Choriste du mois


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 02. The luck you got

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MessageSujet: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyJeu 17 Oct - 14:32

Lorsque Caitlin avait quitté son appartement, sa guitare en bandoulière et son grand sac à main rempli de bonnes choses à manger, ses intentions étaient formelles. Elle se rendrait au parc Lincoln comme chaque dimanche pour profiter du paysage automnal que lui offrait le début de mois de novembre. Elle avait encore une fois snobé la messe dominicale pour préparer une bonne fournée de gâteaux sucrés qu’elle irait gracieusement distribuer aux sans-abri errant dans le coin. Elle leur apporterait un semblant de réconfort à travers son sourire éclatant, et surtout, grâce au thermos de café bien chaud qu’elle s’apprêtait à récupérer au café français situé à l’angle de Main Street.
Caitlin s’était assise sur un banc, à l’orée du parc couleur rouge-orangé. À côté de Richard, elle laissait ses doigts valser sur les cordes de sa guitare, tandis que son voisin dégustait salement ses délicieux petits gâteaux. L’homme grognon partageant son banc était sans conteste devenu un bon ami pour Caitlin. Il sentait le rance (entre autres) et la crasse accumulée sous ses ongles aurait donnée à Emma Schuester, la conseillère d’orientation-psychologue du lycée, des sueurs froides. Néanmoins, il était contre toute attente un homme doté d’un sens aiguisé de l’artistique. Il appréciait la beauté des choses simples, comme la valse entêtante des feuilles sous la brise fraîche d’un après-midi d’automne... Du moins, quand il était sobre. D’après ses nombreux récits, il avait perdu femme et enfants à cause de son addiction au poker. Il s’était fait plumer par des individus qu’il croyait être ses amis après un séjour à Vegas. A son retour, il n’y avait plus personne dans la grande maison qu’il occupait avec sa famille dans la banlieue de Lima. Ils étaient partis. Sa femme lui avait laissé un mot qui sonnait comme un ultimatum. Rien n’y avait fait, cependant, car Richard avait préféré son jeu de cartes et ses jetons plutôt que l’éventualité de construire un avenir stable avec la femme qu’il aimait, et aujourd’hui, il vivait rongé par le regret. La tristesse se lisait sur son visage marqué par des années à vaincre les rudes hivers d’Ohio. Il avait bien tenté de recontacter son épouse, mais dans toute sa misère, il avait oublié qu’une vingtaine d’années s’étaient écoulées depuis son départ précipité. Elle avait refait sa vie avec quelqu’un d’autre, un homme bien, lui avait-elle dit. Ses enfants, eux, étaient devenus grands et ne voulaient plus entendre parler de lui. Depuis toutes ses années, Richard vivait donc dans la rue. Seul et abandonné, il avait perdu sa maison, son travail et tout son argent. Son salut, c’était l’alcool. Elle le protégeait du froid et de la morosité des pensées, souvent morbides, qui l’habitaient quand il ne déambulait pas dans les allées fleuries du parc. C’était un homme perdu, comme beaucoup d’autres. À leur rencontre, Caitlin avait voulu l’aider en lui parlant de la Lima’ s P. Association. Sauf que, bien sûr, Richard était un homme plein d’amour-propre, malgré sa tragique condition, et il avait refusé le lit douillet qu'on lui proposait. Il s’entêtait à dormir sous les structures du skate-parc à quelques pas de là et faisait parfois la manche près du stand de hot-dogs. Mais en réalité, il savait qu'à l’association dont parlait Caitlin, on ne lui donnerait pas la chose dont il avait le plus besoin en ce moment : une bonne bouteille de Jack Daniel's.

Richard n’avait plus rien à perdre, il avait déjà tout perdu. C’est vrai qu’il l’aimait bien la petite qui venait tous les dimanches pour lui parler de peinture et lui chanter des chansons, mais elle n’était qu’une miséricordieuse de plus. Ses grands yeux bruns, pourtant, semblaient refléter toute la mansuétude et la gentillesse que chaque humain aurait dû avoir. Elle était belle et sentait bon le savon, simplement ça ne suffisait pas à la considérer comme quelqu’un de proche. Il ne devait rien à cette jeune femme, ce n’était qu’une inconnue qui faisait sa BA chaque semaine, tentait-il de se convaincre pour ne pas rajouter à son fardeau la culpabilité de profiter d’une âme charitable. S’essuyant la bouche du revers de sa main sale, Richard fit progressivement glisser ses pupilles délavées sur le sac à main de Caitlin. Il n’avait pas bu une goutte d’alcool depuis plus d’une semaine, le tremblement de ses mains n’était pas seulement dû au froid qui s’abattait sur la ville. Il était en manque d’alcool. Caitlin était professeure, elle avait une bonne situation. Elle devait avoir de l’argent dans son sac, c'était une certitude. Richard la regarda chanter un moment, détailla son profil, et profita qu’elle ferme les paupières, transportée par la mélodie qu’elle chantonnait avec talent, pour lui dérober son sac en cuir. Tout de suite, il se mit à courir à toutes jambes avant qu’elle n’ait le temps de s’apercevoir de ce qu’il se passait. Brusquement bousculée, Caitlin rouvrit les yeux. Les cordes de sa guitare dérapèrent sous ses doigts glacés et dans la foulée son regard humide rencontra la silhouette, déjà loin, du SDF. Ne faisant pas immédiatement le lien, elle fronça très fort les sourcils, replaça son bonnet sur sa tête et la tourna vers les reliefs du festin sucré de Richard. Là, elle remarqua que son sac n’était plus à ses pieds. Alors d’un bond spontané, elle se leva :

« Richard ! » cria-t-elle puissamment  Sa voix se répercuta en écho dans le parc froid et désert. Sans y réfléchir, Caitlin se mit en trottiner en direction du voleur, sa guitare brinquebalante rebondissant au rythme de ses pas contre sa cuisse.
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyMer 23 Oct - 18:04

Trois mois après son installation dans la ville de Lima, Keegan avait pris ses marques et, avec la facilité inhérente à un militaire habitué aux changements d’affectation et au déracinement, s’était bien adapté à la vie en Ohio. Certes, l’océan lui manquait indéniablement, mais cela n’avait fait que l’encourager pour planifier des vacances à Hawaï avec Oxanna. Il attendait avec impatience le jour où il pourrait faire visiter son île à sa petite-amie. L’attente ne rendrait ce moment que plus exceptionnel et trépidant. Revenir à ses racines après de longs mois de séparation rendait toujours le retour plus appréciable. En attendant, la banalité d’une vie à Lima n’avait rien d’insupportable : il y avait trouvé compagnie et emploi après tout, que demander de plus ?

Leurs parcs n’étaient pas mal non plus. Bien qu’il variait parfois ses trajets, il avait pris pour habitude de traverser le parc Lincoln lors de son footing. En cet automne, il appréciait tout particulièrement la couleur orangée des feuilles d’érable. Ce dimanche-là, Key avait été d’astreinte durant la matinée, le moment qu’il préférait généralement pour cette routine. Mais courir après un service stressant lui convenait tout autant. La vieille femme ayant glissée dans sa salle de bains et s’étant fracturée le coccyx avait été une insupportable geignarde. Le personnel médical ayant pris le relai à l’hopital les avait snobé en beauté et dès lors sa partenaire avait été irascible. Bref, il y avait des jours où la solitude d’un footing et la symphonie familière de son iPod étaient plus que bienvenues.

Familier des habitués du lieu, il dépassa le SDF squattant le banc et la jeune hippie qui lui tenait parfois compagnie avec sa guitare, sans leur prêter beaucoup d’attention. Concentré sur sa foulée, qu’il avait un peu trop forcé sur le début du trajet dans son irritation, il veillait à se réguler maintenant que ses nerfs s’étaient apaisés. Lorsque soudain une forme obscure, qu’il identifia après coup comme le clochard, le bouscula et le dépassa, Key se laissa déconcentrer. Un écouteur lui tomba de l’oreille et, par-dessus la voix puissante de Bon Jovi, il entendit un appel  outré. Un coup d’œil par-dessus son épaule, sur la jeune guitariste, puis sur le fuyard tenant fermement un sac (clairement féminin) contre lui, lui apprit tout ce qu’il avait besoin de savoir.

Il accéléra le pas en un sprint et il lui fallut quelques mètres à peine pour rattraper sa proie. Il s’élança contre lui, utilisant son élan pour le plaquer à terre – ayant choisi un angle les projetant volontairement sur la pelouse humide plutôt que sur les gravillons des chemins (il ne voyait ni l'intérêt de blesser sa victime, ni celui de massacrer son propre treillis). La résistance fébrile mais faiblarde du vieil homme ne l’ébranla pas d’un poil et il referma ses mains puissantes sur les poignets noueux qu’il enferma dans une clé qui élimina toute résistance. Malgré le gémissement du clochard, Keegan s’assura qu’il ne lui causait aucun mal sérieux avant de récupérer le sac projeté à leurs côtés.

Des bruits de pas lui firent tourner la tête et il tendit la besace à la jeune femme les approchant. « C’est ce que vous cherchiez, mademoiselle ? » lui demanda-t-il calmement sans bouger de sa position, à califourchon sur le malfrat. « Tout y est ? »
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptySam 26 Oct - 16:54

Recevoir un quelconque jugement de la part de Caitlin, c’était comme faire le vœu qu’un jour où l’autre Kim Kardashian révèle enfin à la face du monde que les deux boules de bowling qui lui servait de postérieur n’étaient pas d’origine, comme elle tentait de le faire avaler au monde entier depuis sa naissance divine. En d’autres termes, ce n’était pas demain la veille que cela arriverait. Tout le monde avait un vécu et une histoire avec laquelle il tentait d’avancer, malgré les épreuves difficiles courageusement surmontées pendant le périple. Parfois, les choses ne tournaient pas à l’avantage de l’individu, quand bien même il faisait des efforts relatifs pour vivre une existence des plus paisibles en jouant le jeu de ladite normalité. Caitlin était d’ailleurs bien placée pour en témoigner. Elle avait voulu se faire une place dans un monde qui n’était pas le sien à l’époque du lycée. Débarquant fraîchement d’une école privée, être considérée comme un ovni au milieu de ses camarades de classe avait eu le même effet qu’un électrochoc. Ce fut saisissant, si violent qu’en rentrant à la maison, elle s’était immédiatement remise en question. Elle ne reniait pas son éducation et ne reniait pas non plus les amies avec lesquelles elle avait grandie, elle avait adoré faire partie de l’académie et partager tous ces moments avec Cassandra et les autres pensionnaires, mais le monde, le vrai, lui tendait les bras. Il y avait tant de choses qu’elle ne connaissait pas, en passant par la joie de faire partie d’une équipe digne de ce nom, se voir féliciter pour autre chose que pour ses résultats scolaires et son comportement exemplaire durant la messe du dimanche matin. Malheureusement, le sort voulut qu’elle soit la première d’une longue liste à s’effondrer à cause de la pression et de son nouveau rythme de vie. Le regret l’avait terrassée. Son audace, elle l’avait payée très cher et en contrepartie des remords sincères qu’elle avait exprimés à son entourage, elle avait été la victime d’une ribambelle de jugements, tous les plus arbitraires les uns que les autres, et qui n’avaient fait que l’enfoncer davantage. Celui de Cassandra avait été le plus difficile à supporter, elle sentait toujours la rancœur émaner de l’ange blond qui avait été pendant toute son enfance sa meilleure amie. Tout était de sa faute, à cause d’elle plus rien n’avait jamais été comme avant. Toutefois, elle avait assumé ses erreurs et ne se désavouait pas de son passé en tant que cheerleader de McKinley, car elle était sortie plus forte de cette douloureuse expérience. Même si elle avait pendant longtemps gardé les stigmates de cette époque ingrate, elle se savait sortie d’affaire aujourd’hui, et vivait avec cette philosophie de vie qui était de ne pas blâmer les gens qui autour d’elle faisaient des erreurs. Parce qu’elle était passée par là… Qu’elle savait.
Richard venait d’en faire une grosse, d’erreur. Il avait dérobé son sac à main pendant qu’elle jouait sa chanson préférée à la guitare et bien que le choc fût rude lorsqu’elle le vit gambader sur ses quilles maigrelettes, la jeune femme se contraint à ne pas le condamner trop sévèrement. Plus par réflexe que par souci de l’arrêter dans sa course effrénée dans l’allée du parc Lincoln, elle s’était mise à crier son nom en marchant dans sa direction. Il y avait toujours un moment où Richard perdait un peu le sens des réalités et se mettait à faire des choses insensées, mais jamais auparavant il ne s’était pris directement aux biens de la brunette ! Étonnée par son comportement et réprimant par gentillesse la centaine de questions qui lui trottait dans la tête, cherchant à mettre des mots exacts sur le geste du clochard, elle accéléra le pas pour essayer de le rejoindre quand une silhouette masculine se dessina à l’horizon, et que le corps amaigri du sans-abri disparaisse brusquement de son champ de vision.

« Mon Dieu ! » s’écria-t-elle tout en plaquant une main sur sa bouche arrondie par la surprise. Sitôt avait-elle blasphémé qu’elle lança un regard inquiet au ciel qui s’étendait juste au-dessus de sa tête « Pardon. » se hâta-t-elle de rajouter dans un murmure, s’excusant auprès de l’entité qu’elle avait si souvent priée. Pas le temps de se soucier de l’image, déjà bien écornée, qu’elle exposait au créateur, elle replaça convenablement sa guitare sur son dos, enfonça son bonnet tricoté à la main sur sa tignasse brune, et se mit à courir en direction du carré d’herbe pour rejoindre Richard et son… comment devait-elle le qualifier ?

Après un dérapage contrôlé grâce à ses bottes de pluie, elle lança un regard horrifié à la scène qui se jouait devant ses grands yeux : Richard était immobilisé par cet homme qu’elle avait vu passé en courant devant leur banc, à peine quelques minutes plus tôt. Très peu habituée à la violence, le geste du joggeur lui apparut un peu exagéré, mais cela aurait été très impoli de le lui faire remarquer, sans doute pensait-il bien faire – et il avait bien fait ! Sous sa question, Caitlin se dépêcha d’empoigner son sac à main. Un peu sonnée, elle n’en vérifia pas le contenu, persuadée que rien n’avait été volé, puis en fermant brièvement les yeux, secouée par les battements rapides de son cœur, elle lui dit à la place, d’une voix où se mêlait supplication et empressement :

« Laissez-le partir, s’il vous plaît ! » Consciente que sa demande pouvait paraître un tantinet déconcertante à la vue des circonstances, elle poursuivit en posant ses yeux incertains sur l’homme qui le maintenait au sol « Il… C’est mon ami. Il a parfois des sautes d’humeur. Je crois qu’il a compris la leçon. Hein, Rick ? » interrogea-t-elle le clochard. Ses yeux bruns s’élargirent avec insistance, indiquant à Richard qu’il valait mieux qu’il acquiesce s’il ne voulait pas avoir d’ennui. C’était la méthode qu’elle utilisait avec les élèves qu’elle surveillant lors des retenues, et généralement, cela fonctionnait à merveille. Enfin si on oubliait Jamie Ainsworth et sa manie à prendre chacune des œillades appuyées de la jeune femme pour une invitation implicite à le retrouver à la sortie.
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyDim 3 Nov - 17:10

Keegan ne put s’empêcher d’hausser un sourcil devant la première réaction de la jeune guitariste.  Sa surprise s’évapora rapidement cependant : le caractère doux et conciliant de la brunette sautait aux yeux. Loin de Key l’idée de vouloir jouer les justiciers m’as-tu-vu à l’esprit étroit. Il baissa les yeux sur le voleur et vérifia qu’il hochait sagement la tête – ignorant ce qu’il marmonnait indistinctement au passage. Devant cette apparente obéissance (était-elle due aux grands yeux chocolat de la jeune femme ou à la carrure menaçante du soldat ? difficile à dire), il haussa les épaules. « Comme vous voulez, » répondit-il calmement.

Il relâcha le SDF et se releva souplement avant de reculer de deux pas : assez loin pour ne pas être agressif, assez près pour déjouer tout nouvel acte malveillant. Il ne quitta pas des yeux le dénommé Rick lorsqu’il se recroquevilla sur lui-même avant de se redresser. « Mordre la main tendue d’un ami… c’est une drôle de manière d’honorer cette amitié, » souligna-t-il, sombre, parce qu’il était loin d’avoir l’âme généreuse de cette bohémienne et qu’il ne ferait pas confiance à un tel homme désespéré. Cela apporterait bien des ennuis et rien de bon.

Ses yeux entraînés repérèrent rapidement les mains tremblantes de Rick. Cela aurait pu être mis sur le compte du choc, si plusieurs autres symptômes ne trahissaient une sévère addiction à l’alcool. Rien d’étonnant, mais cela expliquait aussi bien des choses. La demoiselle n’avait pas l’air du genre à lui amener son vin rouge quotidien ; les sucreries étaient probablement plus de son ressort. Keegan soupira et porta la main à sa poche arrière, il en tira son portefeuille dont il retira un billet de cinq dollars. Il le leva dans le champ de vision du clochard, mais le tint hors de portée.

« Faites vos excuses à cette dame, prenez ça et allez boire ce qu’il vous faut avant de faire une autre connerie. » Sans surprise, ce fut accepté par un violent hochement de tête, mais lorsque Rick saisit le billet, Keegan le retint assez longtemps pour ajouter : « Je passe ici plusieurs fois par semaine. S’il y a une prochaine fois, le résultat ne sera pas aussi plaisant, alors mordez-vous la langue si cette idée vous repasse par la tête. » Un nouveau hochement de tête vif et saccadé fut suivi d’un barrage d’excuses plus ou moins compréhensibles à l’adresse de la brunette avant que Rick ne s’éloigne d’un pas agité.

« Laissez-le aller, » dit Keegan à la jeune femme. « Les alcooliques peuvent être violents sans leur boisson. Ne tentez pas trop votre chance lorsqu’il est dans cet état… » Il promena un regard soucieux sur la silhouette frêle qui lui faisait face. « Je détesterai vous revoir durant mon travail. » Il n’y avait pas grand-chose qui l’agitait plus qu’une femme violentée, si ce n'est un enfant blessé.  
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyVen 8 Nov - 17:12

Le comportement pacifiste de Caitlin venait, pour la énième fois depuis sa laborieuse venue au monde, de faire des siennes. Alors qu’une majorité de personnes se seraient très justement offusquées d’avoir été la cible d’un sans-abri pickpocket, elle, à l’inverse, se surprenait à éprouver davantage de pitié pour Richard. À peine était-elle arrivée sur les lieux du roulé-boulé dans l’herbe du clochard et du responsable de son impressionnante capture, qu’elle demanda à ce dernier de le laisser partir. Sachant que, si l’épouse de Rick n’avait pas réussi à lui faire entendre raison concernant son addiction aux jeux d’argent, il y a de ça des années, les leçons de morale d’un illustre inconnu ne trouveraient probablement pas racine non plus.
Son entourage trouvait ça drôle – parfois pathétique, bien qu’ils ne se risquaient à le lui dire par peur de heurter cette sensibilité à fleur de peau qui était la sienne – cette façon que Cailtin avait de voir le meilleur dans chacun d’entre nous, et cela malgré les preuves qui ne laissaient pourtant aucun doute sur la nature profonde de certains individus. Mais qu’importe pour elle, car l’homme n’était pas qu’un être pétri de mauvaises intentions, elle en était outrageusement persuadée. Il fallait voir au-delà des apparences et des erreurs que nous étions tous amenés à faire au cours de notre vie. Avait-elle une mansuétude plus développée que la plupart des gens, elle n’avait pas la réponse à cette question. En revanche, elle savait que, si tout le monde se complaisait à être aussi cynique envers son prochain, elle avait choisi d’être dans le camp adverse en toute connaissance de cause. On disait qu’elle était naïve, illuminée et trop philosophe, qu’un beau jour, son attitude finirait par lui jouer de vilains tours… ce n’était pas faux, la preuve en était aujourd’hui. Mais au moins, elle était à l’aise avec ce qu’elle était, et se fichait pas mal qu’on la prenne pour une hippie, tant qu’elle était en paix avec ses principes. Elle doutait que tout le monde puisse en dire autant.

Elle n’en disconvenait pas, néanmoins. Certaines personnes étaient incapables d’êtres bons, s’approchant de ce qu’on appelait communément des cas désespérés. C’était le cas de Sue Sylvester ou de Joan Rivers pour ne citer qu’elles – à croire que la vieillesse vous donnez le droit d’être désagréable avec n’importe qui. Secrètement, elle restait toutefois convaincue qu’au bout du chemin, elles finiraient par se rendre compte de tout le mal qu’elles avaient fait ; Sue en martyrisant la plupart des habitants de cette ville et Joan en critiquant ouvertement les tenues olé olé de Lindsay Lohan dans son émission de télévision. Elles se repentiraient d’une façon ou d’une autre, c’était un acte de courage qui inscrirait leur personnage haut en couleur (et en chirurgies esthétiques) à l’encre indélébile dans la mémoire collective.
Rick lui-même regrettait son geste à l’instant présent. Enfin, en quelque sorte. Le jeune homme costaud qui l’avait plaqué au sol l’ayant relâché, il sortit de sa poche de son pantalon son portefeuille d’où il déploya un billet de cinq dollars qu’il tendit au clochard dont le regard s’illumina instantanément. Les excuses qu’il marmonna à l’encontre de Caitlin étaient irrémédiablement dictées par l’appât du gain, mais ça lui était égal. Des excuses étaient des excuses, point. Les acceptants dans un hochement de tête concerné, elle lui suivit du regard et s’apprêta à lui dire quelques mots, lorsque l’homme en face d’elle lui conseilla de le laisser partir à son tour. Les grands yeux de la jeune femme se tournèrent vers lui, et d’un geste machinal, elle remonta la bretelle de son sac sur son épaule, puis attrapa à une main celle de sa guitare qui barrait sa poitrine. Brièvement, son regard fit la navette entre la silhouette de Richard qui s’éloignait en petite foulée, impatient de s’abreuver, et son interlocuteur. D’une voix lointaine, elle lui dit :

« La vie n’est pas tendre avec lui... » Elle soupira mollement, puis secoua la tête pour offrir un franc sourire au jeune homme qui lui parlait de son travail « Vous faites partie d’un commando, ou quelque chose s’y approchant ? Votre technique de placage au sol est par-fai-te ! Non pas que je sois une experte, je déteste ce genre de… » » Elle agita brusquement ses poings serrés devant son visage rosi par le froid et mima un combat de boxe, assez ridicule, tant le mouvement de ses mains était désordonné. S’arrêtant, elle enfonça de nouveau son bonnet sur sa tête, si bas qu’on ne voyait plus ses sourcils « Enfin vous voyez. » concéda-t-elle. Un dernier regard lancé par-dessus son épaule lui indiqua que Richard venait de quitter le parc Lincoln pour de bon – ses talons boueux avaient laissé des traces distinctes sur le bitume gris clair de la longue allée bordée de fleurs en été. Caitlin redoutait que fournir à son ami SDF l’argent nécessaire pour soigner son mal soit une bonne solution, mais jusqu’à présent, elle n’avait rien trouvé d’autre pour l’apaiser, même ses cupcakes n’avaient pas fonctionné.

Se mordant les lèvres, pensive, cette constatation lui fit reporter toute son attention sur le brun en face d’elle, et après un examen furtif de sa carrure, elle ouvrit sa besace pour en sortir son porte-monnaie. À son tour, elle sortit cinq dollars et les lui tendit de bonne grâce, un sourire aux lèvres « Vous n’avez pas à payer pour mon manque de vigilance. Vous m’avez permis de récupérer mes affaires, c’est déjà suffisant. Merci, à ce propos. » Elle insista pour qu’il les prenne, l’y invitant d’un petit haussement d’épaules timide et crispant ses mâchoires, tirant sur les muscles de son cou en remuant la tête, elle ajouta « J’ai tendance à faire un peu trop confiance aux gens, je l’admets. » Elle le laissa prendre le billet, puis conclut en fronçant très fort les sourcils sous la frange de son bonnet, arborant une moue dubitative « Je devrais éviter de faire ce genre de confession aux inconnus. » Et spontanément, elle laissa échapper un petit rire. Rangeant son porte-monnaie, fermant sa besace, Caitlin retrouva sa posture initiale ; droite, la main serrée autour de la bandoulière de sa guitare, et elle se balança d’avant en arrière sur ses talons, ne sachant que faire.
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyJeu 14 Nov - 23:57

Keegan s’estimait plutôt réaliste : il était bien loin d’être naïf, mais n’était pas du genre à tomber dans le cynisme pour autant. Ses deux professions l’avaient amené à voir le pire comme le meilleur : de la cruauté humaine à ses plus beaux élans de solidarité. Il savait le reconnaître et identifier ceux sur qui il fallait poser un œil vigilant et ceux qui lui incitait un regard plus bienveillant.  Et voilà qu’il venait de rencontrer un individu de chaque catégorie.

Par ailleurs, bien qu’il croyait en la possibilité de toujours s’améliorer, pour cela il fallait encore en avoir la volonté. Rick en étant bien loin, il l’intéressait bien peu et incitait peu de clémence de sa part. L’expression stricte, toute militaire, que Keegan afficha pour s’adresser à l’alcoolique, s’adoucit lorsqu’il fit face à la jeune femme. Oui, elle était clairement naïve mais, ma foi, si tout le monde était comme elle, ce serait un monde bien plus rose (ce qu'il pourrait supporter, si, si… tant qu’on ne parlait pas de fushia).

« La vie est difficile pour bien des gens, mademoiselle. La façon dont on gère ses difficultés fait la différence. » Il ne lui fit pas l’outrage de souligner que l’alcoolisme n’était pas un bon exemple de gestion du stress, mais son ton sous-entendit tout ce qu’il en pensait. Il était méfiant comme de la peste de toute forme de dépendance. Les antidépresseurs et somnifères auxquels se raccrocha sa mère pendant des années, avant de mettre fin à ses jours, lui avaient laissé un goût amer.

La question suivante de la jeune femme et ses gestes suivants (de quoi s’agissait-il au juste ? une nouvelle dance à la mode ? une simulation de combat par un épileptique ?) le tirèrent de ses sombres réflexions et le firent sourire de toutes ses dents. « Je suis un ex-militaire, de la NAVY. » Inutile de rentrer dans les détails, les SEAL ne diraient certainement pas grand-chose à une pacifiste. « Lieutenant-Commander Keegan Jefferson, enchanté. » Zappant totalement le salut militaire, parce que non, vraiment, ce serait de trop (même si sa posture rigide le trahissait malgré tout), il lui tendit la main. « Je travaille désormais comme ambulancier pour l’hôpital. »

Lorsque la guitariste insista pour le rembourser, Keegan fit mine de refuser mais se heurta à une résistance polie mais ferme. Il dut s’avouer vaincu. « Je vous en prie, » fit-il en haussant les épaules suite à ses remerciements. La dernière boutade le prit par surprise et il éclata d’un rire franc, joignant celui, bien plus léger, de la jeune femme. « Je vous promets que je ne compte pas en prendre avantage… » répondit-il, espiègle, avant de réfléchit plus avant. « Si ce n’est, éventuellement pour vous proposer de trouver un meilleur usage à ce billet ! » Il agita celui-ci entre eux. « Je vais finir par me refroidir au milieu de mon jogging  : je vous propose une boisson chaude au Starbucks d’à côté ? »  
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptySam 16 Nov - 17:31

La lumière étant faite sur les activités de son interlocuteur, qu’elle soupçonna une seconde de faire partie d’un gang, Caitlin ne put s’empêcher d’arrondir les contours de sa bouche nue, visiblement impressionnée par son statut « Lieutenant-commander Keegan Jefferson… » répéta-t-elle en détachant chacune des syllabes qu’elle prononça à sa suite. Elle employa le ton émerveillé des petites-filles rencontrant le père Noël pour la première fois et qui s’attendaient à ce que, par sa simple présence, des flocons de neige gros comme des œufs de Pâques tombent du ciel. Tendant sa main pour serrer celle de Keegan, elle la secoua chaleureusement « Enchantée de même, monsieur. » ajouta-elle promptement – sans doute parce qu’elle craignait que son manque de politesse ne lui fasse défaut et qu’elle finisse par se retrouver les quatre fers en l’air comme ce fut le cas de Richard, plusieurs minutes auparavant. Néanmoins, il y avait un code d’honneur dans la NAVY, elle en était persuadée. Ne pas s’en prendre à une femme devait figurer dans les premiers paragraphes de leur règlement. Pourtant, son instinct lui souffla de l’honorer d’une courbette appuyée pour échapper définitivement aux soucis, comme ces individus qu’elle voyait à la télévision et qui accueillaient l’arrivée de la famille royale d’Angleterre lors des grands événements du pays. Elle se reprit à temps, concédant qu’il ne s’agissait pas du prince Charles – que Dieu l’en préserve – et qu’il valait mieux ne pas tomber dans les extrêmes, sous peine d’être prise pour la dernière des illuminées « Caitlin Rosenberg. » lui dit-elle, donnant son nom à son tour. Elle se demanda si, elle aussi, devait l’informer de sa profession, puis abandonna l’idée.
Accueillant avec un autre sourire la proposition de Keegan, qui l’invita à prendre une boisson chaude au café du coin, la jeune femme montra, en pointant du doigt par-dessus son épaule, son banc de prédilection lors de ses nombreuses visites à Richard « Il me reste quelques cupcakes dans mon autre sac. » Elle fronça le nez d’un air amusé, toisant la silhouette du militaire « A moins que vous ne surveilliez votre ligne. Dans ce cas, je vous conseille de les éviter, ils sont 100% pur beurre ! Il vous faudra plus d’un footing pour les éliminer ! » Elle lui fit signe de la suivre, maintenant davantage la sangle de sa guitare qui remuait au rythme de ses pas.

Le trajet jusqu’au banc fut rapide. Cependant, ce court laps de temps fut amplement suffisant pour donner l’occasion à Caitlin de cogiter plus que nécessaire au sujet de l’incident du sac à main. Elle ne pouvait ignorer plus longtemps cette petite voix dans sa tête qui nourrissait l’inquiétude profonde qu’elle avait pour Richard. Il avait cherché à lui dérober son sac pour quelques dollars, avide d’étancher la soif le tenaillant au point que ses actes étaient exclusivement dictés par cette envie, ce besoin, d’alcool. En jetant un regard au ciel gris de novembre, Caitlin pinça les lèvres. La brise était si fraîche qu’elle avait les yeux bordés de larmes et son visage lui picotait par intermittence, malmené par le froid mordant. Elle se mettait à la place de ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir un toit au-dessus de leur tête, et une tristesse manifeste assombrit les traits de son visage. Il faisait déjà tellement froid, alors que l’hiver n’avait même pas encore commencé, elle n’osait imaginer ce que leur réservait décembre. Ce n’était pas une période facile pour les gens qui dormaient dehors, la brune se jura de passer outre son appréhension de confronter Cassandra pour lui parler du sort de ces sans-abri qui mourraient probablement de froid si personne ne venait les chercher, avant que la neige ne s’abatte définitivement sur la ville.

Enfin, elle coula un regard à Keegan, tandis qu’un ressort se remit en place dans son esprit. Il était ambulancier, donc potentiellement en charge de ramener les malheureux dans le besoin à l’hôpital St-Rita. Se penchant pour attraper son sac isotherme encore rempli de bons petits gâteaux, elle plissa les paupières et lui demanda avec beaucoup de gentillesse « Est-ce qu’il est trop tôt pour que je vous demande une faveur, Keegan ? » Elle dézippa la fermeture éclair du sac, en sortit un cupcake au glaçage mauve et vert qu’elle lui déposa au creux de la main « Violette et pistache, ma spécialité. » lui indiqua-t-elle sur le ton de la conversation. On aurait pu penser à une tentative de corruption de sa part, mais ce n’en était pas une. C’était avec plaisir que Caitlin offrait cette douceur au jeune homme. Se remettant en marche, elle passa la bretelle de cet autre sac sur son épaule, puis joignit ses mains glacées sur le devant de son buste, la tête légèrement penchée sur le côté « Est-ce que ça vous semble déplacé si je vous donne mon numéro de téléphone ? » Tout en marchant, ses grands yeux bruns étudièrent les détails du paysage s’étalant devant eux. Elle pouvait apercevoir dans ces nuances orangées le prochain thème qu’elle proposerait à sa classe le lundi suivant ; les paysages d’automnes. Revenant à ses moutons, elle cligna de ses cils recourbés par le mascara, et finalement, tourna entièrement la tête pour le regarder « Vous êtes ambulancier, et vous savez, si Richard finit par être ramassé… » Elle fronça les sourcils de peine « Je ne le souhaite pas, bien sûr. Mais juste au cas où, peut-être que vous pourriez me joindre ? Je m’inquiète pour lui. Ces prochains mois sont ceux des fêtes ; Thanksgiving, Noël… personne ne devrait passer les fêtes tout seul. » Imperceptiblement, Caitlin secoua la tête pour appuyer ses propos.
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02. The luck you got Empty
MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyVen 22 Nov - 14:26

La réaction de la brunette à l’annonce de son identité le prit quelque peu par surprise. Il était plutôt habitué aux réponses positives quant à sa carrière militaire, la majorité de la population américaine vibrant d’une ferveur patriotique, mais Caitlin (très joli prénom qui lui rappelait sa tante, soit dit en passant) ne l’avait pas vraiment marqué comme faisant partie de cette catégorie. Ceci dit, il n’allait pas s’en plaindre, c’était toujours plus agréable pour lui qu’une antimilitariste : ils pouvaient se montrer agressifs dans leur rejet (ah, la contradiction du bien-pensant). A vrai dire, en cet instant précis, la demoiselle lui faisait plutôt penser à une enfant présentée à un héros sorti de son histoire favorite. Et… bon… avouons-le, Keegan était un véritable softie inside lorsqu’on le prenait au dépourvu, alors voilà... il était ensorcelé comme il se doit.

« Je ne vois pas l'intérêt de faire énormément de sport si c'est pour me contraindre en plus dans ce que je mange, »  avoua-t-il très franchement, les yeux pétillants. Il avait peut-être pris un ou deux petits kilos depuis l'armée, mais il n'allait pas se prendre la tête avec un tel détail quand il se sentait bien dans sa tête et dans son corps. Devoir suivre un régime en revanche... ça, ça le déprimerait bien ! Il n'était pas un cordon bleu, il avait même plutôt des capacités très basiques en cuisine, mais manger faisait partie des plaisirs du quotidien (surtout après avoir supporté la nourriture déshydratée lors de longues missions sur le terrain).  

Il suivit donc volontiers Caitlin jusqu'au banc où elle était précédemment installée, curieux d'en apprendre plus sur la jeune femme. Sa seule concession au froid fut d'enfouir ses mains dans ses poches, bien que la sueur se rafraîchissant sur sa peau ne tarderait probablement pas à l'incommoder. Il était un peu plus habitué aux fortes chaleurs qu'à une telle fraîcheur et surtout à ce vent mordant. Oxanna lui avait assuré que cela en valait la peine pour la neige qui tomberait certainement cet hiver. N'étant pas familier avec cet or blanc, il apprécierait probablement cette nouveauté.

« Mmh, » fit-il pensivement lorsque Caitlin se retourna vers lui. « Tout dépend de la faveur. Vous pouvez toujours essayer. » Il lui sourit gentiment, les yeux pétillants d'autant plus lorsqu'elle lui tendit le cupcake promis. Il la remercia chaleureusement. Enthousiaste, il en croqua une petite bouchée pour goûter ces parfums inhabituels et originaux. Un grognement approbateur lui échappa et il prit soin de savourer soigneusement le mélange des saveurs avant d'ajouter, espiègle : « Avec ça, vous avez quasiment carte blanche. C'est délicieux. »

La demande qui suivit n'était pas exactement ce à quoi il s'attendait (à quoi s'attendait-il ? eh bien... il espérait très certainement devenir son goûteur officiel, en tout cas !). Il haussa les sourcils, surpris par son audace, mais attendit, conscient qu'il y avait une raison particulière à ce nouveau développement. Tandis qu'ils avançaient tranquillement le long du chemin de gravier, Keegan dégusta le reste de son cupcake, appréciant ce moment paisible sans chercher à presser Caitlin.

Lorsqu'elle lui avoua finalement ce qui lui tournait dans la tête, il ne fut pas vraiment surpris : il avait commencé à cerner ses préoccupations principales. Il laissa échapper un bruit pensif pour indiquer qu'il l'écoutait, mais son regard était perdu dans le vide du côté de la sortie qu'avait emprunté Rick un peu plus tôt. Il venait de finir son cupcake et il s'épousseta distraitement les mains. Lorsqu'il reposa les yeux sur Caitlin, son visage s'était adouci et il lui adressa un petit sourire insondable. « Vous avez un cœur bien généreux, Miss, »  remarqua-t-il tandis qu'ils sortaient du parc. « Très bien, si cela peut vous rassurer un peu, je veillerai à garder un œil ouvert. »  Il sortit son téléphone portable de l'une de ses poches et ouvrit la fenêtre 'nouveau contact' pour noter le numéro de Caitlin.
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02. The luck you got Empty
MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got EmptyMer 4 Déc - 18:49

Caitlin aurait aimé pouvoir jouir pleinement du paysage, de ce panorama demi-saison qui s’exposait à elle en toute humilité. Les couleurs de l’automne étaient ses préférées. À force d’observation par-delà la fenêtre de son petit appartement situé près du musée Allen, elle maîtrisait sa palette sur le bout des doigts, malgré qu’elle soit toujours aujourd’hui à la recherche de la teinte parfaite pour reproduire à l’identique le ciel rose qui s’étalait au-dessus de sa tête avant le crépuscule et qui était annonciateur de l’hiver et de ses températures froides ; du rose, du rouge, un soupçon d’orange et beaucoup de blanc… la frustration s’emparait d’elle lorsqu’elle s’apercevait que de nouveau, le résultat n’était pas satisfaisant pour la perfectionniste reconnue qu’elle était. Et cette année encore, l’automne se terminerait sans qu’elle n’ait pu maîtriser tous les secrets d’un ciel d’automne céleste, car l’hiver chasserait bientôt cette impression réconfortante de chaleur, due aux notes prédominantes d’orange, de marron et de rouge en cette saison. Non, pour tout un tas de raison, la professeure d’Arts plastiques n’avait pas vraiment hâte d’accueillir la froidure et le bleu glacial de l’hiver.  
Ce que Caitlin aimait par-dessus tout croquer, c’était le mouvement du vent dans les branchages dépouillés de leurs feuilles et cette imperceptible brise qui faisait tournoyer, à l’image d’un ouragan miniature, la verdure desséchée parsemant les trottoirs de la ville. Il n’y avait pas ça en hiver, tout restait stoïque, terne, triste. Mais à ce moment très précis, ses pensées étaient toutes tournées vers un autre horizon. Le spectacle grandiloquent de la nature ne suffisait pas à la sécuriser, c’était Richard qui l’inquiétait. Néanmoins, même en se rongeant les sangs en toute discrétion, perdue dans des questions pointues auxquelles elle n’avait pas de réponses, elle s’estimait heureuse d’être tombée sur quelqu’un comme Keegan, finalement. Son métier la rassurait et lui offrait en plus la certitude d’être mise au courant si une mauvaise nuit était fatale à son ami. Il n’en fallait pas plus à Caitlin et un sourire singulier, plein de fossettes, de plis au-dessus de son nez tout droit et de malice, éclaira soudain ses traits soucieux.

Avec l’aval de Keegan, la jeune femme s’apprêta donc à lui donner son numéro de téléphone en cas de pépin. Quand elle leva la tête et qu’elle décela un sourire au coin des lèvres de l’homme à côté, elle en esquissa un à sa suite, prenant son compliment comme il se devait ; avec beaucoup de modestie « Non, je fais simplement ce que ma conscience me dicte de faire. Ça n’a rien à voir avec le cœur. » Ses pommettes s’empourprèrent tout naturellement cependant et elle élargit son sourire avec bienveillance. Joignant ses mains devant elle, elle ajouta « Et puis, vous aussi, vous m’avez aidé. Combien de gens au juste auraient agi de la même manière que vous, en arrêtant Richard dans sa course, hum ? » Elle haussa les sourcils pour accompagner son interrogation. Lisant la réponse sur l’expression sérieuse de Keegan, elle le pointa aussitôt du doigt « Exactement, très peu de monde ! » accorda-t-elle après un rire joyeux « Je vous retourne donc le compliment, Keegan. Vous avez un cœur bien généreux. » Et elle prit dans ses mains le téléphone du jeune homme pour y laisser son numéro, pianotant sur l’écran tactile avec une certaine dextérité. En le lui rendant, elle lui dit « Si vous aimez mes gâteaux, je pourrais vous apporter quelques-uns quand vous êtes de service ! » Elle remonta ses sacs sur son épaule, vérifia que sa guitare était bien accrochée dans son dos et tout en posant un doigt sur sa bouche entrouverte, elle murmura pour elle-même « Il doit travailler en binôme, ça fait plusieurs fournées de muffins… » Elle marqua un temps d’hésitation tandis qu’ils rejoignaient la rue du Lima Bean « Je peux le faire ! » s’encouragea-t-elle, avant de tourner la tête vers Keegan, et de compléter « Et pour vous remercier, c’est moi qui régal ! » À ce moment-là, Caitlin se posta devant la porte du Lima Bean, pivota sur les talons de ses chaussures et ouvrit en grand la porte du café. Attendant que Keegan rentre avant elle, elle le gratifia d’une petite courbette – elle réussit enfin à placer ce qu’elle avait envie de faire depuis qu’il lui avait annoncé son grade sans passer pour une folle – puis elle entra à sa suite, tout enjouée.
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MessageSujet: Re: 02. The luck you got   02. The luck you got Empty

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