquefois dans certains elle pouvait percevoir des similitudes. Cela pouvait parfaitement rejoindre le fait qu'elle était consciente que tous les adolescents ont presque les mêmes problèmes. L'amour, le lycée, le passage à l'âge adulte, c'étaient des sujets que Jessica s'attendait le plus souvent à entendre. Quelquefois ce n'était pas ça. Dans les consultations, quelques patients parlaient bien entendu de cela, mais, ce n'était pas toujours ce dont à quoi ils parlaient. Chaque jeune avait ses problèmes, ses difficultés. La psychologue le comprenait. Comprenait très bien pourquoi certains ne voulaient pas tout lui dévoiler. Pourquoi certains étaient réticents à l'idée de lui faire confiance. C'était normal. Heureusement, il y avait des gens telles que Edena que Jessica avait en consultation depuis mal de temps. Elle avait appris à la connaître, à savoir ce qu'elle devait endurer. Et c'était toujours avec ravissement qu'elle la recevait en consultation. A force, elle connaissait le dossier de la jeune fille, elle savait ce qu'elle avait enduré, toutes les épreuves qu'elle avait dû traverser. C'était une grande force de courage. La psychiatre en apprenait chaque jour sur ses patients. Tout comme sur la lycéenne. A chaque rendez-vous, elle apprenait quelques choses de nouveau sur celle-ci. Elle était toujours à l'écoute pour la conseiller, pour l'aider, la guider.

    Le stylo toujours à la main, Jessica jeta un coup d'oeil sur son carnet. Une écriture fine, écrite un peu en italique, d'une façon lâche et vite était inscrite. Elle avait écrit quelques notes. Comme elle en avait l'habitude de le faire. Pour mieux s'y retrouver, pour ainsi ne pas perdre ce que lui disait ses patients. Tous les psychologues fonctionnent de cette manière. Elle n'échappe et n'échapperas jamais à la règle. Cela lui permettait aussi de mieux aider ses patients, et de voir ensuite avec leur dossiers si quelques choses ne lui avaient pas échapper. Vu de cette manière ça pouvait être stupide, certes. Mais, Jessica résonnait de cette manière là. Peut-être était ce cela qui la rendait différente des autres psychiatre ou qui lui permettait d'être aussi connue, et d'avoir une belle réputation en tant que psychologue spécialisée dans les problèmes d'adolescents. Peut-être que oui, peut-être que non. Cela n'avait pas réellement beaucoup d'importance. Alors, que Jessica restait à l'écoute d'Edena, avec une partie de son esprit parti dans ses songes, elle entendit la lycéenne répondre à sa question. Elle leva de nouveau la tête, pour voir que la jeune fille avait posé une main sur son ventre déjà pas mal arrondie, avec les paupières closes. Vu de cette manière là, elle semblait voir que Edena voulait comme protéger son enfant. Elle savait lire en la lycéenne. Depuis le temps. Depuis le temps où elle l'avait en consultation. Le fait que la lycéenne est changée de position et que son sourire avait disparu de son visage, n'échappa pas à Jessica. Rien ne lui échappait. Elle avait un œil de lynx. Elle avait tapé là où ça faisait mal, comme toujours. Des paroles sortirent de la bouche de l'adolescente, qui lui dit qu'elle était toujours enceinte et que donc non le poids en elle ne s'était pas enlevée. Cela fuit suivi d'un léger éclat de rire, le sien.

    La psychologue eut un petit sourire. Le genre de petit sourire qu'elle avait souvent. Qu'elle avait quand elle voyait un de ses patients rires et répondre avec humour à une de ses questions. Cela permettait de rendre l'atmosphère plus accueillante, de façon à ce que le patient se sente moins mal à l'aise et se confie donc plus facilement. Avant même qu'elle n'eut put répliquer quelque chose, Edena avait déjà enchaîné sur autre chose. Comme si de rien n'était. Elle enchaîna sur le fait que son petit-ami Alex lui avait laissé - à elle et au bébé - des lettres et des disques. La curiosité de Jessica était bel et bien présente. Toujours attentive de sa patiente, elle se demanda qu'est-ce que cela pouvait être. Est-ce que Edena les avaient lu ou regarder ? C'étaient des questions primordiales, qu'elle ne tarda pas à lui poser.
    « Et est-ce que tu as lus les lettres ou vu les disques qu'il t'as laissé ? » Poser encore et encore des questions, c'était ce qu'elle faisait, sans relâche, encore et encore. Il n'y avait que grâce à cela, qu'elle pouvait arriver à la véritable conclusion. De plus, le fait que la jeune femme soit de nature curieuse, était une qualité, très essentielle. Elle s'intéressait beaucoup à ses patients, et à la moindre chose qu'ils pouvaient lui dire. Edena était une des patientes, dont Jessica s'intéressait, pour de multiples raisons. Presque toutes différentes. Son regard se posa sur le sac à dos de la jeune fille. Elle hésitait entre attendre que sa patiente lui dise ou lui demander. Elle se décida - quelques minutes après - a prendre la seconde solution, de façon à pousser la lycéenne aux aveux, aux confidences, au bout. « Est-ce que tu as les lettres ou les disques sur toi ? » Si elle ne les avait pas lus ou regarder, alors peut-être que c'était le bon moment. Peut-être que la consultation était tombée exactement au jour propice. Jessica le savait, du moins elle s'en doutait. Elle pouvait le voir, le lire dans les yeux de sa patiente. Elle était persuadée que sinon, sa patiente lui aurait directement dit le contenue de ses lettres, qu'elle ne tournerait pas en rond de cette manière. C'était presque une évidence, à ses yeux.
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyMar 9 Aoû - 22:34

Edena n’avait pas beaucoup parlé dans la première rencontre. Sur le coup, elle avait eu honte. Honte d’avoir besoin d’aide. Honte de ne pas avoir su comment s’en sortir par elle-même. Honte de s’être enfoncée aussi bas et aussi vite. Elle avait longuement fermée ses yeux après près d’une demi-heure de rencontre passé dans le silence et elle se rappelait de chaque mot qu’elle avait dit ou plus exactement murmurée d’une toute petite voix assise sur le fauteuil, penchée vers l’avant, les coudes appuyés sur ses jambes : « Mon copain, le père de mon bébé, est mort. Et je pense que j’ai besoin d’aide pour passer par-dessus le deuil. » Juste le fait d’assembler ces mots lui avait semblé pénible. Peut-être bien était-ce parce que c’était dans un bureau de docteur? Était-ce parce que c’était si silencieux? Mais la phrase m’avait paru si réelle, si solennelle. Avec Beverly, sa meilleure amie, Edena parlait parfois d’Alex et parfois du bébé. Mais elle ne parlait jamais de comment Alex lui manquait. De combien elle avait peur de l’avenir et du regard des autres. De combien elle souhaitait être à la hauteur. Admettre toutes ses choses les auraient rendu si réelles si vraie. Qu’Edena en tremblait juste à y penser. Mais elle s’était surprise dans le bureau à être capable de dire ses mots sans fondre en larme sur le coup. Elle avait relevé la tête vers le docteur et elle avait attendu une réponse de la part. L’adolescente s’était sentie assez en confiance dans le bureau de la psychiatre pour lui dire ce qui se passait dans a vie pour lui confier qu’elle avait peur en partie. Peur de ne pas être en mesure de s’en sortir toute seule. Chez les alcooliques anonymes ou les narcotiques anonymes, la première étape est toujours d’admettre que l’on a un problème et que l’on a besoin d’aide parce que notre vie est rendue hors de notre contrôle et c’était exactement ce qui s’était passé dans la vie d’Edena pendant les mois qui avait suivi le décès d’Alexander. La vie était devenue hors de son contrôle. Hors de sa volonté. Elle avait admis ne pas s’en sortir seule. C’était un progrès, non? D’admettre que l’on avait tort de poursuivre comme ça?
« Et est-ce que tu as lu les lettres ou vu les disques qu'il t'a laissé ? »
Non. Non était la réponse. Edena se mordillait doucement la lèvre inférieure. Elle aurait aimé les lire. En en mourrait d’envie en fait. Mais elle ne savait pas ce que réservaient les lettres. Dans sa vie de couple avec Alexander, Edena avait eu tendance à faire beaucoup de décision sur des coups de tête. C’était la différence des deux tourtereaux qui avaient créé un lien entre les deux. Il était ce genre de garçon, celui qui est spontané alors qu’elle. Oui, elle était beaucoup plus calculatrice. Beaucoup plus réfléchi. Elle aussi portait en elle le besoin de sauver le monde une vie à la fois. Mais la seule idée de devenir militaire ne l’avait jamais traversé. Mais elle avait traversé l’esprit d’Alexander. Pour lui, c’était plus que de jouer à un excès de jeux vidéo. Il était ce genre de garçon qui avait grandi avec une famille stricte. Les cadets et les scouts avaient toujours fait partie de sa vie. Peu n’importe ce que les autres en disaient, le jeune homme adorait cette activité avec le bénévolat qui y était inclus et les camps dans les pays moins développés. Pour lui, s’engager dans l’armée pour combattre au risque de sa vie pour son pays et ses valeurs n’étaient pas aussi dangereux qu’on ne le disait. Il avait ce don de ne pas voir les complications qu’il pouvait y avoir à un événement. Edena elle avait grandi dans une famille de militaire. Non seulement son père servait dans l’armée mais aussi certains de ces oncles, certaines de ses tantes. Dans la maison des Miller, on savait très bien que le métier de papa était dangereux et on le savait jeune. Parce que l’une des lointaines tantes avait déjà perdu un membre à la guerre. C’était pour cette raison qu’elle s’était montrée réticente à son départ pour l’Afghanistan la première fois. Il était si spontané, si imprévisible par moment que ça ne pouvait pas être rassurant qu’il veuille aller se battre dans un autre pays pour sauver des vies d’une manière aussi directe… aussi dangereuse. Edena avait décidé qu’elle sauverait le monde en étant médecin. Elle savait qu’elle serait médecin depuis qu’elle avait eu son accident de la route et qu’elle avait été opéré au bassin pour réparer la fracture. Elle ne voulait pas s’en aller en orthopédie par contre. Ce qui la branchait réellement, c’était la pédiatrie. Elle avait toujours su qu’elle voulait des enfants. Elle savait par contre que d’amener son bébé dans le monde ferait mal. Mais elle savait qu’il en vaudrait la peine. La jeune demoiselle avait donc soigneusement planifié son avenir. Ses rêves. La jeune demoiselle ferma doucement les yeux en se laissant submerger. Doucement, elle fit non de la tête. Elle ne les avait pas lu ou entendu parce qu’elle ne voulait pas savoir ce qu’il pensait au front. Elle ne voulait pas le voir spontané dans cet univers si dangereux qu’était la guerre.
«Est-ce que tu as les lettres ou les disques sur toi? »
Bien sûr qu’elle les avait. Edena ne les avaient pas quitté. Elle avait lutté contre elle-même pendant des heures et des heures. Ouvrir les lettres ou non? Les lires ou non? Elle avait peur que le fait de les lire rouvre une plaie qui avait lentement commencé à cicatriser. L’adolescente avait pris beaucoup de temps pour en arriver aux minces progrès qu’elle avait fait depuis qu’Alexander était décédé. Elle s’était appliquée pour être capable de sourire de nouveau sans que son sourire ne lui semble si faux. Elle avait rappris à profiter de sa vie au mieux qu’il était possible. Et elle avait appris à reconnaître ses limites. Elle savait qu’elle n’avait pas la force de lire la lettre. Qu’elle n’avait pas la force de poursuivre certaines activités comme avant. Qu’elle ne se sentait pas assez forte encore pour retourner dans certains endroits du lycée. Comme la salle de bal où elle était toujours allée accompagner de son Alexander. Un pas à la fois elle progressait. Une larme perlait contre son regard. Attrappés par les cils. Oui, elle avait les lettres, mais elle ne se sentait pas la force de les lire, surtout accompagner d’une autre personne, même sa psychiatre. Ces lettres étaient les derniers mots d’amour que son copain, que le père de son enfant, que son homme lui avait laissé. C’était aux yeux d’Edena une chose de priver que même sa psychiatre ne méritait pas de connaître. C’était son petit secret qu’elle tenait à avoir. Et pendant un petit moment, elle avait envisagée de mentir encore une fois à la psychiatre. De jouer à l’imbécile qui les avait oubliés à la maison. Mais elle s’entendit murmurer avec un détachement qui lui ne semblait pas naturel.
« Depuis que mon père me les a remises. J’ai juste la mienne. Pas celle qu’il a écrite pour notre enfant.»
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyMer 24 Aoû - 17:58

    C'était d'un calme presque anodin que la psychiatre attendait la réponse de sa patiente. Elle était trop curieuse. Pourtant, cela ne dérangeait personne, cela permettait à ses patients de mieux se confier à elle, de voir qu'elle s'y intéressait vraiment. Cela faisait partie de son travail de psychologue. Et, au fil du temps sa curiosité ne s'était qu'accentuer, pour qu'elle essaye à chaque fois de découvrir pourquoi son patient réagissait de telle ou telle façon. C'était sa façon de procéder. Ce serait comme cela encore et encore. Toujours. Ses yeux fixaient continuellement Edena, elle ne la quittait pas. La moindre de ses réactions, elle la voyait. Jessica voyait aussi quand la lycéenne se mordit doucement la lèvre inférieure. Une seule explication, suite à ce geste, lui vint à l'esprit. Celle que sa patiente devait être anxieuse, que la question qu'elle venait de lui poser l'avait rendu anxieuse. Alors, elle avait appuyé là où ça faisait mal. Elle avait posé la bonne question. C'était exactement ce que la psychiatre voulait, pour ainsi mieux faire avancer la consultation et ainsi savoir ce que l'adolescente ressentait. Cela lui permettait de faire son devoir de psychologue comme il se doit, comme il se devait, comme elle devait le faire. Sur son carnet, qu'elle tenait sur ses joues, elle écrivit - avec la même écriture aussi désordonnée - ce qu'elle venait de penser et de voir. Cela pouvait toujours servir. Jessica avait toujours besoin des notes qu'elle écrivait sur son cahier, cela était extrêmement rare qu'elle ne s'en sert pas. Pourtant, contre toute attente, elle ne fit aucune remarque. D'une oreille attentive, elle attendait la réponse de sa patiente. Pour savoir si celle-ci avait les lettres sur elle, si elle les avait lus, qu'elle était son impression en recevant celle lettre. Alors, que la psychiatre s'attendait à une réponse, elle vit Edena qui lui adressa un signe négatif de la tête. Ce qui voulait dire - bien évidemment - qu'elle n'avait pas lu les lettres ou les vidéos que son petit-ami lui avait laissé. Cela pouvait peut-être expliquer sa réaction quand la jeune femme lui avait posé la question. Du moins elle s'en doutait. Sans attendre quoi que ce soit, elle avait enchaînée sur une autre question. Une question encore pleine de curiosité, tout comme la précédente. Ses yeux s'étaient reposés sur la lycéenne, pour mieux la cerner, voir ses réactions. Comme toujours, comme d'habitude. L'idée qu'elle avait les lettres était une idée probable, mais elle ne pouvait pas en être sûre. Elle n'était sûre de rien. Dans son esprit de psychiatre, elle ne pouvait que poser des suppositions, des questions, que peut-être elle poserait un jour. Peut-être, ou peut-être pas. Cela dépendait, elle allait voir la réponse de la lycéenne. « Depuis que mon père me les a remises. J'ai juste la mienne. Pas celle qu'il a écrite pour notre enfant.» Edena murmura cela d'une voix qui semblait différente d'avant, comme-ci cela n'était presque pas sincère. Jessica l'aperçut. Ce genre de choses ne passait pas inaperçu par elle. C'était presque anodin pour elle. Edena devait sûrement le savoir, ou alors c'est quel espérer que la jeune femme n'avait pas entendu le détachement non naturel de sa phrase. Sauf, qu'elle l'avait vu, elle n'était pas naïve, ce genre de choses ne passait jamais, ô non jamais inaperçue. Les minutes s'écoulèrent doucement. Le bruit de l'horloge s'entendait, mais, personne dans le bureau y faisait attention. Jessica réfléchissait, elle essayait de chercher dans son esprit, quelque chose à dire qui n'allait pas blesser l'adolescente, qui allait déjà assez mal comme ça. Quelque chose qui pouvait peut-être être provocant, qui la pousserais peut-être à dire véritablement ce qu'elle pensait. Et cela ne tarda pas. De la même voix que d'habitude, toujours aussi sérieuse, elle lui dit. « Est-ce que tu comptes les ouvrir ? » Certes, elle ne voulait pas qu'Edena les lisent devant elle - surtout pas. Mais, quand la psychiatre la voyait dans cet état, l'état où elle était, où des larmes perlaient dans ses yeux marron, alors, elle se disait que la lycéenne avait vraiment besoin d'aide, de soutien. Et elle voulait l'aider, à vrai dire elle était là pour ça. C'était son métier de comprendre les gens, de les aider du mieux qu'elle pouvait et elle ferait tout pour y arriver. Avec sa main gauche, Jessica remit une mèche blonde derrière son oreille, qui était descendu devant ses yeux et qui la dérangeait un peu.

    A présent, il fallait qu'elle arrête de poser des questions. Seulement, elle savait que si elle ne posait pas beaucoup de questions, alors cela allait être plus ou moins compliqué pour soutirer des informations à sa patiente. C'était presque toujours pareil, malheureusement. Alors, qu'elle avait presque délaissé le sac de la jeune fille, elle posa ses yeux dessus. Comme-ci elle pouvait voir à travers, ce qui était carrément illogique. En aucun cas, la parole de sa patiente n'était remise en doute, mais, elle avait surpris un petit air trompeur dans le son de sa voix, ce qui voulait dire que peut-être Edena avait les lettres sur elle, sauf qu'elle ne voulait pas le lui dire. C'était normal après tout. C'était ses lettres, elle en faisait ce qu'elle voulait, elle était parfaitement dans son droit. Cependant, Jessica n'allait pas laisser tomber, aussi facilement.
    « Et est-ce que par hasard, la lettre que tu as remise ton père est dans ton sac ? » Ses yeux étaient à présent posés sur le sac de la jeune fille. Elle ne touchait pas au sac, ce n'était pas le sien, alors elle n'allait pas se permettre de faire cela. Néanmoins, dans ses paroles, elle essayait de pousser à bout la lycéenne, pour que celle-ci se dévoile enfin. Qu'elle sache qu'au fil des rendez-vous qu'elles avaient pu avoir, la psychiatre savait reconnaître quand elle lui cachait quelque chose ou non. Surtout qu'avec Edena, elle lui posait souvent des questions, pour que celle-ci décide enfin à tout avouer ce qu'elle a sur le cœur. Et c'était exactement ce qu'elle était en train de faire.


Dernière édition par Jessica Randfield le Ven 2 Sep - 18:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyLun 29 Aoû - 0:45

Tic! Tac! Tic! Tac! L’horloge résonnait au loin. Comme un agent stressant. Le calme était trop calme. Comme avant un orage. Tic! Tac! Tic! Tac! Le temps ne s’arrête jamais réellement. Il nous donne parfois l’impression qu’il s’arrête. Edena souhaitait que le temps s’arrête. Elle avait l’impression de voir une foule de gens. Des gens qu’elle avait côtoyés depuis qu’elle avait emménagé à Lima, sept ans auparavant. Des gens qu’elle connaissait si bien et si peu à la fois. Des gens qu’elle aimait bien. Eux avaient la chance de ne pas avoir vu leur vie se figer. Ils avaient continué d’avancer dans la vie. Ils avançaient, ils riaient, ils existaient – bien plus que de survivre. Car c’était ce qu’Edena faisait. Elle survivait à Alexander. Elle ressentait beaucoup de colère. Certains de ses amis avaient connu Alexander. Et Edena ne pouvait pas comprendre comment ces amis ne comprenaient pas la douleur d’Edena. Comment pouvaient-ils faire pour avancer encore quand la mort nous guettait? Quand là-bas ailleurs, si loin et si près à la fois, des gens de notre pays se mourraient pour défendre nos origines, notre culture et nos valeurs? Oui, le geste qu’Alex avait fait était digne de mention. Il était mort en héros. Mort pour défendre sa patrie. Mais son enfant ne connaîtrait pas la grandeur de son père, sa gentillesse et son énergie. Et le silence de la pièce étouffait lentement Edena. Elle allait imploser. Elle le savait. Tic! Tac! Tic! Tac! faisait sans cesse l’horloge. Les gens ne la comprenaient pas de ne pas voir de noblesse tout le temps dans le sacrifice qu’Alexander avait fait. Elle avait confiance en l’armée. Elle n’avait pas le choix. Elle connaissait ses valeurs. Le fameux protéger et servir. Mais elle se demandait maintenant qu’elle connaissait la perte humaine d’une manière plus imposante que les statistiques qu’est-ce que cela voulait vraiment dire. Protéger qui? Servir qui? Aucune personne, aucune cause n’était assez bonne pour que l’on puisse se permettre de mourir. Aucun honneur, aucune décoration ne valait le sacrifice d’une seule et unique vie humaine. Tic! Tac! Tic! Tac! ne s’arrêtait pas pendant que bouillait en Edena une rage qui ne voulait que sortir. C’était trop silencieux. Trop étouffant. Trop. La jeune future maman était une bombe qui menaçait d’éclater. Edena avait pleuré abondamment l’absence d’Alexander. Mais elle n’avait jamais vraiment été en colère. Ce n’était pas son genre. Son tempérament était trop conciliant pour qu’elle ne saute les plombs en colère. Elle avait à peine hurlé après le militaire qui lui avait annoncé que son homme à elle reviendrait dans un cerceuil. L’adolescente tapait ses ongles contre le coin du sofa. Un léger Tap! Tap! Tap! se rajouta au bruit étouffant de l’horloge. Et si le temps s’arrêterait, juste assez longtemps pour que la jeune femme explose et qu’elle détruise tout sur son passage?
«Est-ce que tu comptes les ouvrir ? »
Edena ne savait pas si elle devait répondre. En fait, elle avait peur de la grande vague d’émotion qui l’envahissait doucement. Elle avait peur de ce sentiment qu’elle n’avait pas tellement habitude de ressentir. La jeune demoiselle ferma doucement les yeux en mordant ses dents. Elle avait envie de les ouvrir. Elle les avait ouverte. Elle avait laissé leur odeur se répandre sur le comptoire, dans sa chambre. La lettre, la sienne, sentait le sable. Le sable et la chaleur de ce ailleurs qui était si important pour son Alexander. Si important qu’il aurait été prêt à mourir. La jeune demoiselle n’était pas sur d’avoir l’intention de lire. Elle serra la machoire. Oui, elle était tendue et sur le bord d’une autre de ses épiques explosions ou implosion.
« Et est-ce que, par hasard, la lettre que tu as remise ton père est dans ton sac ? »
La lettre était au cœur de l’ouragan qui menaçait de secouer Edena qui menaçait de la plonger dans une grande rage aveugle. La jeune demoiselle ferma doucement les yeux. C’était évident que la grande lettre que son père lui avait remise n’était nulle part sous les vêtements d’Edena. Elle avait beau porté des vêtements amples pour ses courbes. Elle n’était pas capable de cacher une enveloppe pleine d’amour sous ces vêtements. Cela aurait été à la vois absurde et totalement inutile. La jeune demoiselle ne put se retenir plus longtemps avant d’éclater.
« Oui, elle est dans mon sac… mais, je ne sais pas. Je veux les lire. Mais, j’ai peur de ce qu’elles contiennent. Peur de tout. Peur de lui. Peur de réaliser combien il me manque et comment il aimait ce travail. Je ne veux pas savoir tout ça. Juste au moment où je commençais à vivre avec le fait qu’il n’était plus là! Juste au moment où je pensais que j’avais la chance d’avancer. Que je pouvais l’oublier assez pour ne pas être retenue vers l’arrière. Je ne veux pas les lire ces lettres. Je n’en avais pas besoin. J’avais pas besoin de savoir combien il m’aimait. Combien il était désolé. Je sais que c’est des excuses. Je le connaissais par cœur. Mais je n’en veux pas. Je ne peux pas les prendre. »
La voix d’Edena avait jaillit plus vite que la jeune femme ne l’avait pensé. Le volcan qui brulait dans sa gorge avait éclaté. Elle avait cru qu’elle partirait à pleurer. Mais non. Elle n’avait qu’hurler un seul coup. Une longue tirade. Et la voix d’Edena s’était brisée à la fin. Comme un petit bout. Mille et un éclats de voix avaient éclatés. Elle ne s’était pas levée. Elle n’avait pas rien fait. Mais beaucoup de rage avait été visible. Juste par les mots. Juste pas le souffle qui lui avait manqué. Juste pour la colère qu’elle avait révélée. Elle se sentait déjà mieux. D’avoir brisé le stupide silence opprimant du bureau de la psychologue. D’avoir hurlé à s’en briser la voix. L’adolescente ferma doucement les yeux. Des larmes de colères lui brûlaient le coin des yeux. Elle ne voulait absolument pas éclater. Mais la jeune demoiselle était tellement en colère que le destin lui ait enlevé la personne dont elle avait besoin. La personne qu’elle voulait avoir près d’elle et dont elle ne voulait pas nécessairement entendre parler.


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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptySam 3 Sep - 20:25

    Si elle pouvait voir à travers les objets, alors Jessica était persuadée qu'elle y aurait vu les lettres dont lui parlait Edena. Son côté curieux était vraiment présent, de plus, elle connaissait parfaitement la lycéenne à force de l'avoir en consultation. Comme tous ses autres patients, la psychiatre savait que la jeune fille avait besoin d'être poussé au bord de ses limites. Jessica comprenait très bien que ça soit difficile à vivre pour celle-ci, surtout qu'elle était enceinte et ne devait en aucun cas être stressé. Cela pouvait être mauvais pour le bébé, elle en était sûre. Sauf, qu'elle faisait son boulot, avec toujours cette même écoute et cette volonté à aider ses patients qui avaient réellement besoin d'elle. Même si certes, il avait tous besoin d'elle, chacun à sa façon. Elle en était consciente. Bien évidemment. Et peut-être avait-elle frappé là où il fallait, en ayant posé la question à la lycéenne. Son regard sur posa sur elle. Le peu de colère qui menaçait de frapper la jeune fille, elle le voyait. C'était peut-être mieux comme ça. D'ailleurs, elle était persuadée que l'adolescente ne pourrait que mieux se sentir, si elle tapait une crise de nerfs. Pourquoi pas après tout. Puis, elle devait faire son deuil, c'était obligé. Alors, que ses yeux étaient toujours fixés sur Edena, en attendant que celle-ci lui dise si elle avait l'intention de lire les lettres, elle repensa au rendez-vous dans laquelle la lycéenne lui avait annoncé qu'elle avait perdu son fiancé. Sur le coup, Jessica la laissa montrer ses émotions, pleurer les larmes de son cœur, dire ce qu'elle ressentait. Au fil des rendez-vous elle avait essayé de lui faire comprendre qu'il était pour temps elle de l'oublier, qu'elle allait avoir un enfant à présent, et devait donc se concentrer sur ça, rien d'autre. Bien évidemment, ce n'était pas chose facile, c'était normal après tout. Mais, au fil des séances, la psychiatre avait vu que la jeune fille avait un pris à moins parler de son fiancé, à prendre conscience qu'elle ne le reverrait plus, en lui disant certaines choses, en la mettant en confiance. Seulement, les lettres qu'Edena avait pu recevoir avaient peut-être rouvert une plaie. Jessica en était persuadée. Elle se chargeait bien de le dire, elle le voyait juste. Puis, elle vit qu'elle ferma les yeux, convaincue que dans quelques instants celle-ci allait enfin, lui dire ce qu'elle pensait réellement. Le rendez-vous allait peut-être prendre une autre tournure. Celle-ci dit ce qu'elle avait sur le cœur, en parlant d'un seul coup. Edena répondit à Jessica qu'elle l'avait dans son sac, mais qu'elle ne voulait pas les lire, ayant peur de découvrir ce qu'elles contiennent, peur de réaliser le manque qu'elle ressentait. Elle ne voulait pas savoir cela, surtout juste au moment où elle réussissait enfin à l'oublier. Elle ne voulait pas lire ces lettres, elle n'en avait besoin de savoir l'amour qu'il pouvait ressentir pour elle, elle ne voulait pas de ses excuse, elle ne voulait simplement pas les prendre.

    Après, ces révélations, ce long aparté, Jessica la regarda droit dans les yeux. Elle pouvait marquer ce que l'adolescente lui avait dit, sauf qu'elle n'y pensait pas, du moins, pas pour le moment. Elle avait très bien aperçue dans les paroles de celle-ci, la rage, la colère qu'Edena pouvait contenir au fond d'elle. La psychiatre prit alors conscience que ça n'allait pas être une chose facile, qu'elle allait devoir faire prendre conscience à la lycéenne qu'elle allait devoir faire son deuil, et que cela faisait peut-être parti de sa démarche. Une nouvelle fois, sa patiente ferma les yeux, faisant comprendre à la jeune femme que celle-ci allait peut-être craquer. Quoique, ça serait une bonne chose. Après quelques instants de silence, la psychiatre prit enfin la parole.
    « Cela t'aidera sûrement à surmonter ton deuil, si tu les lis. Avant la naissance de ton enfant. Et peut-être que dans ses lettres, ton fiancé t'a écrites des choses dont tu ne t'attends peut-être pas. » Elle la regarda droit dans les yeux, pour que celle-ci voit la sincérité de ses paroles, pour qu'elle voit que Jessica allait la pousser au bout de ses limites. Mais, avant même qu'Edena ne puisse répondre quelque chose, la psychologue enchaîna. « En aucun cas je ne t'oblige à les lires ici. Le mieux est que tu les lises chez toi, quand tu auras la tête reposée et que tu te sentiras fin prête. » Un sourire vint ponctuer la fin de sa phrase. Comme d'habitude, à vrai dire. La jeune femme tourna la tête pour regarder l'heure. Il restait encore une bonne trentaine de minutes. Ce qui pouvait être vu comme une bonne nouvelle, étant donné que le rendez-vous était loin d'être terminé. D'un coup, elle retourna la tête pour reposer son regard sur sa patiente. Elle aurait pu regarder une nouvelle fois le sac de l'adolescente, mais vu qu'elle savait, à présent, que les fameuses lettres se trouvaient dans le sac, ça n'avait plus grande importance. Et ça même si elle était curieuse. Sauf, qu'elle savait être une parfaite psychologue et sa curiosité ne lui avait jamais posé de problèmes. Jamais personne ne lui avait reproché quelque chose, c'était toujours des critiques positives et non négatives, à son grand bonheur. De plus, les adolescents l'aimaient, du moins elle n'avait jamais entendu un jeune reproché les consultations qu'ils avaient pu avoir ensemble. C'était un peu comme une joie pour elle de s'occuper des problèmes des adolescents, qui ne peuvent ou ne veulent pas obligatoirement en parler avec leurs parents, croyant que ceux-ci ne les comprendront peut-être pas. C'était toujours mieux d'aller voir un psychologue. D'ailleurs, quelques parents voulaient souvent savoir ce que pouvaient avoir confié leurs enfants à la jeune femme, ce qu'elle refusait bien évidemment. C'était quelque chose qu'elle ne divulguera à personne, surtout que quelques jeunes lycéens, ne voulait pas que leurs amis sache qu'ils ont suivi pas un psychologue. C'était tout à fait compréhensible. Jessica le comprenait, c'était normal après tout. Sans ajouter quoique ce soit, elle attendait de voir la réaction de sa patiente, de voir si celle-ci allait écouter ce qu'elle venait de lui dire.
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MessageSujet: Re: 07. We must learn to forget.   07. We must learn to forget. EmptyLun 12 Sep - 2:49

Parfois, il peut nous sembler ardu de voir la vision d’ensemble, la grande photo. Parfois, voir l’ensemble peut être si effrayant, que l’on préfère vraiment se concentrer sur les tous petits détails. C’était une leçon que l’on apprenait en vivant, en expérimentant et en se trompant. Edena s’en doutait. Elle essayait tellement de voir l’ensemble de ce qui l’attendait. Mais il y en avait trop qui s’annonçaient. Trop de choses qui allaient se produire dans un avenir rapproché. Dans quoi, quatre mois, elle serait une mère. Et quatre mois, c’était trop vite arrivé, trop tôt. Le bébé était un accident planifié. Une bouée de sauvetage. Et si elle ne faisait le focus que sur lui, l’avenir lui semblait si radieux, si lumineux. Mais… mais il y avait plein d’autre chose dans le portrait. Il y avait l’université qu’elle commencerait en septembre à peine trois mois après la naissance de son enfant. À l’université, il faudrait rajouter la garderie et un travail pour s’assurer qu’elle puisse payer à son bébé tout ce qui était nécessaire. Des couches, des biberons, des gardiennes. L’image en devenait vite effrayante. Avec Alexander dans le portrait, l’image devenait plus facile à tolérer. Il travaillait déjà, il ne serait pas redéployer avant au moins six mois. Alors l’idée d’éduquer un enfant était plus facile à prendre. Mais la vue d’ensemble n’incluait plus d’Alexander. Il n’impliquait qu’une jeune future maman un peu perdue et dépassée par les événements, que des grands-parents qui s’impliqueraient parce qu’ils voulaient protéger leur fille unique et que des amis qui n’auraient jamais aux yeux de la future maman la même importance qu’Alexander sur les pages de leur amour. Edena avait l’impression que si elle n’ouvrait pas les lettres, Alexander viendrait un jour. Qu’elle se rendrait un jour à Colombus en automobile pour le voir descendre de l’avion avec son beau grand sourire, ses épaules larges et son teint basané par la chaleur de l’Afghanistan. Elle ne voulait pas l’admettre par la vision d’ensemble incluait ce rêve absurde de retour de l’ange gardien. Pour Edena, il était dur de prendre du recul. Dur d’analyser cette photo de l’avenir pour prendre des décisions. Elle était sous pression. Sous la pression d’un tas de rêves à accomplir. Sous la pression d’une urgence de vivre. Alors, la jeune future maman accumulait les focus sur chacun des petits événements de la vie quotidienne qui la dérangeait et peu à peu elle se mettait de la pression pour être à la hauteur, pour ne pas éclater. Ce qu’inévitablement la menait au bout du rouleau, dans le bureau de Jessica Randfield à imploser un peu plus. À faire un pas en l’arrière pour avancer par la suite de deux pas. Elle dansait en avançant. Ce qui ne donnait que pour résultat que chacun de ces progrès était lent. Beaucoup plus lent que l’on ne le pensait. Elle n’avançait pas réellement. Elle faisait un tout petit pas vers l’avant, un pas à la fois, comme un enfant qui apprend à marcher.
«Cela t'aidera sûrement à surmonter ton deuil, si tu les lis. Avant la naissance de ton enfant. Et peut-être que dans ses lettres, ton fiancé t'a écrites des choses dont tu ne t'attends peut-être pas. »
Edena tenait à cette image de femme forte. À cette image de battante qu’elle avait l’impression de donner. Elle aimait donc avoir le contrôle sur sa situation, sur sa vue d’ensemble. Mais comme justement, elle ne voyait que ce qu’elle voulait voir, Edena n’avait pas envisagée l’option que venait de lui proposer sa psychiatre. Et si justement Alexander aurait écrit les lettres pour qu’elle sache quelque chose qu’elle ignorait sur lui? S’il avait voulu lui dire plus que tout ce qu’Edena savait, qu’il l’aimait éperdument, qu’il tenait à ce que son enfant soit heureux, qu’il avait été heureux de servir dans l’un des corps de l’armée américaine? La curiosité de l’adolescente venait d’être piquer profondément. Elle se posait de nouveau de grandes questions. Encore une fois, la professionnelle de la santé avait désarmée Edena. La colère s’était effacée. Il ne restait plus rien. Plus d’envie d’hurler à tue-tête. Plus rien. Elle se sentait vide. Étrangement et complètement vidée. Elle aurait aimé avoir la force de répliquer quelque chose. De se montrer arrogante et en colère encore. Mais l’énergie lui manquait soudainement et de toute façon, elle n’aurait pas eu le temps de lui répondre quoi que ce soit car la psychologue enchaîna toute suite.
«En aucun cas je ne t'oblige à les lire ici. Le mieux est que tu les lises chez toi, quand tu auras la tête reposée et que tu te sentiras fin prête. »
Il s’écoula un moment entre l’instant où la psychiatre finit de parler et le moment où Edena répliqua. Le silence permit à Edena de bien réfléchir. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à la volonté d’Alexander, à ce qu’il aurait voulu. L’adolescente resta assise, une main appuyée sur son ventre et elle analysait lentement, une à une chacune des options que lui amenait ce que venait de soulever la psychiatre. Edena avait le choix de les ouvrir quand elle le voulait. Ici ou ailleurs. Elle savait qu’elle voulait être seule pour lire ce qu’Alexander lui avait écrit à elle toute seule. Elle lirait la lettre qu’il avait dédié à son fils ou à sa fille. Elle écouterait ce qu’il avait à lui dire à leur bébé. Elle contrôlerait un peu l’univers de son enfant. Parce qu’il avait le droit à la version édulcorée de son père. Alexander n’aurait pas voulu qu’elle s’implique de la sorte. Mais elle le ferait. Elle savait que cela serait plus fort qu’elle. Un peu mais pas beaucoup. De nombreuses idées parcouraient en même temps la tête de l’adolescente. Elle n’en retenait pas une seule. Et elle en vint lentement mais surement à une conclusion. À une constatation. Edena était perdue dans sa vie et elle se sentait plus paradoxale qu’elle ne s’était jamais sentie dans sa vie. C’était pour cette raison qu’elle avait autant eu besoin de l’aide de la psychiatre. Parce que seule, elle ne savait pas comment gérer l’ensemble des valeurs qui étaient impliqués dans les événements des derniers mois. Le facteur humain était trop important. Trop confondant. Edena voyait un des éléments qui clochait dans la vue d’ensemble. L’adolescente ouvrit la bouche finalement après un moment d’attente et elle s’exprima enfin.
«Je sais que cela m’aiderait probablement à passer par-dessus. Plus que le souvenir que j’ai de nos dernières conversations. Plus que tout cela. Mais… mais j’ai peur de rouvrir ce que j’ai réussi à enfermer dans un tout petit bout. Et en même temps, je ne peux m’empêcher de me demander ce qui se passerait si je ne suis jamais prête à les lire? Est-ce que je ne peux que les garder? Sans jamais les ouvrir. Je veux savoir ce qu’elle cache mais je ne le veux pas. »
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