-Flashback -
« Monsieur Grimson ? » appela une voix masculine à la porte d’une salle d’attente de l’ambassade américaine au Mexique. Il n’y avait qu’un seul homme assis au fond, près de la fenêtre. Depuis son arrivée, la secrétaire ne l’avait pas entendu prononcer un seul mot. L’homme semblait éteint de l’intérieur, si vide alors qu’il était plutôt bel homme. Un triste fait nota-t-elle pensivement. Elle n’ignorait rien de son histoire : le seul rescapé du crash. Les journaux ne parlaient que de cela et pourtant, cela ne semblait pas l’émouvoir plus que cela. Il est vrai que le pauvre souffrait d’amnésie. Quelle triste histoire pensa-t-elle en soupirant alors que son patron appelait à nouveau son nom. Voyant qu’il ne réagissait pas, elle alla à son encontre et posa sa main sur son épaule :
« Il vous appelle monsieur Grimson ». Gregory sursauta à ce contact physique qui venait de le sortir de ses sombres pensées. Distrait, il remercia la femme d’un sourire maladroit et se leva de sa chaise pour aller serrer la main de l’homme qui l’attendait. A vrai dire, il avait bien entendu cette voix de tenor mais tout bêtement, il n’avait pas calculé que M. Grimson et lui-même ne faisaient qu’un. Gregory Grimson. C’était son nom mais il n’arrivait pas à se souvenir. Depuis son réveil dans cette maison mexicaine, toute son existence était une page blanche. La réunion qui suivit cette poignée de main ne fit qu’accentuer son mal être.
« Votre fiancée vous attend aux Etats-Unis M. Grimson, je suis sûr que vous retrouverez la mémoire d’ici peu de temps ! » lui assura l’ambassadeur. Au fond de lui, Greg n’était sûr de rien mais il affichait un sourire qui se voulait motivé et confiant. Une fiancée.. dont il ne se souvenait absolument pas l’attendait à des milliers de kilomètres. Pourquoi se sentait-il alors si seul à cet instant précis ?
-Fin du flashback-
Un parfum féminin lui chatouilla les narines alors qu’un corps fin se pressait contre lui avec l’énergie semble-t-il du désespoir. Gregory lui tapota maladroitement le dos, ne sachant pas quoi faire d’autre. Cette femme était une inconnue pour lui malgré que son cœur se soit mis à battre la chamade. Son corps semblait se souvenir de leurs étreintes, son cœur aussi à juger par ses réactions mais sa tête restait malheureusement froide. La jeune femme du sentir son malaise car elle s’écarta entrainant un pincement à son cœur.
« Merci » lui répondit-il faiblement alors qu’elle s’effaçait pour le laisser pénétrer dans leur petite maison. Du regard, il embrassa le décor, cherchant, fouillant dans sa mémoire à la recherche d’un souvenir. Il y avait quelques photos d’eux et il en prit une dans ses mains pour la regarder avant de la reposer sur le meuble.
« J’espère que je vous..euh te dérange pas, je peux repasser à un autre moment si tu veux ! » .
Gregory se sentit extrêmement con ! Il fallait le dire. Cette maison était la sienne, cette femme sa fiancée et pourtant, il agissait comme un étranger. L’homme se passa une main sur son visage et observa cette femme d’un œil critique. Belle, elle l’était assurément, peut-être un peu trop mince à son goût. Sa longue chevelure soyeuse appelait ses mains, ses lèvres lui donnaient envie d’y apposer les siennes. Il soupira. Son corps réclamait cette femme mais son esprit continuait d’être indifférent.
« C’est donc..ici que nous habitons ? » demanda-t-il avant de fermer les yeux.
« Je suis désolé, j’ai beau fouiller dans ma mémoire, je n’y arrive pas. Je ferais peut-être mieux de repartir ! » Ajouta-t-il avec précipitation. Gregory avait envie de fuir cet endroit, de fuir ce regard qui le tourmentait mais surtout de fuir peut-être un homme qu’il condamnerait.