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 02. I must not tell lies.

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MessageSujet: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyMer 28 Aoû - 1:00


I MUST NOT TELL LIES.

Les ongles d'Aaron s'enfoncèrent dans ses paumes déjà meurtries par de précédentes frustrations. Celles-ci semblaient se multiplier bien plus que nécessaires depuis quelques semaines. Depuis que Jane Langley avait décidé d'approfondir son étude des comportements sociaux de l'individu en s'investissant bénévolement dans la modeste association d'Emma Schuester et Cassandra Hamilton. Il inspira profondément en fixant résolument le mur d'en face. Que cherchait-elle exactement en venant s'enterrer dans une ville comme Lima ? La question tournait en boucle sans trouver de réponse satisfaisante. Pourquoi Lima ? Cette femme était diplômée d'une université de l'Ivy League. Elle nourrissait une renommée nationale. Pourquoi l'Ohio ? ‘J'ai vu Los Angeles. J'ai vu Boston. J'ai vu New York. Ce sont de grandes villes. Et je suis convaincue que le milieu social de l'individu lambda influence à long terme son comportement. Alors, Lima. ’. S'était-elle contentée de répondre aux journalistes attirés comme des abeilles par le miel par la présence d'une telle personnalité. Aaron ne l'aimait pas, ni ne l'appréciait. Si sa présence lui avait permis d'échapper un maximum à ses rendez-vous avec Ecaterina, il aurait toutefois préféré avoir de meilleurs issues. D'autant plus lorsque ceux-ci accueillaient la présence de ce tordu de Michael Creevey.
« Aaron, je vous prierais de me rejoindre dans mon bureau à la fin de l'heure » Annonça Jane, d'une voix mesurée qu'il lui méprisait. Celui-ci se fendit d'un rictus hypocrite en haussant légèrement les sourcils : « En quel honneur ? » Voulut-il savoir. L'idée de se retrouver avec la psychologue ne l'enchantait guère. Userait-elle encore de ses multiples termes médicaux issus de racines grecques incompréhensibles pour lui apprendre quel genre de personne il était ? Et il ne croyait pas à ses recherches. Il avait mis le mot sur l'homme qu'il était depuis plusieurs mois à présent. Et ce n'était pas grâce à elle. « Monsieur Creevey m'a reporté une altercation. Ne rendez pas les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà. Nous allons devoir prendre des mesures ». Aaron se figea. Une altercation ? Quelle altercation ? Rugit-il mentalement, offusqué. Ses pupilles firent navette entre Jane et Michael, comme s'il s'attendait à ce que l'un d'entre eux le tranquillise en exposant une blague de très mauvais goût. Mais ni l'un ni l'autre n'arboraient d'expressions significatives. Si ce n'est un léger sourire satisfait sur les lèvres de ce foutu sociopathe dont l'une des dents manquaient à l'appel. « Une altercation ? » Releva-t-il en s'efforçant de maintenir une intonation raisonnable. Intérieurement, il bouillonnait. Indigné qu'une pareille accusation s'adresse à lui. Lui qui avait tenu une attitude quasi-irréprochable depuis l'incident qui avait tant coûté à Ecaterina. « Je ne tolèrerais pas le mensonge dans cette salle monsieur Guevara, répondit-elle en plantant ses pupilles d'un bleu translucide dans les siennes malgré la distance qui les séparaient. Un silence de cathédrale s'abattit sur le cercle d'inadaptés. Certains suivaient l'échange comme l'on aurait observé un match de tennis. En retenant leur souffle. Michael m'a montré les blessures que vous lui avez porté la semaine dernière. Votre main est toujours à vif, alors cessez de mentir ! ». Elle avait légèrement haussé le ton sur le dernier mot et, les paupières d'Aaron se plissèrent. Il s'était esquinté les jointures, non pas en frappant Michael, mais en mettant un point définitif à sa carrière illégale de lutteur à Columbus. Mais c'était l'une des choses qu'il ne pourrait pas utiliser pour se défendre. Le peu de crédibilité qu'il pouvait accorder à la quinquagénaire s'effondra instantanément. Elle n'avait rien compris et elle ne comprendrait jamais rien temps que ce sale con continuait à la mener en bateau. « Quelles mesures ? » Capitula-t-il enfin, le goût de l'injustice sur la langue. « Je vais convoquer votre responsable, mademoiselle Robertson. Et nous en parlerons toute à l'heure ».

***

La langue de Shakespeare ne suffisait plus à définir l'irritation dans laquelle cette accusation l'avait embourbé pendant près d'une heure et demie. L'idée qu'il faille impliquer Ecaterina dans ses affaires –encore une fois !– n'améliorait certainement pas son état d'esprit. En réalité, il aurait préféré que la jeune femme ne soit pas sollicitée à son propos avant qu'il n'ait définitivement purgé ses obligations pénales vis-à-vis de l'association. Il avait songé à négocier ce point avec Jane, mais avait rapidement renoncé. Ça n'aurait pas amélioré son cas. La psychologue semblait déterminée à prendre les meilleures décisions pour le tirer de ses gonds. Le testait-elle ? Le faisait-elle exprès pour assouvir sa curiosité de savant fou ? Sans doute. Le contraire aurait été terriblement exaspérant.
Il s'était levé lorsqu'elle le lui avait demandé et, elle l'avait précédé dans un petit couloir connexe. « Attendez ici. J'ai un appel à passer ». Et elle s'était éloignée d'une démarche régulière, ses talons impeccablement vernis claquant contre le carrelage clair comme le gond promettait l'ouverture d'un procès. Et pendant une fraction de seconde, l'idée fugitive d'une fuite à l'anglaise lui traversa l'esprit. L'idée s'assoupit presque aussi rapidement tant elle avait si peu d'avenir. Résigné, il tourna la poignée et entra dans le petit bureau qui lui inspira une ambiance britannique –bien qu'il n'eût jamais traversé l'Océan Atlantique. Ses pupilles ne tardèrent pas à s'arrêter sur la silhouette reconnaissable d'Ecaterina.
Elle le vit, et il s'immobilisa à nouveau en détournant le regard. Sans savoir quoi dire. Il s'asséna une claque mentale en songeant que se murer dans un silence buté ne les aideraient en rien dans cette affaire : « Elle arrive » Indiqua-t-il laconiquement, sans avoir à préciser de qui il parlait. C'était évident. « Elle a insisté pour t'appeler ... ». C'était la première fois qu'ils se retrouvaient en face à face, seul à seule, depuis l'incident. Il s'était appliqué à l'éviter, rongé par quelque remord. Encore aujourd'hui, il évitait de laisser ses pupilles s'attarder sur son visage où les hématomes s'étaient accumulées et s'accumulaient encore dans son souvenir. Souvenir qui se superposait sans mal au présent. Non, il ne pouvait pas la regarder en face comme si rien ne s'était passé, aussi ridicule puisse-t-il sembler être. « J'ai rencontré ton copain » Crut-il bon d'ajouter subitement, dans une vaine tentative pour faire la conversation en attendant que Jane daigne réapparaître. Ses pupilles glissèrent sur les murs, les mains enfoncées dans les poches.

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Ecaterina S. Robertson
Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyMer 28 Aoû - 22:03

Le déjà-vu. Ce sentiment étrange d’avoir déjà vécu ce qui est pourtant tout juste en train de se dérouler. Le regard perdu dans les rails du store vénitien pendu à la grande fenêtre, Ecaterina avait cru connaître ce phénomène scientifique en revivant le coup de téléphone qu’elle avait reçu quatre mois plus tôt pendant une permanence à la LPA. Celui qui l’avait mené jusqu’au Nirvana, un bar miteux situé aux alentours de Buffton, à quelques minutes en voiture de Lima, et qui lui avait causé bien du souci. Cette fois seulement, ce n’était pas l’accent hispanique d’Aaron qui avait piqué sa curiosité, l’enfonçant aussitôt dans un état nerveux proche de la crise de panique, mais celui atrocement distingué de Jane Langley, la psychologue de l’association. L’effet sur elle fut le même toutefois, et la blonde décida de s’exempter de son prochain cours pour prendre sa voiture, direction Lima, et cela sans même trouver nécessaire de prévenir qui que ce soit. Comme si ça ne lui avait pas suffi de se retrouver aux urgences au mois de juin dernier, voilà qu’elle retraçait le même schéma sans nulle autre crainte que de retrouver le jeune cubain, le sujet de l’appel de cette pimbêche de Langley, avec le poignet cassé.
Aaron avait des ennuis. Cependant elle ne savait pas lesquels, car Jane s’était montrée énigmatique sur les raisons de cet appel exceptionnel. Tout ce que Cat savait c’était qu’elle était attendue au bureau de la jeune femme pour un entretien privé aussi vite que son emploi du temps le lui permettrait. Jane et Ecaterina avaient une relation tout juste professionnelle, ce qui expliquait la mine surprise qu’avait prise l’étudiante en constatant qu’elle lui avait laissé un message sur sa boîte vocale. La blondinette avait déjà repéré les œillades intempestives de la psychologue en sa direction pendant qu’elle s’occupait du groupe d’entraide qu’elle dirigeait quelques fois par semaine à la LPA. C’est vrai qu’Ecaterina n’était pas bardée de diplômes comme elle l’était, et que seule sa capacité à se montrer concernée par autrui l’aidait à soulager la peine de ceux que sa collègue qualifiait d’inadaptés, mais elle aimait autant être bénévole que n’importe qui d’autre, si ce n’était plus. Au contraire de Jane qui ne voyait qu’en cette place douillette une façon déguisée de faire du sensationnel sur le dos de pauvres gens un peu perdu.

Grâce à sa façon bien à elle de respecter le Code de la route (comprenez en grillant plusieurs feux rouges, en dépassant les limitations de vitesse et en faisant des queues de poisson, en veux-tu en voilà), la blonde était arrivée aux locaux de l’association d’Emma Schuester et de Cassandra Hamilton plus vite qu’il n’en faut pour le dire, et d’un pas anxieux, s’était dirigée vers le bureau de celle qui l’avait convoquée, n’attendant même pas qu’elle soit présente pour l’inviter à s’y installer. Depuis près de vingt-minutes maintenant, elle faisait les cent pas dans ce bureau faussement chic qui embaumait le parfum d’intérieur bon marché, n’ayant qu’une seule chose en tête : le sort d’Aaron Guevara.
Depuis l’incident qui lui avait valu de se balader avec le faciès d’Elephant Man pendant de nombreuses semaines, ils ne s’étaient parlé que par sms. L’attitude d’Aaron à son attention contrariait Ecaterina qui ne comprenait pas qu’il puisse l’éviter avec autant de volonté, alors qu’elle-même essayait de se retrouver seule avec lui pour savoir au moins comment il allait. Ce qu’ils avaient vécu n’était pas sans effets secondaires, du moins sur Cat. De ce fait, elle voulait savoir si lui aussi avait du mal à s’en remettre, pour tenter de trouver un peu de réconfort auprès de quelqu’un qui comprenait parfaitement ce qu’elle avait traversé, mais il était distant. Grand bien lui fasse ! Ecaterina avait cessé d’insister, l’arrivée de Jane au sein de l’équipe l’avait beaucoup aidé à lâcher du leste, et à ancrer dans sa tête que finalement ce qu’elle avait fait pour le jeune homme ne méritait pas qu’on s’y attarde, et qu’elle finirait par s’en remettre.

Le couinement de la porte du bureau sollicita toute son attention. Lâchant du regard le dépôt de poussière sur le store bleu pétrole, la jeune femme tourna la tête vers la source du bruit. Ses yeux rencontrèrent très brièvement ceux d’Aaron qui s’échinait déjà à les vriller de l’autre côté ce qui fit soupirer la blondinette. Une seconde, elle s’enquit silencieusement de son état ; il avait ses deux mains et il ne saignait pas. Son visage semblait ne souffrir d’aucune blessure, et pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés coincés dans les toilettes du Nirvana, elle se permit de détailler ses charmants traits, avant de capituler par décence. Le poids qui comprimait sa poitrine se dissipa aussitôt, et elle mit ceci sur le dos de la bonne santé de son interlocuteur. Se décalant de quelques mètres de la fenêtre, elle s’adossa au mur à côté et attendit qu’on lui fournisse une explication. Au lieu de quoi, Aaron se lança dans des banalités qui la firent sourire en coin, la tête baissée et pour détendre l’atmosphère, elle répondit au fait qu’il lui avoue avoir rencontré Gale :

« Il est sexy, hein ? Et encore, tu ne l’as pas vu torse nu. » Elle retira un mouton invisible de sa jupe d’un geste désinvolte de la main, puis redressa le menton pour joindre ses dix doigts sous son menton – signe caractéristique de nervosité chez elle. Cette situation, ce malaise qu’il y avait entre eux était perceptible, même pour quelqu’un qui ne les connaissait pas. Si Cat se concentrait un tant soit peu, elle pouvait distinguer le mur qui se dressait entre elle et lui, comme si elle avait fait quelque chose de mal qui avait profondément choqué le jeune homme et qu’il refusait désormais de la considérer comme une humaine ; avait-elle une corne qui lui était poussée au milieu du front depuis le mois de juin, avait-elle gardé plus de séquelles de ses blessures qu’elle ne le pensait ?
N’y tenant plus, elle reprit sur un ton empli de maîtrise « Je ne me souviens même plus de la couleur de tes yeux tellement tu passes de temps à les baisser quand je passe à côté de toi. » Elle se décolla du mur pour contourner le bureau, et alla se poster à plusieurs mètres sur la gauche d’Aaron qui se tenait de profil. Elle espérait au moins provoquer un déclic pour qu’il lui parle, mais n’étant visiblement plus digne d’avoir le droit de le regarder droit dans les yeux, cela allait être difficile pour elle. Aussi, elle croisa les bras, dodelinant avec un soupçon d’aigreur « Je suis sérieuse, Aaron. Regarde-moi. » Elle attendit un peu – pas suffisamment pour qu’il daigne plier à sa requête. Désappointée, elle lâcha un autre soupir agacée en se laissant tomber sur une chaise juste en face du bureau « Est-ce que j’ai au moins le droit de savoir pourquoi je suis ici avant qu’elle nous rejoigne ? »
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyJeu 29 Aoû - 1:40

On n'oublie jamais. C'était une chose dont Aaron était irrévocablement convaincu. On n'oublie jamais combien on a souffert par le passé. Ni combien on a été heureux à une époque qui semble parfois bien lointaine d'ailleurs. Ni combien on souhaiterait que ces quelques mois de bonheur liquide se soient étalés sur plusieurs années plutôt que de se limiter à deux semestres de notre vie. On n'oublie jamais que le petit vieux du troisième étage s'arrange toujours pour dérober le courrier de ses voisins à leurs périls ; ni la bienveillance de la vigoureuse mère de famille, toujours prête à déménager vos meubles pour le peu que vous la solliciteriez. Bien entendu, il y a des évènements qui s'inscrivent plus profondément dans certaines mémoires. Jusqu'à annihiler les évènements qui tapissent le présent. Jusqu'à tatouer définitivement leur propriétaire. Aaron n'oublierait pas. Combien il avait été arrogant et grossier vis-à-vis d'Ecaterina. Avant qu'elle ne choisisse de risquer son bien-être physique pour sauvegarder le sien et plus encore.
Il entra dans le bureau où une odeur indéfinissable mais impossible à ignorer s'élevait. Et aussitôt, il remarqua la présence discrète d'Ecaterina qui, avant qu'il n'ouvre bruyamment la porte, lui tournait le dos. Si seulement Jane avait pu s'abstenir d'exécuter ses paroles pour une fois. Mais débiter des promesses creuses ne semblait pas appartenir aux habitudes de la vieille femme. S'il avait su qu'elle se trouvait déjà à l'intérieur de l'office, sans doute aurait-il choisi d'attendre dans le couloir. Aaron ne tenait pas à se trouver seul avec elle. Son comportement pouvait sembler ingrat d'un point de vue extérieur et peu familier avec son mode de pensées, mais s'il agissait de la sorte, ce n'était pas sans raison. Ses rapports avec Ecaterina avaient pris un virage non-négligeable quelques semaines auparavant. En d'autres termes, ils avaient éprouvé un déclic. Il n'avait aucun autre mot pour se substituer à celui-ci. S'ils n'avaient pas été agressés à la sortie du Nirvana, nul doute que ce lien de confiance inédit les aurait vu progressé. Cependant, cette soirée désastreuse était allée de Charybde en Scylla. Et à présent, s'il avait parfaitement conscience de ce qu'il pouvait manquer en s'appliquant à éviter la bénévole, il ne pouvait toutefois pas étouffer la culpabilité qu'il retirait de cette expérience. C'était lui qui l'avait attiré en terrain hostile sans mesurer les conséquences d'une pareille décision. Elle avait écopé des coups qu'il aurait dû recevoir. Et ils auraient pu subir de blessures plus graves encore si cette voiture de police n'était pas apparue au coin de l'avenue. Il n'avait sans doute jamais été aussi soulagé de voir surgir les forces de l'ordre.
Il préféra se lancer sur le terrain de banalités, temps que ça lui évitait la lourde tâche d'avoir à expliquer son attitude. Tactique qui pouvait se révéler efficace, à condition que Jane ne soit pas trop longue à passer son foutu coup de téléphone. La réponse de la jeune femme lui tira un sourire en coin et ses pupilles glissèrent dans sa direction, quelque part près du sol. « Je m'en abstiendrais à l'avenir. J'ai entendu dire que sa copine n'enviait rien à Rambo » Répliqua-t-il sur le même ton désinvolte. Sa voix s'éteignit sur le dernier mot et il baissa les yeux sur la pointe de ses chaussures lorsque le souvenir s'invoqua de lui-même, dissipant tout l'attrait humoristique qu'il avait souhaité glisser dans leur échange. Il se demandait s'ils réussiraient un jour à se montrer aussi sincère et naturel qu'ils ne l'avaient été au Nirvana. Il savait aussi que ça ne tenait qu'à lui de forcer les choses.

La remarque d'Ecaterina ne le surprit qu'à moitié. Il aurait dû se douter qu'elle prendrait l'initiative. Aaron manqua de tourner machinalement la tête dans sa direction, mais se reprit suffisamment tôt pour que l'interruption de l'intention n’apparaisse pas trop anormal. Il se choisit un point à fixer droit devant lui, quelque part entre une photo de la tour de Londres et un métronome immobile. Il glissa ses mains dans ses poches de jogging et cilla malgré lui : « C'est faux » Répondit-il avec toute la mauvaise foi du monde. Il savait pourtant, qu'elle savait. Ecaterina n'était pas stupide. Ils avaient majoritairement discutés par SMS au cours de l'été. Il ne s'était braqué qu'à la première session de la LPA. Il s'était dérobé à elle dès lors. Il déglutit péniblement lorsqu'elle lui demanda de la regarder en face. Lorsque toutes ses fibres lui ordonnaient d'obtempérer parce que c'était son juste droit que d'être considérée comme une personne et non l'objet d'une répulsion quelconque. Elle ne lui laissa pas le temps de débattre avec lui-même. Elle enchaîna. Et cette fois-ci, il consentit à répondre : « Langley pense que j'ai tabassé Michael » Résuma-t-il laconiquement d'un ton qui soulignait l'absurdité de la chose –à ses yeux en tout cas. « Je ne sais pas ce qui se passe Ecaterina, mais je le sens pas ce type. Je l'ai pas touché ». Il s'ébouriffa les cheveux, de nouveau agacé par les charges qui s'accumulaient contre lui. « Je l'ai pas touché. Et je crois qu'il essaie de me mettre ces conneries sur le dos ! ». Il expira un bon coup en circulant dans la pièce : « Je sais que ça a l'air gros comme accusation. Mais je te jure que ce mec me fait froid dans le dos. Tu vois de qui je parle ? ».
Il abandonna finalement toute lutte avec lui-même. Il planta ses pupilles dans les siennes. Et battit irrégulièrement des paupières. Et plongea à nouveau le visage vers le sol.
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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyVen 30 Aoû - 23:21

Ecaterina avait confiance en Aaron. Elle qui habituellement mettait tant de temps à accorder du crédit aux inconnus, s’était laissée atteindre par la sincérité du jeune homme le soir où il l’avait appelé au secours. Comme s’il avait enfin craqué l’allumette qui permettrait à l’étincelle qui leur manquait d’allumer le phare qu’elle tentait depuis des mois de diriger en sa direction pour l’éblouir et mieux le sauver. Il n’avait pas fallu une seule seconde de réflexion à la blonde pour faire passer aux oubliettes ses réflexions teintées de machisme et ses petits regards en coin dont lui seul avait le secret et qu’il avait pris pour coutume de lui lancer quand elle s’adressait à lui au cours des réunions dispensées à l’association, quand bien même cela l’avait bien souvent offensée. À un moment donné, elle avait cru que c’était un jeu pour lui de refuser les perches qu’elle lui tendait avec obstination, mais peu lui importait désormais. Ecaterina l’avait écouté avec compassion, l’avait soigné en dépit de ses maigres connaissances, et bien plus encore, car c’était son travail de mettre sa vie privée entre parenthèses pour accorder du temps à des gens dans le besoin. Des gens qui la sollicitaient, et qui pour la plupart, lui faisaient confiance pour le peu qu’elle leur donnait des conseils sans les juger.
C’était d’autant plus réjouissant qu’Aaron s’était toujours montré réfractaire à l’autorité de la blondinette au sein de l’association. Ce soir du mois de juin en revanche, Aaron s’était montré d’une limpidité sans pareille, permettant enfin à la jeune femme de savoir ce qu’il cachait, et pourquoi il le faisait. Il avait démontré qu’il doutait de sa nature profonde, et à ce moment-là, Ecaterina avait réussi à apaiser ses doutes en utilisant son propre vécu pour appuyer ses propos. Non, Aaron n’était pas quelqu’un de mauvais. Il ne réussissait pas à se confronter à des situations délicates sans user de ses poings, mais il tenait à tout prix à s’en sortir, c’était une certitude qui avait frappé Ecaterina dès qu’il s’était ouvert à elle. Son arrivée à la LPA n’était le fruit qu’une probation qu’il avait écopé suite à des faits de violence qu’il n’avait même pas niés, mais même sans ça, Cat restait persuadée qu’il aurait trouvé un moyen de sortir du cercle vicieux dans lequel il s’était enfermé depuis ce qu’il lui apparaissait comme étant des années.

L’attitude d’Aaron suite à l’incident sur le parking du bar était un retour en arrière qu’Ecaterina avait du mal à avaler. Elle avait essayé de lui trouver des circonstances atténuantes mais n’était parvenue qu’à lui trouver un culot patenté. Un peu de colère s’était confronté à sa tolérance bien sûr. D’ailleurs, encore aujourd’hui, en l’entendant nier le fait qu’il évitait son regard depuis des semaines, un sourire amer étira ses lèvres framboise. S’y attarder, c’était enfoncer le clou, conclut la jeune femme qui préféra donc se rencarder sur les raisons qui l’avaient menée jusqu’à ce bureau, repoussant le moment où elle demanderait à son filleul – car il l’était d’une certaine manière – de lui dire ce qu’elle avait fait pour mériter si peu de considération.

Aaron daigna lui répondre. Un grand pas, après des jours de silence. Ecaterina pivota sur sa chaise pour lui lancer un coup d’œil incrédule, fronçant les sourcils d’un même chef « Creevey ? » Remettant rapidement l’homme dont Aaron parlait, cela creusa l’expression chiffonnée qu’avait pris son visage. Elle le laissa finir sans l’interrompre de nouveau, détendant peu à peu les ridules qui s’étaient formées entre ses deux yeux, signe immanquable de sa contrariété. S’il y avait bien un membre de la LPA qui avait retenu l’attention de la blonde, c’était Michael Creevey. La seule évocation de ce type lui collait des frissons dans le dos. Aaron souligna qu’il avait le même effet sur lui, et leurs pupilles se verrouillèrent enfin avant que le jeune homme détourne les siennes et que la bénévole soupir de lassitude.

Prenant connaissance de la situation, Ecaterina se retourna face au bureau, les lèvres pincées, puis elle désigna de la main la chaise à ses côtés « Viens t’asseoir. » dit-elle à Aaron. Une fois qu’il l’eut rejointe, elle marqua une pause pour reprendre sur un ton des plus neutres « Tu n’as rien fait, n’est-ce pas ? Alors, tu n’as rien à craindre, ça doit être une erreur. » Elle n’avait pas besoin de remettre les paroles d’Aaron en doute. S’il lui disait qu’il n’avait rien fait, elle le croyait de bonne grâce. Néanmoins, elle ne voyait pas comment cela aurait pu être une erreur, si Michael Creevey avait jugé bon prévenir Jane, c’était que quelque chose se tramait. Or, encore une fois, des deux, si Ecaterina devait en croire un, c’était vers Aaron que son choix se portait, sans hésitation. La jeune femme s’agita sur sa chaise qui grinça sous son poids plume, et elle croisa les jambes. Dans un sourire timide, elle chercha les yeux du Cubain, inclinant le menton pour discerner ses iris « Ils sont marrons. » Elle élargit un peu son sourire, révélant une rangée de dents parfaitement alignées et se redressa « Tes yeux, ils sont marrons. C’est drôle, j’ai toujours cru qu’ils étaient noisette. » À cause de la lumière sommaire sur le parking, tout lui était apparu si… – bam ! C’était le bruit qu’avait fait son corps en tombant au sol lorsqu’elle s’était interposée entre Aaron et son agresseur. Brusquement, Cat reporta son attention sur le cadre photo dont elle ne percevait pourtant pas l’image, et dans une respiration précipitée, ses cils fendirent l’air. Pour sauver les apparences, elle passa du coq à l’âne « Jane comprendra bien assez tôt que Michael a replongé dans ses vieilles habitudes. Je pense qu’il cherche à ce qu’on lui accorde un peu d’attention. Pour quelqu’un d’éclairé comme elle, je trouve qu’elle a bien du mal à discerner le vrai du faux… » Elle ne put dissimuler l’aigreur dans le son de sa voix. En compagnie d’Aaron, elle ne s’inquiétait pas que ses paroles soient reportées à la direction. Après s’être forcée à regarder encore un temps le cadre boisé, elle coula une œillade au jeune homme pour étudier l’expression de son visage « Tu es inquiet ? » Par automatisme, comme elle l’aurait fait avec quelqu’un de proche, la blondinette posa sa main sur le genou d’Aaron, et plus bas, elle se risqua à lui demander « Comment va ton poignet, tu récupères comme il faut ? » Ils ne pourraient pas éluder le sujet jusqu’à la fin des temps. Ecaterina voulait profiter de l’opportunité qui lui était offerte pour prendre de ses nouvelles de la meilleure façon qui soit ; de vive voix.
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyVen 20 Sep - 17:53

Aaron avait commencé à marquer les cent pas, l'esprit à demi-tourné vers le nœud de problèmes qui l'enlaçait inconfortablement, comme une promesse périlleuse. Il ignorait encore quelles mesures Jane serait prête à prendre à son propos ; il ne la connaissait pas assez pour déduire à l'avance les méthodes qu'elle souhaiterait préconiser en matière de répression de jeunes délinquants. Sans doute aurait-il été plus avisé de jeter un coup d'œil à son foutu bouquin avant d'entrer dans l'arène avec elle. La seconde moitié de son attention était entièrement dédiée à la bénévole. Il cédait parfois à l'envie d'un coup d'œil, sans s'attarder plus d'une fraction de seconde. À vrai dire, lorsqu'il le faisait, il donnait plutôt l'impression de regarder droit au travers d'elle. Comme si finalement, elle ne s'était pas trouvée ici même, mais beaucoup plus loin que ne le permettait les dimensions du bureau. Était-ce juste traitement vis-à-vis d'elle ? Sans doute que non. Mais c'était la seule alternative qui s'était imposée à lui au cours des trente dernières secondes et secrètement, il espérait qu'elle continue à encaisser son ingratitude d'apparence sans broncher. Il n'était pas dans le meilleur état d'esprit pour entretenir une telle conversation —le serait-il seulement un jour ? C'était nettement plus confortable de prétendre qu'il ne se dérobait aucunement à sa compagnie, en attendant (espérant) que le blâme qu'il se portait, batte en retraite. Mais ce n'était pas une chose qu'Ecaterina pourrait déduire par ses propres moyens, aussi perspicace puisse-t-elle avoir été vis-à-vis de lui par le passé. Ne méritait-elle pas une explication clairement exprimée ? "Quand je vois ton visage, j'ai envie de me cogner la tête contre un mur pour qu'on reparte à égalité" ou quelque chose de moins effrayant. Plutôt qu'afficher une attitude distante, comme il le faisait maintenant. Elle pourrait piquer un scandale (et une part marginale de lui-même commençait même à espérer qu'elle le fasse, qu'ils vident leurs sacs plutôt qu'à l'entendre s'interroger sur la couleur de ses yeux). Il ne pourrait pas le lui reprocher. Après tout, ne s'était-elle pas déplacée pour l'arracher à ses démons au péril de sa propre sécurité ? Ne l'avait-elle pas protéger à nouveau, en le poussant à s'enfuir malgré son état déplorable ? N'avait-elle pas été capable de donner une réponse à sa détresse, en le laissant jeter un coup d'œil à la sienne ? Une réponse qui était parvenue à recalibrer l'estime qu'il ne s'attribuait plus depuis longtemps. Et surtout, n'était-elle pas encore présente aujourd'hui même, malgré tout ? Aaron savait ce qu'il lui devait, même s'il détenait trop de pudeur pour l'énoncer à haute voix.
Il ne s'était jamais beaucoup entouré au fil des années. En vieillissant, il s'était refusé à devenir le genre de personnage méprisant (selon lui) qui cumulerait des noms sans histoire dans un carnet à spirales ; ou encore qui se forcerait à maintenir ces amitiés illusoires à flot par crainte de tomber dans l'oubli le plus total. Son caractère taciturne et ses manières désobligeantes avaient dissuadé beaucoup de monde de s'intéresser à lui et, il y avait gagné une solitude récurrente c'est vrai. Seul un petit effectif avait suffisamment persévéré pour découvrir la personne qui se dissimulait derrière cette apparence bourrue. Quinn, Brittany, Oxanna ... Ecaterina avait transpercé cette défense en moins d'une dizaine de minutes ce soir-là. C'était ridiculement rapide ! Sans doute s'était-il montré plus à fleur de peau qu'il ne saurait le reconnaître aujourd'hui, mais tout de même. Et quelque part, il aurait souhaité lui offrir un meilleur visage, peut-être dans de différentes circonstances ... Mais force était de constater qu'ils avaient commencé la course sous les auspices d'un mauvais départ. Pourtant, il s'interrogeait : Combien aurait-ce été différent s'ils s'étaient rencontrés en dehors de l'association ? ... Après quelques secondes de réflexion, il dut en venir à l'évidence : S'ils s'étaient croisés à l'extérieur de ce bâtiment, aucun n'aurait su se retourner sur l'autre pour relever leurs parallèles suggérés par leur discussion au Nirvana. Tout résidait dans un enchaînement de petits hasards. S'il n'avait pas offensé la mauvaise personne. Si elle n'avait pas été de service. S'il n'avait pas déclenché de bagarre. Si elle ne s'était pas engagée dans la LPA. Parfois, il aurait souhaité que ceux-ci ne soient jamais arrivés. Et parfois encore, il se trouvait terriblement soulagé que ce fût tout de même le cas.

Il marqua une brève hésitation lorsqu'elle l'invita à s'asseoir. Plus que jamais, cet instant précis aurait été idéal pour accueillir le retour de Jane. Mais bien entendu, aucun claquement de talons ne se fît entendre dans le couloir. Aaron approcha du siège d'une démarche traînante :
« Ce n'est pas une erreur, l'interrompit-il une fois installé. Il s'humecta les lèvres et coula un regard autour de lui, comme s'il avait été à la recherche d'une preuve à l'appui. Il avait conscience de porter une accusation grave, qui aurait de lourdes répercussions sur son dossier si elle s'avérait inexacte. Mais il avait toujours eu de bons instincts à propos des autres et l'alliance que représentaient Jane et Michael ne lui inspirait rien de bon.
— Michael lui a clairement spécifié que je suis à l'origine de son agression. Il m'a nommé. T'aurais dû voir la tête qu'il a tirée lorsque Langley m'a demandé de la rejoindre ici !
Le souvenir de ce rictus goguenard lui arracha un soupir d'irritation. C'était aussi frustrant qu'humiliant. Elle avait exposé son linge sale en place publique. Il connaissait une partie de ces gars-là pour avoir participé aux mêmes sessions collectives l'année précédente et savait qu'ils avaient entendu pire, mais tout de même. Il n'appréciait pas Michael, c'était un fait manifeste pour tout le monde. Aaron détestait l'entendre parler de son rapport aux femmes qu'il finissait inévitablement par maltraiter d'une manière ou d'une autre. Il s'était même permis de l'interrompre auparavant pour lui indiquer que ses copines seraient moins "garces" avec lui, s'il apprenait à les traiter comme des êtres humains. Et ça avait été le drame. Aaron avait lutté avec des hommes trois fois plus gros que Michael, mais jamais il n'avait rencontré cet éclat glacial au cœur des pupilles, ponctuant le serment de nombreux tourments. On dit que les yeux sont la porte de l'âme. Il ignorait si le proverbe disait vrai, mais si ç'avait été le cas, alors Michael Creevey foulait la Terre sous les traits d'un être vide habité d'échos avides de vengeance.
La voix de la bénévole trancha à nouveau le silence.
« Arrêtes avec mes yeux. C'est bon, j'ai pigé. » Rétorqua-t-il cinglant. Il passa une main sur sa nuque et mordant machinalement sa joue. Continuer à ignorer l'éléphant dans la pièce relevait désormais des limites du supportable. Il redressa lentement le menton pour vriller ses pupilles ébène dans les siennes, si bleues et épurées. Il s'y accrocha avec l'énergie des désespérés, sans ciller ni faillir, les mâchoires saillantes et la pomme d'Adam haute. Si les yeux étaient la porte de l'âme, alors ils ouvriraient semblait-il, une voie alambiquée et doucement ballottée vers l'identité énigmatique d'Ecaterina Robertson. Elle se détacha de cette emprise visuelle éloquente et, il se laissa couler contre le dossier de sa chaise. Une information spécifique lui arracha un sursaut d'attention :
— Tu as lu son dossier ? L'interrogea-t-il les yeux brillants. Il y a quelque chose qui pourrait appuyer ma version des faits ou non ? L'énergie suscitée par cette possibilité retomba d'un seul coup. Jane avait consulté ce document une bonne vingtaine de fois. Michael était le cas qu'elle traitait quotidiennement depuis son arrivée à Lima. Toutes les informations à connaître à son propos, elle les avaient rédigée elle-même et les maîtrisaient sur le bout des doigts. S'appuyer sur ces éléments ne l'aiderait donc en rien. Elle est humaine, objecta-t-il en baissant d'un ton, comme s'il se parlait à lui-même. Il n'aurait jamais cru s'entendre prendre la défense de Jane Langley, mais c'était la stricte vérité. Et il ne doutait pas que Michael Creevey fût un manipulateur de très haut niveau. Ses pupilles s'arrêtèrent sur la main de la jeune femme avait posé sur son genou par bienveillance et, une fois encore il se demanda comment pouvait-elle réussir à démontrer autant d'intérêt, de gentillesse et de compassion à son propos. Il hocha lentement de la tête cette fois-ci. Oui, il était inquiet. Très inquiet.


« Ça va. C'était moins sérieux que ça en avait l'air » Minimisa-t-il sans même porter un coup d'œil à son poignet où quelques traces de cicatrisation étaient pourtant encore visibles. La compétition dans laquelle il s'était impliqué deux semaines plus tôt n'avait pas arrangé sa rémission. Quelques secondes de silence s'écoulèrent. Aaron s'approcha légèrement d'elle et, comme s'il s'apprêtait à manipuler une poupée de porcelaine, redressa très délicatement le menton d'Ecaterina du bout des doigts. Il passa son pouce là où son visage avait percuté le bitume, sans se soucier un seul instant du caractère intime que pouvait avoir ce geste. Il rechercha une trace, une marque quelconque ... Mais le temps avait terminé son ouvrage et plus aucun hématome n'entachait la beauté de la jeune femme. Troublé, il rompit tout contact : « Et t— ». La porte du bureau s'ouvrit subitement et Jane Langley pénétra dans la pièce.
Elle marqua un temps d'arrêt sur le seuil, la main toujours fermée sur la poignée. Ses pupilles claires firent un rapide examen de la situation et Aaron aurait presque su la voir calculer la distance qui le séparait d'Ecaterina. Dérangé par cette idée, il se rassit dans son siège, s'enfonça jusqu'au dossier et rentra machinalement la tête dans les épaules en attendant que la sentence tombe.
« Bonjour mademoiselle » La salua-t-elle de cette intonation sophistiquée caractéristique. Elle s'approcha de la bénévole pour lui serrer la main, lui indiqua de prendre place à côté d'Aaron d'un geste de la main, avant de contourner le bureau pour s'asseoir à son tour. Elle roula tranquillement des épaules pour se défaire de son cardigan, avant de joindre ses paumes devant elle et, de les observer attentivement : « Mademoiselle Robertson, je suppose qu'Aaron vous a résumé le propos de cette convocation ? » Commença-t-elle, d'un ton qui déplût profondément au concerné. « Je viens d'avoir une conversation avec Michael. Il ne souhaite pas nous rejoindre et a insisté pour que vous ne soyez pas sanctionné, Aaron. Il sait que vous avez de gros problèmes pour brider votre tempérament. Malheureusement, et vous en conviendrez mademoiselle, une agression comme celle-ci ne peut pas rester impunie ».
Aaron croisa les bras sur sa poitrine, désireux de s'enfoncer dans un silence obstiné. Pourtant, il doutait qu'une attitude comme celle-ci l'aide à s'extirper du piège qui se refermait autour de lui : « Je ne l'ai pas touché » Répondit-il, sans conviction. Un éclat inquiétant illumina les pupilles de la psychologue : « Que vous ais-je déjà demandé à propos du mensonge, monsieur Guevara ? ». Celui-ci ne répondit pas, les lèvres entrouvertes. Leurs regards s'affrontèrent durant une longue dizaine de secondes, jusqu'à ce qu'il s'incline. « Merci ». Jane se pencha sur son sac pour en tirer deux dossiers particulièrement larges : « Avant d'arrêter une décision, j'aurai plusieurs questions à vous adresser Ecaterina ». Aaron fronça les sourcils. Mais qu'est-ce qu— ? « Comment qualifieriez-vous votre relation avec Aaron ? ». Il se redressa dans son siège et consulta la jeune femme du regard. Que fichait Jane ? Ce n'était pas à propos d'Ecaterina. Pourquoi ces questions hors propos ? « J'ai entendu dire que vous aviez, vous aussi, été victime d'une agression il y a quelques semaines. » Elle marqua une pause éloquente avant de reprendre, un stylo à la main : « Est-ce qu'Aaron était impliqué d'une quelconque manière que ce soit ? ».
Le sang d'Aaron se glaça dans ses veines. Il eût l'impression d'être aussi transparent qu'un livre ouvert lorsque Jane posa à nouveau ses yeux sur lui, son poignet, avant de revenir à Ecaterina.
Aaron s'approcha du bureau, révolté : « Si je comprends bien, vous m'accusez de l'avoir frappée elle aussi ? » S'insurgea-t-il, en sentant la pression monter d'un cran.
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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyJeu 26 Sep - 17:49

« En plus de la couleur de tes yeux, j’avais oublié à quel point tu pouvais être désagréable ! » tonna la blonde, se laissant momentanément aller à un emportement manifeste quand Aaron la rabroua en deux-deux. Elle ne baissa pas sa garde, néanmoins. Elle maintint le contact visuel avec panache, ne cillant pas même une seule fois, jusqu’à ressentir de vifs picotements aux coins de ses globes oculaires. Ecaterina devait réussir à prendre le dessus sur le Cubain comme elle le faisait avec les autres membres du groupe de soutien. Ils la respectaient pour ça, tous, mais pas Aaron Mal-Luné, malgré le fait qu’elle ait risqué sa vie – ou tout du moins son joli minois – pour sauver ses petites fesses de danseur de capoeira ou elle ne savait plus quoi. Même à ce jour, alors qu’il l’avait appelé de nouveau, il semblait pourtant éprouver une vive rancœur à son égard. Plus contradictoire, tu meurs. De son côté, elle tâchait de rester constante, nonobstant la forte envie de lui secouer le cocotier en lui demandant de stopper immédiatement ses enfantillages. Elle faisait absolument tout pour devenir l’une de ses alliées, sans avoir l’impression pour autant d’être envahissante. Elle faisait ce qu’elle avait à faire et courait à sa suite avec une toile tendue pour éviter la catastrophe s’il venait à tomber, bon sang ! C’était bien pour ça qu’il l’avait appelé, non ? Elle dû se montrer plus froide, comme elle avait coutume de faire avec les gens pour qui elle ne ressentait aucune compassion. C’était peut-être ça le problème d’Aaron, prendre conscience qu’on pouvait s’adresser à lui avec autant de bienveillance, sans même avoir à se forcer, c’était trop dur à supporter. Elle ne savait plus. Elle pourrait faire toutes les hypothèses du monde qu’elle ne réussirait toujours pas à mettre des mots exacts sur ce qui poussait le jeune homme à se comporter comme le dernier des abrutis avec elle. Ça la frustrait, et pire, ça la mettait en colère.
La jeune femme fronça les sourcils, sentant le chatouillement dans ses yeux devenir plus intense à mesure que le temps passé à arguer à la force du regard s’allongeait, faisant tomber un silence de plombs dans le bureau. Elle aurait dû partir pour le laisser se débrouiller avec la psychologue et ne pas s’inquiéter de son sort lorsque, le lundi suivant, elle ne le verrait pas passer la porte de l’association, son éternelle mine patibulaire accrochée à son visage basané. C’était ce que tout le monde aurait fait ! Cependant cette histoire avec Michael Creevey l’intriguait beaucoup trop pour qu’elle baisse les bras, et rentre chez elle en jurant ne plus jamais prendre ses appels. L’inquiétude qui transparaissait dans les yeux marrons (pas noisettes) de son filleul était contagieuse, le ton de sa voix n’était pas aussi détendu qu’à l’accoutumée, tant est si bien que ses paumes devinrent moites et que son cerveau fusa à ses interrogations ciblant un élément potentiel dans le dossier de Michael qui pourrait éventuellement jouer en sa faveur. À la recherche d’un moyen quelconque pour affronter le monstre de sciences qui les rejoindrait incessamment, la blonde cligna brusquement des yeux en les détournant lâchement face à l’évidence. Rien. Ecaterina n’avait aucune preuve sur laquelle s’appuyer pour arracher Aaron des griffes de Michael Creevey. Définitivement, elle ne pouvait pas laisser Aaron dans ce bourbier. Elle allait l’en sortir, mais au prix de quoi ?

Les questions se bousculaient. Cat choisit de rassurer le jeune homme en le gratifiant d’un geste affectueux, puis s’enquit de son état. Ses doutes et ses appréhensions, elle ne pouvait pas les laisser transparaître, pas quand tout semblait reposer sur ses frêles épaules. Elle devrait gruger de manière habile pour qu’il ne regrette pas d’avoir fait appel à elle. C’était sa mission désormais, elle s’évertuerait à la réussir, sachant qu’un seul faux pas lui faudrait la haine viscérale de quelqu’un qui, déjà, donnait l’impression de ne pas beaucoup l’apprécier.
Ecaterina se para du masque qu’elle avait le plus souvent porté, celui de l’arrogance. De toute façon, il s’agissait du dress-code mis en place par Aaron. Aux vues de la façon dont il avait l’accueillie, elle ne faisait que respecter l’ostensible désir du garçon de ne pas faire dans la tendresse. La bénévole se leva donc pour mieux embrasser les pénibles minutes qui s’écouleraient, renouant avec son elle passé, et fit quelques pas supplémentaires pour venir se poster face à la bibliothèque débordant d’ouvrages. Du bout des doigts, elle toucha la tranche des livres aux titres savants qui remplissaient l’étagère de Jane, et fronça les paupières en essayant de s’imaginer les doctrines rédigées à l’intérieur. L’esprit embrumé, elle sentit toutefois l’ombre d’Aaron dans son dos et se ressaisit pour se retourner, s’apprêtant à lui demander ce qu’il faisait. Elle eut un mouvement de recul instinctif au moment où les doigts du Cubain relevèrent son menton, et que son pouce frôla avec délicatesse ses cicatrices invisibles. À en croire par le trajet de ses doigts, il avait mémorisé l’emplacement des entailles, ce qui rendit perplexe la blonde. Elle entrouvrit la bouche, faisant tout et plus pour s’encastrer dans l’étagère contre laquelle elle était adossée, transie d’un sentiment de crainte qui ne fit que grandir au fil de l’examen minutieux du jeune homme.
Quel culot il avait, ne put-elle s’empêcher de penser. Il la repoussait farouchement dans ses démarches de faire copain-copine, mais se permettait de poser sa main sur elle comme si c’était tout à fait normal, comme si ça s’inscrivait dans la manière étrange qu’ils avaient de communiquer. Ce n’était pas du tout le cas, ce n’était pas normal et jamais elle n’avait voulu que leurs rapports soient aussi troubles, c’était lui qui le voulait. Cat ouvrit davantage la bouche pour lui rappeler que cette façon qu’il avait d’effleurer son visage était parfaitement inappropriée, mais la porte s’ouvrit avant qu’elle n’ait le temps d’esquisser un geste. La jeune femme tourna la tête et son regard croisa celui de Jane Langley qui faisait passer ses pupilles intransigeantes de la silhouette d’Aaron à la sienne. Ce dernier alla d’ailleurs se rasseoir. Ecaterina libéra un soupir discret, arborant aussitôt un sourire serviable à la psychologue, puis sous son geste faussement convivial, elle retourna s’asseoir à côté de son filleul. Au passage, elle pressa gentiment son épaule robuste pour lui faire comprendre qu’elle ne le laisserait pas tomber, même si elle commençait peu à peu à lui en vouloir de se montrer aussi impérieux avec elle.

« Il m’a tout expliqué. » répondit-elle à la première question de Jane. Elle se cala confortablement dans sa chaise, croisa élégamment les jambes, pendant que son interlocutrice lui apprenait l’absence de Michael. À sa précision concernant le fait qu’il ne veuille pas qu’Aaron soit sanctionné, elle fut tentée de souligner le caractère hautement charitable de sa volonté, mais se reprit juste à temps ; ce n’était pas le moment de faire preuve d’insolence, jugea-t-elle, elle devait penser à Aaron. Graduellement, la mine de la blonde se rembrunit et elle ajouta à sa suite, d’un ton naturel, mais non moins sérieux « Comment je suis censée prendre compte de la situation si les deux parties mises en cause ne se confrontent pas ? Je n’ai pas vu Michael depuis la dernière réunion, il allait très bien. J’aurais aimé connaître sa version des faits, tout comme vous. À ce que sache, nous occupons les mêmes fonctions au sein du groupe de soutien, vous en conviendrez que je suis en droit, moi aussi, d’avoir une vue d’ensemble sur le problème qui se présente à nous actuellement. » Elle marqua une pause polie pour la laisser enchaîner. Dans un sensible sourire, elle l’interrompit « Si agression il y a eue. Ce dont je doute, très honnêtement. Il y a des témo… » La voix d’Aaron se joignit à la sienne, la coupant dans son élan. Elle tourna la tête vers lui pour lui lancer un regard brillant de compassion, arrêtant d’abord ses pupilles sur le bas de son visage. Cependant, la joute de Jane la fit lentement retourner son attention dans l’autre direction. Durcissant son expression, elle lâcha un tout petit rire incrédule en dégageant une mèche de cheveux. Témoin du pouvoir qu’avait eu la phrase de Jane sur Aaron, Cat n’y croyait pas. C’était dont ça les méthodes des psys de nos jours, l’intimidation. Une vague de ressentiment bouillonna dans le sang d’Ecaterina qui doucement, s’appuya contre le dossier de sa chaise en joignant ses mains sur le creux que formaient ses genoux. Elle sourit de plus belle « Vous… » commença-t-elle, mais de nouveau, la blonde n’eut pas le loisir de terminer sa phrase, pourtant bien assaisonnée, et battit des cils tout en constatant que la psychologue sortait deux larges dossiers de son sac. Ecaterina avait envie de sonder l’expression d’Aaron à ses côtés, car tout ceci ne lui disait rien qui vaille, simplement en entendant la suite des interrogations de la femme, elle se retint de montrer le moindre signe d’affaiblissement ou autre. Ce qu’elle sous-entendait lui donnait envie de lui sauter à la gorge.

« Aaron, s’il te plaît. » l’arrêta-t-elle avec douceur. Inutile d’aggraver la situation. S’il lui faisait vraiment confiance, il devait ronger son frein. Ecaterina verrouilla son regard au sien une seconde à peine, puis se redressa sur sa chaise en rompant brusquement son œillade. L’expression indifférente, elle fit s’affaisser les coins de sa bouche, haussant les sourcils, et répondit le plus calmement du monde, une main fendant l’air très furtivement « Aaron est mon filleul depuis quelques mois déjà. J’entretiens la même relation que j’entretiens avec tous les autres ; une relation de confiance, basée sur les valeurs qu’Emma et Cassandra ont toujours défendues depuis la création de l’association. Ni plus, ni moins. » La partie la plus délicate se présentait, mais Cat ne se départie pas de son calme. C’était facile, elle avait eu un bon professeur : sa mère, qui lui avait appris que la placidité était plus puissante que l’impulsivité. Paraissant sereine, elle se risqua même à transformer la vérité, mettant de côté son inaptitude reconnue à dire des mensonges « Et en effet, j’ai été victime d’une agression au mois de juin dernier. C’était sur le parking d’un bar juste à côté. Je ne savais pas que je devais en plus rendre des comptes sur mes loisirs en dehors de l’association. » Elle rit une nouvelle fois en décroisant les jambes, pour les recroiser d’une manière différente, tandis que son rire rauque s’amenuisait tranquillement dans l’atmosphère tiède du bureau. Cat pencha la tête sur le côté, vrillant ses yeux sur la femme « Enfin, Jane, vous savez ce que c’est. Les journées sont longues… et je suis humaine. » conclut-elle d’un ton convainquant, empruntant à Aaron les mots précis qu’il avait employés en parlant de Jane, un moment plus tôt. En venant au point, la blondinette tourna machinalement la tête vers le jeune homme. Si avec ça il ne comprenait pas qu’il devait arrêter de la considérer avec indifférence…
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyJeu 19 Déc - 18:46

“Aaron, s’il te plaît”. Le regard brûlant du Cubain se détacha de la psychologue et il se laissa lourdement retomber contre le dossier de son siège, se mordant furieusement la lèvre inférieure pour étouffer toute l’indignation que lui inspirait l’accusation à peine voilée de Jane Langley. Comment pouvait-elle seulement envisager cette éventualité ? Certes, il n’était pas l’élément le plus facile à vivre de l’association. Aux dernières nouvelles cependant, se comporter comme le dernier des connards n’était pas condamné par la loi. Plus, il existait une très grosse différence entre se montrer désagréable et lancer deux agressions individuelles. Or, Jane semblait convaincue de sa culpabilité—au moins vis-à-vis de Michael, en tout cas. C’était ridicule ! Aaron coula un regard courroucé en direction d’Ecaterina et eût la surprise de la découvrir parfaitement calme. Maître d’elle-même, elle arborait cette expression flegmatique qu’il lui avait souvent enviée par le passé. Comment réussissait-elle à se montrer aussi imperturbable  lorsque Jane l’accusait lui, de l’avoir tabassée elle ? L’incompréhension s’imprima sur ses traits durant quelques fractions de seconde. Pour la première fois depuis qu’ils s’étaient retrouvés dans le bureau, il chercha à accrocher son regard en quête d’une explication. Un simple coup d’œil appuyé—si furtif qu’il en manqua presque la teneur profonde— et enfin, il assimila. C’était un message qu’elle s’était acharnée à lui transmettre au cours des dernières semaines. Des tentatives qu’il avait balayées dès l’instant où il l’avait vue dans la salle de réunions collectives, à la rentrée dernière. Il était temps qu’il cesse de se conduire comme un imbécile et qu’il accepte de lui faire entièrement confiance, sans demi-mesure. Ce n’était pas chose aisée, mais personne n’avait affirmé l’inverse. C’était la seule solution pour qu’ils se tirent mutuellement de cette situation—c’était la seule solution pour que leur relation s’éclaircisse à nouveau jusqu’à dissiper toute la confusion qui l’avait entourée depuis le début de l’été.
Aaron inclina légèrement la tête sur le côté pour lui céder la parole et garda le silence—mais Cat l’avait bien trop souvent fréquenté au cours de leurs multiples sessions individuelles pour ne pas réussir à y interpréter un signal éloquent.
Dehors, il avait commencé à pleuvoir. Aaron se concentra sur la voix d’Ecaterina pour ne pas se laisser distraire par le tambourinement croissant des gouttes contre la fenêtre du bureau. Il hocha machinalement le menton, approuvant silencieusement la totalité de ses propos.

Nonobstant l’hostilité on ne peut plus manifeste du Cubain, Jane soigna une attitude et une intonation professionnelles irréprochables—à ses yeux, en tout cas. Elle n’était pas une adolescente que l’on pouvait impressionner en haussant grossièrement le ton ! Aaron Guevara ne l’impressionnait pas et c’était son travail de veiller à ce qu’il n’intimide personne au sein de cette association—ses camarades, mais aussi l'ensemble des bénévoles. Un mince sourire flotta sur ses lèvres lorsqu’Ecaterina prit soin de répondre à sa première question. Elles ne s’étaient croisées qu’à de vagues occasions jusqu’à présent et Jane ne doutait pas de ses qualités humaines—indispensables dans un centre d’accueil comme celui-ci !— cependant, le rapprochement inapproprié qu’elle avait surpris en pénétrant dans son office quelques instants plus tôt accompagné de cette tendance à défendre aveuglément son filleul lui laissait un très mauvais pressentiment. Elle griffonna quelques notes en écoutant attentivement la suite de ses propos, soulagée qu’Aaron se soit décidé à la mettre en veilleuse une bonne fois pour toutes : “Nous les sommes tous” répondit-elle, avec une vague complicité. “Cependant, je pense qu’une modification s’impose dans l’organisation de votre emploi du temps au sein de ce service. Vous êtes jeune, encore novice dans ce domaine malgré une implication exemplaire Ses pupilles claires glissèrent entre Ecaterina et Aaron, calculatrice. Puis elle réunit les papiers sur son bureau “Je vous demanderai donc de me faire confiance sur ce sujet. Michael ne se sent pas en sécurité aux côtés d’Aaron. Vous me garantissez son innocence et je suis disposée à lui accorder le bénéfice du doute à condition de pouvoir m’occuper de son dossier à partir de maintenant”.
Jane patienta quelques instants en attente d’une réponse de la part de la jeune femme. C’est en réalisant que la seconde partie de la procédure n’avait pas été exposée qu’elle reprit précipitamment la parole : “Vous vous plaigniez de ne pas avoir la possibilité de confronter la partie adverse. J’ai donc pensé que vous pourriez vous occupez de Michael, le temps de vous forger une meilleure opinion”.


“Qu’est-ce que tu comptes faire?”
Jane les avait relâchés après quelques minutes d’entretien supplémentaires durant lesquelles Aaron avait sérieusement envisagé de hurler combien cette proposition était déraisonnée. Jane avait délivré le dossier de Michael accompagné de ses notes personnelles à Ecaterina sans plus de cérémonie et lui avait demandé de lui téléphoner dès qu’elle aurait arrêté un choix : “Après tout, je ne peux rien vous imposez. Cependant, étant donné les accusations qui pèsent sur Aaron et la menace potentielle qu’il représente pour mon filleul, je le garderais sous ma surveillance au cours des prochaines semaines quoi que vous décidiez” avait-elle déclaré et Aaron avait commencé à se demander à quel moment le rôle du vilain de l’histoire lui avait été attribué.
Ils avaient quitté le bureau à peu près en même temps et Aaron avait décidé de lui emboîter le pas en enfilant précipitamment sa veste en cuir. Ils se trouvaient à présent à la sortie principale du bâtiment. Les premières heures de la soirée avaient commencé à colorer le ciel d’une douce nuance indigo et le peu de personnes encore présentes à la LPA s’étaient calfeutrées dans les bureaux pour répondre aux lignes d’appels. Aaron l’avait rattrapée avant qu’elle n’ait eu le temps de s’élancer à travers le rideau de pluie battante :
“Sérieusement, tu ne vas tout de même pas accepter?” souleva-t-il avec une note scandalisée qu’il ne parvint pas à dissimuler. Il inspira profondément, ferma les paupières une fraction de seconde, déglutit, rouvrit les yeux : “C’est hors de question. Je pensais avoir été clair, ce mec est dangereux ! Déséquilibré ! J’vais pas te laisser t’en prendre une dans la gu**le à ma place. Pas cette fois”.
Il lui rendit sa liberté de mouvement en relâchant son bras et recula machinalement d’un pas. Le regard que Jane avait glissé sur eux lorsqu’elle était entré dans son bureau l’avait profondément dérangé—d’une manière qu’il n’aurait jamais estimée possible ! La sensation de passer aux rayons X et d’avoir manqué une déduction. Jane semblait avoir deviné une pièce maîtresse d’un puzzle qu’elle était la seule à étudier.
Et enfin, toute cette comédie de chassés-croisés, toute cette ingratitude de façade … Il se sentit soudainement mis à découvert, exposé par ses dernières paroles. Il sentit les cheveux de sa nuque se hérisser. Comprendrait-elle ?
“Écoute, je vais retourner la voir. Je vais lui dire qu’elle avait raison, que j’ai fracassé l’autre abruti contre un mur et tu n’auras pas à te retrouver toute seule avec lui.” C’était une décision irréfléchie. Sans s’attarder sur les conséquences que pourraient avoir une telle déclaration, il ne cherchait finalement qu’à préserver Cat comme elle l’avait protégé. Pas seulement en Juin, mais depuis qu’elle avait accepté de prendre son cas à charge et responsabilité. Une expression déterminée s’imprima sur ses traits et il esquissa un pas, prêt à retrouver Jane Langley pour un second round.
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyDim 29 Déc - 17:14

Comme Ecaterina le soupçonnait depuis le début, Jane Langley était bien plus calculatrice qu’il n’y paraissait. Sous ses sourires aimables, sous ses cardigans impeccables et sous tous ses sous-entendus savamment choisis, se cachait un individu qui n’aurait aucune pitié à arriver à ses fins pour obtenir ce qu’il désirait, à savoir la discréditation pure et simple d’Aaron Guevara. Soudain, l’image proprette de la psychologue laissa place à une caricature de monstre de conte de fées aux yeux d’Ecaterina qui pencha très doucement la tête sur son épaule en trouvant que sa bouche était bizarrement tordue. En la regardant fixement pendant qu’elle lui proposait avec une improvisation feinte d’échanger leur filleul, elle se demanda ce qu’Aaron avait bien pu lui faire pour l’énerver autant, et si elle serait prête à le cuisiner aux petits oignons pour le servir à Michael pour le dîner. Elle remua brusquement la tête, sortant de ses songes enfantins pour froncer les sourcils et croiser les doigts sur ses genoux.
C’était de l’acharnement ou elle ne s’y connaissait pas. Jane avait l’air de prendre toute cette histoire personnellement, si bien que la blonde fut tentée à un moment donné de retourner ses accusations contre elle. Peut-être qu’en réalité, Jane vivait une histoire passionnée avec Michael, et qu’elle essayait de détourner l’attention des membres de l’association en accusant Aaron et Cat de la même chose. Un petit sourire goguenard vint se dessiner sur le visage de la jeune femme qui baissa le menton pour dissimuler tout le ridicule que lui inspirait cette histoire inventée. Décidément, son imagination faisait des merveilles quand elle était sous pression.

Jane l’avait piégée. Ecaterina ne pouvait pas refuser sa proposition sous peine d’être qualifié d’hypocrite, la pire des insultes à ses yeux. Elle s’était plainte de ne pas avoir la version de Michael, elle avait été idiote. Elle aurait dû se douter au moment même où elle avait mentalement préparé sa logorrhée qu’elle se retournerait contre elle, mais défendre les intérêts et la fierté d’Aaron avait pris le dessus sur le reste ; sur ses propres intérêts, sur sa propre fierté. Aaron n’était pas le seul à craindre quelque chose si ces incidents venaient aux oreilles des créatrices de l’association. Emma était l’amie d’Ecaterina, une amie chère à son cœur, certes, cela ne voulait pas dire qu’elle était à l’abri de se faire remercier ! La blonde en prit conscience trop tard, et elle décida qu’elle avait tout intérêt à rentrer dans le jeu de Jane si son poste au sein de l’association ne voulait pas en pâtir. À quoi bon s’entêter de toute façon ? Aaron ne lui accordait aucun regard, il se contentait d’aboyer au bon moment. Qu’avait-elle espéré ?
Encore une fois, elle se sentit comme la dernière des idiotes ; à trop donner de soi on finit par se perdre. Ecaterina avait perdu de vue qu’elle devait penser à elle avant de penser aux autres, c’était pour cette raison qu’elle avait vécu une année infernale. Parce qu’elle ne s’était pas posée une seule seconde pour prendre du temps pour elle. Elle avait oublié que si elle voulait continuer à prendre soin de ses proches, elle devait à tout prix prendre soin d’elle.

Puisqu’on ne lui donnait pas réellement le choix, Ecaterina empoigna le dossier de Michael Creevey que Jane lui tendait, et quitta le bureau de cette dernière sans un au revoir. Elle ne pouvait pas faire semblant d’avoir de la compassion ou même du respect pour cette femme qui venait de lui tendre un traquenard pour assouvir une vengeance personnelle. Dévalant les petites marches menant au rez-de-chaussée, Ecaterina laissa Aaron derrière elle. Il avait décidé de l’ignorer jusqu’à la fin de sa vie, c’était son problème et profondément blessée et vexée par ce comportement, elle estima qu’il serait masochiste d’essayer de faire quelque chose de plus pour lui ; même si finalement, elle venait encore une fois de lui sauver la mise… ou peut-être pas. Son cerveau était endolori, comme après un examen éprouvant. Elle se massa les tempes, épuisée par tout ça.
Laissant échapper un petit rire nerveux à cause de sa résistance inexistante face aux confrontations de ce genre, elle dépassa Madeleine Wild dans le couloir, mais n’y faisant pas attention, elle ne remarqua pas qu’elle lui lançait un regard incrédule, tant sa marche était pressée et que ses hauts talons faisaient du bruit sur le plancher, donnant l’impression qu’elle cherchait à le perforer. Elle avait deux heures de route devant elle, Ecaterina aurait tout le temps de fulminer contre elle-même et contre le reste du monde. Tournant à un angle, elle ouvrit le dossier qu’elle tenait entre les mains, regarda la photo terrifiante de son nouveau filleul accrochée avec un trombone sur le haut de la chemise cartonnée, et referma aussitôt le rabat quand ses pupilles claires glissèrent nonchalamment sur les différents méfaits qu’il avait accomplis au cours de ces dernières années. Clairement, ce qu’Aaron avait fait à côté, c’était une farce ! Elle ne devait pas s’appesantir sur son casier judiciaire, sinon elle prendrait la fuite.
Elle arriva devant la porte vitrée de la LPA et constata le déluge qui s’abattait sur le parking. Elle regarda derrière elle et croisa le regard de Aaron qui était un peu plus loin, mais décida de ne pas s’attarder. Aaron avait dépassé les limites de sa tolérance, il n’avait pas le droit de la traiter comme il l’avait fait. Ecaterina n’aurait pas dû être blessée, et pourtant, elle comprenait qu’elle aurait aimé avoir plus de considération de la part du Cubain, ne serait-ce que parce qu’elle avait répondu présente à chacun des appels qu’il lui avait donnés.

Poussant la porte après avoir rangé le dossier de l'horreur dans son sac, Ecaterina s’apprêta à se protéger la tête avec ses mains pour traverser le parking, sauf que la voix de son (ex)filleul la cloua sur place. Elle se retourna lentement.
« Tu crois que j’ai le choix ? » répondit-elle à sa question. Un sourire en biais, témoin de toute son amertume, étira ses traits. Elle fit un pas en avant pour reprendre sa marche, mais Aaron la retint par le bras « Lâche-moi. » lui demanda-t-elle calmement tout en coulant un regard vers la seule fenêtre éclairée à l’étage du bâtiment. Fenêtre derrière laquelle Jane était postée les bras croisés, les yeux rivés sur la scène qui se jouait à l’extérieur. Ecaterina ne voulait pas lui donner une occasion supplémentaire de penser qu’il se passait quelque chose entre eux. Elle lui lança un dernier regard avant de le reposer sur Aaron en récupérant son bras « Tu ne t’es pas dit que c’était pour moi que je le faisais ? J’aime ce job, Aaron, et tu sais ce qui m’attend si je décline le marché. » Elle le fixa intensément, puis détourna une seconde ses prunelles sur une voiture qui passait par là « C’est peut-être pas une mauvaise idée de faire cet échange… comme tu me l’as subtilement fait remarquer, tu n’as plus besoin de mon aide. » La pluie lui tombait sur la tête, détrempant ses longues mèches blondes se collant à ses joues, qu’elle retira du bout des doigts en poursuivant « Je ferai en sorte qu’il y ait toujours quelqu’un avec nous quand on se verra. » Elle ne comprenait pas qu’il s’intéresse à ce genre de détails alors qu’il donnait l’impression de se ficher de ce qu’elle ressentait au fond. Elle battit plusieurs fois des cils face à tant de contradictions et gênée par la pluie. Elle hésita un instant « Je ne regrette pas, tu sais. Même si tu me donnes toutes les raisons pour. » Elle parlait de son acte héroïque sur le parking du Nirvana, évidemment. Elle s'avança vers lui pour lui donner une tape amicale sur l’épaule « T’en fais pas pour moi, prends plutôt soin de toi. » Il aurait mérité une bonne paire de gifles, mais Ecaterina n’arrivait pas à se mettre en colère, bien qu’elle ressentait qu’elle avait besoin de sortir de ses gonds une bonne fois pour toute. Elle aurait aimé comprendre pourquoi il agissait de cette façon, seulement elle commençait à avoir froid, et de l’eau dégoulinait dans le col de son manteau, alors lui serrant une dernière fois l’épaule, elle ajouta tout bas « Tu ne pourras pas repousser les gens qui veulent t’aider toute ta vie. Ou si c’est ce que tu veux, fais au moins en sorte de ne plus jamais les recroiser une fois qu’ils t’auront tendu la main. » Cat verrouilla son regard au sien une seconde, puis elle pivota sur ses talons pour rejoindre sa voiture.
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptySam 15 Fév - 2:52

Certains affirment que l’instinct de survie est une affaire commune à l’homme, comme à l’animal. Une impulsion supérieure qui s’impose naturellement dans la chaîne des êtres vivants, gravée dans une génétique universelle et immuable. C’est une histoire d’auto-préservation aussi vieille que le monde. Une théorie à laquelle Aaron n’était pas certain d’adhérer. Il n’avait besoin que de se rappeler la détermination inébranlable qui s’était imprimée sur les traits d’Ecaterina ce soir-là : comme si rien d’autre n’avait eu d’importance, comme si son intervention était justifiée et comme s’il avait mérité qu’elle s’interpose entre l’arme et lui. Il lui suffisait de s’observer dans la glace d’une voiture, de découvrir où il en était rendu, pour comprendre que l’instinct de survie du XXIème siècle chez un être aussi libre de choix qu’un être humain n’était plus qu’une affaire de décisions. Héros ou lâche, oui ou non, se battre ou abandonner, vivre ou mourir.

“On a toujours le choix” répliqua-t-il en fronçant les sourcils avec mécontentement. Néanmoins, au moment même où sa réponse franchissait ses lèvres, il sut qu’elle était naïve, vide de sens et étonnamment bornée. Il poussa un soupir par les narines et ouvrit lentement les doigts lorsqu’elle lui demanda de la lâcher avec un calme impressionnant. Il s’humecta les lèvres, les muscles raides et releva le col de sa veste pour se protéger de la pluie avant de reprendre : “Je sais ce qui t’attends si tu acceptes ce marché” contra-t-il, exaspéré qu’elle ne mette en évidence que les cul-de-sac sans chercher les issues. Michael était une personne hautement dangereuse, il le savait au fond de ses tripes ! Quelque part, il supportait difficilement l’idée qu’Ecaterina y soit exposée aussi directement que dans le cadre des sessions de la LPA. Certains diraient qu’il n’avait pas son mot à dire sur la question, mais le sort de la jeune femme ne lui était pas assez indifférent pour qu’il choisisse de ne pas intervenir. La réponse qu’elle lui offrit ensuite lui coupa le sifflet une courte fraction de seconde : “Ce n’est pas ce…” Il s’interrompit brusquement. Il ouvrit la bouche, ne décocha pas un son, sembla sur le point d’ajouter quelque chose, se ravisa à la dernière seconde. Un poisson hors de l’eau. C’était une remarque justifiée, mais elle n’en était pas moins tranchante. “C’est tout ce que je demande” se reprit-il quelques instants plus tard, capitulant d’un pincement de lèvres. Il n’était pas entièrement satisfait par cette solution, mais il avait également conscience de la position dans laquelle Jane avait placée Ecaterina. Si elle se dérobait à cette proposition, aussi peu loyale soit-elle, la jeune femme ne risquait peut-être plus sa place au sein de l’association, mais bel et bien son crédit. Et c’était une chose à laquelle elle tenait sans doute autant que lui.
“Moi, si” répondit-il avec une sincérité aussi soudaine que saisissante. “Tu ne méritais pas ça” ajouta-t-il, plus explicitement. Aaron releva le menton pour darder ses pupilles dans les siennes, dépourvu de toute envie de sourire. Sous ce rideau de pluie de plus en plus froide, elle semblait petite, vulnérable et prompt à être protégée. Une image qui ne lui rendait pas justice finalement, songea-t-il le cœur lourd dans la poitrine. “J’essaierais” lui promit-il en acquiesçant faiblement du menton. Il rejeta ses mèches lourdes de pluie en arrière, le visage presque pâle parmi ces nuances grisâtres. Ecaterina était une énigme, entourée d’un mystère, cachée dans un secret placé sous haute surveillance—la sienne. La plupart du temps, il ne la comprenait pas. Là où on l’aurait invité à aller se faire voir chez les Grecs, elle trouvait le moyen de garder son calme et de lui adresser ses meilleures intentions.

Aaron enfonça ses mains dans les poches de sa veste en observant sa démarche, tandis qu’elle rejoignait sa voiture. “Ecaterina !” l’appela-t-il une dernière fois, sans esquisser un pas dans sa direction. Il avait la sensation que la distance était de mise, cette fois-ci. “Merci” Ses paupières battirent une seule fois. Ce n’était pas grand-chose et peut-être se souviendrait-elle davantage de son comportement exécrable dans le bureau de Jane. Mais c’était tout ce qu’il était capable de lui offrir pour le moment. Il savait qu’elle comprendrait—du moins, il l’espérait.
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Ecaterina S. Robertson
Ecaterina S. Robertson
nothing but sunshine and rainbows
Age : 26 ans
Occupation : Bibliothécaire à l'OSU-Lima, auteure publiée, membre des Awesome Voices
Humeur : Changeante
Statut : Célibataire, "collabore" avec Tate Bartowski
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MessageSujet: Re: 02. I must not tell lies.   02. I must not tell lies. EmptyLun 17 Fév - 17:14

« Parce que toi, tu le méritais ? » rétorqua-t-elle à son tour, furibonde. Rentrant le menton en fronçant les sourcils d’une façon peu amène, Cat soupira puis sourit distraitement sans éprouver de joie cependant, car elle arrivait sans mal à deviner l’opinion du jeune homme sur le sujet ce qui lui déplaisait fortement. Elle détourna le regard par dépit, le posant sur le capot des voitures immobilisées dans le parking, donnant l’impression de se ficher totalement des trombes d’eau qui lui tombait sur le crâne – elle qui tenait tant au bon maintient de sa chevelure soyeuse aurait des surprises quand elle rentrerait chez elle ce soir. Ils ne se connaissaient que par l’intermédiaire de l’association, mais sous sa carapace, Aaron devait cacher des trésors de douceur. Comment Ecaterina le savait-elle ? Parce qu’elle était exactement comme lui. La meilleure défense des gens comme elle et lui, c’était l’attaque et les mains tendues dans leur direction semblaient si injustifiées qu’ils se convainquaient eux-mêmes de ne pas être dignes de l’attention qu’on leur accordait, quand bien même elle venait de gens qui sans doute aucun ne les aimait profondément. Ils avaient des blessures, des cicatrices à vif et peut-être que jamais ils ne réussiraient à guérir des choses difficiles qu’ils avaient vécues au cours de leur, pourtant courte, vie. Mais ils pouvaient au moins essayer, s’en donner les moyens en arrêtant de reculer quand on faisait un pas vers eux, même si c’était harassant en tout point. Cat, elle, avait choisi de faire des efforts.

Aaron était têtu. Trop têtu, se désola-t-elle, mais elle n’arrivait toujours pas à remettre en doutes ses bonnes intentions, à l’image de Jane par exemple qui avait probablement un sens de la perception différent du sien, car à l’entendre, Aaron Guevara était le diable personnifié. Non, il n’était rien de tout ça. Il était violent, c’était indéniable, sinon il ne ferait pas partie des membres des réunions dispensées à la LAP, mais ce n’était pas un monstre, loin de là. Si quelques minutes plus tôt elle lui en avait voulu de la traiter comme une moins que rien, en le regardant ruisselant de pluie, cherchant par économie de mots à répondre à ses propos, elle comprit qu’elle ne pouvait pas faire exploser toute sa capacité à être rancunière cette fois-ci car le grand bonhomme debout devant elle se sentait coupable. Elle ne ferait que se blâmer davantage si elle le laissait dans cette situation, si elle lui tournait le dos définitivement, juste parce que son amour propre avait égratigné et qu’elle tenait à sa place au sein de l’association. Il y avait des choses plus importantes que tout ça.
Inconsciemment, Jane avait réussi à déverrouiller une porte que Cat s’était évertuée à pousser des mois durant, et aujourd’hui elle comprenait que, si Aaron évitait de la regarder, c’était parce que le souvenir de cette soirée-là était encore trop frais. Il l’était encore pour Cat, mais cette fois-ci, c’est elle qui décida de ne pas en dire trop et après lui avoir donné un dernier conseil qu’elle trouva idiot après coup, la blonde s’approcha de sa voiture.

Baissant la tête sur le chemin menant jusque-là, pinçant les lèvres pour assécher les gouttes ruisselant sur sa lèvre supérieure, elle consentit à se contenter des derniers mots du jeune homme qui lui avait dit qu’il essaierait de ne plus repousser l’aide qu’on lui apporterait. Déverrouillant d’un geste souple du poignet les portes de son véhicule, Cat passa une main dans ses cheveux trempés, continuant à serrer contre sa poitrine le dossier de Michael Creevey, son nouveau filleul. Pour l’instant, elle se forçait à ne pas penser aux heures pénibles qui l’attendaient, car si Aaron était taciturne, Michael était un psychopathe en puissance et elle se mit à espérer qu’il fasse quelque chose d’assez grave dans l’intervalle pour qu’il se retrouve définitivement emprisonné ; elle pouvait faire ce qu’elle voulait en prenant une attitude désinvolte concernant cet échange, elle craignait les premières sessions, et la nuit qu’elle passerait le soir même serait agitée, elle le pressentait. Ouvrant la porte de sa voiture, la blonde jeta son sac et le dossier sur le siège passager avant de poser un pied sur le sol duveteux, quand la voix d’Aaron l’interpella une fois encore. Des remerciements. C’était tout ce qu’elle demandait. Un sourire mélancolique illumina son visage parsemé de gouttelettes cristallines et Cat lui fit un signe de tête pudique, puis elle s’engouffra à l’intérieur de sa voiture, ayant la sensation transcendante d’avoir remporté une petite victoire.

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