Choriste du mois

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MessageSujet: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyDim 11 Aoû - 12:06


    « Alors je t'attendrai à 17:55 devant le cinéma, et je te laisserai décider de ce qu'on fera après. Ne t'inquiète pas, tu me reconnaîtras quand tu me verras. »

Ezrael termina de taper les quelques lettres de son message, puis l’envoya. Il était alors quinze heures vingt-et-une, et il venait de décider d’une rencontre avec Christabella. Elle devait ignorer avec qui elle avait pu discuter tout ce temps. Quelque part il se sentait un peu coupable de lui faire endurer ceci, mais il avait ce fort désir en lui de la surprendre et de la voir heureuse lorsqu’elle verrait son visage, du moins, il l’espérait fortement. Il y avait six ans qu’ils ne s’étaient pas vu, et il avait quelque peu changé depuis la dernière fois. Son visage était plus mûr, il avait quelques traits plus marqués qu’à leur époque de lycéen. Pourtant, il restait le même, il n’avait pas eu l’impression de changer énormément durant ses années à Oxford.  Il s’était certainement endurci, il avait pris en maturité et en caractère, mais au fond, il restait le même, le garçon dont elle était tombée amoureuse, et qui l’aimait tout autant en retour.

Il posa son téléphone sur la table du café dans lequel il s’était installé une petite heure plus tôt. Ce café se situait à mi-chemin entre son nouveau chez-lui, et son lieu de rendez-vous, et il avait ressenti le besoin d’entrer dans ce café, sans véritablement savoir d’où cette soudaine envie provenait. La devanture était peut-être simplement avenante, et la décoration de bon goût. Il y avait une bonne odeur de viennoiseries chaudes lorsqu’il était entré, et il faisait bon, la tout-juste température pour se sentir à son aise. Il avait commandé un café au lait, aromatisé à la vanille, de quoi ravir ses papilles.

Il y avait seulement trois jours qu’il était revenu dans cette ville de Lima, cette ville qui l’avait si chaleureusement accueilli, alors qu’il entrait tout juste au lycée, quasiment dix ans plus tôt. Bien qu’il soit loin de tout, loin de ses proches ; en revenant ici, il se sentait exceptionnellement à l’aise. Il se souviendrait à jamais de ces années de bonheur qu’il avait passé dans cette ville. Elles avaient été clairement les plus belles années de sa vie. Jusqu’il n’y a encore que quelques mois, il avait préféré ne jamais se l’avouer, mais depuis le tragique décès de sa chère Maman, il avait ressenti un profond besoin de revenir aux sources. À ses sources. Il aurait souhaité retrouver sa petite sœur de cœur, Saphira, avec qui il avait perdu le contact avec le temps. Il savait seulement qu’elle était partie de Lima, préférant vivre sa vie de maman loin de ce qu’il l’avait détruite moralement. Il aurait aimé aussi voir Alex, son meilleur ami de l’époque, avec qui il avait passé tellement de bons moments, à rire, à abuser des bonnes choses et à surtout ne jamais se poser de questions. Mais celle dont il avait besoin, et avec qui il avait vécu les choses les plus fortes, les plus vraies, c’était Elle. Celle qu’il allait pouvoir enlacer dans moins de deux heures maintenant. Il savait que rien ne serait plus pareil à présent, mais qu’importe ? Il allait pouvoir lui parler de nouveau, la regarder, la faire rire. C’était tout ce dont il avait besoin pour le moment. Elle ne serait qu’une amie, mais elle serait son amie…

Le temps passait tellement doucement. Il ne pouvait s’empêcher de consulter sa montre, s’étonnant de la lenteur extrême de la plus grande des aiguilles. Il se demanda même si la pile avait cessé de fonctionner. Mais non, il était seulement impatient.
Finalement, il laissa la somme exacte de sa boisson sur la table, rassembla rapidement ses affaires dans son sac, puis quitta l’établissement. À la sortie, il hésita longuement. Devait-il se rendre dès à présent au lieu de rendez-vous, et risquer de se faire remarquer ? Après tout, il lui faudrait attendre encore plus d’une d’heure et demi avant de la voir arriver. Il allait passer pour un imbécile, pensait-il, si elle apprenait qu’il s’y était pris si tôt. Non, il valait mieux pour lui qu’il rentre chez lui. Il trouverait bien de quoi occuper son temps. Lui qui se plaignait toujours de ne jamais en disposer d’assez pour faire tout ce qu’il avait envie ou ce qu’il devait faire…

***

L’heure était venue. Il était sur le chemin de son destin. Dix-sept heures cinquante ; dans une dizaine de minutes il avait rendez-vous avec son passé, avec celle qu’il avait été son tout, sa moitié parfaite. Il apercevait le cinéma au bout de la rue, il savait qu’il n’était plus loin. Il était encore temps de faire demi-tour, mais malgré la peur effroyable qui lui tordait l’estomac depuis trois heures, il n’avait aucune envie de reculer, il avait envie de la voir, il avait envie de souffrir pour être heureux de nouveau. Il avançait d’un pas plus que décidé et assuré.
Ezrael savait où il allait attendre la jolie Christabella. Il préférait qu’elle ne le voie pas arriver, et resta donc du même côté du trottoir que le cinéma, à seulement quelques mètres des vitrines. Il s’appuya contre le mur, observant les passants, feignant l’indifférence. Il bouillait de l’intérieur, d’impatience et d’excitation. Il ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il allait lui dire quand elle allait enfin arriver. Il espérait juste qu’elle soit heureuse de le voir…


Dernière édition par Ezrael Z. Ashmore le Jeu 22 Aoû - 0:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyDim 11 Aoû - 21:32


    « Alors je t'attendrai à 17:55 devant le cinéma, et je te laisserai décider de ce qu'on fera après. Ne t'inquiète pas, tu me reconnaîtras quand tu me verras. »



Christabella lut le message pour la énième fois, et se mordilla la lèvre, hésitante. Elle était assise à une table, en salle de pause, seule, et en avait profité pour vérifier qu'elle n'avait pas de nouveaux messages sur son téléphone. Puis elle avait ouvert le message envoyé par cet inconnu, qui disait la connaître, mais qui refusait de dire son nom, et qui lui avait donné rendez-vous le jour même. Christabella n'en avait parlé qu'à une seule personne, un de ses collègues, qui travaillait avec elle et faisait la fermeture du cinéma, afin que, si besoin est, quelqu'un soit au courant qu'elle avait rendez-vous. Le collègue en question avait ouvert de grands yeux, stupéfait face à une Christabella qu'il croyait connaître et qui, si on le lui avait demandé, n'aurait jamais accepté de rencontrer quelqu'un qui avait obtenu son numéro on ne sait où.

« Tu es folle ma chérie. Et si c'était un malade ? Un fou dangereux ? Un maniaque ? » lui avait-il dit avec ses manières si particulières -Christabella avait mis du temps à comprendre qu'il était homosexuel, et qu'il agissait comme le stéréotype même du gay : extraverti, exubérant, bruyant et voyant.
Alors Christabella lui avait expliqué qu'elle comptait sur lui pour vérifier que tout allait bien. Elle resterait en visuel, sur le trottoir, pour qu'il ne la perde pas de vue et qu'il s'assure qu'elle n'avait effectivement pas à faire à un pervers. « T'en fais pas ma chérie. Je ne te quitterais pas des yeux. » lui avait assuré son collègue en lui tapotant la main en hochant la tête. Ainsi rassurée, Christabella avait débuté sa journée de travail en ne pensant qu'à une chose : ce rendez-vous. Elle ne cessait de réfléchir à l'identité de celui qui lui avait envoyé ses messages. Ils étaient courts, succincts, mais familiers. Pour autant, elle restait assez méfiante, un sentiment auquel elle n'était pas habituée. Si jamais elle avait le moindre doute, la moindre inquiétude, elle renterait aussi sec au cinéma, et le cas échéant... appellerait la police. Elle espérait juste ne pas avoir à en arriver là. Pour ne pas penser à de telles choses, elle s'était imaginée qui avait bien pu lui envoyer ces messages, en s'efforçant de penser qu'il ne pourrait en résulter que du bien, même si, en fin de compte, le fait de savoir que l'inconnu avait été en cours avec elle la laissait perplexe. Elle n'avait pas eu tant d'amis que ça, à McKinley. Elle n'avait aucun soupçon quand à l'identité du mystérieux expéditeur.

Ses heures de travail s'écoulaient lentement, comme d'habitude, mais Christabella avait un peu de mal à se concentrer. Fort heureusement, elle n'était pas au guichet aujourd'hui, aussi ne risquait-elle pas de faire une erreur en rendant la monnaie à un client. C'est en étant plongée dans ses pensées qu'elle avait vérifié les tickets des visiteurs, et qu'elle avait circulé dans les salles vides après chaque séances pour les nettoyer. Lorsque sa pause se termina et qu'elle retourna à son poste, ce fut en coulant des regards réguliers vers l'énorme horloge murale. Il n'y avait aucun blockbuster à visionner, cette semaine, aussi le flot de clients était-il facile à gérer. Elle aurait presque préféré que cela soit l'inverse, au moins elle aurait pu se laisser absorber par le travail. Mais entre chaque séances, le temps s'écoulait lentement.
Finalement, la petite aiguille approcha du chiffre six, et la grande trottina, sous les yeux de Christabella, qui la fixait, les yeux plissés. Avait-elle seulement envie d'aller à ce rendez-vous ? Et si elle se contentait de rentrer chez elle en passant par la porte des employés, à l'arrière ? Mais la curiosité était trop forte, et cela lui fit froncer les sourcils. Elle fut remplacée, quelques minutes avant la fin, et put aller troquer son gilet et son pantalon pour une robe qu'elle portait sur un collant. Elle songea, tout en se changeant, que ce n'était peut-être pas une tenue très appropriée. Et si elle avait à faire à un malade, et que cette robe apparaissait à ses yeux comme une invitation. Elle se morigéna intérieurement. Elle devenait parano.

Changée, recoiffée -elle avait laissé ses cheveux bruns flotter sur ses épaules, mais ils étaient encore loin d'avoir la longueur qu'ils avaient toujours eu, à savoir en bas du dos. Les couper avait été une excellente idée, et elle se demandait si elle ne réitérerait pas l'expérience avant les fêtes de fin d'année. Elle avait aimé avoir les cheveux courts.- elle se dirigea vers l'entrée principale du cinéma, sous le regard de son collègue, qui lui fit un signe lorsqu'elle passa à côté du guichet. Elle hocha la tête en réponse, sans s'arrêter, et se posta devant les portes en verre, pour guetter celui qui lui avait donné rendez-vous. L'horloge affichait 18h pile. Il devait être là.
Son regard glissa sur une famille qui se dirigeait vers le cinéma, traversant au feu rouge, puis sur une adolescente blonde qui tenait une appareil photo à la main et se cachait derrière une poubelle, ce qui lui fit froncer les sourcils -bizarre, ces jeunes de nos jours- sans voir si quelqu'un l'attendait spécifiquement. Elle n'avait pas un très bon angle de vue, de là où elle se trouvait, et d'agacement, elle fit claquer sa langue contre ses dents. Tant pis, autant sortir. Elle poussa la lourde porte vitrée et déboucha sur le trottoir, la semelle de ses bottes usées claquant sur le macadam. En regardant vers la gauche, elle ne voyait rien qui laissait penser qu'on l'attendait. La vilaine pensée que c'était une blague l'effleura, et elle craignit d'être tombée dans le panneau. Elle se savait naive, et elle se tourna furtivement vers l'intérieur du cinéma. Au guichet, son collègue lui jetait de fréquents regards, et il haussa les sourcils d'un air interrogateur. Christabella secoua la tête, perplexe. En faisant demi-tour sur elle-même, elle s'apprêta à vérifier sur sa droite.

Et là, elle l'aperçut. Appuyé contre le mur, le regard au loin, occupé à observer les passants. Les lampadaires grésillèrent, puis s'allumèrent, l'éclairant et confirmant à Christabella ce qu'elle avait pressentie au moment où ses yeux s'étaient posés sur lui. Lui, qu'elle n'avait pas vu depuis six ans aujourd'hui, mais qu'elle aurait reconnue sans hésitation. La bouche sèche, elle ne fit pas un geste, ne put bouger et encore moins parler. Son cœur battait si fort, qu'elle crut un instant qu'il allait exploser -ce qui, vu la situation, aurait pu être assez dommage. Et sans réfléchir, son corps se mouva en avant, droit vers lui. Avant même qu'il ne tourne la tête vers elle, elle se jeta dans ses bras.

Ezrael.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyDim 11 Aoû - 23:49

Ezrael s’était perdu dans ses pensées durant quelques instants. Sans le vouloir et sans même s’en apercevoir, il avait calmé son impatience, et ne pensait plus à rien. Il était simplement paisible, le regard plongé dans le vide, fixant un point au loin. Il y avait plusieurs jours qu’un calme si serein ne s’était pas présenté à lui. Telle fut sa surprise, vous l’imaginez, lorsque les bras d’une jeune femme l’enlacèrent brusquement. Il ne senti aucune douceur, au premier abord, seulement une rapide pression autour de son torse. Il ne s’attendait à rien de tel ; il sursauta presque, mais lorsque la seconde d’après, il réalisa ce qui venait de se coller à son corps, tout sembla étrangement plus délicat, charmant, et passionné. Un sourire se dessina doucement sur ses lèvres, et tandis qu’il s’empressait de serrer la magnifique demoiselle en retour, il ressentit une sensation de joie extrême.

L’étreinte aurait pu durer des heures, jamais il ne se serait lasser de ce contact. Il avait la sensation que les six dernières années passées loin d’Elle n’avaient été qu’une souffrance, finalement. Pourquoi s’était-il puni de ne plus voir son visage et son sourire ? Il n’avait pas encore eu la possibilité de l’admirer correctement de nouveau, mais il sentait qu’elle était restée tout aussi ravissante que la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Elle était certainement encore plus radieuse qu’à cette époque ingrate qu’est l’adolescence. Il approcha sa tête de Christabella, s’appuyant légèrement sur la sienne, et confia quelques mots à voix basse à la jeune femme.


    « - Tu m’as manqué ma Christa… »


Il passa une main dans son dos, caressant ses cheveux bruns et soyeux. Elle lui avait véritablement manqué. Il avait toujours ignoré les appels de son cœur, qui lui hurlait pourtant qu’il avait été profondément heureux avec elle, et qu’il devait courir la retrouver, et la prendre dans ses bras. Il avait fini par suivre son instinct, sûrement trop tard, mais se trouvait certainement mille fois plus satisfait que ce qu’il avait toujours pu imaginer. Un proverbe bien connu de tous, dit qu’il faut bien se quitter pour mieux se retrouver, mais après mûre réflexion il s’en serait passé.

Après une bonne minute de cette charmante cajolerie de retrouvailles, Ezrael prit posément les bras de Christabella, et la repoussa de quelques centimètres. Il voulait voir son visage, il voulait la regarder et l’admirer. Elle était belle, resplendissante. Elle ne semblait pas avoir changée fondamentalement, mais ses traits lui donnaient un air adulte, assuré. Il avait vu quelques photos d’elle, mais la réalité rendait les choses tellement plus concrètes. Elle n’était plus cette petite fille naïve qu’elle était au lycée, et qu’il avait recueillie au creux de ses mains tel un oisillon tombé du nid. Elle n’était plus cette adolescente fragile, qu’il avait apprécié protéger. Non, à présent elle volait de ses propres ailes et se protégeait sans l’aide de personne. Il savait que ça n’était pas grâce à lui qu’elle était devenue cette femme merveilleuse - du moins, c’est ce qu’il lui paraissait - mais il était fier de la voir si enchanteresse. Son sourire ne s’évanouissait pas.


    « - Je tiens à m’excuser d’avoir été aussi mystérieux dans mes messages, mais j’avais vraiment envie de te surprendre. J’ai un peu culpabilisé, mais j’espère que tu n’es pas trop fâchée contre moi. - dit-il sur le ton de l’humour. Tu veux aller quelque part ? »

Il espérait qu’elle accepte, bien qu’il n’en doute pas vraiment. Elle semblait tout aussi émoustillée que lui à l’idée de retrouver celui avec qui elle avait vécu tant de bons moments, et qu’elle avait aimé du plus profond de son cœur. Il aurait donné n’importe quoi pour passer ne serait-ce qu’une heure avec elle à discuter de tout et de rien, à rattraper les années perdues. Il savait pertinemment que jamais il ne retrouverait la relation qu’il avait eue avec elle. Il préférait même évincer cette période des sujets de conversations qu’il allait aborder, après tout il n’était pas là pour reconquérir sa belle. Son premier objectif ne concernait que ces belles retrouvailles. Il souhaitait tout simplement en apprendre un peu plus sur la nouvelle Christabella, et sur sa nouvelle vie de cinéaste en herbe. Elle allait aussi devoir le débriefer un tantinet sur l’actualité des chorales qui fleurissaient les panneaux d’affichages publics de la ville. Et il était curieux de prendre des nouvelles de ses anciens amis de lycée dont elle pourrait avoir quelques nouvelles. Tant de choses à raconter, et encore il ne s’agit là que des grandes lignes ; il ne serait pas étonnant qu’ils dévient de leur sujet…


Dernière édition par Ezrael Z. Ashmore le Jeu 22 Aoû - 0:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyLun 12 Aoû - 0:49

Passé le choc initial de la découverte d'Ezrael, ici, dans cette rue, dans cette ville, Christabella s'était littéralement jetée sur lui, sans une once de savoir-vivre, sans aucune pudeur. Elle n'avait même pas eu conscience d'avoir marché jusqu'à lui. C'est comme si son corps, alors que son esprit était paralysé, avait réagi indépendamment, sans attendre qu'elle lui donne l'ordre de bouger. Elle avait vu Ezrael, sa tête s'était complètement vidée, et son corps avait pris le relais. Même en percutant la poitrine du jeune homme, et alors que ses bras l'encerclaient tendrement, ce ne fut pas suffisant pour la ramener sur terre. Elle était incapable de penser, de réfléchir. Elle ne ressentait qu'une chose : Ezrael était là.
Jamais elle ne se serait doutée qu'il lui manquait autant. Lorsqu'ils avaient rompus, à la fin de l'année de Terminale, cela avait très difficile pour Christa. Ezrael était son premier amour, et plus que cela, il était son premier ami. Il avait été là pour elle durant toute leur scolarité, il avait été son plus proche confident. Il lui avait donné son premier baiser, il lui avait fait découvrir l'amour. S'ils avaient rompus, c'est parce qu'ils savaient tous les deux que leur histoire n'aurait aucun avenir, avec Ezrael étudiant en Angleterre. Et Christabella, plus que tout, ne voulait pas être un frein pour le jeune homme. Elle voulait qu'il profite de cette opportunité, aussi s'étaient-ils quittés en bons termes, mais le cœur lourd. Les années qui avaient suivies s'étaient déroulées calmement, du moins pour Christa. Elle était entrée à l'OSU, avait fait ses débuts en génétique, une filière difficile et qui demandait énormément de travail, tout comme les études qu'Ezrael avait choisie de faire. Tout deux avaient été très pris, et du côté de Christabella, cela lui avait permis de ne pas trop s’appesantir sur une séparation douloureuse. Les années passant, elle avait fini par garder un doux souvenir de cette histoire, et avait tourné la page. Elle espérait qu'Ezrael avait fait de même, et qu'il vivait pleinement sa vie d'étudiant anglais. Ce n'est qu'aujourd'hui, qu'elle se rendait compte qu'il lui avait manqué.

Lorsqu'enfin elle réalisa que son geste n'avait rien de distingué, et que tous les regards avaient dû se tourner vers eux, elle ne put cependant pas esquisser un mouvement pour s'écarter. Ezrael lui murmura qu'elle lui avait manqué, et Christa sentit sa gorge se serrer, l'empêchant de parler. Elle ferma les yeux aussi fort que possible, savourant un contact dont elle n'avait pas l'habitude, elle qui fuyait la proximité avec les garçons depuis toujours. Mais ces bras autour d'elle, et cette épaule sur laquelle elle avait tant posé sa tête, et ce cou dans lequel elle avait niché son nez, tout était si familier qu'elle n'était même pas gênée d'être ainsi blottie contre lui. Elle avait l'impression... d'être chez elle. Elle était rentrée à la maison.

Il finit par l'écarter doucement d'elle, et enfin elle leva les yeux, qu'elle avait humides de larmes. Des larmes de joie, qu'elle essuya d'un geste maladroit, le sourire aux lèvres. « Tu es tout pardonné. » s'exclama-t-elle en riant. Elle l'observa, franchement, s'arrêtant sur chaque détails de son visage. Les conversations Skype et les photos envoyées par mails, rien n'était comparable à cet instant. Il était toujours plus grand qu'elle, et son visage s'était en quelque sorte aminci. Il avait l'air aussi posé qu'autrefois, avec une petite touche de maturité qu'elle pouvait voir dans son sourire, dans ses yeux, dans son attitude. Il n'était plus l'adolescent sérieux qu'elle avait connu. Il était adulte, tout comme elle. Elle se demanda vaguement s'il voyait des changements en elle, alors qu'ils s'observaient mutuellement. Ses cheveux plus courts, ses oreilles percées, ses vêtements... elle aussi, avait changée.
Christabella hocha énergiquement la tête lorsqu'il lui proposa de se trouver un endroit où discuter. Elle laissa passer un instant de silence, incapable de détourner les yeux. « Oui. Oui, bien sûr. Heu, hm... » Elle regarda autour d'elle, comme si un salon de thé allait subitement apparaître sous son nez pour qu'ils puissent s'y installer et bavasser à leur aise. Elle n'arrivait toujours pas à aligner une pensée cohérente, jusqu'à ce que son regard tombe sur l'entrée du cinéma, avec ses affiches et ses portes vitrées. Alors il lui vint une idée qui la fit sourire avec malice. « Et si on allait au cinéma ? » proposa-t-elle.

Se souviendrait-il de leurs multiples rendez-vous dans les salles sombres ? Bien avant de sortir ensembles, ils passaient énormément de temps au cinéma, Christabella ayant découvert le plaisir du 7ème art grâce à lui. Une passion était née, et bien qu'y travaillant, elle éprouvait toujours autant de plaisir à aller voir des films. Ce n'était peut-être pas le meilleur endroit pour discuter, mais Christabella savait qu'en ce moment, un vieux documentaire sur la peinture au Moyen-Age était diffusé, dans l'une des plus petites salles, et qu'il n'y avait jamais de spectateurs. La direction du cinéma envisageait de retirer le documentaire dans les jours à venir, mais en attendant, ils auraient la salle pour eux. Sans plus attendre, elle entraîna Ezrael à sa suite. En tant qu'employée, elle ne payait pas les places, et ne perdit pas de temps à faire la queue au guichet. Son collègue, la voyant revenir, lui jeta un coup d’œil, et s'interrompit en plein rendus de monnaie en arrêtant son regard sur Ezrael. De toute évidence, il n'était pas insensible au charme du jeune homme, et esquissa un petit pas de danse et un signe de la victoire à l'attention de Christa, qui fronça gentiment les sourcils en retour.
Elle poussa la porte de la salle 6, tout au fond du cinéma, dans laquelle était diffusée les films à petits budgets, et comme elle s'y attendait, la salle était complètement vide. Le documentaire avait commencé, et la pénombre les accueillit. Christa se tourna vers Ezrael. « Comme au bon vieux temps. »
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyLun 12 Aoû - 15:25

À peine les yeux de Christabella étaient séchés qu’un charmant sourire illuminait son minois angélique. Elle avait tout pour elle, pensait-il, même avec les yeux rouges. Ils se souriaient mutuellement, et bien que la situation puisse paraître étrange et gênante, elle ne l’était pas le moins du monde. Il y avait comme une osmose entre eux deux, qui les attirait l’un vers l’autre et qui les rendait simplement heureux. Il le sentait, elle était tout aussi bien que lui, et son sourire autant que ses yeux ne mentaient pas. Il la connaissait trop bien pour reconnaître lorsqu’elle n’était pas sincère. Et là, elle l’était…

Elle proposa de retourner au cinéma, et qu’ils aillent discuter là-bas. Il ne comprenait pas réellement comment ils pourraient parler, avec des gens autour d’eux qui seraient certainement plus intéressés qu’eux par le film, et qui les maudiraient au moindre bruit qu’ils pourraient produire. Mais il lui fit confiance, après tout, c’est elle qui y travaillait. D’autant qu’il ne voulait pas la contredire, son entrain était beaucoup trop adorable pour la décevoir et effacer ce petit sourire plein de malice qu’elle gardait au coin des lèvres. Elle lui attrapa la main, comme une amie de très longue date, sans ambiguïté aucune, et l’entraîna à l’intérieur de l’établissement illuminé. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait plus remis les pieds dans ce cinéma. Il l’avait connu comme sa poche, à un moment de sa vie. Il connaissait les vendeurs, prenait de leurs nouvelles, et profitait de l’inattention d’un supérieur pour se glisser dans les salles obscures, sous le regard amical des guichetiers. C’était le bon vieux temps, pourtant rien n’avait changé dans le cinéma. Les murs étaient toujours tapissés de vieilles affiches de films datant de plusieurs décennies pour certaines, la moquette rouge n’avait pas changée, arborant ici et là des traces de soda renversé par les enfants, ou des chewing-gums collés par des adolescents révoltés. Les prix avaient légèrement augmentés, mais encore une fois, il entrerait par la porte des fraudeurs. Pourtant, cette fois-ci il profiterait de la gratuité de son amie qui ne semblait pas avoir besoin de passer par la caisse. Il s’en félicitait d’ailleurs presque, lorsqu’il remarqua le regard de son collègue, qui ne se gênait pas pour le dévorer des yeux. Il ne lui avait suffi que d’un vague coup d’œil pour constater qu’ils n’avaient pas les mêmes « visions des choses » tous les deux. Ezrael n’avait absolument rien contre les homosexuels, au contraire, il les respectait beaucoup, mais il y avait toujours cette petite limite à ne jamais franchir, qui pouvait le mettre grandement mal à son aise.

Il détourna finalement le regard, préférant ignorer complètement ce détail. Il crut apercevoir ce même jeune homme réaliser une petite danse, dans sa vision périphérique, alors que Christabella l’envisageait toujours, mais il se persuada que ses yeux lui jouaient des tours, et fixa encore et toujours le bout du couloir où la jeune femme le traînait presque de force. Il espérait qu’elle avait prévu le coup, et qu’ils pourraient tout de même échanger quelques mots durant la séance. Il serait plutôt déçu s’ils ne pouvaient pas profiter d’une discussion avec sa charmante ex-petite amie. Après tout, c’était principalement pour cette raison qu’il lui avait donné rendez-vous après son travail.

Alors qu’il ouvrait la bouche pour faire une réflexion sur le fameux collègue, Christabella poussa la porte de la salle de cinéma dans laquelle ils allaient pouvoir s’installer. Elle ajouta qu’ils allaient être ici comme au bon vieux temps, et elle n’avait pas tort. Il avait presque oublié qu’ils été allés tous les deux au cinéma voir des films tout aussi soporifiques que pouvait l’être cet étrange long-métrage qui ressemblait à une association de photographies de très mauvaise qualité sur des reconstructions historiques sur ce qui semblait être le Moyen-Âge. Ezrael ferma alors la bouche, oubliant ce qu’il avait en tête précédemment, et rit doucement. Il avait trouvé ce procédé pour qu’ils puissent passés du temps tous les deux, à l’époque de leur Première. Les parents de Christabella étaient encore très attachés à ce que leur fille ne côtoie surtout aucun garçon et encore moins un non-croyant, non-pratiquant, d’une religion qui n’était même pas la-leur. Ils avaient finalement trouvé le moyen de partager une passion qu’était le cinéma, et ils choisissaient parfois ce genre de film ou documentaires minables afin qu’ils puissent profiter l’un de l’autre et n’embêter personne à bavasser plus fort que la bande son. Dans d’autres circonstances, il l’aurait embrassé, la félicitant de son ingéniosité, mais les choses n’étaient plus ainsi. Il sourit simplement, se remémorant quelques soirées qu’ils avaient passées ensemble.

Ezrael entra dans la minuscule salle de projection. Il choisit un rang de deux sièges, et posa ses affaires sur celui de la rangée devant lui.


    « - J’espère que tu ne m’as pas amené ici pour améliorer ma culture. Je le prendrai mal, tu sais ! »
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyDim 1 Sep - 19:01

Christabella secoua la tête en fronçant le nez. « Moi qui pensait que la peinture du Moyen-Age, c'était ta grande passion. Je me suis donc trompée ? » plaisanta-t-elle en prenant place à côté d'Ezrael, avant de s'installer aussi confortablement que possible sur les vieux sièges.

Combien de films avaient-ils vu, assis dans ces salles sombres, afin d'échapper à la surveillance des parents de Christabella, qui ne supportaient pas de ne pas avoir leur fille sous leurs yeux. Ils avaient acceptés, à contrecœur, qu'elle ait un petit job, lorsqu'elle avait mis en avant qu'elle pourrait ainsi venir en aide à la famille en leur offrant une partie de son argent. Doux mensonge. Elle leur avait certes donné une partie de sa paye, mais ce travail au cinéma avait surtout été un moyen d'obtenir un peu de liberté, cette liberté qu'ils lui refusaient. Elle avait par la suite pu se servir de cette excuse pour passer du temps avec Ezrael. Des heures supplémentaires, un collègue malade à remplacer, et elle pouvait s'échapper et retrouver Ezrael. Parfois, ils venaient vraiment pour voir un film. Au fur et à mesure, Christa avait développé une réelle passion pour le 7ème art. Tout l'intéressait, du jeu des acteurs, à la mise en scène et aux effets spéciaux. Et quelques fois, c'était un simple moyen de se retrouver, tous les deux, sans personne autour pour les espionner. Lorsqu'ils s'étaient mis à sortir ensembles, leurs longues conversations s'étaient quelque peu... transformées. Et l'obscurité des salles de cinéma, ainsi que l'isolement et l'assurance qu'il n'y aurait personne pour les voir, leur avait permis d'apprendre à se connaître de façon un peu plus intime. Même s'ils n'étaient jamais allés plus loin que de simples baisers, le cinéma de la ville avait été le seul endroit où ils pouvaient être ensembles.
Il lui avait fallu cinq ans pour réellement comprendre que le cinéma n'avait pas été un simple moyen  de fuir l'autorité et la surveillance parentale. C'était une passion. Le rejet brutal de ses parents y avaient également été pour quelque chose. Elle qui avait passé tellement de temps à travailler sa génétique, à réviser et à approfondir ses connaissances, avait dû se rendre à l'évidence : elle avait peut-être fait un mauvais choix en choisissant la génétique. Elle avait pris une année pour décider du chemin à suivre, une année difficile où elle avait dû jongler entre ses cours de génétique, ceux d'arts du cinéma, son job qu'elle avait repris, sa présence à la chorale de Cassandra, et surtout, où elle avait dû faire face à la douleur d'avoir été reniée par sa famille. Mais les efforts avaient été payants. Aujourd'hui, elle se concentrait sur les arts du cinéma, et elle avait abandonné la génétique, sans regrets. Cela lui correspondait davantage. Elle se sentait à l'aise, plus épanouie. Elle avait trouvé sa voie.

Aujourd'hui, ce n'était pas pour s'échapper que Christabella avait choisie de se réfugier au cinéma, mais par nostalgie. Tout à son bonheur d'avoir retrouvé l'une des personnes qui comptaient le plus pour elle, la jeune femme avait voulu recréer cette atmosphère si particulière qu'il y avait lors de leurs petites escapades cinématographique, à la différence que cette fois, ils ne s'embrasseraient pas. C'est un ami, qu'elle retrouvait aujourd'hui.

L'écran géant affichait une suite de peintures réalisés de façon assez sommaire mais qui semblaient enthousiasmer les spécialistes qui se répandaient en vives exclamations, mais c'est à peine si Christabella y jeta un coup d’œil. Tournée à demi vers Ezrael, elle ramena une jambe sous elle et le dévisagea. « Tu es arrivé quand ? Tu es à Lima depuis longtemps ? Tu restes combien de temps ? » Toute excitée elle se passa la main sur le front, incapable de se retenir de gigoter, et ne put retenir un petit rire. « Excuse-moi. Je pose trop de questions. C'est juste... » Elle chercha ses mots, inspira profondément, retint son souffle pour retrouver son calme, puis le relâcha au bout de quelques secondes. « Je n'arrive pas à croire que tu sois là. Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu revenais ? » le sermonna-t-elle gentiment.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptySam 7 Sep - 21:58

Ezrael ne put s’empêcher d’admirer la grâce avec laquelle Christabella s’installa sur son siège. Elle n’avait rien fait de particulier, mais elle prit soin de s’asseoir doucement sur sa robe, afin de ne pas le froisser. Elle passa une main dans ses cheveux rapidement, de manière à les recoiffer légèrement. Ils semblaient si voluptueux et aériens. Elle s’humecta très légèrement les lèvres avec le bout de la langue, d’une manière tellement naturelle que cela en devenait sensuel. Ezrael se souvenait de la jeune Christabella, mais tout avait véritablement changé. À présent, elle le considérait de ses yeux noisette, maquillés très discrètement mais avec goût. Elle avait l’air heureuse d’être face à lui, avec lui. C’était un plaisir partagé, évidemment. Mais Ezrael, ne résistant pas à dévorer des yeux celle qu’il avait tant aimée, avait cette étrange sensation de n’avoir jamais quitté Christabella plus d’une petite semaine. Comme si les six années qu’ils avaient vécus l’un sans l’autre, n’avaient été qu’un rêve. Et son cœur ne démentait rien. Ses sentiments semblaient plus vivants que jamais. Une vive brûlure animait son âme, et une immense envie de prendre la main de la charmante brunette le hantait presque. Mais il n’en fit rien. Il s’efforça de garder son calme, et de ne rien laisser transparaître. Il ne voulait rien faire qui pourrait le trahir. Il était hors de question qu’il la perde de nouveau. Il préférait vivre avec cet énorme poids sur le cœur, qui lui rappelait chaque seconde qu’il aimait plus que toute chose cette personne, plutôt que d’avouer qu’il était revenu principalement pour elle. Il avait envie de l’inviter à boire un verre, l’inviter au restaurant, l’inviter au cinéma - encore -, la raccompagner chez elle, qu’ils aient cette conversation embarrassante mais tellement importante concernant leurs sentiments mutuels, manger des glaces avec elle, s’allonger dans l’herbe avec elle, la présenter à son père et ses sœurs, partir en voyage avec elle, emménager avec elle, la demander en mariage, acheter une maison avec elle, lui faire l’amour, qu’elle lui annonce qu’elle est enceinte, qu’ils vieillissent ensemble, et qu’ils s’aiment toujours, chaque instant un peu plus.

Soudain, alors perdu dans ses pensées, plongé dans les yeux de Christabella, Ezrael réalisa qu’elle venait de lui poser une liste de questions. Il se sentit extrêmement idiot, à penser toutes ces choses, alors qu’ils venaient tout juste de se retrouver, après une telle absence. Elle devait être passée à autre chose depuis bien longtemps, et jamais elle n’accepterait de recommencer quelque chose avec lui. C’était évident. Elle le fit rire à poser toutes ses questions. Elle était adorable. Il baissa les yeux quelque peu et une fois qu’elle avait terminé de parler, il la regarda de nouveau.


    « Je suis arrivé il y a trois jours ; lundi. J’ai tout plaqué à Dublin, et je suis revenu. Sur un coup de tête… Et si tout va bien, je reste… Enfin, je m’installe ici pour de bon, quoi. » annonça-t-il avec une pointe d’hésitation. Cette nouvelle ne paraissait pourtant pas si difficile à révéler, mais il ne trouvait pas les mots qu’il lui fallait, semblait-il. « J’ai ressenti le besoin de me ressourcer. » Un moment de malaise se passa. « Ma… Ma mère est… » Il déglutit. « … décédée. Et en y repensant, je me suis tout de suite dit que la dernière fois où j’ai été vraiment heureux, c’était ici, à Lima. Je trouve ça nul de dire ça. Je te jure, m’entendre parler comme ça, je me fais pitié. Jamais je n’aurai imaginé réagir comme ça un seul instant dans ma vie. Ça ne me ressemble pas du tout d’être nostalgique. On m’a toujours appris à aller de l’avant, pas à regretter quoi que ce soit… »


Une pointe d’amertume était présente dans sa voix. Il s’en voulait. Il avait presque de la rage envers lui-même. Après tout, il s’était enfuit de cette réalité qui l’avait tant blessé. Il avait laissé son père, seul. Et ses sœurs avaient retrouvées leurs pénates, de leurs côtés, ne pouvant s’occuper plus de leur père non plus. Si le décès avait été plus proche dans ses souvenirs, il aurait certainement pleuré. Mais il s’avérait qu’il était devenu moins sensible depuis quelques temps. Heureusement. Il aurait été malvenu de pleurer alors qu’il retrouvait tout juste Christabella.


    « Excuse-moi, c’était vraiment pas le moment de parler de ça… Je m’étais promis de garder mes problèmes familiaux pour moi en plus. Je suis un peu nul. » interjecta-t-il finalement.


Il décrocha alors un sourire. Il voulait effacer tout ceci de son esprit. Il n’était vraiment pas ici pour se morfondre. Il voulait simplement partager un bon moment avec Christabella. Mais quelle idée lui était-il passé par la tête de parler de sa mère ?...

    « Je sais ! Moi-même j’ai du mal à croire que je sois de retour aux Etats-Unis, et qui plus est en Ohio ! Je crois que je suis sado-maso pour revenir m’enterrer ici. » plaisanta-t-il, afin de détendre l’atmosphère. « Je ne voulais pas que tu saches que j’allais revenir ! C’est tout le but d’une surprise. En plus, je ne savais pas si tu aurais accepté de me revoir si tu avais su que ce fameux inconnu c’était moi. Ha, et au fait ! Je t’interdis formellement de rencontrer des inconnus comme ça. Tu as eu de la chance que c’était moi l’inconnu. Une jolie jeune femme comme toi aurait pu tomber sur des barjos, tu sais… » la sermonna-t-il un peu moins gentiment qu’elle l’avait fait avant lui.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptySam 28 Sep - 12:51

Christabella se souvenait de sa première rencontrer avec Ezrael comme si c'était hier. Ils n'avaient même pas quinze ans tous les deux, et faisaient leur début à McKinley. Mais là où Ezrael était à l'aise, puisque sortant d'un établissement public en de nombreux points semblables au lycée, Christabella débarquait d'un pensionnat pour filles, dirigé par des religieuses sévères et conservatrices. Dans cette école, les règles étaient nombreuses et très strictes. Quiconque les transgressait se retrouvait en pénitence pour plusieurs heures. Le contact avec les garçons était formellement interdit, les journées commençaient toutes avec une prière, et se terminaient de la même façon. Christabella avait évoluée dans un environnement où il valait mieux baisser la tête et se taire. Elle n'avait jamais fait de vagues, se pliant sans difficultés au règlement, acceptant l'uniforme gris, les journées mornes et les corvées, subissant la compagnie de jeunes filles qui étaient élevées comme elle, mais qui aimaient cette vie.
Un jour, une nouvelle élève avait fait son apparition. Issue d'une famille aisée, elle n'avait été admise que parce que ses parents étaient de généreux donateurs, et non pas parce qu'ils étaient de fervents croyants. Mais leur argent avait ouvert la porte de l'établissement à leur turbulente fille, qui s'était faite exclure de deux écoles, et avait été surprise en plein flirt avec un de ses professeurs... féminins. Ses parents, en dernier recours, l'avaient mise en pension, espérant sans doute que le contact avec les sœurs revêches calmeraient ses ardeurs. Christabella avait oublié le prénom de l'adolescente, mais ses actes durant les quelques semaines qu'elle avait passé au pensionnat l'avait marqué. Son insolence, son agressivité, son air constant d'ennui et son refus obstiné de se plier aux règles cachaient en réalité une forte intelligence et un désir brûlant de liberté. Elle avait fait tourné les sœurs en bourriques, avait su dérider les élèves les plus sérieuses et avait apporté, pendant quelques temps, la rébellion dans les rangs des petites pensionnaires. Elle avait tenté, du mieux que possible, d'inspirer aux autres élèves la même envie qui la taraudait : celle d'être libre de ses choix. Elle avait fini par être exclure, là encore, et en rentrant chez elle peu après, Christabella avait, pour la première fois, exigé quelque chose pour elle et elle seule : une télévision. Ses parents avaient refusés tout net, l'avaient puni sévèrement, elle avait dû endurer de longues heures de prières pour se purifier -elle ne savait toujours pas de quoi, d'ailleurs- mais finalement, ses frères et sœurs avaient plaidés en sa faveur, et elle avait eu un petit poste de télévision acheté d'occasion, qui avait fait son bonheur. Son premier acte de liberté.

Son deuxième mouvement de révolte, si tant est que cela puisse être considéré comme tel, fut de vouloir étudier dans un lycée public et mixte. Là encore, ses aînés avaient été d'une grande aide. Quelle tristesse qu'aujourd'hui, ils la rejettent pour des choix qu'ils avaient soutenus au départ... Et lors de ce premier jour au lycée, elle avait rencontré Ezrael. Il avait été la première personne à lui adresser la parole, mise à part la conseillère d'éducation qui l'avait reçue, probablement pour la mettre en confiance après avoir vu dans son dossier qu'elle venait d'une école privée non mixte. Pour la confiance, cela avait été un échec. Au moment où la sonnerie avait retenti et où tous les élèves s'étaient engouffrés dans les couloirs, elle s'était sentie perdue. Les filles portaient des pantalons serrés et des jupes courtes, les garçons la frôlaient et la regardaient ouvertement, elle avait frôlé la crise d'angoisse.
Et Ezrael était apparu. Peut-être avait-il repéré son air de panique, peut-être avait-il simplement remarqué sa robe d'un autre âge, mais il s'était aussitôt présenté pour l'aider, alors que lui-même foulait pour la première fois le sol du lycée. Christabella n'avait jamais su par quel moyen il avait deviné les différences entre Christabella et n'importe quelle autre adolescente. Elle ne voulait aucun contact physique avec les autres, elle ne connaissait rien à la mode, aux chanteurs en vue, à la musique et aux films, de Lima elle ne connaissait que sa maison, l'épicerie et l’Église, et elle n'avait même jamais goûté à un hamburger. Ezrael lui avait montré tout ça.

C'est pourquoi il comptait tant pour elle. Parce que bien avant qu'elle ne tombe amoureuse de lui, il avait été son premier ami. Et c'est pour cela qu'elle était si heureuse de le voir à nouveau, après toutes ces années. Elle voulait tout savoir de l'Angleterre, ce pays qu'elle ne verrait probablement jamais. Avait-il pris le si charmant accent britannique, d'ailleurs ? Buvait-il du thé à tout bout de champ ? Avait-il beaucoup voyagé, qu'avait-il vu ? Et puis, pourquoi avait-il fait tant de secrets pour revenir ?
Pour une bonne raison. Le visage de Christabella s'assombrit par la compassion et le chagrin, mais également par la compréhension. Bien sûr qu'il avait eu besoin de se ressourcer. Attentive, la jeune femme chercha dans l'expression d'Ezrael un signe que la blessure était encore à vif, qu'il pouvait d'une seconde à l'autre craquer. Mais il avait déjà commencé à avancer, son deuil était entamé et il avait accepté ce terrible drame. Il n'avait pas besoin qu'on le plaigne. Il avait besoin qu'on l'accompagne. Elle ne chercha pas à s’appesantir sur cette perte, et adopta une expression moins triste et plus souriante, tout en se promettant d'aller allumer un cierge pour la mère d'Ezrael. Elle profita du fait qu'il la sermonne pour afficher un air contrit. « Cela n'arrivera plus. » promit-elle sérieusement. Il avait raison, en vérité. Quelle mouche l'avait piquée, de se rendre à un rendez-vous proposé par un inconnu qui avait son numéro, dégoté elle ne savait pas comment ? Elle aurait pu tomber sur un individu bien louche, aux intentions peu louables, et elle s'était jeté là dedans de façon très bête. Elle en eut un peu honte. Pour se redonner contenance, elle déplia sa jambe et s'assit convenablement, le dos droit, ses mains tirant sur le tissu de sa robe. « Le prochain inconnu qui m'envoie un message sans me dire qui il est, j'appelle la police. » annonça-t-elle solennellement. Et elle hocha la tête pour ponctuer ses paroles.

L'écran s'assombrit quelques secondes, avant de montrer des personnes penchées sur de vieux tableaux, et occupés à les restaurer. Christabella se pencha vers Ezrael. « Bien, maintenant que tu m'as fait la leçon... » Elle pinça les lèvres en adoptant un air faussement vexé. « ...dis moi comment c'était, Dublin. Et l'Angleterre ? Est-ce que tu t'es cru à Poudlard quand tu étudiais à Oxford ? Ah non, je sais, dabord, dis moi si tu bois du thé. » plaisanta-t-elle en riant. « Je suis sûre que tu es devenue très anglais. » poursuivit-elle en imitant l'accent britannique.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyVen 25 Oct - 22:03

La résolution de Christabella était à la fois attendrissante et amusante. Ezrael la reconnaissait bien dans cette naïveté dont elle avait fait preuve ce soir-là ; il semblait que le danger n’existait pas à ses yeux. Chacun des agneaux de Dieu ne pouvait être que foncièrement bon, et le monde s’en porterait bien mieux s’il s’agissait là d’une vérité universelle. Mais finalement, Ezrael était bien heureux qu’elle faisait preuve d’une si grande candeur, et se félicitait de sa petite espièglerie. Elle avait seulement eu de la chance qu’il ne s’agisse que de lui de l’autre côté de l’écran. Et à présent, elle était bien consciente du risque qu’elle avait pris pour une personne dont elle ignorait tout. Elle s’était décidée d’un coup d’un seul, que plus jamais elle n’accepterait de rendez-vous d’un inconnu. Et elle avait bien raison !

    « Je préfère ça, jeune innocente ! » dit-il avec un sourire. « Enfin, appelle-moi quand même avant. La police risque de ne pas trop apprécier d’être dérangée par une demoiselle apeurée par un seul message. Et pas la peine de faire cette moue, jeune fille. Sinon tu files dans ta chambre ! » continua-t-il en plaisantant, afin de dédramatiser la situation.

Elle était droite, fixée sur cette nouvelle idée de ne plus adresser la parole aux étrangers. Telle une enfant à qui l’on venait d’expliquer que les hommes en manteau qui distribuaient des bonbons à la sortie de l’école n’étaient que de vils personnages. Mais elle était tellement mignonne ! Il fallait vraiment qu’il arrête de penser à elle, et de la voir comme une éventuelle et future fréquentation. Elle n’était qu’une amie. Une AMIE ; A - M - I - E. Quatre lettres, ça n’était pourtant pas si compliqué à retenir. Et heureusement, une nouvelle fois elle était là pour le détacher de ses troublantes pensées qui finiraient par lui mener la vie dure. Elle voulait en savoir plus, rattraper le temps perdu et savoir comment étaient ces années passées loin l’un de l’autre. Après tout, bien qu’ils aient gardé contact, ils avaient des centaines de choses à se raconter, des milliers de détails et d’anecdotes à expliquer. Ils pourraient certainement y passer une semaine sans s’arrêter, que ça ne suffirait toujours pas. Mais peu importait, pour le moment il riait.

    « Mais j’ai l’impression que tu ne me connais pas ma Christa. Tu oublies que je suis quand même anglais de naissance ! Le thé c’est pas une simple boisson, c’est une tradition ! » termina-t-il, toujours souriant. « Et je ne parle pas comme ça. Saleté ! J’espère quand même l’avoir perdu ce satané accent. » il rit de nouveau. « Tu sais que les gens étaient souvent épatés quand je leur disais que je suis british, et que mes ancêtres le sont aussi depuis des générations. »

Il avait beau ne pas apprécier vraiment l’accent anglais de ses pairs, il n’était pas moins fier de ses origines britanniques et principalement anglaises. Il était né là-bas, et bien qu’il ait quitté sa terre natale très tôt, il se sentait toujours très européen dans l’âme, et pour tout avouer, il n’avait pas la nationalité américaine du tout. Pour pouvoir l’adopter, il devrait se défaire de l’anglaise, et il était tout à fait hors de question qu’il le fasse.

    « Dublin c’est sympa, c’est mignon comme ville. C’est bien plus grand que Lima, il faut l’avouer, mais ça reste très petit pour une capitale. On en fait vite le tour. Le temps est invivable. Il fait froid tout le temps, avec de la pluie, de la neige. On ne dit pas que l’Irlande est verte pour rien, je t’assure. Les moutons m’insupportent, et je ne te parle même pas de la Guinness… Mais pour être honnête, c’est quand même assez incroyable comme pays. Les gens sont extrêmement sympathiques, accueillants et la culture est géniale. Je ne regrette pas mes deux années là-bas. Mais y vivre plus longtemps, c’est juste impossible quand tu viens d’un… D’un vrai pays. Je sais pas si je suis très clair. » termina-t-il avec humour, en riant.

Il y avait tout de même du vrai dans ce qu’il disait. Il se plaignait souvent d’avoir atterri à Dublin, qu’on l’y ait presque forcé, finalement. Mais il y avait passé de très bons moments. Ses amis étaient charmants, tout le monde, d’ailleurs. Il s’agissait d’un des hôpitaux les plus prestigieux d’Europe, et il n’y avait pas été placé pour rien. Il avait énormément appris, il avait assisté à des chirurgies exceptionnelles, rares pour certaines. Il avait vécu deux années difficiles, peu « sociabilisantes », mais après tout, il n’était pas allé là-bas pour cette raison non plus. Il avait pourtant décidé de partir et de terminer son internat ailleurs. Le doyen de l’université le lui avait accordé. Il pouvait bien s’estimer heureux d’être deuxième de promo et d’avoir perdu sa mère récemment. Jamais on ne le lui aurait accordé dans d’autres circonstances.

    « Et l’Angleterre c’est toujours aussi bien. J’ai eu du mal à retrouver Oxford quand même. Enfin, c’était pas facile d’y revenir… Je crois que je t’en avais parlé, mais c’est vrai que c’est vraiment une manière de vivre que je n’avais jamais trop connu avant, et la culture anglaise est quand même super spéciale. Je ne te parle même pas des cours. Mais bon, quand je suis allé à Londres, j’ai eu envie d’y rester pour toujours ! C’est tellement génial comme ville… Il faudrait vraiment que je t’y emmène un de ces jours. » déclara-t-il pour finir. « Je parle, je parle, mais du coup je monopolise complètement la conversation ! J’ai vraiment des milliers de trucs à te dire, c’est dingue. » confia-t-il en levant les yeux. Il avait presque honte de parler autant. Ca ne lui ressemblait pas. « Parle-moi donc de toi ! Raconte-moi ces histoires de famille. Et tes études ! »
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyJeu 31 Oct - 21:47

Christabella avait presque oubliée qu'Ezrael était Anglais de naissance. En vérité, il n'avait pratiquement plus une trace de l'accent britannique que les filles trouvaient si charmant, à part peut-être en de rares occasions. Comme les Américains, ils mâchaient ses mots, et c'était bien dommage. Pour avoir vu beaucoup de films avec des acteurs Anglais, Christabella, comme bon nombre de filles, avait un faible pour l'accent classe des britanniques. Ezrael s'était si bien adapté à sa vie d’Américain qu'il passait difficilement pour un Anglais. Du moins, c'était le cas avant. Il ne devait pas s'en rendre compte, mais en l'écoutant parler, on ne pouvait passer à côté des intonations qu'il avait repris en étudiant à Oxford. C'était subtil, mais en se montrant un peu attentive, Christa remarqua qu'il ne prononçait plus les mots de la même façon qu'elle. Pourtant, il semblait bien convaincu d'avoir perdu son accent british et de s'être remarquablement bien adapté sur le sol américain, qu'elle omit de lui préciser que ce délicieux accent était de retour. Elle se contenta de sourire avec malice, les yeux pétillants, faisant fi de la pointe de regret à l'idée que très vite, il se remettrait à parler de façon très américaine.

La description que fit Ezrael de Dublin ne tenta pas du tout la jeune femme, contrairement à l'éventualité d'un jour, aller visiter les villes anglaises. Elle n'avait jamais eu l'occasion de quitter Lima, exceptée pour aller étudier à l'OSU, et à dire vrai, elle ne considérait pas le fait d'aller à l'université comme un réel départ. Mais Ezrael, lui, avait vu tellement de choses. Il avait voyagé dans de nombreux endroits. Par le passé, il lui avait montré les albums de photo souvenirs, où il posait, avec ses sœurs, dans plein de villes différentes. Elle l'enviait.
Un jour, elle partirait. Peut-être une fois que ses études seraient terminées, peut-être avant, pour aller étudier dans une autre ville, voir dans un autre pays, à l'instar d'Ezrael. Elle irait à l'aventure. En aurait-elle le courage ? Christabella avait vécu sous le joug de ses parents toute sa vie. Elle n'était « libre » que depuis à peine un an, et ça ne s'était pas passé aussi bien qu'elle l'aurait voulu. Alors qu'il lui avait fallu autant de temps pour se prendre en main et apprendre à vivre seule, serait-elle vraiment capable de prendre l'avion pour aller dans un endroit inconnu ? Lima était peut-être une toute petite ville, insignifiante, où il ne se passait jamais rien, Christabella y avait vécu toute sa vie, et elle y avait ses habitudes. Ce serait un bien plus gros changement, de partir vivre ailleurs, bien plus que d'apprendre à vivre sans ses parents.
Christabella eut un sourire, lorsqu'Ezrael lui fit part de son envie de l'emmener visiter Londres. Ah, si seulement ! Elle espérait qu'un jour, ils pourraient en effet partir. Son expression se fit nostalgique, alors qu'elle dévisageait le jeune homme. Tant d'années étaient passées, depuis qu'ils avaient rompus, à la fin de leur année de Terminale. Aujourd'hui, ils étaient des adultes, mais pour autant, pouvaient-ils partir en voyage tous les deux, sans qu'il n'y ait d'ambiguïté ? Christabella ne voulait pas lui poser cette question si vite, mais il faudrait bien qu'elle lui demande s'il avait quelqu'un dans sa vie.

Incapable de l'arrêter dans son monologue, la jeune femme retint un rire lorsqu'il finit par se rendre compte qu'il parlait... beaucoup. Ce qui ne la dérangeait pas, en fait. Elle n'avait jamais été une fille bavarde. Mais il devait brûler de curiosité, lui aussi. Pour autant, elle ne répondit pas immédiatement. Ezrael voulait en savoir plus sur sa famille, évidemment. Il l'avait connu pendant trois ans, et il avait toujours su dans quel environnement elle évoluait. Pour autant, il n'avait jamais rencontré les parents de Christabella, fort heureusement. Mais elle lui avait de nombreuses fois raconté comment les choses se déroulaient, chez elle. Les prières, les corvées, les nombreuses punitions, parfois sans réelles raisons. A présent qu'ils étaient adultes, il voulait peut-être savoir où elle en était. Prenant le temps de réfléchir, de bien choisir ses mots, Christabella se passa la langue sur les lèvres en baissant brièvement les yeux. Elle choisit de se concentrer sur la deuxième question d'Ezrael, et en relevant la tête, elle sourit. « Je suis étudiante en Arts du Cinéma, à présent. En deuxième année. » révéla-t-elle fièrement.
L'année dernière, elle avait suivi un double-cursus, suivant des cours en génie génétique, et en arts du cinéma. Elle l'avait fait parce qu'après la confrontation, violente, avec ses parents, elle avait eu des doutes. Elle avait choisie une filière très difficile, persuadée qu'il lui fallait un bon métier plus tard. Face aux paroles très dures que ses parents avaient eues, elle s'était demandé si elle voulait continuer dans une voie qui, certes, lui apporterait une excellente situation plus tard, mais ne lui apportait pas, présentement, de satisfaction. Passionnée par le cinéma, elle s'était donc inscrit dans un autre cursus. Et l'étude du cinéma lui avait tellement plu, que cette année, elle avait abandonnée la génétique pour ne se consacrer qu'à cette filière. Elle ne regrettait pas. Elle adorait ce qu'elle étudiait. Elle haussa une épaule. « C'est très différent de ce que j'étudiais avant. Moins difficile, par exemple. Mais bien plus épanouissant. » ajouta-t-elle avec conviction. « Je ne dis pas que je ne terminerais pas mes études en génétique. Il y a de fortes chances que je m'y remette un jour, parce que ça me manque un peu. Mais... j'avais envie de faire quelque chose que j'aurais décidé de faire parce que ça me plaît, et pas parce qu'il faut le faire. » Elle désigna la salle sombre avec un geste du doigt. « Qui sait, un jour, on diffusera peut-être un de mes films dans ce cinéma. » ajouta-t-elle avec humour. Et intérieurement, elle supplia Ezrael de ne surtout, surtout pas lui demander des nouvelles de sa famille.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyMer 13 Nov - 18:42

Venait-elle vraiment d’ignorer sa première question concernant sa famille ? Ou était-ce un simple oubli ? Ezrael n’était pas certain. La situation était telle qu’il lui était impossible de savoir, et l’air si naturel de Christabella ne semblait pas tricher. Pourtant ce dernier regard fuyant… Elle venait de baisser les yeux. Il la connaissait par cœur. Il était impossible et impensable qu’elle eût pu omettre sa question sans avoir sur son visage cet air coupable. Elle tellement craquante lorsqu’elle l’arborait, et il savait qu’elle n’osait pas répondre à l’une de ses questions. Christabella n’avait jamais su mentir, et elle aurait bien pu être douée, Ezrael savait pertinemment que jamais elle n’aurait osé le faire. Le mensonge n’était point pécher, mais le Seigneur ne le permettait pas pour autant. C’est pourquoi elle ne préféra rien dire et passer à la seconde partie de sa question. Qu’avait-elle donc à lui cacher de si grave pour ne pas lui répondre de la sorte ? Elle semblait presque bouleversée dans ce regard qu’il avait pu repérer. Il se félicitait de la connaître aussi bien, sa Christabella. Ce regard était quasiment imperceptible, mais rien ne pouvait lui échapper. Elle n’avait pas changé d’un cil, finalement. Du moins, pas dans sa manière d’être.

Elle parlait donc de ses études. Elle en parlait avec beaucoup d’intérêt et de passion. Il savait que le cinéma avait toujours fait partie des centres d’affection de la demoiselle, et lorsqu’Ezrael avait appris qu’elle avait changé d’orientation pour le cinéma, il n’était absolument pas surpris, mais plutôt fier d’elle. Il était certain que la génétique lui aurait très bien convenu, et elle semblait plutôt attachée à ce projet de vie lorsqu’ils en parlaient ensemble avant leur graduation. Mais quand il y repense, rien ne pourrait plus la satisfaire qu’une carrière de cinéaste. Il espérait, tout comme elle, un jour pouvoir venir dans cette même salle, pour découvrir le dernier film de la fameuse Christabella A. Gillespie. Rien ne le rendrait plus heureux pour elle, d’ailleurs. Comme elle le disait, ses études étaient épanouissantes, et il était évident qu’elle l’était, épanouie. Son regard et sa grâce ne mentaient pas.

Elle avait pris son envol. Là, résidait tout le secret de la belle. Ses études qu’elle avait choisi par elle-même, représentait sa liberté, son indépendance. Il n’était plus question que ses parents prennent ses décisions à sa place, comme ils le faisaient sans arrêt lorsqu’ils se côtoyaient. Et il était temps, à quasiment vingt-cinq ans.
Une minute… Ses parents avaient acceptés qu’elle abandonne de cette manière les études qu’ils lui avaient fortement conseillés de commencer ? Comment diable était-il possible qu’elle s’en soit sorti aussi bien ? Ezrael savait qu’il avait manqué quelques épisodes de la vie de son amie, et ex-petite amie, mais il ne se souvenait pas qu’aux vingt-et-un ans de leurs enfants, les parents Gillespie se comportaient soudainement en hippie laissant une aveugle liberté à leurs progénitures… Il n’en ferait rien, se tairait, mais il sentait que quelque chose d’anormal avait eu lieu dans la vie de Christabella. Il finirait par le savoir. Elle aurait besoin de se confier à un moment ou à un autre. Il la connaissait beaucoup trop bien.


    « C’est vraiment génial que tu fasses ça. Ça te ressemble tellement plus que la génétique. Bien que tu étais très bien dans ce rôle-là aussi ! » se rattrapa-t-il en vitesse, avant qu’une méprise n’arrive. « Tu côtoies toujours Hamilton ? J’ai appris qu’elle avait créé une chorale. Un médecin à l’hôpital m’a réengagé dans les Awesome Voices, du coup il m’a fait un topo de la situation "dramatique" (dit-il en mimant les guillemets avec ses doigts) qui les touchait. » s’amusa-t-il.

Ezrael faisait déjà partie des Awesome Voices auparavant, lorsqu’il était encore lycéen. Et il s’avérait que Wyatt Pillsbury, le frère d’Emma Pillsbury elle-même, celle qui l’avait tant aidé à monter son dossier pour Oxford, était gynécologue dans le même hôpital que lui, et aussi choriste dans la fameuse chorale qu’il avait tant aimé étant adolescent. En bref, une suite d’événements plus incongrus les uns que les autres, le tout saupoudré d’un peu de coïncidence l’avait finalement poussé à retourner chez les AV. Ils n’étaient pas vraiment nombreux, voire complètement esseulés, mais ils devaient se battre pour retrouver leur statut de chorale, qu’ils avaient perdus après une compétition. Il n’avait pas cerné tous les détails de l’histoire et de l’équation, mais le résultat était le même. Après tout, il était heureux de retrouver les Awesome Voices. Il y avait passé d’excellents moments, avec des personnes extrêmement passionnantes et passionnées, et ça lui ferait deux heures hebdomadaires à penser à autre chose qu’au travail.


    « Et tu travailles tous les jours, ici alors ? Ça te paye tes études ? » la questionna-t-il avec le sourire.

S’il continuait à lui poser des questions concernant sa vie, il finirait peut-être par détourner des informations sur cette étrange omission qu’elle avait fait quelques instants plus tôt.


Dernière édition par Ezrael Z. Ashmore le Mer 20 Nov - 19:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyMer 20 Nov - 14:52

C'eut été stupide d'imaginer qu'Ezrael, qu'elle connaissait depuis des années, qui avait été son meilleur ami, avant de devenir son petit ami, ne verrait pas son regard fuyant, et ne s’apercevrait pas qu'elle venait d'éviter une de ses questions. Une part de Christabella savait pertinemment qu'Ezrael se rendrait compte qu'elle ne lui disait pas tout, qu'elle cachait quelque chose. Mais elle devait quand même essayer, elle n'avait pas la plus petite envie de s'étendre sur ce qui s'était passé l'année dernière.
Elle eut honte de faire des cachotteries alors qu'ils venaient à peine de se retrouver. L'honnêteté et la sincérité avait toujours été une part importante de leur relation, qu'ils aient été de simples amis, ou un couple. Ils se respectaient suffisamment pour ne pas avoir de secrets l'une pour l'autre. Mal à l'aise, Christabella se tritura les doigts nerveusement. Elle s'en voulait, mais ne savait pas comment aborder le sujet. Ezrael avait été honnête, il venait de lui donner la raison qui l'avait poussé à revenir aux États-Unis. Il ne lui avait pas caché la tragédie qui venait de secouer sa famille, ce qui accentuait le sentiment de culpabilité qu'elle ressentait en choisissant de se taire. Que craignait-elle ? Si elle avouait à Ezrael que ses parents l'avaient mise à la porte l'an dernier, et que ses frères et sœurs s'étaient rangés à la décision parentale et ne lui adressaient plus la parole, il aurait de la compassion à son égard. Il serait triste. Il ne la jugerait pas. Il ne jugerait peut-être même pas ses parents. Il se contenterait de la serrer contre lui, et il l'embrasserait.

Cette pensée la fit cligner des yeux de surprise. Il ne l'embrasserait pas ! Ils n'étaient plus ensembles depuis des années, ils avaient rompus d'un commun accord avant qu'Ezrael ne quitte Lima pour aller étudier à Oxford, et même si elle avait souffert de cette séparation, elle s'était rapidement fait une raison. Elle avait tourné la page. Alors, d'où venait cette curieuse certitude qu'il la consolerait d'un baiser ? En voilà une idée. Elle chassa cette pensée parasite, stupéfaite de l'avoir eue.

A la place, elle se tourna à nouveau vers Ezrael, prenant soin de ne pas baisser les yeux vers les lèvres du jeune homme. « J'ai postulé à nouveau l'an dernier, en revenant vivre à Lima après la remise de diplôme. J'avais besoin d'un travail après... » Elle s'interrompit de justesse. Il y eut un flottement d'à peine une ou deux secondes, et elle poursuivit presque immédiatement : « ...avoir quitté la résidence universitaire. La bourse que j'ai n'incluait pas ce genre de logements, alors j'ai dû chercher un appartement ici. Je vivais avec Leah et Timothy, mais ils ont tout les deux déménagés alors maintenant, je vis seule. Dans l'appartement de Leah, elle me le loue pour une bouchée de pain. J'ai de la chance. » Effectivement, elle avait eu beaucoup de chance que Leah lui propose de venir vivre avec elle, et encore plus que son amie ne lui fasse payer qu'une misère en guise de loyer. L'appartement était beaucoup trop grand pour une seule personne, mais Christabella avait pris l'habitude d'être seule. Même à l'époque où ils vivaient à trois, elle ne croisait que rarement ses colocataires, chacun ayant un rythme de vie qui lui était propre. Mais tout de même, peut-être lui faudrait-il chercher un nouveau colocataire.
« Et je suis désolée de te dire ça, mais maintenant que tu as rejoint les Awesome Voices, nous sommes rivaux. » annonça-t-elle en penchant la tête de côté, le visage faussement tragique. « J'ai rejoint la chorale de Cassy peu après mon retour à Lima. » expliqua-t-elle. «  A l'époque, je voulais surtout renouer avec elle. Toutes ces années à ne se voir que de manière épisodique nous avaient quelque peu éloignées l'une de l'autre. Mais à force, j'y ai pris goût. Je me souviens qu'au lycée, je ne prêtais que peu d'attention aux chorales, mais maintenant, je comprends mieux. » De toutes façons, quand bien même aurait-elle voulu rejoindre l'une des deux chorales qui se faisaient alors la guerre, ses parents auraient refusés tout net. Les chansons que les Awesome Voices et les New Direction chantaient ne rentraient certainement pas dans les critères de ses parents. A l'époque, Christabella n'était de toutes façons pas du tout intéressée par les chorales. En vérité, elle n'avait rejoint les Second Chance que pour être proche de Cassandra, et garder un œil sur Ashandra, qui lui avait fait l'effet de cacher des secrets. Elle se souvenait encore de leur rencontre, sur le seuil de l'Eglise, et il lui avait semblé indispensable d'être auprès de son amie pour s'assurer qu'Ashandra n'avait pas un peu perdu les pédales. Et puis au fil des mois elle s'était investie, avait pris goût à la chanson. Elle avait travaillé sa voix, et s'était surprise à aimer pousser la chansonnette. Son affection pour Cassandra avait fait le reste. Aujourd'hui, elle était loyale à sa chorale. « Les choses sont un peu difficiles pour nos deux chorales, tu le sais. Mais il ne faut pas perdre espoir. Même si parfois, c'est dur d'y croire encore. » conclut-elle doucement.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyMar 10 Déc - 19:15

Alors qu’Ezrael venait de demander à la brunette si ce travail lui payait ses études, Christabella  semblait des plus stressées. Elle se triturait les doigts nerveusement, et avait cet air de culpabilité dans les yeux. Omission qui devait la ronger de l’intérieur. Il la connaissait comme s’il l’avait faite ; elle devait s’en vouloir de toute son âme de ne pas lui avoir parlé de cet évènement, et il semblait que ce fut une partie vraiment importante de sa vie, mais qu’elle préférait garder pour elle encore un peu plus longtemps. Il ne lui en voulait pas. Cependant, cette nervosité semblait tellement vive en elle, qu’elle en était presque contagieuse. Ezrael posa alors sa main sur celles de Christabella, de manière à ce qu’elle comprenne qu’il n’y avait rien de grave. Il plongea son regard dans les yeux noisette de la demoiselle, et glissa un simple « ne t’inquiète pas » discret, mais qui lui suffirait certainement à comprendre qu’il respectait son choix. Elle ne voulait pas en discuter ; très bien, ils n’en parleraient pas. Et alors tout alla mieux.
Christabella se mit à expliquer le pourquoi du comment elle était toujours guichetière dans ce cinéma. Il apprit alors qu’elle avait été colocataire de Leah Woods et de Timothy Ainsworth, deux de ses anciens co-équipiers d’Awesome Voices. Il s’entendait bien avec Leah, mais il avait un souvenir de Timothy très spécial. Ce garçon n’était pas méchant dans le fond, mais sa manière de réagir face à la vie était d’une étrangeté assez troublante. Ezrael l’appréciait plutôt bien, comparé aux ennemis qu’il pouvait collectionner dans l’ensemble des lycéens, mais jamais il n’aurait pu entretenir une relation plus poussée avec un garçon comme lui. Trop marginal, peut-être. Il s’étonnait d’ailleurs de savoir que Christabella ait pu vivre avec un énergumène pareil. Leurs personnalités étaient tellement divergentes…

    « Tu as vécu avec Timothy ? Tu parles de Timothy Ainsworth ? Le tatoué soliste des AV de l’époque ? Quand t’es-tu transformée en délinquante forcenée ? » interrogea-t-il sa jolie interlocutrice. Il avait pris un ton d’humour, mais sans arrière-pensée malvenue. « Et il est où cet appartement si luxueux ? »

Il avait du mal à se faire à l’idée que sa petite protégée de dix-huit ans, si fragile et incertaine de sa vie future était devenue une femme comme cela. Il se doutait bien qu’elle avait évoluée, et mûrie. Elle n’était pas différente des autres jeunes filles sur ce point-de-vue-là. Mais il était extrêmement étonné qu’elle ait autant progressé. Elle avait vécu en colocation avec Ainsworth, tout de même ! Il y avait là un certain exploit non négligeable. Elle avait même tenu tête à ses parents, et avait changé d’orientation, certainement contre leur avis. Elle était devenue une personne si mature ; lui-même ne se sentait pas aussi mûr dans sa tête.

    « Comment ça rivaux ? » s’enquérit-il avant même d’entendre la suite de ce que Christabella allait exposer. Il était interloqué. En plus de toutes ces choses dans lesquelles elle avait évolué, elle s’était inscrite dans une chorale, et faisait entendre sa charmante voix de sirène à toute une assemblée. Il sourit, à cette pensée, tout en l’écoutant parler. « Mais c’est génial ça ! Je croyais que tu n’aimais pas ça, chanter devant tout le monde ? C’est pas ça que tu disais quand on était au lycée ? » demanda-t-il avec incertitude. Peut-être n’était-ce pas elle qui était tant incommodée par une foule de spectateurs concentrée sur les quelques notes qui sortiront de sa bouche ? Pourtant il semblait se souvenir de ce détail… Mais après tout, elle était devenue cette femme si sûre d’elle, elle pouvait bien avoir changé d’avis concernant le fait de chanter devant une assistance.

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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyDim 5 Jan - 22:38

A mesure qu'elle se dévoilait, Christabella prenait conscience qu'elle n'avait pratiquement personne à qui parler de sa vie. Elle énuméra mentalement ceux qu'elle côtoyait quotidiennement. Mis à part ses collègues, tous très charmants mais avec lesquels elle n'entretenait qu'une relation vaguement amicale, elle voyait les membres de la chorale plusieurs fois par semaine, mais n'avait jamais eu l'opportunité, ni l'envie, de se confier à eux. A aucun d'entre eux. A mesure que les répétitions s'enchaînaient, ils avaient tous appris à se connaitre, et étaient tous plus ou moins amis, certains avec plus d'affinités que d'autres, mais jamais au point d'amener la jeune femme à en dévoiler plus que nécessaire sur sa vie. Lorsqu'elle était revenue à Lima, elle avait confiée son histoire à Cassandra, bien entendu. Son amie méritait de savoir ce qu'elle traversait. Leah avait également été mise au courant, puisque touchée par la détresse de son ancienne camarade de lycée, elle lui avait tout naturellement proposé de venir vivre avec elle. Et récemment, Christabella s'était confiée, aussi surprenant que cela puisse paraître, à Robbie. Le concernant, Christa avait une petite idée sur ce qui avait pu la pousser à raconter sa vie à quelqu'un qu'elle ne connaissait pratiquement pas. C'est précisément le fait qu'ils soient de vrais inconnus l'un pour l'autre, qui lui avait permis de se montrer honnête. Mais au final, à part ces trois personnes, Christabella n'avait personne d'assez proche pour oser parler de sa vie.

Un sentiment doux-amer s'empara d'elle. Cette solitude avait toujours été sa plus fidèle compagne. Adolescente, bien qu'entourée constamment par ses frères et soeurs, elle l'avait très vite ressentie. Cette distance, cette différence. Contrairement à ses soeurs, elle n'envisageait pas de devenir femme au foyer. Ses idéaux avaient toujours été éloignés de ceux que ses parents s'échinaient à lui inculquer, à lui faire rentrer de force dans la tête. C'était là qu'avait commencé sa solitude. Elle n'avait eue que peu d'amis proches, et ce durant toute sa scolarité. Elle s'en accommodait fort bien, et trouvait le silence apaisant. Rassurant. Elle pouvait lever les yeux et regarder autour d'elle, ne voir que du vide, et savoir précisément ce qui se trouvait autour d'elle. Pas de surprise, pas d'imprévus.
Pour autant, alors qu'elle taisait volontairement un pan douloureux de sa vie à celui qui avait été son premier ami masculin, et son premier et unique amour, cette solitude lui paraissait soudainement pesante. Comme un manteau qu'on porte tout l'hiver et qui, une fois le printemps revenu, nous semble trop lourd, trop épais pour les beaux jours. Ezrael revenu à Lima, c'était comme si les nuages se décidaient enfin à s'écarter pour laisser passer un soleil bienfaiteur et longuement attendu, qui la réchauffait et lui permettait d'ôter son lourd manteau d'hiver.

« Beaucoup de choses ont changées. »déclara-t-elle d'un ton songeur. L'écran géant faisait défiler une succession de paysages montagneux et enneigés, suivis par les mêmes paysages mais peints sur toiles. Les couleurs froides éclairaient le visage de Christabella d'une lueur glacée, presque blafarde. Mais la neige de ces images ne l'atteindraient plus, maintenant. Elle se tourna vers Ezrael et lui adressa un sourire un peu tordu. « Je ne t'ai pas tout dit. » confessa-t-elle doucement. « Quand je suis revenue à Lima, l'an dernier, mes... parents... mes parents m'ont mises à la porte. » Avec un léger soupir, Christa s'enfonça dans son fauteuil. Elle avait l'impression, comme lorsqu'elle s'était confiée à Robbie, que ces mots qui franchissaient ses lèvres étaient comme autant de couches qu'elle enlevait. Elle se libérait, elle se sentait à chaque fois plus légère. Cela n'atténuait pas la gravité des choses, mais lui permettait d'appréhender la situation avec plus de distance, avec moins de douleur dans la voix et dans le coeur. « Ils n'approuvaient pas mes choix. Mes études. Ma vie. Ils voulaient que je fasse comme toutes mes soeurs : que je me marie, et que je fonde une famille. Et que je me taise. Mais j'ai eu mon diplôme. Je suis allée à l'université, j'ai vécue dans une résidence étudiante. Ils ont appris, pour toi et moi. »Son regard glissa rapidement vers Ezrael. « J'ignore comment, après toutes ces années. Je suis partie cinq ans, et quand je suis revenue, ils ont dit que je n'étais qu'une putain, et ils m'ont jetée dehors. Je ne les ai pas revus depuis. »
Ce déballage de faits s'était déroulé d'une voix presque normale, comme si au lieu de raconter comment ses parents l'avaient reniée, elle avait raconté comment son dernier partiel s'était passé. A nouveau son regard se porta sur Ezrael. « C'est pour cela que je me suis retrouvée à vivre avec Leah et Timothy. »conclut-elle avec ce même sourire un peu tordu. « Je ne suis pas malheureuse. Plus comme avant. Tu méritais de le savoir. Tu es mon meilleur ami. » ajouta-t-elle avec tendresse.
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MessageSujet: Re: 02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there.   02. how will i recognise you? - - ho, don't you worry about that, you'll know when i'm there. EmptyMer 5 Fév - 14:55

Ezrael fut surpris qu’après son avalanche de questions concernant sa colocation avec Tim et son adhésion à une chorale, Christabella ne trouve que ces quelques mots à lui répondre. Beaucoup de choses ont changées. Oui, très certainement. Elle-même, avait beaucoup changé. Ezrael se rendait bien compte qu’il n’avait plus affaire à la même Christabella. Il ne faisait que de se faire cette même réflexion quant à la maturité que sa belle ex-petite-amie avait acquise au fil des années. Soudainement, le visage de la jeune femme se dévoila, alors qu’elle avait les yeux posés sur l’écran de cinéma devant elle. Elle semblait prise dans ses pensées, et il ignorait si elle avait même véritablement écouté tout ce qu’il avait pu lui dire. Il s’en fichait bien, pour l’importance de ses propos ; il comprenait bien qu’elle avait peut-être autre chose dans la tête à cet instant. Puis après un instant presque pesant sans un bruit dans la salle, Christabella commença à se confesser. Elle ne regardait plus les images qui défilaient, mais elle le regardait lui. Elle avait les yeux plongés dans les siens, et avait sur son visage une sorte de malaise à chaque mot qu’elle prononçait.

Ezrael écoutait avec beaucoup d’attention, souhaitant capter chaque détail de l’histoire. Il avait compris que ce qu’elle avait à lui dire était d’une importe primordiale, et d’autant plus qu’il savait qu’elle avait mis quasiment une heure avant de lui en faire part. Il faisait tout pour ne pas réagir, et laisser la brune s’exprimer comme bon lui semblait. Mais ce qu’Ezrael ressentait était plus fort que tout ce qu’il avait pu ressentir depuis le décès de sa mère. De la haine, du désarroi, de la peine, de la stupeur ; tous ces sentiments mêlés les uns aux autres. Ce qui était arrivé à Christabella était de sa faute. De son entière faute. Elle s’était faite chassée de chez elle parce qu’elle avait osé aimer un garçon qui ne ressemblait pas suffisamment aux croyances qu’avaient ses parents. Il était allé trop loin avec elle. Et visiblement, même l’extrême prudence dont ils avaient fait preuve durant leur relation pour que personne ne les découvre, n’avait pas suffi. Mais que lui avait-elle fait ? De la culpabilité venait s’ajouter au poids qu’il avait sur le cœur. Il se voyait soudainement comme un être abominable et égoïste. Il n’avait pensé qu’à son bon plaisir lorsqu’il lui avait avoué ses sentiments alors qu’ils n’étaient pas encore majeurs. Et les trois mots qu’il avait confié à Christabella avait fait de sa vie un enfer. Certes, ses parents n’acceptaient pas véritablement les choix qu’elle avait faits concernant ses études, mais cela ne l’aurait pas mise à la porte de chez ses parents pour autant. Aujourd’hui elle serait peut-être avec un garçon vraiment bien, s’il ne l’avait pas tant corrompu au lycée. Peut-être se marierait-elle, et ce serait son père qui la mènerait jusqu’à l’autel.

Ezrael se sentait extrêmement mal. Une boule s’était formée dans son estomac, comme si un soudain stress s’était abattu sur lui. Et à ce moment, elle lui racontait que c’était pour cette raison qu’elle était allée vivre avec Wood et Ainsworth. Et encore une fois, il savait que tout ceci était de son fait. Si il ne l’avait pas dragué, ils ne seraient pas sortis ensemble, ses parents n’auraient rien eu à lui reprocher, et elle vivrait encore sous leur toit.



    « Que tu ne sois pas malheureuse c’est un fait, et je dois dire que je suis soulagé de l’entendre. Mais moi je le suis. Pour toi. J’ai vraiment la sensation d’être responsable que tu te sois fait jeter de chez toi, et qu’on t’ait traité de… de putain. » dit-il en baissant les yeux, n’osant même pas penser un jour traiter Christabella de la sorte. « Tu as vécu tout ça toute seule, ou presque. J’aurais dû être là pour toi quand tu avais le plus besoin de quelqu’un pour te soutenir. D’autant que tout ceci c’est un peu de ma faute… On n’aurait jamais dû se côtoyer au lycée, ç’aurait été beaucoup plus prudent pour toi. Je sais que je ne t’ai jamais forcé à être avec moi, mais si je ne t’avais jamais avoué mes sentiments, tout aurait été différent, et tu serais encore chez eux. Tu n’es peut-être plus malheureuse du fait qu’ils t’aient rejetée, mais je suis certain qu’ils te manquent, que tu aimerais leur reparler comme avant, et les revoir… »


Ezrael était tourné vers Christabella, mais n’osait pas la regarder dans les yeux. Il avait honte de lui, sans vraiment savoir pourquoi. Il avait beau se sentir extrêmement responsable de tout ce qui lui arrivait, ça n’était pas lui qui l’avait repoussée. Jamais il n’aurait pu, de toute manière.
Il leva finalement les yeux, après un blanc de quelques secondes, faisant raisonner les cloches d’une église romane dans toute la salle de cinéma. Il hésita un instant, puis prit la main de Christabella.



    « Je… Je suis tellement, tellement désolé. Je me sens tellement coupable pour toi. Vraiment. Et je n’ai pas le sentiment d’être ton meilleur ami quand je vois que tout ceci est finalement ma faute, que je n’ai presque pas pris de tes nouvelles pendant six ans, et qu’il t’a fallu presque une heure pour m’annoncer que tes parents t’ont reniés… »


Ezrael ne voulait pas se dévaloriser, et espérait véritablement qu’elle ne ferait pas tout pour le réconforter après ceci en lui disant qu’il ne devrait pas penser tout ceci. Parce qu’il le devrait, et qu’il devrait prendre plus conscience de ses actes, au jour le jour, et de leurs conséquences futures. Mais il la connaissait comme s’il l’avait faite, et il savait qu’elle ne pourrait s’en empêcher.



    « J’aimerai vraiment faire quelque chose pour me faire pardonner. Je pourrais aller voir tes parents, leur expliquer que tout ceci c’est de ma faute, et que ce n’est pas toi qu’il faut blâmer, et qu’il ne s’est jamais rien passé entre nous… Enfin, je m’entends… Mais Chris, sérieusement, dis-moi ce que je peux faire. Je suis sûr qu’on peut arranger tout ça. »


#oeuf n°6
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