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| Sujet: 04. [NYC] Diva Mer 23 Avr - 17:27 | |
| En acceptant de participer au voyage à New York organisé par le lycée McKinley, Caitlin savait qu’elle aurait du pain sur la planche. Si les élèves ayant répondu présents n’étaient pas les pires spécimens du lycée, ils n’en restaient pas moins franchement indisciplinés. Les rondes du soir dans les couloirs de l’auberge de jeunesse rentraient dans la définition même du mot cauchemar. Entre les échanges de dortoirs et les désormais célèbres distributions de préservatifs de miss McCarthy, la jeune professeure d’Arts plastiques n’en finissait plus de faire les gros yeux, au point qu’elle ressentait une douleur vive sur son front. À croire qu’ils testaient sa patience, car il fallait ajouter à cela les écarts de conduite forts désagréables de miss Lloyd et de miss Sparks qui n’avaient pas trouvé mieux que de s’échapper d’une visite au MOMA pour aller faire Dieu sait quoi, Dieu sait où dans les rues de la Grosse Pomme, provoquant un vent de panique au sein de l’équipe éducative, à deux doigts seulement de faire appel aux autorités pour les retrouver dans la jungle New Yorkaise. Caitlin réfléchissait toujours à la punition sévère qu’elle réservait aux deux fugueuses, n’excluant pas la possibilité de remettre entre les mains de Norah Mann le soin de s’occuper de cette tache plus que fâcheuse pour la jeune femme douce, aux méthodes d’éducations sans pénalité, qu’elle était.
Ce soir cependant, tout semblait calme. Tout le monde avait rejoint son lit tôt, les lumières étaient éteintes et les souhaits de bonne nuit avaient été plus doux et sincères que les premiers auxquels elle avait eu droit en début de séjour. À la vue des dernières soirées mouvementées qu’ils avaient passées, Caitlin aurait dû s’inquiéter de ne voir personne rôder à pas de loup dans les couloirs étroits de l’auberge plongée dans un silence apaisant, mais la suspicion ne faisait pas partie de sa philosophie de vie. Elle laissait ça à Emma Pillsbury qui avait récuré les toilettes à la brosse à dents dès leur arrivée, farouchement convaincue que les pires germes du monde séjournaient dans la cuvette de cet endroit qui en avait vu défiler des adolescents ! Caitlin n’était pas rancunière pour un sou. Elle s’était fâchée plusieurs fois, se contraignait à l’impartialité et rien d’autre en matière de respect, elle faisait malgré tout confiance à ces jeunes gens qu’elle tentait de responsabiliser, rien de plus. Descendant tranquillement les marches menant jusqu’au rez-de-chaussée de l’établissement, elle se félicita d’avoir réussi à se faire respecter auprès des élèves en haussant le ton plus que de raison pendant le dîner. Il ne fallait pas s’arrêter sur les contraintes de la vie en communauté, car ce voyage resterait une expérience inoubliable pour ces jeunes qui, pour la plupart, n’avaient jamais quitté l’Ohio. Détachant ses cheveux noués en chignon au-dessus de sa tête, elle soupira de félicité en se souvenant de leur exaltation au moment où ils avaient atteint les hauteurs de la Statut de la Liberté. Ils avaient contemplé l’horizon pendant quelques instants, s’apercevant sans doute qu’ils n’auraient plus jamais l’occasion de revivre cette expérience à ce moment précis de leur vie. Plusieurs d’entre eux quitteraient le lycée dès la fin de l’année en cours, ils ne se sentiraient jamais aussi libres et invincibles qu’aujourd’hui.
Un peu fatiguée, Caitlin étouffa un bâillement entre ses doigts après avoir remis un peu d’ordre dans ses cheveux bouclés. En passant près de la conciergerie, elle jeta un coup d’œil rapide à sa montre. Il était passé dix heures du soir, c’était une bonne heure pour faire le point sur la journée. Elle espérait qu’aucun des élèves n’aurait l’idée de préparer une mutinerie après minuit, car elle redoutait de ne pas être capable de l’arrêter à temps. Elle avait sommeil. Ces nombreuses heures à marcher dans les rues de New York étaient épuisantes, mais bien moins que l’énergie qu’elle consacrait à ce que tout soit parfait, à ce que les élèves soient en sécurité et qu’ils repartent la tête pleine de bons souvenirs lorsque la fin du voyage sonnerait. Sans en faire trop (pensait-elle), Caitlin s’investissait corps et âme dans cette aventure et c’est sur cette pensée bonne pour son ego qu’elle tourna à l’angle de l’allée principale de l’auberge. Elle allait rejoindre la salle commune où l’attendaient ses collègues pour le petit rapport du soir. Un sourire accompagna son entreprise pour s’asseoir en face de Norah. Et tandis qu’elle jetait un regard aux alentours, enjambant le banc consolidé à la grosse table en bois, elle lui indiqua « Rien à signaler, l’extinction des feux a été respectée ; les moutons sont dans la bergerie. » Elle laissa échapper un petit rire en se frottant les yeux sans se soucier des traces éventuelles de maquillage qu’un geste pareil laisserait sous ses yeux bruns, puis elle laissa retomber lourdement ses avant-bras sur la table. Derechef, elle se raidit tout en cherchant Emma du regard. Elle ne manquait jamais le rapport du soir « Emma est déjà montée se coucher ? » demanda-t-elle et elle étouffa un autre bâillement, un très long bâillement, dans sa main « Quelle journée, je suis exténuée ! » |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Jeu 8 Mai - 14:07 | |
| L'air de New York réussissait à Norah. Malgré la fatigue et la tension nerveuse impliquées par la surveillance d'un troupeau d'adolescents surexcités, elle ne s'était jamais sentie aussi libre que depuis qu'elle avait posé le pied sur les pavés de Time Square. A voir les regards ébahis qui flottaient autour d'elle, accompagnatrices et lycéens confondus, elle n'était pas la seule à penser de la sorte, et les souvenirs de ce moment resteraient sans nul doute gravés longtemps dans leurs mémoires.
Le petit groupe avait maintenant depuis longtemps retrouvé ses pénates et le calme régnait dans les couloirs. Après avoir passé plusieurs heures à guetter des sorties impromptues entre les portes des chambres et celles des salles de bain (non mixtes, contrairement à ce que persistaient à penser certains élèves), la jeune femme pouvait maintenant profiter des quelques heures qui restaient dans cette journée pour souffler et se détendre. Les trois accompagnatrices s'étaient plutôt bien réparti le travail et les tâches et quand l'une manquait de répartie devant une attitude ou une bêtise (elles avaient très vite compris que si elles voulaient survivre à ce séjour, il leur faudrait tenir respectivement éloignés les uns des autres Candace McCarthy et Matteo Chester ainsi que Kara Sparks et Andie Lloyd), le reste de l'équipe encadrante intervenait immédiatement. Norah appréciait de travailler dans cette ambiance solidaire et constructive. A McKinley, la salle des professeurs se composait de groupuscules obscurs, préoccupés par des objectifs (leurs prochaines vacances, la meilleure façon d'obtenir une prime de fin d'année, la punition ultime qui ferait régner le calme dans la classe...) qui ne correspondaient pas à Norah. L'enseignement était pour elle une vocation et non un simple gagne-pain. Quand la liste des accompagnateurs avait été affichée de manière définitive, Norah avait été soulagée et ravie. Elle connaissait peu Emma, mais savait que sa dévotion auprès des élèves n'était plus à prouver, et Caitlin était une de celles qui l'intriguaient le plus, au lycée comme pendant les répétitions des SC. Ashandra se montrait peu tacite à chaque fois que son amie tentait d'aborder le sujet, laissant penser à la jeune femme qu'un passif peu glorieux les unissait. Ce séjour à New-York serait peut-être l'occasion d'en apprendre un peu plus.
Ce soir c'était d'ailleurs à Caitlin de faire le dernier tour de garde. Emma lui avait fait savoir qu'elle était trop fatiguée pour faire le bilan du jour avec elles, mais qu'elle n'avait heureusement rien à déclarer de son côté. Elles avaient revu brièvement le programme du lendemain avant que le téléphone de la conseillère d'éducation ne se mette à sonner. Son air attendri lorsqu'elle avait identifié l’émetteur de l'appel avait laissé entendre à Norah qu'il s'agissait certainement de son mari, et la professeure s'était éclipsée doucement, lui adressant un dernier signe de bonne nuit. La jeune femme descendit donc les escaliers et le couloir qui menaient de la chambre que les trois accompagnatrices partageaient vers la salle commune de l'auberge de jeunesse en se massant la nuque. Elle s'y retrouva étrangement seule avant de réaliser que tous les touristes, majoritairement des jeunes gens, devaient être de sortie ce soir. Tant mieux, il serait d'autant plus aisé de faire leur rapport sans être interrompues par des européens en vacances, déjà ivres avant de partir faire leur tournée des clubs new-yorkais. Elle adressa un sourire chaleureux à sa collègue quand celle-ci montra le bout de son nez. Elle avait l'air aussi fatiguée que ses deux compères mais aussi détendue qu'elles maintenant que le gros de la journée était passé. "Ouf" répondit Norah. "Je ne crois pas que j'aurais été en état de gérer une rébellion nocturne. Nous n'en sommes qu'à la moitié du séjour et je dois t'avouer que je suis déjà... Epuisée ! Emma en est au même point que nous, quand je l'ai quittée elle était amorphe mais prête à répondre vaillamment à l'appel téléphonique de son mari!" La jeune femme songea un instant que cela devait être agréable d'avoir la possibilité de raconter à quelqu'un à l'autre bout du pays tous ses petits tracas et belles découvertes du jour, puis reporta toute son attention sur Caitlin. "Elle n'a rien à déclarer pour ce soir m'a-t-elle dit. Rien de plus que les jours précédents. Rester vigilantes et prier pour qu'aucun de nos enthousiastes petits ne décide de se lancer dans une escapade imprévue comme certaines... Ou de sortir une fausse carte d'identité qui prouvera qu'il ou elle ont plus de 21 ans!" Si la jeune femme prenait le parti d'en rire maintenant, elle se rappelait encore les frissons d'angoisse qui l'avait parcourue quand elle avait appris la fugue d'Andie et Kara... "En tout cas je trouve qu'on forme une bonne équipe toutes les trois ! Plus que le proviseur Figgins, c'est notre directrice de chorale qui devrait être fière de nous... Elle aurait souhaité organiser une semaine d'adaptation pour les Second Chances qu'elle n'aurait pas mieux réussi" acheva-t-elle en souriant. Prise d'une envie soudaine d'un peu d'alcool pour faire passer sa fatigue et ses courbatures, Norah se leva en indiquant la cuisine adjacente dans laquelle elle avait laissé certaines de ses provisions. "Tu veux boire quelque chose avant qu'on ne passe en revue la journée et celle qui nous attend demain? Thé, tisane... Verre de vin?"
Dernière édition par Norah Mann le Dim 25 Mai - 21:54, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Jeu 15 Mai - 14:46 | |
| Il était encore trop tôt pour tourner en dérision la fugue d’Andie et de Kara. Cependant, Caitlin laissa échapper un rire qui s’unit à celui de Norah et elle secoua la tête en fermant les yeux, plus amusée que déçue par leur attitude au fond. Elle se souvenait de son adolescence comme d'un très mauvais moment à passer, alors quand elle regardait les élèves jouir de leur liberté, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir ce furtif sentiment doux-amer à l’idée qu’elle aussi aurait dû expérimenter plus de choses au cours de ce chapitre de sa vie au lieu de se contraindre de suivre les règles imposées par l’éducation religieuse qu’elle avait reçue. Son besoin de se démarquer du monde dont elle venait l’avait d’ailleurs poussée à postuler pour intégrer l’équipe des cheerleaders de WMHS. D’aussi loin qu’elle se souvienne, il s’agissait ici de son seul manquement à tous les préceptes inculqués par les sœurs de la Mogadore Christian Academy. Bien sûr, ce fut l’insubordination de trop car les conséquences de sa curiosité, Caitlin les avait largement payées en finissant alitée pendant des mois et coupée de sa meilleure amie qui avait refusé de la comprendre. Des regrets, elle en avait quelques-uns. Aussi, depuis qu’elle se considérait comme une véritable adulte, CJ ne mettait plus son entrée au sein des Cheerios dans la case des plus grosses erreurs de sa vie. Il était vrai qu’elle avait perdu beaucoup de choses en ralliant le côté jupette de la force... Elle avait surtout gagné quelque chose, escaladant des barrières qui lui semblaient alors infranchissables dans le monde étriqué d’esprit qu’elle connaissait. Ça lui avait permis d’asseoir la conviction que peu importe l’environnement dans lequel elle se trouvait, peu importe les gens qui l’entouraient et la pression qu’ils exerçaient, elle resterait fidèle à elle-même quoi qu’il arrive. Elle estimait que cette découverte valait bien quelques erreurs, parce que désormais, elle savait exactement qui elle était.
Le coude vissé à la table en bois, le menton posé dans le creux de sa main, Caitlin sortit de ses pensées au son de la voix de Norah, un sourit lointain rehaussant ses pommettes. La cohésion des accompagnatrices était quasi parfaite, comme elle le soulignait justement. Le principal Figgins n’aurait pu rêver mieux. L’œil droit de la jeune femme se plissa graduellement pendant qu’elle observait sa collègue, son éternelle expression gorgée d’intérêt accrochée à son visage. Cassandra avait émis l’idée que Caitlin garde un œil sur Norah lors de ce voyage. Caitlin n’avait pas refusé sans pour autant sauter au plafond à l’idée de devenir la cafteuse attitrée de miss Hamilton et lorsqu’elle regardait la plantureuse brune en face d’elle, elle ne comprenait définitivement pas le ton de méfiance qu’employait son ex-meilleure amie quand elle parlait de la chanteuse. Elle semblait tout aussi digne de confiance que les autres membres de la chorale – à son humble avis, elle l’était sûrement plus que l’infernale Joanna. Caitlin la jugeait par ailleurs plus fascinante que la plupart de ses consœurs car il émanait d’elle une confiance qu’elle enviait gentiment. Ce n’était pas pour rien qu’elle s’en remettait à elle quand il fallait hausser un peu le ton. Norah avait le don extraordinaire de faire filer droit toute l’assistance, à commencer par Jamie Ainsworth. Ce qui relevait presque du miracle. Un autre rire dépassa ses lèvres et Caitlin se redressa pour se lever en même temps que Norah qui lui proposait de quoi s’abreuver. Fatiguée, Caitlin fut à deux doigts de refuser, mais se remémorant tout le travail qu’elles avaient abattu au cours de la journée, elle jugea qu’elle méritait bien ce verre de vin qui lui faisait envie. Elle suivit Norah.
« Un verre de vin, s’il te plaît. » Elle franchit l’espèce d’entrée qui donnait sur la cuisine, puis alla ouvrir le réfrigérateur après avoir noué ses cheveux haut sur son crâne. Elle étudia le contenu des compartiments en penchant la tête sur le côté, les lèvres jointes dans une moue pas franchement convaincue « Hum, il reste de la mousse au chocolat, qu’est-ce que tu en dis ? » Elle s’empara du récipient en inox et planta son doigt au milieu pour venir goûter la mousse – trop amère – qu’elle reposa aussitôt « Mauvaise idée. » Elle laissa la porte se refermer, se léchant l’index du bout des lèvres. Se passant la langue à la commissure de sa bouche pour retirer l’excédent de mousse, elle pivota derechef sur ses pieds pour se retrouver face à la jeune femme et prit le verre de vin « J’ai pensé qu’on pourrait faire une entorse à notre planning de demain pour emmener les élèves voir un spectacle de rue dont m’a parlé le SDF qu’on a rencontré tout à l'heure à l’intersection de la 47éme et de Broadway. D’après lui, ces jeunes passeront à la télévision un jour, ça m’a donné envie d’y jeter un coup d’œil ! Il faudra juste que je vérifie le lieu sur le net et qu’on en discute avec Emma pour caler ça entre deux visites. » Elle marqua une pause pour boire une gorgée et l’avala tranquillement avant de répondre à la question que Norah se posait probablement « C’est en plein air et gratuit, évidemment ! Figgins n’en saura rien. Les gamins en prendront plein la vue. » Elle croisa les bras de façon à pouvoir poser son coude sur son autre poignet en ajoutant dans un sourire « Certain d’entre eux sont de très bons danseurs ! Comme toi d’ailleurs, où as-tu appris tout ça ? » conclut-elle naturellement, faisant référence aux démonstrations des talents de sa collègue pendant les répétitions des Second Chances. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Dim 25 Mai - 21:51 | |
| Il n'était pas vraiment recommandé ni sage de laisser traîner des effets personnels, encore moins de la nourriture, dans la salle commune d'une auberge de jeunesse, sous peine de les voir disparaître, tout simplement. Pourtant, toute l'équipe de McKinley était plutôt chanceuse depuis le début du séjour, et pratiquement rien de ce qui se conservait au frais n'avait disparu, certainement à cause des autocollants rouge et blanc à l'effigie du lycée que les enseignantes avaient apposé sur les emballages des victuailles. Si seulement elles avaient pu placarder les mêmes sur les élèves qu'elles supervisaient... Bien-sûr, elles avaient conseillé à ces derniers d’entreposer leurs biscuits et autres petites douceurs confectionnées ou achetées par des parents soucieux du bien-être émotionnel de leurs rejetons pendant ce séjour dans leurs chambres, mais de garder tout objet de valeur sur eux pendant les excursions. Passeports, argent, hors de question de laisser quoi que ce soit dans les dortoirs au cas où des pensionnaires mal intentionnés décident d'abuser des serrures qui fermaient à peine. Norah avait tout de même réussi à trouver un placard secret dans la cuisine et elle y avait laissé la bouteille de Bordeaux achetée discrètement au mini market du coin. Elle adressa un clin d’œil à Caitlin qui venait d'accepter sa proposition, et se leva pour aller chercher verres et bouteille. Sa co-accompagnatrice lui avait emboîté le pas et Norah, à son tour, examina son offre. L'air mi-dépité mi-dégoûté de sa collègue en goûtant la mousse au chocolat acheva de la convaincre de ne pas se laisser aller à la gourmandise, et elle se contenta donc de lui tendre un verre de vin, généreusement rempli, tandis qu'elle trempait ses lèvres dans le sien, non sans avoir fait mine de trinquer au préalable.
Appuyée contre le préfabriqué de la cuisine, Norah accueillit l'idée de la choriste avec surprise. Ainsi Caitlin se fiait à des sans-abri pour trouver des plans inattendus de visite de la ville ? Après tout pourquoi pas... Elle faillit lui demander en plaisantant si elle se promenait aussi la nuit dans Central Park mais il lui sembla que la professeure ne saisirait pas la nuance. Et puis le fait que Caitlin aie pris le temps de discuter avec cette personne indiquait à Norah qu'elle était d'autant plus digne d'admiration et d'intérêt, et qu'elle possédait une qualité dont l'afro-américaine ignorait tout : la confiance. Sa mère l'avait élevée dans la crainte. Celle de l'autre, des conventions, de Dieu. Et même si la charité et l'amour de son prochain faisaient parti des lois divines, Norah, loin d'être craintive, restait pourtant méfiante.
"Pourquoi pas?" professa-t-elle en reprenant une gorgée de vin pour se donner du courage. Agitant machinalement le liquide rubis qui se trouvait dans son verre, elle se faisait la réflexion que, finalement, oui, ce n'était pas du tout une mauvaise idée. Le programme établi par Figgins et l'équipe enseignante était pédagogiquement intouchable, certes, mais il pêchait à refléter l'incroyable variété culturelle que dégageaient les rues et la vie à New York. Voir la statue de la Liberté, le Rockefeller Center, bien sur qu'ils n'auraient pu rêver plus dépaysant, mais quoi de meilleur pour se frotter à l'essence même d'une ville que ses rues ? Et puis elle devait bien se l'avouer, elle-même, en tant que professionnelle du milieu, était curieuse de voir ce que cette bande de danseurs avait dans le ventre...
Il fallait s'y attendre. Norah s'était demandé en rejoignant les Second Chances si elle devait amoindrir ses talents de danseuse. Mais elle aimait trop ça, et était sans doute trop talentueuse pour réussir à les cacher, pas comme un certain shérif de sa connaissance... Cassandra n'avait pipé mot devant ses déhanchés époustouflants mais elle sentait le regard de la directrice de la chorale peser sur elle à chaque fois qu'elle se laissait un peu trop aller et s'emportait dans des mouvements trop suggestifs. La vérité c'est qu'elle avait tout appris devant les clips de ses idoles. La musique prenait une place prépondérante chez les Mann et des clips des Jackson Five regardés avec ses parents à ceux de Snoop Dogg avec ses frères, Norah avait pioché l'inspiration un peu partout. Et elle cultivait son don, comme l'appelait son père. Il serait bien déçu de voir à quoi elle l'employait aujourd'hui... "Je ne sais pas trop..." répondit-elle avec modestie. "La vérité c'est que j'adore ça... Je pourrais danser toute la journée, toute la nuit... D'autres jouent aux jeux vidéos, font du jogging... Moi je danse... Depuis toute petite, dès que la musique se lance, c'est plus fort que moi. Je suppose que j'ai appris comme ça..." acheva-t-elle en haussant les épaules. Elle n'avait jamais senti Caitlin plus à l'aise que ça lors des répétitions des SCs, aussi se permit-elle de la questionner à son tour, agitant ses cheveux pour dégager sa crinière derrière son dos : "Et toi ? Ce n'est pas trop ton truc ? Ou tu n'a jamais eu l'occasion de te lancer ?" Un sourire bienveillant flottait sur son visage. L'alcool aidant certainement un peu, c'était le moment des confidences. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Jeu 29 Mai - 14:35 | |
| Satisfaite de la réponse de Norah, CJ lui donna un sourire radieux avant de boire une lampée de vin. Piétinant dans la cuisine à la recherche du petit coin où elle se sentirait le plus à son aise, elle le trouva à peine une seconde plus tard. Situé entre le réfrigérateur et le placard le plus haut de la pièce, un vieux meuble en bois patiné dessinait un angle qu’elle jugea assez confortable pour lui servir de siège. Repoussant la corbeille de fruits qui était disposée dessus, elle se hissa pour s’y asseoir avec grâce, savourant son verre en regardant sa collègue d’un œil vif, la curiosité faisant naître en elle le besoin irrépressible de la questionner. Une fois que leur pause détente serait terminée, Caitlin se hâterait de consulter les pages Internet sur son ordinateur portable. Le sentiment grisant de transgresser les mesures répressives d’un principal Figgins aussi paranoïaque qu’avare l’empêcherait de trouver le sommeil et elle passerait le reste de la nuit à flâner virtuellement. Ses recherches l’informeraient sur les horaires d’exhibions des danseurs en question et peut-être qu’elle ferait chou blanc, mais mettre en doute la parole du sans-abri ne lui était même pas venue à l’esprit sur le moment. Quel intérêt aurait-il eu à se jouer d’elle de cette façon ? Il ne fallait pas voir le mal partout. Sans doute qu’un jour, la confiance qu’elle attribuait à chacun lui jouerait un drôle de tour. Pour l’instant en tout cas, CJ ne regrettait pas d’être aussi confiante et ne pensait pas aux conséquences de sa candeur bien dosée. On gagnait plus à s’ouvrir et à échanger qu’à craindre qu’une tuile nous tombe sur le nez. Quand bien même le monde était dur et sans pitié, la foi en son prochain était une valeur nécessaire pour s’épanouir. Elle avait perdu l’assurance qu’une divinité décidait de la façon dont le monde tournait mais elle avait acquis en échange cette incroyable croyance à l’égard des êtres humains. C’était eux qui faisaient tourner le monde, pas cette idole vertueuse à laquelle elle avait cru des années entières, piégée au sein d’un foyer à cheval sur le culte éternel.
Ses questions sur le talent de danseuse de sa collègue remplacèrent aussitôt la réflexion distraite dans laquelle Caitlin s’était retirée. Pendant qu’elle avalait tranquillement sa gorgée suivante, elle remarqua l’hésitation dans le ton de l’Afro-Américaine et cela lui fit ouvrir grand la bouche. Faisant claquer sa langue pour faire passer le goût acidulé de l’alcool, elle prit une moue faussement offusquée quand il lui sembla que Norah réfutait implicitement le don qu’elle avait en sa possession. Caitlin se força à ne pas partir dans un laïus encourageant, comme elle l’aurait fait avec l’un de ses élèves, sachant pertinemment qu’elle avait en face d’elle une femme accomplie et non une adolescente qui avait besoin qu’on la pousse à admettre sa destinée. Néanmoins, la désinvolture de sa collègue la chiffonna bel et bien et c’est avec la tête penchée sur le côté, le bord de son verre traînant négligemment sur l’ourlet de sa bouche pincée par la contrition qu’elle l’écouta parler. Elle n’avait pas à se sentir gêner d’aimer danser, songea-t-elle en emprunta une expression plus sévère, car la brunette était véritablement douée. D’après ce qu’elle avait compris en laissant traîner ses oreilles ici où là, elle faisait des envieuses au sein des Second Chances et Caitlin le comprenait sans mal aucun. Aussi, son interrogatoire innocent se retourna contre elle et la jeune femme arrondit ses grands yeux pour fixer Norah avec incrédulité. Un petit rire franchit sa bouche, et alors qu’elle se demandait s’il était utile de se lancer dans des confessions sur son passé et ses aptitudes, elle comprit qu’elle devait bien quelques secrets à sa collègue qui venait de lui conter la naissance de sa passion pour la danse. Caitlin releva la tête en glissant une mèche invisible derrière son oreille.
« J’ai fait un peu de danse classique quand j’étais petite, et ensuite, je suis entrée dans l’équipe des cheerleaders de mon lycée. Même si je reconnais que le cheerleading et un sport à part entière, ça n’a rien avoir avec de la danse. Et puis notre coach de l’époque n’était pas vraiment une danseuse. » Lui indiquer qu’elle parlait de Sue Sylvester et des Cheerios de WMHS s’avérait superflu de l’opinion de la jeune femme qui sourit en déposant son verre sur le meuble, juste à côté de sa hanche. L’image d’une coach Sylvester vêtue d’un justaucorps et d’un tutu rose pastel s’imposa alors à elle, et pour détourner son attention de ce tableau d’une beauté toute relative, elle continua, des sourires dans la voix « Je suis plus gymnaste que danseuse moi-même. Je sais faire le grand écart, si tu veux tout savoir ! » Elle rit une autre fois en croisant les jambes. Elle savait aussi mettre son pied derrière sa tête en chantant la Bannière étoilée, mais il valait mieux qu’elle garde quelques cartes dans son jeu, pensa-t-elle avec malice « J’aurais aimé savoir danser comme tu le fais. Je suis un peu raide, d’après Joanna. » Caitlin baissa légèrement la tête, prise d’un petit sentiment d’infériorité qui lui fit perdre graduellement le sourire. Elle n’était pas la meilleure danseuse de la chorale mais elle savait bouger, et le fait que Joanna mette encore une fois en doute son utilité au sein des Second Chances la blessait. Pourtant, elle comprenait et préférait cent fois que Cassie mette en avant les recrues vraiment douées pour remuer en rythme, ce n’était pas indispensable d’humilier les autres cependant. Sortant de ses songes, la brunette sauta du comptoir de la cuisine, laissant son verre à moitié vide derrière elle. Elle lança un regard circulaire à la salle commune et ses yeux plissés s’arrêtèrent sur une radio à l’ancienne, dissimulée dans le coin de l’étagère à épices. Caitlin retourna la tête vers Norah, la gratifiant d’une œillade pleine de ruse et elle lui toucha furtivement l’épaule avant d’aller prendre la radio en question. En la posant sur le plan de travail, elle dit à sa collègue « Tu danserais pour moi ? » Caitlin pencha la tête, accordant à la jeune femme un regard par-dessous ses cils. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Lun 16 Juin - 15:39 | |
| Norah grimaça quand Caitlin lui rapporta l'opinion plus ou moins avisée de Joanna. Ce seul prénom suffisait à la crisper tant l'adjointe de la directrice de la chorale lui semblait éloignée des besoins des Second Chances en matière de coaching et d'épanouissement de groupe. La brunette semblait décidée à insuffler à chacune de ses actions un vent de discorde et de dénigrement individuel tout particulièrement appliqué aux choristes féminines que Cassandra Hamilton peinait par la suite à dissiper. Les plus "impressionnantes "des SCs (Robin, Maya, Norah elle-même...) ou bien les plus "insouciantes" (Charlie et Lexie) se débrouillaient pour passer entre les gouttes, mais elle menait la vie dure, d'une façon ou d'une autre, aux Ashandra, Caitlin et autres Christabella... Ainsi qualifiait-elle Caitlin de raide... Il apparaissait surtout à Norah que Caitlin avait besoin d'une bonne dose de confiance en elle ! "Wow du cheerleading... C'est quelque chose que je n'aurai jamais envisagé pour ma part... Non pas que j'aurais eu mes chances de faire partie de l'équipe du lycée de toute façon, j'étais un peu trop concentrée sur mes cours pour que la coach ne s’embarrasse de moi !" Enhardie par cette ambiance chaleureuse et amicale, peut-être également soucieuse de tendre à Caitlin quelques perches de confiance en soi, Norah se laissa aller à des confidences supplémentaires : "Malgré mes bons résultats, je ne faisais pas tout à fait partie des outsiders... J'étais plutôt bien vue des filles populaires parce que je ne leur coupais jamais l'herbe sous le pieds avec les athlètes, ils ne m’intéressaient absolument pas, et les garçons en général me respectaient, ou m'ignoraient, je ne l'ai jamais vraiment su, parce que j'avais trois grands frères peu fréquentables qui avaient fait leur preuves auprès de la police et des caïds du quartier..."C'était une façon un peu cavalière de résumer ses années lycée mais la jeune femme avait véritablement passé une adolescence sans encombres, simple mais heureuse, jusqu'à ce que la maladie de son père ne prenne toute la place et que des décisions d'adulte ne s'imposent l'été qui précédait son entrée à l'université. Espérant avoir gagné un peu plus les faveurs de Caitlin, elle poursuivit avec humour : "Je suis donc certainement capable de faire le grand écart..." Et elle le faisait au moins une fois par semaine au cabaret... "Mais totalement incapable de me lancer dans une pyramide humaine ! Je sais que se déhancher jusqu'à dégouliner de sueur, c'est beaucoup moins impressionnant, mais à chaque fois, ça me laisse épuisée et pleine de bonnes ondes ! Il n'y a rien de sorcier tu sais, il faut juste se laisser guider par la musique... Et ne pas avoir peur du ridicule !"Assoiffée par ces épanchements, Norah se servit une rasade de vin supplémentaire pendant que Caitlin sautait du comptoir à la recherche d'un mystérieux objet. Lorsqu'elle se saisit d'une radio que Norah n'avait même pas remarquée, la jeune femme l'observa d'un air amusé et partit d'un franc éclat de rire quand sa collègue lui fit une proposition des plus inattendues. D'ordinaire c'était des hommes, d'un certain âge ou plutôt éméchés qui lui faisaient ce genre de demandes... L'afro-américaine jaugea à son tour l'espace qui les entouraient. Si elle poussait les tables et se servait d'une chaise comme support, elle pourrait sans doute se livrer à un petit numéro pas trop mal. "Hum... Pourquoi pas ?" lança-t-elle pour la deuxième fois de la soirée. "Si tu arrive à faire marcher cet engin et que je dégage un peu de place par ici..." commença Norah en déplaçant une première table. "Tu pourras te servir du banc pour t'asseoir... Ah et je vais pousser la porte aussi, annonça-t-elle, joignant le geste à la parole, "Ce serait dommage de réveiller ces pauvres petits lycéens endormis... Remarque, ils sont tellement épuisés par leur journée que je doute qu'ils entendent quoi que ce soit depuis l'étage !"Elle tamisa la lumière, félicitant intérieurement les propriétaires de l'auberge d'avoir installé un interrupteur variateur, puis enleva son pull, dévoilant un débardeur et ses formes avantageuses. Elle laissa Caitlin s'occuper de la musique tandis qu'elle même prenait place sur la chaise, dos à sa spectatrice, non sans avoir avalé une dernière gorgée de vin. "Prête?" demanda Norah et elle se lança dans une version improvisée et corrigée d'un de ses numéros au cabaret, la tenue ravageuse et les accessoires en moins. - Spoiler:
Essouflée par son spectacle de fortune, Norah reprit un peu d'air en prenant appui sur ses cuisses et elle adressa un large sourire à Caitlin entre deux respirations. "J'ai trouvé mieux que le grand écart pour faire un échange de bons procédés", annonça la danseuse tandis qu'elle rejoignait l'autre Second Chances. Elle désigna la chaise du menton : "A toi de faire le show !"La professeure d'anglais attrapa la radio et l'installa sur le banc à côté d'elle, prenant un ton plus encourageant : "Tu peux choisir la musique si tu préfères" proposa Norah en agitant son téléphone, récupéré depuis le comptoir, tout comme le verre de vin. "Et si je sens que tu flanches, je viendrai en renfort", assura-t-elle sans une once de paternalisme et avec un clin d’œil encourageant. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Mer 18 Juin - 16:35 | |
| À l’écoute du récit des jeunes années de Norah, CJ pencha sensiblement la tête sur le côté. Faisant très doucement remuer le liquide couleur rubis dans son verre qu’elle tenait fermement entre ses doigts, elle paraissait fascinée par les mouvements du vin contre les rebords transparents et pouvait presque entendre la musique entêtante de cette routine imprévue. Elle était tout attentive en réalité, prête à partager quelques secrets avec sa collègue de travail. Lorsqu’une observation la fit tiquer, et de fait, cligner les yeux d’hébétude. Enfin, reprenant distraitement ses esprits, elle affronta le regard de l’afro-américaine en se demandant : Comment était-elle supposée respecter une certaine cohésion de groupe quand elle s’apercevait avec un temps de retard qu’elle ne connaissait absolument pas ses coéquipières des Second Chances ? À l’exception d'avec ses anciennes camarades de classe, Cassandra, Grace, Christabella et même Lexie, Caitlin n’avait jamais entretenu de réelle conversation avec les autres femmes de la chorale, avec Warren et Larry encore moins. Quand elle voyait les Urban Hymns qui semblaient si proches et les Awesome Voices qui, à défaut d’être dirigés par une mégalomane notoire, donnaient au moins l’impression de bien s’entendre, les Second Chances lui apparaissaient comme un poison dans un joli flacon, une machine de guerre ayant pour couverture leur croyance et leur dévotion pour le Seigneur, leur permettant ainsi de gommer à la face du monde leurs dysfonctionnements qui existaient pourtant. Son jugement devait probablement être grugé par l’accueil qu’elle avait reçu en les rejoignant mais assez justement, elle se demandait si les moments qu’elles passaient toutes ensemble n’étaient pas biaisés par la compétition qui faisait rage en temps de championnat. Après tout, Cassandra lui avait bien demandé de surveiller Norah lors de leur séjour à New York, ça prouvait quelque part que la puanteur des faux-semblants se cachait derrière le parfum délicatement sucré des vestales. Caitlin cligna de nouveau des yeux, car il était tard maintenant et qu'elle avait bu trop de vin pour faire une analyse poussée de ses observations fumeuses. Aussi vite qu’elles étaient venues d'ailleurs, ses interrogations se dissipèrent et les conseils de Norah lui firent ébaucher un sourire un tantinet gêné.
« Je crois pouvoir la faire fonctionner ! » pépia-t-elle avec une certaine excitation dans le ton après avoir proposé à sa collègue de danser pour elle. Tâtant les boutons de la vieille radio qu’elle avait récupérée dans un coin de la pièce, Caitlin fronça les traits de son visage pour se concentrer sur sa tâche ardue. Elle ne mit pas longtemps à trouver le moyen de faire fonctionner l’antiquité, cependant, et prenant fait de la façon dont Norah avait arrangé la grande pièce, la jeune femme alla s’asseoir avec bienséance sur le banc qu’elle avait repoussé. Tournant les pivots pour trouver une station qui ne grésillait pas, elle monta le volume une fois qu’elle eut trouvé le rythme approprié. CJ laissa passer quelques secondes, puis son attention se concentra d'elle-même sur les premiers mouvements de sa collègue. Norah avait bien fait de pousser la porte, car le premier adolescent qui se serait aventuré près de la salle commune ne s’en serait jamais remis ; le principal Figgins en aurait fait une attaque ! Ce n’était pas vulgaire, ça rappelait à Caitlin d’anciens numéros de cabaret qu’elle avait déjà eu l’occasion de voir. La féminité du numéro de danse de Norah était telle que la brunette l’envia d’être aussi à l’aise avec son corps. Elle pouvait l’être bien sûr, elle avait tous les atouts nécessaires pour rendre le moindre tour sur elle-même, le moindre balancé de cheveux sensuels, et tandis que ses principes bien pensants lui soufflaient de détourner le regard par pudeur, elle ferma ses oreilles pour mieux suivre avec une curiosité saine l’évolution de sa chorégraphie qu’elle pensait improvisée.
Sitôt son numéro terminé, Caitlin tapa dans ses mains en se levant pour faire honneur à la danseuse. « Tu devrais démissionner ! » affirma-t-elle en secouant la tête de droite à gauche, la mine ébahie par tant de talent « Tu devrais quitter McKinley, rester à New York et auditionner pour faire un show à Broadway ! Ou alors, monter ta propre école ! Rejoindre une compagnie, faire quelque chose en rapport avec la danse ! » Repoussant ses longs cheveux bruns dans son dos, Caitlin cessa d’applaudir en s’apercevant qu’elle faisait beaucoup trop de bruit et c’est en ayant considérablement baissé la voix qu’elle reprit en s’avançant tout droit vers Norah « Je suis très sérieuse. Tu as du talent, je ne comprends même pas que tu sois juste une choriste. Tu devrais assister Maya dans l’élaboration des chorégraphies des Second Chances, j’aimerais savoir danser de cette façon ! » répéta-t-elle pour la seconde fois, son ton opérant quelques variations plus aiguës tant elle était exaltée par le numéro auquel elle venait d'assister. Elle s’en mordit les doigts bien vite, toutefois, car aussitôt, elle fut enjointe à rejoindre le devant de leur scène de fortune ; il semblait que son tour était venu. Pour faire bonne figure, Caitlin fit plusieurs pas et s’assit sur la chaise, raid. Elle se contenta de croiser les jambes et les bras en disant avec une précipitation enfantine « Je peux chanter, mais je ne peux pas danser. Ça ne colle pas vraiment à ce que je suis. » Subrepticement, ses mâchoires se durcirent alors qu’elle prit compte que ses paroles pouvaient être mal interprétées par sa locutrice. Décroisant jambes et bras d'une façon désordonnée, elle faillit s’élancer en avant pour rattraper son erreur, mais tout ce qu’elle put faire, fut de se répandre en paroles « Je ne dis pas que ça colle à ce que tu es ! Ça n’aurait rien de péjoratif de toute façon ! Je veux juste dire que je suis trop… sage pour remuer mon… enfin tu es peut-être aussi sage que moi, je ne te connais pas dans le fond ! » Elle s’enfonçait. Seulement, au lieu de la faire paniquer, cette constatation la fit éclater d'un rire cristallin – le vin, sans doute. Posant ses doigts sur sa bouche, Caitlin se leva de la chaise et d’un air un peu vaporeux, elle chuchota en direction de Norah, cachant sa bouche avec sa main « Je suis un peu pompette. » |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Mar 1 Juil - 21:09 | |
| Devant l’enthousiasme de Caitlin, Norah n'avait pu s'empêcher de rire. Elle lui faisait penser à une petite file qui aurait soudainement découvert que la porte de son armoire menait vers un monde magique et merveilleux : surexcitée, appréciative et intarissable, elle ne s'arrêtait pas de vanter les mérites de sa coéquipière. Tandis que la brunette baissait le ton, sans doute inquiète à l'idée de réveiller les troupes endormies à l'étage, l'afro-américaine, elle, se contentait de secouer la tête doucement. "Non... Tu es gentille de dire ça, vraiment, merci... Mais je préfère que cela reste un plaisir. C'est mon jardin secret en quelque sorte... Je ne m'en cache pas... mais je ne l'expose pas inutilement !" Caitlin ne pouvait pas savoir que Norah, sous ses atours de jeune femme BCBG au maintien parfait, se livrait déjà à des activités extra-scolaires liées à la danse, peut-être pas aussi nobles que celles auxquelles pensait la professeure d'arts plastiques cependant. Si le cabaret et ses numéros n'avaient pas fait partie intégrante de sa vie, peut-être que Norah aurait adoré prendre des cours, éventuellement rejoindre une troupe... Ou peut-être pas. Quand elle voyait la passion et l’énergie que mettait Maya dans les chorégraphies des Second Chances, elle retrouvait plutôt celles qu'elle mettait au quotidien dans ses cours. La danse n'avait été qu'un atout supplémentaire que Dieu avait mis sur sa route pour éviter à sa famille de se retrouver dans la misère et dans la honte à la mort de son père. "Je n'assisterai pas Maya, elle se débrouille très bien sans moi..." commença Norah avec malice "Mais je veux bien t'assister dans la réalisation de tes talents de danseuse !" acheva-t-elle en faisant mine de pousser gentiment Caitlin vers la chaise d'un geste de la main. Elle la regarda s'installer, prête à se précipiter au moindre signe d'hésitation.
L'alcool que les jeunes femmes partageaient depuis quelques minutes ne devait certainement pas aider la petite brune à se sentir à l'aise. Elle bafouillait, enchaînait les mouvement désordonnés et se releva précipitamment après avoir proféré des paroles qu'elle avait du juger blessantes. Norah n'avait pas relevé. Elle comprenait ce que Caitlin avait voulu dire. Pour elle, il y avait un décalage entre les actions, les mots et les attitudes. Ce qu'il fallait faire, dire, être, tout semblait devoir être lié. Norah, même si elle passait son temps à contredire le chemin de vie idéal qu'elle se traçait, comprenait ce besoin de se glisser dans des cases, au combien rassurante. Cela lui rappelait l'une de ses toutes premières discussions avec Key, quand son ami avait mis à jour le secret de sa double vie, alors qu'elle s’efforçait de le maintenir intact. La professeure d'anglais qu'elle était, chic, pédagogue, pieuse, droite et irréprochable ne pouvait passer deux de ses soirées au cabaret, occupée à dénuder son corps plutôt qu'à former de jeunes esprits. La jeune femme ne reniait rien, elle cachait tout, et peut-être était-ce encore pire... Norah se leva à son tour et se rapprocha, prenant les mains de la choriste entre les siennes pour l'apaiser et la faire taire : "Non, non, non, non, non, on n'abandonne pas ! Je ne l'ai pas mal pris, rassure toi, je comprends tout à fait ce que tu veux dire... D'ailleurs moi non plus, ça ne me ressemble pas de savoir danser comme ça", expliqua-t-elle avec un sourire complice. "Quand tu me vois arriver à McKinley, est-ce que tu te demandes si je suis capable de relever une battle de hip hop? Et quand je chante aux répétitions, est-ce que tu m'imagines en train de surveiller les lycéens en plein examen de fin d'année ? Ou de cuisiner des lasagnes aussi bien qu'une vraie mama italienne ? Pourtant, je peux être tout ça à la fois..." Elle s'interrompit, sans pour autant lâcher Caitlin. "Ce que je veux dire, c'est que nous sommes tous composés d'une multitudes de facettes, d'atouts, de défauts, de qualités... Ce que tu représentes au quotidien n'est pas forcément incompatible avec le fait de développer de nouveaux aspects de ta personnalité... Si?" demanda-t-elle avec un clin d’œil. La radio jouait toujours. Norah tira une nouvelle chaise qu'elle plaça à coté de celle sur laquelle se tenait Caitlin seulement quelques instants plus tôt. L'afro-américaine s'y installa. "Je suis aussi sage que toi Caitlin, je te le promets. Mais je suis beaucoup moins sûre de moi en ce qui concerne mes capacités vocales. Si tu penses que tu peux chanter mieux que ce que tu ne peux danser alors chante... Rien ne t'empêche de le faire depuis cette chaise, pendant que moi je danse... Et de te laisser emporter par le rythme si tu en as envie !" La choriste jeta un regard vers la porte de la salle commune qui s'était subrepticement un peu plus entrouverte, sans doute poussée par les appels d'air provoqué par l'agitation qui envahissait la salle, puis reporta toute son attention sur sa co-accompagnatrice, vigilante au moindre signal pouvant signifier que le spectacle allait commencer. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Jeu 24 Juil - 22:46 | |
| Ce qu'elle venait d'entendre contrariait CJ. Personne n'exposait ses talents inutilement, comment Norah pouvait-elle penser de cette façon ? Faire profiter autrui de ses aptitudes, qu’elles soient artistiques, sportives ou intellectuelles, était une preuve d'altruisme pur qui, comme des tas de choses en réalité, touchait beaucoup Caitlin. Dévoiler ses talents, c'était proche de l'intime ; exposer ses facultés, c'était comme ouvrir une porte derrière laquelle se cachent votre vraie personnalité, vos espoirs et vos mystères. Alors, bien que contredite dans sa façon de penser, à moins que ce ne soit l'agacement dû à l'utilisation maladroite d'un mot qui, à son humble sens, n'avait rien à faire dans leur discussion, quand sa collègue de travail minimisa ce qu'elle appelait son jardin secret, une expression de profonde compassion teinta les traits équilibrés de son visage subtilement empourpré par le vin. Caitlin lui sourit. Néanmoins, sous ce sourire sincère, une pointe de mécontentement perça. L'épaisse couche veloutée tapissant son cœur se dissocia légèrement, et tout en rejoignant la chaise que Norah venait de quitter, elle se mit à méditer sur ses propos. Si tous les artistes pensaient comme l'afro-américaine, l'art en lui-même n'existerait pas ! Car quoi de plus inutile que de tracer des lignes disloquées sur une toile vierge ? La brunette n'imaginait pas son monde sans être assaillie de toute part par le talent de son prochain, c'était l'une des raisons qui l'avait menée jusqu'à l'enseignement tortueux des arts plastiques. On pouvait bien se moquer de sa matière, la réduire à une vaste supercherie, une extravagance au sein du monde très sérieux de l'éducation nationale américaine, mais Caitlin, elle, ne subissait pas le vice de la routine. Tous les jours depuis l'obtention de son diplôme universitaire, elle avait à faire à d'apprentis peintres, sculpteurs, et autre créatifs qui lui présentaient chaque fois, sans exception, des travaux qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voir auparavant. La nouveauté, c'était sa petite routine à elle. Dans son environnement, personne ne pouvait en dire autant, ils étaient tous trop occupés à se désoler de la monotonie de leur classe, en plus de celle de leur quotidien. Il n'y avait aucun danger pour que la jeune femme se lasse de sa matière, et entrevoir les centaines de milliers de nouvelles esquisses qui passeraient sur son bureau ces prochaines années nourrissait un peu plus la passion dévorante qu'elle mettait pour transmettre ce qu'on lui avait appris.
D'un côté, Norah semblait tenir farouchement à ce que ses facultés de danseuse restent secrètes, mais de l'autre, elle poussait férocement sa consœur à sortir de sa coquille. Il y avait dans son attitude une douce saveur de contradiction qui titillait plus encore la curiosité bien installée de la jeune professeure. Le fait qu'elle lui énumère les quelques incompatibilités entre son comportement irréprochable et ce qu'elle était capable de faire dans sa vie courante la fit se redresser de sa chaise pour mieux s'accrocher aux longs doigts de sa locutrice, que Caitlin ne quitta pas des yeux.
« Je ne sais pas. » lui répondit-elle d'une toute petite voix en lui lâchant les mains cette fois. À 24 ans, Caitlin n'avait pas d'autre aspiration que de former des jeunes à s'épanouir dans une ville à la réputation sordide pour se donner l'impression d'être utile, d'exister enfin comme une personne à part entière, et pas comme l'ombre d'une amie qu'elle avait tant aimée, mais qui l'avait abandonnée à la première erreur venue. À l'exception de la curiosité maladive qu'elle avait besoin de contenter en permanence, elle ne songeait pas vraiment à développer de nouveaux aspects de sa personnalité. Tellement ancrée en elle qu'elle avait parfois l'impression d'être née programmée pour être comme elle avait toujours été, sa personnalité était sa signature, la seule chose qu'elle avait pour elle avec... sa voix. Se mordant doucement la lèvre, elle lança à cet instant précis un regard par-dessous ses cils à Norah, s'amusant de la synchronisation de leurs pensées, puis dégageant son visage de ses cheveux sombres, elle prit une forte inspiration pour pouvoir annoncer. « Très bien, je vais chanter. » Faisant craquer les jointures de ses doigts en les tordant devant elle, elle désigna ensuite la radio du menton, enjoignant Norah de l'éteindre. Une fois que ce fut fait, que le silence enveloppa la pièce aussi délicatement que tangiblement, elle commença a cappella.
« Something always brings me back to you, it never takes too long. No matter what I say or do, I'll still feel you here 'til the moment I'm gone. » Danser sur une chanson aussi douce n'était pas chose aisée et dans un sourire timide, elle s'en excusa auprès de la jeune femme. Toutefois, Caitlin avait choisi de fredonner sur la première mélodie qui avait surgi dans son esprit. Norah voulait qu'elle s'exprime, elle le faisait en s'accompagnant de ce qui la mettait le mieux en valeur, et cette balade faisait ressortir toute la douceur qui était sienne, toute la fragilité qui émanait de son corps qu'elle avait si souvent malmené, mais qu'elle avait appris à aimer. S'autorisant à faire des coupes dans la version originale, elle enchaîna le refrain à peine quelques secondes plus tard. « Set me free, leave me be, I don't wanna fall another moment into your gravity. Here I am and I stand so tall, just the way I'm supposed to be. » Une main posée sur son abdomen, elle se détourna pour embrasser du regard l'assemblée invisible. Fermant graduellement les paupières, elle se laissa transporter en faisant le vide autour d'elle « But you're on to me, and all over me. » Oubliant l'endroit où elle se trouvait et les raisons qui la poussaient à prouver qu'elle n'était peut-être pas aussi prévisible que tout le monde – elle y comprit – le pensait, Caitlin se laissa aller. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva Lun 15 Sep - 0:17 | |
| D'ordinaire c'était Norah qui faisait le show. Dans sa classe et devant ses élèves d'abord, en leur récitant à toute vitesse les vers de tel ou tel sonnet de Shakespeare. Avec sa famille et ses amis, en imitant à la perfection les mimiques de Michael Jackson dans Bad. Au cabaret enfin, où elle hypnotisait l'audience avec un mélange de chorégraphie langoureuse et un air de dominatrice mécontente. Cette fois c'était elle qui se retrouvait dans la position de spectatrice et elle s'en trouvait d'autant plus ravie que Caitlin lui semblait pleine de talents cachés. La jeune femme ne s'était pas faite prier pour éteindre la radio a la demande de sa collègue de travail et elle attendait que la petite brune se lance, retenant presque son souffle.
Caitlin ne se mettait jamais en avant aux répétitions des Second Chances. Norah sentait une faille qu'elle n'osait explorer. Autant il serait facile de faire exploser de rire une Charlie ou un Warren en plein milieu d'un solo, de faire expliquer à une Lexie à Grace Hamilton le plus sérieusement du monde et en gardant son sang-froid pourquoi tel ou tel costume qu'elle avait choisi était atrocement laid, autant Caitlin restait sagement en retrait, un mystère vertueux et raisonnable. Pourtant, ce soir, elle osait se dévoiler un peu, sortir du chemin de briques jaunes, et Norah réalisait à quel point elle était heureuse de ne pas être passée à côté d'elle.
La chanson entamée par la choriste était une ballade, tout à fait dans la teinte musicale des SC. L'afro-américaine sourit en constatant à quel point elle collait à la peau de Caitlin. Elle lui fit un clin d'oeil pour lui signifier qu'elle ne lui en voulait pas d'avoir modifié les règles du jeu et appuya son visage contre son menton pour se laisser aller à écouter encore plus attentivement. Le vide se fit autour de Norah tandis que Caitlin enchaînait avec le refrain. Elle n'était plus dans l'auberge de jeunesse, plus à New York, mais dans le cocon que la chanteuse lui tissait avec sa voix.
Quand Caitlin souffla la dernière note, ce fut au tour de Norah de se lever et d'applaudir à tout rompre : "Et tu me reproches à moi de cacher mes talents ? Il faut que tu chantes un solo à la prochaine compétition ! J'ignore absolument ce que Cassandra et Joanna ont dans les oreilles et pourquoi elles ne te mettent pas en avant plus souvent, mais tu es celle qui peut nous faire gagner les Sectionals !" Elle avait presque crié devant cette subite révélation puis avait baissé la voix, se rappelant que les murs de l'auberge étaient presque aussi fins que du papier à cigarette, ce qui arrangeait considérablement les affaires des accompagnatrices, qui n'avaient qu'à suivre les bruits de couloir pour arrêter toute mutinerie en préparation ou tout bavardage nocturne intempestif. "Non, sérieusement Caitlin... Compte sur moi pour défendre ton talent lors du prochain debriefing... Si tu m'y autorises bien sur !" Norah ne souhaitait pas mettre sa collègue mal à l'aise, c'est pourquoi elle avait tenu à nuancer ses propos, mais sa décision était prise : il fallait que Caitlin prenne le devant de la scène avec les SC. La professeure ne l'avait jamais vue aussi épanouie et sereine que pendant sa performance. Un grincement provenant de l'étage ramena la jeune femme à la réalité : au dessus de leurs têtes dormaient une dizaine de lycéens, certes épuisés par le programme du jour, mais potentiellement prêts à tout pour profiter de New York et échapper à la surveillance des enseignantes. "Humhum... J'espère que ce n'est Emma qui se demande où nous sommes... Tu tentes une virée dans les couloirs pendant que je range tout ça ?"demanda-t-elle en désignant d'un mouvement circulaire le désordre savamment orchestré par les jeunes femmes, tables déplacées et verres de vin compris. "Je te rejoins dès que j'ai fini ! Et on reprendra ce petit échange de bons procédés demain soir ? Si notre entorse programmée au programme nous le permet ?!"ajouta-t-elle avec un petit clin d’œil complice. Joignant finalement le geste à la parole, Norah se dirigea vers l'évier pour se lancer dans une vaisselle sommaire mais efficace, continuant de guetter d'une oreille d'autres signes d'agitation. |
| | | | Sujet: Re: 04. [NYC] Diva | |
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