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 02. Ni**as in Lima

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MessageSujet: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyJeu 8 Aoû - 20:53

Seule face à l’immense rayon de pots de peinture de Home Depot, Ashandra regardait avec appréhension les multiples étiquettes qui se ressemblaient toutes mais avaient vraisemblablement des différences fondamentales qui lui échappaient totalement. Brillant, laqué, mat, avec sous-couche, à effets, pour tissus, pour bois, pour extérieur, en bidons, en pots, petits ou gros, au rouleau, au pinceau, à la truelle... Ses yeux apeurés passaient en revue tous les matériaux sur les étagères alors qu’elle remontait tout doucement l’allée dans l’espoir de trouver un vendeur ou un bon samaritain qui la tirerait de ce mauvais pas. Lorsqu’elle avait décidé de repeindre la petite cuisine de son appartement, elle était bien loin de se douter qu’elle allait faire le grand plongeon dans un monde terrifiant où rien n’était simple et où il fallait avoir un doctorat en arts décoratifs pour espérer s’en sortir indemne. Elle aurait dû demander à Aaron. Ou à Warren. Ils s’y connaissaient sûrement en peintures. Ils auraient pu lui dire exactement ce qu’il lui fallait et elle n’aurait plus eu qu’à choisir la couleur. Au lieu de cela elle avait voulu jouer les femmes indépendantes et s’était crue capable de gérer toute seule la rénovation de trois murs et demi. Grave erreur. De toute évidence elle n’était pas encore tout à fait prête à se débrouiller toute seule. La choriste s’était levée tôt pour éviter la foule du samedi après-midi, avait enfilé une vieille paire de jeans délavée et un t-shirt trop grand pour elle qu’elle avait emprunté à long terme et plus ou moins en secret chez son petit-ami et avait pris sa voiture pour filer tout droit au centre commercial. Elle avait prévu de changer de t-shirt une fois arrivée à l’étape des travaux pour ne pas prendre le risque de tâcher le précieux vêtement, mais en attendant elle profitait de l’odeur musquée que recelait encore le tissu. Quelques minutes après l’ouverture, la plupart des magasins étaient encore déserts et elle en profita pour muser devant quelques vitrines en toute liberté, sans craindre qu’on ne la juge sur ce qu’elle regardait. Elle n’avait déjà qu’un talent limité en shopping, pourquoi avait-elle imaginé qu’elle se sortirait de quelque chose de beaucoup plus compliqué qu’une paire de jeans ?

Une fois arrivée dans l’allée principale, elle observa les environs d’un air désespéré, se mordillant la lèvre inférieure, ses mains tordues devant elles, un petit doigt accroché au bas de son t-shirt. Si elle s’était écoutée, elle aurait fui en courant cette antre de Satan et n’y aurait plus jamais remis les pieds. Mais elle devait se prouver à elle-même qu’elle était capable d’accomplir n’importe quoi si elle y mettait du sien. Elle était toute entière plongée dans ce mantra censé lui redonner confiance lorsqu’une grosse voix grave résonna dans son dos, la faisant sursauter avec un petit cri strident. «Je peux vous aider ?» lui demanda la voix qui appartenait à un géant barbu qui la regardait d’un air bizarre alors que son cœur venait d’exploser dans sa poitrine. «Euh... Oui... Je hmm... Je voudrais repeindre ma cuisine en euh... gris...» commença-t-elle doucement, s’accrochant fermement à sa résolution d’être une femme indépendante. En voyant que le vendeur commençait à se retourner, elle prit peur et s’imagina qu’il jugeait son cas inintéressant et allait repartir chercher un bricoleur assermenté qui lui donnerait la référence exacte de la vis qu’il cherchait pour achever son abri antinucléaire. «Mais je ne sais pas quelle peinture acheter et je ne sais pas ce que c’est qu’une truelle et je ne sais pas si j’ai besoin d’une truelle.» cria-t-elle tout à coup dans le dos du géant qui se retourna à nouveau vers elle, et la lueur bizarre dans son regard s’était estompée pour laisser place à ce qu’elle pensait être de l’humour, ou de la moquerie. «Suivez-moi.» se contenta-t-il de dire avant de reprendre sa marche en direction de ce qu’elle allait bientôt découvrir comme étant le paradis de la décoration. Malgré son apparence un peu hirsute et son abord un peu rude, le vendeur —Eddie— s’était avéré extrêmement patient et lui avait expliqué tout ce qu’il fallait savoir avant de se lancer dans de la peinture pour la première fois. Au final elle était repartie avec deux pots de peinture grise différents, un pot de peinture framboise, de la peinture pour son plafond, deux pinceaux et deux rouleaux, du scotch pour fixer le papier journal qui protègerait ses surfaces et une flopée d’accessoires métallisés et roses pour sa cuisine. Le total à la caisse allait faire une sérieuse entaille dans son budget du mois, mais au moins, elle pourrait manger des pâtes sans beurre dans une très jolie cuisine.

La vague de satisfaction qu’elle ressentit à la sortie du magasin n’était rien en comparaison du tsunami de satisfaction qui la fit soupirer d’aise en admirant son travail terminé. Elle y avait passé toute la journée. Sa cuisine était sans dessus-dessous, couverte de plastiques et de papiers journaux, elle n’avait mangé qu’un sandwich pour le déjeuner de peur de toucher à quoi que ce soit en se faisant réchauffer quelque chose, mais le résultat était parfait. Bon, on pouvait voir quelques traces de rouleau ici et là, elle avait un peu débordé sur une plinthe à côté de la porte, mais dans l’ensemble, c’était une réussite, et elle l’avait fait toute seule. «Aaaaargh...» S’effondrant de tout son long sur le sol, la jeune femme posa une main sur son front et étira son dos douloureux. C’était plus fatigant et plus complexe qu’il n’y paraissait, mais elle n’en ressentait que plus de fierté. Sortant son téléphone portable de sa poche, elle contempla un instant l’écran noir, hésitant à appeler Aaron pour partager avec lui la nouvelle puis reposa finalement l’appareil sur son ventre. Avec l’ouverture du studio qui se profilait, il était noyé par le travail. Elle lui enverrait un message plus tard dans la soirée avant de se coucher. Son ventre gargouilla et la choriste se redressa en restant assise sur le sol. Sa nouvelle horloge assortie aux murs posée contre le frigo affichait déjà presque vingt heures. Elle n’avait pas vu le temps passer et pas une fois elle n’avait pensé aux futures répétitions des Second Chances pour la grande soirée disco qui marquerait leur reformation. Une nouvelle qu’elle n’osait pas encore partager de peur que ce soir un secret mais qui la ravissait autant qu’elle la terrorisait. Elle n’avait pas revu Christabella depuis la fin de la compétition des chorales, elle évitait le plus souvent Caitlin dans les couloirs, et la situation avec Cassandra était toujours un peu inconfortable et elle ne avait pas comment se situer dans l’équation maintenant qu’elle était devenue cette aspirante-nouvelle Ashandra indépendante et forte...

Lorsque son estomac protesta à nouveau, elle rangea ces pensées au fond de son esprit et se releva pour aller acheter quelque chose à manger en ville. Un autre avantage dont elle avait usé et abusé depuis qu’elle avait déménagé dans le centre. Troquant son sweat moucheté de peinture contre le t-shirt d’Aaron et son jean pour un jogging, elle décida de courir jusqu’au fast-food, ignorant la voix de son coach de boxe qui lui répétait sans cesse qu’elle devait manger plus sainement si elle voulait rester dans sa catégorie de poids. Elle n’était pas arrivée à la moitié du chemin qu’une silhouette familière se profila au loin, toute prête à s’engouffrer dans un bâtiment auquel elle ne prêta pas attention. «Norah !» cria-t-elle en pressant ses foulées jusqu’à rejoindre la jeune afro-américaine. «Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es seule ? J’allais m’acheter à manger, tu veux dîner avec moi ? J’ai repeint ma cuisine ! Toute seule ! Il faut l’inaugurer maintenant ! Je t’invite !» Emballée par la présence de sa collègue, Ashandra trépignait presque littéralement de joie à l’idée de pouvoir partager avec quelqu’un les dernières nouvelles de sa vie somme toute assez peu palpitante et pour une fois ignorait totalement le regard des passants sur elles.
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptySam 10 Aoû - 0:46


Assise sur son canapé, un coussin soigneusement serré contre ses genoux, Norah visionnait la séquence finale de Chicago pour la vingtième fois au moins depuis qu'elle avait acheté le DVD.
Elle était tombée sur le film par hasard la veille en faisant ses courses au centre commercial. En tête de gondole, la photo des deux actrices avait attiré son attention, peut-être par déformation professionnelle, et n'ayant rien à faire en cette soirée de fin de semaine plutôt calme, elle avait décidé de l'ajouter à son panier d'achats.
Elle avait d'abord regardé distraitement depuis sa cuisine, prêtant plus attention a la confection de ses lasagnes al forno qu'a l'intrigue qu'elle jugea d'abord ennuyeuse.
Mais le rythme des numéros et la performance des actrices l'avaient interpellée, si bien qu'elle s'était retrouvée stoppée dans la préparation de sa sauce béchamel, sa cuillère en bois suspendue au dessus de son saladier, appuyée contre le chambranle de la porte de son salon, Hemingway se frottant contre ses jambes, surpris que sa maitresse s’émeuve de si peu.
Presque 24h plus tard, elle était toujours plongée dans l'analyse des dernières minutes de la comédie musicale. Le numéro de danse était entrainant et réalisé a la perfection, mais il n'y avait rien que Norah elle-même n’exécutait pas tous les soirs. Elle était plus touchée par la complicité des deux personnages principaux et le sentiment d'accomplissement et de réussite qui se dégageait d'elle. Ces deux femmes, mises au ban, peu recommandables, qui devenaient partenaires et alliées... Et traçaient leur route vers la reconnaissance et le succès.
Peut-être a cause de sa plastique irréprochable jugée menaçante, Norah avait toujours eu du mal a se lier avec la gente féminine, alors que les hommes comprenaient généralement très vite que s'ils ne l’intéressaient pas comme partenaires d'une nuit ou de quelques jours, il valait toujours mieux s'en faire une alliée qu'une ennemie. Depuis son arrivée à Lima pourtant, la jeune femme avait timidement mais apparemment durablement tissé des liens avec quelques unes de ses collègues. Holly, Ashandra... Elle avait été merveilleusement accueillie et soutenue et se réjouissait d'entretenir ses relations naissantes même si sa double vie ne rendait pas les choses faciles. Ses jeudis et samedis étaient toujours occupés par les soirées au cabaret, ce qui devenait difficile a justifier lorsqu'on développait une amitié durable. Ses années universitaires avait été marquées de ruptures et de fragments de relations toujours interrompues lorsque son téléphone cessait de sonner après qu'elle ait pour la 3eme fois refusé de sortir tel ou tel soir. Il lui fallait toujours inventer des prétextes nouveaux, les shifts de nuit dans un bar ne suffisant pas puisqu'on lui garantissait inévitablement une visite prochaine.
Bien trop mauvaise menteuse et finalement peu friande de ces soirées entre étudiants, Norah, tout en restant polie et serviable, demeurait lointaine et intouchable, ajoutant des pierres a son édifice de première de la classe.

Nous étions samedi justement et dans quelques heures, comme le lui rappela une alerte sur son téléphone, la professeur d'anglais/gogo-danseuse devrait se trouver sur scène au cabaret.
A contrecœur, elle éteignit l'écran d'un zap de télécommande et mit en veille son lecteur DVD. Elle jeta un coup d’œil sur l’extérieur en soulevant un pan du rideau de sa baie vitrée et enfila une tenue sobre et discrète, l'essentiel de la transformation s'effectuant dans les loges.
Dernier geste essentiel avant le départ et après le câlin à Hemingway, Norah attrapa son lecteur MP3 sur lequel elle avait fraichement téléchargé les chansons de la comédie musicale et claqua la porte de son appartement.
La bande originale de ce film était géniale, du bon vieux cabaret jazz comme elle l'aimait. Elle se rappelait grimper sur les genoux de sa mère tandis que cette dernière visionnait tous les classiques diffusés le dimanche, de Cabaret à West Side Story, en passant par Grease. C'était bien à Valerie Mann qu'elle devait son éclectisme et sa culture musicale, pour le reste, elle était la digne fille de son père.
Perdue dans ses pensées et dans sa musique, peaufinant mentalement ses cours de la semaine prochaine, Norah se trouva en une vingtaine de minutes devant son lieu de travail. Enlevant ses écouteurs d'une main, elle s'apprêtait à entrer dans le bâtiment quand une voix familière l'interpella. Cherchant sa connaissance des yeux, elle fut immédiatement rejointe par une Ashandra surexcitée et masqua sa gêne par un sourire qu'elle voulait radieux.

Je... Oui, pourquoi pas ? Félicitations, balbutia-t-elle, étourdie par le flot de questions et d'informations. Tu, tu veux aller où ? demanda-t-elle en tirant un peu trop ostensiblement son amie vers l'autre côté de la rue.
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyDim 11 Aoû - 23:10

Qu’on soit élève ou professeur, le lycée McKinley n’était pas un havre de paix et d’amour, et on avait parfois l’impression très nette que c’était la loi de la jungle qui avait cours plutôt que celle du règlement intérieur. Ashandra s’était imaginé qu’en passant du statut d’assistante à celui de professeur titulaire, sa vie serait un peu plus facile en salle des professeurs. Grave erreur. Aux yeux des autres titulaires, c’était une jeune professeur qui n’avait donc pas leur statut, et à qui il ne devait rien, pas même la politesse la plus élémentaire. C’en était parfois désespérant. Pourquoi s’acharner à ricaner à chaque fois qu’elle corrigeait des copies de quizz surprise ? Parmi les autres jeunes professeurs il y avait Caitlin bien sûr, à qui les vétérans semblaient aussi mener la vie dure pour ses méthodes d’enseignement originales et audacieuses, mais Ashandra préférait encore manger seule dans sa salle de cours plutôt que de chercher à se rapprocher de la nouvelle choriste des Second Chances. Depuis l’épisode de la bibliothèque, leur relation était en status quo, et elle n’était pas prête à faire quoi que ce soit pour faire évoluer la situation. Par chance, cette nouvelle année avait également marqué l’arrivée d’une nouvelle recrue dans l’équipe professorale de WMHS. Norah Mann. Elle avait débuté en tant que remplaçante en fin d’année et immédiatement Ashandra s’était entichée de la jeune femme. Elle avait une grâce naturelle dans ses déplacements et une aisance pour parler qui la rendait terriblement charismatique. Elle ne laissait personne lui dire ce qu’elle avait à faire et ne s’était jamais débinée face à une remarque insidieuse en salle des professeurs. Et puis il y avait leur point commun évident... Norah et elle partageaient une couleur de peau assez peu répandue en ville, et si elle était parfaitement honnête, la choriste trouvait quelque chose de réconfortant à retrouver quelqu’un qui pourrait comprendre les sensations qu’elle éprouvait lorsqu’elle surprenait une remarque désobligeante sur sa peau chocolatée en dehors des files interminables de fidèles que ramenait son beau-père chez eux. Lorsqu’elle avait appris que Figgins avait rendu titulaire la remplaçante de fin d’année, Ashandra avait sérieusement craint que sa place ne lui passe sous le nez. Pourquoi voudrait-il assurer le contrat d’une débutante, même formée chez lui, alors qu’il avait Norah, compétente et expérimentée, et surtout beaucoup plus à même de défendre sa peau contre des lycéens aux hormones en furie ? Si la logique ne la plaçait pas favorite, la chance semblait être de son côté puisque le principal avait ouvert une nouvelle classe d’anglais dont elle se chargeait désormais.

Ces considérations professionnelles réglées, Ashandra avait décidé que Norah avait tout le potentiel pour devenir sa meilleure amie et qu’elle était si différente de Cassandra qu’elle ne répèterait pas les mêmes erreurs. Sa collègue était un peu le modèle qu’elle voulait devenir quand elle serait grande. Confiante, décidée, indépendante. Elle était intimement convaincue qu’elle comprenait ce par quoi elle passait, qu’elles avaient des points communs que la jeune femme ne soupçonnait pas encore mais qu’elle s’efforcerait de mettre à jour. Elle avait alors fondu sur sa proie avec une détermination qui ne lui ressemblait pas, mais en un rien de temps elle avait réussi à passer ce qu’elle pensait être les premières barrières de la jeune femme qui semblait depuis la considérer comme une amie. Pendant des jours elle avait fait en sorte de se trouver sur son chemin, avait multiplié les invitations à manger ensemble, à parler de leur programme pour leurs différentes classes. Shandy se sentait étrangement libre de parler en présence de Norah. Elle lui rappelait sans doute un peu Melissa, la femme de son frère aîné qui l’avait tant aidée quand elle s’était échouée chez eux après s’être enfuie de Lima. C’était elle qui lui avait appris à se faire davantage confiance, à s’habiller pour se mettre en valeur, à renvoyer l’image d’elle qu’elle voulait, et à ne pas se limiter à ce que les autres pensaient qu’elle était. Elle n’aurait jamais eu le courage de revenir à Lima lorsque sa mère l’avait finalement contactée au sujet de Damon sans elle et Parker. Elle leur devait tellement mais n’avait jamais vraiment pu les remercier autrement que par des mots. Cependant Norah était bien plus secrète que Melissa ne l’avait jamais été avec elle. Elle lui avait un peu parlé de sa famille tout en restant très évasive, elle était souvent occupée les week-ends sans jamais expliquer pourquoi, et ce en jurant qu’elle n’avait pas de petit-ami en ville. Malgré sa curiosité maladive à son sujet, Ashandra avait finalement abandonné, se résignant à patienter pour obtenir sa confiance. Ce qui ne l’empêchait pas d’être quant à elle tout à fait honnête et ouverte sur la plupart des sujets. Si l’on ne comptait pas les déboires qui entouraient son amitié avec Cassandra qu’elle préférait taire de peur de rebuter sa nouvelle amie. Toutefois, l’afro-américaine semblait être la personne idéale à qui confier la nouvelle de la reformation des Second Chances. Elle était certaine de pouvoir compter sur elle pour garder le secret, et elle mourrait d’envie de partager son enthousiasme pour sa chorale.

Ashandra était si enthousiaste qu’elle ne fit pas particulièrement attention à l’air troublé de l’enseignante. Au contraire, elle tourna son attention vers la rue pour s’assurer qu’aucun passant ne venait dans leur direction, puis résistant contre la jeune femme qui voulait l’attirer ailleurs, elle resta fermement plantée sur place et lui fit signe de venir à elle. «Avant qu’on aille dîner, il faut que je te confie quelque chose. Mais tu dois me jurer que ça restera entre nous !» dit-elle à voix basse en continuant à scruter les environs. «Tu te souviens des Second Chances ? La chorale de Cassandra Hamilton. Ma chorale. Nous avions été dissous après la dernière compétition...» La tristesse qu’évoquait immanquablement le souvenir douloureux de l’annonce de la fin de la chorale par Cassandra passa sur ses traits, mais elle déglutit pour passer à d’autres nouvelles plus réjouissantes. «On prépare notre retour !» murmura-t-elle en joignant ses mains devant elle, ses grands yeux noirs pétillants d’excitation. «Je ne sais pas encore où et quand, mais apparemment ce serait clandestin, dans le dos de Sue Sylvester. Oh Norah, j’aimerais tellement que tu puisses venir ! On a tellement de jolies voix...»
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyJeu 22 Aoû - 13:05

Devant l'insistance de sa collègue et amie à rester obstinément sur place, Norah avait renoncé à traverser et s'était contentée de lui faire face, comme cette dernière le souhaitait apparemment, penchant légèrement la tête pour accueillir la confidence qu'Ashandra semblait décidée à lui faire en pleine rue.
Sachant qu'elle même avait presque été prise en flagrant délit de double-vie, elle était soulagée que la jeune femme soit d'humeur à lui faire partager ses secrets plutôt que de devoir brandir sur une affichette devant le cabaret "Oui, je suis professeur d'anglais et gogo-danseuse à mes heures perdues, histoire d'arrondir mes fins de mois et de pallier au passé peu glorieux de mes frères : ". Elle passait de la sorte sur le cas de sa mère qui joignait difficilement les deux bouts depuis la mort de son époux, trop de misérabilisme et de clichés pour une seule jeune femme noire.
Aussi, quand Ashandra lui fit sa grande révélation, la seule et simple réaction de Norah fut d'articuler un "Oh" parfait bien que timide, "oh" exprimant à la fois sa surprise, son ravissement, et le fossé qui séparait les deux enseignantes.

Les faveurs et la confiance de Shandy lui étaient tombées dessus sans prévenir.
Bien-sûr, leur couleur de peau et leurs parcours en apparence similaires forçaient la comparaison.
Pourtant, Norah était plutôt habituée de la part de ses "soeurs" (comprendre ici origine ethnique et sociale) à un mépris mêlé d'incompréhension et d'une touche de haine. Trop jolie, trop intelligente, trop différente... La sororité ne lui apportant finalement pas grand chose et sa propre sœur ainée pointant aux abonnés absents, elle avait passé son cursus scolaire et ses dimanches à l'église, à soigneusement éviter la proximité de ses semblables. Les seuls garçons qu'elle avait fréquenté étaient blancs, latinos, asiatiques... Mais certainement pas afro-américains. Elle refusait de prendre le risque de se laisser enfermer dans le cliché qui empoisonnait les femmes de sa famille et elle impressionnait de toute façon bien trop ses voisins d'enfance pour les intéresser.
Elle avait ainsi accueilli l’intérêt de sa collègue avec une certaine distance qui marquait non pas sa froideur mais sa surprise.
Comme un couple adolescent flirte, elles s'étaient apprivoisées dans les couloirs, se rapprochant à coups de devoirs surveillés et de repas sur le pouce dans la salle des professeurs, de coups de sang contre les surveillants décidément incompétents de cet établissement et de fou rires devant les élucubrations du proviseur Figgins.
Norah sentait que sa cadette aurait voulu partager plus, de temps, d'intimité, et si elle se livrait à elle semblait-il sans complexe, Norah s'efforçait de garder l'aura de mystère qui la caractérisait malgré elle, mais arrangeait bien ses affaires.

Pourtant, si Norah avait osé ravaler son orgueil, elle aurait pu avoir auparavant avoué a son amie que tous les jeudis et samedis soir, elle faisait des extras dans le club un peu olé olé de la ville, et cela lui aurait grandement facilité la tache ce soir.
Alors qu'elle était attendue pour au moins 3 danses, dont une particulièrement populaire auprès des habitués (elle portait très bien le cuir), la voilà qui venait de s'engager dans un diner improvisé en compagnie de sa jeune amie manifestement autant enthousiasmée par les vapeurs de peinture que par la réunification de sa chorale.
C'était un des aspects étonnants de la vie à Lima : l'importance que les habitants octroyaient aux chorales.
Bien sûr, certains s'en fichaient comme de la dernière pluie, mais la plupart suivaient la compétition et avaient leur favorite. De nombreux élèves et professeurs avaient rejoint l'une ou l'autre et la mise au banc de deux d'entre elles à la fin de l'année derrière avait suscité pas mal d’émoi dans la ville.
L'amour de l'afro-américaine pour la musique l'avait fait s'intéresser de loin à tout ce remue-ménage et maintenant qu'Ashandra lui en parlait, elle se souvenait vaguement que plusieurs de ses collègues faisaient partie du plus chrétien des glee clubs. Elle avait trouvé un peu arbitraire et exagérée la décision de la mairesse de dissoudre les formations des compétiteurs déchus et haussa les sourcils devant la nouvelle annoncée.

-Waow, je ne me doutais pas que les directeurs de chorales feraient preuve d'une telle audace. Les Second Chances bien sûr, je me rappelle... Et l'autre, comment c'était ? Quelque chose avec Voices ? Tu crois qu'eux aussi sont en train de se reformer secrètement ?


Alimenter la conversation sur ce sujet permettait bien sur à Norah d'éviter que son amie, obnubilée par la bonne nouvelle, ne réalise devant quel bâtiment elle se tenait, mais la jeune femme trouvait vraiment intéressant de se consacrer à une activité "extra-scolaire" (autre que montrer ses fesses aux habitants de Lima) avec autant de passion et de dévotion.
Elle rit de bon cœur en entendant la proposition spontanée et généreuse d'Ashandra.

-Et bien si je ne me fais pas arrêter par la police en me rendant à votre représentation pourquoi pas ? Avec plaisir même !


"Tant que ça ne tombe ni un jeudi ni un samedi" songea-t-elle.

-Tu as décidé ce que tu voulais manger, poursuivit-elle. Je commence a mourir de faim, ce qui était complètement faux puisqu'elle avait englouti un en-cas copieux avant de quitter son appartement. Tu vas me raconter tout ça devant un bon repas non ?
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyMer 28 Aoû - 20:22

Le sourire radieux d’Ashandra faiblit à la simple mention des Awesome Voices. Elle avait été si obnubilée par la bonne nouvelle qu’elle n’avait pas songé un instant que tout ne pouvait pas être rose et qu’il y aurait forcément de nouveaux obstacles sur la route. Oh, ça, elle n’avait même pas imaginé une seule seconde que les Second Chances ne seraient pas les seuls à renaître de leurs cendres. Trop occupée à contenir son enthousiasme pour ne pas harasser Joanna avec des questions incessantes, elle s’était forcée à rester dans son coin pour répéter des chansons qui passaient à la radio, ses chansons préférées, d’anciens numéros de la chorale, tout ce qui lui passait sous la main. Depuis leur échec face à la chorale de Megan Morgan au pied de la finale et la fin de leurs rendez-vous hebdomadaires, Ashandra n’avait pas voulu s’avouer que le chant et la danse lui manquaient. Elle s’était jetée corps et âme dans la boxe, dans l’espoir de contrôler le reste de ses frustrations et de sa colère, ne laissant jamais un jour passer sans effectuer une routine sportive, ce qui l’avait débarrassée des dernières rondeurs de son adolescence pour laisser place à un corps plus sculpté sans entamer les courbes auxquelles elle avait fini par s’habituer. La choriste trouvait beaucoup de plaisir une fois ses gants enfilés, c’était bon pour son corps, pour son esprit, mais ce n’était pas la même chose. Elle était seule face à son sac de frappe, seule face à son adversaire. Son entraîneur la soutenait, bien sûr, mais il soutenait également le reste de ses adhérents et ne lui accordait pas de traitement de faveur. Elle le soupçonnait même d’être plus dur avec elle mais refusait de se laisser aller à la paranoïa sans preuve concrète et se gardait bien de jalouser quiconque. Chez les Second Chances tout n’était pas idyllique bien sûr. S’il en fallait une preuve ses relations avec Christabella, Caitlin, Grace et dans une certaine mesure Cassandra en étaient d’indéniables. Toutefois lorsqu’elle était avec eux en répétition, et plus encore sous les feux des projecteurs sur scène, elle avait l’impression d’appartenir à quelque chose de spécial. Ils étaient un tout, se soutenaient mutuellement pour donner le meilleur d’eux-mêmes, quelle que soit la réaction du public. Elle voulait retrouver cette sensation de partage, ne plus être seule, ne plus se battre contre les autres, mais avec quelqu’un. Ashandra avait tellement idéalisé son retour dans les rangs de la chorale qu’elle avait complètement fait fi de la concurrence, et de tous les bâtons qu’on pouvait leur mettre dans les roues. Les Awesome Voices étaient redoutables. Non seulement talentueux, mais aussi audacieux.Ils ne les avaient battus que de quelques points aux portes de la finale mais leur défaite avait été plus sévère contre les Urban Hymns, il aurait donc été étonnant qu’ils restent au tapis plutôt que de remonter sur le ring pour obtenir leur revanche. Et s’ils faisaient quelque chose pour saboter la soirée ?

Elle était déjà presque perdue dans ses pensées à échafauder tous les scénarios catastrophes possibles lorsque Norah lui porta le coup fatal en mentionnant, sur le ton de la plaisanterie, la présence éventuelle de la police. Encore une chose à laquelle elle n’avait pas pensé... Le regard de l’afro-américaine était tombé sur le sol comme si la réponse à tous ses doutes allait apparaître en lettres d’or sur l’asphalte à ses pieds. La mairesse ne ferait tout de même pas venir les forces de l’ordre pour disperser leur soirée clandestine... N’est-ce pas ? Elle voyait mal Warren l’arrêter pour avoir chanté... Il s’agissait de Lima, pas d’une dictature orwellienne. Mais si jamais cela se produisait ? Le shérif lui avait à plusieurs reprise fait part de la précarité de son poste contrôlé par Sylvester, et il ne pouvait pas risquer de perdre son emploi pour avoir refusé d’obéir en mettant des choristes sous les barreaux. Son ventre se noua et immédiatement l’appétit qu’elle avait creusé en travaillant toute la journée pour refaire une beauté à sa cuisine disparut. «Tu crois qu’ils appelleraient la police ?» murmura-t-elle sans lever les yeux, ignorant la demande de Norah qui cherchait encore à la faire bouger du milieu du trottoir. Ses doigts se nouèrent dans le bas de son t-shirt tandis que ses sourcils se froncèrent d’inquiétude à l’idée de ne pas pouvoir participer à nouveau aux répétitions. «Figgins me virerait tout de suite s’il apprenait ça...» souffla-t-elle. «Je n’aurais même pas de quoi payer la caution.» Sa voix toujours basse se teintait de plus en plus de panique et elle leva finalement ses yeux noirs pour croiser le regard de Norah sans y trouver d’ancrage suffisant pour l’arrêter dans son délire. «Ma mère n’a jamais voulu payer celles de Damon... C’était... C’était toujours moi. Et elle n’en parlerait pas à mon beau-père... Je n’ai personne pour payer à ma place. Je ne pourrais pas demander aux Hamilton... Ce serait...» elle n’acheva pas sa phrase et sentit ses jambes se dérober sous elle. Avant de s’effondrer, elle fit les quelques pas qui la séparaient du bâtiment derrière elles auquel elle n’avait toujours pas prêté attention, et s’appuya contre le mur pour reprendre son souffle. Il fallait qu’elle se calme. Tout ceci n’était que suppositions. Rien de tout cela n’arriverait vraiment. Ce n’était qu’une chorale. On n’avait jamais interdit à personne de chanter à Lima, les bars de la ville en étaient témoins. Prenant de profondes inspirations, elle prit appui sur ses cuisses en baissant la tête, elle lâcha ses cheveux et un rideau de boucles dissimula son visage aux passants curieux. «Je suis désolée» dit-elle toujours cachée derrière l’épaisseur de sa chevelure en désordre. «Je ne sais pas ce qui m’a prise... Je... J’avais tellement envie que tout se passe bien pour une fois que... Je ne sais pas. L’idée que les Awesome Voices viennent troubler le spectacle ou que la police vienne tout arrêter m’a fait peur...» Poussant sur ses mains, elle se redressa en chassant quelques mèches de son visage avant d’offrir un sourire faiblard à son amie.

Coulant un regard en direction de la corde rouge qui délimitait l’entrée, Ashandra reconnut finalement le mur du Cabaret contre lequel elle s’était appuyée. La choriste n’y avait mis les pieds qu’une seule fois par pure curiosité, pour y voir Kurt chanter, mais elle s’était éclipsée immédiatement après, ne souhaitant finalement pas voir les autres numéros offerts par la maison après l’introduction de la propriétaire. Ce n’était définitivement pas un établissement pour elle. Le public y était d’ailleurs massivement masculin, ne laissant que de rares groupes de filles venues s’amuser en bande. Elle se voulait certes plus ouverte d’esprit qu’avant, et plus aventureuse, mais l’intérieur de ces quatre murs représentait beaucoup trop d’aventure d’un seul coup. Néanmoins elle avait la gorge sèche et la langue désagréablement râpeuse après son attaque de panique et un verre d’eau n’aurait pas été du luxe. «Tu crois qu’ils me serviraient un verre d’eau ?» chuchota-t-elle en penchant la tête en direction de la porte close, un peu honteuse de son ignorance et de la situation dans laquelle elle s’était mise.
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyMer 30 Oct - 0:09

Lorsque ses élèves lui posaient une colle ou qu'une de leurs questions la mettait dans l'embarras, Norah avait une façon très théâtrale de réagir : elle se prenait littéralement la tête.
Sourcils froncés, doigts repliés au niveau du troisième œil et visage incliné, elle cherchait avec toute la concentration possible à éviter la crise et à produire la réponse la plus satisfaisante pour autrui.
Concrètement, la réaction d'Ashandra ne lui laissait d'autre choix que de la soutenir physiquement pour éviter qu'elle ne se trouve mal, mais au moment où son amie prit son appui contre le mur du cabaret, Norah eut le réflexe de porter sa main à son front.
En une fraction de seconde et à la simple évocation du mot "police", la situation avait complètement dégénéré.
La jeune femme connaissait le caractère facilement impressionnable de sa collègue -il n'y avait qu'à la voir se laisser malmener dans la file de la photocopieuse en salle des profs- et son respect des autorités dirigeantes en général, mais elle n'avait jamais réalisé à quel point elle était émotive.

-Ashandra, tenta-t-elle de la calmer sans grand succès.
Shandy s'était lancée dans des explications qui lui semblaient totalement décousues et Norah avait l'impression que quoi qu'elle dise, elle ne ferait finalement qu’aggraver les choses. Elle l'observait avec inquiétude et s'alarmait du rythme saccadé de sa voix. Que recommandaient les services de premiers secours en cas de crise de panique en pleine rue ?
La jeune femme ne voulait pas trop s'approcher pour ne pas l'étouffer mais elle souhaitait quand même la protéger des regards inopportuns. Elle se plaça doucement à ses côtés, s'accroupissant pour que leurs regards puissent se croiser, mais veillant tout de même à lui laisser suffisamment d'espace pour ne pas relancer la crise.

-Ashandra, reprit-elle plus fermement, posant sa main sur le genou de Shandy. Je plaisantais... Il n'y a aucune raison que la police débarque. Sue Sylvester sera bien trop débordée par son ego et son propre bal pour se soucier de ce qu'il se passera hors de McKinley. Tout ira bien, continua-t-elle avec un sourire rassurant, tandis que son interlocutrice semblait enfin reprendre le dessus.
Elle la para à distance pendant qu'elle se redressait. Norah n'était visiblement pas la seule à profiter de souvenirs de famille douteux. Sa propre mère, Valerie, était bien trop fière pour payer les cautions de ses frères mais plus fière encore pour supporter l'idée que ses voisins apprennent où ses fils avaient passé la nuit. C'était donc son père qui, en rentrant de l'usine, avait la lourde tache de se rendre au commissariat du quartier. Puis, à sa mort, le règlement de la note et le trajet en voiture jusqu'au poste, à vide à l'aller et le véhicule lourd de reproches au retour, étaient revenus à la benjamine des Mann. C'était un élément de sa jeunesse qu'elle ne révélait jamais, pourtant, le malaise d'Ashandra la fit hésiter.

-Ashandra, répéta-t-elle pour la troisième fois. Je te promets que s'il se passe quoi que ce soit à cette soirée, une descente de police, une rixe entre chorales... Je viendrai te chercher. Et mon passé de fille des mauvais quartiers de Cleveland fera ses preuves, je peux te l'assurer !

Norah souriait, à la fois rassurée que Shandy reprenne des couleurs et espérant aussi que sa petite tirade aurait l'effet réconfortant escompté. Elle n'avait cependant aucune intention de la laisser pénétrer dans le cabaret et se félicita intérieurement d'avoir toujours avec elle une bouteille d'eau.

-Tiens, fit-elle en la lui tendant. Je doute que ce soit le lieu idéal pour aller demander un verre d'eau. En plus à l'heure qu'il est, je ne suis pas sûre qu'ils soient déjà ouverts au public. Viens, l’entraîna-t-elle en la tirant vers les marches du pas de porte le plus proche. On s'assoit quelques minutes et dès que tu te sens d'attaque, je t’emmène où tu veux. Ma connaissance des restaurants de Lima est limitée, il faudra donc que tu sois mon guide Shandy...

Elle n'avait pas laissé le choix à sa compagne et après l'avoir assise de force, elle s'installa à ses côtés, entourant ses épaules de son bras. Elles livraient sans doute un spectacle saugrenu aux passants, toutes les deux en tenue de sport et pourtant naturellement sophistiquées, leurs cheveux afros et leurs peaux noires tranchant avec le reste de la population et les démarquant sans qu'elles le veulent mais sans qu'elles puissent l'empêcher non plus. Sœurs de couleur, sœurs de confession, sœurs de galère, sœurs de tours de surveillance... La solidarité atteignait des sommets sur ce trottoir de Lima.
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyJeu 21 Nov - 15:26

Les paroles rassurantes de Norah parvenaient à peine à percer la carapace d’angoisse dans laquelle la jeune professeur s’était elle-même enfermée. Tout ce qu’elle entendait c’était les mots de police et de McKinley, encore et encore. Si elle perdait son job et se retrouvait avec un casier judiciaire, jamais elle ne pourrait retrouver de travail en tant qu’enseignante. Elle venait à peine de réussir à s’enfuir de l’enfer qu’était devenu le petit pavillon de banlieue de sa mère et n’avait aucune intention d’y retourner. Elle avait accepté les épreuves que le Seigneur lui avait envoyées, les unes après les autres, mais à présent sa foi vacillait de plus en plus. Elle avait dévoué une longue partie de sa vie à Dieu, avait prié tous les jours en essayant de ne jamais être trop égoïste dans ses demandes au Tout Puissant, mais elle ne voyait encore et toujours que du négatif. Ces derniers temps les choses recommençaient à lui sourire, elle aimait son travail, sa relation avec Aaron était tout ce dont elle aurait pu rêver, sa chorale était sur le point de se reformer... Forcément tout cela ne pouvait pas durer.  Après tout, peut-être était-ce plus fort qu’elle, et qu’aucune prière ne l’aiderait jamais. Peut-être que le crime et la prison étaient inscrits dans ses gènes, ancrés dans son destin de manière inextricable. Personne n’aurait pu soupçonner son père avant que toute l’affaire de détournement d’argent ne soit mise au jour et qu’il ne soit envoyé en prison pour quinze années. Et Damon ? Il avait été un enfant si sage, si joyeux. Même après leur déménagement à Lima, il avait été celui qui s’en était le mieux sorti. Tout lui avait toujours souri, jusqu’à la blessure qui avait mis fin à sa carrière sportive avant même qu’elle ne prenne son envol. Et puis il avait perdu le contrôle de sa vie en prenant le chemin de l’alcool, de la drogue et Dieu seul savait quoi d’autre. Si sa mère ne commettrait sans doute jamais de crime, Ashandra peinait à se voiler la face sur son alcoolisme à peine dissimulé. Peut-être qu’elle était la prochaine sur la liste. Non. Non ! Norah avait sûrement raison. La mairesse aurait sûrement autre chose à faire que d’envoyer la police à leurs trousses. Et Warren ne la laisserait pas aller en prison, encore moins depuis qu’ils s’étaient réconciliés. Tout ira bien se dit-elle fermement.

Son regard retrouva celui de Norah qui semblait toujours prête à la retenir si jamais elle refaisait une crise de panique, et elle lui offrit un maigre sourire pour la rassurer sur son état. Sa prévenance et sa spontanéité n’étaient qu’une des nombreuses choses qu’elle admirait chez sa collègue et qui lui avaient donné le courage de sortir de sa zone de confort pour rechercher activement son amitié. Après qu’elle avait pris ses distances avec Cassandra, Shandy avait redouté la solitude et l’isolement. Pendant des années elle s’était reposée presque uniquement sur la fille du pasteur pour partager ses doutes et ses peurs. Au lycée elle ne s’était jamais vraiment fait d’autres amis, et même lorsqu’elle était retournée à Des Moines pour entrer à l’université, ses cercles de connaissances avaient été assez superficiels. Devoir faire une croix sur leur amitié avait été un déchirement, mais c’était ce qu’il y avait de mieux pour elle. Elle devait changer, et ne plus se laisser porter par l’inspiration que représentait Cassie Hamilton. Et elle ne doutait pas qu’elle s’en sortirait grâce à ses deux nouveaux amis. L’afro-américaine ne put s’empêcher de rire à sa remarque sur son passé de fille des mauvais quartiers. Norah aussi semblait avoir fait du chemin. Elles n’avaient jamais vraiment parlé des détails de leurs enfances, elles se connaissaient beaucoup de points communs et partageaient beaucoup de choses, mais Ashandra gardait toujours quelques secrets à l’abris, comme l’emprisonnement de son père, préférant dire que son déménagement avait été le fruit d’un problème familial, laissant croire que ses parents avaient divorcé. Il semblait assez logique que la professeur d’anglais en fasse de même. Toutefois, elle avait du mal à l’imaginer dans la peau de la gamine défavorisée qui doit régler ses soucis à coups de poings. Elle qui avait toujours l’air si distinguée et sûre d’elle. Se mordant la lèvre inférieure, elle étira son sourire. «Toi ? Fille des mauvais quartiers ? J’ai du mal à te voir dans le rôle, tu es toujours si... élégante. Et il paraît que Megan Morgan est sans pitié, je ne tenterais pas la rixe si j’étais toi...»

Saisissant la bouteille tendue par Norah pour en boire de longues gorgées qui apaisèrent un peu sa gorge, elle se laissa entraîner vers le perron voisin. «Merci.» murmura-t-elle, sa voix chargée de beaucoup plus de gratitude que ce qu’on pouvait attendre pour un peu d’eau dans l’espoir de ne pas avoir à expliciter ses pensées. Elle referma précautionneusement la bouteille avant de la reposer entre ses pieds et de nouer ses doigts entre ses genoux. Blottie contre son amie, elle ferma les yeux un instant en prenant une profonde inspiration pour chasser les dernières réminiscences de ses peurs. «Il y a un petit diner par très loin, ils servent les meilleurs hamburgers de Lima, et des milkshakes qui me vaudront sans doute trente minutes de jogging supplémentaires mais... ils en valent la peine.» Se dégageant de l’étreinte de Norah, la choriste se releva finalement et coula un dernier regard vers le cabaret. «Et si jamais Figgins me fait renvoyer à cause de la chorale, je pourrais toujours utiliser les cours de danse de la chorale pour chercher du travail ici, pas vrai ?» plaisanta-t-elle avant de reprendre sa marche sur le trottoir.
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyMar 18 Fév - 23:58

Contrairement à Ashandra, Norah versait peu dans le fatalisme et laissait rarement son esprit vagabonder.
De nature cartésienne, elle appelait toujours les choses par leur nom, et même si elle savait prévoir, elle anticipait peu, préférant laisser les événements venir à elle et attaquant chaque problème de front quand il se présentait à elle.
C'était dans l'ordre de la vie. Elle avait vu ses parents se ronger les sangs, assis près du téléphone, redoutant le pire et un appel des urgences à chaque fois qu'une altercation éclatait entre les membres des gangs du quartier. Elle avait entendu sa mère étouffer ses pleurs après chaque visite rendue à son mari mourant d'avoir respiré trop de vapeurs toxiques.
Elle était différente.
Quand il avait fallu payer les dettes de ses frères, elle avait pris le numéro du seul type de Cleveland capable, certes, de l’humilier, mais surtout de refaire la cagnotte familiale sans aller jusqu'à lui demander vendre son corps.
Elle avait bâti peu à peu sa réputation de fille respectable et intouchable, malgré le fait qu'elle se donnait en spectacle chaque soir devant les élus ripoux de la ville et quelques crevures proches de sa fratrie, une jeune femme dont l'intelligence supérieure faisait frémir d'anticipation et de désir chacun des types auxquels elle portait elle-même l'enveloppe salvatrice qui éloignait un peu plus de prison ses frères chaque semaine.
Fière, sauvage, indomptable, brillante, et bien d'autres adjectifs beaucoup moins mélioratifs, elle avançait dans la rue la tête haute, ne pliant que sous la douleur du souvenir de son père.

Ashandra la touchait. Il émanait d'elle une innocence et une sincérité qu'elle n'avait que rarement rencontrées. Quand elle voyait son amie s'inquiéter de ce qu'il adviendrait d'elle simplement parce qu'elle se rendait à une fête clandestine pour défendre l'honneur et les couleurs de sa chorale, elle se disait que le monde n'abritait pas assez d'âmes comme la sienne.
Elle poussa délicatement son amie d'un coup de hanche pour s’asseoir auprès d'elle.

-Si tu savais, répondit-elle en souriant à sa remarque. Là d'où je viens, c'est le plus méchant qui a raison. Je ne dis pas que j'ai obéi à cette règle absurde, mais j'ai appris à ne pas me laisser faire. Je n'avais pas le choix de toute façon, avec 3 grands frères avant moi, c'était une question de survie ! Elle décocha un coup de coude à Shandy : Et l'élégance n'empêche ni la rage ni la violence. Tu devrais me voir chasser les chats qui viennent embêter Hemingway sous mes fenêtres à coups de talons de 12 centimètres !

Elle récupéra sa bouteille une fois que sa collègue eut fini de se rafraîchir et jeta un coup d’œil discret à son téléphone portable. Trois appels en absence. Son patron était à l'évidence déjà furieux.
Elle sentait le poids d'Ashandra blottie contre elle et ne regrettait nullement son sacrifice. Cette amitié naissante valait bien une engueulade.

-Va pour le milkshake alors, annonça t-elle en se relevant à son tour. Elle épousseta son pantalon et reprit : J'ai juste un message à envoyer. Une échéance à ne pas rater, et ensuite nous pourrons partir tranquilles, prévint-elle pour ne pas que sa collègue s'inquiète et propose de remettre leur repas.

Elle commença à tapoter sur son téléphone, consciente de l'ironie de la situation. Il lui aurait suffit de franchir le seuil de la porte voisine pour dire de vive voix à celui qu'elle méprisait ouvertement qu'il ne devait pas compter sur elle aujourd'hui :

"Fuite d'eau imprévue ; plombier débarqué en urgence ; je ferai double shift la semaine prochaine"

Signé D. pour Diva, son nom de danseuse. Bien sûr, cela aurait fait beaucoup moins d'effet annoncé en personne.
Elle était en train d'appuyer sur le bouton 'Envoyer' quand la remarque d'Ashandra lui fit lever les yeux.

-Tu ne te feras pas renvoyer Ashandra, annonça-t-elle un peu trop sèchement. Et tu es bien trop... Intéressante pour finir dans un endroit pareil, se radoucit la jeune femme. Même si je dois bien avouer que celui-ci n'est pas le pire de ceux que je connais acheva Norah à demi-voix.

Elle se saisit à nouveau du bras de sa compagne et la laissa la guider vers un lieu plus sûr et plus nourrissant.
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MessageSujet: Re: 02. Ni**as in Lima   02. Ni**as in Lima EmptyMer 5 Mar - 0:08

L’image de Norah penchée à sa fenêtre pour vociférer des insanités aux chats du quartier en les menaçant de sa paire d’escarpins la plus affûtée fit éclater de rire la choriste pour la seconde fois alors qu’elle n’aurait pas pu se sentir plus éloignée de toute émotion positive alors qu’elle cédait à la panique rien qu’une seconde auparavant. Et tandis que ses épaules étaient encore secouées par l’humour contre Norah, Ashandra se sentit submergée par une vague de chaleur bienveillante émanant de la plantureuse professeur d’anglais dont elle avait longtemps cherché avidement l’amitié comme pour se prouver à elle-même qu’elle pouvait exister en dehors de sa relation avec Cassandra. Pour la première fois en compagnie de sa collègue, elle savait sans l’ombre d’un doute qu’elle ne faisait pas semblant, qu’elle ne forçait pas les ressemblances pourtant flagrantes entre elles. Elle n’essayait pas de se convaincre qu’elle pouvait avoir d’autres amies rien que pour ne pas être seule, qu’elle n’était plus cette lycéenne effrayée par le monde qui l’entourait et n’osait croiser le regard de personne de peur d’attirer l’attention, ou même cette jeune adulte qui se soumettait aux réprimandes des autres plutôt que de s’affirmer.

Malgré les années, Ashandra ne parvenait pas à se détacher tout à fait de l’image dépréciative qu’elle avait d’elle-même. En dépit de ses progrès en matière d’indépendance et de confiance en elle, la jeune femme avait l’impression de devoir se battre en permanence contre ses propres faiblesses pour ne pas retomber dans ses travers. Sa passion pour la boxe en était une illustration littérale. Qui que soit son adversaire, c’était toujours avec elle-même qu’elle se débattait, pour être plus forte, moins timide, pour faire sortir toute cette colère et toute cette jalousie enfouies en elle depuis si longtemps. Elle avait sans cesse la conviction de ne pas mériter tout ce qui lui arrivait de bien, parce qu’elle avait fini par s’habituer à la médiocrité et aux épreuves dont Dieu avait jonché son chemin, à se résigner à vivre dans l’ombre des autres parce qu’elle n’avait pas leur talent, leur humour, leur intelligence. Mais elle voulait plus, elle voulait être unique, mériter de l’attention, attirer les regards pour de bonnes raisons, et pas parce qu’elle était la petite sœur d’un délinquant, ou la fille qui avait fait tomber la petite Gillespie sur le parvis de l’église. Elle voulait qu’on la reconnaisse pour ce qu’elle était elle, pour ce qu’elle avait décidé de faire de sa vie. Elle voulait faire les choses sans avoir à se demander quelle image elle renverrait aux autres, rien que parce qu’elle en avait envie.

Relevant le nez pour croiser le regard de Norah en lui rendant sa bouteille, elle sourit en hochant de la tête pour lui laisser régler ses affaires, espérant intérieurement ne pas interrompre d’autres plans plus important mais assumant malgré tout le désir égoïste de prolonger ce moment de complicité. « C’est moi qui offre. En dédommagement pour ma… petite crise. » proposa-t-elle en pinçant les lèvres d’un air embarrassé. La choriste avait voulu dissimuler sous l’humour son exagération flagrante de la situation. Après ce n’était qu’une petite soirée pour tenter de relancer les Second Chances dans la compétition, pas de quoi paniquer. Ils ne faisaient de mal à personne. La seule chose qu’ils risquaient c’était de passer un bon moment avec le public qui se déplacerait en nombre, elle l’espérait de tout cœur. Sue Sylvester avait d’autres chats à fouetter. Toutefois sa tentative pour dédramatiser la situation en faisant référence à leur lieu de rencontre incongru ne sembla pas prendre avec Norah qui lui répondit avec une sécheresse qui ne lui ressemblait pas. Malgré elle, la choriste fronça les sourcils, comme frappée par ce coup de fouet verbal qui était sorti de nulle part. Peut-être que ça avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase pour la professeure d’anglais qui en avait assez de ses plaintes sans fondement. Elle n’eut cependant pas le temps de s’excuser pour cette plaisanterie à deux sous qui semblait indigner sa collègue, celle-ci avait retrouvé la gentillesse et la douceur qui caractérisait d’ordinaire son ton.

L’espace d’une seconde, c’était comme si Norah avait montré une autre facette de sa personnalité qu’elle gardait sous contrôle d’ordinaire, et Ashandra ne fut que plus troublée par sa confession à voix basse. Peut-être que son enfance avait été plus difficile qu’elle ne l’avait d’abord imaginé et qu’elle avait grandi dans un quartier peu recommandable où les cabarets n’avaient pas le standing de celui de Lima. Mais ce n’était pas le genre de Norah de juger les gens ou les choses de la sorte. Elle ne pouvait qu’imaginer la raison derrière une telle réaction puisqu’elles n’avaient jamais abordé le sujet directement. Et au fond, peu importait, avec le temps l’afro-américaine avait appris que s’il fallait juger quelqu’un, mieux valait se fonder sur ce qu’il avait atteint, ou ce dont il rêvait et se donnait les moyens de faire plutôt que sur un déterminisme quelconque. Intriguée, elle se laissa donc emporter loin du lieu du crime en direction du Rock’n’Diner sans un mot, réservant ses questions pour plus tard.

[Rp clos]
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