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 04. It's getting more and more absurd

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MessageSujet: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyVen 28 Mar - 14:08


Le froid avait beau être encore mordant en ce mois de février, cela n'empêchait pas la petite brune de ne porter qu'un haut de sport, dont les longues manches étaient remontées au niveau de ses coudes. Un large sweat-shirt était toutefois attaché à sa taille fine et un legging aussi flatteur que possible couvrait ses jambes. Mais le glamour n'était pas ce que recherchait Kara Sparks ce matin là, tandis qu'elle courrait aussi vite que son corps pouvait le supporter sur la durée. L'air glacé lui brûlait les poumons et ses mauvaises baskets faisaient légèrement souffrir ses chevilles, ce qui ne l'empêchait pas de persévérer dans son jogging. Pendant longtemps, sa route avait été la même. Petit parcours dans les vieux quartiers la semaine et tour plus ambitieux jusqu'au centre-ville le weekend. Il lui était même arrivé, dans ses jours les moins sociables, de prendre un bus jusqu'à la banlieue pour aller courir en rase campagne et ne pas voir âme qui vive. Mais depuis quelques temps, ses parcours se diversifiaient, même au sein du voisinage. La raison en était bien simple, elle évitait quelqu'un. Au cours de l'été, elle avait croisé maintes fois un jeune homme des environs lors de ses courses matinales et avait fini par courir à ses côtés, avant de finalement sympathiser. La Cheerio n'était pas le genre de créature à se faire facilement des amis mais, peut-être parce qu'ils avaient tous deux besoin de quelqu'un à qui se confier, peut-être parce que revoir le soleil dans ces contrées du Nord avait altéré son jugement, le courant était passé étonnamment rapidement avec Jace. Ils avaient beaucoup parlé et quelque chose dans la présence de ce nerd reconverti apaisait le feu constant qui animait Little K. Elle était moins en colère, moins sur la défensive quand elle lui parlait. Du moins, c'était le cas jusqu'à la rentrée scolaire. L'image du garçon dans les couloirs de McKinley, lui adressant un geste de la main avec un grand sourire lui revint en mémoire et elle accéléra inconsciemment le pas. Avec tout ce qu'ils s'étaient dit, les ambitions qu'ils s'étaient confiés, ils s'étaient débrouillés pour ne pas mentionner une seule fois le nom du lycée où ils feraient leur entrée. C'était stupide et avait pris la très organisée miss Sparks de court. Si elle avait eu le temps de se préparer, d'ajuster ses plans et son temps, elle aurait sans doute été moins brusque et froide. Ou du moins, elle aurait pu lui expliquer pourquoi elle réagissait de la sorte. Comprendre son comportement ne demandait pas non plus un diplôme en psychologie et nul doute que Jace avait compris. De façon absolument pas caractéristique, éloigner le garçon au lycée pour préserver sa réputation et ne pas entacher ses objectifs de réussite, procurait une once de culpabilité chez la gamine. Quelque part au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas juste et même cruel. Alors, elle avait essayé, discutant avec lui entre deux cours ou glissant quelques mots en sa faveur quand l'opportunité se présentait. Mais après le lien fort qu'ils avaient partagé pendant les deux mois de vacances estivales, c'était une bien maigre contrepartie.

Alors, depuis qu'il l'avait raccompagné après la soirée agitée de HWB, Kara avait recommencé à repousser son ami. Elle n'en avait pas spécialement envie et s'en voulait même de lui faire subir ça. Et, si elle était parfaitement honnête, elle devait admettre que leurs discussions lui manquaient parfois. Bien sûr, il était trop guindé et ne comprenait pas vraiment ce que la petite recherchait parmi l'escouade de cheerleaders et toute la clique des hypocrites. Il avait des principes ennuyeux et, ce que Louise aurait sans doute appelé avec admiration, de la maturité à revendre. Ce qui ne l'empêchait pas de vivre dans un monde de super-héros et d'être le plus grand gamin qui soit à l'occasion. Sparks serra les dents et tourna à l'angle de la rue, se demandant pour la énième fois si elle devait s'enfoncer dans cette distance ou couper derrière la maison du vieux Jimmy pour rejoindre l'endroit où Jace et elle avaient eu l'habitude de s'attendre cet été. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre et constata qu'il n'était pas encore tout à fait 9h. Soit l'heure de rendez-vous habituelle. « Screw it. » lâcha-t-elle entre ses dents avant de se lancer dans un semblant de sprint jusqu'à ce pan de trottoir. Elle s'étira un peu, ignorant royalement la mamie qui l'épiait derrière un rideau en dentelle, juste en face. Finalement, une silhouette apparut au bout de la rue et la jeune fille se redressa et essaya d'aborder la mine la plus neutre possible. K trottina sur place puis emboîta le pas à son camarade quand il arriva à sa hauteur. « Hey. Continue de courir, on parlera après. » Cela lui laissait un peu de temps pour réfléchir à ce qu'elle allait bien pouvoir dire. Ou, comme c'était parti, ne ferait que rendre son esprit encore plus confus. Comment pouvait-elle s'expliquer? Les mots s'embrouillaient dans sa tête, alors, elle se concentra sur la route.

Comme toute les routines bien huilées, la leur reprit son cours sans même qu'ils n'aient à se consulter. Le samedi, ils courraient jusqu'au Lima Bean en centre-ville et prenaient un café en bavardant de tout et de rien. Kara n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils pourraient dire aujourd'hui. Elle aurait pu noyer le poisson en racontant le voyage à New-York, riche en rebondissements, mais ce n'était sans doute pas la solution appropriée. Mais elle ne se défila pas. Après tout, c'était elle qui avait décidé de rejoindre son ami et de se confronter à cette situation délicate, qu'elle avait essayé d'éviter au mieux. Mais c'était lâche et ne résoudrait pas sa mauvaise conscience. Il serait ravi d'apprendre qu'il avait, encore une fois, réussi à faire resurgir le meilleur en elle. Du moins, le moins mauvais. Ralentissant le pas à mesure que le café approchait, elle en poussa la porte, toujours silencieuse et fut brutalement agressée par une vieille chanson pop du siècle dernier. Sorry seems to be the hardest word clamait le boys band. Vous m'en direz tant. La brunette s'approcha du comptoir, porte-monnaie en main, où elle hésita un moment à commander un sain et raisonnable thé vert. Mais ce n'était pas le moment de se refuser un plaisir simple, elle allait avoir besoin d'un peu de réconfort après tout « Un chocolat chaud avec de la crème et des marshmallows s'il vous plaît. Et ce qu'il voudra. » ajouta-t-elle en désignant Jace du pouce. Elle s'empressa de tendre son billet, avant qu'il ne décide de jouer les gentleman, comme il aimait à le faire. La Cheerio n'était généralement pas du genre à se faire prier quand il s'agissait de ne pas dépenser son argent, mais elle était là pour se faire pardonner après tout. Elle s'empara donc du plateau et s'assit à une table un peu isolée, dans un coin, ignorant les regards moqueurs de certains des clients sur sa tenue négligée. Au moins, elle ne s'empâtait pas avec des muffins et pouvait se montrer en public avec des vêtements près du corps, sans ressembler à une baleine échouée, contrairement à ce groupe de filles qui la jaugeaient du regard. Mais Little K ne leur prêta pas attention et à peine installée, tenta des excuses maladroites « Ecoute Jace, je suis désolée de t'avoir ignoré ces derniers temps c'est... C'est compliqué. » Clairement, la gamine avait du travail à faire sur le terrain des explications.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptySam 29 Mar - 13:22

Courir faisait du bien à Jace. Lui qui n'avait jamais été sportif, appréciait aujourd'hui ses joggings quotidiens. Il se levait alors que l'aube n'avait pas encore pointé son nez, et partait courir sous un ciel qui s'éclaircissait à peine, alors que les rues de Lima étaient désertes, ou presque. L'été dernier, les premières courses avaient été un supplice. Peu habitué à l'effort physique, il traînait la jambe, soufflait comme un phoque et finissait par s'effondrer sur un bout de trottoir, au bord de la crise d'asthme -alors qu'il ne souffrait pas d'asthme. Et puis il s'était endurci. Ses muscles s'étaient peu à peu développés, sculptant son corps, mais surtout lui permettant de ne plus frôler la syncope au bout de quelques minutes de course. Il courrait tous les jours, même le week-end. Si au départ il se cantonnait à son pâté de maison, peu à peu il s'était enhardi, savourant les foulées qui le portait à travers Lima, découvrant sa ville sous un nouveau jour. Il explorait, découvrant des quartiers dans lesquels il n'avait jamais mis les pieds.
C'est comme cela qu'il avait fini par tomber sur Kara, un beau matin, alors qu'elle courrait aussi. Les matins se succédaient, et inévitablement, ils finissaient par courir la même portion de route, avant de se séparer. Il leur avait fallu un petit moment avant de s'adresser la parole, et sans même se concerter, ils avaient finis par se donner rendez-vous à un point choisi au hasard. A l'époque, Jace ignorait où Kara habitait, aujourd'hui il savait que ce fameux point de rendez-vous se situait pile entre la maison où vivait la jeune fille, et la sienne. Chaque jour, pendant deux longs mois, ils s'étaient retrouvés pour courir. Ils avaient appris à se connaître. Kara avait été témoin de la transformation de Jace, qui était passé du stade de grand enfant potelé, à celui d'adolescent athlétique, et il s'était confié à elle. Il lui avait raconté les efforts qu'il faisait pour se sentir mieux dans sa peau, pour ne plus avoir l'air d'un hobbit. Il lui avait expliqué avec quel soulagement il était sorti de chez le dentiste sans son appareil dentaire, qu'il arborait depuis ses treize ans. Il lui avait confié l'angoisse qui avait secoué toute sa famille lorsqu'il avait été blessé aux yeux, et s'était retrouvé à l’hôpital. Kara en savait beaucoup sur lui, mais ce climat de confiance qui s'était peu à peu instauré entre eux n'était pas uniquement dû au fait que Jace lui avait raconté sa vie. Kara lui avait parlé de sa famille, de ses projets, de ses envies. Au final, Jace ignorait si Kara et lui étaient amis, confidents, ou de simples connaissances qui profitaient du fait de ne pas se connaître autrement que par la course à pied, sans le jugement qu'une véritable amitié apporterait inévitablement. Mais il appréciait, sincèrement, de pouvoir courir avec Kara. L'été s'était terminé, et ils s'étaient promis de continuer à courir, même une fois que les cours auraient repris. Pas une seule fois ils n'avaient demandé à l'autre dans quel établissement il étudiait.

D'un mouvement du poignet, Jace essuya le mince filet de sueur qui mouillait son front, collant ses boucles à ses tempes, et accéléra pour dépasser le centre équestre, laissant derrière lui les immenses champs pour se diriger vers le centre-ville, et donc, vers le fameux lieu de rendez-vous. Dire qu'il avait été surpris en apercevant Kara dans les couloirs de McKinley aurait été un euphémisme. La jeune fille déambulait dans un uniforme de Cheerios flambant neuf, mais n'avait-elle pas assuré à Jace, quelques semaines auparavant, qu'elle ferait tout pour intégrer l'équipe de cheerleading de son lycée ? Ébahi de la voir dans son lycée, mais ravi, Jace n'avait pas hésité, et l'avait salué de loin. A la surprise avait alors succédé une certaine incompréhension, car Kara, en l'apercevant, avait tout simplement tourné les talons. A l'époque, Jace s'habituait à peine à sa nouvelle apparence, il avait abandonné son prénom complet et était encore sur la défensive. Il n'avait pas cherché à suivre Kara. Il avait attendu, un peu sous le choc il fallait bien l'avouer, qu'elle vienne le voir, si elle le voulait. Mais au final, il avait été déçu. Kara profitait de couloirs déserts pour le saluer et lui adresser à peine quelques mots. Elle vérifiait toujours qu'il n'y avait personne autour d'eux pour rapporter à qui de droit qu'elle osait parler à un élève qui n'était pas populaire. Car Jace, malgré un physique attirant , n'était pas populaire. Séduisant, mystérieux, certes. Mais également trop prompt à prendre la défense des plus faibles. Pas populaire, mais pas impopulaire pour autant. Le jeune homme n'avait pas mis longtemps à comprendre que c'était précisément la raison qui poussait Kara à le fuir, à l'éviter et à surtout ne pas lui adresser la parole en public. Kara avait intégré les Cheerios, l'élite de McKinley. Elle s'assurait une place en haut de la hiérarchie, et elle n'avait pas le droit à l'erreur.
Jace était blessé, inutile de le nier. Il avait peut-être naïf de penser que Kara ferait passer leur lien si particulier avant une quelconque place dans l'élite du lycée. Il s'était trompé. Pourtant, il ne lui en voulait pas, il ne pouvait pas lui en vouloir. Il s'était trop attaché à l'adolescente. Si elle lui préférait les Cheerios, il ne pouvait qu'espérer qu'elle ne le ferait pas totalement disparaître de sa vie. Parce que Kara lui manquait, tout simplement.

Une silhouette menue l'attendait au point de rendez-vous, et Jace cligna des yeux sans s'arrêter de courir. Kara était finalement venue, aujourd'hui, chose qu'elle n'avait plus fait depuis des mois. Le jeune homme aurait voulu sourire qu'il ne l'aurait de toutes façons pas pu, trop concentré sur sa course et sa respiration. Il la rejoignit en quelques foulées, ne s'arrêtant pas, comme elle le lui demandait. Inconsciemment, Jace calqua son rythme sur celui de Kara, ou bien c'était elle qui s'adaptait au sien, difficile à dire. En silence, ils remontèrent les rues jusqu'au Lima Bean, et une pointe de ravissement traversa le jeune homme en constatant qu'elle n'avait pas oublié cette petite habitude. Il s'engouffra dans le café à sa suite, cherchant du regard Jamie, mais il ne devait pas travailler le samedi matin.
« Euh. » Jace fut quelque peu pris au dépourvu par une Kara qui l'invitait, alors qu'elle était très (très) près de ses sous (ce que Jace pouvait comprendre, et ne dénigrait aucunement, car il connaissait la situation financière de la famille Sparks, et s'il avait toujours émis le souhait de l'inviter durant leurs petites pauses hebdomadaires au Lima Bean, ce n'était en aucune façon pour éviter à la jeune fille de dépenser un argent durement gagné, mais parce qu'il estimait qu'un homme devait toujours inviter une fille s'il l'appréciait). « J'aimerais... » Son regard azur parcourut les différents produits proposés. Durant les longs mois où Kara n'avait plus couru avec lui, il n'avait pas pris la peine de s'arrêter au Lima Bean. C'était bien trop triste de prendre un café tout seul. La carte avait été changée, et il mourrait de faim. « Un chocolat chaud moi aussi. Sans marshmallows, mais avec de la crème, et de la cannelle. Un morceau de brownie, et... ce n'est pas raisonnable, mais votre tourte aux cerises me fait envie. » Si Kara tenait à l'inviter, c'était peut-être pour se faire pardonner, et ce n'était pas forcément sympa de la part de Jace de commander autant. Mais il espérait que l'odeur des pâtisseries l'adoucirait et fendillerait sa carapace. En remontant les manches de son sweat, le jeune homme prit place. « Ah bon, tu m'as ignoré ? Ça alors, je ne m'en étais pas rendu compte. » se moqua-t-il gentiment. Il poussa la tourte aux cerises vers Kara, l'incitant à en prendre un morceau, et encadra la tasse fumante de ses deux mains. « C'est compliqué uniquement si tu décides que ça l'est. Moi je décide que ça ne l'est pas. Alors vas-y. Je t'écoute. »

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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyDim 30 Mar - 11:09

Jace ne s'était pas exactement fait prier sur les portions quand la jeune fille avait annoncé qu'elle l'invitait, mais elle ne fit pas le moindre réflexion. Bien sûr, elle avait noté le montant, un peu salé pour elle. Au fil du temps, Kara était devenue experte en calcul mental et savait toujours exactement combien elle avait et combien elle dépensait. Et ces derniers temps, la balance ne penchait pas tellement du bon côté. Le voyage à New-York et les écarts qu'elle s'était autorisée avait fait mal au porte-monnaie et cette bacchanale n'aidait pas à arranger les choses. Mais son salaire du Levis Store tomberait bientôt et elle avait un peu d'argent de côté en cas de coups durs. Et puis, elle n'allait pas regarder à la dépense, alors qu'elle cherchait précisément à se faire pardonner son égoïsme. La jeune fille n'était peut-être pas à une contradiction près, mais elle avait tout de même ses limites. La gamine plissa le nez et elle retint difficilement un sourire devant le calme et la douceur de son ami. Evidemment, il n'était pas vexé ou en colère, alors que tel était son bon droit. Il faisait des plaisanteries vaseuses et l'invitait à être ouverte et honnête avec lui, comme ça avait toujours été le cas jusqu'à récemment. Elle aurait presque préféré qu'il s'emporte et lui balance ses quatre vérités. Cela lui aurait évité d'avoir à le faire elle-même. Little K laissa échapper un long soupir et s'empara de la fourchette pour la planter dans l'appétissant dessert que lui présentait son camarade, plus pour s'acheter un peu de temps que par véritable gourmandise. Elle prit le temps de couper aussi proprement que possible un bout de la tarte et la mâcha ensuite lentement, fuyant le regard de Jace.

Que lui dire en effet? Elle se montrait hypocrite. Bien sûr, être vue en compagnie d'un geek reconverti, dont la jolie frimousse et les muscles tout frais ne cachaient pas vraiment les inclinaisons véritables de son coeur., n'était pas la manoeuvre la plus stratégique pour une it-girl en devenir. Le super héros en attente de super pouvoir qu'il était ne ratait jamais une occasion de venir en aide à une demoiselle en détresse ou à un opprimé, s'attirant donc inévitablement les foudres de la clique populaire et mesquine qui régissait McKinley. Il n'était pas - enfin, plus - publiquement humilié et subissait rarement le courroux des sportifs, pour la simple et bonne raison qu'il avait développé la carrure nécessaire pour riposter. Et le combat équitable n'était pas vraiment la tasse de thé des joueurs de foot, qui préférait jeter des freshmen gringalets dans les poubelles, pour avoir commis l'affront de rejoindre le club d'échecs. Kara ne doutait pas, savait même, que plus qu'une de ses coéquipières en minijupe avait remarqué les yeux bleus et les bouclettes charmantes du garçon, mais refrénaient tout désir interdit par l'ordre social. Pire que Roméo et Juliette. La gamine du Sud était elle aussi coupable de ce genre de coup de coeur mauvais pour la réputation. Et elle avait fi de l'opinion publique pour faire ce qu'elle voulait. Certes, Addison avait la carte du mystère en sa faveur et ne portait pas les mêmes stigmatisations que Jace. Il était nouveau, même pas vraiment élève de l'établissement, sexy en diable et du genre pas bavard et un peu rebelle. Et clairement menaçant pour la bande de wannabe alpha mâles qui occupaient le terrain de sport, puisqu'il avait vécu dans une paix relative depuis son arrivée. C'était donc une situation bien différente que son amitié problématique avec Richard-Hill. Parce que son futur professeur de guitare ne connaissait pas ses secrets les plus dangereux. Parce qu'il n'avait pas le pouvoir de ruiner ses quatre, longues, années de lycée simplement en disant les mauvais mots à la mauvaise personne. C'était une toute autre affaire qui se déroulait maintenant.

Little K but une petite gorgée de chocolat, essuya du revers de la main la trace de chantilly au dessus de sa bouche pulpeuse et prit enfin la parole. « J'suis désolée Jace, j'ai été... » Les mots appropriés ne semblaient pas vouloir venir, elle qui était pourtant plutôt éloquente et douée pour captiver et persuader un auditoire. « Je me suis laissée prendre à mon propre jeu. » Cliché. « Tu sais que j'ai besoin de réussir à McKinley et... j'avais peur de ce qui pouvait arriver si on se mettait à se voir et à se parler en public. De ce que tu pourrais dire, de ce que les gens entendraient. J'me suis un peu cru dans un James Bond, je deviens à peine parano quoi. » Elle s'autorisa un rire sans joie et trouva finalement le courage de véritablement regarder le jeune homme en face et ajouta « Mais... on est amis et ça devrait être plus important. » D'autant que malgré sa popularité toute relative et factice, elle n'en avait pas beaucoup. Elle replaça une des mèches échappées de sa queue de cheval derrière son oreille et répéta d'une voix plus assurée et convaincante « Je suis désolée. » Pour quelqu'un d'aussi borné et peu enclin à changer d'opinion pour qui que ce soit, la Cheerio avait dû atteindre un nombre records d'excuses. Jace Richard-Hill exerçait clairement une influence étrange sur elle. Positive sans aucun doute. En sa présence, elle était la gamine dynamique, un rien effrontée et avec un sourire en coin au bord des lèvres. Elle se sentait un peu plus elle-même. Elle n'était pas K la pompom-girl ambitieuse, aux airs arrogants et rebelles qui s'autorisait à être plus culottée que bon nombre de ces camarades, cette fille qui marchait constamment sur un fil. Elle n'était pas la benjamine des Sparks, dernière enfant à mener sans trop de heurts jusqu'à la majorité, à coups d'engueulades musclées s'il le fallait. Elle n'avait pas besoin de jongler entre sa toile bien tissée de mensonges plus ou moins gros, de faire semblant. Elle était Kara Sparks, même sans trop savoir qui cela était exactement.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyDim 30 Mar - 16:05

On est amis et ça devrait être plus important. Cette phrase déplut à Jace, qui baissa les yeux sur sa tasse de chocolat. Que Kara le considère comme un ami lui faisait plaisir, parce qu'il s'était attaché à elle. Il la trouvait parfois un peu trop vive et piquante, mais elle était fraîche et très drôle, même quand elle se montrait impertinente. Il la savait intelligente, et bien que responsable et autonome, elle avait parfois des réactions puériles, dénotant d'une certaine innocence dont elle ne semblait pas avoir conscience. Et puis, même physiquement, il la trouvait attachante. Elle était si petite, si menue. Pas fragile, non, parce que sous ce visage en forme de cœur se cachait un petit chat aux griffes acérés. Mais quand il la voyait, en train de mâcher un petit morceau de tourte aux cerises, ses vêtements soulignant la finesse de sa silhouette, il avait envie de la soustraire au regard des autres. Curieusement, à mesure qu'il gagnait en assurance -et en muscles- il s'était découvert un côté ultra protecteur. Et Kara, bien qu'il la sache tout à fait capable de se défendre, lui donnait envie de jouer les chevaliers servants. Lui aussi la considérait comme une amie, une amie précieuse. Et à ses yeux, l'amitié passait avant tout le reste.

Pour Kara, de toute évidence, les choses étaient différentes. Elle n'en était peut-être pas consciente, mais sa phrase laissait sous-entendre que, bien que jugeant l'amitié importante, son statut social au sein de McKinley aurait toujours plus d'importance. Lors de leur rendez-vous quotidien, elle lui avait maintes fois confié qu'elle ne désirait qu'une chose, c'était être tout en haut de l'échelle. Jace allait à McKinley depuis trois ans maintenant, il avait assisté à cette guerre de popularité, il savait comment ça fonctionnait. Kara ne pouvait se permettre le moindre faux pas, et pas uniquement parce qu'elle venait à peine de faire son entrée dans ce monde impitoyable. Elle devait choisir ses fréquentations avec soin, et ne viser quand le top de la population lycéenne. Jace aurait pu faire parti de cette élite, cependant il avait d'autres aspirations, et malheureusement, ces dernières ne coïncidaient pas le moins du monde avec le but que s'était fixé Kara. De toute évidence, elle n'avait pas l'intention de faire une exception. Au moins, elle regrettait de ne pas pouvoir mélanger ces deux aspects de sa vie. Bien que déçu, Jace ne pouvait lui en vouloir. Ils avaient des ambitions différentes, et alors ? Il ne pouvait même pas lui reprocher d'avoir choisie cette voie, parce qu'il la connaissait. Il la connaissait vraiment. Kara Sparks ne se réduisait pas à cette Cheerios insolente et un tantinet provocante. La majorité des Cheerios avaient un mauvais fond, mais pas Kara. « James Bond n'est pas parano, c'est un agent secret. Il est juste prudent. » corrigea-t-il par automatisme.

Avec un soupir, Jacce récupéra l'assiette de tourte aux cerises, et planta sa fourchette dans la pâte sablée. Il avait mis du temps à perdre ses kilos en trop de l'enfance, à abandonner ses vilaines habitudes alimentaires qui consistaient à se goinfrer de pizza et de chips, le tout arrosé de soda, tout en jouant à World of Warcraft pendant des heures. Pourtant, il était toujours aussi gourmand, il aimait toujours autant les sucreries, et là tout de suite, il avait bien besoin d'un remontant. « Alors... tu as peur que je gâche tout tes efforts, en gros. » résuma-t-il en enfournant un morceau de tourte. Le goût des cerises se répandit sur sa langue, dans sa bouche, se mêlant au croustillant de la pâte à tarte. Avant de poursuive, il reprit un morceau de tourte, qu'il prit le temps de mâcher avant d'avaler et, songeur, il ajouta : « Plus tard, j'aimerais faire un boulot qui me permette d'être utile. Je veux aider les gens, et les protéger. » Jace délaissa l'assiette de tourte. Il savait depuis longtemps qu'il était fait pour ça. Venir en aide aux plus démunis. Protéger ceux qui ne pouvaient se protéger eux-mêmes. C'est pourquoi il s'occupait autant de ce que pouvait devenir Kara. C'était plus fort que lui, il fallait qu'il veille sur elle. Au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de penser que les choix qu'elle faisait ne la rendrait pas heureuse, à terme. Oh, tant qu'elle serait lycéenne, tout irait bien. Mais après... « Peut-être que je deviendrais agent de police, ou pompier. Ou peut-être médecin, et j'irais exercer dans les pays pauvres, là où les gens ne peuvent pas se payer de vrais soins. »

S'il abordait ce sujet, c'est parce qu'il s'inquiétait pour Kara. Pour l'instant, elle s'employait à gravir les niveaux de l'échelle sociale, mais il craignait qu'elle ne s'en sorte pas indemne. Il savait pertinemment comment fonctionnait les choses au sein de l'élite lycéenne, et il savait que les filles avec lesquelles traînait Kara n'était pas forcément ses amies. Sinon, elle n'aurait pas aussi peur d'être vu en sa compagnie. « Tu sais ce que tu feras, après le lycée ? Une fois que tu seras diplômée, et que tu ne porteras plus ton uniforme de Cheerios ? Hm ? » Par dessus sa tasse de chocolat chaud, Jace jeta un regard à Kara, la dévisageant par en dessous, un fin sourire étirant ses lèvres. Elle n'apprécierait pas qu'il sous-entende que tous ses efforts ne serviraient à rien, une fois le lycée terminé. Tout ce qu'il voulait lui faire comprendre, c'est que lui, il serait toujours là. Même quand elle n'agiterait plus des pompons.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyDim 30 Mar - 19:12

Jace aurait pu virer idiot de l'équipe de foot - ou pire, de hockey - et renier ce qui faisait son monde mais non, il la corrigeait sans même s'en apercevoir sur sa comparaison mal à propos. La remarque arracha un fin sourire à la pompom-girl, qui s'évanouit bien vite quand il résuma abruptement les quelques mots qu'elle avait péniblement sortis. Kara devait néanmoins reconnaître qu'elle admirait un peu son ami, pour sa droiture et sa constance dans l'adversité. Pour le courage qu'il avait fallu pour se relever après les épreuves qu'il avait subi. Les choix, drastiques mais efficaces, qu'il avait entrepris pour se forger une carapace plus solide, devenir défenseur plutôt qu'agressé, changer la donne. Il avait fait des efforts herculéens, encore aujourd'hui, la jeune fille pouvait voir la différence phénoménale entre ce jeune homme aux muscles fins mais ciselés et le garçon, encore un peu mollasson, qui avait commencé à s'entraîner avec elle. C'était une métamorphose digne d'un teen movie à deux balles, dont la morale serait qu'il est parfaitement acceptable d'être un geek invétéré tant qu'on est beau et viril. La réalité était toujours un peu plus compliquée, malheureusement, même si ce grand amateur de comics aimait sûrement à croire que la vie était scriptée à l'avance. De vilain petit canard, il était devenu cygne et avait pris pour mission de protéger les autres canetons qui n'avaient pas trouvé le chemin de la lumière. C'était effectivement admirable et la Cheerio était très fière de lui, pour tout ce qu'il avait accompli en si peu de temps. Sa quête de justice était quelque peu irréaliste, mais louable. Et il était donc surprenant que miss Sparks, malgré le soutien qu'elle voulait apporter à un des rares amis qu'elle avait réussi à se faire à Lima, ai choisi le camp des infâmes diablesses en minijupe. Son choix était mûrement réfléchi et impliquait une foule de facteurs. Ce n'était pas une simple question de hiérarchie sociale. Little K ne courrait pas tant après la popularité, quand on déconstruisait un peu le pourquoi du comment. D'abord, elle avait rejoint l'escouade des pompom-girls par défi, simplement parce qu'elle n'en avait pas le droit. Et sans doute aussi pour se prouver qu'elle pouvait le faire, non seulement braver l'autorité maternelle, mais qu'elle était physiquement capable de pratique ce sport de haut vol. Avec cette simple activité venait toute l'échelle sociale des lycéens, qui décrétait que la performance et l'apparence physiques étaient des facteurs déterminants de la valeur des individus. Ce n'était pas juste mais c'était le système. Et s'il y avait une chose que Kara Sparks avait appris de ses jeunes années à découper des coupons de réduction, faire la queue dans les cliniques gratuites et recoudre les vêtements hérités de ses aînées, c'est qu'il fallait comprendre les rouages du système et en profiter autant que possible. Elle était simplement une survivante. Mais cela était bien complexe à mettre en mots, surtout pour une adolescente bougonne et taciturne, qui avait de toute manière décréter que le monde était incapable de la comprendre.

Drapée dans son arrogance et cherchant ses mots, la jeune fille fut néanmoins prise de court par la tangente qu'emprunta Jace. Pourquoi se mettait-il à lui raconter ses projets d'avenir? Il ferait sans doute un pompier dévoué, dont Mandy aurait acheté le calendrier de fin d'année avec joie et elle était tout à fait encline à lui faire part de son soutien dans tout ce qu'il souhaitait entreprendre. Mais qu'est-ce que cela avait à voir avec la discussion en cours? Ses neurones, peut-être fatigués par l'exercice physique, ne firent la connexion qu'au moment où il l'interrogea sur son avenir à elle. Ses mains se crispèrent autour de sa tasse sans qu'elle ne puisse le contrôle. Il se prenait peut-être pour un prince sur son cheval blanc, prêt à sauver les demoiselles de la faute morale comme de l'attaque physique. Mais finalement, il était comme tout le monde. Il savait deux, trois choses que Kara n'avait partagé avec absolument personne d'autre. Mais il la sous-estimait, la prenait pour une écervelée qui ne cherchait que des plaisirs immédiats et une reconnaissance sociale aussi éphémère que fausse. Il croyait quoi, qu'elle ne savait pas? Qu'elle ne comprenait pas que la valeur de cette pseudo popularité lycéenne se mesurait à peu près au coût du plastique qui composait la couronne de la prom queen? C'était le discours typique, tout cela ne comptait pas dans le monde réel. Comme si les adolescents vivaient dans une réalité alternative entre le moment où ils atteignaient la puberté et celui où ils allaient - ou non - à l'université. C'était le monde réel. Un monde où elle travaillait dans un magasin de fringues histoire de pouvoir s'offrir un café le samedi matin, où elle avait déversé une somme considérable par ses propres moyens, pour pouvoir vivre une opportunité qui ne représenterait pas de si tôt, où elle s'entraînait d'arrache-pieds cinq jours par semaine ou plus et parvenait tout de même à maintenir un 3.0 de GPA, voire un 3.5 si elle faisait encore un petit effort. Ca n'avait rien d'une passade. Little K, pauvre petite freshman, incapable d'appréhender ce vaste monde hostile, qui s'étendait là, aux portes de McKinley High. Comme si le microcosme lycéen n'était pas lui aussi complexe et violent. Comme si elle ne connaissait pas déjà trop bien les infamies du monde.

Mais la jeune fille ne voulait pas se disputer avec Jace, aussi elle contint son agacement en mangeant la crème qui ornait sa boisson à la petite cuillère. Elle s'interrompit pour touiller le breuvage avec un peu plus de vigueur que nécessaire et finit par desserrer les dents pour répliquer « Tu sais Jace, je ne suis pas idiote. Je sais que la vie continue après le lycée et crois-moi, j'y réfléchis. Je ne fais pas tout ça juste parce que ça me fait plaisir. » Elle planta finalement ses prunelles, qui tiraient plus sur le gris acier que sur le bleu en ce jour nuageux et poursuivit avec un sérieux qui aurait pu être vu comme attendrissant, s'il n'avait pas été aussi intense. « Je mets un tiers de tout ce que je gagne par mois de côté depuis que j'ai 11 ans. J'ai fait de l'équitation, du softball, de la natation, de l'athlétisme, de la danse classique et de la gym. Je sais jouer de la guitare, un peu de piano. Je me débrouille en espagnol. Je suis un cours avancé de maths, où j'ai un bon niveau. J'aime l'histoire et la géographie et je m'y débrouille bien aussi. J'ai un job mi-temps et d'ici ma Senior Year, je serais head cheerleader, inscrite au comité d'organisation des fêtes et je pratiquerai sans doute une ou deux autres activités pour la forme. Je vise une bourse de cheerleading de l'OSU, parce qu'ils privilégient les étudiants de l'Etat. Si j'arrive à être valedectorian, je peux éventuellement prétendre à d'autres aides. » La colère crispait sa mâchoire et tendait ses muscles et ses yeux brillaient d'un éclat dur. « Je pense prendre une major en marketing ou en business, avec des crédits en anglais, en langue et en économie. » Elle essaya de respirer un peu, posa ses mains bien à plat sur la table et souffla finalement. « Je sais que la course ne s'arrête pas au lycée. Mais c'est là qu'elle commence et je mettrais toutes les chances de mon côté pour finir dans le peloton de tête. Je... Notre amitié est importante. C'est pas ça la question. Mais j't'ai dit, c'est plus compliqué. » Quel était le fond du problème alors? L'intensité presque violente que Kara mettait dans tout ce qui pouvait la sortir de sa maison, lui faire entrevoir un avenir meilleur? Son égoïsme pur et simple quand il s'agissait de son ambition, qui ne se limitait donc nullement aux couloirs vieillis de McKinley High? A mots couverts, elle avait déjà confié beaucoup de tout à Jace. Mais c'était la première fois que Little K montrait vraiment la vulnérabilité, pour ne pas dire l'énergie désespérée, qui l'habitait. Derrière son amusante liste d'interdits et son attitude typique d'ado rebelle, en mal de sensations fortes avant l'arrivée imminente des responsabilités, des motivations bien plus viscérales animaient miss Sparks. Et elle refusait qu'elles se voient réduites à un simple désir de se faire mousser et de fréquenter des filles bien habillées et des mecs mignons. Elle refusait d'être une pauvre pompom-girl qui allait passer les dix prochaines années à attendre la réunion des anciens élèves pour goûter à sa gloire perdue. Ce n'était pas elle et si quelqu'un pouvait et devait le comprendre, c'était bien Jace Richard-Hill.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyDim 30 Mar - 22:26

Une certaine inquiétude assombrissait les pensées de Jace, mêlée à l'amusement de la voir réagir avec autant de sérieux. Il avait voulu la pousser dans ses retranchements, il y était parvenu, et il trouvait cela attendrissant. Il ignorait que Kara admirait les efforts qu'il avait fourni, alors que lui-même était fier de la jeune fille et de tout ce qu'elle accomplissait pour s'en sortir, alors que sa famille disposait de peu de moyens. Ses parents ne pourraient pas lui payer l'université, mais elle ne s'en formalisait pas, et prévoyait depuis longtemps de s'en sortir toute seule. Derrière son visage aux rondeurs enfantines, il y avait de la maturité et un sens aigu des responsabilités. Elle avait de l'ambition, et pour une fille d'à peine quinze ans, c'était rare. Kara n'était pas du genre à se reposer sur ses lauriers, et Jace n'en doutait pas, elle réussirait. Elle aurait son diplôme, et décrocherait sans aucun problème une bourse, comme elle le désirait. Chaque petits détails de sa vie future avaient été calculés, au millimètre près, et rien ne serait laissé au hasard. Pour Jace, qui avait tendance à laisser les choses venir d'elles-mêmes, c'était admirable -bien qu'assez weird à voir au quotidien. Néanmoins, il était inquiet. Il voyait Kara se démener, faire de gros efforts pour obtenir ce qu'elle voulait -même si ces choses étaient listées et n'attendaient qu'une croix pour être considérées comme accomplies, ce qui laissait Jace assez perplexe : comment pouvait-on être aussi organisée ? Ce qui lui faisait peur, c'est qu'à trop se concentrer sur ses ambitions, sur son désir dévorant de s'en sortir, de faire des études qu'elle serait parvenue à financer toute seule comme une grande, elle ne finisse par passer à côté de belles choses. D'accord, elle voulait devenir head-cheerleader, être au top dans tous les aspects de sa vie, mais n'était-ce pas épuisant ? Et ne risquait-elle pas d'en souffrir, plus tard ? Jace craignait qu'un beau matin, Kara ne se réveille, dans un bel appartement que lui paierait son super job d'acheteuse pour une grande marque de vêtements, et réalise qu'elle était seule. Il avait bien compris qu'il représentait, d'une certaine façon, une menace pour ses ambitions. Elle ne pouvait se permettre de voir quoi que ce soit, qui que ce soit, se mettre en travers de son chemin. Aussi elle prenait soin d'écarter les potentiels dangers, même si ceux-ci représentaient des amis. Des amis précieux, vers lesquels elle ne pourrait plus se tourner. Et ce n'était certainement pas les filles qu'elle fréquentait aux entraînements des Cheerios, qui seraient là pour elle, quand elle en aurait besoin. Non, elle serait seule. Elle aurait réussi ses études, aurait un bon job, et serait seule.

La longue gorgée de chocolat chaud qu'il avala lui fit du bien, et lui permit de réfléchir à ce qu'il pourrait dire, sans heurter la sensibilité à fleur de peau de Kara. « Tu n'es pas idiote, Kara. » Il reposa sa tasse et planta sa fourchette dans sa part de brownie, laissant le reste de tourte à la jeune fille. « Tu es l'une des filles les plus malignes que je connaisse. Je ne me fais pas de soucis pour ton futur professionnel. Pendant que j'étudierais la médecine, toi tu étudieras l'économie, et nous souffrirons ensembles du rythme intenable de nos révisions. » déclara-t-il solennellement en levant sa fourchette, un morceau de brownie planté au bout, avant de glisser ce dernier dans sa bouche. Cela sonnait comme une promesse, car même s'il n'avait pas le sens de l'organisation de Kara, même s'il n'avait pas encore réfléchi à son futur et encore moins à l'université qu'il intégrerait, il avait la conviction que Kara et lui resteraient amis.
Du moins l'espérait-il. Elle semblait sincère quand elle parlait de leur amitié, pourtant il craignait que d'ici à ce qu'il obtienne son diplôme, les choses empirent. Il voulait, de tout son cœur, conserver ce lien qu'il avait avec l'adolescente, mais si jamais leur relation venait à être découverte, et que cela déplaisait fortement aux « amis » de Kara, il n'était pas totalement certain qu'elle ne l'écarte pas définitivement de sa vie. Alors, il ne pourrait plus rien faire. Il eut envie de lui parler de ses craintes, et se retint au dernier moment. Peut-être que dabord elle pourrait lui expliquer ce qu'elle même craignait, en étant aperçue avec lui. Alors il pourrait lui faire part de son inquiétude.

Si la tourte aux cerises était bonne, puisque très certainement du jour, le brownie en revanche était un peu pâteux, et il dut avaler une nouvelle gorgée de chocolat chaud pour faire passer ce morceau qui lui restait légèrement en travers de la gorge. Du pouce il essuya la petite moustache de crème qui s'était accrochée à sa lèvre supérieure. Ce geste attira une petite crise d'hystérie de la part du groupe de filles qui avaient dévisagées Kara lors de son entrée, et lui avaient adressées un regard peu amène. A présent elles n'avaient d'yeux que pour Jace et chacun de ses gestes semblaient provoquer en elles un déferlement d'hormone. Assez surpris, Jace se tourna à demi vers elles, avant de leur sourire en levant sa tasse en guise de salut. Nouvelle crise de couinements. Jace fronça légèrement les sourcils en se retournant, assez perplexe, et se reporta son attention sur Kara. « Dis moi en quoi c'est compliqué. Est-ce que c'est parce que je ne suis pas comme les Titans ? Tu peux me le dire. » Et il ajouta avec un sourire, amusé par son propre humour : « Parle, mon enfant. Je peux tout entendre. » le tout accompagné d'un lever frénétique de sourcils, en mode Grand Sage.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyMar 1 Avr - 22:36

Le compliment glissa plus ou moins sur Kara, même si elle appréciait que son ami la reconnaisse à sa juste valeur. Mais elle avait suffisamment de confiance en elle pour ne pas douter de ses capacités intellectuelles et ne pas attendre la validation de qui que ce soit. Le fait qu'elle fréquentait une bande d'ados frivoles - dont les soucis les plus importants étaient de savoir si oui ou non untel l'aimait bien, genre bien, et s'il valait mieux acheter une robe lavande ou bleu pastel - ne faisait d'ailleurs qu'alimenter son léger sentiment de supériorité envers ses semblables. Elle ne méprisait pas l'ensemble de ses camarades du lycée et savait leur reconnaître certaines qualités. Regina n'était pas si stupide, après tout, elle s'était assurée une place de choix à McKinley. Cette satanée Palmer était loin d'être une idiote et, pour le plus grand malheur de la Cheerio, alliait son intelligence à une roublardise certaine. Mais mieux valait éviter de penser aux cailloux dans ses chaussures et se focaliser sur le problème présent. Qui lui était plus personnel et donc plus délicat à traiter. Little K n'était pas particulièrement expansive et s'était forgée un caractère plutôt renfrogné et égocentrique, tant par la force des choses que ses inclinaisons naturelles. Quand on grandit dans un foyer un rien trop nombreux, sous la poigne coriace d'une mère impétueuse et la présence en pointillé d'un père imprévisible, certains réflexes viennent très vite. Il ne fallait pas tout dire à Louise. Il fallait éviter de montrer le moindre signe de faiblesse à Dean s'il était dans un mauvais jour. Mandy était encline à la titiller jusqu'à ce qu'elle sorte de ses gonds, alors sa cadette avait pris l'habitude d'entrer dans son jeu et de laisser la joute verbale se dérouler jusqu'à ce que l'un des partis cèdent. L'agitation constante de la maisonnée Sparks ces quinze dernières années et la nature énergique de la demoiselle l'avait faite telle qu'elle était aujourd'hui. Secrète, arrogante, rusée, endurante. Et il lui était difficile de tomber le masque, qui tenait plus de la seconde peau à ce stade. Même pour des gens comme Jace, qui en savait déjà probablement trop sur son compte. Il savait pour sa famille, la liste, ses ambitions, ses regrets. Par définition, il était ce qui ressemblait le plus à un meilleur ami, pour ne pas dire son seul véritable ami. Il parvint même à lui arracher un sourire, toute à sa réflexion intensive qu'elle était, en les imaginant avec quelques années de plus, travaillant d'arrache-pieds pour accomplir leurs rêves. L'image était plaisante, si tant est que la jeune fille parvienne à conserver son amitié jusque là. Et cette perspective lui rappelait qu'il avait quelques années de plus qu'elle et serait en route pour l'université dans pas si longtemps que ça. Alors que la petite K avait encore quatre longues années à naviguer dans les eaux infestées de McKinley High. Elle s'accrocha néanmoins au léger sourire, qui était parvenu à illuminer ses yeux clairs et contint ses pensées plus sombres. Il croyait en leur amitié, malgré son égoïsme et ses doutes. C'était déjà une mince victoire.

Son numéro de charme inconscient au groupe de dindes, assises à une table un peu plus loin, acheva de redonner du baume au coeur à la lycéenne. Elle s'autorisa un léger rire, mi-attendrie par la perplexité évidente de Jace, mi-sarcastique vis à vis de ces pathétiques godiches. sérieusement, glousser en fixant un garçon, qui plus est accompagné, cela atteignait des niveaux de pitoyable que Kara espérait ne jamais atteindre dans sa vie. Bien sûr, elle n'emplissait pas un rôle de petite amie jalouse dans cette mise en scène, mais ces idiotes n'étaient pas supposées le savoir. La Cheerio espérait d'ailleurs voir son ami sortir de son monde d'héroïnes un peu trop pulpeuses pour être honnêtes pour profiter des bras d'une vraie fille. Mais il méritait mieux que ces bécasses, pas discrètes et franchement ridicules. Elle glissa avec un sourire taquin « Ces heures d'entraînement, ça fait son petit effet dis donc. Mais je déconseille de m'aventurer en un terrain aussi miné de stupidité. » La gamine leva les yeux au ciel et prit quelques bouchées de sa pâtisserie, esquivant temporairement le fond de la question qui lui était adressée. Cet intermède ne l'aida guère à mettre ses pensées dispersées en ordre mais elle s'efforça tout de même d'expliquer son drame adolescent « Et ça n'a rien à voir avec eux. J'aime que tu sois différent, que tu restes toi-même. » C'était quelque chose que la petite part encore honnête et idéaliste de son être enviait. Elle aurait aimé être de ces gens avec des principes en béton armé, qui cédaient leur place assise dans le bus et oeuvraient pour l'amélioration de l'humanité. Mais la lycéenne n'était pas de ceux-là. Elle oeuvrait pour sa survie et rien d'autre. « Je veux qu'on puisse être amis. Mais c'est délicat, à cause de ma mère, des autres... Il ne faut pas que les mauvaises personnes apprennent certaines choses sur moi. » Plus que la réputation en berne de Jace, c'était les informations qu'il possédait à son sujet que la pompom-girl trouvaient menaçantes. « Mais tu sais quoi? J'te fais confiance. T'es mon ami et tu trahira pas mes secrets. » Ca avait beau être des affirmations, elle cherchait également la confirmation de ses propos dans les yeux du jeune homme. Elle n'était pas habituée à compter sur quelqu'un d'autre. Il y avait bien Sara et Mandy, se défendre contre l'autorité maternelle s'avérant plus efficace en groupe. Mais les liens du sang avaient une dimension différente, la petite dernière n'avait pas choisi de placer sa confiance en ses soeurs. Il existait des conventions particulières, un lien unique et indescriptible qui régissait leurs rapports familiaux. Le hasard avait mis Jace sur sa route et c'était elle qui avait décidé qu'il était digne de confiance. Maintenant, elle devait assumer sa décision. Une lueur déterminée dans le regard elle lança fermement « Fuck them. » Tout l'intérêt de rejoindre l'escouade de cheerleaders et de se faire une place au lycée n'était-il pas de se libérer d'un joug? Ne cherchait-elle pas la liberté, par le biais de l'ascension sociale, du respect, voire de l'intimidation? Elle était Kara Sparks. Elle ne se laisserait pas écraser par les rouages de McKinley. Avec une moue malicieuse, elle leva sa tasse en direction de son camarade, comme pour sceller un pacte silencieux entre eux. Ce grand échalas aux références parfois incompréhensibles et avec un sens et l'honneur tout médiéval était son ami, officiellement, publiquement et qu'ils aillent tous au diable s'ils n'étaient pas content.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyMer 2 Avr - 16:01

Chocolat pour Jace Richard-Hill

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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyVen 4 Avr - 19:17

Tous les élèves de McKinley n'étaient pas de sombres crétins assoiffés de popularité. Les Cheerios n'étaient pas toutes de jolies têtes vides, et les Titans n'étaient pas tous des bovins violents. Jace était la preuve vivante qu'il ne fallait pas se fier à ses préjugés. Les geeks, par exemple, n'étaient pas tous petits, gras et boutonneux -enfin... pas pour toujours. Jace était ami avec Kara, qui depuis la rentrée paradait dans son uniforme de Cheerios. Il était ami avec Jamie, qui bien que remplaçant, faisait tout de même parti de l'équipe des Titans. Quand il s'était mis au sport, jamais il n'avait pensé qu'il pourrait intégrer cette équipe de football, composée presque exclusivement d'idiots et de tyrans. Il avait été martyrisé par plusieurs des footballeurs depuis son entrée au lycée. S'il s'était entraîné si dur, c'était pour pouvoir se défendre, pour pouvoir rendre les coups qu'on voudrait lui asséner, pour ne plus être une victime. Il avait une piètre opinion de la majorité des membres de l'équipe des Titans, qui avait fait de sa vie un véritable enfer. Il avait trop souffert par leur faute, et avait même manqué finir aveugle. Pour autant, il aimait le sport, et aurait peut-être pu trouver sa place au sein de l'équipe. Il était loin d'avoir une carrure aussi impressionnante que les footballeurs, mais il était rapide, endurant et suffisamment musclé pour ne pas se casser en deux au moindre choc. Ses entraînements quotidiens d'arts martiaux l'avaient endurci.

Il songea à ce que pourrait devenir sa vie s'il intégrait l'équipe à la saison prochaine. Il pourrait se promener partout dans le lycée avec le blouson rouge et blanc. Qu'est-ce que cela changerait ? Tout le monde saurait qui il était. Jusqu'à présent, peu de monde avait reconnu en lui l'adolescente timide et peu avenant qu'il avait été. Il n'utilisait plus son prénom entier, pour tous, il était Jace. Il y aurait forcément des gens pour se servir de sa véritable identité contre lui, mais il avait appris à ne pas renier ses passions et ce qu'il avait été (il fréquentait d'ailleurs toujours ses amis du club d'informatique). En tant que membre de l'équipe de football, il aurait sa place réservée à la table des populaires, à la cantine (youpi). Mais surtout, il aurait à suivre leurs règles stupides, à savoir arroser les élèves moins populaires, comme les membres du Glee Club, avec un slushy quotidien. Il ne pourrait jamais s'y résoudre. Pourtant, s'il entrait dans l'équipe, Kara serait libre de le fréquenter sans risquer le courroux de ses nouvelles copines. Cela en valait-il la peine ? Il comprenait que Kara ait besoin de l'équipe de cheerleading pour obtenir une bourse, et il comprenait également qu'elle veuille que tout se passe bien pour elle. Les Cheerios pouvaient se montrer particulièrement cruelles. Au moins, les Titans étaient simplement violents, mais les filles savaient faire vraiment mal. Parfois, il craignait davantage ces dernières qu'un footballeur qui aurait envie de lui casser la figure.

Touché par la marque de confiance de la jeune fille, c'est avec un temps de retard qu'il leva, non pas sa tasse, mais sa fourchette au bout duquel était planté un bout de brownie. Son sourire était présent, mais il se sentait inquiet. « De toutes façons, je ne pourrais jamais être un Titan. Tu veux que je te raconte une histoire ? Il y avait cette fille, l'an dernier. Elle se faisait appeler... » Jace s'interrompit. Son regard venait d'être attiré par l'apparition d'un illustre inconnu qui, sans mot dire, sans même un bonjour ou un sourire, posa une boite de chocolat devant Jace, avant de rebrousser chemin pour quitter le café. Figé, Jace cligna des yeux en fixant l'endroit où s'était tenu l'inconnu, avant de baisser le regard sur la boite de chocolat. « Heu.. » fut le seul son qu'il parvint à prononcer. Le silence s'était fait dans le café à l'entrée du livreur, et à en juger par les regards de certains, ce mode de livraison n'avait rien de nouveau. D'ailleurs, il avait même l'impression qu'une femme avait une boite de chocolat du même genre que la sienne devant elle. Au bout de quelques secondes, les conversations reprirent, comme si de rien n'était.
Le petit mot accroché à la boite ne spécifiait pas le nom de l'expéditeur. Perplexe, Jace leva les yeux vers Kara. « C'est la St Valentin ? » demanda-t-il en ouvrant la boite pour renifler les chocolats. Il tendit la boite vers Kara pour qu'elle se serve si elle le souhaitait. « Je ne sais pas de qui ça vient. C'est normal, d'envoyer des chocolats sans donner son nom ? Quel intérêt, si on ne sait pas qui est l'expéditeur ? » Jace réfléchit à l'identité de la personne qui lui avait envoyé cette boite de chocolat. Il songea que cela pouvait venir d'Aidan, mais c'était tout de même une drôle d'attention, surtout en sachant qu'il ne pourrait jamais rien y avoir entre eux. Aidan aimait peut-être les filles et les garçons de la même façon, ce n'était pas le cas de Jace, et cela, Aidan le savait. Pourtant, Jace ne voyait pas qui d'autres aurait pu lui envoyer une boite de chocolat pour la St Valentin. « Trop bizarre. » conclut-il en refermant la boite de chocolat, sans en prendre.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptySam 3 Mai - 15:05

Jace leva sa fourchette en réponse et, malgré la trivialité du geste et du lieu, Kara avait l'impression d'avoir scellé une alliance toute solennelle. Outre ce pacte symbolique, c'était surtout ce qui s'était passé en elle que la jeune fille jugeait important. Elle avait pris la décision de rejeter les conventions de McKinley High, de ne pas se laisser malmener par le reste de l'escouade de cheerleaders. La demoiselle n'était pas pétrie de principes et de bon sentiments, bien au contraire. L'idée de blesser ses camarades, d'humilier les plus faibles et d'écraser quiconque se mettait en travers de son chemin ne la dérangeait pas spécialement d'un point de vue moral. Dans son esprit, ceux qui décidaient d'aborder des tenues ridicules et se comportaient comme des fous furieux sous prétexte d'une passion obscure pour les jeux de rôles ou la science-fiction méritaient bien d'être quelque peu remis à leur place. Pourquoi les règles de la vie en société ne s'appliqueraient-elles pas à ces gens là? Ils pouvaient bien garder leurs costumes pour leurs rassemblements et se comporter normalement au sein du lycée, ils y gagneraient sans doute au change. Après tout, il y avait bien des geeks qui savaient faire la part des choses et ce n'était pas écrit au fer rouge sur leur front. Comme Jace. Comme bien d'autres, little K savait par exemple qu'un des footballeurs les plus populaires de lycée était un grand fan d'une série britannique centrée sur un docteur qui voyageait dans le temps. Mais il n'en faisait pas tout un foin à la moindre occasion et menait une vie ordinaire. Geek can be chic, il suffisait de savoir bien doser les choses. La Cheerio n'était donc pas étouffée par la moralité, mais ne c'était pas pour autant qu'elle avait l'intention de suivre aveuglément les instructions de ses camarades en pompoms. Elle n'avait absolument pas apprécié la manière dont Tiffany l'avait envoyée affronter Sunny Palmer à sa place et l'incident lui avait servi de leçon. Kara Sparks ne servirait pas de pions aux cheerleaders plus âgées. Elle avait bravé l'autorité maternelle en adoptant son uniforme et prenait soin de défier l'autorité à la moindre occasion, quelle qu'elle soit. Cela valait donc pour la hiérarchie interne des Cheerios. Hors de question de se laisser dicter sa conduite, à partir de maintenant, elle reprenait possession de son image, qu'elle avait toujours voulu un peu rebelle.

La brunette porta sa tasse à ses lèvres et tâcha de s'arracher à ses pensées pour écouter l'anecdote que Jace s'apprêtait à lui raconter, quand il fut grossièrement interrompu par un individu, qui déposa une boîte de chocolats sur la table, sans mot dire. Little K haussa un sourcil dubitatif, reconnaissant là les boîtes qui circulaient à McKinley depuis des jours déjà. Deux filles de sa classe avaient d'ailleurs fait une scène monumentale à la sortie d'un cours de mathématiques, le petit ami de l'idiote A ayant apparemment envoyé des chocolats à l'idiote B et pas à elle. Ce qui ne faisait que prouver qu'elles avaient toutes les deux très mauvais goûts en matière d'hommes et qu'elles n'étaient pas amies pour rien. Le petit drame avait été distrayant et la petite Sparks guettait les distributions d'un oeil amusé, mais elle dû s'avouer surprise de voir les petits boîtes sortir de l'enceinte du lycée. Il y avait des gens dévoués, pour venir poursuivre le jeune homme jusque dans ses activités du weekend. Cela supposait d'ailleurs que l'expéditeur connaisse un minimum ses habitudes, pour lui faire ce cadeau après son footing matinal. Kara ne se priva pas pour piocher dans la boîte que son ami lui tendait et rétorqua « Ouais, dans quelques jours. Ces chocolats circulent dans tout le lycée depuis le début du mois. » Elle grimaça alors un peu en mâchonnant dans la friandise, qui s'avéra être un de ces horribles trucs emplis de liqueur non identifiée. La jeune fille dû prendre sur elle pour ne pas simplement recracher l'immondice dans sa serviette en papier, mais parvint finalement à avaler la chose. Elle but ensuite de longues gorgées de chocolat chaud, pour faire passer le goût, avant d'essayer de répondre aux interrogations au sujet de l'expéditeur « C'est vrai que c'est un peu stupide de ne pas laisser de nom mais bon, je suppose que tu as une admiratrice anonyme. » Elle s'autorisa une seconde de réflexion et avec un haussement d'épaules ajouta « Ou un admirateur d'ailleurs. T'as vraiment aucune idée de qui ça peut être? Parce que bon, pour venir te trouver au Lima Bean un samedi matin, faut que ce soit quelqu'un qui te connaisse bien quand même. » La curiosité de la lycéenne avait été piquée et elle espérait sincèrement pouvoir venir à bout de ce mystère. Après tout, il serait sans doute très amusant de voir Jace s'essayait au jeu du rendez-vous galant, si l'expéditeur mystère s'avérait être une personne digne d'éveiller son intérêt.

Des gloussements et des chuchotements peu discrets se firent alors entendre et, avec un soupir et un roulement d'yeux exagéré, K coula un regard vers la bande de dinde décérébrés, qui les observaient sans aucune pudeur. Elle haussa les sourcils dans leur direction, son mépris évident clairement lisible sur ses traits et secoua la tête avec une mine dégoûtée. Quelle bande d'attardées. « J'espère pour toi que c'est pas une de ces godiches hein. Ca se pourrait cela dit, il y a bien un s à Joyeuse... » Ce n'était sans doute qu'une faute d'inattention, dû à la nervosité, l'impatience ou l'empressement mais ce pouvait également être un signe. Cette personne était également du genre à utiliser un smiley ailleurs que dans un sms ou une discussion instantanée. Il fallait peut-être s'en méfier, tout compte fait. « Qui que ce soit, ce n'est pas quelqu'un de bien courageux. » C'était un peu lâche de se cacher derrière une boîte de chocolat anonyme. On pourrait objecter que Kara elle-même n'était pas des plus directes dans ses tentatives de séduction, mais elle ne se serait tout de même pas abaissé à tant de niaiserie. Et elle fait une claire distinction entre la stratégie et la couardise et ce cadeau tombait dans la deuxième catégorie. A moins que l'expéditeur ne se soit montré arrogant et était persuadé que Jace saurait immédiatement qui il était. Dans tout les cas, la manoeuvre avait largement capoté. Surtout si le reste des chocolats s'avérait aussi mauvais que celui-ci qui laissait un affreux arrière goût dans la bouche de la Cheerio.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyMar 27 Mai - 16:39

Jace était gourmand -il suffisait de regarder de vieilles photos de lui pour le comprendre, car il s'était pendant longtemps trimbalé un petit embonpoint et de bonnes joues rondes qui avaient fait de lui une cible attitrée, et la risée des cours de gym. Si aujourd'hui il faisait du sport régulièrement, et avait perdu ses kilos en trop, il aimait toujours autant les sucreries, en témoignaient sa part de tourte et son morceau de brownie. Pourtant, il dédaigna la boite de chocolat, n'appréciant que modérément de ne pas savoir qui en était l'expéditeur. Peut-être que les autres appréciaient simplement l'attention, mais Jace restait perplexe. Kara lui confirma qu'on approchait à grand pas de la St Valentin, ce que Jace ignorait complètement. Pourtant, il avait bien repéré les guirlandes de cœurs roses, accrochés un peu partout, mais cette fête réservée aux couples l'avaient pendant si longtemps laissé de marbre, qu'à présent qu'il était bien plus susceptible de recevoir des attentions de la part des filles, cela ne faisait aucune différence à ses yeux.
Alors que Kara se posait des questions, elle aussi, sur l'identité de la personne qui l'avait choisie pour cette déclaration gourmande, Jace haussa vaguement les épaules, en réfléchissant rapidement. Des visages défilèrent dans sa tête, sans qu'il puisse se décider. « Non, vraiment, je n'en ai aucune idée.Peut-être... mais ça m'étonnerait. Et puis, tu es la seule à connaître mes habitudes. Enfin, je crois. » reprit-il, soudain sujet aux doutes. Cette boite de chocolats lui sembla soudain symbole de bien trop de questionnements, et il la couvrit avec une serviette en papier, pour ne plus l'avoir sous les yeux. « Si ma mère la voit, je n'ai pas fini d'en entendre parler. » soupira-t-il en levant sa tasse de chocolat, qui était tiède. Bien qu'ayant fortement changé, d'un point de vue physique tout du moins, Jace avait parfois la sensation que sa mère, qu'il aimait par dessus tout, avait encore une très nette tendance à le considérer comme le petit garçon qu'il n'était plus, du moins le pensait-il. Elle s'inquiétait de le voir s'adonner à des activités pour lesquels il n'avait montré que de l'indifférence, auparavant. La soirée chez Michael Axon, par exemple, avait failli provoquer chez la mère de famille une légère crise d'angoisse, tant elle était peu habituée à ce qu'il sorte pour ce genre d'occasions. Alors, si elle constatait que son fils chéri faisait les frais d'une attention féminine, à quelques jours de la St Valentin, elle allait encore en avoir des palpitations.

L'espace d'un instant, Jace se demanda comment sa mère réagirait s'il lui expliquait qu'en réalité, la boite avait peut-être été envoyée par un garçon. Un sourire en coin, il but une petite gorgée de chocolat. Sa mère, cette femme aimante, serait bien en peine d'imaginer son fils en train d'embrasser un garçon. Le souvenir de cette soirée revint alors à Jace, qui rougit violemment et s'étouffa avec sa gorgée. « Ah, pardon. » s'étrangla-t-il en s'essuyant la bouche et le menton avec sa serviette. Les joues brûlantes, il baissa le nez sur sa part de brownie, comme passionné par les éclats de noix du gâteau.

« Est-ce que tu te moquerais, si je te disais que j'ai été embrassé, à la soirée d'anniversaire d'Henry ? » confia-t-il à mi-voix, mal à l'aise mais désireux de partager ça avec son amie la plus proche. Kara avait assisté à sa transformation, et elle savait pertinemment que sous les muscles et la gueule d'ange, se cachait un ado inexpérimenté, qui avait l'habitude que les filles le fuient et que les garçons le torturent. Il n'avait jamais montré le moindre signe d'une quelconque attirance envers qui que ce soit, ni même abordé ce sujet avec Kara, mais il lui avait néanmoins concédé son innocence complète sur ce point délicat. Et aujourd'hui, il pouvait le dire : on l'avait embrassé. « Mon premier baiser. » ajouta-t-il en prenant un air faussement hautain. D'une main il fit mine de s'épousseter les épaules, comme si le simple fait d'avoir eu son premier baiser faisait de lui quelqu'un de plus important. Il se garda bien d'avouer qu'en réalité, la soirée d'anniversaire d'Henry n'avait pas été le moment de son premier baiser, mais, curieusement, il souhaitait garder ce bisou maladroit, dans les vestiaires, rien que pour lui. Un échange aussi soudain que confus, entre Aidan et lui. Alors que ce second baiser, dans cette chambre, avait tout d'un baiser de cinéma.
Puis, sans prendre le temps de peser le pour et le contre, en se fiant uniquement à son instinct et à l'affection qu'il éprouvait pour Kara, il ajouta : « Seulement, ce n'était pas une fille. » Kara allait tomber des nues, sans doute. Mais Jace avait confiance en elle. Elle n'irait pas raconter cela, à personne. Et par cette confession, il espérait lui prouver qu'entre eux, il pouvait y avoir de l'amitié et de la fiabilité. Elle n'avait rien à craindre. Jamais il ne ferait quoi que ce soit qui pourrait lui nuire. Son petit secret à demi dévoilé, Jace pinça les lèvres en levant les sourcils, curieux de la réaction qu'aurait celle qu'il considérait comme sa meilleure amie. Presque comme une petite sœur.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyJeu 29 Mai - 22:52

Ces friandises bon marché - Kara aurait juré les avoir vu dans les allées de Walmart la dernière fois qu'elle avait fait les courses avec sa mère - causaient décidément bien du grabuge. Autant, la pompom girl était amusée par ce geste, plus niais qu'attendrissant, autant Jace semblait être véritablement travaillé par l'identité de l'expéditeur. Il camoufla d'ailleurs l'objet du délit derrière une des serviettes en papier qui traînaient sur la table et s'inquiéta de la réaction que sa mère pourrait avoir. Little K eu un rire léger. Elle n'avait jamais rencontré en personne Mme Richard-Hill mais s'en était fait une certaine idée, d'après les récits de son fils sur sa vie et les quelques descriptions qu'il avait pu en faire. La brunette s'imaginait une dame un peu ronde, bienveillante et sympathique, mais pas particulièrement en phase avec la réalité de la situation dans laquelle vivait son garçon. Il lui semblait d'ailleurs qu'elle avait une tendance à la surprotection, au vu du soupir que Jace avait poussé en soulevant l'idée qu'elle puisse découvrir cette boîte de chocolats et de ce qu'elle savait déjà sur elle. D'ailleurs, la petite Sparks se souvenait - malgré son taux d'alcoolémie un peu plus élevé qu'elle ne l'aurait voulu - que la venue de son ami à la soirée d'anniversaire d'HWB s'était faite au détriment des inquiétudes maternelles. Ce devait être agréable d'avoir une mère qui se souciait de votre bien-être et cherchait à vous protéger. D'aucun pourrait dire que c'était ce que faisait Louise, à sa manière certes un peu rude. Mais Kara était bien incapable de comprendre que sa mère n'était aussi sévère que parce qu'elle voulait la protéger aussi longtemps que possible et n'avait pas trouver d'autre moyen que la discipline pour tenir sa portée de quatre filles, toutes différentes et relativement caractérielles. Non, Louise était un despote, un tyran en jupons qui avait pour seule mission de rendre la vie de sa cadette infernale et de la dévaloriser, lui interdire les plaisirs de la vie par simple mesquinerie et envie quant à sa jeunesse perdue. La complexité du tableau passait bien au dessus de l'impétueuse enfant qui, dans son ego adolescent, ne voyait que des bâtons dans ses roues libres et une autorité à défier.

La jeune fille s'apprêtait à suggérer le mensonge ou la dissimulation à Jace, tactiques qu'elle adoptait désormais presque par réflexe, quand il s'étouffa violemment avec son chocolat chaud. Ses prunelles s'écarquillèrent et elle se leva à moitié pour lui donner des tapes dans le dos, quand il reprit contenance et s'essuya d'un air gêné. K se rassit avec un léger sourire, amusée à la vue des joues empourprées de son ami. Toutefois, quelque chose semblait sincèrement le préoccuper et se pencha un peu plus vers son ami avec une mine sérieuse, dans une posture d'écoute attentive qui l'invitait à lui confier ce qu'il avait sur le coeur. Et il ne tarda pas pas à avouer, d'une voix plus faible qu'auparavant, ce qui le tracassait. Avec une grande sincérité, la brunette hocha la tête à la négative et répliqua « Bien sûr que non Jace. » Kara Sparks n'était peut-être pas la plus sympathique des lycéennes de McKinley, ou même la meilleure des personnes tout court. Elle était vindicative, arrogante, moqueuse, parfois gratuitement mesquine. Mais il ne lui serait jamais venu à l'idée de se moquer de quelqu'un pour son inexpérience romantique ou sexuelle. Les choses ne se passent pas toujours comme prévu, l'opportunité ne se présente pas toujours quand on le voudrait et il faut parfois bien plus de courage pour refuser un geste qui n'aurait pas de valeur que pour s'adonner à un plaisir qu'on ne savourera pas pleinement. Et en l'occurrence, le fait d'être embrassé par quelqu'un d'autre était le signe que l'on plaisait et il n'y avait franchement pas matière à se moquer de cela. Et la Cheerio aurait été mal placée pour juger quiconque dans ce domaine, puisque ses entreprenants efforts n'aboutissaient pas tellement à ses fins. Little K arqua néanmoins un sourcil quand le jeune homme lui révéla que ce fatidique premier baiser n'avait pas été donné par une demoiselle. Le menton calé sur l'une de ses mains, elle observa un instant son ami sans rien dire, assimilant l'information. Qu'est-ce que cela voulait dire au juste? Jace était-il en train de subtilement faire son coming-out ou bien lui signifiait-il simplement qu'il avait été embrassé par un garçon? La gamine ne savait pas exactement quoi faire avec ses informations et tâcha donc de gagner du temps pour trouver une réponse en buvant quelques gorgées de chocolat.

Ses yeux bleus accrochèrent finalement le regard de Jace et, la tête légèrement penchée sur le côté, elle demanda simplement « Et c'était bien? » Prenant conscience que cette question pouvait passer pour de la curiosité malsaine, elle ajouta bien vite « Enfin, je veux dire si c'était ton premier baiser, autant que ça soit agréable quoi. Mais bon, si ça peut te rassurer, moi j'avais treize ans et pas la moindre idée de ce que j'étais sensée faire et c'est pas franchement ce qui m'a donné envie de recommencer. » Elle eu un sourire léger, repensant à ce cher Tommy qui avait été son partenaire dans cette première expérience, ma foi proche de celle de la sensation d'être passée à la machine à laver. Fort heureusement, il s'était amélioré et elle avait par la suite eu l'occasion de rencontrer des garçons plus aguerris et plus délicats. « Mais euh... » Il lui semblait grossier et intrusif de poser la question, mais il n'aurait sans doute pas aborder le sujet s'il n'avait pas voulu orienter la conversation de ce côté là. « Tu... hum... es attiré par les garçons? Genre, il te plaît ce mec ou c'était juste un concours de circonstances? » Jace et elle n'avaient jamais eu ce genre de discussions et elle ne se souvenait pas qu'il lui ai jamais confié l'un de ses coups de coeur ou la moindre question d'ordre romantique ou à propos des filles. Et il y avait peut-être une raison à cela. Un mince sourire en coin sur les lèvres, Kara posa une nouvelle question, soudainement sujette à une illumination. « C'était Henry? » Après tout, lui non plus n'avait jamais été vu en compagnie d'une demoiselle et ne semblait guère être intéressé par la nuée de Cheerio en minijupes qui lui tournait régulièrement autour. Little K avait des doutes depuis un moment, même si elle n'avait jamais cherché plus loin, puisque ce n'était pas ses affaires et, surtout, ne lui était d'aucun intérêt. Pour la forme, elle prit un air gêné et ajouta « Désolée, t'es pas obligé de me dire, ça me regarde pas. Et tu sais, je suis là pour toi hein. » La sexualité d'autrui était relativement indifférente à la lycéenne, qui aimait simplement savoir que l'indifférence d'un garçon à son égard était dû à ses préférences plutôt qu'à un manque d'attirance. Néanmoins, au fin fond de l'Ohio, les moeurs archaïques avaient parfois la vie dure, il lui semblait donc important de manifester son soutien à Jace, même si elle le faisait maladroitement et aurait été bien incapable de le conseiller. Elle voulait simplement que son seul véritable ami se sente suffisamment à l'aise pour discuter librement avec elle de cette question et qu'il sache qu'elle ne l'abandonnerait pas. Pour appuyer ses propos, la petite Sparks tendit la main vers le garçon pour serrer la sienne, dans un geste d'amitié renforcé par un large sourire. Il pouvait compter sur elle, ici à l'abri des regards emplis de jugement comme dans les couloirs aux milles oreilles de McKinley.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyLun 4 Aoû - 15:03

L'homosexualité n'était pas à proprement parler acceptée au sein de McKinley High. Les sportifs qui ne tenaient pas la distance lors des entraînements étaient taxés de tapette, de même que ceux qui n'avaient jamais couché avec une fille -ou simplement qui n'accumulaient pas les conquêtes. Quand aux élèves qui étaient tout simplement impopulaires, un peu plus petits que la moyenne, qui n'avaient pas encore ce débout de pilosité faciale particulièrement laide, ils étaient classés d'office dans cette catégorie. Jace était bien placé pour le savoir, « tapette » ayant été l'un de ses surnoms. Ce n'était qu'une insulte parmi tant d'autres, mais surtout le signe qu'il était devenu presque normal de dédaigner les garçons qui n'étaient pas virils et entourés d'un harem de filles en mini-jupe. Ceux qui assumaient leur homosexualité étaient rares, et selon les rumeurs, seule Sunny Palmer était véritablement au courant des garçons qui n'aiment pas les filles. Avec les règles tacites du harcèlement quotidien que les élèves populaires se devaient d'infliger à ceux qui n'étaient pas comme eux, il ne faisait pas bon afficher son homosexualité.

Jace ne s'était jamais vraiment posé la question. Jusqu'à récemment, à dire vrai, il ne lui était jamais arrivé d'avoir des doutes sur sa sexualité. Et puis Aidan était arrivé, avec son sourire en coin et sa tignasse blonde emmêlée. Jace avait craint d'avoir mal agi, de s'être comporté comme s'il était disponible, mais Aidan lui avait assuré du contraire. Ce baiser avait quand même pas mal remué Jace, faisant naître en lui des sensations nouvelles, et il devait bien l'avouer, très agréables. Il avait aimé cette perte de contrôle, et cette chaleur. L'espace d'un instant, il s'était demandé s'il n'était pas gay, ou au moins, comme Aidan, intéressé par les deux genres. Le reste de la soirée d'anniversaire d'Henry avait été consacrée à la recherche d'une réponse à cette question ; en fin de compte, en constatant que son regard était plus aisément attiré vers les poitrines des filles, que vers les silhouettes masculines, il en avait déduit que malgré cette première expérience riche en sensations, il était bien hétéro. Ce premier baiser resterait un bon souvenir.

Visiblement interloquée par la confession de Jace, Kara ne put s'empêcher de lui poser tout un tas de questions. Elle devait être confuse, comme le serait n'importe qui face à un aveu de ce genre. Jace la connaissait bien, il savait qu'elle ne l'aurait pas repoussé, quand bien même il était véritablement homosexuel. Elle le lui prouva en serrant sa main dans la sienne, en un geste de tendre amitié. Ce simple geste mit du baume au cœur de Jace, qui sourit. Kara avait beau parader dans les couloirs du lycée avec un air bravache, en arborant un uniforme qui la classait dans les élèves populaires, elle avait beau s'être taillée une réputation de mini-peste, Jace la connaissait mieux que tous les autres. Mieux que ses camarades Cheerios, mieux que les sportifs qui approuvaient sa façon d'agir, mieux que ceux dont elle se moquait parfois. Il eut conscience de la chance inouïe qu'il avait d'avoir su la percer à jour, d'être parvenue à s’immiscer sous sa carapace. Indifférent au regard des autres clients, et notamment des jeunes filles vertes de jalousie qui les observaient depuis leur entrée, Jace noua ses doigts à ceux de Kara. « Tu ne devrais pas être aussi mignonne avec moi, un jour je pourrais bien vouloir en profiter. » glissa-t-il avec malice, en levant un sourcil, parfaitement conscient cette fois de se monter un tantinet séducteur.
« Mais ce n'était pas Henry. Pourquoi, il est gay ? Aha, vu son côté macho, ça serait assez drôle. » s'exclama-t-il dans un rire en s'appuyant contre le dossier de son fauteuil. Henry faisait des ravages auprès de la gent féminine, et pourtant il n'avait aucune petite amie, du moins pas connue. S'il était attiré par les garçons, cela expliquerait beaucoup de choses. « C'était pas mal, mais après tout, qu'est ce que j'en sais ? » poursuivit-il sur le ton de la plaisanterie. Aidan avait plus d'expérience que lui, à n'en pas douter, et quand il comparait le baiser qui avait eu lieu dans les vestiaires, à celui qu'Aidan lui avait donné dans cette chambre, le second était tout de même nettement plus réussi. Jace s'était d'ailleurs fait la réflexion qu'il pourrait se servir de ce qui s'est passé pour sa première histoire avec une fille. « En tout cas, non. Je ne suis pas attiré par les garçons. C'est un chouette type, et on reste potes. » assura Jace en hochant la tête. « En fait, je crois que je ne peux pas résister aux jolies filles. » conclut-il, et, pris d'une impulsion subite, il approcha la main de Kara, qu'il tenait toujours dans la sienne, près de ses lèvres, pour y déposer un léger baiser. Il plongea son regard dans celui, azur, de la jeune fille, prolongeant cet instant, en songeant qu'il commençait à comprendre comment agir avec les filles. Puis la magie disparut, et Jace l'innocent refit surface. Il lâcha Kara, et se glissa le long du fauteuil pour se relever. « J'ai besoin d'une douche. Je te raccompagne ? » proposa-t-il en récupérant sa boite de chocolats.
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MessageSujet: Re: 04. It's getting more and more absurd   04. It's getting more and more absurd EmptyLun 25 Aoû - 21:40

Mignonne. Il la trouvait mignonne. Bien malgré elle, l'un des sourcils de Kara fut prit d'un élan indépendantiste et se dressa haut sur son front, dans une mine mi-perplexe, mi-dédaigneuse, qu'elle réservait d'ordinaire aux leçons de morale de Sara ou aux grands discours d'Amanda. Little K n'était pas certaine d'être satisfaite de ce qualificatif. Les chiots étaient mignons. Les enfants aussi, les petites filles aux joues rondes qui disent des choses drôles malgré elles, les petits garçons qui manquaient la balle lors de leur match de Little League. Mais ce n'était pas ce à quoi aspirer la jeune Sparks. Elle ne voulait pas être mignonne, percevant dans ce mot quelque chose de réducteur et enfantin, qui lui rappelait que la plupart des gens avec qui elle entretenait de bons rapports au lycée étaient plus vieux qu'elle. Elle n'était pas la gamine de service, qui bat des cils et sautille dans son uniforme de cheerleader avec la sensation d'avoir réussi sa vie. Elle n'était pas mignonne. La tentative de séduction plus ou moins sérieuse de Jace passa donc loin au dessus de sa tête brune, qui avait fait une fixette sur ce choix de mots malheureux. Le pire était sans doute que son ami ne verrait pas ce qu'il y avait de mal si elle lui faisait part de son mécontentement. La sensation de sa main dans la sienne lui parut brusquement désagréable et une vague de mépris la submergea. Ce garçon, avec qui elle avait toujours été honnête, qu'elle appréciait sincèrement et dont elle était si fière pour tout ce qu'il avait réussi à accomplit lui inspira un sentiment de dégoût aussi intense que bref. Il ne la comprendrait jamais, se dit-elle néanmoins, dans une attitude digne de l'adolescente rebelle théâtrale qu'elle était. Mais cette désagréable impression s'envola rapidement et, alors que la conversation progressait et que Jace revenait à la question de sa sexualité trouble, la chaleur emplit à nouveau le coeur de Kara.

Elle écouta donc attentivement les réponses de son ami, se contentant de hausser une épaule et d'une réponse laconique quant à la possible homosexualité de Watson-Brown. « Je sais pas, c'est juste que je l'ai jamais vu avec une fille. » Oh bien sûr il y avait eu les rumeurs de ses galipettes dans un placard avec Harper Pritchard, mais elle était plus encline à croire en la chasteté de cette cachottière de Candace qu'en cette rumeur-ci. A moins que miss Pritchard ne cache elle aussi incroyablement bien son jeu. La jeune fille secoua doucement la tête, chassant sa réflexion autour de la sexualité de ses camarades, qui était certes dans le ton de la conversation mais lui en faisait perdre le fil. Elle se pencha quelque peu en avant, écoutant plus attentivement les propos de Jace, qui l'informa que l'expérience avait été sympathique mais non concluante. Elle hocha brièvement la tête et laissa échapper l'air qu'elle avait contenu dans ses poumons sans s'en apercevoir. Little K mit cet état de tension sur le compte de la curiosité et d'une certaine appréhension à l'idée qu'elle aurait pu avoir un meilleur ami gay. Si pour certaines filles cela semblaient être le comble du bonheur, la Cheerio n'était pas certaine d'être prête à s'engager dans un sujet d'une telle ampleur. Bien sûr, elle aurait soutenu Jace, mais cela aurait été un lourd secret à partager ou une difficile cause à défendre à McKinley High. Elle était donc soulagée de ne pas avoir à se documenter sur le mouvement LGBT ou lire des pages et des pages de forums web pour décider de la bonne attitude à adopter. Sous ses dehors de sportive, à la frontière de la garce et de la bimbo, Kara était en effet une créature cérébrale, ayant un goût un peu trop prononcé pour la planification.

Sparks esquissa cette fois un sourire mutin quand Jace lui adressa un nouveau compliment et baisa sa main comme s'il sortait d'un roman de Jane Austen. C'était charmant et désuet, à l'image de ce garçon irrémédiablement gauche, malgré son sourire de pub de dentifrice et sa chevelure à défrayer la chronique. Il enchaîna alors maladroitement, laissant retomber sa main un peu abruptement et formulant étrangement sa proposition de la raccompagner. Le sourire de little K s'agrandit néanmoins et alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie, elle glissa son bras sous le sien et lui déposa une bise légère sur la joue. « Avec un peu d'assurance, les jolies filles ne te résisteront pas non plus, crois-moi. » ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Ils quittèrent ensuite le café, échangeant des plaisanteries et discutant comme si rien ne s'était passé, comme si leur relation n'avait pas été malmenée par l'ego de Kara. Tout était redevenu facile et naturel et nul doute que dès le weekend prochain, ils recommenceraient à courir ensemble les rues de Lima, leur amitié plus solide que jamais. Cette pensée réconforta la jeune fille, qui ne lâcha pas le bras de son ami jusqu'au pas de sa porte.
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