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 06. The new normal

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MessageSujet: 06. The new normal   06. The new normal EmptyJeu 10 Jan - 1:04

Malgré ses membres ankylosés, Andie ne pouvait dissimuler l'excitation qui animait sa démarche, mêlée à une fierté peu commune. Même si elle n'avait pas vraiment le choix de marcher le menton hautement relevé, il était presque certain qu'elle aurait dans tous les cas gardé cette posture pleine d'assurance à laquelle Cissy et Nina l'avait laborieusement préparée. Cette idée avait sans aucun doute été la meilleure de l'année et Andie considérait cette fraiche intégration chez les Cheerios comme le début d'une nouvelle vie. Difficile pour elle d'imaginer cependant que la place qu'elle occupait dans l'équipe n'était pas forcément la plus gratifiante. Avec toute la candeur du monde, elle paradait sur le parking du lycée dans son costume de ballon de football américain, les bras pliés en l'air comme un indien encerclé par une horde de cow boys. Son cou lui grattait affreusement et elle sentait la transpiration s'amonceler à des endroits qu'elle pourrait facilement nommer tant sa pudeur était peu développée, mais qui en mettrait mal à l'aise plus d'un. On lui avait bien dit qu'elle ferait une impression, mais Andie était loin de s'imaginer que tous les yeux seraient rivés vers elle, y compris ceux des mamies qui promenaient leurs chiens dans la rue. Il fallait bien avouer qu'elle s'était durement entrainée pour adosser ce rôle, et c'était pour elle un honneur de pouvoir être celle qui symboliserait la réussite plus ou moins glorieuse des équipes sportives de McKinley. D'après Cissy, la mascotte restait bien au dessus des étudiants étrangers dans la hiérarchie du lycée, sans parler de ces ratés des New Directions, pas fichus d'aligner correctement trois pas de chorégraphie que même un coréen enveloppé pourrait exécuter à merveille. Clairement on ne lui avait pas menti et la texane était totalement inapte de faire la différence entre un regard de pitié et un regard stupéfait. De toute façon ces gens du Nord n'étaient pas très expressifs, c'était sûrement pour cette raison que personne ne venait la harceler pour un autographe - ou alors parce qu'elle était incapable de caler un stylo entre ses doigts.

Ses pas disproportionnés lui donnaient l'impression de marcher sur la lune, et pourtant ce fut une toute autre histoire lorsqu'elle dut grimper les marches qui menaient vers l'entrée du lycée. A l'aide d'enjambés monstrueuses elle parvint enfin jusqu'à la porte, où un nouvel obstacle l'attendait... les filles avaient raison, elle n'avait pas besoin de faire des acrobaties comme elles pour faire son sport, le chemin jusqu'ici suffisait largement... seulement son costume, assez imposant, la bloqua net lorsqu'elle essaya de s'infiltrer dans le hall. Le choc fut tel qu'elle trébucha en arrière et s'étala sur le sol, aussi impuissante qu'une tortue retournée sur sa carapace. "Hey y'all, quelqu'un pour m'aider ?" supplia-t-elle alors que les gens passaient près d'elle sans manquer de la dénigrer subtilement - pour elle du moins. Une âme charitable l'aida finalement - un étudiant étranger d'ailleurs, comme son t-shirt "I love Lima" pouvait en témoigner - avant qu'elle ne s'essaye une seconde fois à passer la porte... même résultat. Andie se figea un instant, sceptique, tandis que les gens pestaient à côté d'elle. Son visage s'illumina aussitôt qu'une idée brillante lui traversa l'esprit, et ce fut alors en marche du crabe qu'elle franchit le seuil du lycée et, prise dans son élan, garda la même position pendant quelques secondes. De façon fastidieuse elle se remit droite mais à peine eut-elle le temps de faire quelques pas qu'une silhouette aussi vive qu'un lynx la plaqua au sol. Sans qu'elle ne comprenne ce qui lui arrivait, on la trainait le long du couloir alors qu'elle, inerte, contemplait le plafond - c'était fascinant, on ne pensait jamais à regarder le plafond ici, de peur de se faire rentrer dedans très certainement. On la glissa alors jusqu'aux vestiaires - elle le devinait à cette odeur de sueur et de de produit aseptisant mélangés - où on claqua la porte sans ménagement. "Non mais t'es cinglée, c'est quoi cet accoutrement ?" demanda Cissy, furieuse de toute évidence. Andie la fixa un moment, une lueur de détresse dans le regard, jusqu'à ce que son amie se décide à la relever. "Bah c'est mon costume de mascotte, Nina l'a choisi avec moi." répondit-elle innocemment. "Nina ? Elle débarque ou quoi, la mascotte des Titans n'a jamais été un ballon, c'est trop débile. Il est là ton costume et t'es pas obligée de le porter tout le temps... c'est même fortement déconseillé d'accord ? Tu sais ce qu'il te reste à faire maintenant. Moi faut que j'aille menacer de mort tous les témoins." précisa-t-elle en l'abandonnant à son sort. D'une démarche assez ridicule, Andie tourna sur elle-même pour témoigner de ce véritable costume : une tenue typique de la Grèce Antique, ou de la Rome Antique, elle hésitait fortement. Il y avait un casque de guerrier, un plastron en toc qui dissimulait une toge assez légère - ce qui accentuait drôlement la futilité des ornements qui se voulaient être une armure - des jambières, une cape et une espèce de lance en mousse ou en plastique. C'était complètement nul en somme, comparé à son costume de ballon. Elle le jaugea un instant, dépitée, une moue pendue au visage, avant d'entreprendre de se débarrasser de cet "accoutrement" comme le qualifiait Cissy. De toute évidence Nina aurait droit à quelques remontrances dans la journée, et des piques bien senties. Un peu comme d'habitude, en fait.

Une fois débarrassée, elle renifla ses dessous de bras et, d'un haussement d'épaule, décréta que c'était tolérable, avant de sortir à son tour pour rejoindre les casiers. Cissy n'avait pas été très explicite, mais pour une fois Andie avait bien retenu la leçon : elle devait entrer en contact avec sa cible. Il était regrettable de voir qu'elle n'était pas au meilleur de sa forme physique - le lendemain de son relooking les garçons tombaient comme des mouches sur son passage, elle croyait d'ailleurs qu'ils devaient être allergiques au parfum que lui avait conseillé Cissy, ça devait certainement les éloigner comme la citronnelle éloignait les moustiques - mais cela ne la perturbait pas pour autant. Ce fut donc avec une assurance nouvellement enseignée par ses deux nouveaux modèles qu'elle arpentait les couloirs. Adossée contre les casiers, elle ne s'encombra pas de savoir si c'était bel et bien Gabriel derrière la porte du sien pour entamer naturellement la conversation. "Salut Gabriel, je suis Andie, tu fais partie des Titans non ? Moi aussi, enfin les Titanes, mais j'ai pas le droit de porter mon uniforme." Il n'y avait pas mieux pour briser la glace.
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MessageSujet: Re: 06. The new normal   06. The new normal EmptyMar 12 Fév - 17:45

S'il y avait une raison pour laquelle Gabriel était ravi de vivre aux Etats-Unis, c'était le droit le conduire sans supervision avant même d'avoir atteint la majorité – il n'avait d'ailleurs jamais compris pourquoi les Américains pouvaient conduire dès leur seize ans mais devaient attendre leur vingt-et-unième anniversaire pour légalement boire une goutte d'alcool, même s'il préférait pouvoir avoir accès à une voiture qu'à une bouteille de vodka. Son père avait attendu ses dix-sept ans pour enfin lui offrir son premier véhicule – une vieille voiture qui était probablement aussi vieille que lui et qui avait la particularité de caler dès qu'il appuyait un peu trop brusquement sur la pédale de frein. Sa couleur, un mélange assez peu attirant de gris et de kaki, faisait plisser les lèvres des personnes qui la voyaient, mais Gabriel n'avait qu'à préciser qu'elle était munie d'une boite de vitesse manuelle et les gens le regardaient comme s'il était un super-héros des temps modernes. Il ne leur disaient jamais qu'il n'arrivait pas à ce servir des boites de vitesse automatiques, parce que même s'il se fichait de ce que les autres pouvaient bien penser de lui, cela faisait toujours plaisir de voir les regards ébahis de ses amis lorsqu'il passait une vitesse.

Gabriel se gara sur le parking de l'école, prenant soin de ne pas freiner trop fort avant d'éteindre le moteur. La chaleur était étouffante aujourd'hui et l'absence de climatisation dans l’habitacle se faisant cruellement ressentir, le jeune homme ne prit même pas la peine de vérifier avant de discrètement glisser son déodorant sous son tee-shirt. Gabriel avait beau être une personne volontairement associable, il n'en restait pas moins un garçon comme les autres, pourvu d'hormones parfois difficilement gérables et éprouvant souvent l'envie de vivre ce que les couples du lycée aimaient exposer au commun des mortels – la niaiserie et l'absence de pudeur en moins. Il attrapa son sac de cours et se glissa hors du sauna qu'était sa voiture, prenant bien soin de la verrouiller avant de se diriger vers les portes du lycée. Ce n'était pas vraiment qu'il désespérait de se trouver une copine – ses amis lui suffisaient amplement, et il n'était pas bien sûr d'avoir le temps et pire encore l'envie de consacrer quelques heures par jour à une fille qui ne s'intéresserait très probablement pas aux mêmes choses que lui. Mais les remarques incessantes de son père au sujet de sa sexualité commençaient sérieusement à le peser. Gabriel avait pensé être débarrassé des insinuations un peu lourdes lorsqu'il avait intégré l'équipe des Titans, mais même si son père l'avait laissé tranquille durant quelques semaines, il était revenu à la charge en évoquant sa coupe de cheveux : « Tu ressembles à une gonzesse avec ça. Rase toi le crâne, tu auras l'air plus viril et tu arrêteras de ressembler à une lesbienne. » – 'Gonzesse' était le mot préféré de son père, et Gabriel se demandait si ce terme avait déjà été employé par quelqu'un d'autre que son paternel tant il lui semblait venir d'un autre millénaire. Chaque fois qu'il l'entendait, le jeune homme ressentait une terrible envie de violence et il était persuadé que son père le savait et en jouait. Mais plus encore, le fait qu'il n'ait aucune petite amie semblait être la cause préférée des railleries de son père, qui, plutôt que d'agir comme l'adulte qu'il était censé être, s'amusait à parler très fort au téléphone de la sexualité de son fils à qui voulait bien l'écouter, sachant pertinemment que Gabriel pouvait très bien entendre sa conversation à l'autre bout de la pièce. Le jeune garçon avait depuis bien longtemps arrêter d'essayer de convaincre son père qu'être célibataire ne faisait pas de lui un gay refoulé, le simple fait, selon Monsieur Mason, qu'il soit si ami avec Louise sans aucune arrière pensée suffisait à le convaincre. Et Gabriel en avait assez de se justifier au sujet de son amitié avec Louise, il laissait donc courir bien qu'il commençait sérieusement à perdre patience. Il ne pouvait décemment pas demander à sa meilleure amie de jouer le rôle de la petite copine, parce qu'il était persuadé que son père n'y verrait rien d'autre qu'une couverture pour cacher son homosexualité. Il y avait bien Sunny, mais leur amitié naissante – et l'attirance qu'il éprouvait bien malgré lui pour la jolie blonde – semblait trop fragile encore pour lui demander une telle chose. Et puis après tout, cela l'amusait presque d'entendre son homophobe de père évoquer avec désespoir la condition de son fils. Qu'il le pense gay, après tout, Gabriel s'en fichait, il n'y avait aucune honte à l'être, il fallait que son père se rende compte que l'on n'était plus au Moyen-Âge.

Perdu dans ses pensés, Gabriel réalisa presque au dernier moment qu'un attroupement à l'entrée du lycée l'empêchait de pénétrer dans l'établissement. Sa grande taille lui permit vite de se rendre compte qu'un ballon de football à taille humaine était la raison pour laquelle les élèves semblaient incapables de franchir le seuil de McKinley. Gabriel observa d'un œil interloqué la personne – il n'était bien sûr de savoir si c'était une fille ou un garçon vu la stature impressionnante que donnait le costume ridicule – tentant désespérément une deuxième fois de passer les portes, rebondissant de nouveau sous les regards médusés des lycéens témoins de la scène. Gabriel résista au besoin de se pincer pour être sûr de ne pas être en train d'imaginer ce qui se jouait sous ses yeux, la chaleur pouvant après tout être la cause d'hallucination comme celle-ci. Parce qu'il n'avait jamais vu ça avant – et par ça il sous-entendait une personne saine d'esprit décidant de manière censé de porter une telle chose, un jour de canicule, devant tous les lycéens de McKinley. Mis à part si cette personne avait perdu un pari, et dans ce cas précis autant changer d'amis immédiatement, Gabriel ne voyait aucune explication plausible quant à vouloir s'infliger volontairement une telle honte. L'énorme ballon finit enfin par parvenir à pénétrer dans l'enceinte du lycée d'une démarche qui lui rappelait vaguement celle de Sébastien dans La Petite Sirène, mais il fallut à Gabriel quelques bonnes minutes avant de pouvoir à son tour entrer dans le lycée. Il se dirigea rapidement vers sa salle de classe, fronçant les sourcils lorsqu'il réalisa qu'il était le seul présent, avant que ses yeux ne se posent sur le bout de papier périlleusement scotché à la porte, lui annonçant que son professeur de Chimie serait absent pour le reste de la semaine.

Ce fut avec un sourire ravi qu'il fit demi-tour. Sachant que Louise était en plein examen de Littérature, Gabriel décida de laisser son sac dans son casier puis d'ensuite trouver un coin calme et éloigné afin de dessiner en paix. Sur le chemin, il croisa deux de ses coéquipiers suivis d'un groupe de quatre cheerios gloussant à plein poumons, les pas rapides qu'elles devaient produire pour suivre la cadence imposée par les footballeurs faisant virevolter leurs jupes un peu trop courtes. Gabriel avait du mal à comprendre comment n'importe quelle fille pouvait trouver un intérêt à deux garçons comme Alex et Tom dont le QI ne devait pas dépasser celui d'une chèvre ayant subi un lourd traumatisme crânien. Gabriel supposait que la popularité devait avoir son rôle à jouer dans tout ça. Après tout, il ne suffisait pas d'être une cheerleader ou de faire partie de l'équipe des Titans pour être populaire, Gabriel ne le savait que trop. Parfois, il se demandait ce que ça faisait d'avoir l'école à ses pieds, de ne pas pouvoir faire un pas sans que quelqu'un ne lui dise bonjour, ou de ne pas avoir à payer un seul slushy. D'être celui qu'on envie, le garçon dont on rêve, celui qui s'assoit à la table des héros du lycée, celui qui n'a pas besoin d'ouvrir une seule porte parce qu'une horde de lycéens se bat pour le faire pour toi. Gabriel savait qu'il ne ferait jamais partie de ses gens là. Son statut au sein de l'équipe de football lui offrait une certaine tranquillité mais c'était tout. Et cela lui convenait bien.

Il ouvrit son casier à la hâte, à présent pressé de sortir du lycée, et était sur le point de sortir son bloc de feuille de son sac quand il entendit une voix féminine prononcer son nom. Les sourcils froncés, Gabriel referma doucement la porte en fer avant de poser ses yeux sur la jeune fille adossée près de lui. Outre le fait qu'elle lui disait très vaguement quelque chose sans qu'il ne puisse la replacer, Gabriel ne put empêcher sa bouche de s'ouvrir légèrement face la beauté certaine de celle qui disait s'appeler Andie. La jeune fille était tout ce que pouvait représenter le fantasme de n'importe quel garçon de son âge, surtout vêtu ainsi, sa tenue ne laissant que peu de place à l'imagination déjà rendue fertile par ses hormones. Gabriel réalisa qu'il devait avoir l'air complètement stupide à fixer Andie de la sorte et il cligna des yeux avant de s'éclaircir la gorge, prenant bien soin de reculer d'un pas afin de calmer ses hormones qui semblaient faire la ola de son crâne à ses orteils. « Hmm je... » il passa nerveusement sa main dans ses cheveux avant d'ajouter : « Excuse-moi mais euh, on se connait ? » Il détestait avoir l'air bête, mais il commençait à se dire que toute cette journée n'était qu'un rêve. Parce que le ballon géant était déjà la chose la plus bizarre qu'il avait vu ici, mais si en plus une fille magnifique, qui semblait le connaître, venait lui faire la conversation sans raison apparente, il devait bel et bien être tombé dans une autre dimension. Il pouvait sentir les regards interrogateurs des quelques lycéens qui passaient près d'eux, et il planta ses mains dans ses poches afin de calmer un minimum son agitation.
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MessageSujet: Re: 06. The new normal   06. The new normal EmptyMar 12 Fév - 19:55

Il y avait quelque chose de très spontané dans la manière dont Andie appréhendait les gens. Peu importe les artifices avec lesquels Crystal et sa bande essaierait de gommer les imperfections de son caractère, s'il y avait bien une chose qu'elle n'était pas disposée à apprendre c'était comment agir en société. Andie était une impulsive, guidée par le flux constant de ses émotions, au gré du vent de son extrême sensibilité. L'innocence était l'essence même de son âme, aussi n'avait-elle pas bien compris toutes les implications de sa récente fraternisation avec celle que la moitié du lycée considérait comme le Diable. Bien trop candide pour anticiper les conséquences de ses actes, Andie demeurait persuadée qu'il n'y avait rien de plus sincère dans sa relation avec l'élite du lycée que l'entente cordiale entre les calaos et les rhinocéros. Depuis toute petite elle avait cet instinct presque animal qui la poussait vers les autres et la laissait pantoise lorsqu'elle se heurtait à un mur d'indifférence. Puis elle se laissait distraire par un détail futile qui parvenait malgré tout à attirer sa précaire attention. S'il y avait des apparences dont il fallait se méfier, c'était sans doute les siennes. Au contraire de se plier aux exigences que supposait son physique avantageux, elle évoluait dans un univers dénué de toutes conventions.

Dans le monde d'Andie, la vie était tellement simple. Il suffisait de se lever le matin, d'accomplir ce qui suscitait la satisfaction chez chacun avant de se rendormir, prêt à s'aventurer dans de nouveaux horizons le lendemain. Pourtant, aussi réfractaire était-elle aux contraintes, elle avait embrassé cette mission que lui avait confiée Cissy comme si c'était le dessein duquel elle devait s'acquitter durant les prochains jours. Une personne normale aurait sûrement ressenti une certaine angoisse à l'idée de faillir à cet objectif minutieusement tissé, mais Andie n'avait de toute évidence pas tout compris l'étendue de cet enjeu. Elle se contentait de parader dans les couloirs dans un emballage parfaitement artificiel dont personne n'aurait jamais envie d'en découvrir le contenue. Se séparer de sa crinière avait été pour elle un véritable traumatisme, jusqu'à ce que la vision éblouissante de sa mère lui soit reflétée par le miroir. Jamais elle n'avait voulu lui ressembler, parce qu'elle n'avait cessé de la voir avec les yeux d'une enfant tout à fait ingénue, jusqu'à l'instant fatidique de cette révélation. A ce moment Andie avait compris qu'elle se devait d'être elle-même tout en étant consciente de ce qu'on attendait d'elle. Et de toute évidence on attendait d'elle qu'elle soit jolie et qu'elle fasse illusion. Heureusement - ou malheureusement selon les points de vue - sa prétention se limitait à se vanter de ses santiags rouges, qu'elle arborait aujourd'hui avec l'angoisse extraordinaire que Cissy la croise dans les couloirs et lui demande de continuer la journée pieds nus. Quiconque n'était pas elle se rendait compte à quel point le bout de tissu qui lui servait de short mettait en valeur des jambes qui, selon elle, ne lui servaient qu'à se déplacer et des hanches invisibles à ses yeux. Un chemisier noué découvrait son nombril avec une révoltante insouciance et parfaisait une tenue à la fois extrêmement suggestive et modeste. C'était certainement ce qui plaisait le plus aux gens et ce qui expliquait pourquoi une flagrante majorité des garçons se retournaient sur son passage : Andie était à la fois accessible et pourtant tellement inabordable. Si elle avait été assez perspicace, elle aurait trouvé cette vérité très amusante, elle qui était certainement la fille la plus abordable de l'Ohio, au moins.

Lorsque Gabriel referma son casier, Andie put enfin pour la première fois constater les singularités de son visage. Jusqu'ici elle ne l'avait vu que de loin, lors de missions de repérage orchestrées par Nina - étonnant qu'elle ne l'ait pas envoyé vers quelqu'un d'autre d'ailleurs - et il lui avait toujours semblé frêle et plutôt chétif comparé à ses coéquipiers. Dorénavant elle constatait que ses préconceptions se révélaient à la fois fondées et erronées. Son visage dégageait une certaine candeur tandis qu'on remarquait tout à fait le produit d'un travail intensif de musculation sous son t-shirt. Et, détail non négligeable, il était bien plus grand que la texane - le contraire aurait été embarrassant pour lui.
N'importe qui aurait constaté comme la présence d'Andie le désarçonnait, mais de son point de vue elle ne voyait qu'un simple garçon qui cherchait ses mots. Andie ne s'encombrait pas des détails des genres et des sexes, pour elle tout le monde était égal et c'était très certainement pour cette raison qu'il ne lui avait jamais effleuré l'esprit, qu'un jour, elle pourrait ressentir plus qu'un vague sentiment de bienveillance à l'égard de l'un d'entre eux. L'interrogation de Gabriel la fit douter cependant, comme si c'était une colle à laquelle on ne l'avait pas préparée. Se connaissaient-ils ? A priori oui. "Tu es Gabriel, et moi j'ai dit que j'étais Andie..." dit-elle, l'air songeuse, alors que sa bouche se contractait dans des grimaces étranges qui ne la dérangeaient pas pour autant. "Alors oui, on se connait !" conclut-elle d'un ton enjoué. C'était aussi simple que ça pour elle, connaître le nom d'une personne suffisait à créer une certaine attache. Et encore, elle avait besoin de moins que ça...

Le regard distrait de Gabriel parvint à la distraire elle aussi, qui regardait autour d'elle pour témoigner du spectacle qui semblait tant le fasciner. Elle ne voyait curieusement que des silhouettes plus ou moins inconnues qui se croisaient sans se voir, et ce sans jamais s'arrêter. Toute cette dissipation lui fit oublier en un instant la raison de sa venue, alors qu'elle posait une nouvelle fois les yeux sur Gabriel comme si c'était la première fois. Elle le détailla à nouveau, avant que les souvenirs terminent par refaire surface. Jusqu'ici elle ne s'en était pas tenue au plan et de toute évidence sa façon d'aborder les gens faisait mouche lorsqu'elle avait pour but d'établir davantage qu'une plate discussion. "Tu ne me connais certainement pas encore en fait, je suis la nouvelle mascotte des Titans et j'ai cru bon de faire les présentations parce que..." Gros blanc. Miser sur les talents de mémorisation d'Andie c'était tout de même très audacieux de la part de Cissy. "... parce que tu es très mignon... Non, enfin si mais c'est pas pour ça." Andie se gratta la tête, une moue dubitative pendue au visage. Que devait-elle dire déjà ? "En fait c'était un prétexte. Oui voilà, un prétexte pour te parler." rectifia-t-elle en opinant inlassablement du chef. "Tu es bien Gabriel Dawson et tu fais partie des Titans ?" Au cas où il aurait un frère jumeau. Après tout Crystal n'était pas infaillible.
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MessageSujet: Re: 06. The new normal   06. The new normal EmptyMer 13 Mar - 19:22

Gabriel n'avait jamais vraiment été un garçon populaire. Avant même qu'il ne pose ses valises sur le sol américain, il était celui que l'on ne remarque pas. Certes, il avait toujours été apprécié dans son cercle d'amis français, mais il ne faisait pas partie de ces garçons devant lesquels les filles se pavanaient, prêtes à tout pour un peu d'attention. Son premier baiser avait eu lieu lors d'un voyage en colonie de vacances l'année de ses treize ans, et cela l'avait assez chamboulé pour qu'il n'aille pas plus loin que ce geste innocent. Son arrivée dans un pays étranger n'avait pas vraiment arrangé les choses, même après qu'il eut intégré l'équipe de football. Cet accent français dont il n'arrivait décidément pas à se débarrasser malgré tous ses efforts l'empêchait d'adresser volontairement la parole à une fille autre que Louise. Il n'était pas vraiment quelqu'un de timide, mais il n'éprouvait pas l'envie de connaître tous ses comparses d'infortune juste pour le plaisir de se déclarer populaire. Il aimait sa solitude, même si parfois celle-ci se trouvait être une compagne quelque peu pesante. Mais parfois son âge, et tous les besoins qui allaient avec, se rappelait à lui assez brusquement, comme en ce moment même, tandis qu'une des plus belles filles qu'il n'avait jamais vu d'aussi près lui adressait la parole comme s'il était un des garçons les plus intéressants du lycée. Il aurait aimé être l'une de ces personnes courageuses qui auraient attrapé la main de cette fille à la tenue affriolante pour l'emmener dans un des placards sombres de l'établissement, afin de perdre cette virginité qu'il était persuadé de ne pas se débarrasser de sitôt. Mais malgré le corps visiblement éhontément exposé de la jolie blonde, malgré le fait qu'elle semblait consciemment lui adresser la parole, Gabriel n'arrivait pas faire autre chose que la fixer avec insistance, les bras ballants et l'air probablement stupide.

Lorsque Andie lui répondit, Gabriel qui, bien malgré lui, fixait les lèvres pleines de la lycéenne, sentit ses sourcils se froncer lorsque la bouche de cette dernière se tordit de façon peu attirante. Son regard glissa sur le reste de son visage et Gabriel réalisa qu'elle semblait aussi perdue que lui face à la situation. A la différence près qu'elle était celle qui avait débuté la conversation, alors qu'il ne savait absolument pas qui elle était. Une idée commença à germer dans son esprit tandis que Andie regardait autour d'elle comme si c'était la première fois qu'elle mettait les pieds à McKinley. Gabriel laissa le silence s'étendre entre lui et la jeune fille, refusant de penser ce qui, pour lui, était la raison la plus probable quant à la situation mais restant malgré tout septique et préférant laisser à la blonde le temps de donner tord à son esprit de nature méfiante. Andie reprit vite la parole après lui avoir jeté un regard interrogateur et les mots qu'elle prononça ne firent que jeter un peu plus le trouble dans la tête de Gabriel. Jamais une seule Cheerleader ne lui avait adressé la parole, et il y en avait des bien moins attirantes que Andie, et la coutume selon laquelle les Cheerios et les footballeurs se devaient de se présenter les uns aux autres pour ensuite passer leur temps ensemble n'existait que dans les films. Mais ce qui termina de convaincre Gabriel fut le compliment que la blonde lui adressa. Même s'il se sentit rougir face à ces mots, il pouvait voir sur le visage de la jeune fille qu'elle ne le pensait pas réellement. Gabriel n'était pas bête, et il n'était pas non plus désespéré au point de fondre face au premier compliment qu'une fille pourrait lui offrir, surtout lorsque la fille en question se moquait clairement de lui. Il lui jeta un regard dédaigneux avant de se retourner vers son casier. Il sortit à la hâte son carnet de dessins et s'empara de sa trousse avant de refermer la porte un peu trop violemment dans un bruit sourd qui sembla résonner dans le couloir à présent à moitié vide.

Gabriel prit une grande inspiration puis reporta son attention sur Andie qui n'avait visiblement pas bougé d'un cil. L'espace d'un instant il se demanda s'il y avait véritablement quelqu'un derrière ce visage parfait et ces yeux un peu trop bleus. « Écoute, pas besoin de continuer, ok ? J'ai compris. » Son ton était plus dur que ce qu'il aurait voulu, mais la situation commençait à l'exaspérer au plus haut point. Il avait chaud, il était épuisé par les révisions et cette journée était déjà suffisamment surréaliste pour qu'elle ne se poursuive de la sorte jusqu'à ce qu'il rentre chez lui. « Dis à tes amis que tu as réussi ton pari. Peu importe ce que tu devais faire, je m'en fous, dis leur que je suis tombé comme un con dans le panneau. Vous pouvez passer le reste de la journée à vous foutre de moi, j'en ai strictement rien à faire, d'accord ? Alors va les rejoindre et laisse moi tranquille. » Sérieusement, c'était la journée des paris ou quoi ?! Est-ce qu'on avait oublié de lui dire que c'était une fête nationale dans ce pays ? Parce qu'entre le costume de ballon de football de tout à l'heure et Andie, Gabriel était très honnêtement en train de se dire qu'il avait manqué quelque chose. Il lui tourna le dos et fit quelques pas en direction de la sortie avant de s'arrêter et de se retourner une dernière fois. « Au fait, moi c'est Gabriel Mason. Dawson, c'est le grand blond qui fait de la natation. La prochaine fois que tes amis t'envoies en mission, sois sûre de trouver la bonne personne. » Il se détourna et se dirigea vers la porte sans un regard en arrière. Dieu qu'il détestait le lycée et ses élèves plus stupides les uns que les autres, parfois.
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MessageSujet: Re: 06. The new normal   06. The new normal EmptyJeu 14 Mar - 13:51

Andie ne se rendait pas compte à quel point la moindre entreprise la concernant était méticuleusement pensée. Elle n'était qu'une enfant perdue dans la jungle citadine qui suivait la masse colorée de ballons qui flottait au dessus des têtes. Cissy lui avait offert des repères. Andie n'était pas assez exigeante ni même capricieuse pour se permettre de refuser une main qu'on lui tendait amicalement. Les gens auraient beau dire toutes les méchancetés qu'ils voulaient à propos des Cheerios, c'était elles qui l'avaient accueillie avec une bienveillance superficielle, certes, mais qui avait suffi à lui réchauffer le cœur. Les autres lycéens n'étaient pas mauvais, elle les appréciait même tous pour la plupart, mais ils se contentaient d'une conversation échangée à la hâte entre deux interludes, sans imaginer une seconde que Andie aspirait peut-être à plus que des formalités. Elle s'en accommodait c'était certain, mais cela ne l'empêchait pas de rentrer chez elle le soir en se sentant affreusement seule. Andie avait toujours rêvé d'avoir un petit frère auquel elle pourrait conter ses exploits journaliers et apprendre à cracher et se battre. Elle rêvait d'avoir quelqu'un sous son toit qui serait assez proche d'elle pour la taquiner comme le faisaient les personnes qui s'aimaient sincèrement. Elle n'entretenait bien évidemment pas ce genre de relation avec Cissy et Nina, il fallait même plutôt prendre des gants de velours pour s'adresser à elles sans qu'elles s'offusquent, mais c'était la seule amitié qu'on avait bien voulu lui offrir ici. Le seul véritable intérêt qu'on avait su lui porter, peu importe les raisons intrinsèques.

Si elle avait accepté cette mission, c'était à la fois pour les remercier de la confiance et des espoirs qu'elles avaient misés sur elle. Andie avait connaissance de l'objectif de cette entreprise, mais elle en ignorait la raison essentielle. Pourtant elle n'osait pas exiger de savoir ce genre de détails que Cissy jugeait sans doute futiles ou qu'elle lui avait déjà communiqué une fois. La rousse n'était pas du genre à répéter les choses, surtout lorsqu'elle pouvait profiter d'un incroyable manque d'attention de la part de son interlocuteur pour faire passer des informations qui, elle-même le savait, dépassaient la limite du correct. Andie était la proie idéale, trop naïve pour percevoir les failles de l'honnêteté des gens et trop dissipée pour s'en soucier de toute manière. Cissy lui avait pourtant bien expliqué les raisons de leur alliance saugrenue. Elles résidaient dans un seul nom : Adriana Marquez. Mais bien entendu elle s'était arrêtée au mot "amitié" et ne s'était pas encombrée des vices de leur contrat. Pour elle si on l'avait envoyée vers Gabriel, c'était par pure charité et prévenance. Seulement elle aurait dû s'en charger elle-même, parce qu'Andie n'était pas la plus à même à se montrer sous son meilleur jour. Elle était trop vraie, trop authentique pour cacher ses nombreux défauts. Elle n'attendait rien de la part des autres et c'était peut-être pour cette raison qu'elle se fichait bien de savoir si l'angle de sa position la sublimait et si ses lèvres bougeaient juste assez pour ne pas déformer les traits de son visage. Cissy lui avait pourtant répété d'être belle avant tout, mais le naturel dont elle faisait preuve revenait toujours au galop. Si les gens devaient ne pas l'apprécier pour ça, c'était préférable. Parce que c'était qui elle était.

De toute évidence Gabriel n'appréciait pas cette personne qu'elle feignait être pour attirer son attention. Cissy s'était trompée, il ne suffisait pas d'être belle et de dire le strict minimum. C'était pour les filles comme elles, qui étaient conscientes de leur pouvoir de persuasion. Andie savait que le discours qu'elle se devait de réciter ne lui convenait pas et c'était peut-être pour cette raison que Gabriel l'avait prise pour quelqu'un qu'elle n'était foncièrement pas. C'était à la fois flatteur et offensant. Flatteur parce que pour une fois Andie se sentait capable d'effectuer une tâche qu'on lui confiait, à savoir jouer la comédie, et offensant parce que la fille qu'on essayait de modeler ne plaisait pas. "Je vois pas de quoi tu parles." avoua-t-elle en fronçant les sourcils, pantoise. Un pari ? Certes cela y ressemblait mais elle était la seule à gagner dans l'histoire... c'était ce qu'elle croyait du moins. Lorsqu'il lui tourna le dos un sentiment inédit commença à l'envahir. Une sorte de peur de l'échec, peur de décevoir. Elle s'était toujours bien moquée de tout ça, d'accomplir des exploits qui rendraient les gens fiers autour d'elle. Elle se contentait de construire sa propre fierté, c'était le plus important. Mais si elle échouait, Cissy lui en voudrait certainement beaucoup trop pour lui accorder une seconde chance. Elle serait perdue, retour à la case départ : la pauvre texane qui amusait la galerie mais dont tout le monde se fichait foncièrement. La bonne copine, celle qui anime vos repas à la cafétéria mais n'est pas conviée pour le dîner. Non, c'était impensable. "Désolée." dit-elle en galopant derrière lui. D'un geste des plus innocents elle lui effleura la main pour retenir son attention et l'empêcher de franchir les portes du lycée. "Je suis nulle pour retenir les noms, je voulais dire Mason. Dawson je sais même pas qui c'est, en plus j'aime pas les blonds, j'en ai assez chez moi." Est-ce que c'était raciste ? On lui en tiendrait pas rigueur, surtout qu'elle ne disait que ce que Gabriel voulait entendre. Elle n'avait rien contre les blonds. Son frère l'aurait probablement été. C'était peut-être ça le problème ? "Tu vois, je sais pas trop comment ça fonctionne ce genre de choses. Les gens s'attendent à ce qu'on agisse d'une certaine façon entre nous quand on porte un uniforme, en plus c'est idiot parce que j'ai même pas le droit de porter le mien, mais moi je sais pas comment ça marche." confia-t-elle, en hochant les épaules et esquissant un rictus imperceptible. Elle se retourna vivement, alertée par ses sens animaux - un peu comme les oiseaux, elle avait des yeux derrière la tête - sentant qu'on les regardait avec insistance. "Je crois qu'on nous espionne." murmura-t-elle. "Tu pourrais faire semblant de m'écouter, pour bien leur montrer qu'on a essayé ? Je comprends, je suis pas assez jolie et bien éduquée pour toi, j'ai vécu dans un ranch pendant 17 ans alors..." Elle s'adossa contre les casiers une nouvelle fois, maintenant sûre qu'elle avait attiré son attention précaire. "T'as sûrement peur que je sois meilleure que toi avec un ballon de foot. Ma mère dit que j'ai des réflexes de lynx. J'ai jamais vu de lynx, mais ça a l'air d'avoir des bons réflexes. J'ai googlé."
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MessageSujet: Re: 06. The new normal   06. The new normal EmptySam 8 Juin - 14:10

Gabriel était bien décidé à fuir le bâtiment avant de trouver une place bien caché du reste de la population lycéenne. Il ne savait pas pourquoi il était encore étonné de voir qu'il pouvait être la cible de plaisanteries immatures de la part de ses comparses étudiants. Bien qu'il sache très bien se fondre dans la masse, les gens arrivaient toujours à le retrouver, et il se détestait pour avoir un instant pensé que quelqu'un comme cette fille pouvait sincèrement s'intéresser à lui. Il resterait probablement célibataire jusqu'à ce qu'il soit capable d'aligner trois mots sans bégayer face à une fille, et Gabriel savait que ce n'était pas demain la veille avant qu'une telle chose ne se produise. Il n'était pas assez naïf pour penser que les plus belles filles du lycée se battraient à sa porte pour obtenir ses faveurs uniquement parce qu'il était membre de l'équipe des Titans. Et après son histoire avortée avec Vivaldine, il n'était pas de prêt de se lancer dans une autre relation probablement à sens unique qui le laisserait vite seul face à ses propres démons. La colère qu'il éprouvait face à la situation lui donnait envie de frapper le mur le plus proche, mais la violence n'ayant jamais été sa marque de fabrique, il se contenta de serrer les poings. Dans des moments comme celui-ci, sa vie française lui manquait. Il y avait aussi des personnes malhonnêtes dans son pays natal, comme partout, mais la vie y était plus simple, et Gabriel aurait tout donné pour retrouver sa bande d'amis et cette langue qu'il maîtrisait bien mieux que celle de Shakespeare. Il aurait aimé faire une partie de poker avec Romain et Mathieu, ou encore dessiner dans le calme au pied du lac qui bordait son ancienne maison de vacances, avec pour seule compagnie les bruits de la nature. Lima avait beau être une petite ville, l'air y était différent et même le silence ne possédait pas la même tranquillité. Gabriel fit rapidement un calcul dans sa tête afin d'estimer l'heure qu'il pouvait être en France, mais il réalisa bien vite qu'il était beaucoup trop tôt de l'autre côté de l'océan.

Il était sur le point de d'ouvrir la porte d'un coup d'épaule quand il sentit une main effleurer ses doigts contractés. Il pensa d'abord ignorer Andie et franchir les portes du lycée sans un regard en arrière, mais la sincérité qu'il pouvait aisément percevoir dans la voix de la jeune fille lorsqu'elle s'excusa le surprit suffisamment pour qu'il se tourne vers elle. Bien malgré lui, ses lèvres s'étendirent légèrement face à la remarque d'Andie concernant les blonds. Il se dégageait de la lycéenne une certaine candeur qui rendait Gabriel interrogatif. Il était persuadé d'avoir vu juste quant au pari, mais l'attitude de la jeune fille le laissait tout de même perplexe. Chacune de ses paroles semblait être un mélange de naïveté et de discours préparé à l'avance et Gabriel, ne sachant plus vraiment sur quel pied danser, se contenta de la laisser parler sans l'interrompre. Il n'arrivait décidément pas à se faire une idée tranchée sur les intentions d'Andie. Le discours décousu, et sans véritable sens, au sujet du port de l'uniforme qu'elle lui offrit ensuite ne fit qu'accentuer son sentiment d’incompréhension et, sans véritablement s'en rendre compte, il s'éloigna de la porte pour se rapprocher d'elle. La blonde choisit se moment pour regarder autour d'elle, tel un animal apeuré, et Gabriel balaya également le couloir à la rechercher d'indices pour expliquer le comportement d'Andie. Il ne vit rien d'autre que le couloir vide, ce qui lui fit froncer les sourcils. Cette fille était décidément curieuse, pour ne pas dire autre chose. Son trouble se fit plus important lorsqu'elle lui assura que quelqu'un les observait. Pour en être certain, il parcourut le couloir des yeux une nouvelle fois, et il crut voir une ombre bouger à quelques mètres d'où ils se trouvaient. Restant persuadé que l'inquiétude exagérée de Andie déteignait sur lui, il croisa ses bras sur son torse et releva la tête en un geste de défi. Il ne se laisserait pas avoir et refusait d'aller dans le sens de cette mascarade. Il était bien plus intelligent que cela.

Mais la panique, réelle, qu'il sentait chez Andie fit tomber ses dernière défenses, surtout lorsque la lycéenne murmura, sur un ton d'une sincérité déconcertante, que son physique et son éducation n'étaient probablement pas suffisants pour quelqu'un comme lui. Il suivit le mouvement lorsqu'elle s'adossa aux casiers. Andie ne semblait être que l'instrument d'autres personnes bien plus malveillantes et il réalisa alors que la jolie blonde n'était pas l'ennemi. Il ne put empêcher le rire qui quitta ses lèvres, résonnant dans le couloir silencieux, tandis qu'elle se comparait à un lynx. Il plaqua sa main sur le casier, près du visage de Andie, afin de reprendre son souffle, priant pour ne pas faire une crise d'asthme devant la lycéenne et les personnes qui semblaient les espionner. Lorsqu'il redressa la tête, certain d'avoir retrouver une respiration normale, il se rendit compte de combien sa position le rendait proche de la jeune fille. Il déglutit avec une certaine difficulté, se forçant à ne pas fixer avec insistance les lèvres d'Andie. « Je... Je suis sûre que tu es très douée. Avec un ballon, je veux dire. » Gabriel se gifla mentalement. Il pouvait sentir ses joues se colorer mais visiblement sa bouche avait décidé de former des mots sans attendre le consentement de son cerveau. « Tu es très... jolie. Enfin je suppose que tu le sais déjà, ça. Et je suis sûre que tu plais à tous les garçons. Et puis ça doit être cool, de vivre dans un ranch, non ? Moi j'ai vécu dans une grande ville mais j'avais une maison de vacances à la campagne et on avait des chevaux. Et... » Se rendant compte du discours sans aucun sens qu'il venait d'offrir à une parfaite inconnue, Gabriel se tut soudainement. Il prit une grande inspiration, tentant tant bien que mal de remettre ses idées en place. La beauté, et le corps trop peu vêtu bien trop proche de lui, de la jolie blonde lui faisaient perdre tous ses moyens, mais ce n'était pas le moment de se laisser contrôler par ses hormones. Une fois sûr d'être redevenu maître de ses émotions, il s'approcha légèrement de Andie avant de murmurer « Pourquoi on nous espionne, au juste ? Je veux bien faire semblant, mais il faut que tu m'expliques. »
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