Choriste du mois


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 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone

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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
Etoiles : 5836

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Chanson préférée du moment : BEYONCE – XO
Glee club favori : Je me fiche totalement des chorales
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MessageSujet: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyDim 1 Sep - 15:18

Le vacarme coutumier de la maison Pritchard avait laissé place à un intervalle apaisant tout juste perturbé par le grattement régulier d’une mine de carbone sur le papier. La nuit était tombée brusquement sur Lima. C’était la confirmation que l’automne était désormais bien installé, rafraîchissant l’atmosphère lourde de l’été qui venait de passer. Les jours raccourcissaient considérablement si bien que quand elle sortait de la gare pour rentrer chez elle après son service, les étoiles étaient la seule vigie de Harper qui ne s’attardait plus sous le ciel obscur de la ville. Depuis son tête-à-tête avec Larry Faithorn, elle tentait de se faire toute petite. Avec plus ou moins de succès, si on omettait ses (nombreux) sursauts d’insolence en classe. Elle n’avait pas peur que l’homme qu’elle avait confronté des jours plus tôt la prenne au dépourvu en l’attaquant à l’angle d’une rue, car il avait plus à perdre qu’à y gagner en agissant de cette façon à la vue du nombre important de curieux qui se pressaient à chaque passage derrière les rideaux fleuris des foyers de la ville. Harper craignait en réalité de ne pas être assez forte pour tenir sa langue, ce qui lui était pourtant essentiel pour éviter à son ami Jamie de souffrir des répercussions de sa visite impromptue chez son patron dont il ignorait tout. Larry l’avait mise en garde, insistant sur le fait que si elle parlait de leur entrevue à qui que ce soit, il saurait se montrer décisif sur le sort du garçon qu’il employait pour vendre sa drogue.
Harper avait compris. Si quelqu’un devait subir les conséquences de son sursaut de bravoure ce serait James qu’elle évitait depuis. Ça non plus, ce n’était pas évident. Couper les ponts avec Jamie lui était apparu comme la meilleure solution à son problème toutefois. S’ils ne se voyaient pas, ils ne se parlaient pas. S’ils ne se parlaient pas, James ne risquait rien. S’il ne risquait rien, Harper pouvait continuer son petit bonhomme de chemin sans redouter qu’il la déteste pour de bon. Foncièrement, c’était ça aussi qui la contrariait, qu’il s’aperçoive qu’elle n’avait pas tenu ses engagements et qu’il estime que cette fois-ci elle avait été beaucoup trop loin pour lui.

Touchant distraitement la boursouflure longiligne qui barrait sa joue, Harper plissa les paupières de fatigue en reprenant ses occupations, repoussant le plus loin possible les pensées qui l’obnubilaient. Mariella, Joshua et Ethan étaient confortablement installés dans les bras de Morphée depuis plusieurs heures déjà, alors qu’elle était encore attablée dans la cuisine à recompter les billets qu’elle sortait de sa vieille boîte à déjeuner, les répartissant en petits tas pour chaque frais qu’ils couvraient sous les yeux de Julian qui terminait ses devoirs, ses écouteurs vissés aux oreilles.
C’était jours de salaire. Dans l’après-midi, la jeune fille avait récupéré des billets dans son casier au lycée, fruits de ses efforts pour faire remonter la moyenne d’un nouvel élève qui l’avait sollicité après la rentrée des classes. Bien qu’elle lui ait fixé son prix, le jeune homme lui avait attribué un petit extra apprécié. Dès qu’elle avait tenu les billets entre ses doigts, Harper avait su qu’ils compléteraient la liasse qu’elle gardait précieusement et qui était destinée à Madeleine Wild. Par instinct, la brunette attrapa son téléphone portable pour envoyer un texto à Jamie dans l’intention de le prévenir qu’elle avait enfin les 500 $ qu’il l’avait aidé à réunir pour éponger sa dette. Seulement, elle se souvint bien vite que depuis qu’elle avait décommandé Sadie Hawkins, elle s’obstinait à ne plus le contacter.
Harper cessa de sourire. Elle replia les 500 $ qu’elle glissa dans la ceinture de son jean en hochant la tête, attristée. Elle remit les autres billets dans sa boîte, puis se leva pour monter dans sa chambre. Refermant soigneusement la porte derrière elle, elle alla replacer son trésor sous la lame de parquet défoncée située sous son lit, et se redressa pour récupérer une enveloppe dans le tiroir de son bureau sur laquelle elle inscrit le nom de la surveillante. Enfin, elle glissa les billets à l’intérieur, avant d’attraper son manteau.

« Julian… » commença-t-elle tout bas pour ne réveiller personne. Terminant de descendre les marches de l’escalier, elle se rappela que son frère avait de la musique dans les oreilles. Elle quitta donc le hall pour rejoindre la cuisine, et lui retira un écouteur avec douceur. Une fois que son attention fut captée, elle lui demanda « Tu peux garder la maison ? Je dois sortir une minute. » Elle enfila son manteau, fourra l’enveloppe dans sa poche « Tu me donnes vraiment le choix ? » Harper esquissa un sourire, celui qu’elle réservait exclusivement à ses frères, et se pencha pour déposer un baiser humide sur le front de Julian « Je ne serai pas longue, c’est juré. S’il se passe quelque chose… » Elle ferma la fermeture éclair de son manteau et attrapa son téléphone en contournant la table puis elle l’agita dans les airs en direction de Julian lui indiquant qu’il pouvait l’appeler si besoin. Harper lui fit un dernier clin d’œil et quelques pas plus tard, elle sortit par la porte de la cuisine. Direction la pension Preston.

La cloche de l’Église sonna dix coups. Harper accéléra le mouvement sous la fraîcheur nocturne, sentant le poids qui compressait sa poitrine depuis des mois se dissiper au fur et à mesure qu’elle approchait de la pension. Harper avait volé de l’argent à Madeleine pas par désir propre de le faire, ça avait été plus fort que tout. Lorsqu'elle avait vu les billets dans ce sac perdu, cette enveloppe débordant de la somme exacte qu’il lui fallait pour remplacer un lave-linge en panne, elle était passée outre cette petite voix dans sa tête qui lui murmurait de ne pas le faire et avait empoché le pactole sans se soucier des conséquences. C’est seulement le lendemain quand elle rendit son sac à la surveillante sans les billets à l’intérieur, qu’elle comprit qu’elle avait fait une grave erreur. Sans lui révéler la vérité, elle lui avait cependant promis qu’un jour où l’autre, elle récupérerait son argent. Ça lui avait pris plus de temps que prévu, mais Harper avait tenu sa promesse.
Dépassant un buisson qui précédait la vaste allée de la pension, Harper s’arrêta à mi-chemin, s’offrant le luxe de buller en suivant des yeux la trajectoire de la colonne de fumée qui sortait de sa bouche et s’élevait dans les airs. Les pensionnaires avaient décoré la façade pour Halloween. Lilibeth ne savait pas si c’était volontaire mais la citrouille déposée sur la rambarde du petit escalier avait la même expression que le cousin de Jamie, Timothy ; antipathique, faussement effrayante, à la limite de la tête à claques. Il ne lui manquait plus que quelques tatouages et une cigarette au bec pour faire illusion. Harper laissa échapper un rire idiot en levant la tête pour contempler les fenêtres qui s’étalaient devant ses yeux. Automatiquement, elle s’arrêta sur celle qui donnait sur la chambre de Jamie. Un moment, elle envisagea de monter lui dire bonsoir mais elle s’était mis des barrières, et elle devait les respecter. Ainsi, secouant la tête en soufflant très fort ce qui enveloppa son visage d'une buée qui se dissipa quasi immédiatement, elle s’avança vers le perron qu’elle avait tant emprunté au cours de l’été, et déposa l’enveloppe au seuil de la porte qui grinça aussitôt que le papier toucha le tapis.

Surprise, Harper releva le menton. Ses yeux rencontrèrent ceux de Madeleine qui se trouvait face à elle. Dans la précipitation, elle ramassa l’enveloppe qu’elle venait à peine de livrer, provoquant à son poignet encore fragile, un élancement sur lequel elle ne s’attarda pas. Vite, Harper, trouve une excuse, se somma-t-elle. La première chose qui lui vint à l’esprit tandis qu’elle plaquait l’enveloppe contre sa poitrine, fut « Jamie est là ? » Il était 22 h 10, il faisait froid dehors et ils avaient un examen de biologie le lendemain. S’il n’était pas dans sa chambre à bûcher sur les notes qu’elle lui avait faites avant qu’ils ne se voient plus, elle n’hésiterait pas à lui rappeler l’enjeu d’une mauvaise note sur l’obtention de son diplôme à la fin de l’année, qu’importe si l’ombre de Larry Faithorn planait au-dessus de sa tête. Ses pupilles faisant le trajet entre le couloir plongé dans l’obscurité derrière Madeleine et son visage, elle ajouta dans un ton faussement enjoué, tout à fait inhabituel chez elle « Parce qu’il est nul en bio, et qu’on a un examen demain. Je viens en renfort ! » A la limite de sautiller sur place pour donner de la consistance à son mensonge éhonté, Harper la gratifia d’un sourire forcé qui fit remonter ses pommettes et creusa ses fossettes. Tant pis si ça détruisait toutes ses bonnes résolutions, il valait mieux affronter Jamie que d’être prise sur le fait accompli. Ne lâchant pas Madeleine du regard, même pas pour battre des cils, Harper crispa sa main sur sa poitrine et dans une tentative désespérée de sauver les apparences, elle la baissa derechef pour dissimuler le nom inscrit sur l’enveloppe.
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyLun 2 Sep - 17:54

Prenant garde de ne pas mettre ses doigts sur le cliché qu’elle venait de laver pour la dernière fois, Madeleine accrocha sa photo en noir et blanc à la corde à linge tendue au-dessus de sa tête dans la chambre noire improvisée de la pension plus connue sous le nom de chambre d’Anna Preston présentement aux abonnées absentes. La surveillante fit un pas en arrière et inclina la tête pour contempler la série de photos qu’elle avait grappillées tout au long de la semaine à la gare de Lima. Le résultat était plutôt satisfaisant. Suffisamment satisfaisant pour que toutes ses dents apparaissent à la lumière rouge tant son sourire était large. Elles étaient parfaites. Au terme de très longues heures passées à fouiller tous les sites de ventes en ligne possibles sur ses heures de permanence au lycée, la jeune femme avait réussi à dénicher un vieux Leica M avec quelques pellicules pour la modique somme de 40$ et avait immédiatement craqué. Quarante dollars en termes wildiens, c’était une somme non-négligeable. Et s’acheter un appareil photo old school dont elle n’avait absolument pas besoin était une fantaisie qu’elle ne pouvait pas se permettre si elle espérait pouvoir un jour s’offrir le billet d’avion qui la ramènerait en Asie. Enfin... Ça, c’était avant que Brittany Pierce-Holcomb n’entre dans sa vie. Le regard de Madeleine s’arrêta sur une photographie en particulier qu’elle avait longuement hésité à prendre mais qui lui avait finalement servi d’expiation de ses démons. L’exposition y était moins forte que dans les autres clichés, trahissant une lumière encore matinale. La mise au point était faite sur un sac à main en cuir clair au premier plan, abandonné au pied d’un banc laissé flou. Pas de pieds dans le fond, aucune présence humaine, seulement ce sac à côté de ce banc dans une salle d’attente d’ordinaire bondée. Elle aurait eu une bonne note en composition pour un cliché pareil, mais il avait un goût amer.

Le sourire de la photographe en herbe vacilla un instant mais elle releva immédiatement le menton en pinçant les lèvres puis tourna le dos à ses photos pour commencer à ranger son petit bazar. Cela faisait presque un an qu’on lui avait volé l’enveloppe contenant les 500$ du club de cinéma de l’OSU, et elle n’avait toujours pas oublié. De l’eau avait coulé sous les ponts, c’était le moins qu’on puisse dire, mais elle gardait toujours un souvenir vif de ce jour maudit. Sa fierté lui avait interdit d’emprunter de l’argent à ses colocataires qui en avaient aussi besoin qu’elle, et son sens de préservation l’avait gardée éloignée du bureau du principal de McKinley, si bien qu’elle avait été orgueilleusement en difficulté pendant des mois pour retomber sur ses pieds. Des mois à faire des heures supp’ au lycée sans pouvoir se plaindre pour ne pas éveiller les soupçons, à se priver de tous ses petits plaisirs et à ne pas faire la tournée des bars, des mois difficiles à boucler une fois le loyer et les mensualités de son prêt étudiant tombés. Oh elle avait appris de ses erreurs depuis et avait finalement trouvé le courage de retourner à la banque pour ouvrir un compte épargne qui lui servirait à éponger ses futurs jours de pluie mais aussi à financer ses rêves de voyage. Il n’en demeurait pas moins qu’elle se surprenait parfois à dévisager des gamins de Lima Heights qui traînaient dans le quartier de la gare en s’imaginant que le voleur était parmi eux et que si on lui offrait un tête-à-tête de cinq minutes avec le coupable, elle pourrait enfin mettre à profit ses trois cours de Krav Maga. Non non, tout cela était derrière elle maintenant. Elle était passée à autre chose.

«Maddie, vire ton linge de la machine c’est mon tour.» La voix de JJ retentit juste derrière le rideau et fit faire un bond de trois mètres de haut (environ) à la blonde qui hurla immédiatement en réponse. «Mais t’es malade de débarquer comme ça sans prévenir ?! Tu m’as fait peur ! Tu sais que c’est Halloween bientôt ? Tu sais ce qui se passe à Halloween ? Les fantômes sortent Joachim Jones. Les FANTÔMES. T’as vu l’état de la pension ? Je suis sûre que c’est bourré de fantômes. L’autre nuit j’ai entendu l’escalier craquer et une porte en bas couiner, et ça ne pouvait pas être Anna qui descendait se gaver de chocolat, elle n’est pas là. Alors c’était forcément un fantôme qui faisait du repérage.» Sans cesser son laïus moralisateur que d’aucuns auraient décrété absurde, une main sur sa poitrine où son cœur cognait de toute ses forces, elle tira le rideau avec violence pour l’ouvrir et faire face à l’air blasé de JJ visiblement habitué depuis longtemps aux réactions peu communes virant à l’hystérique de sa colocataire. «Conclusion, non, on ne débarque pas comme ça dans le dos des gens en période de crise fantômique. Ce sont des choses qui ne se font pas.» Les sourcils froncés et un doigt pointé en avant vers le visage de son interlocuteur, Madeleine avait adopté son ton le plus officiel, en vain. «Ton linge.» répéta Joachim sans bouger un cil. La blonde roula des yeux, excédée par le flegme anglais du galeriste et le poussa hors de son chemin en grommelant. «Gnagnagna. Ton linge. Ça va, y a pas le feu. C’pas la peine de réveiller les esprits.» Elle dévala les escaliers en gardant l’œil alerte au cas où l’un des ancêtres Preston viendrait à se réveiller pour l’attraper et la traîner dans un trou noir où elle ne pourrait plus profiter de la bouffée d’air frais qu’était la paie généreuse de Brittany pour son travail de décoration au studio de danse.

Elle s’engouffra dans la buanderie en silence et ne perdit pas une seconde à sortir ses vêtements propres pour les trier dans une grosse panière en osier et enfourner tout ce qui résisterait à la chaleur de sèche-linge dans la machine. Une fois cette tâche achevée elle hurla dans la cage d’escalier : «C’est boooooon. Tu peux faire ta lessive semestrielle.» puis traîna des pieds jusqu’à la cuisine où elle ouvrit le placard interdit où étaient “cachés” tous les gâteaux et bonbons. La jeune femme se hissa sur la pointe des pieds et dégagea quelques boîtes entamées de son passage et découvrit avec horreur que tous ses brownies avaient disparu. Son mécontentement se transforma immédiatement en un sourire suffisant. Elle était riche maintenant. Enfin façon de parler. Suffisamment riche pour se permettre un aller-retour nocturne à la supérette du coin pour se racheter des brownies, et si l’envie la prenait, un paquet de chewing-gum goût barbe à papa en tout cas. Sans prendre la peine de chercher sa veste dans l’obscurité du couloir, elle attrapa ses clefs de scooter et un peu de monnaie à tâtons dans le vide-poche à l’entrée et ouvrit la porte pour tomber nez-à-nez avec une tête brune penchée vers le paillasson. «Kyaaaaa !» cria Madeleine en faisant à nouveau un bond en arrière sous le coup de la surprise. Elle s’apprêtait à hurler au meurtre ou à l’agression par un revenant lorsqu’elle reconnut Harper Pritchard qui releva le nez pour la regarder comme une biche prise par les phares d’une voiture. «Mais qu’est-ce que tu fous là à cette heure-ci toi ?» demanda-t-elle d’un ton accusateur en essayant tant bien que mal de se remettre de ses émotions. Ses yeux tombèrent alors sur l’enveloppe qu’elle ramassait avec précipitation et ses sourcils s’arquèrent tandis qu’elle lui demandait si Jamie était à la pension en guise de justification. Ses pupilles trouvèrent un instant celles de la jeune fille qui en faisait des tonnes en inspectant l’intérieur de la maison derrière elle avant de retomber sur l’enveloppe suspecte qu’elle tenait contre son cœur. «Jamie est à une soirée avec les autres gamins de l’équipe.» déclara-t-elle d’une voix plus contrôlée avant de s’avancer dans le cadre de la porte. «Qu’est-ce que tu tiens là ?» poursuivit-elle plus inquisitrice. «T’as ramassé ça sur le pallier ? Donne la moi.» exigea-t-elle en tendant la main vers la lycéenne.
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyMar 3 Sep - 17:33

« Vraiment ? Quelle soirée ? » répondit Harper à Madeleine quand elle lui indiqua que Jamie n’était pas là. On ne la prévenait jamais de ce genre de choses. Pourquoi diable personne ne la prévenait jamais de ce genre de choses ? Sans nul doute parce que Pritchard s’en fichait royalement d’être invitée ou pas à ces petites sauteries durant lesquelles la moitié de l’équipe des cheerleaders du bahut refilait la mononucléose – entre autres – à celle des footballeurs entraînant la colère du coach Beiste qui devait compter sur son équipe de réserve (quand celle-ci n’était pas de la partie évidemment) pour se prendre des coups à la place de ses vaillants champions. Néanmoins même face à cette évidence, son front se plissa sous le coup de la vexation pendant qu’un long silence lourd de sens s’installa entre la blonde et la brune.
La brise automnale fit virevolter les mèches rebelles de la jeune fille qui souffla rageusement dessus pour les repousser de son visage empourpré tandis que ses méninges tournaient à plein régime pour la sauver de ce fâcheux retournement de situation auquel elle ne s’habituait décidément pas. Pour une fois que Jamie n’était pas présent quand elle avait besoin de lui elle n’allait pas le blâmer. Il ne fallait pas qu’elle oublie qu’elle le snobait depuis une semaine disparaissant partout où il ne pouvait pas rentrer pour éviter d’avoir à affronter ses yeux d’un bleu singulier. Pourtant un sentiment fugace de déception força la jeune fille à se redresser de toute sa stature de sportive émérite pour précipitamment embrasser les différentes options qui s’offraient à elle. Son cœur manqua une pulsation. Elle était de nouveau confrontée à un excès de confiance qu’elle aurait mieux fait d’esquiver cette fois. Car plus qu’une mise en garde à vous glacer le sang, si elle était prise en train de remettre une somme d’argent perdue il y a des mois par la grande perche à l’air branque qui se trouvait en face d’elle, c’était le refus catégorique des propriétaires d’accéder de nouveau à leur pension qu’elle récolterait. Or, cet endroit, Harper l’adorait. Elle ne l’expliquait pas. Peut-être était-ce à cause des grandes fenêtres qui donnaient sur le jardin abandonné, l’odeur du bois abîmé qui s’engouffrait dans les couloirs en désordre de l’étage toujours animé, le grincement inévitable des lattes du parquet et la chambre noire installée dans l’antre de la plus adulte de tous les pensionnaires… Elle ne savait pas, elle aimait venir ici. Et c’est à ce moment-là que Harper comprit qu’elle n’était pas du tout prête à ne plus jamais revoir Jamie, tant l’idée d’être privée de pension scindait son cœur en deux, autant si ce n’est plus que quand elle avait appris à l’âge de quatre ans que Bambi ne reverrait plus jamais sa maman.

L’attention de Madeleine se porta sur l’enveloppe qu’elle venait de fourrer dans sa poche « Rien. » affirma Harper avec un peu trop d’empressement lorsqu’elle lui demanda ce qu’elle tenait là « Les tickets pour le bal, je les ai eus ce matin. On y va avec Jamie. Je voulais profiter d’être ici pour lui montrer. » Elle hocha la tête pour accentuer ses propos et ajouta dans une pique destinée à l’absent de l’histoire « Mais comme il a décidé de réviser la biologie à sa manière. » Une grimace de dégoût puéril passa sur son visage, se souvenant qu’il avait été un temps le petit-ami de Nina Stewart « Je crois que je devrais… » Se hissant très progressivement sur la pointe de ses tennis abîmés, son regard fit encore une fois la navette entre le visage de Madeleine et les premières marches de l’escalier qu’elle distinguait à peine par-dessus son épaule. Ce n’était pas comme si sa visite à la pension Preston était exceptionnelle. Harper avait passé son été entre chez elle et cette grande bâtisse, sa présence avait apparemment été acceptée bien qu’elle avait toujours la désagréable sensation qu’on chuchotait sur son passage quand elle restait tard le soir pour réviser avec le plus jeune habitant.
« Vous me laisseriez entrer ? » osa-t-elle demander à la surveillante après un moment à fixer le néant en fronçant les yeux très forts, réduisant ses paupières en deux fentes si petites qu’on ne voyait plus ses iris. Peu importe sa réponse, Harper prit le coche. Elle la poussa gentiment pour forcer le passage, enfonçant plus profondément encore l’enveloppe dans la poche de son manteau. Elle dépassa le secrétaire de l’entrée, marchant tout droit vers l’escalier « Salut Dédé. » lança-t-elle à l’un des pensionnaires qui passaient sa tête par la cuisine pour voir ce qu’il se passait « C’est JJ. » le corrigea-t-il alors que Harper grimpait les premières marches. Tout le monde finissait par s’habituer à sa manie de ne pas se souvenir des prénoms, il s’en remettrait lui aussi, pensa-t-elle, l’esprit préoccupé par toute autre chose. À mi-chemin, Harper se retourna sur l’espace d’une marche pour enfin signaler à l’assemblée avec toujours un entrain démesuré comparé à l’attitude qu’elle adoptait à l’accoutumée « Je vais l’attendre dans sa chambre, je connais le chemin ! »

Trop calmement, Harper reprit son ascension avant que son pied droit ne foule le parquet fragile du haut de l’escalier. De là elle piqua un sprint jusqu’à la porte de la chambre de Jamie, le martèlement de ses pas faisant trembler tout l’étage, et s’y engouffra hâtivement – il n’y était pas de toute façon. Le dos accolé à la porte, elle laissa son regard vadrouiller le long des murs tapissés de photos, sur le bureau en désordre, puis sur le lit défait et à tâtons, elle chercha le verrou… qui était cassé ; elle n’avait pas de chance avec les serrures, c’était grotesque ! Se mordant hargneusement la lèvre, Harper se référa aux pas qu’elle entendait par-delà la porte et qui faisaient battre son cœur plus fort contre sa poitrine. Sa respiration s’accéléra sans qu’elle ne puisse la contrôler, et ses yeux affolés cherchèrent une issue dans la grande pièce ; les tiroirs du bureau.
Avec la rapidité d’un animal, l’adolescente se dirigea vers la chaise de Jamie. S’y asseyant sans hésiter, elle repoussa les vêtements qui traînaient sur le dossier pour les faire tomber à ses pieds, puis tira le premier tiroir en priant pour tomber sur les tickets de Sadie Hawkins pour remplacer sa dette dormant dans l’enveloppe par ses derniers. Elle laisserait un mot à Jamie, au pire, il comprendrait et se chargerait de remettre les billets verts à Madeleine quand tout serait tassé. Malheureusement à la place, elle se retrouva à soupirer de désapprobation en arrêtant ses yeux sur un bong cassé. Recommençant à farfouiller dans le tiroir en faisant mine de n’avoir rien vu, elle balaya l’amas de pochettes de disques qui s’entassait dans les recoins de cette caverne d’Ali Baba, les nerfs à vif. On pouvait y trouver de tout, sauf ces satanés tickets. Elle aurait pu regarder dans les autres mais cette intrusion malhonnête dans l’intimité du jeune homme la mettait mal à l’aise. Même si Harper cherchait à sauver sa peau, il y avait des choses qu’elle n’avait pas le droit de faire et explorer les secrets de Jamie était en tête de liste.
Les bruits de pas s’approchaient de plus en plus de la chambre. Harper ferma le tiroir d’un coup brusque, son poignet meurtri pâtissant de cette soudaine remise en question quant à ses méthodes indécentes. Elle avait fait suffisamment de dégâts pour toute une vie, il fallait qu’elle arrête d’être aussi intrusive, ça ne lui ressemblait pas du tout. Elle, elle était nonchalante et respectait la vie privée des gens, il fallait qu’elle se ressaisisse avant de perdre complètement la tête – comme ta mère, chuchota une voix narquoise au fin fond de son cerveau. Poussant un gémissement aigu de douleur qu’elle ignora plus fort que cette voix insupportable, Harper sortit l’enveloppe de la poche de son manteau et se leva d’un bond, tendue de la tête au pied. Quand à ce moment-là, la porte s’ouvrit.
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyMer 4 Sep - 2:42

Ces derniers temps, il semblait que les gens s’étaient mis en tête l’idée farfelue que Madeleine était suffisamment intéressée par son prochain pour se renseigner sur ses allers et venues. Une drôle d’idée que la jeune femme ne parvenait pas à comprendre et qu’elle accueillait toujours avec la même réaction : le sarcasme. La seule raison pour laquelle la surveillante savait que Jamie n’était pas à la Pension mais à une soirée quelconque en train de se rouler dans le foin avec la moitié des cheerleaders du comté, c’était parce que ce petit vaurien était venu glisser sa tête dans l’entrebâillement de la porte de sa chambre pour le lui annoncer, en lui disant qu’il ne rentrerait pas tard et qu’elle devait être sage. Ce qui s’était bien sûr soldé par un coussin jeté dans sa direction qui s’échoua contre le bois de sa porte et une paire d’insultes sans gravité pour des oreilles adolescentes tandis que le sale gosse gloussait dans les escaliers. «J’ai l’air d’être sa mère ?» demanda-t-elle, sa peur presque totalement oubliée. Elle scanna néanmoins les environs du regard avant d’accorder à nouveau son attention à Harper. Il était de notoriété publique qu’on ne s’attardait pas dans les lieux de transition à Halloween, et surtout pas la porte d’entrée de sa maison, pour ne pas attirer l’attention des revenants. Et pourtant la petite Pritchard semblait toute disposée à lui taper la causette en pleine zone à risque comme si de rien n’était. Qu’est-ce qu’ils apprenaient donc à l’école ? En réalité, Harper avait l’air bien plus préoccupée par cette enveloppe que par les fantômes des ancêtres Preston, et si elle se fiait aux histoires qu’elle avait eu l’occasion d’entendre au sujet de Grandpa Preston, Madeleine se doutait que cette enveloppe avait quelque chose de très précieux. Plaçant alors ses mains sur ses hanches en faisant remonter son t-shirt troué “I’m a virgin but this is an old shirt” sur son pantalon de jogging d’un gris étrangement assorti à des baskets roses qu’une enfant de cinq ans lui aurait enviées, Madeleine plissa des yeux pour dévisager son invitée surprise qui refusa de lui donner le paquet mystère.

Et soudain, tout fit sens. Cette petite moue de répulsion sur son visage. L’excuse des tickets pour le bal qu’elle ne gobait pas une seconde. Le ton raide de sa voix. Elle était déçue de ne pas trouver Jamie ! Elle lui avait écrit une lettre d’amour passionnée qu’elle comptait déposer sur le pas de sa porte, puis elle lui aurait envoyé un petit message pour qu’il descende voir tout en l’espionnant de derrière les buissons de leur ex-voisin, et après s’être assurée qu’il avait bien la réaction escomptée, elle lui aurait sauté au cou et aurait fait apparaître des arcs-en-ciel dans la nuit. Et Madeleine avait tout fait capoter en allant acheter du chocolat ! Elle le savait. Elle le savait depuis des semaines. Des mois ! Elle avait tout de suite vu qu’il y avait quelque chose de pas net entre ces deux là. Qu’est-ce qu’Harper Pritchard, Miss je vous bats au sprint et je n’ai que des A, avait en commun avec James Ainsworth, Mr je n’ai que des F et je m’en bats les... ? Rien. Rien si ce n’était l’amour brûlant des contraires qui s’attirent, alimenté par des hormones en furie sur lesquelles la surveillante avait tâché de jeter des seaux d’eau tout l’été en passant régulièrement voir dans la chambre de Jamie que tout le monde avait bien ses mains sur ses livres et tous ses vêtements. Comme elle avait bien fait ! Depuis quelques temps, Harper avait finalement déserté la Pension après avoir presque mérité le titre de pensionnaire intermittente, et les théories de Madeleine étaient tombées à l’eau. Une grosse déception dont elle s’était remise essentiellement parce qu’elle avait eu la présence d’esprit de ne pas parier contre Lexie cette fois, conservant sa précieuse monnaie pour des choses plus importantes, comme le chocolat et les chewing gums à la barbe-à-papa. Seulement voilà, Harper était de retour avec sa petite enveloppe qu’elle serrait tout contre son cœur. Ainsi, sans aucune hésitation, Madeleine se décala pour la laisser pénétrer dans l’antre lorsqu’elle lui en demanda la permission et referma la porte derrière elle pour lui emboîter le pas dans le couloir sombre d’une démarche légère et enjouée.

La lycéenne marchait à toute allure en direction du deuxième étage et salua JJ d’un sobriquet qui arracha un ricanement à la blonde sans se soucier de personne. «Prends ton temps.» lança Madeleine en agitant sa main en signe d’adieu avant de se retourner vers Joachim avec un sourire démoniaque. «Alors Dédé ? Cette lessive ?» commença-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine pour parfaire son incarnation de la suffisance. «Tu vas vraiment laisser cette gamine toute seule dans la chambre de Jamie ?» Les sourcils de la surveillante se froncèrent à cette question qu’elle ne comprenait pas et elle décroisa ses bras pour les laisser retomber ballants le long de son corps. «Bah quoi ? Elle est là tout le temps de toute façon, je vois pas ce que ça change.»  Ce fut au tour de JJ de lever les yeux au ciel et de croiser les bras, marquant ainsi le début d’une compétition implicite de celui qui dévisagerait l’autre le plus longtemps. «Et tu n’as pas remarqué qu’elle n’était plus là ces derniers jours ?» Les lèvres pincées, Madeleine ne répondit pas, et sans quitter son colocataire des yeux, elle leva le menton en guise d’invitation à poursuivre sa réflexion. «Ça ne t’est pas venu à l’idée qu’il ne voulait peut-être pas qu’elle soit dans sa chambre sans lui ?» Sa bouche s’arrondit alors, et elle la barra de l’une de ses mains. Oups. Peut-être qu’en fait ils avaient eu une altercation et que la lettre n’était pas une lettre d’amour mais une lettre de menaces, et qu’en la laissant se rendre toute seule dans la chambre du gosse elle venait de lui offrir une occasion en or de se venger. Non pas qu’elle avait de l’intérêt pour l’état de santé de Jamie Ainsworth, mais en tant que colocataires, il pouvait très bien se venger à son tour de sa négligence et elle n’avait aucune envie de devoir surveiller ses arrières en plus des revenants.

C’est vrai qu’elle avait l’air suspecte pour une amoureuse transie. Ne laissant pas le temps à JJ de poursuivre son laïus moralisateur, la blonde abandonna le combat de qui ferait baisser les yeux de l'autre et se précipita vers l’escalier pour en grimper les marches quatre à quatre jusqu’à la chambre de Jamie dont elle ouvrit la porte avec fracas. Elle se tenait là, telle la coupable qu’elle était, debout à côté du petit bureau encombré, son enveloppe venimeuse dans les mains après avoir jeté les rares vêtements propres qui lui restaient sur le sol. La petite peste ! Immédiatement Madeleine se jeta vers elle pour attraper fermement le bout d’enveloppe qui dépassait de ses doigts et tirer pour la lui arracher. «Donne-moi ça tout de suite !» cria-t-elle sur Harper qui ne semblait pas disposée à lâcher l’affaire. Les dents serrées par l’effort, elle continua à maugréer. «Donne moi l’enveloppe Harper !» Les doigts encore moites de la photographe glissaient sur le papier dont elle essayait de s’emparer en vain et elle laissa échapper un petit grognement aigu de frustration en tapant du pied. « Ce n’est pas de ma faute s’il t’a plaquée pour aller se  rouler dans le foin avec des cheerleaders, alors tu vas me donner ça tout de suite et aller organiser ta petite vengeance party ailleurs ! Et si c’est une lettre de ton avocat pour lui exiger une pension alimentaire pour ton enfant à naître parce qu’aucun de vous n’a été assez futé pour trouver la voie du préservatif, il te faut un recommandé !»
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Harper E. Pritchard
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Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyJeu 5 Sep - 14:51

Ayant soudain la nette sensation de tenir le rôle titre d’un film d’épouvante, la première réaction appropriée aurait sans doute été que Harper se rue sur sa gauche pour aller se planquer dans le placard de Jamie, d’où elle aurait surveillé par les interstices les intentions malveillantes du psychopathe obsédé par les vierges qui s’était lancé à ses trousses, le slip frétillant et l’écume à la bouche. Harper aurait pu tranquillement mettre en place un plan stratégique – bien huilé tout comme les cheveux noirs de jais du surveillant tatoué qui aurait bien évidemment perdu la vie dans les premières secondes de son film – pour lui couper son outillage à l’aide d’un import vinyle (si possible le préféré de James histoire de glisser un peu de cocasserie dans cette accumulation malsaine de violence gratuite), s’assurant ainsi de rempiler dans les six mois pour une suite directe de ses aventures saignantes à la surface de la bouche de l’enfer. Happy End. Mais malheureusement (ou heureusement. Cela dépendait des points de vue forcément), ce n’était pas encore le soir d’Halloween et Harper Pritchard n’était pas Sarah Michelle Gellar. Le monstre qu’elle était tenue d’affronter ce soir n’avait rien d’un vampire lubrique à la santé mentale inquiétante – quoique...
Son esprit parti dans tous les sens se calma dès que ses paupières moites clignèrent pour considérer la pièce du regard. Le bruit strident d’une porte qui bascule sur ses gonds la fit se mettre en position de combat. Jambes écartées, pieds ancrés au sol, poings serrés à la Rocky Balboa et l’enveloppe sacrée maintenue dans la paume de sa main gauche. Harper était parée. Sauf qu’étaler sa science des roulades et des clefs de bras n’était pas dans ses projets immédiats car qu’on se le dise, Madeleine Wild n’avait de sauvage que son nom. Elle était aussi inoffensive qu’un panda roux. Et très progressivement, les poings robustes de la brunette se baissèrent, consciente qu’elle ne pouvait pas s’en prendre à plus faible qu’elle. Tout ce à quoi Madeleine aspirait c’était de se la couler douce sur sa branche et de mastiquer pendant de longues heures jusqu’à ce quelque chose soit assez digne de son attention d’espèce menacée (par quoi… Dieu seul savait) pour qu’elle se tienne debout et déploie ses trésors d’excentricités. Pas de quoi craindre de passer de vie à trépas donc. Et pourtant, Lilibeth sentait son pouls se lancer dans une cavalcade intense au creux de sa poitrine si bien que ce battement régulier, boom, boom, pow, devint la mélodie angoissante, montant crescendo, qui accompagnait l’ouverture couinante de la porte qu’elle ne quittait plus des yeux, sentant presque une goutte de sueur perler sur son front brûlant d’anxiété. Harper était faite comme Laurie Straude, Michael Myers allait faire son entrée.

Elle aurait pu mettre ses remords de côté en fonçant tout schuss sur Madeleine avant que celle-ci ne le fasse, mais l’adolescente restait amoindrie par cette douleur infernale qui se répandait dans tout son bras. Elle n’avait pas fait soigner ce bleu qui s’étendait le long de son poignet, résultat de ses tête-à-tête respectifs avec Billy Loomis et le Comte Dracula. Chaque mouvement un peu trop brusque de sa main ou de ses doigts la faisait souffrir le martyr comme si quelque chose à l’intérieur avait été déplacé ou endommagé. Le souci étant qu’elle était gauchère (et pauvre), elle passait ses journées à retenir des complaintes pour ne pas attirer l’attention sur cette tache violacée aussi suspecte que la minuscule entaille qui surplombait sa joue, très peu disposée à expliquer ce qui lui était arrivé. L’attaque de Madeleine ne dérogea pas à la règle, et retenant de justesse le papier souple entre les doigts de sa main gauche, provoquant une décharge électrique qui lui fit scander un « Putain ! » fort classieux, Harper serra les dents de douleur en ajoutant sa deuxième mimine pour se donner plus de chance de parvenir à récupérer l’enveloppe qu’elle ne voulait définitivement pas céder à la surveillante. Déterminée, elle tira pour la faire basculer en avant « Nonjevousladonnerezpaaaaaaaaaaaaaaaas ! » marmonna-t-elle entre ses dents scellées en prenant plus d’appui sur ses pieds, son bras gauche au maximum de sa puissance. Si elles tiraient trop fort toutes les deux, les billets à l’intérieur seraient réduits en confettis. Jamie avait beaucoup trop trimé ces derniers mois pour que ça se finisse de cette façon-là alors elle tenta un coup de poker. Elle baissa sa main gauche pour tout miser sur son côté droit, puis elle se courba lentement en arrière, tirant d’un coup brusque et finissant par se retrouver propulser sur le lit derrière elle, elle rebondit comme une balle en caoutchouc sur le matelas douillet. Mon. Dieu. Se dit Harper : Madeleine avait l’enveloppe entre les mains. Un bruit de déglutition digne des plus beaux bruitages de cartoon s’échappa de la gorge de la brune.

Néanmoins dans l’absolue ce qui attira l’attention de Harper ne fut pas sa défaite cuisante contre Madeleine mais bel et bien les propos qu’elle tenait. C’était donc ça ! Les regards suspicieux en sa direction et les chuchotis à peine discrets sur son passage dans les couloirs agités de la pension. Déjà qu’au lycée la rumeur d’une grossesse prématurée s’était répandue comme une traînée de poudre parce qu’elle avait eu le malheur de réagir avec un peu trop d’émotions à l’annonce de la dissolution du club d’athlétisme, si les colocataires de Baby Ainsworth s’y mettaient, c’était la cerise sur le gâteau ! Fière comme pas deux, il fallait qu’elle rétablisse la vérité. La douleur de sa main se rappelant à son bon plaisir et sa colère se manifestant sur son visage par deux taches rouges bien distinctes sur ses pommettes saillantes, elle sauta sur ses pieds et jailli devant Madeleine telle un diable sortant de sa boîte « C’est pas parce que vous vous tapez tout ce qui bouge que tout le monde doit faire la même chose ! » Ses pupilles bleutées s’arrêtèrent sur son t-shirt au message évocateur. D’un regard appuyé, elle le désigna d’un mouvement dédaigneux de menton « Vous devriez penser à renouveler votre garde-robe, il doit être vraiment vieux ce t-shirt ! » Et s’avançant sur Madeleine, Harper rattrapa le bout de l’enveloppe avec sa main droite en disant « Pour votre information, j’ai pas les moyens de me payer un avocat. J’ai dix-sept ans, vieille folle ! » S’apercevant qu’elle n’arriverait à rien en tirant comme une dératée sur cette fichue enveloppe, risquant de faire pire que mieux, Harper tenta le tout pour le tout. Elle secoua sa main blessée dans le vide dans l’espoir de se décharger de toute la pression accumulée dans ses phalanges avant de les approcher sans pitié des mèches blond brillant de la jeune femme puis, elle en attrapa une bonne poignée en marmonnant d’un ton très peu amène « Lâchez l’enveloppe maintenant ou je tire ! » Elle voulut resserrer ses doigts sur le crâne de la surveillante pour y enfoncer ses ongles mais une autre décharge électrique lui fit reculer vivement sa main et elle lança sur le coup « Oh la vache, ça fait mal ! » Tout à coup, Harper se sentit partir droit en avant, l’enveloppe lui échappa une nouvelle fois de la main alors qu’un bruit de déchirure tinta à ses oreilles brûlantes. Elle comprenait mieux la réaction de Jamie quand elle l’avait pris sur le fait, et ça n’arrangea pas le peu de considération qu’elle avait pour sa propre personne ces derniers jours. Tombée à terre en fin de round, Harper releva prestement la tête et remarqua les petites coupures qui dépassaient de la déchirure approximative du papier. C’était pire que de se faire découper en rondelles par un fou furieux, ça faisait plus mal encore. Et ne pouvant retenir cet afflux de honte entremêlée à la douleur, à la déception d’avoir perdu la partie, et à toute l’accumulation de stress, de frousse et de tout, Harper se cacha le visage dans les mains pour dissimuler son regard baigné de larmes.
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyJeu 5 Sep - 18:02

La bougresse s’accrochait au papier comme si sa vie en dépendait et Madeleine regretta immédiatement de ne pas avoir soulevé plus de poids à la salle de sport avec Peyton. De toute évidence, la surveillante manquait cruellement de force dans la partie supérieure de son corps. Mais elle ne voulait pas avoir de gros bras ! Ça allait bien pour Hulk et Beiste, très peu pour elle. Elle préférait encore demander qu’on lui ouvre ses pots de confiture pour le reste de son existence plutôt que de se transformer en amazone du bodybuilding. Toutefois, se faire battre par une lycéenne, aussi sportive soit-elle, au jeu du tir à la corde revisité façon papier postal extra résistant, c’était la honte. La méga honte. Et ça pouvait entraîner un léger changement de sa routine spéciale “garder la ligne tout en continuant à se gaver” qui inclurait désormais quelques tractions, croix de bois, croix de fer. Mais pour le moment, elle avait une enveloppe à récupérer ! Sans réfléchir à une tactique plus élaborée que celle de tirer comme une perdue, Madeleine fut surprise par le changement soudain de position d’Harper qui était visiblement plus stratège qu’elle mais ne rata pas un battement de son petit manège. Alors que la jeune fille tentait le tout pour le tout, la surveillante se planta fermement dans ses baskets roses sans lâcher la prise crispée de ses dix doigts sur le papier et se pencha à son tour en arrière pour faire contrepoids. Si bien qu’elle manqua de tomber quand Harper lâcha prise pour atterrir les fesses les premières sur le lit de Jamie mais se rattrapa in extremis en chancelant trois pas en arrière. Un instant sonnée par sa victoire inattendue, Madeleine fixa la lycéenne d’un air blanc avant de laisser un sourire carnassier illuminer son visage dans la pénombre en poussant le cri de la victoire. «HA HA ! Tu as trouvé ton maître Pritchard !»

La surveillante aurait presque effectué une petite danse de la joie pour célébrer, mais son regard se posa finalement sur l’enveloppe épaisse où son nom était inscrit en lettres soignées. Comment ça son nom ? Ce n’était pas une lettre de l’avocat des Pritchard pour piquer l’argent de poche d’Ainsworth Junior avec les dix mille annexes qui lui expliquaient qu’il cracherait jusqu’à son dernier jour sur Terre ? Ni une très longue lettre de menace qui lui annonçait qu’il trouverait prochainement la mort sous les roues d’un bus jaune pour les neuf mois de souffrance et de déformation de son corps de coureuse dont il était responsable mais qu’il n’avait pas l’intention d’assumer ? Mais pourtant ! Le lycée était unanime ! Elle avait même vu des photos assez peu flatteuses d’Harper en train de rendre son petit-déjeuner sur le carrelage ! L’avantage d’être surveillante, c’était que lorsque qu’elle n’était pas contrainte de fuir Liberty, elle pouvait laisser ses yeux et ses oreilles traîner partout en faisant mine de surveiller et être au cœur des drames adolescents. Il n’y avait pas grand chose qui pouvait lui échapper avec ses horaires à plein-temps, et elle avait elle-même été à l’origine de bon nombre de rumeurs infondées sur Shannon Beiste qu’elle ne regrettait absolument pas, aussi puériles soient-elles. Alors quand trois sources différentes lui avaient rapporté dans la salle de colle que ça sentait la nausée matinale en chimie, Madeleine avait passé un bon quart-d’heure (presque dix-huit minutes, en fait, et puis la cloche avait sonné et elle était rentrée à la pension) à culpabiliser sur la trop grande subtilité de ses actions. Ses passages incessants devant la porte pour écouter contre le mur ce qui se passait à l’intérieur de l’antre de Jamie et les coups d’œil fréquents n’avaient pas suffi. Elle aurait dû avoir la conversation avec les adolescents.

Depuis que Rose Kitteridge, paix à son âme, avait quitté les murs de McKinley, il n’y avait plus personne pour guider ces agneaux surexcités sur la route du sexe protégé. Comme de toute évidence les parents d’Harper se souciaient comme de l’an quarante qu’elle passe toutes ses journées assise sur le lit d’un garçon et que les parents de Jamie étaient... Où étaient-ils déjà ? Bref, ils n’étaient pas, elle aurait dû recruter Lexie pour faire une démonstration des gestes de sécurité de base avec banane et autres accessoires essentiels à tout premier rapport sexuel plaisant à l’appui. Mais elle ne l’avait pas fait. On ne la tiendrait pas pour responsable pas vrai ? Elle n’était même pas propriétaire de la maison ! Elle ne vivait même pas sur le même palier que le gamin ! Sans compter qu’elle n’avait aucun lien direct avec eux, et une fois son service terminé elle n’avait plus à se soucier de ce que faisaient les mineurs de la ville de leur temps libre. Ce n’était tout de même pas une lettre de l’avocat des Pritchard, qui finalement s’étaient réveillés après que leur fille ait fait pipi sur une bandelette, pour lui coller un procès à elle ? Ça avait le mérite d’expliquer le comportement d’Harper qui s’était dégonflée et ne voulait pas lui remettre l’injonction en mains propres. Elle l’aimait bien au fond cette gamine. Elle était un peu bizarre et socialement inapte parfois, mais elle lui offrait les meilleurs pains au chocolat de tout l’Ohio.

Relevant le nez de l’enveloppe, Madeleine découvrit une Harpie en furie prête à lui sauter à la gorge et fit un pas supplémentaire en arrière alors qu’elle se mit à lui crier dessus à son tour. Sa bouche tomba ouverte à sa réplique et elle prit une inspiration audible sous le choc. La petite traînée ! Inconvénient d’être surveillante, quand elle ne fuyait pas Liberty, et qu’elle n’écoutait pas aux portes, elle s’était envoyé en l’air avec Samuel dans un certain nombre des salles du lycée comme la faible qu’elle était, et que ça avait fini par se savoir. Mais c’était de l’histoire ancienne. Et elle était à peu près sûre que ses sept minutes dans les vestiaires des filles avec Nick étaient restées secrètes. Sa remarque sur son sublime t-shirt fut la goutte d’eau qui lui rendit finalement l’usage de sa mâchoire qu’elle pensait s’être déboîtée. «Je ne me tape pas tout le monde !» s’écria-t-elle avec indignation. «Et mêêêêême si c’était vrai, je sais ce que c’est qu’un contraceptif, moi ! Parce que je ne suis pas enceinte, moi ! Donc pas besoin de changer de garde robe !» Son dos bien droit malgré l’air menaçant de la lycéenne, Madeleine se fit violence pour ne pas reculer à nouveau alors qu’elle allait dans sa direction comme un rapace fond sur sa proie. Lorsqu’elle était sobre, elle n’était pas du genre à chercher le conflit. Une fois alcoolisée ou quand il s’agissait de Warren Delacroix, c’était une autre histoire. Mais elle préférait de loin la fuite au contact d’ordinaire et ne maîtrisait que mal l’art du catfight. Cependant, il n’y avait aucune chance qu’elle se débine alors que la petite fourbe venait de la traiter de vieille folle, comble de l’insulte pour Madeleine qui ne tolérait aucun des deux adjectifs lorsqu’ils lui étaient appliqués. Se raccrochant au papier avec encore plus de force qu’avant, elle voyait rouge. «On se calme Juno ! Tu baisses d’un ton ou tu finis en colle pour le reste de l’année scolaire !» Ne tenant nullement compte de son abus de pouvoir, Harper entama la partie physique de leur catfight et s’en prit à ses cheveux blonds en bataille. Et voilà. Si elle avait davantage pratiqué, elle aurait pu anticiper ce mouvement classique, mais elle s’était fait avoir comme une débutante. Pour se défendre Madeleine agrippa alors le poignet avec lequel elle menaçait de lui arracher des mèches et immédiatement la jeune fille retira son bras dans une plainte. Sa prise sur l’enveloppe glissa et la surveillante sentit le papier céder sous la pression et se déchirer pour dévoiler un paquet de billets verts tout prêts à déborder.

Les yeux de Madeleine faillirent sortir de leurs orbites en découvrant les coupures de vingt dollars sur le dessus qu’on avait soigneusement fourrées dans l’enveloppe avec les autres. Ses pupilles firent des allers et venues entre Harper sur le sol, son nom sur l’enveloppe et le nombre de billets que celle-ci semblait contenir tandis que son cerveau était momentanément gelé. L’adolescente qui avait un instant laissé paraître une expression de honte s’était couvert le visage de ses mains pour échapper à son regard inquisiteur. La surveillante n’osait comprendre ce qui était en train de se passer. Elle restait plantée là, avec une enveloppe de liquide dans les mains. Puis elle se mit à compter les billets. Elle fit d’abord défiler doucement les petites coupures dans sa main, puis recompta plus rapidement, avant de les faire défiler à toute allure contre son pouce comme un paquet de cartes. 500$. Les mèches que la lycéenne avait tenté de tirer étaient tombées devant son visage incliné et elle les replaça patiemment derrière son oreille avant de secouer lentement la tête comme pour nier l’évidence qu’elle n’arrivait pas à saisir. «Harper ?» commença-t-elle à appeler alors que l’adolescente n’avait toujours pas bougé. «Qu’est-ce que...» S’interrompant à nouveau pour avaler sa salive, elle releva le nez pour pointer le regard sur la jeune fille. «Qu’est-ce que c’est que ça ?»
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
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Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyVen 6 Sep - 17:07

La vérité aurait fini par éclater un jour où l’autre. Harper ne s’y était simplement pas préparée. À la place elle avait mis une stratégie en route à la minute où elle avait promis à Madeleine qu’elle récupérerait son argent dans un futur relativement proche. Agir dans la discrétion, façon sous-marin, l’odeur d’huître en moins.
Enfin “discrétion” était un bien grand mot. Car suite à cet emprunt osé, la petite voleuse avait collé aux baskets (rose) de la surveillante quasi du soir au matin, franchissant la porte du bureau des surveillants plus de fois en un an que durant sa scolarité tout entière. D’accord, c’était un chouïa exagéré lorsqu’on savait que l’horloge n’était pas la BFF de l’ex-blonde, passée maître en matière de manque de ponctualité. Les billets de retard étaient tristement devenus une denrée rare à la fin de l’année scolaire. Grumpy Timothy refusant de répondre à ses incessantes requêtes après qu’elle lui ait “malencontreusement” fait des remarques forts désobligeantes qui lui valurent un aller simple pour la salle de retenue, Madeleine (toujours entourée d’un halo lumineux et marchant au ralenti en mode vestale des temps modernes à ses yeux) était devenue son unique moyen de débarquer en cours sans pour autant se faire rabrouer par ses profs. La restitution du sac à main perdu avait joué un rôle prépondérant dans la volonté de la surveillante d’enfin prendre son job au sérieux. Ainsi elle avait fait passer à la meilleure élève de ce bahut de glandus plusieurs de ses fameux Golden Tickets qui faisaient sa réputation. Madeleine était son Willy Wonka personnel.

La culpabilité était un sentiment très difficile à faire disparaître. Ce n’était pas faute d’avoir essayé pourtant. Lucide quant au fait d’avoir atteint des sommets dans le fourvoiement, Harper s’était dès lors montrée exceptionnellement amicale avec elle. Lui apportant ses viennoiseries préférées ainsi que son petit café du matin presque tous les jours de l’année scolaire précédente, elle avait dépensé plus d’argent pour assouvir les petites fringales de Madeleine que pour se payer à déjeuner. Régulièrement elle lui laissait sur son bureau des petits mots rédigés de sa plus belle écriture pour lui souhaiter de passer de bonnes journées ; kiss, love, cœur, cœur, cœur, arc-en-ciel. Elle avait poussé le vice jusqu’à la rassurer sur sa jeunesse éblouissante, la complimentant sur ses joues rebondies comme les fesses d’un nouveau-né même quand elle débarquait au lycée avec ses grosses lunettes de soleil à la Joan Rivers pour cacher sa gueule de bois et ses cernes récalcitrants. Elle prenait régulièrement sa défense face aux élèves qui disaient que pour passer sept minutes dans la chaufferie avec la surveillante il suffisait d’être à un an de la majorité et un ami proche de son collègue tatoué. Non, ce n’était pas parce qu’on couchait avec ses collègues les plus jeunes dotés du quotient intellectuel d’un bébé phoque qu’on était une vieille cochonne, absolument pas. Les jeunes de maintenant ne comprenaient vraiment rien à la vie.
En vérité Harper ne comprenait toujours pas comment Madeleine n’avait pu émettre des soupçons, tant son comportement était étrange. Elle en avait conclu qu’il ne fallait pas trop en demander à quelqu’un qui avait chevauché la moto de Samuel Youngblood sans exiger au préalable qu’il lui montre son permis. D’ailleurs d’après des rumeurs insistantes, elle n’avait pas fait que chevaucher la moto du surveillant à la mèche aussi vive que sa libido. Plusieurs traces suspectes laissées un peu partout dans les salles de classes du lycée en attestaient. Avec les cas qui s’étaient pressés à la braguette de Youngblood, Harper se désolait que Wild ait manqué encore une fois de vigilance en ne lui demandant même pas de faire un bilan sanguin et de lui remettre une photocopie de son carnet de santé avant qu’il ne fasse sauter sa gaine. Et après, elle se permettait de lui faire des leçons de morale sur sa grossesse présumée, quelle crédibilité ! Enfin c’était une autre histoire.

Revenons-en à la discrétion. Jamie avait accepté ses conditions quand il s’était joint à la cause “remboursons la vioque avant qu’elle ne bouffe les pissenlits par la racine”. Ils avaient convenu tous les deux, en parfaite petite team de délinquants, certes, mais de délinquants avec de très bonnes intentions au fond du fond, que si un jour la somme que Harper devait à Madeleine était réunie, la remise se ferait dans le plus grand des secrets sans que le nom de Pritchard ne soit jamais divulgué. La source de ce remboursement se perdrait dans les méandres des mystères entourant la pension Preston, fin de l’histoire. Ils n’étaient pas allés jusqu’à faire un pacte de sang mais Harper avait clairement stipulé en tout petit caractère dans le contrat mental qu’elle avait établi pour sa personne que si James la trahissait d’une quelconque manière, elle lui broierait les os.
Enfin si Harper tenait tant à remettre cet argent dans le plus grand secret c’était pour une meilleure raison que de protéger ses petites fesses galbées. Elle avait honte. Honte d’avoir été une gamine incapable de se résonner devant une somme d’argent qui l’avait fait baver. Être désespérée au point de céder à la facilité, c’était difficile à avaler pour la jeune fille qui derrière ses grands airs avait quelques principes. Voler faisait partie des choses qu’elle refusait de faire. C’est vrai qu’elle chourait des barres chocolatées dans les distributeurs à la gare parce qu’elles étaient dégueulasses, tout le monde le faisait. Mais tout ce qui se trouvait sur la table pour les repas quotidiens venait des heures qu’elle passait à étudier pour les autres ou à répondre à des questions sur le temps d’attentes entre deux navettes. La facilité n’avait jamais fait partie du vocabulaire de Harper c’était pourquoi cette histoire était si complexe à résoudre.

Mais c’était la fin. Harper ne pouvait plus se cacher derrière de savoureux pains au chocolat ou des excuses en carton. Elle était obligée d’avouer la vérité, elle le devait à Madeleine. Son estomac se contracta. Son cœur tomba dans son ventre, palpitant si fort qu’elle ne serait pas étonnée si d’un coup il s’autopropulsait de son corps. Le visage caché dans ses mains, elle serra les dents pour ne pas céder aux pleurs mais le barrage de ses cils ne suffisait plus à éviter le débordement et une première larme roula sur sa joue. Madeleine prononça son prénom puis lui demanda de quoi il s’agissait. Harper se mordit la lèvre, le menton tremblotant. Elle s’abaissa à montrer son visage contrit par le chagrin, posant ses mains sur ses genoux, les yeux bordés de larmes qu’elle ne réussissait plus à contenir. Elle n’osait pas regarder Madeleine, faisant vaciller ses pupilles sur le sol et sur les boiseries de la chambre, la gorge serrée « C’est votre argent. » Elle déglutit difficilement en se risquant enfin à lever très brièvement les yeux vers la surveillante « Celui qui était dans le sac que vous avez perdu l’an dernier. Vos 500 $ c’est moi qui les ai volés. » Débordement de musique dramatique. Plan serré sur le visage tordu de Madeleine dont les pattes d’oie dissimulées par l’éclairage n’apparaissaient pas à l’écran. OK peut-être pas.

Des excuses. Elle devait lui faire des excuses. Se levant en prenant garde de ne pas s’appuyer sur son poignet blessé, Harper déplia ses jambes et se redressa pour se retrouver debout en face de la jeune femme. Une vague de honte déferla dans sa poitrine et elle se mit à pleurer à grosses larmes, se cachant les yeux avec les doigts de sa main droite tout en inclinant la tête. Oui, elle devait s’excuser, expliquer les raisons pour lesquelles elle avait impunément menti en allant lui rendre son sac le lendemain de sa perte mais c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait. Comment pourrait-elle mettre des mots sur son geste sans parler de la situation de sa famille ?
Les lèvres pincées et gonflées par le sel qui se répandait dans sa bouche, Harper étouffa le spasme qui faillit émerger en retenant sa respiration de justesse. Et après s’être assurée que sa voix serait suffisamment claire malgré sa langue endolorie, elle dit tout bas « Je suis vraiment désolée, Madeleine. Je voulais pas vous faire de mal, j’avais besoin de cette somme. » Elle aussi, très certainement. Cette pensée lui fit de nouveau baisser la tête, honteuse « Je vous ai dit que vous les récupéreriez un jour, ça m’a pris plus de temps que prévu. C’est pas une excuse, mon geste est impardonnable et… » Elle soupira, marquant une pause forcée, son souffle tremblant sous ses efforts de ne pas refondre en larmes « Ça vous éclaire sur l’état de ma situation. » conclut-elle simplement dans l’espoir que cela soit assez limpide pour la surveillante.

Harper ne voulait pas avoir recours à des justifications pour se dédouaner mais les faits étaient là. Madeleine ne voudrait probablement pas accepter sa version de l’histoire. Néanmoins la jeune fille était désormais prête à assumer les conséquences de son acte qu’importe si cela l’emplissait de honte. Elle avait annoncé la vérité, la suite… elle l’accueillerait. Laissant le silence s’installer dans la chambre, Harper s’assit doucement sur le bord du lit de Jamie, pressant son poignet douloureux contre sa poitrine et frottant ses genoux, puis elle essuya d’un revers de manche ses joues mouillées de larmes. Relevant la manche de son manteau, Harper fronça les sourcils palpant du bout des doigts son poignet gauche. C’était douloureux. Mais recachant aussitôt son bleu sous le tissu, elle s’humecta les lèvres pour dire d’un ton mêlant tristesse et sincérité « Je l’ai pas fait par choix, je l’ai fait par nécessité. Vous pouvez penser ce que vous voulez mais si j’avais eu une autre option, cette conversation n’aurait jamais eu lieu. » Les larmes lui remontèrent aux yeux. Dans une contorsion de son visage, Harper se remit à pleurer. La voix secouée de sanglots, elle lança plus fort qu’elle ne l’aurait souhaité en levant les mains au ciel « Et je sais même pas qui est Juno, putain ! »
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptySam 7 Sep - 3:29

Son argent. Oh, bien sûr, c’était son argent... Comment n’y avait-elle pas tout de suite pensé ? Son argent. Son argent voyons ! Le regard gris de la surveillante croisa celui de la lycéenne l’espace d’un battement de cils et Madeleine restait apathique alors que celle-ci s’était mise à pleurer, toujours assise par terre, dans une position qui n’avait pas l’air des plus confortables. Elle ne voulait pas comprendre ce qu’elle lui disait, mais Harper poursuivit son raisonnement, implacable en dépit de sa voix rauque qui trahissait les sanglots qu’elle retenait. Quelle ironie. La photographe s’était finalement décidée à lâcher prise en prenant cette stupide photo d’un sac et d’un banc dans cette foutue gare, et le passé la rattrapait pour la tacler par derrière. Le soir où elle développait la pellicule, rien de moins. Carton rouge monsieur l’arbitre. Karma is definitely a bitch. Le temps avait passé mais rien n’aurait pu lui faire oublier la conversation qu’elle avait eue avec la jeune fille ce jour là. Celle qui avait pleuré toutes les larmes de son corps à l’époque c’était Madeleine. Elle s’était donnée en spectacle dans les couloirs et les rumeurs à son sujet avaient crevé le plafond. Celle qui avait dû s’asseoir dans un coin pour contrôler sa respiration alors qu’elle était à deux doigts de la crise de nerfs c’était elle. Elle avait passé des mois à faire des cauchemars où elle était poursuivie par des étudiants en colère brandissant des fourches et des torches comme dans Les Misérables qui lui réclamaient l’enveloppe et elle ne pouvait toujours pas mettre l’élastique rose jumeau de celui avec lequel elle avait entouré sa liasse. Celle à qui on avait rendu ses effets personnels pour mieux la jeter sous un train en lui volant 500$ qui ne lui appartenaient pas, la condamnant ainsi à devoir quitter l’association et à rembourser chaque centime de sa poche percée c’était elle. Elle ne pouvait même plus compter les sacrifices qu’elle avait dû faire, et si Brittany ne lui avait pas demandé de s’occuper de son studio elle n’aurait toujours pas réussi à compenser cette perte, sans parler de partir en vacances. Pour certains, 500$ c’était une paire de chaussures, pour Madeleine c’était des mois de comptabilité foutus en l’air. Celle à qui on avait raconté que les gamins de Lima Heights traînaient souvent à la gare et qu’il n’y avait plus d’argent dans le sac quand il avait été trouvé c’était elle. Harper lui avait dit, mot pour mot, que l’argent n’y était plus. Elle avait essayé de faire porter le chapeau à des inconnus que les préjugés sociaux accusaient de bonne grâce. Elle avait tout fait pour lui remonter le moral et l’empêcher de s’effondrer dans un état catatonique en lui promettant qu’un jour elle retrouverait l’argent. Madeleine avait cru qu’il s’agissait là de la naïveté d’une petite fille bien élevée qui croyait encore que nos bonnes actions étaient récompensées et que les méchants seraient punis pour leur crime. La sale menteuse.

Bien sûr, la surveillante avait tout de même trouvé cela suspect, et une fois la première vague d’anéantissement passée, elle avait décidé de prêter plus attention à la petite Pritchard pour détecter les signes d’une richesse soudaine. Mais elle n’avait rien vu ! Elle portait toujours les mêmes vêtements, le même cartable, elle passait toujours ses après-midi après les cours à courir sur la piste extérieure avant de filer et ne semblait pas avoir soudain gagné 500$. À moins qu’elle ne les ait claqués pour de la poudre blanche qui avait fini dans son nez. Le seul changement qui s’était produit, c’était son nouveau comportement à son égard. Jusque là leurs rapports avaient été cordiaux mais sans plus, comme avec l’immense majorité des lycéens foulant les couloirs collants de glace pilée de WMHS. Mais après cet épisode, Harper s’était montrée incroyablement prévenante. Livraisons de viennoiseries, de café, de petits mots qu’elle ne recevait que lorsque ces sales jaloux d’Ainsworth ou de Youngblood ne les jetaient pas à la poubelle. C’était complètement anormal pour une gamine de son âge de faire ça, même pour les mots d’excuses les plus prisés du lycée, mais Madeleine avait mis ça sur le compte de la pitié qu’elle ressentait en la voyant, la seule à savoir qu’elle était ruinée par un trou d’un demi millier de dollars. Après tout, qui aurait été assez vicieux pour la détrousser et rester dans les parages pour prendre le risque d’attirer son attention et sa suspicion ? De toute évidence, une fine stratège, qui savait qu’on ne voyait jamais ce qui se trouve sous son nez et qu’en jouant ce petit jeu elle se mettait à l’abri.

Harper se dressa maladroitement sur ses pieds et Madeleine recula d’un pas supplémentaire pour ne pas se retrouver trop près d’elle. Elle ne supportait plus sa présence, n’arrivait plus à respirer alors qu’elle pleurnichait sous son nez. Pourquoi pleurait-elle au juste ? C’était elle la coupable. Elle l’avait volée et lui avait menti, pendant presque un an elle l’avait laissé croire qu’elle n’avait pas d’autre intérêt que celui de recevoir quelques billets d’absence ou de retard. Les doigts de la surveillante se refermèrent sur l’enveloppe et les billets commençaient à se froisser dans son poing contracté. Comme elle avait pu être stupide de se laisser berner par la petite première de la classe, son visage de poupée et ses petits cadeaux. Elle était désolée ? Elle n’avait pas voulu lui faire de mal ? Voilà qui lui faisait une belle jambe pensa-t-elle sans pouvoir lui cracher son sarcasme au visage, sa voix toujours coincée dans sa gorge, son ventre noué par la rage et la lame de sa trahison qui la traversait de part en part. Qui était-elle pour juger de celle qui en avait le plus besoin ? Elle n’avait sûrement pas pu la confondre avec Robin des Bois distribuant les biens des riches aux plus pauvres tout de même ? La réalisatrice ne portait jamais de combinaison verte moulante, la confusion était difficile. Elle lui avait dit que cet argent était important dans le bureau des surveillants, qu’elle en avait besoin, elle était presque sûre de lui avoir dit qu’il n’était pas qu’à elle, mais elle ne s’était pas repentie. Et maintenant elle lui annonçait que le jour du remboursement était arrivé maintenant que sa “situation” était réglée ? La mâchoire de la blonde se contracta si fort qu’elle sentit l’émail de ses dents grincer mais elle restait immobile, conservant une distance prudente entre elles de peur de lâcher prise et de se jeter sur la brune pour l’étrangler à mains nues.

La surveillante ferma les yeux pour prendre une profonde inspiration, se concentrant sur tous les bons moments de sa journée, les papillons et les gif de paresseux qu’on voyait sur Internet dans l’espoir de se changer les idées. Cependant aucun mème n’aurait été capable de l’apaiser. Elle était furieuse. Furieuse contre elle-même d’avoir été aussi bête et d’avoir fait confiance à une gamine dont elle ne connaissait rien si ce n’était sa passion pour le retard puis son amour secret pour Jamie Ainsworth. Furieuse contre Harper de l’avoir manipulée, de lui avoir menti, et d’avoir passé tout l’été à la Pension, forcée de constater qu’elle n’avait pas pu partir en vacances, et qu’elle ne commettait aucune folie budgétaire, contrairement aux sœurs Preston qui avaient pourtant une situation financière aussi délicate que la sienne. Madeleine rouvrit les yeux en entendant le juron d’Harper et plutôt que d’affronter la situation, elle fit demi-tour, attrapa la poignée de la porte qui était restée grande ouverte après son arrivée triomphale et la claqua pour la fermer derrière elle cette fois. Elle dévala les escaliers jusqu’à la cuisine et ouvrit le frigo sans prendre la peine d’allumer la lumière pour en extirper une bouteille de vin blanc à peine entamée. Arrachant le bouchon de liège, la surveillante porta le goulot à ses lèvres et commença à boire à grandes lampées le liquide sucré qui lui brûlait le palet. Sa bouche fit un bruit de succion lorsqu’elle la détacha de la bouteille pour respirer une grande bouffée d’air puis elle recommença l’opération jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un fond. «Ok.» murmura-t-elle pour elle-même alors qu’enfin elle n’avait plus l’impression que sa tête allait exploser.

«Mad ?» demanda la voix de JJ quelque part au rez-de-chaussée, mais elle l’ignora complètement, se comportant comme un robot programmé pour une mission déterminée. Elle remit la bouteille au frigidaire et refit le chemin inverse toujours dans le noir, claquant la porte contre le mur en l’ouvrant, elle se planta dans l’embrasure, un poing sur la hanche tenant toujours l’enveloppe qu’elle n’avait lâchée à aucun moment, son autre main braquée en direction de la lycéenne. «Tu sais quoi ? J’en ai rien à faire de tes excuses. Tu peux te les garder. Tu peux aller te faire voir Harper Pritchard.» Elle s’avança vers elle, presque chancelante maintenant que son corps commençait à assimiler la quantité d’alcool qu’elle venait d’ingurgiter, mais son esprit n’avait jamais été aussi clair. «Tu t’es bien foutue de moi hein ? Avec tes petits arc-en-ciels et et tes pains au chocolat. À te pointer tous les jours chez moi et à me faire des grands sourires complices avec l’autre abruti.» Les yeux de la surveillante se plissèrent de colère en réalisant que ce n’était peut-être pas l’amour qui liait ces deux là... «Il sait tout pas vrai ? Ça vous amuse ?» Agitant l’enveloppe d’où dépassaient les billets sous le nez de la jeune fille, elle poursuivit en parlant de plus en plus fort. «Alors pourquoi te donner la peine de les rendre ? HEIN ? C’est bon ? Hop, finie la “situation” ? Plus besoin de fouiller les sacs pour se faire de l’argent de poche ?» Sa poitrine se soulevait à toute allure au point d’en être douloureux et ses questions martelées étaient ponctuées de halètements involontaires. «T’as cru que j’étais ta banque ? Que j’étais une société de crédit ? J’espère qu’il y a des intérêts avec ça, Harper, parce que ça m’a pris des mois pour retomber sur mes pieds, des MOIS.» Refermant son poing sur l’enveloppe elle poussa l’épaule de la lycéenne. «Et pourquoi moi, mmh ? J’veux dire, rien qu’au lycée y a tellement de gosses de riches. Si tu crois que j’ai pas entendu les rumeurs sur tes tarifs... Alors pourquoi ne pas augmenter tes honoraires ? Et puis si tu voulais te faire plus, c’étaient pas les occasions qui manquaient. Robin Faithtruc laisse tout le temps son sac traîner en salle des profs. Elle se pointe au lycée en robe de créateur. C’est pas 500$ qu’elle a dans son porte-monnaie, c’est 5 000. Mais non. Il fallait que ce soit moi ? C’était plus facile pour ta conscience ? La surveillante un peu sympa qui gobe tes salades et signe tes billets ?» L’amertume et la colère roulaient sur chacun de ses mots et Madeleine déversait sur cette pauvre gamine des mois de frustration à devoir se surveiller à chaque instant. Elle la dévisagea une fois de plus avant de lever à son tour les bras au ciel en s’emportant une dernière fois avant de se taire pour reprendre son souffle. «Et arrête de tripoter ton poignet à la fin ! Qu’est-ce que t’as ?»
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
Etoiles : 5836

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Chanson préférée du moment : BEYONCE – XO
Glee club favori : Je me fiche totalement des chorales
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptySam 7 Sep - 22:26

Jusqu’à preuve du contraire, les filles de l’âge de Harper ne se bagarraient pas avec le compte en banque de leurs parents. Elles n’étaient pas tenues de fournir une éducation décente à leurs frères, et ne prenaient pas sur elles au quotidien. Non, elles surréagissaient quand un événement grave leur tombait sur le coin du nez. Pas de la façon dont Harper surréagissait régulièrement en frappant et en insultant ceux qui la regardaient de travers, mais en se conduisant de manière outrageusement éplorées, déversant toutes les larmes de leur corps pour avoir le loisir de patauger dedans après. À ce moment, c’était exactement ce que Harper faisait.
Elle pleurait. Beaucoup. Très fort. Les épaules secouées par de violents spasmes, sa respiration était entrecoupée par des gémissements plaintifs, entravée par la douleur lancinante de son cœur qui cognait dans sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration pénible. Elle évacuait toute la pression qui s’était accumulée au cours de ces douze mois de folie. Douze mois durant lesquels elle avait menti comme une arracheuse de dents. Douze mois durant lesquels elle avait eu peur, entre autres… l’année écoulée avait été plus dure encore que les dix qu’elle venait de passer. Mais qui pouvait-elle blâmer ?
Tout le monde. À commencer par les adultes de son lycée. Ceux qui n’avaient jamais cherché à s’entretenir avec ses parents alors qu’elle passait son temps à faire preuve d’une insolence turpide. C’était plus facile de se référer aux informations inscrites sur son dossier ; père mort à la guerre. C’était terrible, bien sûr, la pauvre petite. Seulement ça suffisait amplement pour mettre des mots sur son comportement indomptable. Pritchard manquait d’une figure paternelle, c’était courant. Il n’y avait vraiment pas de quoi faire intervenir sa mère. La belle aubaine ! Pourquoi s’inquiéter de l’attitude de cette gamine aux résultats scolaires exemplaires et aux records sportifs bluffants ? Tant qu’elle continuait à donner un peu de prestige à l’établissement, on laissait passer ses retards et on évitait de se poser trop de questions à son sujet.

Ils connaissaient tous Mariella, sa mère. Tous les gens qui étaient déjà en postes à la veille de l’annonce de la mort de son père, il y de cela dix ans. Ils traitaient avec elle tous les jours puisqu’elle était la secrétaire d’administrative du lycée WMHS. Ils profitaient de ses sourires amènes, de ses anecdotes amusantes et des bonnes tartes orange/chocolat qu’elle déposait tous les vendredis dans la salle des professeurs pour fêter l’arrivée imminente du week-end. Une femme charmante ! Ne cessaient de lui répéter les professeurs daignant lui demander de ses nouvelles, plus par politesse que par véritable intérêt. Une femme charmante, oui, qu’ils ne s’inquiétaient toutefois pas de n’avoir plus revu depuis.
Aucun d’entre eux ne lui avait tendu la main. Pas une fois en quatre ans d’études. Non pas qu’elle l’aurait accepté mais c’était l’intention qui comptait. Sentir qu’on pensait à sa mère l’aurait rendue moins amère, plus apte à se confier. Mais Harper s’était aperçue que ça n’intéressait personne de savoir comment une veuve, mère de quatre enfants, se sortait de cette passe atroce. Après tout, chacun ses problèmes.
La seule aide extérieure qu’Harper avait reçue venait de Jamie. Il était le seul à avoir insisté pour la soulager d’un poids qui pesait si lourd sur ses épaules qu’il fut un temps où elle avait eu l’impression étrange de courir moins vite, freinée par le fardeau qui reposait sur elle. Elle l’avait repoussé au début parce que c’était ce qui lui semblait être la meilleure attitude à adopter sur le moment mais avec du recul elle comprenait que sa présence à ses côtés lui avait permis de tenir le choc. Et c’était pour cette raison qu’elle se sentait si redevable envers lui et qu’avec les moyens du bord, elle essayait de lui rendre la pareille sans ouvertement avouer que c’était de ça qu’il s’agissait. Elle avait échoué pour l’instant mais peut-être qu’elle trouverait un jour le moyen de se rattraper.

Lorsque Madeleine quitta la chambre à coucher, Harper se laissa tomber en arrière sur le lit de James, sa tête ricochant sur le matelas. Elle attrapa la couette dépliée à ses côtés pour se cacher le visage avec en pleurant à chaudes larmes. Elle ne bougerait pas, elle attendrait de s’être vidée de toutes ses larmes avant de quitter la pension et accepterait les reproches. Elle les méritait. Néanmoins pour avoir été témoin des éclats de voix de Madeleine plusieurs fois dans l’année, elle appréhendait d’être menacée avec une casserole en inox ou n’importe quel autre ustensile de cuisine plus dangereux. Si elle avait eu toutes ses capacités, lui faire une prise d’autodéfense aurait été facile, mais Harper était effondrée, fatiguée. Lentement, elle ferma les yeux, presque prête à s’endormir…
Se redressant soudain en s’essuyant sommairement les yeux avec le coin de la couette de Jamie, Harper se donna quelques secondes pour verser les derniers flots de larmes qui se pressaient aux bords de ses longs cils humides. Posant ses coudes sur ses genoux, elle se courba et maintint sa tête entre ses deux mains resserrées en étau solide sur ses oreilles qu’elle boucha au maximum « Calme-toi, Lilibeth. Respire. » murmura-t-elle pour elle-même, reprenant les mots que sa mère utilisait pour la calmer après un cauchemar quand elle était petite fille. Harper bloqua sa respiration et relâcha ses oreilles. Elle s’apprêtait à se lever lorsqu’un bruit sec la fit sursauter et tourner la tête d’un coup d’un seul. Madeleine était revenue.

La surveillante débitait à une vitesse telle que Harper n’avait pas le temps de répondre à ses interrogations. Elle essaya plusieurs fois de prendre la parole mais elle n’était jamais assez rapide. De fait, elle resta assise sur le lit, suivant le trajet de la jeune femme d’un regard timide. Ayant conscience que l’interrompre plus rudement serait très mal venu, la brunette l’écouta se départir de toute sa frustration sans broncher, la tête baissée et le visage lui picotant sous le masque de larmes qui commençaient peu à peu à sécher sur ses joues. Harper savait qu’elle n’avait pas le droit de se sentir offensée par les propos tenus par la surveillante, aussi un sourire plein d’ironie étira ses lèvres. Oh il lui avait fallu des mois pour s’en sortir ? Une énorme boule d’anxiété se forma dans le creux de l’estomac de Harper, se forçant à ne pas montrer l’expression caustique qu’avait revêtue son visage. À elle, il ne lui avait pas fallu que des mois pour s’en sortir, c’était son quotidien. Être désolée, coupable, elle l’avait déjà fait, sincèrement malgré ce que pensait Madeleine, se rappelant à quel point elle avait été dévastée par la perte de cet argent, mais attendre d’elle qu’elle soit bouleversée par le reste, c’était inconcevable et pour cause. Si elles devaient comparer leurs malheurs, il n’avait pas de doute que l’adolescente en sortirait vainqueur.

Elle réagit à peine au contact de la surveillante qui la poussa par l’épaule, car Harper réfléchissait à un moyen de contenir toute la colère bouillonnant en elle face aux termes que la blonde employait (abruti, argent de poche, crédit, intérêts lui firent grincer des dents) et à son récit de ses difficultés à s’en sortir. Expliquer clairement pourquoi elle avait fait ça aurait permis à l’adolescente de s’en tirer à bon compte mais à la vue de la manière avec laquelle Madeleine essayait de la faire davantage culpabiliser, donnant l’impression qu’elle détenait la vérité et que ce vol avait été poussé par le seul appât du gain, il n’était pas envisageable de mettre des mots précis sur ses agissements, de parler du lave-linge et du reste. Madeleine essayait si fort de se faire sa propre opinion qu’elle était à totalement à côté de la plaque. Elle en devenait même blessante, se faisant son petit film sans même laisser le temps à la voleuse de se défendre. Pathétique, pensa cette dernière dont la patience commençait lentement mais sûrement à s’effriter. Le fait qu’elle mette son business sur le tapis l’obligea à relever les yeux, seulement les ressentiments qui naissaient progressivement en elle la dissuadèrent de rétorquer, et elle rebaissa le menton. Intérieurement, elle tenta de se tempérer de nouveau « Calme-toi, Lilibeth. Respire. » Mais c’était trop tard. Elle était irritée.

Se levant très progressivement comme si le déploiement de tous ses membres la faisait souffrir, Harper répondit à sa question sur son poignet « Ça vous intéresse vraiment ? » Elle tira sur la manche de son manteau pour recouvrir sa main tout entière puis releva les pupilles, affrontant celles de Madeleine qu’elle dévisagea fébrilement « Vous êtes comme tous les autres. Vous croyez tout savoir mais vous voyez que ce qui vous arrange. » Ce n’était pas la Harper des bons jours. Elle avait l’air vraiment affecté par tout ce qu’il venait de se passer. Sa gorge se serra douloureusement, elle tint bon toutefois « La vérité est trop dure à supporter hein ? » Dans un souffle, Harper laissa échapper un petit rire très furtif en glissant ses yeux rougis sur sa gauche et en croisant les bras sur sa poitrine – non sans grimacer à la rotation de son poignet. Le moment était idéal pour parler de la situation de sa famille, cependant elle choisit de faire l’exact contraire, et se donnant une claque mentale, elle se somma de reprendre le dessus comme quand Larry l’avait menacé et qu’elle était sur le point de craquer, morte de trouille. Son cerveau se remit en route « Je devrais vous donner ma version des faits, je suppose ? J’en vois pas l’intérêt. Vous semblez avoir fait le tour de la question et vu votre état je préfère éviter. Ça serait fatal pour vous à cause de... enfin vous voyez... votre âge... » Ses mots étaient parsemés de sa touche habituelle d’insolence mais son allure misérable et sa voix brisée, sur le fil, faisaient perdre toute sa superbe à son discours. Elle secoua la tête de droite à gauche, ses lèvres, toujours aussi enflées, se retroussèrent en tremblant dangereusement « Ça m’apprendra à vouloir réparer mes erreurs. Si j’avais su que vous aviez cette image de moi, la fille vénale qui vole pour se faire de l’argent de poche, vous auriez pu vous asseoir sur votre pognon. » ajouta-t-elle. Elle arqua un sourcil, renifla fort en feintant le dédain. Harper était profondément blessée et toujours aussi honteuse malgré cette colère vicieuse qu’elle éprouvait à l’égard de la surveillante. Elle avait encore envie de pleurer. Elle avait envie de parler à Jamie. Se mordant la langue pour faire passer le remplissage de ses yeux de larmes pour de la douleur quelconque, elle s’avança d’un petit pas vers l’avant.
Tenant à éclaircir un point, elle se redressa en baissant les bras le long de son corps. Elle s’arrêta près de l’oreille de Madeleine. Elle ne s’approcha pas d’elle davantage, tenant à garder une distance de sécurité entre elles, et s’appliquant à prendre un ton neutre, elle l’informa « Pour que vous arrêtiez avec cette histoire : je suis pas enceinte. Jamie et moi on n’est même pas ensembles. » Ses cils battirent un temps près du visage de la surveillante avant qu’elle ne recule la tête et qu’elle marche d’un pas pondéré vers la porte restée ouverte.
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyDim 8 Sep - 18:46

Bon. Et maintenant ? lui murmura Violet à l’oreille. Violet, l’amie imaginaire qui la tempérait, qui l’aidait à garder son calme dans des situations de stress et faisait de son mieux pour l’empêcher de se jeter la tête la première dans les ennuis. Mais bien sûr, toujours là quand il ne fallait pas, ses amis imaginaires débarquaient après la bataille quand elle avait vraiment besoin d’eux. Elle pouvait sentir le regard moralisateur de la grande blonde longiligne dans son dos alors qu’elle tremblait encore de tous ses membres, pantelante à cause de son monologue débité si vite que la pauvre fille n’avait pas eu la moindre chance de pouvoir répondre à l’une de ses nombreuses questions. “Maintenant quoi ?” avait-elle envie de crier. Elle n’avait pas besoin d’autres questions ! Elle avait besoin de réponses. Elle voulait savoir pourquoi Harper en était arrivée là. Elle voulait savoir si elle l’avait fait exprès, ou si elle s’était rendue compte après coup de l’identité de sa victime. Elle voulait savoir pourquoi elle n’avait pas rendu l’argent, et pourquoi elle le rendait maintenant, pourquoi elle le rendait tout court. Est-ce qu’elle faisait ça souvent ? Est-ce que c’était une situation isolée ? Est-ce qu’elle était dans un gang de délinquants juvéniles qui détroussaient les gens à la gare et qu’en réalisant ce qu’ils avaient fait elle avait décidé de la rembourser pour faire amende honorable ? Ça n’avait aucun sens ! Harper avait beau être insolente plus souvent qu’à son tour, parfois agressive dans les couloirs, la plupart des professeurs ignoraient ses coups d’éclat parce qu’elle était une excellente élève au milieu des demeurés de l’Ohio, certains voulaient ménager son dossier déjà entaché d’un certain nombre de retards qu’elle ne pouvait pas faire passer à la trappe, d’autres avaient simplement la flemme de prévoir des punitions qu’ils devraient corriger plus tard. C’était une bonne gamine. Et pas seulement parce qu’elle lui avait apporté sa dose de caféine plus souvent qu’à son tour. Madeleine était persuadée qu’elle ferait de grande choses le jour où elle apprendrait à fermer son clapet de petite rebelle réfractaire à l’autorité pour faire autre chose de son esprit vif qu’une série de remarques cinglantes. Ou alors elle ne le fermerait jamais et deviendrait une politicienne contestataire au passé brûlant qui animerait les foules et lancerait un appel à la révolution. Seulement la surveillante s’était laissée aveugler par la colère et la rancœur et elle l’avait traînée dans la boue.

Elle avait besoin du mode d’emploi pour être une adulte responsable capable de mettre ses différends personnels de côté pour pouvoir poser calmement les bonnes questions. Lorsqu’elle était de permanence à la LPA elle ne s’occupait que rarement des cas difficiles qui avaient besoin d’être contenus. C’était plutôt le genre d’Ecaterina, ou d’Emma. Elle n’était pas assez stable elle-même pour se confronter à des cocottes minutes émotionnelles qui pouvaient exploser à tout moment, alors elle s’installait plutôt avec les sans-abris et leur faisait la causette pendant qu’ils prenaient leur repas. Elle leur trouvait des petits boulots en ville, de quoi se racheter des vêtements, ou s’offrir autre chose que la nourriture que le foyer proposait, de quoi tenir jusqu’à la prochaine fois qu’ils seraient au fond du trou. Elle écoutait leurs histoires, essayait de se souvenir de leurs noms, de leurs vies, n’y parvenait que rarement mais ils ne lui en tenaient pas rigueur et rabâchaient encore et encore les mêmes choses à chaque visite. Après avoir claqué la porte de la grande maison de banlieue de ses parents elle s’était embarquée sur les routes des États-Unis, passant de ville en ville, travaillant comme serveuse ou barmaid, et puis elle repartait quand elle en avait assez, ou qu’elle s’était attiré des ennuis. Pendant des années elle n’avait pensé qu’à elle, avait refusé de lier de véritables amitié, de se poser quelque part, de se laisser dicter sa conduite comme Catherine Wild l’avait fait toute sa jeunesse. Elle avait été obsédée par l’idée d’être libre et indépendante, se moquant de tout et de tout le monde. Ça n’avait été qu’une fois en Inde qu’elle avait appris à ne pas s’intéresser qu’à ses petits problèmes, à ouvrir les yeux, à regarder le monde, et elle rêvait même d’un jour pouvoir ouvrir les yeux des autres à travers sa caméra. Elle avait fait du chemin depuis qu’elle était revenue à Lima. Grâce à ses études, grâce aux pensionnaires, grâce à Emma et la LPA. Elle n’était pas Mère Teresa, mais elle tâchait de ne pas réagir avec indifférence à la première occasion. Mais ses travers égoïstes étaient plus durs à vaincre qu’il n’y semblait et elle venait de faire une sérieuse rechute.

L’expression sur le visage d’Harper avait changé du tout au tout au cours de sa logorhée réprobatrice et lorsque la lycéenne se releva, il était devenu limpide qu’elle n’était pas d’humeur à lui faire des confidences. La surveillante se mordit l’intérieur de la lèvre à sa réponse sèche concernant son poignet et ne put s’empêcher de détourner le regard lorsqu’elle la dévisagea pour l’accuser de ne pas se soucier de la vérité. Sa colère oubliée, la surveillante commençait à courber le dos sous le poids de la culpabilité et des remords et le vide laissé par son débordement de rage se remplissant doucement de honte. Elle n’était pas certaine de comprendre ce qu’elle voulait dire, mais elle ne pouvait pas non plus le nier. Elle n’avait pas fait preuve de discernement en allant s’enfiler une bouteille de vin blanc avant de revenir s’époumoner en reproches. Elle n’avait jamais posé la moindre question à l’adolescente concernant ses parents et l’avis qu’ils avaient sur le fait qu’elle avait passé l’été enfermée dans la chambre de Jamie. Elle l’avait vue presque tous les jours mais ne savait absolument rien de sa vie personnelle. Elle avait cru la connaître par habitude, et l’aveu de ce vol l’avait prise par surprise en lui mettant sous le nez l’évidence de son ignorance. Ses lèvres scellées par l’embarras de cette constatation, elle laissa la lycéenne charger la mule comme elle-même l’avait fait quelques secondes plus tôt, retenant un nouveau coup d’éclat à son sous-entendu désobligeant. Elle voulait se lancer dans une guéguerre, elle n’avait pas de reproche à lui faire, et elle avait l’air suffisamment pathétique à essayer de sauver sa fierté en l’insultant de sa petite voix cassée. Elle aurait dû être l’adulte dans la pièce mais c’était elle qui avait commencé les coups bas et maintenant elle ne pouvait qu’encaisser ses remarques acerbes.

Elle resta figée, laissant Harper la contourner après son grand final sur son célibat supposé. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, mais elle ne savait pas quoi, et elle ne savait pas comment. Elle cherchait les mots justes pour ne pas faire plus de dégâts qu’elle n’en avait déjà faits mais ne trouvait rien, et si elle ne se dépêchait pas, la brunette serait bientôt hors de la pension. Abandonnant l’idée d’un plan d’attaque, Madeleine fit finalement demi-tour pour attraper le bras gauche de la jeune fille qui réagit à la douleur. «Pardon !» Relâchant immédiatement son bras en levant ses mains, elle se plaça devant elle pour l’empêcher de filer vers les escaliers. «Attends Harper. Je...» Madeleine resta un instant bouche bée, regrettant amèrement de ne jamais avoir de plan ou de beau discours  quand il fallait être rationnelle. «Je me suis laissée emporter d’accord ? Je ne m’y attendais pas, et surtout pas venant de toi, ça m’a surprise, j’ai mal réagi. Je le pensais pas, okay ?» Baissant les yeux vers ses baskets roses, la surveillante avait envie de se donner un coup de pied pour avoir réussi à présenter les excuses les plus minables de l’histoire des excuses. Un peu plus et on aurait dit Timothy en action. Relevant le nez pour croiser les yeux rougis de la petite, Madeleine hésita un instant supplémentaire à continuer. Si elle se lançait à lui demander des explications elle était à peu près certaine de se faire rembarrer, mais sa curiosité était trop grande pour résister. «Je...» Elle déglutit une dernière fois puis fit tourner sa cheville sur la pointe de son pied droit comme à chaque fois qu’elle cherchait ses mots. «Je vais pas te laisser rentrer chez toi comme ça. On dirait que t’es passée sous un train... Tes parents avaient pas l’air très inquiets de te laisser à la Pension avec Jamie, même si c'est pas ton petit copain, mais tu avais meilleure mine en rentrant à la maison les autres fois.» Esquissant un sourire gêné, Madeleine pointa la salle-de-bain de Santana et Jamie un peu plus loin dans le couloir. «Santana a laissé tout un tas de crèmes pour bébé dans la salle-de-bain et puis des lotions tonifiantes ce genre de trucs. Si tu veux je te les montre et tu limites la casse.» La belle latino ne serait pas ravie de savoir qu’on avait fouillé dans ses affaires mais c’était le cadet de ses soucis pour le moment. «Et mmh... si par hasard, entre deux crèmes hydratantes, t’avais envie de m’expliquer ce qui s’est passé... La vérité trop dure à supporter, tout ça... Enfin. Voilà quoi.» conclut-elle brillamment en croisant ses mains devant elle à la base de son t-shirt alors que sa tête se mettait à tourner. «Je crois qu'il faut que je m'assoie aussi.»
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyLun 9 Sep - 23:27

Pour Harper, il n’y avait plus rien à dire. Elle avait fait ce qu’il y avait de mieux à faire en rendant à sa propriétaire l’argent qu’elle lui avait volé, même si ce n’était pas exactement de cette façon qu’elle avait imaginé les choses. Était-ce important de lui expliquer qu’elle avait regretté tout du long de lui avoir menti ? Était-ce nécessaire de s’étendre sur les raisons pour lesquelles elle avait cédé à la facilité ? Harper pensait que non, car tout était rentré dans l’ordre désormais, peu importe finalement la manière dont le remboursement s’était déroulé. Sa dette était acquittée, elle était libre. Pas soulagée pour autant, mais libre néanmoins, et cette sensation grisante de ne plus rien devoir à personne – à l’exception de Jamie qui lui était au courant de tout, actionnaire principal de sa transaction top secrète – la transportait. Elle était juste trop triste et désabusée pour en prendre pleinement conscience pour le moment.
Polémiquer sur cette affaire serait comme l’asséner de coups alors qu’elle était déjà à terre, roulée en boule dans un coin imaginaire pour mieux se protéger des reproches et de la colère plus que justifiée de Madeleine. Des arguments, elle en avait pourtant des tas pour absoudre son geste mais toute la complexité du contexte se trouvait là. Harper ne voulait pas qu’on la plaigne et qu’on la prenne en pitié. Elle ne voulait pas qu’on se mette à les regarder différemment elle et ses frères. Elle préférait mille fois qu’on la juge sur son comportement inflexible plutôt qu’on éprouve ne serait-ce qu’un peu de compassion pour elle à cause de ce qui se passait entre les quatre murs de sa maison. La vie de la fratrie Pritchard était difficile sur bien des plans, bien qu’en définitive les garçons s’en soient tirés à bon compte contrairement à Harper qui portait leur éducation à bout de bras. Jouer la petite fille malheureuse lui vaudrait sans nul doute masse de petits mots d’encouragements et autres gestes de réconfort, sauf qu’elle n’en voulait pas. C’était beaucoup trop tard. C’était quand elle avait dix ans, à l’époque où elle avait décidé qu’il était temps qu’elle aide sa mère, parvenant péniblement à se remettre des deux ans passés sans son époux, qu’elle aurait eu besoin de petits mots d’encouragements et de gestes de réconfort, de visites des fidèles de la paroisse qu’ils avaient désertée, ou même de petits signes de la main dans la rue. Rien de tout ça ne s’était jamais passé. Il avait fallu que la famille Guevara s’installe à côté de chez elle pour qu’ils soient considérés comme faisant partie intégrante du voisinage, et que Jamie débarque sa planète cool pour se sentir un tant soit peu comprise et soutenue. Aujourd’hui, Harper avait dix-sept ans, et elle était déjà blasée par la nature humaine. Après dix ans à espérer quelque chose de son prochain, elle n’attendait plus rien de personne.

Ayant l’impression d’avoir sa boîte crânienne remplie de boules de coton, la jeune fille s’approcha de plusieurs pas de la porte pour quitter la chambre de Jamie. Elle se laissa le temps de lancer une dernière œillade circulaire à la pièce, un peu nostalgique du temps passé ici, ce qui n’arrangeait définitivement pas son état, puis elle arrêta ses pupilles brouillées par les larmes sur la silhouette de Madeleine lui tournant le dos. Elle ne se posait pas de questions sur l’état de leur relation, si tant il y en avait eu une, car Harper savait que la blonde n’avait plus aucune considération pour elle, et peut-être qu’il valait mieux qu’il en soit ainsi. C’était plus facile d’ignorer une personne qui vous en veut que de s’accrocher à l’espoir que tout s’arrange un jour. Harper avait fait une terrible erreur, elle avait cru pouvoir la réparer, mais en réalité ça n’avait fait qu’empirer les choses et l’enfoncer un peu plus dans la honte et la culpabilité. En plus, elle était déçue que la surveillante ne lui cherche pas d’autres arguments pour expliquer son geste. Elle était en colère contre elle à cause de son discours qui ne cessait de se jouer en boucle dans sa tête, se répercutant en écho contre les parois ouatées de sa tête. À l’entendre, elle n’était que l’une des élèves superficielles du lycée, comme ces cheerleaders qui se pâmaient devant quelques billets leur faisant miroiter des heures de shopping au centre commercial. Madeleine était furieuse bien sûr, Harper était la mieux placée pour savoir que dans cet état faire preuve d’entendement était difficile, mais savoir qu’elle avait cette image auprès de la surveillante ça lui faisait du mal. Profondément. Parce qu’elle avait appris à l’apprécier malgré tout ce qu’on racontait sur sa santé mentale et qu’elle aurait voulu l’avoir de son côté elle aussi.

Elle avait presque atteint l’escalier de la pension quand une pression sur son bras lui fit pousser une jérémiade de douleur et rabattre son bras sur sa poitrine en serrant les dents. Le nombre de fois où son poignet avait été malmené au cours de ces derniers jours n’en finissait plus. Son hématome ne pourrait jamais guérir. Restant sur place, elle ferma les yeux en respirant doucement quand Madeleine lui demanda d’attendre. Harper se retourna, pivotant sur ses pieds pour lui faire face, mais ne leva pas les paupières. Elle la laissa parler, s’attendant à recevoir encore quelques bonnes gifles verbales, histoire de parachever ce passage à tabac moral dont elle était victime. C’était assez drôle. C’était Madeleine qui avait été volé mais c’était Harper qui pleurait et qui récoltait tous les symptômes d’un traumatisme comme si elle était passée sous train… la surveillante utilisa cette métaphore elle aussi, et Harper esquissa un bref sourire, ouvrant doucement les yeux en battant des cils par intermittence. La mention de ses parents lui fit baisser la tête. Elle s’apprêta à lui dire que personne ne se soucierait de la voir dans cet état parce que tout le monde à la maison dormait depuis longtemps mais elle s’en empêcha, suivant du regard la destination que la jeune femme lui indiquait de la main. Les doigts resserrés sur son poignet, Harper glissa son regard sur Madeleine. Elle avait la même expression sur le visage que son petit frère quand il faisait une grosse bêtise et qu’il venait vers elle pour limiter les dégâts, et amortir la fausse leçon de morale que lui ferait sa grande sœur. Lui aussi faisait ce truc avec ses chevilles. Contre toute attente, Harper se laissa attendrir par ces similitudes avec le petit dernier.

« Peut-être que… » Elle baissa lentement la main devant elle, releva la manche de son manteau sur son poignet violet et le montra à Madeleine, le regard rivé sur son bleu assez conséquent « Peut-être que vous pourriez m’aider avec ça. » dit-elle timidement « Je suis tombée dans la douche il y a quelques jours, et avec les cours, j’ai pas eu le temps de m’en soucier. » Un mensonge qui passerait comme une lettre à la poste. Elle renifla encore une fois, ravalant ses larmes, et s’essuya le bas de son visage avec son autre manche. S’échinant à rebaisser aussi vite les pupilles sur son bras, Harper reprit avec hésitation « Mon… » Elle s’humecta les lèvres « Mon père est mort en Irak quand j’avais sept ans. Et ma mère est très… occupée. Je sais que vous vous posez la question. » Bizarrement, c’était maintenant qu’elle cherchait à trouver des circonstances atténuantes à ses parents, et ils en avaient de bonnes. Déglutissant en faisant un pas vers Madeleine, Harper se laissa conduire jusqu’à la porte de la salle de bain, et ajouta en chuchotant, comme pour éviter de réveiller les autres pensionnaires alors qu’elles s’étaient lancées dans une bataille bruyante et sans merci, il y a de ça plusieurs minutes « Mon père se serait inquiété de me voir tout le temps ici, vous pouvez me croire. Surtout en compagnie de quelqu’un comme Jamie. » Elle laissa échapper un petit rire fugace et brusquement, elle fronça les sourcils, son expression se rembrunissant derechef « Il m’a beaucoup aidé, vous savez. Jamie. C’est pas un abruti. » Harper tourna rapidement la tête vers Madeleine « Lui répétez pas que j’ai dit ça. » compléta-t-elle dans la précipitation imaginant le jeune homme avec le même sourire idiot avec lequel elle l’avait quitté la dernière fois qu’ils s’étaient vus.
Entrant dans la salle de bain à la suite de la blonde, l’adolescente déboutonna son manteau pour en retirer la manche gauche « Madeleine ? » La voix de Harper résonna dans la pièce, l’acoustique y étant comme souvent très bonne. Le son de sa propre voix, son nez bouché par les larmes qui continuaient à remplir ses yeux et les accents rauques sortant de sa gorge, lui parut tellement altéré qu’elle se trouva stupide, mais ce n’était pas le bon moment pour s’autoflageller, pensa-t-elle. Elle avait autre chose à faire, et ça lui demandait plus de courage que de lister les nombreuses fois où elle n’avait été que faiblesse ce soir. Se redressant de toute sa taille pour se donner de l’assurance, levant le menton pour regarder Madeleine droit en face, Harper lui dit avec une douceur et une gaucherie inhabituelle « Je sais que vous m’avez dit d’aller me faire voir avec mes excuses, et je vous promets que je le ferai quand j’en aurai l’occasion, probablement après que je sois sortie de la pension… » Viens en au fait, Pritchard « Mais elles étaient sincères. Et je… je sais que c’est débile de rembourser quelqu’un après presque un an et que si vous avez pris autant de poids, c’est entièrement de ma faute. Je suis trop désolée pour ça aussi d’ailleurs. Faut avouer que les viennoiseries du centre-ville sont vachement bonnes quand même, surtout le croissant aux amandes… » Elle secoua vivement la tête, fermant les paupières très très fort, créant des petites ridules au coin de ses yeux et fronçant le haut de son nez « Vous comprenez certainement pas pourquoi j’ai fait ça… j’aimerais pouvoir vous expliquer mais c’est impossible. Tout ce que je peux vous dire c’est que votre argent, je l’ai pas utilisé pour me faire plaisir. » Elle rouvrit les yeux pour les planter fixement dans ceux de la jeune femme. Harper hésita, une, deux, trois secondes, puis prenant une grande inspiration, elle lui demanda « Faites-moi confiance, d’accord ? » En s’entendant dire cette dernière phrase, Harper trouva qu’elle ne manquait pas de toupet, et que si Madeleine ne lui en collait pas une dans la seconde, tout comme Larry, elle aurait énormément de chance. Par réflexe, elle jeta un coup d’œil discret à la taille des mains de la surveillante, et soupira mentalement en constatant qu’elle ne portait pas de bagues.
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyDim 15 Sep - 1:29

La métaphore du train n’avait pas été beaucoup plus habile que ses excuses et Madeleine était donc déjà toute prête à essuyer un refus, ou à se retrouver à la porte de la salle-de-bain le temps que la lycéenne retrouve une apparence un peu plus humaine —si tant était que c’était possible— avant de disparaître aussi vite qu’elle était apparue sur le pas de sa porte. C’était une fille après tout. Aucune fille n’apprécie de se faire traiter de morte vivante. Si Glenn avait été là, il lui aurait probablement conseillé un masque au concombre frais et des poches de glace sous ses yeux pour diminuer les gonflements et les rougeurs avant de l’enfoncer. Un peu de fond de teint et d’anti-cerne le lendemain et le tour était joué. Seulement pas question d’appeler Glenn après l’avoir croisé à la soirée d’ouverture de Duo Dance avec ce très cher shérif. Il continuait à ignorer ses mises en garde sur la vraie nature de ce dégénéré aryen anormalement grand et autoritariste, tant pis pour lui. Elle ne lui prêterait pas ses mouchoirs magiques à la chlorophylle extra-doux extra-confortable quand il pleurerait sur ses erreurs passées. Et si jamais il se pointait avec sa nouvelle moitié à la Pension, ç’aurait été le pompon. De toute façon elle n’avait jamais vu Harper avec du maquillage. Soit elle était particulièrement talentueuse et réussissait à faire le nude le plus naturel du mode, soit elle avait par miracle réussi à échapper aux effets de mode. Difficile à imaginer à chaque nouvelle tournée de première années toutes plus peinturlurées les unes que les autres, mais impossible ne semblait pas faire partie du vocabulaire de la petite Pritchard qui ne faisait visiblement jamais ce qu’on attendait d’elle.

Posant une main sur la rampe voisine pour se stabiliser alors que le vin lui montait finalement à la tête, la surveillante ferma les yeux un instant pour retrouver l’équilibre. Pourquoi avait-il fallu qu’elle choisisse du vin blanc ? Le soufre allait lui faire un mal de chien quand elle se réveillerait le lendemain et elle devrait sans doute ressortir ses lunettes de soleil malgré la lumière plus tamisée de l’automne. Et depuis quand buvait-on du vin à la Pension ? Question qui manquait de pertinence étant donné la volatilité des goûts et envies de chacun. Occupée à s’interroger sur l’identité du propriétaire de la bouteille lorsque la voix d’Harper sonna à nouveau à ses oreilles, elle rouvrit immédiatement ses yeux gris sans lâcher sa prise sur le bois et son regard tomba sur le poignet qu’elle dévoilait finalement. «Aïe.» siffla-t-elle entre ses dents par réflexe, abandonnant sa quête du pensionnaire vinophile alors que la jeune fille lui expliquait très vaguement les circonstances du vilain bobo en question. Pas étonnant qu’elle n’ait pas arrêté de gigoter et de le tripoter. Même dans l’obscurité du couloir, c’était méchamment violet. Elle devait avoir une douche italienne comme on n’en voyait que dans les films pour avoir la place de tomber aussi mal. Ou un manque de talent prononcé. La forme ne ressemblait pas vraiment à celle d’un choc, mais sans oser regarder de plus près ou contredire la jeune fille, Madeleine chercha son regard sans succès mais finit par acquiescer de la tête. «Euh ouais. J’veux dire, oui. Bien sûr. Il doit y avoir tout ce qu’il faut.» Bien que l’adolescente continuât à l’éviter soigneusement du regard, elle lui adressa un sourire qui se voulait encourageant, et tâcha de décontracter l’ambiance toujours pesante et inconfortable entres elles. «Je suis la meilleure rouleuse de bande de la LPA. Je pourrais presque en faire un métier. J’te jure ! Une fois on a fait un concours de momies avec Catalano, j’ai eu le temps de ficeler trois de nos protégés alors qu’il en était toujours au premier. Avec ce genre de compétence, ton poignet va être remis en moins de deux.» Elle n’avait plus vraiment pratiqué le roulage de bande à grande échelle depuis que Seth était reparti dans sa Californie natale se faire griller sur les plages de sable blanc derrière ses comics, mais il ne s’agissait que d’une articulation et personne ne ferait la course avec elle.

Sa tentative d’égayer l’ambiance en lui balançant des histoires embarrassantes sur son ancien prof d’espagnol échoua lamentablement lorsque, contre toute attente, Harper décida qu’il était l’heure de faire des confidences. La surveillante ne put retenir une inspiration audible sous le coup de la surprise et se mordit la lèvre inférieure pour s’obliger à se taire. Wow. Il était temps de se replonger dans les dossiers des élèves. Comment avait-elle pu passer à côté de ce genre de détails ? Ça devait bien être inscrit dans l’un de ses formulaires, ou bien sa fiche de renseignements. Que faisaient les profs franchement ? Son décès remontait, certes, mais c’était le type d’information qu’on faisait tourner. Même un post-it aurait suffi : “Œdipe en vue, papa soldat mort sur le front,  refus de l’autorité et crise identitaire à prévoir.” Emma clamait toujours que les visiteurs de l’association avaient le droit à l’anonymat et au secret professionnel, et elle se gardait bien de partager ce qu’elle entendait de la bouche des élèves qui venaient la voir pour être orientés, ou conseillés, ou redirigés vers l’hôpital psychiatrique le plus proche. Madeleine en avait fait l’expérience directe lorsqu’aucune rumeur de sa schizophrénie latente n’avait rempli les couloirs après lui avoir sorti le grand jeu en parlant à l’un de ses amis imaginaires dans son bureau. Mais tout de même ! Elle devait être au courant pour la gamine. Elle aurait pu lui glisser un mot à ce sujet. Ça aurait pu éviter ce genre de situation embarrassante. «Oh. Okay.» murmura la surveillante sans savoir quoi rajouter. Il était un peu tard pour présenter des condoléances, mais s’en tenir là donnait l’impression qu’elle n’en avait rien à faire. «Cool.» Non ! Pas cool ! Pas cool du tout. Pourquoi est-ce que sa mâchoire se sentait toujours pousser des ailes aux moments inopportuns au juste ? «Enfin, euh, non, hmm, désolée.» Finalement des condoléances auraient été plus simples. Madeleine soupira et abandonna le combat contre son propre esprit pour prendre la direction de la salle-de-bain.

Regardant par-dessus son épaule le visage d’Harper faussement éclairé par son rire, Madeleine ne doutait pas que son père était parfait dans ses rêves. Elle songeait souvent que si elle n’avait pas connu ses parents elle aurait pu se les imaginer de manière tout à fait différente. Manque de pot, elle était le portrait craché de sa mère, à l’exception de ses yeux bleu-gris qu’elle tenait de son père. Elle était et resterait la fille d’une ancienne actrice psychosée dont le but avait été de vivre le succès par procuration à travers sa fille et d’un avocat toujours absent que rien ne semblait atteindre. L’adolescente pouvait au moins se consoler en ressassant le passé avec des souvenirs qui ne pouvaient être que flous et les embellir jusqu’à ce qu’elle soit tout à fait convaincue. La photographe allait se retourner vers la porte sans commenter pour pousser la poignée lorsque la brunette attira à nouveau son attention sur Jamie et cette fois la surveillante ne put s’empêcher d’arquer un sourcil tandis que ses lèvres esquissaient une moue amusée à peine dissimulée. Ses yeux se plissèrent et elle lâcha finalement le regard perçant de la jeune fille en pinçant les lèvres. «Mmmhmm» se contenta-t-elle de marmonner en guise d’assentiment. Ses hypothèses sur leur petit couple de cachotiers avaient été mises à mal, puis niées vivement par la principale concernée, mais son comportement était hautement suspect. Si elle ressentait le besoin de défendre l’insupportable Ainsworth Junior, elle ne devait pas être si fâchée que ça, et bientôt elle retrouverait sa place de choix sur son lit et la surveillante devrait leur glisser des préservatifs pour s’assurer que les rumeurs ne virent pas à la réalité.

Glissant sa main sur le mur carrelé de la pièce, elle tâtonna jusqu’à trouver l’interrupteur et fila s’appuyer contre le lavabo alors que sa tête recommençait à tourner et qu’elle n’avait plus la rampe pour se tenir debout. En appui sur ses deux mains, elle inclina la tête vers l’avant, ses mèches blondes tombant à nouveau devant ses yeux et adoucissant la lumière devenue trop vive après tout ce temps passé dans la pénombre. «Ici.» répondit-elle sans se retourner lorsque Harper l’appela dans son dos pour attirer son attention. Constatant que la jeune fille ne poursuivait pas, elle se força à se redresser pour faire demi-tour et s’adosser contre le rebord du comptoir, un peu avachie. Dans cette position, Harper était plus grande qu’elle, même avec ses baskets rehaussées, mais c’était surtout son air déterminé qui lui donnait l’avantage. La bouche de la surveillante se fronça à sa mention de son discours maudit et elle garda le silence pour ne pas l’interrompre. Elle savait qu’au fond elle ne serait jamais vraiment pardonnée. Comme elle ne pardonnerait sans doute jamais vraiment à Harper ses mensonges et surtout son larcin. Elle était sortie d’affaire et n’avait plus sans cesse sous les yeux ses relevés de compte dans le rouge, mais de temps à autre elle ne pourrait s’empêcher d’y repenser, et elle se demanderait pourquoi, pourquoi elle, pourquoi Harper, pourquoi ces 500$ là. Elle avait réussi à se résigner à ne pas avoir de réponse pour ce soir, mais demain sa curiosité serait à nouveau piquée, et elle souffrirait de l’absence de justification. Plus que de la rancune ou de la colère, ce serait sans doute comme une cicatrice qu’elle porterait toujours et qui, avec un peu de chance, lui permettrait de prêter davantage d’attention à ses affaires.

Toute prête à enterrer la hache de guerre, sa mâchoire se contracta de plus belle à la mention de son poids et ses mains quittèrent le comptoir derrière elle pour se poser en protection sur son ventre. Elle n’avait pas pris de poids. Si ? Non, non. Elle rentrait toujours parfaitement dans ses jeans. Ses t-shirts n’étaient pas serrés. Glenn ne l’avait pas mise au régime forcé la dernière fois qu’il avait eu besoin d’elle pour des essayages. Elle faisait religieusement de l’exercice. Elle avait certes eu le droit à des viennoiseries, mais ça ne compensait pas vraiment les repas sautés par économies. Si ? Non. Non ! C’était une manière de se venger de sa remarque déplacée sur l’état de son visage. Ou bien elle se rassurait depuis qu’on lui avait trouvé un baby bump au lycée. Mais juste par précaution, elle passerait sur le chocolat pour ce soir. Elle n’en avait plus vraiment envie de toute façon. L’enveloppe d’argent qu’elle avait glissé dans la ceinture de son pantalon lui avait coupé l’appétit. «Ça suffit Harper.» interrompit-elle avant que la lycéenne ne se lance dans une énumération de toutes les portions de paradis disponibles dans la boulangerie du centre. Elles avaient fâcheusement dérivé du sujet, et Madeleine ne savait plus s’il s’agissait des viennoiseries ou de l’argent. L’un comme l’autre, elle n’avait aucune idée des raisons qui avaient poussées l’adolescente à se comporter de telle sorte et ce n’était pas sa soi-disant impossibilité à les expliquer qui allait la mettre sur la voie. Perplexe face à la grimace de la jeune fille, Madeleine resta silencieuse, entourant son ventre de ses bras comme pour se protéger. Ses dents passèrent sur sa lèvre inférieure et ses paupières se refermèrent pour rompre le contact visuel avec Harper qui lui demandait à présent sa confiance. La surveillante retint de justesse un éclat de rire nerveux et ses sourcils se froncèrent pour se concentrer sur son contrôle.

Baissant à nouveau la tête, elle la secoua doucement avant de se retourner vers le placard où elle savait que se trouvait le kit de premiers soins. «Je ne pense pas que ce soit possible.» avoua-t-elle de manière aussi honnête que brutale, le ton de sa voix étrangement posé et ferme tandis qu’elle fouillait la petite boîte à la recherche d’une bande velcro, tournant le dos à Harper. Mettant finalement la main sur son sésame, elle referma la boîte après en avoir également tiré une pommade à l’arnica et reprit sa position initiale pour faire face à l’adolescente et plonger son regard dans le sien. «Je ne dis pas que tu as fait ça pour le plaisir. Enfin...» Sa voix s’éteignit un instant, trahissant ses doutes sur ce qu’étaient devenus les cotisations des étudiants du club de cinéma et les motifs de l’athlète, mais elle se reprit rapidement. «Je n’ai pas pris de poids avec tes viennoiseries. C’était bizarre d’ailleurs, et je ne suis pas sûre de comprendre pourquoi tu l’as fait, encore moins maintenant. Mais bref, tu ne veux pas dire ce qui t’a poussée à le faire, ou tu ne peux pas, quoi qu’il en soit, je vais pas te forcer.» La résignation de la surveillante était trahie par son regard fuyant et ses doigts qui jouaient nerveusement sur le bouchon du tube de pommade alors qu’elle retenait encore le milliard de questions qu’elle avait en stock. «Par contre je crois qu’on va y aller doucement sur la confiance, hein.» Tendant la main vers la jeune fille, elle changea finalement de sujet sans transition avant de perdre le peu de contrôle qu’elle réussissait à avoir sur sa langue. «Donne ta main. On va s’occuper de tes blessures de guerre.»
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
Etoiles : 5836

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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyDim 15 Sep - 17:09

On en revenait à la même chose. C'est-à-dire à la prédisposition grotesque de Harper Elizabeth Pritchard à jouer avec le feu. Ç’aurait pu être comique si ces histoires ne se finissaient pas mal dans 98 % des cas. Pourtant, elle avait acquis par le biais de ses nombreuses tentatives ratées qu’elle ne devait sous aucun prétexte s’approcher de la flamme dense qui ondulait perpétuellement devant ses grands yeux parce qu’elle risquait de se brûler les pattes. Larry Faithorn (ou Don Vito Corleone comme elle le surnommait depuis qu’elle était tombée par hasard sur une diffusion tardive du Parrain) lui avait fait comprendre qu’elle devait redescendre de ses grands chevaux fissa et embrasser la vérité douloureuse que du haut de ses dix-sept ans et neuf mois, elle ne pouvait pas sauver tout le monde, ni même débarquer à l’improviste chez les inconnus en se prenant pour la fille illégitime de Chuck Norris. C’était un fait indéniable qu’il faudrait bien qu’elle accepte un jour où l’autre. Qu’elle ne puisse sauver tout le monde, s’entend. Pas les doutes planant sur son lien de parenté (évident) avec Walker Texas Ranger. Oui, Lilibeth nourrissait le rêve secret de faire du petit duvet invisible plaqué au-dessus du charmant ourlet de sa lèvre supérieure, une moustache chatoyante qu’elle remuerait frénétiquement tout en se grattant allègrement l’entrejambe comme les compagnons de line dance d’Andie. Ceci étant, le sujet n’était pas là. Harper ne pouvait pas sauver tout le monde, certes. Mais elle pouvait se sauver elle-même.
C’est pourquoi elle aimait chatouillait l’étincelle qui finissait immanquablement par prendre de l’ampleur, et par l’encercler de toute part. Car elle savait qu’elle pourrait s’en sortir par un coup de bluff à faire pâlir tous les joueurs de poker. Sauf que depuis quelque temps, il lui semblait qu’elle n’était plus tellement apte à faire illusion. Bien trop souvent prisonnière de la chaleur ardente des erreurs qu’elle commettait sans cesse pour préserver sa fierté, cette dernière se désagrégeait comme l’épaisse fumée s’échappant des nombreux incendies qu’elle déclenchait un peu partout sur son chemin, la poussant encore et encore à s’aventurer plus loin pour ressortir indemne des combats qu’elle menait contre les autres. C’était suicidaire. Et l'adolescente prenait conscience que le danger avait sur elle un pouvoir qu’elle n’avait jamais soupçonné auparavant. Elle avait un besoin impératif de trouver un moyen efficace de calmer ses pulsions. Pas tout de suite, cependant, c’était beaucoup trop tôt. Et en demandant à Madeleine de lui accorder sa confiance, c’était comme si Harper tendait le briquet et l’encourageait à la brûler vive. Heureusement qu’elle n’avait pas pour habitude de se promener avec des rondins de bois dans les poches, elle aurait été capable de lui tendre des bûches pour construire un foyer.

Tenant fermement son poignet dans sa main valide, Harper attendait patiemment que Madeleine abatte sa sentence. Les gouttelettes d’eau coulant du robinet mal fermé accompagnaient le temps qui s’allongeait, ce qui lui donna la vive impression que quelqu’un était passé avant elles pour arranger les détails d’une mise en scène presque parfaite. Cette sensation qu’on les observait lui fit lancer un regard très furtif à la porte entrouverte. Pendant une fraction de seconde, Harper espéra que Jamie entre dans la salle de bain et les prenne en flagrant délit pour qu’elle n’ait pas à subir les minutes qui se profilaient. Harper était si fatiguée. C’était épuisant de se battre en permanence contre tout et tout le monde. Mais évidemment, personne ne passa le seuil de la porte, et la brunette détourna tristement les yeux.
Elle se préparait à tout. À recevoir une gifle qu’elle méritait, à se retrouver chauve sous l’étirage intensif de ses mèches par la surveillante, et quand ses yeux rouges vadrouillèrent le long de l’étagère bordée de cosmétiques et autres accessoires de torture appartenant à Santana, elle s’imagina même se faire crever les yeux avec un repousse-cuticules. Harper n’était pas idiote au point de penser que Madeleine accepterait de lui faire confiance, ce n’était pas ce qu’elle espérait d’elle, car elle savait que ce n’était pas possible. Ce qu’elle avait voulu dire, c’était qu’il ne fallait pas qu’elle pense que si elle avait pris cet argent c’était pour des choses futiles, mais sa façon si particulière de ne jamais expliciter ses pensées se retournait contre elle, et bien sûr, Madeleine appuya ce qu’elle savait déjà. À savoir qu’elle ne lui faisait pas confiance. Harper aurait pu rectifier le tir mais elle choisit de se taire, et tendit son poignet bleui à la jeune femme.

Le feu était éteint. Madeleine avait étouffé les flammes avec son verdict sans appel. Harper n’avait plus besoin de se sauver elle-même. Personne ne la menaçait ou ne menaçait son entourage. Elle devait simplement trouver le courage de sortir de sa boîte pour parler. La jeune fille avait un gros travail à faire sur elle-même avant de pouvoir s’exprimer. La route lui paraissait longue et sinueuse, si bien qu’elle se demanda si elle aurait la volonté nécessaire de mettre ses défauts de côté sur la durée. Non, elle ne l’aurait pas, mais elle avait elle aussi le droit de se bercer d’illusions quand ça l’arrangeait. Et force était de constater qu’à l’heure actuelle, ça l’arrangeait de croire qu’elle pouvait changer pour devenir quelqu’un de bien et de tempéré. Soudain, elle eut la nécessité de faire un effort pour que Madeleine elle aussi y croit. Elle estimait lui devoir au moins ça, même s’il ne s’agissait que d'un mensonge de plus ;

Les mots ne sortirent pas tout de suite, Harper dut déglutir plusieurs fois « Je peux vous demander quelque chose ? » finit-elle par dire d’une toute petite voix, suivant du regard le trajet des doigts de Madeleine qui enduisait son poignet d’une couche épaisse d’arnica « Quand je serai prête à parler, est-ce que je pourrais venir vous voir ? » S’apercevant qu’elle se comportait comme une enfant, Harper carra brusquement les épaules et s’éclaircit la voix en toussant très fort. C’était suffisant, inutile d’enfoncer le clou pour qu’il lui revienne plus tard dans la figure. Reniflant pour la énième fois, détectant des effluves âcres de l’alcool qui s’échappaient d’entre les lèvres de la blondinette, Harper glissa l’air de rien une mèche derrière son oreille, et sur le ton de la conversation, retrouvant son timbre de voix à peu près normal, elle poursuivit « Au fait, j’aimerais bien savoir qui à fait remonter le tarif de mes honoraires jusqu’au bureau des surveillants – OH PU… » commença-t-elle dans un cri, cherchant à retirer son poignet des mains de la surveillante. Elle serra les dents pour étouffer son juron lorsque Madeleine enroula son poignet avec une bande de tissu. Elle laissa passer un temps avant de reprendre calmement « Vous savez, si vous ne me le dites pas, ça sera facile à deviner. J’ai une clientèle réduite, et Sunny Palmer est ma partenaire de labo. Si je lui propose qu’on aille boire un milk-shake à la banane ensemble comme deux super copines qu’on n’est pas, soyons claires, elle oubliera de me faire payer les infos que je lui demanderais… » Doucement, elle plissa les paupières et pencha la tête un peu plus près de celle de Madeleine. Cherchant malicieusement son regard, Harper se perdit dans un enchevêtrement de zigzags et capitula dans un mi-sourire sincère. Elle ne put se résoudre à se taire, néanmoins « Vous, elle… au final, le crétin qui n’a pas su tenir sa langue aura quand même un zéro à son prochain devoir de maths, et vous devrez le supporter une année supplémentaire. Ça serait pas cool. » Tout à coup, elle releva la tête pour ajouter très vite « A ce propos, vous direz pas à Jamie que je suis passée hein ? Parce que j’ai fouillé dans ses tiroirs et que c’est le genre à savoir exactement où se trouvent ses affaires dans son bordel organisé. S’il sait que c’est moi qui aie laissé traînées mes mains un peu partout, il trouvera ça louche. » Et ça l’est, compléta-t-elle intérieurement. S’agitant nerveusement sur ses deux jambes, Harper remua la droite un moment puis elle soupira bruyamment en roulant des yeux, impatiente « Ça sera notre secret, oui ou non ? » Tout doux, Harper. Elle prit une grande inspiration « Au moins jusqu’à ce que je trouve la meilleure façon de lui dire que j’ai… » Stop, maintenant. Harper verrouilla aussitôt son regard à celui de Madeleine « Enfin, lui dites pas, OK ? » Et elle rompit aussi vite le contact visuel. Enfin, elle chuchota gentiment, trouvant un intérêt soudain au carrelage de la salle de bain « Merci. » Pour tout, s’apprêta-t-elle à rajouter. Seulement elle se souvint à temps que Madeleine lui avait fait perdre un combat auquel elle tenait et qu’en plus, elle l’avait fait pleurer, la vieille peau. De fait, elle se tut et récupéra son poignet enrubanné.


Dernière édition par Harper E. Pritchard le Mer 18 Sep - 22:47, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyMer 18 Sep - 22:21

L’espace d’une brève seconde, Madeleine savoura intérieurement le profond sentiment de satisfaction qui envahit sa poitrine lorsque l’adolescente avait laissé entendre qu’elle viendrait un jour se confier à elle. Peut-être qu’elle n’était pas si nulle après tout. La LPA n’était pas exactement regardante sur ses bénévoles et c’était un peu par chance qu’Emma n’avait pas récolté de psychopathes parmi ses bénévoles, mais peut-être qu’elle y avait vraiment sa place en fin de compte. Peut-être qu’elle avait réussi à limiter la casse malgré sa réaction violente à la nouvelle que la petite Harper à qui elle avait jusqu’alors fait une confiance tacite l’avait volée. Seulement ça ne lui disait pas ce qu’elle pourrait bien faire de ce genre de confession. Si Harper avait envie d’ôter ce poids de sa poitrine, c’était sans doute mieux pour elle, et peut-être que c’était un appel à l’aide qu’elle n’assumait pas encore, mais la surveillante avait du mal à s’imaginer dans le rôle de l’oreille attentionnée ou de l’épaule sur laquelle pleurer. Il était d’ailleurs hors de question qu’elle se remette à pleurer. Les larmes ne servaient qu’à mettre tout le monde mal à l’aise. Ça vous donnait mauvaise mine et ça trahissait ses faiblesses. Sans compter que Madeleine n’était pas certaine qu’elles étaient suffisamment intimes pour qu’elle partage ses mouchoirs magiques avec la lycéenne... Le plus raisonnable aurait été de lui dire d’aller trouver Emma au lycée et de partager ses problèmes avec elle. Elle ne voulait plus vraiment parler de l’incident. Ni maintenant, ni plus tard. Ça ne ferait que rouvrir de vieilles cicatrices qu’elle venait déjà de mettre à vif. Le passé c’était le passé. Harper avait trouvé le moyen de se faire 500$, Madeleine avait trouvé le moyen de se faire un peu plus en décorant le studio de danse pour Brittany, il n’y avait plus rien à dire. Elle avait retrouvé une certaine sécurité financière pour les mois à venir, si bien que la blonde aurait même pu lui redonner l’argent qu’elle avait visiblement peiné à réunir étant donné qu’elle la remboursait un an après les faits... Ça n’avait même jamais vraiment été son argent. Elle avait dû rembourser le club de cinéma après le vol bien sûr, mais à l’origine, elle n’était la détentrice que de 5$ dans le paquet. Mais 500$ c’était un billet pour le Japon... Ou plusieurs nuits d’hébergement sur place... C’était la certitude de partir un mois filmer son documentaire sur les enfants des rizières toxiques. Plongée dans ses pensées en étalant le gel sur le poignet douloureux de la jeune fille, elle en fut tirée par sa quinte de toux forcée et son regard retrouva celui d’Harper. «Si tu veux.» dit-elle, son teint emprunt d’incertitude. La gamine avait l’air du genre secrète et pas vraiment penchée conseillers d’orientation et autre psychologues. Si elle refusait son offre, elle perdrait sans doute la seule occasion qu’elle se donnait de parler de ses problèmes à un adulte. Alors pourquoi pas ? «Pas sûre que je sois la plus qualifiée, mais si tu trouves pas mieux ailleurs, tu peux ramener un pain au chocolat et on verra ce que tu as à me raconter.» Ses lèvres esquissèrent un sourire tendu et ses yeux quittèrent les siens pour trouver le bandage qu’elle avait posé sur le rebord du lavabo.

La surveillante déroula quelques centimètres de la bande pour attaquer le roulage au milieu du poignet et serrer le plus possible. Elle posa doucement l’extrémité contre le bleu à l’intérieur de son bras et commença à dérouler avec délicatesse quand Harper revint sur ses histoires de trafic de devoirs. Avec un sourire sadique, Madeleine serra fort le premier tour ce qui arracha une presque injure à la lycéenne. «Faut que ça tienne bien l’articulation.» déclara-t-elle d’un ton sérieux en l’empêchant de retirer son bras, ignorant du même coup sa question. Dire que l’information était remontée au bureau des surveillants n’était pas tout à fait exact. Elle avait entendu l’un des membres de l’équipe de football se vanter de son excellente note en mathématiques et de 20$ bien investis en Harper auprès de ses camarades en sortant des vestiaires après l’entraînement. Mais elle n’avait pas vu son visage et aurait de toute façon été incapable de savoir quel pouvait être son nom. Ils se ressemblaient tous et du moment qu’ils n’étaient pas de fervents retardataires elle se moquait bien de qui était qui dans ce lycée si ça n’impliquait pas de potins. Elle s’était juste trouvée au bon endroit au bon moment, et lorsque le petit groupe avait croisé son regard, ils avaient tous déguerpi comme si de rien n’était et elle n’avait plus entendu parler de l’histoire. Elle n’allait certainement pas en parler à Liberty, ni à Figgins, ni à Ainsworth. Elle n’avait pas de preuve pour justifier ce qu’elle avait entendu dire, n’avait pas envie de passer du temps à en trouver, encore moins pour plomber le dossier de la petite Pritchard qui était la seule gosse à lui apporter des viennoiseries le matin. Pour tout dire, ça lui était même complètement sorti de l’esprit, mais dans le feu de la colère, ce souvenir lui était revenu en tête de manière bien commode pour lui permettre d’en faire des tonnes et d’écraser Harper de toute la culpabilité possible. Si elle avait encore dû passer des examens, elle aurait sans doute fait une note pour elle-même lui rappelant que la rage lui rendait la mémoire. En attendant elle ne dirait rien de plus à ce sujet.

La surveillante ne retint plus son sourire en écoutant le petit discours de la brunette et croisa son regard une nanoseconde avant de se reconcentrer sur la tâche d’entourer le pouce de la jeune fille pour stabiliser la bande. S’il existait plus fouine qu’elle à McKinley c’était sûrement Palmer. Elle évitait de se frotter à l’aspirante journaliste autant que possible, jusqu’à présent avec succès. Son air de chien truffier prêt à tout pour fourrer son nez dans les affaires des autres et les afficher en première page du torchon de l’école ne lui revenait pas. Même pas dix-huit ans et déjà adepte du chantage, c’était moche. Il semblait d’ailleurs qu’elle n’était pas exactement populaire au lycée, si l’on exceptait Harper donc, et James Ainsworth, une fois de plus. À croire que ce garçon avait une passion secrète pour les cas sociaux. S’interrompant dans sa tâche pour regarder la lycéenne qui s’était remise à parler de son grand copain, son sourire s’élargit, révélant ses dents blanches qui vinrent mordre sa lèvre inférieure pour retenir un petit rire. Quelle sale petite menteuse. Peut-être qu’ils n’étaient pas ensemble à cet instant précis, mais ça ne tarderait pas, elle en aurait mis sa main à couper. Elle était obsédée. On ne s’inquiète pas de savoir qu’une amie a fouillé dans ses tiroirs. Madeleine n’arrêtait pas de le faire partout dans la Pension et personne ne lui avait jamais rien dit. Si ce n’était Santana. Mais là encore, c’était Santana. Une potentielle petite copine un peu trop curieuse qui cherche un journal intime où il déclare sa flamme éternelle en revanche... C’était plus louche. Peut-être qu’elle pouvait parier contre Lexie sur le temps qu’ils mettraient à se rendre à l’évidence. Pourtant la surveillante se garda de partager ses réflexions et acheva tranquillement de rouler la bande et de la fixer avec le scratch avant d’admirer son œuvre. Parfait. Peyton aurait été fière d’elle. Elle avait presque envie d’en prendre une photo pour l’envoyer à Catalano. Pendant ce temps Harper s’impatientait et lorsqu’elle trouva son regard la jeune fille s’interrompit en cours de phrase. «Ok.» répondit-elle simplement. Elle aurait aussi pu lui faire remarquer qu’elle n’était pas exactement la BFF du cousin Ainsworth et qu’ils partageaient rarement plus que des trajets pour le lycée et des piques ouvertes. Elle avait même un dossier qui lui était réservé pour se venger d’un éventuel coup bas sur son ordinateur. Mais elle préféra s’en tenir là sur le sujet Jamie de peur de la faire se rebeller à nouveau en clamant à cors et à cris qu’elle n’était pas amoureuse de lui et qu’elle ne porterait pas ses enfants. Foutaises.

Madeleine se retourna vers la boîte pour ranger le gel et la replacer là où elle l’avait trouvée. De sa main propre elle ouvrit le robinet qui gouttait pour se laver les mains et se débarrasser de l’odeur forte de l’arnica qui lui collait à la peau. S’essuyant sur l’une des serviettes pendues à côté, elle épia le comptoir pour trouver une lingette démaquillante qu’elle tendit à Harper en se retournant finalement vers elle. «Passe toi ça sur le visage.» Son sourire s’était adouci avec ses remerciement aussi sobres que sincères, tout du moins c’est ce qu’elle espérait, mais elle préféra ne pas s’attarder dessus. La situation était trop bizarre, même pour elle. Être remerciée par sa voleuse dont elle venait de s’occuper après avoir découvert le pot aux roses : définitivement suspect. Mais ça n’avait pas l’air de les déranger plus que ça, ni l’une ni l’autre, et Madeleine était trop fatiguée pour réfléchir à l’absurde de sa soirée. «Je te proposerais bien de te raccompagner, mais tu sais ce qu’on dit, boire ou conduire... J’ai fait mon choix pour aujourd’hui. Si tu veux un chauffeur t’as qu’à frapper à la porte de JJ.» La blonde sortit de la salle-de-bain en poussant Harper vers les escaliers où elle décida qu’il valait mieux se séparer. Elle était déjà montée sur la première marche qui la ramènerait dans la chambre d’Anna quand elle se retourna finalement prise de remords. «Tu sais Harper, si j’étais toi, je n’évoquerais pas mes activités péri-scolaires avec le personnel du lycée. Même s’ils ont l’air sympa.» Tournant sur la pointe des pieds, elle monta les marches deux par deux pour s’enfermer à nouveau dans la chambre noire improvisée. Du bout des doigts, elle détacha la photo du sac à main dans la gare qui était toujours en train de sécher et la regarda quelques secondes avant de la jeter à la corbeille. Portant sa main sur son front tiède, elle murmura pour elle-même : «Au lit.»
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
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MessageSujet: Re: 02. [Pension Preston] You can’t trust anyone   02. [Pension Preston] You can’t trust anyone EmptyVen 20 Sep - 17:40

Se débarbouillant le visage avec la lingette démaquillante que Madeleine lui avait tendue, Lilibeth se lança dans une réflexion subite, mais non moins poussée. Le sel qui picotait ses joues rondes s’effaçait progressivement, remplacé par le parfum douceâtre de l’eau de rose imbibant la lingette et apaisant instantanément sa peau dardée de grosses traces de larmes et de plaques réactives. Comment devrait-elle se comporter avec la surveillante après cette nuit riche en émotions ? Devrait-elle continuer à la saluer avec enthousiasme dès qu’elle la croiserait à l’angle des couloirs de son lycée ? Ou faire profil bas en l’évitant pendant toute sa dernière année ? Cette pensée lui provoqua une contraction douloureuse au niveau du bas ventre qu’elle tenta de dissimuler en vrillant précipitamment ses pupilles sur son poignet bandé, histoire que Madeleine ne s’imagine pas qu’elle était en train de perdre les eaux et qu’elle cherche à se la jouer Docteur Quinn en voulant la faire accoucher sur le carrelage de la salle de bain. Weirdest. Situation. Ever.

Lui raconter un mensonge de plus concernant la possibilité qu’elle vienne se confier à elle dans un futur si éloigné qu’il en devenait inexistant était une chose. Cela prouvait que dans une certaine mesure, Harper l’appréciait suffisamment pour lui promettre monts et merveilles malgré l’abominable vérité comme pour l’en préserver. Mais envisager de faire comme si elle n’existait pas, c’en était une autre. Et manifestement, elle ne s’en sentait pas du tout capable.
L’année scolaire venait à peine de débuter. Elles avaient encore devant elles de longues semaines de déambulations dans les couloirs et d’heures de permanences à partager. Ô joie. Sans compter que si les choses finissaient par s’arranger avec James et que Harper réussissait par miracle à faire pousser, en même temps que sa moustache, une paire entre ses jambes, elle lui avouerait avoir foiré avec Celui-Dont-Elle-Ne-Préférait-Pas-Prononcer-Le-Nom. Il lui pardonnerait, car c’est ce que font généralement les amis, même les amis qui se frappent dessus (surtout elle) et s’insultent (surtout elle) comme eux, non ? Évidemment elle entendrait bien reprendre sa place de tutrice, fort confortable malgré qu’elle n’en tirait rien d’autre que des paiements en bouffe et que désormais les Ding-Dongs lui donnaient envie de gerber tellement Jamie l’avait soudoyé avec ces cochonneries. Elle lui ferait réviser sa biologie jusqu’à ce qu’il soit capable de lui réciter le programme de l’année à l’envers et en latin, et cela même s’il ne faisait pas de latin. En conclusion : elle reviendrait squatter dans la chambre du jeune homme. Par terre ou sur une chaise, vu que dans cette maison, s’asseoir sur le lit de quelqu’un était considéré comme une invitation implicite à se faire dépuceler. De fait elle verrait aussi Madeleine hors temps scolaire. Si ce n’était pas de la poisse, elle ne s’appelait plus Harper Pritchard.
Pour avoir pris Ainsworth comme cobaye de ses expérimentations d’esquives façon unité d’élite, toutes manquant cruellement de discrétion ceci étant, Harper ne se qualifierait pas comme la plus douée pour la fuite à son grand malheur. Ignorer Madeleine Wild ? Même pas la peine d’y penser. Alors certes, elle n’entretenait pas exactement la même relation qu’avec monsieur Bong mais le fait était que quand la brune avait des sentiments, bons ou mauvais, pour n’importe qui, il lui était impossible de faire comme s’il n’existait pas. Elle pourrait toujours essayer d’utiliser la méthode connue de la surveillante générale de son lycée, à savoir se mettre à couvert dès que le danger, soit Madeleine, se mettait en travers de son chemin. Sauf que bah… non. Elle s’était mise à plat ventre pour plusieurs vies, ce soir. Sa fierté était définitivement ébranlée, ça suffisait ! Elle qui s’autoproclamait comme étant si adulte et si mature devrait sans doute commencer à affronter les choses quand ça la touchait directement. Et alors un soupir de dépit s’échappa de ses lèvres qui tremblèrent dangereusement en songeant à toutes les erreurs qu’elle avait commises ces derniers jours. Seulement bien avant de penser aux conséquences qui la feraient fondre en larmes une seconde fois, elle se retourna derechef pour prendre la porte quand Madeleine lui proposa de demander à JJ de la raccompagner. Dans un haussement d’épaules, elle lui indiqua que ce n’était pas la peine.

Harper n’était pas fière de tout ce qu’il venait de se passer. La brûlure de la honte qui remontait le long de sa trachée était encore à vif, et ce n’était pas ses vaines tentatives de détourner le sujet sur ses affaires frauduleuses qui adoucirait le fait que pour la première fois de sa courte, mais intense, vie, elle était si confuse qu’elle s’était sentie obligée d’expulser ses remords dans un étalage de larmes et de complaintes tout à fait ridicules. Le pire était qu’elle y repenserait longtemps après, et qu’elle se mettrait le cerveau dans tous les sens pour mettre le doigt sur ce qu’il aurait fallu qu’elle fasse pour éviter de se faire prendre ou sur ce qu’il aurait fallu qu’elle dise ou ne dise pas – comme lui fit remarquer Madeleine, s’épancher sur ses activités illégales feraient sans doute partie des choses qu’il aurait fallu qu’elle évite de faire. Oui, tout était fini pour Madeleine mais pas pour Harper qui garderait les stigmates de ses erreurs pendant longtemps encore.

Sur la première marche de l’escalier, Harper repasse une fois la lingette sur son visage et la fourra dans sa poche. Avant que Madeleine se retourne pour la quitter, elle lança avec plus de sincérité que durant leur échange dans la salle de bain « Liberty a l’air sympa. Vous, vous avez l’air cool. » N’en fais pas trop se somma-t-elle avec sarcasmes mais elle savait très bien que pour une fois ses paroles étaient dénuées de toutes tentatives de corruption. Elle baissa la tête en montrant sa main bandée du menton, et ajouta tout bas et assez vite « Merci encore une fois. » Elle descendit les marches en petite foulée, sans prendre le temps de se retourner. Une fois en bas, Harper tourna à droite de l’escalier, sans vraiment y penser, et se dirigea d’un pas hésitant jusqu’à la cuisine. Arrivée à l’ouverture, elle s’arrêta graduellement « Dé – euh… » Elle secoua la tête « JJ ? » Le jeune homme se retourna du plan de travail pour la toiser d’un regard circonspect de sa place, les sourcils haussés très haut. Il avait un front atrocement large, pensa la jeune fille qui ne s’attarda pas plus de deux secondes sur ce détail, par peur de paraître impolie – un comble. Discrètement et en clignant des yeux, elle glissa sa main abîmée derrière son dos, et dans un petit sourire éteint, elle lui dit « Je crois que Madeleine a un peu abusé de la… » Elle leva sa main valide à sa bouche comme si elle tenait un verre imaginaire, et fit basculer son petit doigt en arrière « Vous devriez vérifier si elle va bien de temps à temps. » Dans un signe de tête entendu, elle salua le jeune homme et doucement, elle pivota sur ses talons pour prendre la direction opposée et sortir de la pension.

L’air frais du dehors lui fit monter les larmes aux yeux. Harper resta adossée un moment à la porte de la maison, le regard fixé droit devant elle et la respiration retenue dans sa poitrine. Son téléphone portable vibra contre ses doigts glissés dans sa poche mais elle ne vérifia pas son écran. Elle expulsa une grande colonne d’air, renifla pour ravaler toutes ses larmes et se redressa brusquement. Dans un geste expert, le regard dur, elle tapota la pointe de ses tennis usés contre le béton. Sans compter jusqu’à trois, Lilibeth dévala les marches du perron et se mit à courir à toute vitesse.

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