| | 03. Isn't it ironic...Don't you think ? | |
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| Sujet: 03. Isn't it ironic...Don't you think ? Dim 25 Mar - 13:01 | |
| Basil H. Talford & Joanna Ellingson ♣ Ce n’était guère dans les habitudes de Joanna de sortir et de se rendre dans un bar, même si c’était un piano-bar, au beau milieu de la journée ; car il fallait bien avouer que se mettre à boire dès quatre heures de l’après-midi n’était pas vraiment dans ses mœurs, et même si elle était plutôt du genre flexible, rien ne servait de forcer le trait non plus. Cependant, la jeune femme se retrouva cependant hors de son confortable appartement bien plus rapidement qu’elle ne l’aurait souhaité au fond, et prit sans réfléchir la direction du centre-ville de Lima, constitué de rues qu’elle connaissait maintenant assez bien. Elle avait assez rapidement apprivoisé la nouvelle cité dans laquelle elle résidait à présent ; même l’agitation et l’effervescence new-yorkaises lui manquaient diablement, certains jours. Parfois, elle se surprenait même à penser qu’au fond elle aurait peut-être dû y rester ; mais elle se convainquait sans mal que la Grosse Pomme l’aurait sûrement entraînée vers le fond si elle était demeurée en colocation avec son ancienne meilleure amie, Connie Abraham. Bien sûr, repenser à New York la fit se replonger dans ses souvenirs, bons comme mauvais ; et la jeune conservatrice de musée se retrouva très vite pensive, absorbée dans ses songes ce qui, il fallait bien l’avouer, était rarement le cas. D’ordinaire, Joanna se plaisait à se remémorer seulement les bons moments, et à mettre les mauvais de côté. C’était dans son caractère, elle ne le faisait pas vraiment exprès…Disons juste que son cerveau avait tendance à faire un tri sélectif plutôt radical. La jeune femme balaya de la main ses pensées qui tournaient aux mauvais côtés de son passé new-yorkais, et tenta de faire abstraction de ce qui la gênait aujourd’hui dans sa vie pour se concentrer sur le soleil de novembre qui caressait son visage, et qui malgré la période de l’année, était plutôt chaud pour la saison. Elle arriva devant le piano-bar plus tôt qu’elle ne l’aurait voulu, et décida de s’asseoir dehors quelques instants afin de profiter des rayons de l’astre solaire. Seule sur une petite marche, ainsi exposée, la rumeur du centre-ville toute proche ; elle aurait presque pu s’endormir ici. Bon, le seul inconvénient aurait été que la première personne qui l’aurait trouvée l’aurait sûrement prise pour une sans-abri, et elle préférait éviter ce genre de situations pour le moins…maladroite ! Finalement, Joanna commença à ressentir la pénétration du froid sous son manteau, et elle frissonna quelques secondes, suffisamment longtemps pour que la présence, toute proche, du piano-bar où elle avait effectivement l’intention de se rendre depuis le début de sa petite promenade dans Lima, la persuada d’y rentrer. Le lieu n’était pas bondé, mais cela convenait parfaitement à l’artiste. Elle s’assit à une petite table, à mi-chemin entre le fond de la salle et la porte d’entrée, croisa les jambes et consulta longuement la carte, hésitante quant à son choix final de boisson. Tout en regardant distraitement les fines écritures imprimées sur le bristol, elle fit un tour de la pièce du regard. L’endroit était plus clair que dans ses souvenirs. Elle avait dû venir une seule et unique fois ici, alors qu’elle venait d’arriver à Lima, presque trois ans auparavant ; lorsqu’elle pensait encore qu’elle allait y retrouver la même ambiance survoltée qu’à New York. Elle s’était trompée dans les grandes largeurs ; mais aujourd’hui peu lui importait, à vrai dire, ce lieu lui plaisait malgré sa petitesse. Lorsqu’enfin elle eut fait son choix, elle posa la carte et le regretta instantanément. Car la personne qui se tenait devant elle était la dernière qu’elle avait envie de voir en cet instant précis… |
| | | | Sujet: Re: 03. Isn't it ironic...Don't you think ? Lun 9 Avr - 21:03 | |
| Il était tout juste quinze heures lorsque le réveil matin de Basil retentit sur la table de nuit de sa chambre. Un horaire très peu matinal, d’autant plus pour les yeux à demi clos du jeune homme, qui avaient très peu l’habitude de s’ouvrir d’aussi « bonne heure ». La mélodie s'intensifiait de seconde en seconde, faisant résonner Nine in the Afternoon, de Panic at the Disco dans toute la pièce, dans le couloir, chez les voisins et même probablement chez Kit, à l’autre bout de la ville. Basil, avec grâce et dextérité, donna un large coup de main sur l’engin, qui fit un vol-plané dans toute la pièce, ne cessant de hurler à la mort pour autant. Un grognement de désapprobation se fit entendre, avant qu’il ne hurle un « vas-tu fermer ta bouche ? », d’une manière tout aussi vulgaire que cette phrase en est censurée. Il posa alors son oreiller sur ses oreilles, probablement dans un semblant d’espoir que, contrairement aux autres matins, le coton industriel qui l’emplissait allait dissimuler le cri strident du réveil. L’espoir fait vivre, comme on dit. Lorsqu’il s’aperçut que ça n’était pas le cas - seulement deux petites secondes après - il lâcha prise et ouvrit enfin les yeux… à contrecœur. On pourrait penser qu’après autant d’années à suivre un tel rituel, les choses se seraient atténuées. Qu’il aurait juste pu se faire à l’idée que de se coucher à quatre heures et demi du matin pour aller picoler et passer « la meilleure soirée de sa vie », pour la troisième fois (seulement ce mois-ci), n’était définitivement pas une idée lumineuse… Mais non, ce devait être l’un des critères pour faire partie de la catégorie des « jeunes », dans la société actuelle.
Basil s'étira, bailla, tout en fixant le plafond avec acharnement. Après quelques minutes, il ouvrit grand les yeux et posa une à une ses lentilles sur ses globes oculaires. Il les ferma ardemment pour qu’elles se placent correctement, avant de les rouvrir. À présent, il voyait clair. Il s’assit dans son lit, s’étira de nouveau, bailla de nouveau, et se leva. Un léger déséquilibre le fit se rattraper au meuble le plus proche. C’est à cet instant qu’il comprit à quel point la petite orgie de la nuit passée allait lui pourrir sa journée. Il se frotta le front avec ardeur, comme si un simple aller-retour vigoureux pouvait lui faire disparaître un tel mal de crâne par magie. « Aaargh !! » cria-t-il enfin. Il se baissa, prit le réveil, et tourna l’appareil dans tous les sens, cherchant le fantastique bouton qui ferait cesser cet infernal vacarme. Soudain, plus rien. Plus un bruit dans la pièce, le calme était revenu, ce qui fit souffler Basil de bonheur. Il tâtonna le mur près de lui, appuya sur l’interrupteur : et la lumière fut.
Cette « matinée » allait s’organiser de la manière suivante : paracétamol en urgence, douche brûlante, petite cigarette du « matin ». Basil enchaîna alors ces quelques actions, tout à fait machinalement, n’osant trop user de son cerveau pour le moment. Il attrapa la boîte de comprimés, en avalant un, sans même prendre le temps d’aller chercher le moindre verre d’eau. Il se dirigea ensuite vers la salle de bain, fit couler l’eau de la douche, se déshabilla et se glissa sous le jet d’eau chaude. Il resta, immobile, de longues minutes ; le moindre mouvement s’annonçant trop comme un calvaire pour même penser à en mettre un en pratique. Il dût pourtant s’y résoudre, après une bonne demi-heure d’inactivité : une chance qu’il ne payait pas l’eau, ni l’électricité.
Basil rejoignit sa chambre, une simple serviette autour de la taille, il se posta devant sa commode, où tout son bordel était réuni. Il saisit son paquet de cancer-en-bâtonnet, étrangement léger. Il eut un pincement au cœur, et ouvrit le petit coffret blanc et noir. Vide. Mais pourquoi fallait-il toujours qu’il soit en rade de sa drogue, lorsqu’il ne fallait pas ? Sortir de son trou à rat n’était pas dans ses projets de la journée, mais il n’était pas question de se passer de ses cigarettes dans une telle journée. Le mal de crâne ne devait pas prendre le dessus, mais un manque de nicotine ne ferait qu’empirer la situation…
Basil claqua la porte. Il avait enfilé des fringues à la va-vite, sans même les regarder, et avait quitté son appartement à une vitesse folle, dans une colère envers lui-même, toute aussi folle. Mais quelle idée de fumer autant pendant ces satanées soirées… Il était à présent dans une belle misère, à se demander où il trouverait son fameux paquet de cigarettes à quatre heures, un dimanche après-midi, alors que tout était fermé. À sa plus grande surprise, le premier commerce sur lequel il tombait était ouvert et il savait qu’il pouvait y trouver son cher petit plaisir personnel. Le bar tender était un chic type qui gardait toujours un petit carton de gauloises dans ses réserves, et les vendait tout à fait illégalement aux pauvres gens désespérés de ne pas trouver de bar-tabac lorsqu’ils en avaient le plus besoin.
Basil poussa la porte du piano-bar, et se dirigea vers le comptoir, sans même prendre un instant pour observer la salle en elle-même. « Bonjour, vous vendez bien du tabac, n’est-ce pas ? » interrogea-t-il avec tact et un brin d’empressement. « Oui, une minute, je vous prie. Je vais vous chercher ça. ». Enfin quelque chose de positif dans cette journée. Basil sourit à l’homme avant qu’il ne disparaisse vers la réserve, il se tourna alors, et s’appuya dos au bar. Il prit le temps de scruter un peu plus en détails le lieu où il se trouvait. Il n’était jamais venu dans cet endroit auparavant, du moins, pas comme réel consommateur… Il n’eut qu’une seconde à attendre avant que l’homme ne ramène son paquet de cigarettes. Basil sortit un billet de dix dollars, et les posa sur le comptoir ; « merci infiniment, gardez la monnaie. Bonne journée. ».
Il tourna les talons et prit la porte de sortie pour cible. Il marcha rapidement dans cette direction, avant qu’un faciès bien connu ne le dévisage et ne le fasse s’arrêter. Il aurait préféré ne pas y avoir affaire, d’une part parce qu’il avait une effroyable envie de fumer, d’autre part parce qu’il avait un mal de crâne à en faire pâlir un fantôme et surtout parce que cette personne n’était autre que son ex-petite amie : Joanna, avec qui il avait des rapports plus qu’approximatifs.
« Ha. Salut… Qu’est-ce que tu fais ici ? » |
| | | | Sujet: Re: 03. Isn't it ironic...Don't you think ? Sam 28 Avr - 1:08 | |
| Lima était une ville peu surprenante. Lorsque vous vous baladiez dans les rues, généralement petites et peu fréquentées, samedis et dimanches exceptés, il y avait peu de chance de tomber sur un événement inhabituel ou une personne accoutrée de façon totalement saugrenue. Ici, songeait Joanna en regardant par la fenêtre du bar où elle était installée, rien ne laissait place au fantasme et à l'imagination. En cela, elle n'aimait pas vraiment cette petite cité, à laquelle elle ne trouvait pas le même charme que New York, la Grosse Pomme, l'immense mégalopole de renommée internationale dans laquelle elle avait vécu des années. Mais sa ville de cœur n'était plus la sienne désormais, et il fallait qu'elle apprenne à vivre ailleurs. Elle se prit alors à rêver de tous les pays qu'elle aurait aimé visiter, un jour ou l'autre. Faisant mentalement le tour du monde dans sa tête, ses yeux devinrent rêveurs et son visage se transforma. Elle se plongea dans ses pensées sans faire plus attention au monde extérieur qui l'entourait. C'étaient là ses instants préférés. Dans son appartement, elle avait toujours une tonne de choses à faire, à régler, à préparer, à réparer. Ici, seule dans sa tête et dans sa bulle, elle n'avait aucune raison de se laisser perturber par le monde extérieur. Elle se laissa donc glisser dans ses douces pensées, qui vagabondaient depuis la chorale des Second Chances, en passant par son boulot au musée qui ne la passionnait pas tant que ça, en dehors des voyages qu'elle était amenée à faire afin d'examiner différentes oeuvres; jusqu'aux pays qu'elle rêverait de visiter, un jour peut-être...Qui sait d'avance ce que la vie peut nous offrir ? Pensant soudainement à sa carrière qu'elle avait autrefois lancée et stoppée en pleine fleur de l'âge, Joanna laissa échapper un lourd soupir. La jeune brune aurait aimé que les choses se déroulent autrement, mais elle n'avait pas vraiment choisi ses adversaires dans la compétition qu'elle avait entamée bien des années auparavant...
A mesure qu'elle déroulait le fil de ses pensées, se perdant elle-même dans les méandres de ses regrets et ses souvenirs, plus ou moins amers; elle se surprit à énumérer le nombre de choses dont elle aurait aimé qu'elles tournent autrement. Pour quelqu'un d'aussi positif, elle était surprise de découvrir que non, sa vie n'était pas toute rose et qu'elle aurait aimé changer bon nombre de choses.
Elle changea de position dans son fauteuil, et sa position s'alourdit inconsciemment. Elle laissa son dos s'appuyer pleinement contre l'assise, et sirota son chocolat chaud, profitant des rayons du soleil à travers la fenêtre. Son petit paradis personnel éclata en mille morceaux de rêves esquissés déjà envolés, dès que la porte du bar s'ouvrit à la volée, laissant passer un homme qui, même de dos, était familier à Joanna. La jeune femme le regarda demander un paquet de cigarettes au comptoir, et lorsqu'il se retourna à-demi, elle se pinça l'arête du nez, devenue livide. Oh non...Elle n'avait pas franchement envie de livrer une grande conversation à ce jeune homme, qui n'était nul autre que son ex-petit ami en personne, Basil, rencontré à New York plusieurs années auparavant. Elle soupira pour ce qui lui sembla la énième fois de l'après-midi, et tenta de se recomposer un visage, si ce n'est avenant, au moins neutre. Tandis que son ex reprenait le chemin en sens inverse vers la porte, de nouveau; ses yeux croisèrent ceux de Joanna. Et elle était bonne pour se taper la discut' avec lui. Il sembla surpris de la voir là. Elle aussi l'était, mais elle était cependant contente d'avoir meilleure mine que lui. Il semblait tout juste sorti du lit, il était blanc comme un linge et il paraissait...malade, d'une quelque façon que ce soit. Ses sourcils étaient froncés en deux accents circonflexes inversés, et elle n'aimait pas beaucoup l'expression de son visage. Lorsqu'il ouvrit la bouche pour exprimer sa surprise, elle se raidit. Il était étrange de s'entendre demander pourquoi il la trouvait là à cette heure-là, alors qu'il était aussi incongru de le croiser dans ce bar à cet instant précis. Elle rétorqua donc, presque du tac au tac :
« Je prends un chocolat, à quatre heures de l'après-midi, dans un bar. Rien de très saugrenu, en somme... »
Elle sourit légèrement, pour faire passer son ton un peu ironique, et fit un geste de la main, comme pour l'autoriser à s'asseoir. Pas vraiment sûre que ce soit une bonne idée, elle suspendit le mouvement de sa main en l'air, et sourit de nouveau, plus crispée cette fois.
« Ça va toi...? Tu as l'air...déphasé. »
C'était exactement le mot. Il avait l'air totalement à côté de ses pompes, comme si il avait heurté un arbre et qu'il ne se remettait toujours pas du choc. Tout en buvant une gorgée de son chocolat, Joanna sourit contre la porcelaine de sa tasse. L'image était quand même comique... |
| | | | Sujet: Re: 03. Isn't it ironic...Don't you think ? Lun 30 Avr - 19:40 | |
| À l’entente de la petite voix aiguë mais suave de Joanna, un léger sentiment sorti de -presque- nul-part vint se frotter à Basil, qui réalisa qu’il y avait bien longtemps qu’il n’avait plus entendu ce son siffler dans ses oreilles. Il fallait dire qu’il n’était pas du genre à retourner chez ses ex. La plupart du temps, il ne gardait que des relations distantes, voire plus aucune relation, de peur d’avoir affaire à quelque réflexion inopinée desdites ex, ou des reproches plus ou moins déplacés au sujet de telle ou telle stupidité qu’il aurait commise six ou sept ans auparavant… Sa décision de rester à l’écart des problèmes avec ces demoiselles, qu’il avait séduite, puis qui l’avait toutes vulgairement jeté tel un pauvre papier usagé, venait avant tout d’une auto-préservation, aussi appelé : « survie du jeune célibataire en herbe ». Basil préférait encore se barricader de self-défense contre les attaques de ces vipères venimeuses, coupant court à tout contact avec ces figures féminines, plutôt que de souffrir durant de longs mois, ou même d’en être dégouté à vie…
Repensant à quelques bons moments qu’il avait pu passer avec la charmante Joanna, son entrain s’effaça très rapidement lorsque les paroles qu’elle avait prononcées formèrent des phrases correctes dans son esprit. Il se souvint alors pourquoi leur histoire n’avait pas fonctionnée, et surtout pourquoi ils ne cessaient de s’embrouiller en permanence, du temps où ils vivaient encore sous le même toi. Ô ironie quand tu nous tiens… Bien que l’idée de boire un chocolat chaud à quatre heures de l’après-midi, un dimanche, ne soit pas vraiment saugrenue, l’idée de sortir à quatre heures de l’après-midi, un dimanche, pour aller chercher un paquet de cigarettes dans un bar à quatre pâtés de maisons de son pauvre appartement, après un lendemain de cuite, était néanmoins saugrenue. Ce blocage sur sa petite existence que faisait Basil, n’était pas signe d’égocentrisme ou d’égoïsme, seulement d’un peu trop de contrariété en un espace de temps beaucoup trop court et limité, à son plus grand désespoir.
Basil tenta un petit rire forcé, en réponse à la réflexion de Joanna. Il savait qu’elle comprendrait directement que cet effort de conversation qu’elle avait tenté l’avait agacé. Après tout, ils avaient vécu trois ans ensemble, ils finissaient par se connaître assez bien tous les deux, et ce genre de détails ne s’oubliaient que très difficilement. Quoi que, ce petit rire aurait pu être compris par n’importe quel idiot, tellement il était clair que ce genre d’humour ne plaisait pas à Basil… Pourtant, par une probable force transcendante, le jeune homme accepta de s’asseoir face à Joanna. À croire qu’il avait oublié son ardente envie de se tuer les poumons, et qu’il préférait jouer aux parfaits petits hypocrites avec sa chère et tendre ex-petite amie. Il prit le dossier de la chaise d’une main nonchalante et la tira avec force, accompagné d’un boucan à réveiller les morts. Il s’assit et posa son petit barda sur la table. Il regarda Joanna dans les yeux, sourit sans trop réfléchir, et s’occupa du paquet de blondes dont il venait de faire acquisition. Il approcha la petite boîte à une dizaine de centimètres de ses yeux et chercha minutieusement l’ouverture-soit-disant-facile. Il tira la languette et fit crisser le film plastique dans ses mains pour en faire une petite boule, qu’il délaissa sur la table. Il sentait le regard insistant de Joanna qui devait l’observer sans mot dire. Il releva alors la tête, et la gratifia de l’exact-même sourire que vingt secondes plus tôt. Il tira une cigarette, et la tapota vigoureusement sur la surface de la table pour tasser le tabac.
« Déphasé… C’est peut-être le terme juste, en effet. J’étais fait hie… ce matin de très bonne heure. J’ai une gueule de bois carabinée, et j’étais à sec du seul remède magique que je connaisse. C’est pour ça que je suis là à cette heure-ci. Sois certaine que je préférerais être dans mon lit à regarder Kill Bill. Et toi, ça va, Joa ? Ça faisait un petit moment qu’on ne s’était pas parlé… » Distant, franc, une pointe de singularité, et un peu de gentillesse : le secret pour ne pas subir d’embrouilles ! |
| | | | Sujet: Re: 03. Isn't it ironic...Don't you think ? Mar 29 Mai - 11:42 | |
| Ce petit rire qu'elle détestait entendre, encore quelques années auparavant. Ce rictus crispé, accompagné d'un visage visiblement fatigué de trop d'excès d'alcool...Joanna soupira et décida de ne faire aucun commentaire – après tout, avoir rompu son couple avec Basil ne lui en donnait plus le droit aujourd'hui; et malgré elle la jeune femme devait avouer qu'elle était plutôt satisfaite de n'avoir qu'elle à s'occuper à longueur de journée. Ses ex avaient été plutôt...immatures, dans l'ensemble. Basil, cependant, avait été agréable et tendre; et ils tendaient à garder de bonnes relations dans l'ensemble, ce dont Joanna tenait à se féliciter étant donné qu'elle savait qu'il n'était pas du genre à garder contact avec ses ex. En vertu de ce principe, elle se devait donc d'être à la hauteur de cette exception, et elle sourit, oubliant ses velléités de lui rétorquer qu'il devrait arrêter de boire aussi régulièrement et se remettre au sport, par exemple. Il ne s'agissait là que de simple bon sens, mais la jeune femme tendait à penser que les hommes étaient effectivement, bien moins doués de sens que leurs équivalentes féminines.
C'est pourquoi, lorsqu'il tira la chaise avec perte et fracas pour s'asseoir en face de Joanna, elle eut un léger mouvement de surprise. Etant donné son immense fatigue plus que visible et son envie d'aller s'enfumer encore un peu plus les poumons, Basil tenait apparemment à tenir une conversation fort courtoise avec la coach vocal des Second Chances. Soit. La jeune femme ne s'était pas attendue à cela – en fait elle pensait plutôt qu'il allait lui sourire basiquement en l'apercevant et filer sans demander son reste vers la porte, comme s'il avait le diable aux trousses – comme beaucoup de garçons l'auraient fait, probablement. Tâchant de faire bonne figure, elle s'efforça de penser qu'elle avait au moins un avantage sur lui dans la discussion, sûrement maladroite, qui allait suivre : elle avait dormi suffisamment la nuit dernière pour être capable de ne pas répondre à côté de la plaque. Ce qui ne serait peut-être pas son cas. Elle cacha un rire naissant par une fausse quinte de toux, et vit son ex lui sourire vaguement, comme s'il avait oublié qu'elle se tenait juste devant lui et qu'il adressait ce mouvement de ces zygomatiques à une connaissance lointaine. Elle dut s'empêcher de lever les yeux. C'était typique des hommes, en tout cas ceux qu'avaient aimé Joanna : ils avaient le don de lui donner l'impression qu'elle était juste quelqu'un qu'ils avaient fréquenté de loin, sans vraiment donner de l'épaisseur à leur relation; et cette sensation était ô combien désagréable pour la brune. Elle repoussa machinalement ses cheveux en arrière et observa Basil triturer son paquet de cigarettes d'un air presque ennuyé. De nouveau, le sourire vague refit son apparition, et malgré elle elle sentit que la tristesse montait en elle. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire de travers pour que tous ses ex agissent de la même façon avec elle. Encore un mystère qui ne serait probablement jamais résolu...
Chassant ces pensées, elle se concentra sur les paroles que le jeune homme prononça à son intention, et elle sourit, cette fois-ci presque nostalgiquement. Elle qui n'aimait pas Tarantino avait passé des heures avec lui à regarder Kill Bill, 1 et 2; dans leur lit commun. La mention du film en question fit rejaillir des souvenirs qu'elle pensait enfouis loin dans sa mémoire, et soudainement la discussion devint un brin plus passionnante, animée par les réminiscences qui agitaient Joanna.
" Je suis certaine que tu préfèrerais regarder Kill Bill, je me souviens que tu adores ce film...On a dû le regarder une bonne dizaine de fois chaque dimanche ", sourit-elle, les yeux perdus dans le vague. Elle n'était pas femme du genre à adresser des millions de reproches à ses ex, même si il lui arrivait de le penser très fort, mais Joanna partait du principe que le passé appartenait aux vieux livres et aux albums photos, aussi récent soit-il. Elle préférait définitivement regarder vers l'avenir et ne pas se pencher des heures sur ce qu'elle avait pu faire ou ne pas faire. Et visiblement, cette philosophie s'appliquait également à Basil.
" C'était bien ta soirée – mis à part ta cuite impressionnante ? " reprit-elle, le visage neutre et fixé sur la tasse de chocolat chaud – qui ne l'était plus tant que ça. Elle se fichait éperdument qu'il boive trop, ça ne la regardait plus; mais elle s'inquiétait de son état de santé. Il fumait comme une cheminée et buvait comme un trou...Une fois de plus, elle refoula ses états d'âme, et enchaîna :
" Moi ? Ca va, tout roule...Je suis toujours conservatrice au musée, ici, et je coache toujours une des chorales de la ville, avec Cassandra. Mais bon, si je pouvais... "
Elle s'arrêta net. Il n'était pas là pour écouter ses jérémiades, aussi intentionné soit-il; et visiblement il mourait d'envie d'aller se fumer une de ses cigarettes. Elle se laissa aller contre le dossier de sa chaise, et reprit plus légèrement :
" Si tu veux aller fumer, tu peux tu sais, je serai toujours là quand tu reviendras. "
Le ton qu'elle avait employé était volontairement doux, elle n'avait pas envie de le forcer à continuer la conversation si il n'en avait pas envie. Elle ajouta sans même y penser :
" Ou pas d'ailleurs, tu fais comme tu veux, peut-être qu'Uma Thurman est plus sexy que moi ! "
De nouveau, elle plaisanta, avec le sourire, comme pour signifier au jeune homme qu'il ne fallait pas qu'il se sente obligé de rester. Elle reprit une gorgée de chocolat pour se donner une contenance, et croisa les bras, curieuse de savoir ce qu'il allait lui répondre. |
| | | | Sujet: Re: 03. Isn't it ironic...Don't you think ? | |
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| | | | 03. Isn't it ironic...Don't you think ? | |
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