Oxanna & Chase

I know what you did last summer.

Oxanna vérifia une dernière fois tout son matériel et referma le sac à dos. Dans l'entrée, elle s'empara de sa veste en cuir noir - de la même couleur que le reste des vêtements qu'elle portait ce soir - puis quitta définitivement la maison. Son père était encore en vadrouille à des kilomètres de là et dormait paisiblement dans le lit d'un hôtel quelconque : il n'aurait, par conséquent, aucune idée des activités illégales auxquelles sa fille chérie s'apprêtait à participer. Enfin, sauf si elle se faisait choper et se retrouvait au commissariat pour la nuit. Là, Oxy était certaine que son paternel le lui ferait payer de la manière la plus sournoise qui soit - et il était fort à ce petit jeu. Très fort. Bon, elle n'avait pas le choix : elle devrait être extrêmement prudente si elle ne voulait pas faire face au courroux de John Prescott.

Voilà pourquoi la demoiselle ne s'aventurait pas dans ce genre de plan toute seule. D'habitude, elle demandait à son protégé de toujours Lucas, mais cette fois il se trouvait dans l'impossibilité de l'accompagner, ce qui l'avait bien ennuyée dans un premier temps. Elle planifiait ça depuis des jours et ne pouvait pas laisser tomber, sinon il lui faudrait attendre un long moment avant qu'une telle occasion ne se présente à nouveau ! De fait, elle s'était mis en tête de trouver un autre complice... et alors qu'elle y réfléchissait entre deux bouchées de muffin au self, son regard était tombé sur Quinn et Chase en train de s'échanger les nouvelles du jour. Mais oui ! Chase ! Réputé pour être le bad boy par excellence de McKinley, il était pourtant ami avec Quinny : il ne rechignerait donc pas à rendre un service à la Fouineuse, si !?

Et voilà comment, en cette soirée nuageuse, Chase et Oxanna se retrouvaient ensemble dans les rues de Lima. Ils s'étaient donné rendez-vous à un pâté de maison de leur cible : ils iraient à pied afin de ne pas attirer l'attention. Alors qu'ils marchaient côte à côte, Oxy observait consciencieusement les alentours. Ils étaient dans le quartier le plus pourri de la ville, là où se trouvaient quelques vieilles usines non retapées - et donc, abandonnées - ainsi que des rangées entières de garages privés. Les gens s'en servaient habituellement pour y déposer tout ce dont ils n'avaient pas besoin chez eux : des meubles en trop, des cartons remplis de vieilleries et de souvenirs... ou des secrets qu'ils voulaient bien enfouis. Oui, car dans l'un de ces fameux garages se trouvaient des photos très importants pour l'adolescente. Des photos qu'elle devait absolument récupérer avant qu'elles ne tombent entre de mauvaises mains. Ou en l'occurence, entre celles de son père.

Les deux lycéens, aussi silencieux que des chats, s'aidaient des bâtiments et de la nuit sans lune pour ne pas se faire repérer du gardien. Ce dernier errait entre les différentes rangées, sa lampe torche balayant le sol et les grandes portes que les locataires avaient pris soin de verrouiller. Oxanna emmena son compagnon jusqu'à un angle de mur et lui intima de s'arrêter.

On doit attendre trois minutes et... vingt-six secondes, annonça-t-elle en regardant sa montre. Le gardien passera bientôt non loin de nous, ensuite il se chargera de faire le tour des autres garages, ce qui lui prendra vingt-deux minutes exactement. A deux, on aura largement le temps de mettre la main sur ce qu'on cherche et de filer loin d'ici. Enfin, j'espère.

Chase savait seulement qu'ils cherchaient des photos représentant une jeune femme ; il n'avait aucune idée de l'identité de celle-ci et Oxanna aimerait que cela ne change pas. Certes elle aurait pu lui dire de faire le guet pendant qu'elle jetait un oeil à l'intérieur du garage, mais ils iraient beaucoup plus vite à deux. Oxy espérait simplement tomber sur ce qu'ils étaient venus chercher avant son complice ; de cette façon il n'aurait pas besoin de savoir qui était réellement la cible du photographe. Si son plan foirait, la lycéenne pourrait toujours trouver une excuse bidon, toutefois elle espérait ne pas en arriver là. Chase constituerait alors une menace potentielle car il saurait où elle avait passé son été. Heureusement pour Oxy, elle avait été assez futée pour assurer ses arrières... mais le risque ne serait jamais complètement réduit à zéro, même si elle choisissait de le menacer.

Bien, on peut y aller ! dit-elle finalement. Elle se releva alors que la torche du gardien disparaissait derrière un mur, et plissa les yeux afin de lire les numéros sur les portes. Lorsqu'elle trouva le 108, elle donna un coup de coude à Chase et fit un signe de tête en direction du sac à dos que ce dernier portait sur les épaules. J'espère que t'as pas oublié ton kit du parfait petit cambrioleur. Je m'y connais un peu en crochetage de serrures, mais je dois bien avouer que celle-ci requiert un véritable professionnel en la matière. A toi de jouer !

Alors que Chase commençait son travail, Oxanna se cala contre le mur et observait tout ce qui se passait autour d'elle. En l'occurence, rien. Mais on ne savait jamais, ce cher gardien pouvait tout à faire revenir pour une raison X ou Y et les choper au passage. Hors de question pour la blondinette de se retrouver en garde à vue ; ou la seule personne au monde qui pouvait vraiment lui faire peur - à savoir son paternel - lui ferait passer l'envie de recommencer. Sans compter qu'un jour ou l'autre, il apprendrait la raison de sa présence ici - ou peut-être lui ferait-il cracher le morceau - ce qui signerait accessoirement son arrêt de mort.
Jamais, jamais il ne devait savoir... what she did last summer.

Que la vie d'un lycéen modèle pouvait être difficile... Entre les cours plus ennuyant les uns que les autres et les filles qui traînaient, aiguisant sa soif insatiable, Chase ne savait plus où donner de la tête. Sans oublier qu'il fallait martyriser les Gleek et pauvres élèves sans grande importance. C'était son péché mignon, la seule chose qui pouvait lui donner le sourire après un réveil difficile. Aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Actionnant la machine pour se servir un slushy cola, il se dirigeait déjà dans les couloirs où il trônait en maître absolu en ce début de journée. Il pouvait voir sur son passage les visages horrifiés et terrifiés de dizaine d'adolescents . Cette réaction lui arracha un sourire, alors que, tournant à l'angle d'un couloir, il déversa le granité sur le visage de Sevan, un petit gleek effacé, qui subissait sans jamais vraiment tenter quoi que ce soit. Cette réaction de dominé plaisait énormément à Chase. Il aimait avoir le pouvoir et il était tellement facile de l'obtenir sur cette moitié d'homme que tout cela en devenait jouissif.

Son acte quotidien maintenant accomplit, il pouvait se rendre à son premier cours. La journée se passait aussi normalement qu'à l'accoutumé. A midi, Quinn l'avait retrouvé pour échanger les quelques nouvelles de la journée. Il n'hésita pas un seul instant à commenter sa tenue rouge, qu'il jugeait provocante. Bien-sûr, il s'agissait de l'uniforme des cheerios, mais Chase affectionnait particulièrement cette tenue. Alors que la blonde rejoignait son petit-ami, le caïd s'approchait des footballeurs pour se joindre à eux lorsqu'une personne lui barra la route. Communément appelée la fouine par le reste des étudiants, Chase portait un minimum de respect à la jeune fille. Elle était la meilleure amie de Quinn, elle était jolie et n'avait jamais rien tenté à son encontre. Leurs discussions étaient souvent courtes, mais c'était toujours avec le sourire que le sportif la quittait.

« T'as tapé à la bonne porte » annonçait-il, le soir venu. Ils s'étaient retrouvés à l'angle d'une rue, non loin de leur lieu d'investigation. Si le jeune homme ne savait pas grand-chose de ce qu'il aurait à faire, elle lui avait dit que c'était risqué et qu'il y aurait des risques de se faire prendre. Pour Chase, le danger était une source d'adrénaline qu'il ne pouvait ignorer. Marchant en sa compagnie, il avait opté pour une tenue obscure, histoire de se confondre dans la nuit. Une simple chemise noire, ouverte sur le col et un jean noir. C'était Leïa qui avait choisi sa tenue, comme d'habitude. Bien qu'elle ignorait les raisons qui poussaient son frère à se vêtir de la sorte, elle se trouvait être une complice de marque. Sa petite soeur annoncerait aux parents qu'il passait la nuit chez une fille -il n'y avait rien de bizarre là-dedans... C'était ce qu'il faisait la plupart du temps-.

C'est finalement à l'angle d'un mur que la main de la jeune fille le stoppa. Esquissant un bref sourire en la voyant frôler son ventre, il restait pourtant silencieux quant à la suite. Elle lui annonçait qu'ils allaient devoir attendre quelques minutes. Roulant des yeux, le jeune homme reprenait la parole. « Chase te trouve très précise». Le sourire moqueur apparaissant sur ses lèvres n'avaient rien de bien méchant. Elle connaissait son job, et c'était en quelque sorte rassurant pour la suite des évènements, mais il ne pouvait s'empêcher d'y trouver un certain côté amusant. « Compris. J'espère pour toi que ces photos en valent la peine. Si on se fait attraper pour tes souvenirs de vacance, crois moi, je te fais la peau, Prescott.». S'il parlait de vacance, c'était totalement involontaire. Il parlait surtout de photo commune, sans grande importance.

Cette femme, blonde paraissait importante pour la fouine, mais Chase n'allait pas plus loin. Elle était la meilleure amie de Quinn et il l'appréciait assez pour l'aider dans ses recherches -ce qui était en soit quelque chose d'assez exceptionnel-. Enfin, sous l'ordre de la belle, ils reprirent leur route vers le pâté de maison comportant le 108 , regardant en arrière pour être certain que le gardien ne revenait pas, il reçut une nouvelle fois le coude de la blonde cogner contre son bras. Arquant un sourcil, il laissa son sac sur le sol, le temps de fouiller à l'intérieur. « Laisse faire les pro'. T'étais encore en train de jouer à la marelle que je crochetais les serrures ». Enfonçant déjà la petite barre métallique dans la serrure, il sortait légèrement la langue, sourcil fronçait, alors qu'il se concentrait sur le mécanisme.

Il lui fallut plus d'une minute avant d'entendre un dernier cliquetis. Le verrou venait de s'ouvrir et la porte s'ouvrait déjà pour les deux jeunes étudiants. Un sourire satisfait aux lèvres, il se vantait déjà de son travail accomplit. « Voilà un maître à l'œuvre. Prends en de la graine, la fouine». Le sourire supérieur aux lèvres, il entrait déjà dans l'endroit obscur. Posant son regard sur la porte, alors qu'il avançait pour laisser Oxanna entrait, il précisa rapidement : « Surtout ne referme pas la p- ». Il était trop tard. La porte venait de claquer légèrement, alors que le cliquetis du verrou tournait de nouveau. Se rapprochant rapidement, il jura à haute voix, tentant de pousser la porte blindée. « Merde ! C'est une porte à sens unique... Il n'y a pas de serrure à l'intérieur. Celui qui a installé cette porte voulait que ses secrets restent bien gardés...»

Cette fois, c'était certains. Ils auraient du mal à s'en sortir. Chase n'avait pas peur pour autant. Il avait vécut de nombreuses situations difficiles et s'en était toujours sorti. Ce n'était qu'une façon de Dieu de les punir d'être rentrée par effraction chez quelqu'un. Un bref signe de croix et une excuse en espagnol, et le jeune homme avançait à tâton dans la pièce non éclairée. Fouillant dans la poche intérieure de son sac, il en sortit deux lampes torche. Il lança l'une d'elle en direction de la blonde.

Revenge is a dish best served cold.

« Compris. J'espère pour toi que ces photos en valent la peine. Si on se fait attraper pour tes souvenirs de vacance, crois moi, je te fais la peau, Prescott.»

Oxanna se contenta de garder le silence et détourna un instant le regard, de manière totalement innocente - comme si elle voulait surveiller les alentours. Chase ne savait pas à quel point il avait visé juste, et avec un peu de chance, il ne l'apprendrait jamais. Seulement contrairement à ce qu'il pouvait imaginer, les vacances d'Oxy ne se traduisaient pas par des baignades en mer ou des après-midi shopping. Non. Loin de là. Cet été, elle avait passé son temps à faire des recherches et... à souffrir mille tortures lorsque la vérité lui était apparue devant les yeux. Deux mois que la blondinette aimerait effacer de sa mémoire à tout jamais. Deux mois à mentir à tout ses proches, et tout ça pour quoi ? Pour revenir avec un sentiment d'abandon encore plus immense qu'auparavant. Et un gros problème sur les bras, en prime.

La menace de Chase ne lui fit pas spécialement peur, en réalité Oxanna était effrayée par peu de choses en ce bas-monde. Son père, John Prescott, et sa capacité à trouver les moyens les plus originaux pour la punir, en faisait partie. Mais pas Chase Mosquera. Oui, il jouait les durs en cours et jetait des glaces pilées à ses têtes de turc tous les matins. Oui, il parlait de façon bizarre en évoquant sa propre personne comme si c'était quelqu'un d'autre, et faisait tout son possible pour piquer la place de quarterback à Finn Hudson - sa jalousie se voyait comme le nez au milieu de la figure, du moins pour une personne aussi perspicace que la détective en herbe.
Mais il cachait bien des choses, aussi. Des choses qui prouvaient à Oxanna que cet adolescent n'était pas une cause perdue, et qu'il possédait une certaine sensibilité malgré tout. Et si jamais elle avait tort de croire un tant soit peu en lui, comme semblait le faire Quinn, alors elle n'hésiterait pas à se défendre avec les moyens du bord. Il décidait de lui faire payer de l'avoir emmené ici pour rien ? Grand bien lui fasse ! Le lendemain à la première heure, tout le monde saurait qu'il n'était pas fils unique.

Oxanna esquissa un sourire en coin lorsque son complice pour la soirée évoqua son talent en crochetage de serrure. Elle le laissa faire, portant son attention sur les numéros des garages juste en face. Un instant, elle leva les yeux au ciel et observa la nuit noire. Et un court instant plus tard, un léger cliquetis se fit entendre par-dessus ce silence presque parfait. Oxy ignora sa remarque « je me la pète » - se contentant de secouer la tête - et entra à sa suite. Il éleva la voix à nouveau mais lorsqu'il eut fini sa phrase, la jeune blonde réalisa que, trop tard, la porte venait de se refermer derrière elle.

Ya pas que ses secrets qui vont être bien gardés, maintenant, lâcha-t-elle. Oxanna prit la lampe torche de Chase au vol et se retint de lui dire qu'elle n'était pas une débutante en la matière, et que par conséquent elle avait pensé à prendre la sienne. Mais bon, tant pis, elle dormirait dans son sac à dos. Inutile de faire une scène pour ça. Ne paniquons pas, dit-elle finalement, d'un calme olympien. L'urgence c'est de retrouver ces photos. On pourra penser à la façon dont on sortira d'ici quand on les aura en notre possession. A l'attaque.

Elle prit quelques secondes pour balayer la pièce avec le faisceau de sa lampe. Egalement aidée par celle de Chase, ils eurent rapidement une vue d'ensemble du garage. Ce dernier ne devait pas faire plus vingt à vingt-cinq mètres carrés, mais il était rempli d'un tel bordel qu'Oxy se demanda s'ils n'étaient pas en train de chercher une aiguille dans une botte de foin. Des meubles, des morceaux de bois, des cartons, des cagettes remplies de babioles, des trucs cassés qui jonchaient le sol, des casiers pleins de paperasses et un bureau couvert de dossiers en tous genres. Rien que ça !

Ca devrait se trouver par là, annonça Oxy en désignant ces derniers. Tu prends les casiers, et je fouille le bureau.

Avec un peu de chance, il aurait mis les photos dans l'un des tiroirs ou les aurait planquées sous les chemises cartonnées. Peut-être même y en avait-il une à son nom ? Quelle enfoiré quand elle y repensait ! Elle s'en voulait d'avoir été trop absorbée par sa génitrice pour réaliser qu'elle était pistée et qu'on la prenait en photo dans tous les coins de rue. Ce soir, elle espérait bien lui prendre les seules copies des clichés qu'il possédait, et après, elle se vengerait comme jamais. Elle voulait le voir mordre la poussière pour ce qu'il avait osé lui faire ces derniers mois. Il ne méritait rien de moins qu'un plan diabolique auquel elle aurait mûrement réfléchi et qui ne contiendrait aucune faille. Car la vengeance est un plat qui se mange froid, n'est-ce pas ?

Les choses étaient faites. Ils étaient maintenant bloqués dans ce garage qui sentait le renfermé et l'humidité. Personne n'avait dû venir ici depuis maintenant un bon moment. Le faisceau de lumière croisant parfois celui de sa camarade, il jonglait sur différents éléments du pittoresque décors. Cartons, bureaux aux tiroirs enlevés, jetés plus loin, paperasse jonchant le sol, tout ici respirait l'abandon et pourtant ... Il y avait une chose ici qui demandait à Oxanna l'aide de Chase pour s'infiltrer par effraction. Attrapant un journal sur le sol, il parcourut rapidement la date. Mai 1987. Pourquoi une personne garderait de si vieille chose? Relâchant le bout de papier qui tombait à nouveau sur le sol, il entendait la blonde lui dire de ne pas paniquer. Esquissant un sourire moqueur, il n'était pas vraiment le genre de gars à paniquer pour si peu, surtout en présence d'une fille.

« La seule chose qui effraie Chase, c'est que la fille qu'il doit se faire ne soit pas à la hauteur» murmurait-il par simple habitude. Ce n'était pas la première fois qu'il allait voler quelque chose chez quelqu'un. Encore moins qu'il se retrouve dans une situation délicate. Finalement Oxanna partagea les tâches. Chase ne voyait aucun inconvénient à fouiller dans les casiers. S'approchant d'un premier sans mot, il le soupesa. Il était lourd, mais supportable. L'emmenant sur le sol, il sortit d'un support placé à la ceinture un cours couteau de poche. Découpant le scotch qui maintenait fermé ces quelques secrets, il l'ouvrit, plongeant ses mains dans de nouvelles vieilleries. Quelques babioles sans grande importance: un vieux coucou, l'oiseau pendant. L'objet avait dût être cassé il y a déjà bien longtemps au vue de l'état général. Reposant le carton dans un coin, histoire de pouvoir se déplacer librement dans le fouillis, il empoigna un nouveau cube.

Cette fois, la texture du carton paraissait plus récente. Quel idiot il avait été de prendre en premier lieu un carton tout abîmé. Il était évident que les photos ne dataient pas de la préhistoire! En ouvrant le carton, il découvrit une pile de journal datant des dernières années. Il y en avait de deux villes: Lima, et New York. Fronçant les sourcils, le jeune homme se demandait à quel type d'homme cet entrepôt pouvait bien servir. Il jetait un regard à Oxanna, certains qu'elle cachait encore de nombreuses choses. Lors de la description des photos de la femme qu'ils recherchaient, elle s'était montrée évasive, et pour quelqu'un qui cachait lui-même quelque chose aux autres, il reconnaissait la son propre comportement.

« T'aurais put te mettre monsieur Propre à dos. Cet endroit empeste » vint-il cracher après un nouveau carton de contrôlé. Attrapant le dernier carton posé devant l'entrée, il ne lui resterait après que ceux dans le coin gauche de la pièce. En ouvrant celui-ci à l'aide de son canif, il y découvrit un appareil photo dernier cri. Cette fois, il était certain qu'il touchait au but. Voulant prévenir Oxanna, il fut interrompu dans cette action lorsqu'une première photo se fit découvrir... « C'est pas vrai... »

Attrapant le stock épais de photographie, il fronçait les sourcils chaque fois un peu plus. Sur certaines photos, Oxanna apparaissait seule, au pavillon d'une maison de banlieue modeste. Parfois, une autre femme était à ses côtés. Il arrivait même que la femme soit seule avec d'autres jeunes enfants. La ressemblance avec la fouineuse était impressionnante. Le même sourire, des yeux pétillants de malice (et de curiosité , sans aucun doute possible) et un sourire charmeur qui ferait tomber plus d'un homme. Serant les photos dans ses mains, Chase sentait la colère monter en lui. C'était inexplicable, mais il se sentait trahis. S'il avait parlé de vacance une demie-heure plus tôt, il ne se serait jamais douté d'être si proche de la vérité. Si il ne savait pas quand ces photos avaient été prises, il savait seulement que cela était en rapport avec Oxanna.

« Tu te fou de ma gueule, Prescott? Tu me fais risquer ma peau pour tes photos de famille? » tournait vers la jeune fille, les photos pendant au bout de son bras, il la regardait avec colère. S'il se sentait trahis à cet instant même, c'était peut-être parce qu'il était actuellement enfermé dans un garage, risquant à tout moment de se faire prendre par le gardien et emmené à la police. Sa voix était lente, sèche et un brin menaçante. S'approchant de la jeune fille, le rouge empourprait ses joues tandis que la colère le rendait fou de rage. Il ne put d'ailleurs se retenir de hausser la voix, alors qu'il reprenait la parole. « Je suis pas abruti ! J'en ai rien à foutre que t'es paumé tes photos de toi et ta mère. Mierda! » jurait-il encore.

Voilà où tout cela le menait lorsqu'il faisait un tantinet confiance en quelqu'un. Il se retrouvait piégé, avec l'impression d'être prit pour le dernier des idiots. Il détestait qu'on se joue de lui et peut-être que s'il réagissait aussi excessivement, c'était parce que ... Oxanna représentait pour lui le droit chemin. Celle à qui on ne pouvait échapper et qui pouvait rendre justice aux personnes. Elle était tout le contraire de lui, qui prenait plaisir à torturer et menacer quiconque se trouvait dans un rayon de deux mètres. Ce respect, en quelques instants venaient de s'effondrer. Il continuait de plonger son regard dans le sien, en attente d'une explication qui se voudrait plausible. S'il n'était pas fou de rage, peut-être aurait-il fait un rapport entre la vie de la jeune fille et ces photos.

Il savait bien entendu que la mère d'Oxanna ne vivait plus chez eux depuis longtemps. Il ne savait pas vraiment les raisons, Quinn elle-même restait impassible lorsque le caïd tentait d'en savoir plus par simple curiosité. Peut-être alors aurait-il comprit que lorsque ces photos avaient été prise, elle tentait de reprendre contact avec elle. Il était de notoriété publique que Monsieur Prescott était un homme fort et sévère. Il n'aurait sans doute jamais accepté de savoir sa fille enquêter sur sa propre mère... Pour le moment seulement, le caractère impulsif du sportif prenait le dessus. C'était bien connu, Chase insultait et réfléchissait ... bien plus tard!

Ils se retrouvaient coincés dans une sorte de dépôt aussi bordélique que poussiéreux, avec pour seule lumière la lueur de leurs lampes-torches. Oxanna détourna la sienne vers la porte l'espace de quelques secondes, dans l'espoir que Chase se soit trompé et qu'une serrure était bel et bien présente à l'intérieur. Seulement il avait raison. Ils ne pourraient pas quitter cet endroit sans une aide extérieure. Oui ! Une aide extérieure ! La blondinette fouilla dans la poche de son jean et en sortit son téléphone portable. La déception et l'agacement l'envahirent quand elle réalisa que cet endroit de la ville captait extrêmement mal. Sans réseau, donc sans moyen de communiquer, comment pourraient-ils s'enfuir ? Seraient-ils obligés de faire du bruit pour attirer l'attention du patrouilleur ? Et si tel était le cas, quelles conséquences y aurait-il pour eux ? Une nuit au poste ou pire encore ? Oxanna devrait tout expliquer à son père, y compris la raison pour laquelle Chase et elle avaient fouillé ce garage. Et à l'instant où il apprendrait la vérité, il en serait fini de Miss Prescott. Il ne lui pardonnerait jamais. Il ne lui ferait plus jamais confiance. Et c'était deux choses absolument impossibles à concevoir aux yeux de la lycéenne. Elle aimait trop son père pour n'être qu'une déception à ses yeux. Pour le trahir.

Oublie ça pour le moment, tu veux ? Tu es là pour trouver des photos, alors trouve-les ! Tu réfléchiras au reste plus tard, se morigéna-t-elle.

Elle fit part de son plan à Chase, à savoir ne pas songer au moyen de sortir de cet endroit. Ils devaient tout d'abord se concentrer sur le pourquoi de leur présence ici : les clichés. Le jeune sportif murmura une phrase que la blondinette n'eut aucun mal à saisir grâce au silence ambiant. Une énième fois depuis qu'ils s'étaient retrouvés à quelques pâtés de maison de là, Oxanna leva les yeux au ciel d'un air exaspéré. Ces mecs, ils étaient tous pareils franchement. Pas un pour racheter l'autre. Ils ne pensaient qu'à s'envoyer en l'air à droite à et gauche. Oxy les soupçonnait même de tenir les comptes et de comparer leurs tableaux de chasse quand ils se retrouvaient dans les vestiaires - là où ils étaient vraiment entre mecs et qu'aucune fille ne pouvait les espionner ou les entendre. Huh. Ce serait à vérifier, tiens. Tout en détournant une pile de papier sur le bureau, Oxy songea qu'il lui serait si facile de mettre un mouchard là-bas... Juste pour voir. Par curiosité.

Elle souriait bêtement de sa connerie, quand la voix de Chase brisa à nouveau le calme qui régnait en maître autour d'eux. Il pesta contre l'odeur de renfermé qui planait dans le garage, et Oxy voulait bien le lui accorder. C'était parfaitement désagréable, et elle déprimait rien qu'en imaginant le temps qu'ils pourraient passer ici avant de pouvoir sortir, à cause de cette fichue serrure. Elle découvrit une enveloppe dans une chemise cartonnée et s'empressa de l'ouvrir. Des photos ! Tellement prise par sa découverte, elle ne remarqua pas que Chase avait lui aussi des clichés dans les mains. Et que contrairement à Oxanna, il avait mis la main sur les bons. Elle réalisa que ce qu'elle détenait n'avait rien à voir avec elle et les reposa sur le meuble en bois, déçue. Au même moment, Chase se mit à lui hurler dessus en brandissant quelque chose. Surprise, la blondinette baissa sa lampe et se colla contre le mur alors que son complice avançait vers elle. Il se mit à jurer en Espagnol - ce qui n'était pas bon signe - et son regard assassin ne quittait pas Oxy.

« C'est pas ce que tu crois ! » se défendit-elle aussitôt.

Et voilà. Le moment était venu. Elle allait devoir tout révéler à un garçon qu'elle connaissait à peine et en qui elle n'avait pas réellement confiance. Elle l'avait choisi parce qu'il était proche de Quinn et qu'elle avait besoin d'une personne compétente immédiatement. Mais au-delà de ça, ils n'avaient rien en commun. Oxy n'aimait déjà pas se confier à ses amis, ce n'était pas pour raconter son triste abandon à un mec comme Chase ! Pourtant, elle n'avait pas le choix si elle ne voulait pas que cette soirée se finisse mal. Chase ne la frapperait pas - il ne s'en prenait pas aux filles apparemment - mais il avait vu les photos. Il savait, et s'il le voulait il pourrait en parler à Quinn, à son père, ou à n'importe qui d'autre. Et personne ne devait savoir. Non, personne.
Oxanna aurait pu y penser avant. Elle aurait pu se dire que cet instant allait forcément arriver, mais dans sa tête elle avait toujours eu cet espoir qu'il ne tombe pas sur les clichés. Qu'elle les trouverait et qu'ils quitteraient aussitôt cet endroit pour rentrer chez eux. Seulement elle avait eu tort et maintenant, elle était obligée de se dévoiler. Elle poussa un soupir, et lâcha finalement :

« Ma mère m'a abandonnée à la naissance, Chase. La femme que tu vois avec moi sur ces photos, c'est elle. J'ai passé mon été à la chercher et je l'ai finalement trouvée, mais je ne l'ai pas dit à mon père. Il ne comprendrait pas ! Et maintenant il y a ce type qui m'a suivie et qui me fait du chantage, et je n'ai pas eu d'autre choix que de venir ici. Pour récupérer les images et me protéger. Mais aussi pour protéger mon père, » ajouta-t-elle plus bas. Ignorant Chase qui l'écoutait attentivement, toujours à quelques centimètres d'elle, Oxanna se laissa glisser contre le mur et s'assir sur le sol. Relevant les jambes, elle les entoura de ses bras et expliqua cette dernière partie. « Tu vois l'homme avec elle ? C'est son mari. Et tu vois les deux petits garçons qui s'amusent dans le jardin ? Ce sont ses enfants. Elle a eu une autre famille alors qu'elle nous a abandonnés, mon père et moi, en disant que la routine n'était pas pour elle. » Elle eut du mal à avouer la suite, mais il fallait que ça sorte, il fallait que Chase comprenne son geste. « Découvrir tout ça m'a fait - et me fait encore - beaucoup de mal. Je ne veux pas que mon père l'apprenne, je ne veux pas qu'il souffre à cause de moi. C'est mieux qu'il ne sache rien. Tu comprends ? »

John et Oxanna n'avaient eu qu'une seule discussion sérieuse à propos de Kate. Une seule. John avait dit à sa fille qu'il n'avait jamais voulu retrouver son ex-femme et qu'il ne le ferait pas. Il ne voulait pas savoir où elle était ni ce qu'elle faisait, car elle les avait laissés tomber. Elle ne méritait aucune attention, elle ne méritait pas qu'il perde du temps pour elle. Il avait fait promettre à Oxanna de ne jamais mener ses propres recherches, et elle avait promis. Elle avait juré, même. Et dans le moment, elle croyait à ce qu'elle disait. Mais au fil du temps, ce fut difficile pour elle de ne rien connaître de sa génitrice. De ne pas la voir. Alors elle avait ouvert un dossier et commencé ces fameuses recherches, dans le plus grand secret. Son père n'en avait aucune idée. Quinn, Sarah, Zack... Aucun de ses proches ne savaient. Chase était le premier qu'elle mettait au courant. Et, l'espérait-elle, le dernier.