Choriste du mois

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 02. Make you feel my love

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Lexie A. Preston
Lexie A. Preston
Ginger Spice ; You bet you're gonna lose it to that hellbound crimson glory
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Occupation : Galeriste, chef auto-proclamée de la Pension Preston, life coach du dimanche et membre des Second Chance
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MessageSujet: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyLun 21 Oct - 0:44

La musique battait son plein, les costumes étincelaient sous les lumières des projecteurs, les performances des Awesome Voices et des Second Chances étaient toutes plus fantastiques les unes que les autres et le DJ arrivait parfaitement à conserver l'ambiance flamboyante. Lexie avait toujours adoré le piano bar, même si elle lui préférait parfois l'atmosphère plus déjantée du cabaret. Mais cette fois, c'était ici que la fête battait son plein et la jolie rousse se dandinait gaiement dans son improbable robe à motifs et à sequins. La fièvre du samedi soir s'était indéniablement emparée d'elle et nul doute qu'elle s'amusait comme une gamine à la fête foraine. Après tout, elle était dans son élément, c'était le moins qu'on puisse dire. Du bruit, des couleurs, de la musique un rien ringarde mais néanmoins culte, des costumes déments, des amis à chaque coin de table. C'était parfait, la galeriste avait même eu l'occasion de discuter un petit peu avec sa nouvelle acolyte rousse, Seana. Et JJ était resplendissant, dans tous les sens possibles du terme. Evidemment, il y avait une petite ombre au tableau. Une petite ombre d'à peine un an son aînée et de quelques bons centimètres de moins. Se laissant tomber sur un des tabourets du bar avec une grimace, elle commanda deux Bloody Mary et scanna la salle du regard, à la recherche de sa grande soeur adorée. Le cocktail lui semblait approprié, très Preston, très Halloween, très Macbeth. Et les drames shakespeariens, ça les connaissait. Elle soupira, s'efforçant de ne pas penser à l'étonnant déhanché de Charlie sur Hot Stuff un peu plus tôt dans la soirée. Si elle n'avait pas était au courant des quelques déboires qui secouaient le couple de son amie, elle n'aurait pas spécialement tiqué et ce serait contenté d'applaudir et de hurler son soutien à sa gangsta préférée. Mais elle ne doutait pas qu'elle et Wyatt ne subissait qu'une houle passagère, que tout ça serait réglé après une réconciliation torride sur l'oreiller ce soir même. La force avec laquelle elle se trompait sur ce point ne la frapperait que dans un futur proche tout de fois et il s'agissait de se concentrer sur sa propre crise, familiale plutôt que conjugale. C'était sa spécialité à elle. Enfin, vu que la Pension devait tenir une place dans le Guinness Book of Records pour le nombre d'assiettes cassées suite à une dispute, c'était peut-être Anna qui avait un talent particulier pour attiser la colère de ceux qu'elle aimait et qui l'aimaient.

Mais avoir des pensées aussi négatives ne l'aiderait pas, alors la londonienne avala un shot de tequila pour se donner du courage et s'empara finalement des deux cocktails, d'un rouge profond. Elle espérait qu'elle n'avait pas choisi un mauvais augure et se lança, fondant à travers la foule avec une habilité acquise après des années d'expérience en milieu festif et urbain. Elle n'avait pas eu de difficulté à repérer sa grande soeur, assise sur une banquette légèrement à l'écart, seule. Par quel miracle elle avait tenu le reste du monde éloigné de sa table était un mystère que Lexie n'avait pas le coeur à résoudre. La pimpante rouquine s'assit face à sa soeur, un mince sourire aux lèvres, qui dissimulait mal sa nervosité pour qui la connaissait bien. Et Anna la connaissait mieux que personne. La cadette poussa l'un des deux verres à travers la table et déclara solennellement « Je viens en paix. » Son sourire se fit un peu plus vrai et elle ajouta d'une traite, avant que sa grincheuse soeurette ne puisse en placer une. « Ecoute je sais que tu m'en veux, qu'on est dans la merde et tout ça, mais je veux mettre deux trois choses au clair. Un, ce n'est pas de ma faute si nous avons été cambriolés et j'ai tourné le truc dans ma tête cinquante fois, je pense que je peux écrire un ou deux James Bond avec toutes les idées farfelues que j'ai eu, mais je sais toujours pas qui a fait ça, comment et pourquoi. Ce qui m'amène à deux, non, je pense pas que Tim soi coupable. Je ne suis pas sa plus grande fan mais je suis quand même certaine qu'il ne se ferait pas choper comme un idiot s'il avait vraiment voulu nous cambrioler. Et trois, tu me manques. J'ai besoin de toi Anna. Comme avant. » Lexie avait encore mille et une choses à dire, voulait encore s'expliquer, démontrer par A plus B que cet énième coup de malchance qui s'abattait sur leur tête n'était pas son forfait. Bien sûr, une petite part d'elle se sentait coupable d'avoir insisté pour mettre en place cette exposition, d'avoir juré par tous les saints que c'était là leur salut. Mais elle aurait préféré que sa soeur ne pense pas la même chose et si ouvertement. Peut-être ne l'avait-elle jamais accusée directement, mais la jeune galeriste n'était pas dupe.

Elle conservait néanmoins l'espoir qu'Anna saurait faire la part des choses. Qu'elle accepterait de lui parler, de redevenir sa grande soeur. Car en toute honnêteté, depuis qu'elle était revenue de Londres, la jeune Preston ne se sentait pas à sa place. Les choses, les gens avaient bougé, évolué. Il y avait ce micmac qu'elle devait absolument éclaircir entre le couple parfait qu'elle se vantait parfois - souvent - d'avoir fait naître. L'atmosphère de la Pension qui n'était plus vraiment celle des débuts. Lex adorait le jeune Jamie et Madeleine demeurait une amie très chère à son coeur. JJ était fidèle à lui-même, fidèle à son poste et jamais elle ne l'avait autant aimé et apprécié qu'en ces temps difficiles. Mais il lui manquait quelque chose. Il lui manquait Anna. Le passé lui avait clairement prouvé qu'elle ne pouvait pas fonctionner parfaitement sans sa soeur. Du moins, sans savoir qu'elle était là, qu'elle pouvait compter l'une sur l'autre. La jeune femme avait très mal vécu son dernier retour au bercail et s'était plus ou moins irréversiblement distancié du père qu'elle avait jadis adulé et adoré. Et seule Anna aurait pu pleinement l'écouter et la comprendre. Il n'y avait qu'à Anna qu'elle voulait parler de ces mois horribles passés à Londres. Et il n'y avait qu'Anna qui ne voulait pas écouter. Ce n'était en soi pas la première fois que les Preston se faisaient la tête pendant longtemps, mais cette dispute lui faisait trop dangereusement penser à celle qu'elles avaient eu, il y a des années maintenant, quand Anna avait quitté Lima. Il semblerait que les départs ne leur réussissaient pas. Et Lexie était infiniment désolée d'avoir dû le démontrer à nouveau mais Anna n'écoutait pas, n'entendait pas. Le moment était donc venu de la forcer à écouter, d'une façon ou d'une autre.


Dernière édition par Lexie A. Preston le Mar 26 Nov - 22:26, édité 2 fois
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Anna L. Preston
Anna L. Preston
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyDim 27 Oct - 20:32

Assise à l'une des tables restée miraculeusement libre, Anna sirotait un rhum-coca presque vide, entrechoquant machinalement sa paille contre les glaçons qui fondaient doucement.
Elle s'était installée là quelques minutes plus tôt, laissant Ryder vaquer à ses propres retrouvailles après leur rencontre inattendue. Le jeune homme avait l'air un peu tendu et ses yeux cherchaient quelqu'un ou quelque chose du regard, aussi la petite rousse s'était vite éclipsée non sans toutefois l'avoir affectueusement papoté et serré dans ses bras. Elle avait même réussi à lui faire promettre de passer leur rendre visite à la Pension un de ces quatre, ce qui semblait un peu optimiste quand on savait que les habitants ne se trouvaient jamais ensemble chez eux au même moment en cette période de guerre froide. Peu importait en fait, l'essentiel était que Ryder sache qu'elle pensait à lui et se réjouissait toujours de passer du temps en sa compagnie.

Son verre bientôt terminé, Anna hésitait entre se lever et aller en chercher un nouveau, au risque de perdre sa place et sa table de choix, ou bien envoyer un message à Timothy pour savoir comment sa soirée se passait : les premiers échos de Madeleine laissaient présager d'une nuit follement alcoolisée pour les surveillants malgré leur rôle de chaperons anti-coma éthylique.
La jeune femme n'avait pas vraiment envie d'importuner son petit-ami avec les derniers exploits des Awsome Voices et elle ne s'ennuyait pas vraiment non plus, elle avait simplement l'impression qu'elle était en train de se laisser envahir par une nostalgie tout sauf constructive et elle regrettait qu'il n'existe pas de trêve d'Halloween comparable à celle de Noël. Elle aurait du se trouver aux côtés de Lexie et de J.J, en train d'esquisser une chorégraphie improbable ou de se moquer du fait que le costume de son meilleur ami brille plus encore que la boule à facette accrochée au plafond.
Malheureusement et comme à son habitude, Anna Preston avait du mal à lâcher prise. A pardonner. A savoir reconnaitre ses torts. Le cambriolage n'avait été qu'un coup de vent de plus dans la tempête qui agitait le paysage de la galeriste depuis plusieurs mois. Bien sûr l'artiste était furieux, l'assurance formelle, la police dans le doute... et The Gallery dans l'embarras le plus complet. Les Preston et J.J avaient difficilement une minute à eux, pourtant il aurait suffi à la jeune femme de franchir la porte du bureau qu'elle partageait avec ses co-directeurs pour exprimer à sa petite sœur son besoin de faire une pause dans leur querelle fratricide. Et éventuellement lui présenter des excuses pour son entêtement légendaire.
Elle ne l'avait pas fait et se retrouvait donc seule à ruminer dans son coin alors que la soirée battait son plein. Le verre suivant s'imposait, le texto à un Tim de toute façon débordé pourrait attendre.

La connexion cosmique et télépathique des sœurs Preston dépassait l'entendement depuis la venue au monde Lexie. Même lorsqu'elles enrageaient l'une contre l'autre, elles savaient précisément ce que ressentait l'autre et quelle phrase serait susceptible de l'apaiser. La prononcer était une autre histoire.
C'est donc presque sans surprise qu'Anna vit sa cadette s'avancer vers elle, les mains chargées de deux verres emplis d'un liquide rouge prometteur.
Elle se saisit de celui qui lui était destiné et le renifla. Bloody Mary. Excellent choix. Ce qu'elles avaient l'habitude de boire en mangeant leur English Breakfast dans le petit café du coin de leur appartement de Camden les lendemains de leurs folles nuits londoniennes.
Elles avaient beau adorer les États-Unis et leurs racines américaines, rien ne remplacerait jamais leurs habitudes britanniques. Anna pensait même secrètement que c'était ce qu'elle partageait au fond avec Tim et l'avait en partie séduite chez lui !

Lexie ne lui avait pas laissé le temps de respirer et avait enchainé d'une traite. Elle avait bien fait : même si Anna n'était pas d'humeur belliqueuse, son mauvais caractère aurait pu leur jouer un nouveau tour.
Elle était sincèrement touchée par la nouvelle tentative de réconciliation de sa sœur et elle fit de son mieux pour ne pas l'interrompre.

-Merci pour ça, commença-t-elle en désignant le cocktail. Elle prit le temps d'y gouter et hocha la tête d'un air appréciateur, avant de poursuivre en soupirant :

-Un, je sais que ce n'est pas de ta faute si la galerie a été cambriolée Lex'. Je ne l'ai jamais pensé même si je t'en ai grandement voulu d'avoir eu cette idée abracadabrante d'exposition d’œuvre hors de prix. Mais c'est mon erreur et ma culpabilité qui sont en jeu : je n'aurais jamais du approuver et j'aurais du mettre mon véto. Enfin, le mal est fait et nous allons laisser ce cher Warren essayer de mener son enquête à bien...
Deux, merci. Je sais que les choses n'ont pas toujours été roses entre Tim et toi mais je sais aussi que tu l'as défendu quand la police a évoqué cette piste. Alors, oui, merci...


C'était J.J qui avait pointé cet effort de la benjamine Preston à son aînée. Puisqu'elle ne se parlaient pas et que l'accusation de Tim était arrivée comme une catastrophe de plus dans la tourmente, Anna avait craint que Lexie ne se sente doublement trahie, par le silence de sa sœur et les manquements de son beau-frère. Mais la petite Preston avait vaillamment tenu le cap et là où les témoignages d'Anna passaient pour de la subjectivité aveugle et de l'amour éperdu, ceux de Lexie avaient porté leurs fruits et tous les soupçons avaient été rejetés.

Quant au trois... Anna se contenta de dévisager longuement sa petite sœur.
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Lexie A. Preston
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyMar 29 Oct - 22:50

Il y a plusieurs choses sur lesquelles on peut compter quand il s'agit d'Anna Preston. Par exemple, c'est la première aux aguets quand il y a des rediffusion de Skins à la télévision, elle ne peut pas s'empêcher de brailler les Scissor Sisters dès qu'elle les entend, elle sait disposer les objets dans l'espace comme personne, elle mange des sucreries à trois heures du matin pour faire face à ses problèmes et elle a hérité de sa mère une capacité des plus extraordinaires à vous faire culpabiliser tout en disant qu'elle ne vous en veut pas. Pire encore, elle prend sur elle les torts qu'elle aimerait vous reprocher. Lexie grimaça donc en entendant ce semblant de pardon. Je ne t'en veux pas, mais ton idée était horrible et j'aurais dû t'en empêcher. Bienvenue au coeur du paradoxe Preston. La cadette retint donc un soupir et attendit patiemment de voir où sa soeur allait en venir, sirotant anxieusement son cocktail. Sa paille mordillée tournoyait dans le verre déjà bien entamé, tandis qu'elle écoutait avec attention, tentant de percevoir les moindres intonations et intentions d'Anna. Elle avait dit merci deux fois. Sans surprises, elle appréciait sincèrement sa déposition en faveur de Timothy mais avait du mal à ne pas lui en vouloir pour le cambriolage. Voilà qui était parfaitement sensé. Lex s'appuya contre le dossier de la banquette et inspira profondément, pour finalement offrir un sourire chaleureux à sa soeur. Il était inutile de remuer le couteau dans cette plaie. Tout le monde se sentait bien assez mal vis à vis de cette affaire et au final, qu'importe si c'était sa faute, si Anna pensait qu'elle aurait dû tout arrêté, si JJ demeurait d'un cynisme indéfectible devant l'épreuve. Peu importe. Il s'agissait de reconstruire et d'avancer maintenant, du moins, c'était ce que Lexie voulait faire.

Alors elle ne s'avança pas plus à ce sujet et laissa un ange passer à la table. Puis, assez brusquement, elle étira ses absurdes membres et s'avança vers son aînée pour l'enlacer fermement. Elle serrait fort et longtemps, Lexie Preston n'était pas du genre à faire des câlins dignes d'une grand-mère aristo n'ayant pas le droit de montrer ses sentiments. Et cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas embrasser sa soeur, aussi vint-elle se blottir un peu plus contre et lui déposa un rapide baiser sur la tempe. « Je suis désolée Anna. Je n'aurais jamais dû rentrer. C'était horrible. Tu avais raison, comme d'habitude et j'ai été une idiote, comme d'habitude. » Quelques larmes commençaient à perler au coin de ses jolis yeux mais cela ne l'empêcha de laisser échapper un rire jaune. « On pourrait croire que j'ai appris à t'écouter depuis le temps. Oh Anna, c'était affreux. Tout le monde savait, au travail. Tout le monde me mettait de côté, essayait de me tester, de me faire virer limite. J'ai passé une nuit à ranger deux salles d'archives parce qu'on m'avait dit que la stagiaire avait besoin d'un petit coup de main pour finir. Et Maman... » Son rire s'étrangla dans sa gorge cette fois. Cela faisait trop longtemps qu'elle attendait de pouvoir dire toutes ces choses à sa soeur. Elle avait plus ou moins gardé ça pour elle, ne mentionnant à JJ que les grandes lignes de l'affaire, qui avait suffit à le mettre en rogne. Et mieux valait qu'il n'en sache pas plus, il était capable de se payer un aller-retour à Notting Hill pour toucher deux mots à Mr et Mrs Preston et ce ne serait pas beau à voir. « Elle est de pire en pire tu sais. J'ai l'impression qu'elle n'est plus vraiment là, elle est tellement froide et indifférente. Et Papa qui ne voyait pas le problème. Il a dit que je n'avais rien à faire dans l'Ohio et que notre affaire n'allait rien m'apporter, couler et faire mauvais genre sur un CV et qu'il voulait juste m'aider. Ils ne comprennent vraiment rien, j'ai eu l'impression de revivre ma terminale et c'était abominable. » La rouquine avala de longues gorgées de son Bloody Mary, qui visiblement aidait sa langue bien pendue à déverser ce qu'elle avait sur le coeur. « Je ne partirai plus jamais, je t'aime et je suis désolée. » Elle resserra un peu plus sa prise autour du corps frêle de sa grande soeur et profita du fait qu'elle ne la voit pas pour laisser glisser quelques larmes. Bien entendu, elles furent vite essuyées et Lexie Antonia Jane Preston reprit un peu de contenance, après tout les yeux de pandas ne lui allaient absolument pas au teint.


Dernière édition par Lexie A. Preston le Mar 26 Nov - 22:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyMer 20 Nov - 0:03

Les secondes qui s'écoulèrent entre le moment où Anna finit de parler et celui où Lexie enlaça sa grande sœur parurent durer des heures. Des heures à se regarder dans le blanc des yeux et à revivre des milliers de souvenirs d'enfance, d'adolescence puis d'âge adulte, brouilles et réconciliations confondues, tous ces souvenirs qui les rendaient si indispensables l'une à l'autre.
Quand les bras de sa cadette se refermèrent sur l'aînée des Preston, Anna écarquilla grand les yeux. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas été au contact de sa petite sœur qu'elle avait presque oublié ce que cela l'amenait à ressentir. Mais finalement, comme le vélo, on ne perdait jamais vraiment la main... Et elle serra fort à son tour.
Lorsque Lexie fit le tour de la table pour la rejoindre, tous les griefs étaient déjà oubliés ou presque. Il était temps de consoler sa petite sœur comme il le fallait.

-Ils sont égoïstes Lexie J., tu le sais bien... On aurait du leur nier le droit de devenir parents ! Des êtres tellement imbus de leurs personnes et incapables de voir plus loin que le bout de leurs nez...

Anna se faisait l'impression d'une radoteuse aigrie à chaque fois qu'elle reprenait son éternel couplet sur James et Emilia Preston. Le fait était qu'ils reproduisaient pourtant les mêmes erreurs avec leur benjamine qu'avec leur aînée et qu'ils n’étaient manifestement pas inquiets à l'idée de finir seuls dans une maison de retraite de luxe. Bien leur en fasse !
Elle-même avait souffert à plusieurs reprises de l'aristocratie passive du clan Preston et particulièrement de sa mésentente avec son père, d'abord quand elle leur avait annoncé son départ pour l'Ouganda en plein milieu de son premier semestre de fac, puis lorsqu'elle avait refusé de fréquenter elle ne savait plus lequel des fils de leurs amis érudits au profit du pittoresque Tim Ainsworth...
A la différence de sa sœur cependant, elle avait cessé de chercher leur approbation depuis bien longtemps. Mais Lexie était plus jeune, et aussi plus généreuse. Elle avait plus de fibre familiale qu'elle -pour Anna sa famille se réduisait maintenant à sa petite sœur et à celle d'adoption qu'elle s'était construite à Lima- et puis elle était plus brillante qu'elle sur le fond. Si Anna tenait l'armure de la galerie d'une main de fer, Lexie en faisait vibrer le fond artistique.

-Ils étaient jaloux Lexie... Bien sûr qu'ils savaient au travail, James Preston ne fait jamais dans la discrétion... Mais ils savaient aussi d'où tu venais, ce qui était inscrit sur ton CV, de quelle école prestigieuse tu sortais... Combien d'entre eux seraient capables de tenir une galerie d'art à eux tout seuls hein ?

Emportée par sa colère, elle avait bousculé sa sœur blottie contre elle et elle la rattrapa en serrant plus fermement. Elle sentait que sa cadette était au bord des larmes et ça la rendait folle de rage. La prochaine fois qu'elle passerait devant la National Gallery elle ne se gênerait pas pour aller dire ce qu'elle pensait à son conservateur en chef. Etre une Preston -même à moitié reniée- avait encore l'avantage de lui ouvrir toutes les portes londoniennes.

-Bon, s'ils ont été mis au courant des dernières péripéties de la seule galerie d'art de Lima, ils ont par contre dû ravaler leur jalousie. Et s'estimer bienheureux de travailler pour Sa Majesté !

C'était la première fois qu'Anna s'autorisait un peu d'ironie avec sa sœur sur le sujet au combien sensible du cambriolage. La réconciliation Preston de l'année était officiellement entamée.

-Et tu n'as pas intérêt à disparaître Lexie Antonia Jane Preston. Il y a de sacrés dégâts à réparer ! Peu importe qu'ils aient été commis par mon inénarrable petit ami ou pas. Toujours au bon endroit au bon moment d'ailleurs celui-là, marmonna-t-elle. Quel est ton plan Lexie J. ? Parce que moi, honnêtement, j'abandonne...

La galeriste soupira. Elle était vannée, tannée, rétamée. Et le Bloody Mary n'aidait pas. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle aurait revendu le bail de The Gallery à ce cher Tate qui lui courait tant après et elle aurait transformé la Pension et ses chambres vacantes en gîte de luxe...


Dernière édition par Anna L. Preston le Jeu 28 Nov - 16:21, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyMar 26 Nov - 23:17

Il avait été extrêmement difficile de garder sa colère et sa peine pour elle. D'autant plus que ce n'était pas vraiment un mal qu'elle pouvait partager avec ses amis, pour qui elle tâchait d'être l'inébranlable phare de bonne humeur qui leur indiquait la côte toujours chaleureuse de la Pension Preston. Et puis, pour le coup, seuls JJ et Anna pouvait saisir les subtilités qui émaillaient son récit, ils étaient les seuls à connaître ses parents, son milieu. Et Joachim n'avait jamais été tendre envers Emilia et James, qui avaient toujours éprouver pour lui plus de pitié que d'affection. Anna savait tout. Anna comprenait tout, en à peines quelques phrases de la bouche de sa petite soeur, elle avait bondit toute griffes dehors pour la cajoler, la rassurer, casser du sucre sur le dos de ses institutions et cette famille dans laquelle elles n'étaient jamais parvenues à se faire une place. Dès leur plus jeune âge leur petit monde avait été restreint tout compte fait. Mais Lexie avait persisté. Mue par un optimisme borné, quasiment pathologique à ce stade, elle avait continué à voir en son père l'homme pince-sans-rire et de bon conseil qui avait guidé son adolescence, qui lui avait adressé des sourires en coin entre deux brimades de sa mère. Qui n'avait jamais rien fait de significatif pour elle en réalité. Il lui avait fallu énormément de temps et une sacrée claque dans la figure pour enfin saisir pleinement la rancoeur de son aînée. Même si elle s'était rangée de son côté au final, la rouquine n'avait jamais vraiment saisi ce qui se jouait entre les divers membres de sa famille. Si elle avait saisi l'occasion pour rejeter d'autant plus fort Emilia, c'était uniquement parce que sa mère lui était presque étrangère depuis des années maintenant. La mère et la fille n'avait rien en commun et le snobisme de l'une et l'obstination de l'autre rendaient le conflit insoluble. Mais son père, l'illustre James Preston. Lexie s'était accrochée à lui en désespoir de cause, ne voyant pas qu'il cherchait lui aussi à la ramener dans le droit, dans un parcours digne de son nom et de son héritage. Ce n'était pas son épanouissement personnel qu'il voulait, il n'avait jamais pardonné à Anna, il n'avait jamais accepté que Baby Preston soit bien plus proche de son aînée que de lui. Leurs parents avaient stupidement refait les mêmes erreurs et ne faisaient visiblement aucun effort pour saisir l'entité particulière qu'était leurs filles.

Cette douloureuse réalisation avait donc été d'autant plus difficile qu'elle ne pouvait pas la vivre avec la seule personne qui avait vécu la même chose. Leurs cas présentaient d'infimes variations sur le même thème, Lexie refusant encore d'abandonner tout espoir de rédemption. Elle voulait prouver à son père qu'il avait eu tort de la sous estimer en lui tendant ce travail pré-mâché, lui montrer qu'il n'avait fait que la mettre dans une position si inconfortable qu'elle avait été obligée de repartir. Le succès de la galerie était d'autant plus nécessaire qu'il serait son arme ultime pour montrer à James que ce projet était infiniment plus important qu'un job de seconde zone dans un musée, aussi prestigieux soit-il. Comme toujours, la jeune femme ne renonçait pas, ayant bien trop à prouver pour cela. Elle choisit donc de ne pas suivre sa soeur dans une complainte étendue sur les inaptitudes de Papa et Maman, se contentant d'un sourire touché quand elle évoqua la jalousie de ses collègues. « Ca devait être ça. Ils n'étaient pas prêt pour Lexie Antonia Jane Preston, j'étais trop géniale pour eux. » Elle secoua sa flamboyante chevelure d'un geste assuré, puis éclata de son rire franc et sonore. Elle déposa une bise légère sur la joue d'Anna, heureuse de retrouver ce contact familier et de pouvoir à nouveau parler si naturellement. C'était comme s'il ne s'était rien passé, les deux frangines avaient un don pour reprendre les choses là où elles les avaient laissé, même après les pires disputes.

Le coeur de leurs déboires redevint néanmoins rapidement le sujet de conversation et la galeriste grimaça légèrement. Elle liquida son Bloody Mary pour ne pas penser à la route chaotique qui les attendait. Dieu merci, retourner vivre chez ses parents, avec un job de luxe, loin de ses amis habituels, lui avait permis de mettre un peu d'argent de côté. Une partie de ce pécule avait été dépensé dans son aller simple pour Lima (enfin dans son vol pour New-York, puis celui pour Colombus, puis le bus pour Lima) mais la grande rousse avait encore quelques billets verts épargnés par la crise du moment. C'était loin d'être suffisant pour maintenir la tête hors de l'eau à long terme, mais il y avait de quoi faire en sorte que The Gallery ne tombe pas aux oubliettes après cette fermeture forcée. Elle servit donc un sourire malicieux à sa grande soeur adorée, ayant effectivement une idée derrière la tête. « Figures-toi que mes horribles employeurs ont tout de même eu la bonté de me payer assez généreusement et de me donner une petite enveloppe pour mon départ. Alors, au diable le timing malheureux de Timothy et au diable l'enflure qui s'est dit qu'un tableau volé serait du plus bel effet au dessus de la cheminée, on va fêter Noël ! » Une lueur de confusion devait sans doute briller dans les yeux d'Anna, bien que Lexie ne les discernait pas franchement dans l'obscurité du piano bar. Mais Halloween touchant à sa fin dans quelques heures tout au plus, la période des fêtes allaient très prochainement s'abattre et elle incluait une fête typiquement nord-américaine et toute possible célébration religieuse de fin d'année Naturellement, les commerçants se frottaient déjà les mains, on pourrait les entendre sortir leurs décorations poussiéreuses de la cave très bientôt. Et les Preston ne feraient pas exception. « On va surfer sur la vague consumériste de cette période pourtant sacrée. Il y a assez d'argent dans les caisses pour monter un petit quelque chose à temps pour, disons, Thanksgiving. J'imagine quelque chose du genre Noël à travers le monde, avec des photos de différents types de célébration et pourquoi pas la promotion d'artistes locaux en parallèle. Ca marche bien ça en général, les amis viennent voir, la famille vient voir, le touriste égaré est curieux et vient voir... Et les gens font des cadeaux, après tout, l'art ça fait bien, ça fait sérieux, intelligent. Je pense que ça peut nous traîner jusqu'à une fermeture pour congés annuels début janvier et on pèsera sérieusement nos options à ce moment là. » Elle fronça les sourcils, bien consciente que son plan n'était pas très ambitieux et plus qu'éphémère. Baby Preston ajouta donc avec une moue taquine et des yeux rêveurs « Et puis, je n'exclue pas la possibilité d'un miracle de Noël. » Après tout, si la magie de Noël pouvait adoucir l'irascible Scrooge, elle pouvait bien fonctionner pour une éternelle enfant, tout à fait encline à apercevoir Rudolph dans le ciel et à croire aux fées.
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyJeu 23 Jan - 15:07

Serrant la main de sa sœur dans la sienne, Anna fut une fois de plus saisie par l'impression que, quoi qu'il advienne et quoi qu'il se fut passé jusqu'ici, les sœurs Preston étaient seules au monde, orphelines sans l’être.
Elle-même avait grandi dans cette intime conviction, ce qui avait facilité son départ pour Londres puis pour l'Afrique mais Lexie n'avait sans doute réalisé cette vérité qu'une fois de retour dans la maison familiale. La colère et le sentiment d'abandon éprouvés par l'aînée des Preston le printemps dernier ne faisaient qu'écho aux mêmes émotions ressentis par sa cadette des années plus tôt. Et si elle avait pu pardonner et comprendre, Anna se devait de faire de même. Seules contre le reste du clan mais tellement plus fortes à deux.

Elle accueillit le baiser de sa sœur par un sourire rougissant et posa doucement sa tête contre son épaule, tentant de réfléchir à une possible sortie hors du tunnel, malgré l'agitation qui les entourait et les Bloody Maries qui commencaient a faire un peu trop effet.
La situation n'était guère brillante et la galerie aurait besoin de plus que de quelques mois d'économies pour se remettre.
Le peu de recettes habituellement engrangées par le petit commerce avait servi à apaiser temporairement la colère de l'artiste, légitimement furieux après le vol de son oeuvre. Joachim avait déployé toute sa diplomatie pour négocier des délais de remboursement et de dédommagement auprès de toutes les parties, assurances comprises, et les trois dirigeants de The Gallery avaient cessé de se payer tout salaire depuis le début de ce scandale. Joanna était la seule a percevoir une -petite- rémunération quand elle venait prêter main forte, ce qui était devenu de plus en plus rare depuis le retour de Lexie. Le temps était donc aux privations et Anna ne comprenait pas bien comment il allait leur être possible de "fêter Noël" comme le lui assénait avec conviction sa petite sœur.

Tout ça était tellement "cliché" comme aimaient à le dire les britanniques, en français dans le texte. Les petites Preston, comme toutes jeunes anglaises qui se respectaient, avaient grandi en lisant les romans de Jane Austen et en visionnant leurs adaptions shakespeariennes produites par la BBC. Elles avaient toutefois toujours eu un faible pour la version de Raison et Sentiments adaptée par Emma Thompson. Comment ne pas s’identifier aux sœurs Dashwood quand la témérité et la folie douce de Marianne correspondaient autant à Lexie que la réserve et la raison d'Elinor à Anna ? Leur situations financières mêmes devenait similaires, et la galeriste s'amusa à les transposer toutes les deux dans la société anglaise de la fin du 18e siècle. Elle n'aurait pas donné cher de leur peau, déchues et désavouées par leur famille, leur honneur et leur orgueil pour seul blason...
Mais elles vivaient bien en 2017, et comme sa sœur le faisait si bien remarquer, la période des fêtes et des dépenses sans compter approchait.

-Oooooooow Lexie J., gémit Anna en se frottant les tempes en prévision du mal de tête qui l'attendait le lendemain. Tu sais que j'aime autant l'esprit de Noël que je déteste toute cette agitation commerciale... Et J.J. va te maudire quand tu vas lui expliquer qu'il va falloir se montrer tout sourire avec les touristes et porter des tenues dangereusement ridicules et effroyablement de saison... Non pas que j'aie quoi que ce soit contre les pulls à pompons tu le sais bien, mais je mets un veto sur les oreilles d'elfes.
Elle soupira en regardant sa sœur d'un air résigné. Il faut cependant admettre que c'est maintenant ou jamais et qu'il faut mettre les bouchées doubles pour essayer de remonter ce chiffre d'affaire et de rembourser les crédits !

Elle parcourut le Piano Bar à la recherche de leur fidèle acolyte Joachim Jones -autant lui annoncer la nouvelle le plus tôt possible- mais en vain et elle reporta son attention sur sa soeur.

-Réunion demain à la première heure ? Et je ne veux pas dire dès que tout le monde aura émergé... Enfin... 17h à la galerie pour monter un plan d'action ?

Anna se rassit brusquement au fond de la banquette, aspirant nerveusement au fond de son verre un liquide qui ressemblait plus maintenant à du jus de tomate coupé aux glaçons qu'au cocktail salvateur.

-Je persiste à penser que le gîte de luxe est une bonne idée... Depuis qu'on a mis cette affaire sur pieds, je passe plus de temps à faire les comptes qu'à prendre des photos ! C'est dingue mais une partie de moi s'est sentie soulagée après le cambriolage avoua-t-elle sans oser regarder Lexie. Je me suis dit que j'allais enfin avoir du temps pour moi, que j'allais pouvoir revenir à ce que j'aime. Et je crois que toute cette suspicion autour de Tim n'a rien fait pour améliorer les choses...

L'alcool avait toujours fait dangereusement glisser Anna sur la pente des révélations...


Dernière édition par Anna L. Preston le Jeu 30 Jan - 16:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptySam 25 Jan - 0:16

Comme on pouvait s'y attendre, Anna se montra réticente devant le plan ô combien consumériste de sa petite soeur. Mais l'une comme l'autre avait vu Love Actually pour savoir que Noël était la saison de l'amour, du renouveau et des chocolats chauds devant les comédies romantiques de saison, donc le moment idéal pour se lancer dans une opération de sauvetage pour amasser quelques chèques. En dehors de tout le micmac qu'avait causé le cambriolage et les désastres d'assurances qui avaient suivis, The Gallery ne causaient quasiment aucune dépense, en dehors de ses frais de fonctionnement basiques comme le chauffage et l'électricité. Et c'était ces simples factures qui saignaient à blanc le trio de propriétaires, aussi Lexie pouvait-elle comprendre les doutes de son aînée à jeter les quelques économies qui leur restaient dans une opération qui tenait du pansement sur une hémorragie. L'image peu ragoûtante, certainement inspirée par son Bloody Mary bien entamée, fit grimacer baby Preston, qui reprit bien vite son air confiant et souriant. S'il y avait bien une chose qu'elle avait appris à faire, depuis qu'elle s'était rendue compte de l'inutilité de son très cher diplôme en histoire de l'art, c'était pitcher et vendre. Et même Anna Lee ne pouvait bien résister au charme ultra efficace de sa pétillante cadette. Même si elle posait son droit de veto sur quelques détails, surestimant grandement le mauvais goût dont faisait preuve Lexie dans le cadre professionnel, elle cédait. Et c'était là l'essentiel. Joachim n'avait jamais rien su refuser à Lexie, ce qui était un des grands drames de son existence, l'affaire était donc dans le sac. La rouquine battit donc joyeusement des mains en voyant sa soeur baisser ses dernières défenses, n'ayant même pas eu besoin d'insister plus avant. Sans doute Anna faisait-elle un pas vers elle, histoire de sanctifier leur trêve d'Halloween. Ou bien voulait-elle s'épargner les longues démarches que n'auraient pas hésité à entreprendre sa soeur pour la convaincre, aussi lui disait elle oui directement. Quoiqu'il en soit, ils allaient reprendre du poil de la bête, la londonienne le sentait.

La jeune femme consentit donc d'un hochement de tête vigoureux à la réunion au sommet qui devait avoir lieu au saut du lit le lendemain, prouvant qu'elle était vraiment prête à tout. Il n'avait rien d'autre après tout. Il fallait que ça marche. Il le fallait. Et quand on y croit suffisamment fort, les choses finissent toujours par tourner en votre faveur. Du moins, quand vous êtes un protagoniste de la franchise Disney. Et quelque part entre Merida et Ariel, Lexie Antonia Jane Preston comptait bien connaître un destin fait de chansons entraînantes traduites en de multiples langue et de rêves devenus réalités, les histoires d'amour niaises en moins. Elle laissait l'utopie de la monogamie et du Prince Pas Si Charmant à Anna. Toutefois, cette dernière brisa momentanément le film d'animation qui commençait à se jouer dans la cervelle de sa petite soeur, lâchant finalement les vérités qui avaient pesé sur ses épaules et leur relation depuis un moment déjà. Stupidement, baby Preston ne put s'empêcher d'éprouver un léger pincement au coeur. Elle comprenait, après tout, son aînée avait toujours éprouvé un besoin d'indépendance, de mouvement et de changement. Depuis des années, Anna Lee était en quête d'elle ne savait quoi et rien ni personne ne pouvaient y faire quoique ce soit. Les yeux plus humides qu'elle ne l'aurait voulu, Lex exerça une douce pression sur l'avant bras de sa soeur et lui fit un sourire chaleureux. « Dans l'absolu, tu pourrais faire des photos qu'on pourrait ensuite exposer et on économiserait une fortune. » Elle eut un rire léger, qui resta suspendu dans l'air à peine quelques secondes avant qu'elle n'enchaîne tout à fait sérieusement « Je sais que ça sent le roussi et pas que depuis le cambriolage, même si ça n'a rien arrangé. Mais j'ai vraiment besoin qu'on essaie, qu'on donne absolument tout ce qu'on a. Sinon, je n'aurais pas l'impression d'avoir fait tout mon possible et je n'admettrais jamais l'échec. Donne nous une vraie chance, sur la durée, laisse nous au moins jusqu'au début de l'année prochaine avant de prendre une décision. » Pour ne pas sembler trop têtue - même si elle l'était bien évidemment - et parce qu'elle ne voyait pas de mal dans la diversification des activités du groupe Preston & Jones, elle ajouta « Je ne dis pas que j'exclue l'idée, je suis sûre que mes pâtisseries feraient fureur dans une vraie pension, mais concentrons-nous d'abord sur la galerie. Essayons absolument tout ce qu'on peut. Et promis, on en reparlera, vraiment, sérieusement. Sobrement. » La rouquine échangea un sourire complice avec sa soeur, estimant qu'elles avaient à peu près réussi à établir une forme de compromis. Un compromis Preston, plein de trous et d'incohérences, mais avec lequel elles allaient bien pouvoir vivre quelques mois.
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyJeu 30 Jan - 15:59


-Il me faut un autre verre, lâcha Anna Preston en guise de réponse.
Elle détestait s'étendre sur ses états d'âme et elle en avait déjà trop dit. Tim, la photo, ses aspirations oubliées... La dernière fois qu'elle avait sentit le sol s'ébranler aussi fort sous ses pieds, elle avait pris le premier avion pour l'Ouganda. Son seul recours se résumait pour le moment à boire jusqu'à l'oubli.
Elle se leva brusquement pour mener à bien son affirmation, sentit sa tête tourner, et se rassit aussitôt en portant la main à son front.

-Dans cinq minutes en fait...

Anna ferma les yeux puis les rouvrit en sentant la pression de sa soeur sur son bras. Elle étouffa à peine un ricanement.

-Tu crois qu'on économiserait une fortune ? Certainement, mais on ne gagnerait toujours pas un centime. Je sais que je suis loin d'être mauvaise mais nous ne sommes plus à Londres, à Lima les mannequins ne courent pas les rues et photographier les feuilles ou les devantures de magasin, très peu pour moi ! Bref... Sauf un déménagement express... Ce qui est HORS de question, s'empressa-t-elle d'ajouter pour répondre au regard courroucé de Lexie, je crois que je suis bonne pour distribuer des chocolats de Noël aux petits enfants ! Si tu veux que je tienne le coup, tu as intérêt à demander à George Michael un droit d'écoute et de diffusion illimitée de ses œuvres à la galerie !

L’aînée des Preston râlait et menaçait pour la forme, elle aussi était bien en peine de refuser quoi que ce soit à sa sœur. Elle vérifia son téléphone, un SMS confus de Madeleine, écrit en langage télégramme, disait quelque chose à propos d'un feu, de petits fours carbonisés et de punch arrangé. Le rendez-vous professionnel à la galerie serait suivi d'un débriefing intense a la Pension. Anna penserait même peut-être à ramener quelques affaires ? Après tout si elle était réconciliée avec Lexie, elle n'avait plus de raison de continuer d'envahir Tim quotidiennement ? Aucun des deux ne se sentait manifestement prêt à demander à l'autre de sauter le pas de l'engagement et de l'emménagement de toute façon, et elle avait envie de retrouver sa chambre, l'ambiance et les membres de la Pension.

-Nous avons un accord, Lexie Antonia Jane Preston, aka Marianne Dashwood. Je nous donne jusqu’à la fin de l'hiver pour faire remonter la pente à notre bébé, et le 20 mars exactement, nous aviserons de la situation. Je te conseille grandement de considérer l'option pâtisserie cependant, non pas parce que je n'ai pas foi en nous... Mais parce que la Pension qui devient une pension... J'y crois autant qu'au bien-fondé de l'ouverture de la première galerie d'art de Lima !

Anna Lee adressa un de ses sourires mystérieux à sa petite sœur avant de se relever.

-Cette fois je ne me rassied pas... Ils sont capables d'être à cours de tabasco au bar. Ou la police pourrait débarquer, les religieuses en mini jupe ont déclenché tellement de tapage ! D'ailleurs il faudra VRAIMENT que j'en discute avec Charlie... Il faudrait être malade pour vouloir faire partie de cette chorale, je ne sais pas comment elle fait ?!

Anna secoua la tête, faisant de gros yeux en signe d'incompréhension. Elle attrapa la main de sa sœur, Tu viens ?, et l’entraîna derrière elle.
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love EmptyMer 19 Fév - 23:15

Lexie fronça légèrement le nez en voyant sa soeur réclamer un nouveau verre, mais faillit rire en la voyant se résigner après avoir essayé de se lever. Anna avait une descente respectable, digne d'un membre de la Pension, mais elle n'avait pas le talent unique de sa cadette pour vivre l'alcoolémie et les gueules de bois dans la bonne humeur constante et sans - trop - de maux. Mais les Bloody Marys avaient peut-être aider sa soeur à aller dans son sens et à suivre la voie commerciale que leur ouvrait les fêtes de fin d'année imminentes. Elle la sentait rire un peu jaune sur l'absence d'opportunités pour la photographe semi-professionnelle qu'elle était, mais la cadette Preston s'abstint sagement de tout commentaire supplémentaire, entremêlant simplement ses doigts fins à ceux de sa grande soeur pour lui communiquer tout son soutien. La région était plutôt jolie et il y avait de quoi faire d'excellentes photos de paysages hivernaux, mais c'était un peu facile et pas forcément ce qu'Anna aimait faire. Elle aimait les visages, la beauté, les drapés du tissu et avait su apporter une touche unique aux photographies de mode qu'elle faisait à Londres. Lex savait que cela lui manquait et se sentait quelque peu coupable, sans véritablement savoir pourquoi. L'essentiel était que le chiffre de ventes de la chargée période des fêtes ai une chance de décoller et que vendre leur âme au diable du consumérisme rapporte suffisamment gros. Rien n'était moins sûre, mais l'esprit de Noël était emprunt d'un message pur et positif et elles méritaient bien leur petit miracle après tout.

Anna finit par activer pleinement son mode de grande soeur responsable, ajoutant même une référence à leurs soeurs de fiction favorites pour monter la solennité de l'instant. Et fixa une deadline menaçante, qui se trouvait être la vieille de l'anniversaire de baby Preston. Voilà qui se trouvait être on ne peut plus dramatique. Elle plissa les yeux en voyant ses pâtisseries à nouveau évoquées mais rétorqua finalement par un sourire léger et lâcha, amusée « Sinon, on vendra mes cupcakes à la galerie. Coffee-shop galerie, ça fait un peu concept store non? Mais bon, c'est peut-être un peu trop hype pour Lima. » Et surtout, cela irait complètement à l'encontre de ce qu'elle avait voulu créer en montant The Gallery. La culture pouvait paraître un luxe, surtout dans des contrées aussi reculées - pour ne pas dire arriérées - que celles-ci mais l'amour de l'art méritait bien un peu de sang et de sueur. Et une légère entorse à leur principe. Quelques coeurs à la St Valentin devraient également aider à remettre sur pieds leur petit business. Mais c'était peut-être sombrer entièrement du côté obscur de la force. Préférant ne pas penser à cette affreuse éventualité, au jour où ils vendraient des bibelots et des meubles. Mais ils n'étaient pas un magasin de meubles en kit et si les choses se passaient bien, ne le seraient jamais.

Fort heureusement, son aînée avait tout autant envie qu'elle de laisser de côté leurs déboires récurrents et digressa sur le tabasco et les frasques de leur jeune amie. Lexie déplia sa longue carcasse avec quelques craquements peu rassurants et répondit en riant « Bah, elle a l'air de bien s'y amuser et au moins sa présence réduit le taux de bigoterie. Qui sait, elle arrivera peut-être même à leur ouvrir l'esprit. Ou à faire interner cette sociopathe de Grace. » La jeune femme ne fréquentait pas tellement les bancs de l'église, mais toute la ville connaissait la cadette des Hamilton et la rouquine gardait un souvenir impérissable d'une rencontre avec elle dans la cafétéria de McKinley. Frissonnant légèrement en se demandant si elle viendrait l'assassiner dans son sommeil pour le blasphème qu'était sans doute la remise en question de sa santé mentale, la londonienne prit la main que sa soeur lui tendait et une fois à sa hauteur s'écria en brandissant une main devant elle « Allons donc chercher ton coeur dans les Bloody Mary ma chère Elinor ! » Un rire sonore lui échappa et elle s'élança entre la foule, guidant son aînée avec expertise vers le bar pour célébrer enfin leurs retrouvailles dignement.
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MessageSujet: Re: 02. Make you feel my love   02. Make you feel my love Empty

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