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 04. Visions' blending

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Lyle Dean-Ewers
Lyle Dean-Ewers
People accuse me of being arrogant all the time. I'm not arrogant, I'm focused.
Age : 31 ans
Occupation : Écrivain philosophe, Professeur de philosophie à McKinley High School
Humeur : Dépassé
Statut : Célibataire
Etoiles : 529

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MessageSujet: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyDim 16 Fév - 23:52

Que pouvait-il attendre d’une ville comme celle-ci ? Qu’un musée d’histoire naturelle ait été érigé au centre de Lima ? Que nenni, une bourgade de cette envergure ne pouvait rien receler d’attrayant si ce n’étaient un lycée de gamins à la croissance attardée et une mairie bizarrement imposante. Pourtant, c’était avec bon espoir de trouver de quoi satisfaire sa curiosité intellectuelle que Lyle se dirigeait vers le syndicat d’initiative. Juste pour se persuader qu’il n’avait pas commis l’erreur de sa vie en décidant de poser bagages dans l’ouest de l’Ohio. Encore aujourd’hui, malgré les raisons justifiées qui l’avaient poussé à se retirer de Détroit, l’écrivain ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas choisi de séjourner dans une capitale. Lui qui était habitué à la grandeur des gratte-ciels paraissant se jouer des nuages, aux rues bondées où se bousculaient hommes d’affaires et délinquants, aux odeurs de pots d’échappement. En cela, Lima était tout à fait différente. Des briques avaient remplacé l’acier et le béton composant la majorité des infrastructures de Détroit. Si le Michigan et l’Ohio disposaient de paysages relativement similaires, la verdure semblait n’avoir jamais été aussi présente. Le jeune homme avait beau avoir souvent voyagé au travers de son état d’origine pour les besoins de sa carrière, il avait néanmoins grandi dans les cités. L’environnement de son enfance n’avait jamais été constitué que de bâtiments ridiculement hauts, manifestation de l’incapacité de l’homme à s’élever lui-même. Ici, tout paraissait plus calme, plus pur, plus simple. Oui, Lyle comprenait enfin ce qu’il était venu chercher à la campagne. La certitude de ne plus avoir affaire à la prétention de l’espèce humaine omniprésente dans la Motor City. Entre autres choses.

L’allure fière, le dos droit, Lyle passa la porte de l’office de tourisme avec un pessimisme à peine dissimulé. Ce qui le frappa tout d’abord, ce fut l’indifférence non feinte de la petite secrétaire qui semblait plus occupée à jaser au téléphone plutôt qu’à guetter l’arrivée d’éventuels touristes. Ce peu d’intérêt déconcerta le jeune homme, habitué à plus d’engouement lorsqu’il pénétrait dans les lieux publics de son ancienne ville. Personne là-bas n’ignorait son existence, ce qui avait ses bons et ses mauvais côtés. Ici, Lyle se présentait comme un habitant des plus ordinaires et cet anonymat ne lui plaisait qu’à moitié. Errant en loup solitaire depuis son arrivée, le jeune homme s’était cependant juré de retrouver sa gloire en usant cette fois-ci de son plus grand atout: son intelligence. Il s’approcha tranquillement du comptoir au fond de la pièce en examinant de loin les différentes brochures disposées dans de petits rayonnages. Sans grande surprise, celles-ci promouvaient des activités en dehors de cette agglomération. Arènes à Columbus, musées à Cincinnati, zoo à Cleveland. Les seuls objets se rapportant à Lima étaient de pauvres cartes postales accompagnées de messages impersonnels du type Lima, c’est mon dada et d’une photo d’un randonneur équestre, pouce levé, se baladant dans le centre de la ville. Lyle s’empara de l’une d’elles puis patienta aussi calmement que ses nerfs le lui permettaient. Quand la secrétaire se retourna, apercevant pour la première fois le visiteur, elle ouvrit des yeux grands comme des cadrans d’horloge avant de remercier son correspondant et de reposer le téléphone. L’écrivain s’appuya nonchalamment sur la table en inspectant la photographie qu’il tenait dans sa main gauche. Il la déposa finalement devant lui et la fit glisser avec son doigt vers l’employée. « Je suis à la recherche d’activités touristiques dans la ville même. » Il tapota l’image. « Oh certes, j’ai déjà eu l’occasion de me fasciner pour l’architecture de cette fontaine une bonne dizaine de fois depuis mon installation ici mais j’avoue rester sur ma faim. » La jeune femme saisit la carte, reconnut en effet la place du centre commercial, puis pria l’auteur de patienter le temps qu’elle lui dégote la panoplie parfaite du nouvel arrivant.

Le résultat de sa visite s’annonça encore plus désolant qu’il n’avait osé l’imaginer. Les informations récoltées à l’office le renseignèrent sur la pauvreté de la ville, régie par une mairesse dérangée et tyrannique et siège de compétitions acharnées entre chorales d’amateurs. Lima n’abritait rien d’extraordinairement attrayant susceptible d’aviver la soif de culture du jeune homme. Seule une galerie d’art située dans la banlieue avait attiré son attention. Plongé depuis son plus jeune âge dans l’univers coloré de sa mère, une peintre appréciée des habitants de Détroit, Lyle avait commencé à nourrir un intérêt certain pour ce domaine recelant divers questionnements philosophiques. Petit, il observait les coups de pinceau qui reproduisaient, abstraitement, les horizons titanesques et grisâtres qu’offrait la vue de leur appartement. Longtemps il s’était demandé si sa mère percevait véritablement le monde de cette façon, avec cette vision d’insecte qui déformait les contours et rendait la nature plus lumineuse qu’elle ne l’était en réalité. Ce ne fut qu’en grandissant qu’il comprit que l’art ne devait pas nécessairement constituer une réplique parfaite de l’environnement. Ce n’était que le reflet de notre perception, faussée par notre jugement. Sujet de sa thèse brillamment présentée à la fin de ses études. Finalement, la beauté d’une œuvre n’avait jamais intéressé le jeune homme. Il préférait y porter un regard critique en tentant de déterminer les intentions principales de l’artiste, si toutefois celui-ci avait voulu s’exprimer à travers sa toile. Ce qui généralement n’était que peu le cas car trop nombreux étaient les partisans de « l’art pour l’art ». Un autre problème résidait dans le fait que beaucoup se disaient artistes en traçant un simple trait au crayon de couleur Maped sur une feuille blanche. Dans ce cas, deux explications se présentaient : soit ces choses avaient été dessinées par des bambins de deux ans en l’an 1911 et avaient acquis avec le temps une valeur inestimable pour avoir survécu à deux guerres mondiales (pour sûr, ces œuvres avaient leur place dans un musée) ; soit ces torchons devaient être immédiatement envoyés au recyclage pour contribuer au développement durable et ainsi éviter de dégarnir définitivement la forêt amazonienne.

À peine quelques heures plus tard, Lyle pénétra dans la fameuse galerie Preston. Celle-ci avait été créée par les sœurs du même nom. S’il pensa au départ qu’il s’agissait de personnalités importantes ayant résidé dans la ville des années auparavant, quelle ne fut pas sa déception en apprenant que ces deux jeunes femmes n’avaient jamais exercé aucune influence sur Lima! Deux habitantes lambda ayant ouvert un petit commerce. Voilà à quoi le jeune homme assimilait leur entreprise. Il devait toutefois admettre que leur initiative était fondée sur une intention honorable. Femmes certes, mais avec un minimum de cervelle. Le jeune homme parcourut distraitement l’exposition actuelle dont le thème lui valut une grimace méprisante. Février oblige, tous les tableaux se réunissaient autour de la conception plus ou moins explicite du désir et des sentiments amoureux. Lyle s’arrêta devant l’un deux, intriguant de par son détachement par rapport aux autres. Comme affirmant son indifférence au milieu des couleurs chaudes de la majorité des œuvres, celui-ci semblait souffler un vent de violence silencieux et glacial. Un visiteur le rejoignit dans la contemplation de cette étrange fresque. Seuls touristes préoccupés par cette œuvre alors que toutes les autres personnes présentes s’attardaient sur des cœurs géants desquels coulaient des rubans de peinture. Tandis que Lyle basculait d’avant en arrière sur ses talons, il jeta un coup d’œil discret sur sa gauche pour identifier cet individu plein de bon sens avant de hausser un sourcil narquois. Une gracieuse créature, pimpante et au visage extrêmement doux, crayonnait sur un petit carnet un croquis de l’œuvre en annotant quelques réflexions par-ci par-là. Se penchant légèrement sur elle pour observer ses tracés, il reprit rapidement position, joueur, en la voyant relever la tête dans sa direction. Un vague sourire se dessina sur ses lèvres. « Quelque chose n’est pour moi que dans la mesure où il est pour quelqu’un. » Lyle fixait la toile, satisfait. Une si jolie jeune femme s’intéressant à un tableau anticonformiste ne pouvait que mériter son attention. « Si l’on en croit ces paroles, il nous serait impossible de comprendre seuls cette œuvre. » Il posa finalement un regard chaleureux sur la petite brune. « Je serais curieux de connaître votre point de vue. Qu’y voyez-vous ? » ajouta-t-il en désignant du menton l’objet de leur intérêt.


Dernière édition par Lyle Dean-Ewers le Mer 26 Fév - 22:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyVen 21 Fév - 16:48

« Je vous demande pardon ? » Caitlin releva brutalement le menton, les yeux écarquillés sous les verres de ses lunettes à la monture papillon. C’était la première fois depuis qu’elle avait découvert la galerie Preston que quelqu’un l’interpellait dans l’enceinte même du petit musée. C’était comme dans une église, tout était calme et virginal, froid et prémuni contre les attaques extérieures. Les tableaux étaient protégés comme des trésors célestes, on n’avait pas le droit d’y toucher sous peine d’être exilé. Ici, tout le monde respectait le moment de recueillement des rares condisciples devant une fresque anticonformiste ou un collage moderniste. Il n’était pas imposé, pourtant, le silence était de mise et cette connivence muette entre les fidèles était transcendante. Ils savaient tous autant qu’ils étaient ce que cela faisait de se laisser porter par l’homélie silencieuse d’un peintre à travers l’œuvre de sa vie. Ils comprenaient à quel point c’était inestimable et généreux de la part d’un artiste d’exposer une toile aux regards de centaines d’inconnus. C’était plus poignant encore que d’être touché par la grâce du Créateur car si c’était dans son devoir à Lui de faire preuve de partage et d’indulgence à l’encontre de ses pratiquants dans l’espoir de grossir ses rangs universels, un peintre en revanche le faisait en toute bonté d’âme, sans rien attendre en retour, si ce n’était la reconnaissance éternelle.
Caitlin retrouvait cette ambiance calfeutrée, à la limite de la solennité qu’elle avait tant côtoyée lorsqu’elle était enfant et adolescente. Peut-être était-ce pour cette raison qu’elle était si à l’aise dans cet endroit, car cela lui rappelait une époque, qu’elle ne regrettait pas le moins du monde, mais qui avait forgé ses valeurs. Quelque part au fond d’elle, elle chérissait tout ce qui la ramenait à ces nombreux souvenirs de prières au sein de la chapelle de la Mogadore Christian Academy. Sortie des rangs de l’église pour suivre son propre chemin, elle sentait néanmoins qu’elle avait besoin de se raccrocher à quelque chose de similaire, mais pas aussi absorbant, histoire de garder une infime connexion avec son passé révolu. C’est pourquoi la galerie Preston était devenue son nouveau temple.
Caitlin tourna la tête vers la source de son ahurissement et un sourire naturel fendit son visage au moment où elle détailla la silhouette classique de l’homme qui se tenait debout à ses côtés. Rabattant son carnet de croquis sur le devant de sa longue jupe en tissu fluide, elle plissa les paupières quand il lui demanda de s’exprimer sur l’œuvre qu’ils contemplaient. Reportant ses pupilles chocolat sur la fresque, le bout de son crayon à papier trouva l’ourlet de sa bouche peinte de la même couleur que ses ongles, et elle fit un pas en avant pour avoir une meilleure vue du panorama que lui offrait ce tableau, balayant sa frange avec ses lunettes de vue qu’elle fixa l’air de rien sur le dessus de sa tête.

« De la frustration. » commença-t-elle à mi-voix, retraçant le chemin des coups de pinceau du coin de ses yeux d'experte « Beaucoup de frustration. » Et soudain, elle se tut, se perdant dans l’analyse de la fresque. Tous les tableaux autour d’eux témoignaient de l’amour inconditionnel que l’on pouvait ressentir pour quelqu’un dans sa forme la plus naïve, et disons-le franchement, la plus écœurante aussi. Des cœurs roses et des traînées de peintures rouge sang s’étendaient de part et d’autre du corridor pour exprimer le moment où les sentiments des artistes exposés avaient, très certainement, atteint leur apogée. C’était typiquement la façon dont Caitlin elle-même aurait pu retranscrire ce qu’elle ressentait, en parfaite partisane de la candeur qu’elle était, seulement ce n’était pas ce qu’elle attendait des autres et son regard s’était vite détourné de ces bonbonnières en toile qui l’avait fait esquisser un sourire un peu moqueur.
L’amour n’était pas qu’une affaire de sentiments duveteux. L’amour, c’était parfois violent. Il n’y avait qu’à voir Cassandra et Jeremy. Ils étaient faits l’un pour l’autre d’après une bonne moitié de la population de Lima, d’après les principaux intéressés eux-mêmes de ce qu’elle en savait, cela n’avait toutefois pas empêché qu’ils avaient fini par se séparer et à annuler le mariage qui pointait. La détresse dans laquelle Cassandra se retrouvait ces temps derniers était le dommage collatéral de cette rupture aussi brutale que déchirante, son ancienne amie en restait convaincue, bien qu’elle tâchait de garder ses nombreuses supputations pour elle-même. Ses pupilles parcourant les coins du cadre relevèrent alors les similitudes qu’elle trouvait entre le comportement de Cassie et les lignes vives aux couleurs glaciales du tableau. Durcissant involontairement les traits de son visage si doux et souriant d’ordinaire, elle ajouta :

« Je ne serai pas surprise de savoir que ce tableau a été peint après une rupture douloureuse. Vous voyez ces contours ? » Sans toucher la toile, elle pointa avec le bout de son crayon les lignes régulières pour les montrer à l’homme derrière elle. Ils étaient empreints d’une détermination telle qu’elle en frissonna, s’imaginant la toile malmenée par la poigne irascible d’un homme quitté. Tournant les yeux vers le jeune homme dans son dos, elle accompagna sa démonstration par « Ils ont été tracés dans un moment de rage intense. Vous n’obtenez pas ce genre de ligne parfaite quand vous peignez sereinement, vous savez ? Connaissant les propriétaires, elles n’auraient pas choisi d’exposer ce tableau avec les autres s’il ne reflétait pas un état propre à l’ardeur amoureuse, d’où ma théorie. Quoi d’autre qu’une rupture peut faire resurgir tout ce dépit en nous ? » Elle retourna le visage vers l’œuvre. La bouche entrouverte, un très mince sourire, presque lointain, étira ses lèvres et elle murmura, épatée « C’est vraiment extraordinaire. » Une longue seconde, elle resta à admirer la peinture de près et après un moment, elle pivota sur ses talons pour faire face au jeune homme « A votre tour, dites-moi ce que vous voyez. » Elle vint se replacer à ses côtés, son enthousiasme se lisant sur la façon qu’elle avait de se déplacer puis, une fois à sa gauche, elle lui tendit instinctivement sa main pour se présenter « Caitlin. »
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyMer 26 Fév - 22:13

S’il y avait bien une chose dont l’écrivain était certain, c’était que la jeune femme, avec son apparence sérieuse et inspirée, était ce que l’on pouvait communément appeler une originale. Au sens où celle-ci représentait assurément cet individu rêveur et dévoué à sa passion qu’était l’artiste. Derrière ses lunettes qui ajoutaient encore plus d’authenticité à son style très candide se révélait un regard apparemment plus qu’aiguisé en ce qui concernait l’analyse des œuvres. Lyle observait avec intérêt la petite brune qui s’afférait avec entrain à lui décrire sa vision du tableau comme il lui en avait fait la demande. Il s’étonna d’ailleurs qu’elle n’ait pas décidé de l’ignorer ou de se renfermer pour ne pas être contrainte de répondre à un inconnu venu briser la connexion intense établie entre elle et l’image. Au contraire, il semblait que la requête du jeune homme ait réveillé chez elle une irrévocable envie de partager ses connaissances à en juger par l’engouement qu’il avait cru deviner à l’instant même où elle s’était retournée vers lui, sans néanmoins comprendre pourquoi l’on s’intéressait si subitement à son point de vue. Lorsque leur regard s’était croisé, Lyle avait su repérer ce bref éclair venu illuminer un instant ses iris noisettes. Que cette lueur ne lui soit pas spécifiquement adressée blessa à peine son orgueil. Saisissant son menton entre le pouce et l’index tandis qu’il coinçait sa main droite sous son bras plié, il examina la toile, songeur, écoutant attentivement le premier examen que la jeune femme en livrait. Il haussa un sourcil dubitatif et jeta rapidement un coup d’œil à sa gauche pour constater la transformation qu’il était parvenu à engendrer chez son interlocutrice. Ses lèvres s’étirèrent alors en un mince sourire, signe de son contentement quant à l’effet produit. Persuadé qu’il n’était pas dans les habitudes de la brunette d’exprimer ses opinions concernant les fresques qu’elle étudiait, il savoura le sentiment exquis d’avoir été à l’origine d’un évènement peu commun dans le quotidien de cette personne et d’avoir ainsi marqué son passage à la galerie. Bien qu’elle résultât d’un égocentrisme prononcé, cette satisfaction suffisait amplement à combler son éternel besoin de reconnaissance.

« Intéressant. » déclara-t-il simplement en réponse au ressenti de la jeune femme. Et il le pensait. La frustration était la première émotion qui l’avait interpellé lorsqu’il avait été happé par ce tableau. Les traits forts et déterminés qui composaient l’œuvre donnaient l’impression que le peintre avait souhaité exposer la violence qui le tourmentait, si ce n’était même de la communiquer à ses observateurs. Comme conscient qu’il ferait naître en eux le même sentiment, lui permettant ainsi d’exorciser sa souffrance en la transmettant à d’autres. Il n’y avait pas que de la frustration, cette œuvre respirait la haine. Lyle pencha le buste en avant pour mieux apprécier la description de la petite brune, imperturbable. Au fur et à mesure que la jeune femme exposait ses théories, une ligne conductrice retraçait les intentions de l’artiste dans l’esprit de l’auteur. Il oublia un instant sa suffisance et longea du regard les gestes de la jeune femme, remarquant avec quelle exactitude elle présentait les différents coups de pinceaux. Si nets, si durs. Lyle aurait été incapable d’interrompre sa narration tant ce qu’elle évoquait s’avérait incontestable. Cette sensation le fit brusquement se redresser, et il tourna ses yeux vers le doux être méditatif toujours absorbé dans sa réflexion. Qui était donc cette incroyable petite chose à l’allure si fragile et pourtant dotée d’un esprit aussi vif ? Et depuis quand Lyle n’avait pas nourri une telle curiosité pour un individu de sexe opposé ? N’en revenant pas lui-même, il détourna son attention de la toile pour dévisager la brunette quelques secondes jusqu’à ce que le regard de celle-ci posé sur lui ne le contraigne à se ressaisir. Exprimant sa surprise par un rire étouffé qui secoua son corps dans un léger soubresaut, il saisit délicatement les doigts fins de la demoiselle et se courba avec distinction tout en plongeant son regard ténébreux dans le sien, créant ainsi autour d’eux un cocon d’intimité. « Lyle. » lui souffla-t-il d’une voix suave. Puis, jugeant que cette femme était bien trop intéressante pour qu’il la traite comme ses lectrices immatures et opportunistes, il se redressa en omettant volontairement de déposer sur sa main un baiser, conscient qu’il n’était pas dans son intérêt de s’adonner à ce jeu de séduction douteux.

Lyle jeta un coup d’œil par-dessus Caitlin pour détailler la toile, quittant momentanément ses yeux pour ne se concentrer que sur l’œuvre. « Je suis étonné, vraiment. J’ai également observé ce sentiment intense se dégageant du tableau. » Soudain, son génie se rappela à lui. Il posa ses paumes sur les épaules de la jeune femme et la fit pivoter lentement sur elle-même afin qu’elle se retrouve à nouveau face à la fresque. « Mais j’ai une autre théorie à vous proposer. » Il retira l’une de ses mains puis engloba d’un geste l’image. « Je ne vois pas un élan de colère post-rupture, je vois un violent désespoir. Celui de ne jamais pouvoir conquérir l’être aimé. » Il la lâcha finalement, avança d’un pas puis se tourna vers elle dans un mouvement svelte et guilleret. En quelques secondes, Lyle avait su soutirer du tableau des informations familières, trop bien maîtrisées grâce à son expérience en matière de romances déchirantes – non pas parce qu’il les avait vécues, mais parce qu’il les avait créées, posées sur le papier. « Imaginez. Un homme recherche éperdument son âme sœur et la rencontre enfin. Là, il encadra la toile en longeant ses contours, son doigt à quelques centimètres de la pièce, l’artiste a représenté ce premier désir naïf qui encercle tout le reste. Les tons sont plus doux, plus abstraits. Il souhaitait combler un manque, voilà qu’il a trouvé l’objet – ou plutôt l’être – qui serait susceptible d’y parvenir. » En deux enjambées, il alla se placer de l’autre côté et fit mine de repousser la section de la toile qu’il venait d’expliquer. « Cette époque est révolue, cela apparaît clairement dans le changement brutal d’intensité de couleurs et de formes, de l’extérieur vers l’intérieur de l’image. Que tout soit concentré au centre laisse penser que le peintre préfère rester prisonnier de son désir plutôt que d’y renoncer car il est conscient du bonheur que lui procurerait son assouvissement. Il se retrouve coincé entre sa raison et ses pulsions. Et l’insatisfaction que devrait logiquement combler le désir est finalement causée et amplifiée par celui-ci même. D’où cette rage apparente que vous avez si bien décrite ma chère Caitlin. » Son regard se noya dans la splendeur de ce qu’il observait. « Vous voyez, l’amour, lorsqu’il n’est pas réciproque, peut rendre aussi malheureux qu’une rupture. Il faudrait avoir la sagesse de renoncer à son désir mais entre nous, qui a déjà réussi à se défaire de son emprise? Après tout, nous ne sommes que des hommes. » Puis les commissures de ses lèvres se relevèrent dans un sourire ironique. « Quand le petit bonhomme potelé aux joues rouges alias Cupidon a bien atteint sa cible, nous sommes tous perdus. » déclara-t-il avec humour.

Il marqua une pause de quelques secondes et s’aperçut du silence religieux régnant tout à coup. Ce ne fut qu’en détournant les yeux de l’œuvre qu’il constata l’expression indicible de la jeune femme. L’auteur referma les poings devant lui, plissa les paupières et releva le menton pour la toiser d’un peu plus haut. « Je vous ai perdue peut-être ? Ou vous aurais-je effrayé avec ma vision assez noire des sentiments amoureux ? Si c’est le cas je m’en excuse, j’ai tendance à me laisser emporter lorsqu’on aborde ce thème. » La retenue dont il faisait preuve pour ne pas céder à son irrépressible envie de revêtir l’habit du parfait charmeur de ces dames était le fruit d’efforts quasi surhumains. Face à une personne aussi jeune et éblouissante, Lyle ne se serait d’ordinaire pas privé, mais en la regardant, il lui était impossible de souhaiter souiller la pureté que Caitlin laissait naturellement paraître. Mordant frénétiquement sa lèvre inférieure pour l’aider à ôter de ses pensées ce qu’il considéra pour la première fois comme bas, déplacé et choquant, il se rattrapa soudain. « Oh, n’allez pas croire que j’ai vécu des histoires de ce genre. En tant qu’écrivain, ce sujet est une source infinie d’inspiration. Vous vous rendriez vite compte en lisant mes ouvrages pourquoi je suis capable d’énoncer des arguments pareils. »
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyJeu 6 Mar - 12:44

Jamais depuis sa réapparition à Lima Caitlin n’avait eu l’opportunité de tenir un tel niveau de conversation avec quelqu’un. Elle adorait ses élèves et estimait réellement tous les moments qu’elle passait à leur faire découvrir des œuvres pendant les heures de classe, mais elle reconnaissait en même temps que chacun d’entre eux souffrait d’une carence en culture générale qui l’obligeait à brider ses réflexions philosophiques sur le sujet. Elle ne voulait pas les perdre dans un bois de termes techniques. Si c’était la méthode d’apprentissage de la plupart des enseignants de McKinley qui prenaient un plaisir sadique à les voir semer des petits cailloux pour mieux retrouver leur chemin au milieu de toutes ces leçons incompréhensibles, ce n’était pas la sienne. Elle ne les abrutissait pas pour autant en les maternant à tout prix, simplement, elle prenait soin de choisir, parfois pendant des heures, ce qu’elle leur exposerait dans le but de raviver la lueur délicieuse qu’elle voyait s’animer dans leur regard novice chaque fois qu’elle avait touché un point sensible, et que leur curiosité se retrouvait titillée par un nom, une image ou par l’intonation continuellement enthousiaste dans la voix de leur professeure. Cette dernière savait que les questions afflueraient et que son savoir serait un atout majeur pour assouvir l’avidité qui les assaillait comme une faim vorace et mieux encore, qu’ils se souviendraient de l’artiste dont elle leur avait parlé, et qu’ils prendraient peut-être le parti de se renseigner sur son évolution en dehors de la bulle qu’elle avait crée pour eux. Catlin ne se contentait pas de faire juste ce qu’on attendait d’elle, elle s’investissait, passionnément, sans compter. Les pousser à voir plus loin que le bout de leur nez, les ouvrir à la curiosité et à la beauté subjective de la peinture était la mission que la professeure s’était fixée dès son arrivée en tant qu’enseignante dans l’ancien lycée où elle avait elle-même étudiée, et jusqu’à présent, elle n’avait pas failli à son objectif. Les rangs de sa classe avaient même accueilli deux nouvelles recrues au cours de ces quatre derniers mois, de quoi rabattre le caquet de ses détracteurs.
Lorsqu’elle avait appris que la direction de WHMS prévoyait d’envoyer une partie de ses élèves à New York comme récompense à la récolte de fonds organisée pendant le marché de Noël, Caitlin n’avait pas hésité et avait joué des coudes pour postuler en tant qu’accompagnatrice. Son écriture, toute en calligraphie, était apparue en premier sur le formulaire d’inscription placardé sur le tableau d’affichage désordonné en salle des professeurs. Lima était limitée en termes de lieux où la culture est représentée de manière à ce que tout le monde y trouve son compte, et mis à part la galerie Preston, le musée Allen et le vieux cinéma, les adolescents qu’elle réussissait à embrigader dans sa passion pour les arts, plastiques ou non, se retrouvaient vite fait bien fait sans rien à se mettre sous la dent. Alors que New York pullulait de musées, de structures gigantesques et d’une panoplie d’édifices où le Street Art n’était pas perçu comme de la délinquance, mais comme de l’art à part entière. Le Principal Figgins avait accepté de mettre au programme une liste fournie de lieux culturellement chargés, si bien que l’enthousiasme de la brunette avait atteint des sommets en ce début de mois de février et que son ventre grouillait d’envie. Dans quelques jours, elle serait dans son élément, elle ne serait plus seulement la professeure candide qui lisait des comics pendant l’heure du déjeuner et qui faisait des heures supplémentaires en surveillant les retenues à la place des pions du lycée. On viendrait la solliciter elle pour être éclairé sur une œuvre exposée au Metropolitan Museum of Arts, et cette éventualité la remplissait d’un savoureux sentiment de joie.

Un rire charmant s’échappa de ses lèvres vermeilles tandis que son interlocuteur se répandait en suppositions exquises sur ce tableau qu’ils fixaient tous les deux avec gourmandise « Vous avez une imagination débordante, Lyle. » lui dit-elle impressionnée. Ses propos auraient pu mettre en exergue un point de vue divergent mais en réalité, en s’approchant de nouveau de la splendide toile, le bruit de ses talons se répercutant sur les murs de sa chapelle personnelle, Caitlin ajouta volontiers à sa théorie le dessein prononcé par le jeune homme. Le désespoir, la brune n’y avait pas pensé, et après avoir subrepticement jalousé la vision extraordinaire de son invité – car la galerie Preston avait toujours été comme chez elle, elle en connaissait les moindres recoins sans avoir besoin de faire appel aux propriétaires –, elle lui lança un regard en biais, fascinée.
On ne rencontrait pas d’hommes comme Lyle, à Lima. Il faisait partie d’une catégorie de personnes qui ne posaient pas ses valises dans cette ville sans y avoir été forcées. Personne ne venait vivre ici de son plein grès en vérité, la ville était une communauté de gens nés et ayant vécus ici presque toute leur vie, les nouveaux arrivants volontaires se faisaient rares, et une pointe de curiosité poussa la brunette à s’attarder sur la silhouette de l’homme qui s’adressa à elle. Comme si elle s’apprêtait à analyser les contours d’une œuvre d’art, elle se retira dans un cocon où toutes les conjectures étaient autorisées. Silencieusement, elle l’étudia. Il était brillant, ça se lisait jusque dans le choix de ses boutons de manchettes, et la classe avec laquelle il se déplaçait, ses mouvements fluides, mais pas pour le moins masculins, témoignaient d’une sensibilité qu’il dissimulait sous un accent exagéré. Elle releva son talent certain pour l’exagération, il était doué pour théâtraliser une situation, elle le ressentait dans son cœur de diplômée des arts de la scène. Il avait honte d’être aussi sensible au monde qu’il l’entourait, peut-être. Aucun homme n’assumait sa part cachée de féminité, songea-t-elle avec un éclat de rire intérieur. Lyle se donnait donc une image de rudesse, mais tout en lui respirait la délicatesse. Une délicatesse enfouie sous une bonne couche d’égocentrisme assez intrigante, nota-t-elle en le regardant s’écouter parler. Mais après tout, tout le monde à ses défauts.

Se laissant distraire par ses pensées, faible qu’elle était, Caitlin se mua dans un silence coutumier, son menton posé sur le poing qu’elle avait glissé près de l’ovale régulier de son visage. Ce fut la voix suave de Lyle qui la tira de sa rêverie, et secouant la tête pour retrouver ses esprits, elle se redressa de toute sa stature, ses lèvres se fendant d’un sourire vaporeux.
« Je ne suis pas effrayée, vous m’intriguez. » avoua-t-elle en plissant ses paupières recouvertes d’une poudre colorée, en accord avec les pépites dorées au fond de ses iris. Tout en maintenant son carnet de croquis sous son bras, elle tourna la tête vers lui et pendant qu’il explicitait ses propos, le bord de la bouche de la jeune femme s’arrondit sous la surprise. Soudain, Caitlin lui attrapa le bras en posant une main sur le haut de sa propre poitrine « Vous êtes vraiment écrivain ? » demanda-t-elle en pressant son bras dans un geste bienveillant. Elle laissa échapper un soupir contenté, se décalant d’un pas et lâchant le bras de Lyle, elle continua « Vous êtes publié ? Quel genre de livres écrivez-vous ? Oh, des romans à l’eau de rose, je suppose ? » À la vue de ce qu’il lui avait dit sur les vertus hautement inspirantes des histoires d’amour, Caitlin supposa qu’il était probablement l’un de ces scribouillards anonymes qui travaillaient pour des collections littéraires très célèbres, type Arlequin. C’était tout à fait honorable, il n’y avait aucune forme de jugement dans son analyse, car elle-même en avait beaucoup lut durant son adolescence, cachée sous les couvertures de sa chambre à l’académie, lampe-torche au poing. Après avoir calé son crayon à papier au-dessus de son oreille, Caitlin joignit ses deux mains sous son menton, ses yeux pétillants de curiosité « Je sentais que vous étiez un créatif, vous ne seriez pas venu dans cet endroit si c’était le contraire. Que faites-vous ici, d’ailleurs ? Un travail de recherche pour votre prochain livre ? » Dans un sursaut d’embarras, les lunettes de Caitlin retombèrent de travers sur son nez. Dans un petit bruit étouffé, son carnet de croquis s'échappa de sous son bras pour s'étaler à ses pieds. Ses doigts trouvèrent instantanément ses lèvres ; on ne posait pas autant de questions à un inconnu, décréta-t-elle, et de suite, elle s’éparpilla en regrets « Pardon, ne répondez surtout pas si vous jugez que c’est trop indiscret. » Un sourire poli illumina son visage et elle retira ses lunettes pour venir s’accroupir et ainsi récupérer ses dessins éparpillés sur le sol.
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Lyle Dean-Ewers
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People accuse me of being arrogant all the time. I'm not arrogant, I'm focused.
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyMar 29 Avr - 14:38

Soucieux de la réaction de son interlocutrice face à cet excès de paroles certes intelligibles mais peut-être un tant soit peu narcotiques, l’auteur fut rassuré d’entendre à nouveau la voix de Caitlin dont le mutisme l’avait d’abord refroidi. Savoir ses réflexions sans réponses, même exprimées par simple langage corporel, l’avait toujours contrarié. Raison pour laquelle il se rappelait du passage de son agrégation comme du jour le plus pénible qu’il ait vécu en tant qu’intellectuel. Les inspecteurs assis face à lui pendant qu’il analysait avec une finesse remarquable l’œuvre qu’on lui avait imposée n’auraient pu avoir une attitude moins expressive si ce qu’il avait déblatéré n’avait été qu’un amas d’âneries. Et n’importe qui n’ayant pas eu sa certitude d’avoir excellé serait ressorti les yeux gonflés de désespoir. Si toutefois la réserve de larmes n’avait pas déjà été épuisée devant les juges eux-mêmes, ce qui fut notamment le cas de quelques bonnes femmes qui n’avaient même pas attendu la fin de leur test pour s’enfuir de la salle en courant et demandant après leur maman dans des sanglots étranglés. Lamentable, mais divertissant. Les faiblesses des uns faisaient la force des autres, et dans ce cas notamment, leur réussite. Lyle pouvait se vanter de contrôler aussi bien ses connaissances que son esprit, lequel n’était que rarement tourmenté par des appréhensions inutiles susceptibles de nuire à la confiance démesurée que le jeune homme s’accordait. Alors que le visage de la brunette paraissait alerte, l’écrivain esquissa un sourire en coin, reproduisant machinalement la position de la jeune femme, menton posé sur son poing. « C’était l’effet désiré. »  avoua-t-il doucement en lui coulant un regard en biais complice, les paupières à demi closes, avant d’expliciter les sous-entendus dissimulés dans ses précédents propos.

Mais alors qu’il avait reporté son attention sur l’œuvre qui leur faisait face et qu’il n’apercevait même plus Caitlin du coin de l’œil, la sensation de cinq doigts enroulés autour de son bras le raidit brutalement. Les lèvres entrouvertes par la surprise, Lyle pivota légèrement la tête dans la direction de la jeune femme apparemment enthousiasmée par la révélation qu’il venait de faire. Bien que sa conscience l’incitât à la prier de bien vouloir libérer son espace vital, l’auteur força ses commissures à s’étirer en un sourire pincé, puisant dans ses capacités innées en matière de comédie afin de faire passer cette feinte pour une réaction parfaitement naturelle. S’il n’avait pas été enclin à la conversation, piqué à vif dès le départ par la perspicacité de la jeune femme, l’idée de paraître bienveillant ne l’aurait même pas effleurée. Mais d’humeur compréhensive – si seulement elle pouvait se rendre compte de l’honneur qu’il lui faisait! - il apposa sa main sur la sienne non pas pour tenter de la défaire, mais pour y appliquer une pression amicale. Brève, mais attentionnée. « Uniquement si vous me jurez de ne pas être un espion sous couverture envoyé par ma maison d’édition. »  Sur ces paroles, la jeune femme recula d’un pas, relâchant dans un même mouvement son bras. Lyle se relaxa alors et accueillit avec cette fois un plaisir réel la curiosité de son interlocutrice. Cependant, l’évocation des romances fit perdre à son visage l’expression de sa fierté qui se mut alors en rictus faiblard. Il était bien contraint d’admettre qu’il l’avait cherché. « Je préfère dire que toutes ces… histoires d’amour ne sont qu’un arrière-plan. L’intrigue principale ne porte pas uniquement là-dessus, mais je vous mentirais si je vous disais que les romances n’occupent pas une place importante dans mes œuvres. »  Il fourra ses mains dans les poches de son pantalon de toile souple, puis tout en gardant la tête haute, son regard perdu au loin, laissa échapper un soupir las.

Les pensées du jeune homme se turent lorsque Caitlin lui demanda la raison de sa venue à la galerie, qu’il interpréta au départ par méprise comme une interrogation sur sa venue à Lima. « Ce que je fais ici… »  Loin d’être prêt à avouer sa faute à une parfaite inconnue bien que celle-ci se soit montrée affable depuis le début de leur conversation, Lyle chercha avec calme une issue de secours bien avant ses mots, instaurant un court silence entre les deux jeunes gens. Apparemment embarrassée, Caitlin laissa échapper son carnet de sous son bras. Le regard de l’écrivain se porta sur les nombreux dessins dispersés à ses pieds. Des traits de crayons fins, précis, travail minutieux qui fascina le jeune homme habitué à apprécier les esquisses de sa mère. Presque absent, il adressa un signe de la main poli à la petite brune qui s’était déjà accroupie pour ramasser ses croquis, se confondant en excuse pour s’être montrée indiscrète. « Non, ce n’est rien. Je vous en prie, laissez-moi vous aider. »  Aussitôt, Lyle alla trouver le sol et ramassa précautionneusement les feuilles qui se trouvaient dans sa périphérie. Alors qu’il en saisissait une, ses yeux analysèrent les divers coups de crayons. Furtivement, car il songea que si son propre carnet était tombé entre les mains d’un inconnu, il n’aurait pas apprécié qu’on le parcours sans son autorisation. Qu’on le parcours tout court, d’ailleurs. Il ramassa alors le reste des dessins en y prêtant une attention plus distante lui permettant néanmoins de constater le talent de la brunette. Un sourire redessina ses lèvres. « Vous disiez de moi que j’étais un créatif, n’est-ce pas? Permettez-moi, Caitlin, de vous retourner le compliment. »  Relevant la tête pour lui faire face, il poursuivit, soudain enclin à lui accorder sa confiance. « Pour répondre à votre question, je me demande maintenant si je ne suis pas venu ici pour trouver des artistes comme vous. »  Attrapant les derniers croquis, il se releva le premier afin de tendre une main à la jeune femme et l’aider à se mettre debout. Il ordonna finalement la liasse de papier en prenant soin de ne laisser aucune feuille dépasser.
« En réalité, je pensais trouver ici de quoi assouvir ma soif de découvertes. Aucun rapport avec l’écriture cependant, j’avoue avoir délaissé cette activité depuis mon installation à Lima. »  Il inspira un grand coup, sachant qu’il s’apprêtait à dévoiler sérieusement ce qu’il énonçait d’ordinaire sous forme de fausse modestie. « Pour tout vous dire, j’ai fui ma réputation de romancier qui me collait trop à la peau à Détroit, ma ville d’origine. Mon ambition n’était pas de devenir un auteur de pauvres histoires romantiques sans intérêt. »  Euphémisme. « Cette médiatisation m’exaspérait, même si je dois bien avouer que cela m’a permis de me faire un nom qui m’aidera à réellement parvenir à mes fins : être publié en tant que penseur. »  Bien que sa voix prît une intonation fière sur la fin, il avait révélé cela avec tant de retenue qu’il souhaitait applaudir sa performance. Peut-être que son prochain livre porterait sur les manières de dissimuler son orgueil avec habileté. « En fait, je suis avant toute chose diplômé professeur agrégé de philosophie, discipline la plus sage qui soit selon moi. Mais l’appel de l’écriture ayant été plus fort que celui d’enseigner, je n’ai jamais exercé cette profession. »  Au milieu d’autres raisons qui le poussaient à dénigrer le professorat au plus haut point. Examinant distraitement la liasse qu’il tenait entre ses mains, il rit faiblement. « Vous devez vous dire que je suis idiot d’avoir tout abandonné. Et je pourrais vous donner raison. Seulement, j’attends le bon moment pour rebondir. Il me faut retrouver l’inspiration qui me mènera peut-être cette fois à l’accomplissement ultime. »  Pas peut-être. Avec certitude. Il n’avait pas gravi les échelons de la gloire pour être arrêté si près du but. Aucun obstacle, en dehors de lui-même, ne le retenait d’achever son ambition. Se rendre à Lima n’était qu’un moyen d’entretenir le manque auprès de ses lecteurs qui finiraient par oublier l’incident du plagiat et regretteraient leur écrivain chéri, déçus que son génie ne soit plus exploité. Lyle tendit finalement les croquis à la jeune femme en haussant un sourcil. « À voir vos dessins, je suis certain que vous me cachez être une artiste reconnue de la ville. Dites-moi tout. »
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyMar 6 Mai - 20:46

L’atmosphère céleste de la galerie fut dérangée par la chute imprévue des dessins de Caitlin sur le sol. Tout en légèreté, les feuilles de papier valdinguèrent dans les airs pour venir, avec une délicatesse instinctive, recouvrir les dalles lumineuses du corridor, donnant ainsi l’impression qu’un parterre d’esquisses venait d’y être déposé volontairement, comme la pièce maîtresse d’une exposition éphémère. Sur-le-champ, cette jolie vision donna des idées à la professeure qui rechaussa ses lunettes. Ne se laissant pas perturber par son fil de pensée, elle se pencha gracieusement pour ramasser ses croquis, se répandant en excuse auprès de son interlocuteur qui suivit le mouvement et lui apporta une aide qu’elle accueillit avec un sourire spontané. Pendant que dans son esprit d’artiste, elle mettait déjà en route les plans d’un nouveau projet, Caitlin rassembla les feuilles, prenant garde à ne surtout pas les abîmer. Très tôt le lendemain matin, elle irait gratter à la porte du bureau du principal Figgins pour lui parler de la vétusté du préau de son lycée – elle lui proposerait les loyaux services de ses élèves pour embellir à la craie le revêtement bétonné. Elle connaissait que trop bien la répulsion de son patron pour les graffitis, pour toute forme d’art graphique en général, mais il n’aurait aucune excuse cette fois, car aucuns frais ne seraient engagés et que la prochaine averse effacerait les tracés, ne laissant que des traînés de couleurs incertaines sur l’asphalte. C’était ce qui rendait le projet intéressant aux yeux de la jeune femme. Et en imaginant déjà le rendu final, son sourire s’élargit graduellement.
L’enthousiasme de CJ concernant les activités d’écrivain de son interlocuteur était palpable, la façon dont elle avait laissé son carnet se déverser à leurs pieds en était l’ultime preuve, d’ailleurs. Ses pommettes, pourtant maquillées, prirent davantage de couleurs, accentuant ainsi la pâleur de sa peau et le brun de ses grands yeux. Elle réprima un autre sourire lorsqu’il lui retourna un compliment qu’elle lui avait fait plus tôt, et bien que toujours dans ses songes, elle lui répondit :

« Je ne suis pas une créative, je suis simplement une rêveuse. » Pauvre d’elle. Elle évita cependant de contrarier davantage le jeune homme qui, cette fois, la qualifia d’artiste. Se contentant de baisser timidement la tête, sa modestie l’empêchant d’user de ce terme pour se qualifier elle-même, son teint ne cessa de s’empourprer. En refermant la couverture cartonnée de son carnet dans lequel elle y glissa ses dessins, Caitlin releva la tête, et après avoir vérifié qu’elle n’avait rien oublié, jetant des regards circulaires au périmètre autour d’elle, elle saisit la main de Lyle pour mieux se relever. D’un geste aérien, elle plissa les froncements harmonieux de sa longue jupe, faisant danser l’ourlet qui recouvrait ses chevilles, et elle savoura le silence retrouvé dans son havre de paix. Seule la voix de Lyle se répercutait sur les murs ornés d’œuvres de la galerie. Caitlin commençait à se faire aux intonations suaves du jeune homme sûr de lui qu’elle avait en face d’elle, il y avait quelque chose de rassurant dans sa façon de se montrer aussi pédant ; il était différent d’elle à bien des égards, et la différence nourrissait la curiosité de CJ qui choisit toutefois de rester silencieuse encore un peu, appréciant le récit chargé en détail de Lyle.

Et les coins de sa bouche se courbèrent tristement, car elle trouvait dommage qu’un homme qui, et il confirma ses dires en se lançant dans d’autres confessions qui lui redonnèrent brusquement le sourire, semblait être quelqu’un de talentueux ne s’adonne à ce pour quoi il était destiné. En l’occurrence, Lyle lui avoua qu’il avait cessé d’écrire, et cela contraria la brunette qui se mit à froncer les sourcils, se donnant un air consterné, durcissant avec une précision tranchante la douceur éclatante de ses traits. Il avait connu une certaine médiatisation d’après ses propos – il ne vint même pas à l’esprit de Caitlin d’en douter, elle buvait ses paroles désormais – cela voulait donc dire qu’il était incontestablement doué, et l’espace d’un moment, elle fut véritablement confuse, cherchant une raison valable à l’abandon de l’écrivain.
S’il s’agissait de l’un de ses élèves, elle se serait lancée dans l’un de ses laïus pleins de bons sentiments, appuyant sur le fait que la vie est ainsi faite, jonchée de difficultés, drapée de déceptions, et qu’il faut s’y accrocher pour réaliser les rêves qui nous animent. Simplement, quelque chose lui disait qu’il valait mieux ne pas s’engager sur ce terrain avec Lyle. Les propos naïfs d’une jeune femme de sa trempe le feraient sourire et Caitlin voulait éviter de perdre du crédit aux yeux de l’écrivain. Ceci pour une raison assez simple ; il l’impressionnait. Et elle n’était pas au bout de ses surprises, car aussitôt l’embrouillement passager qu’elle avait ressenti se transforma en une excitation telle que son cœur manqua une pulsation. Serrant son carnet de dessins contre elle, elle lui offrit sa plus belle mine émerveillée. Les sourcils haussés très haut, les yeux arrondis par la vénération, elle se mordit la lèvre inférieure avant d’oser prononcer quoi que ce soit de nouveau.

« Je crois que vous êtes l’homme parfait ! » lança-t-elle en récupérant les dessins que Lyle lui rendait, sa voix accomplissant une envolée spectaculaire vers une note discernable uniquement par les chauves-souris. Les bras étroitement serrés sur son carnet, elle poursuivit tout aussi gaiement « Vous cherchez l’inspiration, c’est vous qui l’avez dit, et je crois que la meilleure des inspirations se puise dans l’échange humain. La solitude est juste un concept inventé par les anxieux ! » Elle rit en secouant la tête et glissa les dessins entre deux pages, puis ses bras retombèrent le long de son corps « Le partage est, à mon sens, ce qu’il y a de plus beau. Tenez, vous n’avez qu’à regarder autour de vous. » Exécutant un tour sur elle-même, la grâce avec laquelle Caitlin engloba les tableaux accrochés au mur se diffusa jusqu’au mouvement de balancier de ses longs cheveux qui remuaient dans son dos, et tandis qu’elle retrouvait son point d’ancrage originel, elle se replanta devant le jeune homme « Je ne suis pas une artiste, je suis professeure d’arts plastique dans un lycée. Et vous, vous devriez envisager de venir faire un tour à McKinley High. En tant qu’observateur, pour commencer ! » Elle le regarda en penchant la tête et retrouva une certaine retenue, un ton plus affirmé et adulte que les élans chaleureux de la petite-fille contentée qu’elle avait laissé s’échapper à peine une minute plus tôt « Vous trouveriez sans doute de meilleurs endroits où enseigner, vous semblez être un homme important, Lyle. » Elle marqua soudain une pause, et enfin, plissa une paupière tout en le pointant très furtivement du doigt « Vous auriez des choses à inculquer aux élèves, et croyez-moi, ils pourraient très bien vous inculquer quelques petites choses en retour. De quoi raviver un peu votre inspiration, et prouver que vous n’êtes pas – comment avez-vous dit, déjà ? » Elle se redressa en le regardant par-dessus les verres de ses lunettes mal positionnées sur son nez. Gracieuse et souriante, elle les repoussa et prit une expression de réflexion qu’elle chassa comme un nuage au-dessus de sa tête, sa main virevoltant dans les airs « Ah oui ! Cet auteur de pauvres histories romantiques sans intérêt ! »
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Lyle Dean-Ewers
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyMer 23 Juil - 22:17

À court d’oxygène une fois son monologue terminé, Lyle reprit sa posture initiale, les pieds fermement ancrés au sol, et dans un sourire remplit ses poumons d’un air respirant le vernis. Ce même parfum qui embaumait jadis l’atelier de sa mère dans leur appartement du centre de Détroit et qui lui rappelait inévitablement son enfance. Bien que l’esprit du jeune homme refusât de s’attacher à la ville miniature où il avait posé bagages et à tout ce qui s’en rapportait, il devait admettre que cette première visite à la galerie Preston le poussait à céder à la familiarité du lieu. Son détachement aurait sûrement été simplifié si son intérêt n’avait pas été happé par cette rencontre fortuite qui, contrairement aux précédentes, pouvait enfin être considérée comme authentique. Authentique car le bibliothécaire, la caissière du supermarché ou la secrétaire de l’office de tourisme ne comptaient pas particulièrement parmi les perles qu’il avait été donné de croiser. En ce qui concernait la jeune femme avec laquelle il s’entretenait depuis maintenant quelques minutes, son appréciation était toute autre. D’abord parce qu’il avait enfin eu la possibilité de converser comme il se doit avec une personne dotée de tous ses neurones depuis son arrivée à Lima trois jours plus tôt. Ensuite parce qu’aussi improbable que cela puisse paraître, la brunette semblait exercer sur lui un pouvoir canalisateur qu’il s’était rarement connu. L’apparente fragilité qui dégageait de cet individu rendait toute tentative de rudesse qualifiable de crime. Alors Lyle avait abandonné son armure de sarcasme pour adopter le naturel calme dont il était doué, mais qu’il ne mettait que rarement à profit. L’écrivain de romans fades contre le philosophe.

Tendant la liasse de croquis à Caitlin qui l’attrapa de ses doigts fins et habiles, les sourcils du philosophe s’arrondirent de surprise à l’exclamation de la jeune femme qui se répercuta sur les murs bigarrés. Même si le jeune homme savait déjà qu’il était à lui-seul l’allégorie de la perfection, il ne put contenir un bref sourire flatté, mais les propos de la brunette le contraignirent rapidement à recouvrer son sérieux.
Anxieux, l’était-il? En mettant en vis-à-vis les opinions de la belle avec ses expériences les plus récentes, Lyle se surprit à hocher lentement la tête, considérant sérieusement l’argument qui venait d’être énoncé. Depuis le départ, sa fuite de Détroit ne lui était pas apparue comme telle. Il avait s’agi pour lui d’un exil volontaire, quittant un lieu littérairement fatigué pour un renouveau bénéfique à sa profession. Imposant son isolement comme moyen essentiel à sa renaissance, loin d’une médiatisation qui l’étourdissait en lui faisant perdre de vue son principal objectif, il était atterri dans un territoire reculé de toute civilisation urbaine digne de ce nom, lui qui aimait le vacarme des grandes villes, et logeait dans un manoir trois fois trop grand, même pour un homme qui estimait qu’un tel espace était nécessaire à un esprit aussi large que la demeure. N’étant pas parti en quête de compagnie une fois ses bagages posés, il pensait avoir besoin d’être seul pour que l’inspiration vienne d’elle-même à lui. Seul mais entouré, car il puisait ses idées des écarts humains. Mais cherchait-il vraiment à retrouver son génie? Et si, finalement, il n’essayait pas simplement de gagner du temps? Ne s’était-il pas plaint de devoir rédiger de pâles histoires alors qu’une flopée de réflexions bataillait encore il y a un mois pour être enfin retranscrites sur papier? Sa logique présentait une faille, il en était désormais conscient. D’autres motifs de son départ se profilaient, plus réalistes, que Lyle refoula sur-le-champ. Il revint à ses esprits.

Tandis que Caitlin effectuait un tour sur elle-même pour une raison qui lui échappait, ayant visiblement manqué une partie de la conversation pendant qu’il divaguait dans le flot de ses pensées, il observa d’un œil distrait les ondulations de sa jupe qui, légèrement relevée, laissait deviner la finesse de ses mollets. Il releva le menton pour immerger de ses songeries et reconcentrer son attention sur la discussion, ce qu’il regretta presque aussitôt. Feignant son intérêt, les sourcils hauts et ses lèvres pincées en une ligne étroite, il écouta les conseils de la jeune femme sans un mot. Il en avait assez dit. Voire même trop dit. Bien que son discours se soit révélé libérateur, dévoiler sa vie trépidante d’auteur déchu à une inconnue se s’était pas révélé judicieux. Il se mordit la lèvre, soucieux. Tout s’expliquait. Cet air rêveur, cette âme d’artiste, cet esprit pertinent étaient le reflet même de la profession qu’elle exerçait.
La lueur de bienveillance dans le regard de la jeune femme irradiait tant qu’elle parvenait presque à atteindre le cœur de pierre du philosophe. S’il ne réagissait pas rapidement, il ne saurait pas comment sortir de cette situation déséquilibrante qui brouillait son raisonnement. Quel genre d’aura dégageait-elle pour qu’il en vienne à douter de ses propres convictions, lui qui d’ordinaire se montrait si catégorique? « Je pense que vous vous trompez sur quelques détails me concernant. » articula-t-il rapidement, le ton grave et solennel. Il était évident qu’il ne désirait rien de ce que Caitlin lui proposait, mais comment lui expliquer sans qualifier sa bonté d’incongrue? « Si je n’ai pas poursuivi dans le métier de professeur, c’est qu’il y a une bonne raison. » amorça-t-il avec retenue.  Lyle avait toujours jeté sur le système éducatif un regard méprisant. On accordait tout et n’importe quoi à des crétins d’élèves, on allégeait les programmes pour ne pas les contrarier, on embauchait des ignorants… À votre avis, pourquoi plus aucun jeune ne parvient à écrire une phrase sans qu’elle ne grouille de fautes d’orthographes inacceptables? Pourquoi ce taux d’analphabétisme pharamineux? Parce que tous les professeurs d’anglais sont des femmes, tout simplement. Fort heureusement, des personnes comme Caitlin demeuraient présentes dans les établissements, quoiqu’elles fussent de sexe féminin. Ou bien des hommes comme lui, si toutefois ils existaient, qui avaient le courage – non, la folie – d’accepter d’entrer dans l’éducation nationale. « Je ne suis certainement pas pédagogue, et pardon, mais j’ignore comment des adolescents qui affirment qu’Eminem est le plus grand philosophe d’Amérique peuvent m’apporter quoi que ce soit. » Il émit un rictus sincèrement désolé. S’il frôlait le cliché, il n’en demeurait pas moins persuadé de l’incompétence des jeunes d’aujourd’hui. Enseigner de nos jours était devenu un métier équivalent à celui de la police municipale et faire de la discipline à des écervelés ne l’intéressait guère. Pourquoi perdre son temps à manifester le plus haut de son intellect devant une classe rendue sourde dès l’instant où le nom de Kuhn serait prononcé? Alors Lyle se pencha vers Caitlin, et le visage crispé lui murmura. « Je crains de perdre patience trop rapidement, vous comprenez? » Inclinant la tête sur le côté, son expression se radoucit. « Je vous remercie de vouloir m’aider Caitlin, mais vous vous méprenez sur mes capacités à gérer ces jeunes individus. »
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptySam 26 Juil - 15:53

Il devait y avoir une dangereuse toxine dans l'eau pour que tous les habitants de la ville soient saturés d'un défaitisme qu'ils n'essayaient même plus de cacher, tant ils étaient profondément désillusionnés. Depuis son retour à Lima, Caitlin rencontrait des adultes au comportement bien pessimiste, trop pour qu'elle n'envisage pas de faire changer leur vision du monde dans la seconde où ils engageaient la conversation avec elle. On la prenait pour une sotte, retirée dans un monde où les capsules de bouteilles de soda finissaient par se retrouver accrochées en babioles tordues autour de son délicat poignet, mais Caitlin savait de quoi elle parlait. Pour y avoir passé du temps lorsqu'elle était adolescente, elle connaissait bien la ville. Elle savait mieux que personne que sa réputation n'était pas reluisante en dehors des prairies fleuries des alentours, et cela malgré les efforts radicaux de la mairesse pour polir son plus beau trophée, récompense grandeur nature qu'elle avait obtenue après des élections auxquelles Caitlin n'avait pas eu le loisir de participer. Pour autant, le portrait hideux qu'on dépeignait de la ville avait encore tout le temps d'être embelli, c'était donc avec ses petits moyens que Caitlin essayait de convaincre son entourage qu'il n'y avait pas que les perdants qui se regroupaient dans les rues étroites de la cité. Il n'était pas nécessaire de rabaisser les qualités évidentes que Lima avait en sa possession ; sa jeunesse en premiers lieux. Les élèves qui sortiraient bientôt du lycée pour accomplir un destin encore abstrait étaient une force, si bien que la mairesse elle-même avait misé sur la jeunesse pour acquérir de nouveaux électeurs en devenant la directrice de la chorale de WMHS. Sur le fond, c'était une mission abjecte, car intéressée, mais sur la forme, Sue Sylvester offrait de nombreuses opportunités aux membres des New Directions. 
CJ ne pouvait pas laisser Lyle dénigrer les atouts de la jeunesse comme il s'appliquait à le faire désormais, et c'est les lèvres pincées, ses croquis plaqués tout contre sa poitrine qu'elle plissa les paupières pour mieux réduire son champ de vision, histoire de percevoir tous les contours invisibles, et autres traînés de couleur imperceptible, de l'homme qu'elle avait en face d'elle. Après une longue minute d'observation durant laquelle son idée fut confortée quant à sa théorie sur l'importance de l'écrivain, elle fit claquer sa langue contre son palais, et dans un sourire mi-radieux mi-mystérieux, elle lui répondit :

« J'ai de l'intuition, vous savez. » Son amour propre venait-il d'être égratigné ? Caitlin ne se laissa pas le temps d'y songer, car elle s'avança de quelques pas pour venir se positionner juste devant Lyle qu'elle gratifia d'un clin d’œil très furtif, presque inexistant, tellement il fut rapide, avant de poursuivre « Je ne pense pas me tromper sur vous. En revanche, vous, vous vous trompez. » Son vague sourire s'élargit pour dévoiler une rangée de dents parfaitement alignées, et tout en relevant sa frange brune avec ses lunettes qu'elle fixa de nouveau sur son crâne, Caitlin précisa le fond de sa pensée « Eminem est un peu dépassé, Lyle. Il est admirable, son parcours est stupéfiant, mais il trop vieux maintenant pour coller à notre époque. Ed Sheeran, lui... » Ses pupilles formèrent deux billes couleur chocolat tandis qu'elle penchait la tête sur le côté en fronçant le nez, et des petites rides se formèrent à ses arêtes, gravant définitivement dans sa peau les quelques fossettes provoquées par ses nombreux sourires. Elle pointa Lyle d'un doigt enthousiaste en se redressant de toute sa taille, puis joignit les mains devant elle comme une enfant, tenant fermement son carnet de dessins près de son jupon « C'est un incroyable auteur-compositeur, très éclairé sur la jeunesse et le monde qui nous entoure. Il a des mots justes, il est très doué ! Je ne le connaissais pas avant d'enseigner, ce sont mes élèves qui m'ont appris qui il était. » Elle aurait aimé compléter ses paroles en narguant son locuteur de façon à lui faire comprendre que, quoi qu'il en dise, c'était évident que les jeunes avaient des tas de choses à lui apprendre, comme lui avait des choses à leur apprendre, mais elle la provocation n'était pas dans ses cordes, et autant éviter de se faire un ennemi aussi fascinant, songea-t-elle quelque part dans son esprit. La bouche entrouverte, elle la referma délicatement, un dernier sourire vaporeux s'amorçant sur son visage et elle se tut définitivement. Détournant le regard sur la vitrine de la galerie qu'elle apercevait par-dessus l'épaule de Lyle, c'est inévitablement que CJ se perdit dans ses pensées.

Qu'un homme comme Lyle soit friand des lieux communs ne surprenait pas Caitlin au fond. Très sûr de lui, il dégageait une aura de préjugés qui l'aurait mise mal à l'aise d'ordinaire, car contrairement à lui, elle préférait cent fois laisser le bénéfice du doute aux individus, plutôt que de les mettre à tout prix dans des cases desquelles il était atrocement difficile de sortir. Elle ne savait pas pourquoi elle restait plantée là à discuter avec quelqu'un de si intransigeant dans sa façon de percevoir les jeunes et leurs défauts, mais elle s'aperçut que c'était l'envie de lui démonter qu'il se trompait sur toute la ligne qui la contraignait à s'attarder. Et lorsqu'un nouveau visiteur poussa la porte de la galerie pour s'y engouffrer, actionnant la clochette de l'entrée, elle sortit brusquement de ses songes, et se remit à rire en exécutant un pas en arrière. 

« Kuhn est mort pour la seconde fois, aujourd'hui. » Un signe de croix mental plus tard, - les bonnes vieilles habitudes ont la dent dure - Caitlin fit dans l'excès de zèle en allant jusqu'à hausser les épaules, puis elle rebondit sur les dernières confidences du jeune homme pour affirmer avec une véhémence assez peu coutumière chez elle « Oh, je vous en prie ! Ces jeunes individus, comme vous dites, ne sont plus des enfants, mais des adultes à en devenir. Si vous vous mettez à leur niveau, c'est-à-dire si vous mettez votre orgueil de côté le temps d'un cours, vous n'aurez pas besoin de capacités pour les gérer. Ce ne sont pas des animaux, ils se taisent quand on leur demande, et s'intéressent quand on réussi à capter leur attention, ce que vous êtes évidemment capable de faire, vous êtes... »  Elle grossit alors les yeux en le désignant de bas en haut avec sa main libre, restant finalement assez évasive sur qu'elle cherchait à lui dire, et après un soupir, elle conclut, tout en resserrant ses croquis contre elle « Je crois tout simplement que vous vous cherchez des excuses pour refuser ma proposition, Lyle. »
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Lyle Dean-Ewers
Lyle Dean-Ewers
People accuse me of being arrogant all the time. I'm not arrogant, I'm focused.
Age : 31 ans
Occupation : Écrivain philosophe, Professeur de philosophie à McKinley High School
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MessageSujet: Re: 04. Visions' blending   04. Visions' blending EmptyDim 10 Aoû - 19:30

Même si ses propres écrits l’ennuyaient au point de l’accabler, ne reflétant pas ce qu’il chérissait le plus au monde soit son intelligence, le souvenir de sa première publication restait ancré en lui comme l’un des meilleurs moments de son existence. Tenir son livre entre ses mains, sentir la couverture lisse et brillante glisser sous ses doigts, parcourir d’autres pages que celles rédigées par des imbéciles, amateurs, incapables de sortir de cette platitude générale qui semblait avoir été imposée telle une malédiction à la grande famille des auteurs. Pour Lyle, rien n’était plus flagrant. Ce manque de relief relevait de l’incompétence des faux écrivains, ceux qui se prétendaient grands mais ignoraient en réalité ce qu’était un vrai chef-d’œuvre littéraire. Comme cette J.K. Rowling qui avait reçu son diplôme de lettres en courrier recommandé depuis Poudlard. Le jeune Dean-Ewers interprétait le succès international de ses sept chiffons comme la preuve incontestable que la majorité de l’espèce humaine était attardée mentale. Était-il donc le seul homme sur terre à avoir perdu son latin en ayant lu les noms grotesques des sortilèges visant à faire croire à de simples demeurés que cette femme se rappelait encore de ses cours de littérature antique? Lyle en avait pleuré de rire. Au fond, peut importait au jeune homme de ne pas être en mesure d’attirer jusqu’à ses livres quelques milliards d’incompétents qui peuplaient cette planète tant qu’il possédait parmi ses lecteurs d’autres millions d’érudits. Inventer des sornettes et vendre de la fantaisie ne faisaient pas partie de ses coutumes. Pour lui rien ne valait la réalité, et par réalité il n’entendait pas uniquement le simple résultat de notre observation du monde mais plutôt tout ce que celui-ci recelait, dévoiler ses secrets grâce à un atout, proche du courage, propre à chaque philosophe : celui de ne pas craindre la vérité au sens des plus grands penseurs. C’est ainsi qu’il parvenait à créer des personnages aux facettes complexes qui faisaient sa fierté et son renom bien davantage que ses histoires, à son propre avis.
Mais si Lyle laissait à un jeune adolescent le choix entre découvrir l’une de ses œuvres (ou toute autre qui lui permettrait de poser sur son quotidien un regard éclairé) et l’un de ces romans sans envergure qui ne lui apprendrait qu’à fantasmer sur des aventures improbables, allait-il choisir la voie des illuminés ou celle des simples rêveurs? La réponse était évidente. À une période de leur vie lors de laquelle ces pré-adultes étaient sensibles aux opinions, tout dans ce monde les encourageait à s’égarer. Et quand bien même quelqu’un leur viendrait en aide pour retrouver le droit chemin, ils rejetteraient cette main tendue pour replonger dans l’ignorance puisqu’il s’agissait d’un état de confort. Ce type de comportement était spécifique à la génération d’aujourd’hui.

En analysant le regard de Caitlin, Lyle pouvait constater que malgré ses réticences la jeune femme ne comptait pas lâcher l’affaire. Ses yeux brillaient d’une détermination et d’une confiance que l’auteur craignait. Quelque peu sur la défensive lorsque la professeure s’approcha de lui, le grand brun recula une jambe pour se retrouver en équilibre instable. Pinçant les lèvres, il s’appliqua à observer tout ce qui ne se rapportait pas à son interlocutrice, effectuant un léger cercle avec sa tête avant d’être contraint par les paroles de la brunette de recentrer son attention sur elle. Il soupira et affaissa ses sourcils par désolation. Lui, se tromper? Belle preuve qu’elle ne savait pas grand-chose à son propos. Quelques secondes plus tard, la jeune femme parvint à flanquer une claque monumentale au philosophe qui se sentit prendre dix ans supplémentaires en un instant. Évitant d’ouvrir de grands yeux stupéfaits à l’évocation de la ringardise d’Eminem, Lyle en vint à se remettre en question et à reconsidérer son âge. Si cette célébrité était dépassée, qu’en était-il de lui? En passant une main dans sa barbe de trois jours, il ne put s’empêcher de penser qu’il avait en face de lui l’allégorie de la fraîcheur, toute pimpante et rayonnante. Elle incarnait une jeunesse qui lui avait échappé faute de l’avoir dénigrée. En s’évertuant à en médire une nouvelle, Lyle vieillissait en accéléré. Il n’avait jamais entendu parler d’Ed Sheeran - logique puisqu’il ne s’intéressait pas à la culture populaire. C’était donc cela : depuis qu’il s’était découvert un potentiel intellectuel hors norme, le jeune homme s’était coupé du monde ordinaire, de ces petites gens et de tout ce qui pouvait les captiver. Soudain, l’écrivain se sentit pitoyable, ce qu’il exécrait et ne ressentait que peu fréquemment. Comment une femme aussi jeune était-elle parvenue en le rabaisser à un tel point? Évasif, ne cessant de se frotter la mâchoire, Lyle répondit vaguement en ignorant le sous-entendu. « Si j’ai bien compris, je devrais directement me précipiter sur mon ordinateur en rentrant chez moi pour écouter quelques chansons de ce Ed Sheeran? » Le ton sarcastique, une pointe d’agacement perçait également de sa voix rauque, manifestation de la colère qu’il contenait. Celle-ci n’était pas dirigée contre Caitlin, pas tout à fait contre lui non plus. Plutôt contre une partie de lui qu’il réalisait maintenant n’avoir jamais comprise. Il condamnait les préjugés mais se rendait aujourd’hui compte qu’il baignait dedans. S’y noyait même. Comme tout homme, voulait-il utiliser pour se rassurer, mais il n’était pas « tout homme ». Lui était censé combattre les opinions. Comment pouvait-il être un bon philosophe en se comportant ainsi? Il ramena ses bras contre sa poitrine en les croisant pour se protéger de la personne trop perspicace qui se trouvait face à lui.

Mais rien n’y faisait. Son ultime tentative pour esquiver la proposition de la jeune femme enclencha une réaction à laquelle il ne s’était pas préparé. Même s’il lui restait assez d’amour propre pour soutenir le regard de la belle pendant qu’elle le réprimandait avec ferveur, Lyle sentait l’expression sévère qu’il avait montrée jusqu’alors perdre de sa consistance. Sa bouche tomba entrouverte, prête à la couper dans ses reproches dès que l’occasion se présenterait, mais il en fut incapable avant la fin de son véhément discours. Quelques secondes passèrent avant qu’il ne parvienne à refermer ses lèvres sur elles-mêmes, les paroles de Caitlin résonnant dans son crâne de toute leur vérité. Il concevait tout ce qu’elle venait d’énoncer, or personne ne s’était encore montré assez audacieux pour lui jeter en pleine face ces constats accablants. Jamais personne. Pourtant, au lieu de le faire exploser de rage, cela ne fit qu’accentuer la fascination qu’il éprouvait à l’égard de la jeune femme. Pendant qu’un bref silence s’installait, Lyle détendit ses muscles frontaux crispés qui avaient creusé sa peau entre ses sourcils, puis raclât sa gorge avant de soupirer à nouveau. « Très bien. » Lyle se tint une seconde sur la pointe des pieds et fourra ses mains dans les poches de son pantalon. Pour éviter tout contact visuel avec la jeune femme, il détourna la tête sur le côté. « Peut-être que vous avez raison. » Réalisant qu’éviter de la regarder ferait croire à la douce Caitlin qu’elle avait tout gagné – et ne souhaitant pas passer pour un lâche auprès des quelques visiteurs de la galerie qui les observaient probablement du coin de l’œil, il dirigea son visage vers elle et s’approcha pour finalement réduire la distance qu’il avait souhaité instaurer entre eux quelques minutes plus tôt. Sa voix désormais plus posée, il poursuivit malgré lui. « Faisons un marché. Vous m’avez l’air tenace, chère Caitlin, et puisque je dois admettre que, dans le fond, j’apprécie ce trait de caractère, je ne souhaite pas vous lâcher de sitôt. Le meilleur moyen de vous revoir serait probablement d’accepter votre proposition. » Prévoyant la réaction de la jeune femme, il leva un doigt afin de stopper son élan et haussa un sourcil. « Mais que ce soit clair, je n’ai jamais eu l’intention d’enseigner. Je veux donc que cela se fasse sous mes conditions. De ce fait, si mon premier essai se trouve être infructueux, je retourne immédiatement sur mes pas. Compris? » Sur ce, il passa une main à l’intérieur de son blazer et en ressortit son carnet qu’il agita devant elle de manière théâtrale. À l’intérieur de la couverture, il délogea d’une fente prévue à cet effet une petite carte marron et blanche et la tendit à la jeune femme. « Voici de quoi me joindre, nous n’aurons qu’à convenir d’un rendez-vous dès qu’une place se libère dans l’établissement. » Ponctuant ses paroles d’un sourire en coin destiné à reprendre le contrôle en la charmant gentiment, il se redressa et se tourna vers le tableau à l’origine de leur rencontre. Loin de se sentir vaincu, l’écrivain lança d’une voix enjouée. « Bien, où en étions-nous? »


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