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 05. Scars and souvenirs.

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Tate Bartowski
Tate Bartowski
TATE ► don't play the odds, play the man
Age : 31 ans
Occupation : Avocat de la défense auprès d’une firme située à Columbus, et lecteur de droit à l’OSU. Collaborateur d’Ecaterina Robertson. Choriste/musicien chez les Awesome Voices.
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MessageSujet: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptyDim 1 Juin - 1:59

Tate décroisa les chevilles, posa son livre à l’envers sur la table basse pour ne pas perdre sa page, et vînt s’attarder près du meuble où il entreposait sa collection de vinyles. Il en avait beaucoup aujourd’hui, et certains avaient malheureusement souffert des années, et de ses déplacements. Il ne se lassait toutefois jamais de les écouter. Il caressa le bout de leur relire avec délectation. Elles sentaient l’humidité, le tabac froid, l’usé. La seconde main. En grande partie parce qu’une majorité provenait de marchés aux puces, de brocantes et de vide-greniers qu’il avait écumé dans l’espoir de réunir ses albums préférés. Il tira une pochette d’une couleur jaune canari où un Sam Cooke e 31 ans souriait à pleines dents. Sans doute se serait-il moins enthousiasmé s’il avait su à l’époque qu’on le retrouverait mort dans une chambre d’hôtel à peine trois ans plus tard. Mais ce genre de détails n’intéressaient personne. Tate en retira un large disque sombre qu’il fît tourner deux fois entre ses doigts déliés avant de le placer sur la platine. Il souleva lentement la tête de lecture pour la placer sur sa piste préférée. Les premières notes de Summertime s’élevèrent, emplissant la pièce d’une chaleur qui à défaut d’être humaine, se valait à être musicalement suave. Le titre avait été repris à de multiples occasions depuis George Gershwin, mais c’était cette version-là qu’il affectionnait le plus. “Oh, your daddy’s rich and your ma’ is good-looking. So hush, little baby don’t you cry” entonna-t-il de son timbre grave habituel avant de monter le volume qui se répercuta sensiblement contre les murs de l’appartement. Il avança tranquillement vers son comptoir pour se servir un autre verre de vin blanc, avant de s’installer sur une chaise haute. Il était seul, et c’était un vendredi soir. Il songea aux copies qu’il devait corriger pour le lundi après-midi, et poussa un très long soupir de lassitude. Il n’était pas d’humeur à supporter les âneries que lui auraient inventé ses premières années. D’un autre côté, débattit-il en haussant un sourcil à moitié convaincu, démonter leurs raisonnements boiteux pourraient se révéler très thérapeutique. Il s’accorda une courte seconde pour peser les pour et les contre. Il pouvait presque entendre les railleries de Wyatt s’épanouir entre ses deux tempes, et chassa le visage de son ami de son esprit avec agacement. Il aurait dû descendre au Café…
D’un air aussi affligé que résigné, Tate tira son porte-document en cuir jusqu’à lui pour s’emparer de son lot de copies. S’il s’y mettait tout de suite, il réussirait peut-être à boucler l’affaire pour minuit. Ou disons une heure du matin, s’autocorrigea-t-il en jetant un coup d’œil à l’horloge à balancier qui trônait au-dessus de son violon. Il déboucla le mécanisme en ferraille, et tira ses pochettes plastique. Il s’en désintéressa presque aussitôt, lorsqu’un livre s’échappa de l’ensemble pour s’écraser sourdement contre le carrelage blanc. Ses traits se tirèrent lorsqu’il reconnut la couverture du journal de son père. L’avocat appuya une main sur le comptoir, et se courba péniblement en avant pour le récupérer. Il l’ouvrit machinalement, et ses pupilles vairons tombèrent immédiatement sur l’écriture maladroite de son père. “Blizny i pamiatki”, Cicatrices et souvenirs. Il le referma sèchement en se rappelant la dernière visite de la voisine du dessous.
En surface, Tate n’appréciait que moyennement Ecaterina Robertson. En dépit de ses formes avantageuses, de ses boucles nouvellement rousses—qu’il s’amusait à complimenter à la moindre occasion pour l’exaspérer—de son caractère délicieusement piquant et imprévisible… Elle traînait à sa cheville une belle poignée de défauts des plus rédhibitoires, selon lui, au sommet desquels trônaient un petit ami pas très vif d’esprit; suivait un goût prononcé pour les titres de Miley Cyrus, un sens de l’humour aussi inquiétant que le sien, et un caractère FICHTREMENT imprévisible. Il l’appréciait nettement moins depuis qu’elle s’était présentée sur le pas de sa porte pour lui retourner ce même journal qu’il tenait entre les mains, qu’elle prétendait avoir trouvé dans le hall d’entrée de leur bâtiment. Il l’avait sans doute laissé tomber par inadvertance en cherchant ses clés, mais là n’était pas la question. L’idée qu’elle puisse avoir mis le nez dedans lui hérissait les cheveux sur la nuque. C’était comme s’il avait subitement été plongé dans un bain d’eau froide. Il s’était réconforté en se rappelant qu’une bonne partie du récit était rédigée en polonais—son père n’avait appris à écrire et parler anglais que tardivement—et qu’Ecaterina se serait probablement découragée avant d’atteindre les chapitres en anglais—ceux qui le concernait lui, sa mère et son frère jumeau Thayer. Évidemment, c’était avant qu’elle n’essaie de lui proposer un contrat d’édition. Il lui avait claqué la porte au nez avant qu’elle ne puisse développer ses intentions, ses idées et comment elle et lui pourraient collaborer. Elle avait lu.

Tate tendit l’oreille. Il était presque certain de ne pas avoir entendu les talons de sa voisine claquer depuis qu’elle était rentrée, quelques temps plus tôt. Summertime s’évanouit tandis qu’il réfléchissait. Hmmm.
Tate descendit les escaliers après avoir terminé son verre d’alcool, une main sur sa canne et l’autre sur le journal de Pawel Bartowski. Il était à présent décidé à tenir cette conversation avec Cat, qu’elle soit occupée ou non. Il donna trois coups distincts contre la porte d’entrée, et attendit qu’elle vienne lui ouvrir. À peine eût-elle entrouvert le battant qu’il força le passage, sans la moindre considération pour le concept de liberté de ne pas vouloir le laisser entrer. Il s’immobilisa quelques mètres plus loin, doucement perturbé. Les appartements du bâtiment dans lequel ils vivaient étaient agencés de la même manière, seulement, Ecaterina avait occupé l’espace d’une manière si différente de la sienne seulement un étage au-dessus qu’il en resta momentanément bouche bée. Momentanément. “Salut ! J’ai vu de la lumière, alors je me suis arrêté” lança-t-il presque jovialement, pivotant vers elle comme s’il venait tout juste de prendre compte de sa présence. “J’espère que je n’interromps rien” À vrai dire, il s’en fichait comme de son premier caleçon mais un peu de courtoisie n’avait jamais tué personne. Enfin, théoriquement. “Je voulais te demander si tu parlais couramment polonais?” Il plissa les paupières, comme s’il était entrain d’estimer ses réactions en laissant passer quelques secondes inconfortables. “OK c’était une question facile. Maintenant, tu l’as poussée jusqu’à où ta lecture?” Le ton était subitement beaucoup moins léger, et nettement plus tranchante. “J’essaie de comprendre pourquoi ça t’intéresse” ajouta-t-il par bonnes mesures en brandissant entre eux, le manuscrit. “C’est qu’un pauvre journal”.


Dernière édition par Tate Bartowski le Mer 6 Aoû - 5:14, édité 1 fois
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Ecaterina S. Robertson
Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptyMar 3 Juin - 16:00

« Oh, your daddy’s rich and your ma’ is good-looking. So hush, little baby, don’t you cry. » Sitôt que la musique suave avait percé les murs de son appartement, Ecaterina avait tourné la tête pour couver d’un regard soucieux la petite Emily Schuester. Confortablement installée sous sa couette préférée, son doudou ignoble et puant coincé entre sa joue rebondie et son oreiller, rien ne semblait pouvoir la faire sortir du royaume des rêves dans lequel elle s’était retirée. Emily était tombée comme une souche après qu’elles soient rentrées du dîner organisé par Emma. Cat n’avait pas eu la volonté nécessaire d’aller l’installer dans sa chambre à coucher depuis, réconfortée par l’apaisement qu’elle lisait sur son visage de poupée. Elle était bien mieux dans le salon avec elle à proximité. Un mince sourire empreint de culpabilité fendit l’expression tracassée de la jeune femme qui se dit qu’en réalité, c’était elle qui avait le plus besoin d’être maternée. Si seulement son idiot de voisin n’avait pas eu la bonne idée d’écouter un peu de musique à cette heure de la nuit, se dit-elle en le maudissant intérieurement. S’il la réveillait maintenant, elle ne répondrait plus de sa personne. Consultant l’heure sur la vieille horloge accrochée au mur d’en face, elle déplia ses jambes en secouant la tête, dépitée par le comportement puéril de Tate Bartowski – comportement puéril auquel elle répondait bien souvent, mais depuis qui lui avait claqué la porte au nez, elle ne prenait plus le temps de s’amuser de ce conflit de voisinage qui persistait depuis des mois entiers, la sortant souvent de la vie monotone qu’elle exécrait. Elle se retourna sur son haut tabouret tout en accordant un regard noir au plafond, espérant secrètement qu’il soit assez meurtrier pour le transpercer et ensuite, elle le reporta sur son écran d’ordinateur. Soupirant frénétiquement, elle fut vite rassérénée.
Ce week-end, Cat et Ems le passaient ensemble, laissant le loisir à Will et Emma de partager un moment rien que tous les deux. Ecaterina et Gale avaient rompu plusieurs jours plus tôt et même si une rupture restait toujours difficile à gérer, la jeune femme avait pourtant l’impression de bien supporter cette séparation qui leur pendait au nez, de toute façon. Faire le point sur sa vie et embrasser les multiples possibilités que se présentaient à elle était une résolution qu’elle avait pris bien après l’arrivée de la nouvelle année et ce besoin vital d’avancer l’avait forcé à prendre des décisions radicales. Elle ne pouvait plus s’enfermer dans cette relation qui stagnait depuis des mois, une relation qui la présentait comme une éternelle insatisfaite, quand tout ce qu’elle essayait de faire en définitive, c’était de se construire et de cesser de cultiver ce mythe de la nostalgique de service qui irradiait, comme une fausse image qu’elle voulait se donner pour excuser la nonchalance qu’elle mettait à prendre son destin en main.
Elle avait eu mal, bien sûr, mais elle était bien décidée à utiliser cette douleur comme une arme qui la ferait enfin évoluer. Ecaterina faisait de plus en plus confiance à ses intuitions, à ses envies. Le soutien indéfectible de Charlie, et même de Wyatt, l’aidait à ne pas lâcher prise lorsqu’elle sentait qu’elle était à deux doigts de renouer avec ses vilaines manies. Maintenant qu’elle était sûre d’emprunter la bonne voie, elle retrouvait toute l’imprévisibilité qui faisait sa réputation et malgré les conséquences que ça avait pu engendrer dans le passé, habituée à fuir pour mieux se préserver, elle se félicitait d’être redevenue celle qu’elle était.

Le programme du week-end s’annonçait chargé. Il fallait au moins ça pour qu’Ems pardonne à sa Rina de s’être débarrassée de sa longue crinière blonde pour arborer ce tout nouveau carré roux qui l’avait rendu perplexe. Une visite à la ferme aquatique pour voir les petits poissons adoucirait l’affront que sa nounou de choc lui avait fait. Parcourant un site d’avis de consommateurs avec la bouche grande ouverte et la paume de sa main surélevant sa joue écrabouillée, Ecaterina reprit soudain vie et vint griffonner sur un post-it les séances d’un cycle Walt Disney qui se jouerait au cinéma du campus. Glissant un pied sous ses fesses, elle passa une main dans ses cheveux légèrement ondulés en étouffant un bâillement dans le creux de sa gorge tandis qu’elle switchait de page pour consulter son fil d’actualité sur les réseaux sociaux, lorsque trois coups distincts la sortirent de sa torpeur. Par réflexe, Cat regarda Emily une seconde fois et un pli se dessinant entre ses sourcils bien dessinés, elle quitta son tabouret pour aller jeter un œil à travers l’œilleton de la porte d’entrée.

Un très long soupir s’échappa de sa bouche pulpeuse. Tout en tirant sur le mécanisme du verrou, elle tourna la clef dans la serrure pour ouvrir. La condescendance de son voisin était aussi prévisible que ses observations poussées de son décolleté quand ils se retrouvaient à prendre le même ascenseur, elle anticipa donc son geste en libérant le passage pour le laisser entrer. Très furtivement, elle souhaita d’avoir oublié de ranger ses chaussures pour qu’il se prenne les pieds dedans. Sauf que vivre avec Emma Schuester pendant quelques mois l’avait aidé à rester un minimum ordonné. Ecaterina garda la tête légèrement penchée, les sourcils haussés très haut sous sa frange rousse en le regardant progresser jusqu’au milieu de la pièce. Refermant doucement la porte derrière elle, elle l’écouta débiter quatre questions en moins d’une minute et encore une fois, elle soupira. Nous y voici, songea-t-elle. Il lui en avait fallu du temps. Ceci étant, Charlie l’avait prévenu de ses probables lacunes intellectuelles et un sourire moqueur lui fit baisser la tête en y repensant.
Lui faisant signe de baisser le ton d’un air sévère, Cat posa un index sur ses propres lèvres, lui montrant de l’autre Emily qui bougeait dans son sommeil, probablement dérangée par la grosse voix de ce boiteux malpoli. Du regard, Ecaterina lui indiqua la baie vitrée donnant sur son balcon. Elle enfila une paire de ballerines noires en contournant le sofa, puis alla faire coulisser la porte pour de nouveau le laisser passer. La fraîcheur nocturne lui fit croiser les bras sur sa poitrine et provoqua des frissons sur ses jambes nues. Après avoir laissé un petit interstice entre la porte donnant dehors, elle tira sur les manches et le bas de son vieux sweat avant de dire à son voisin.

« Les gens civilisés disent bonsoir avant de se répandre en interrogations. Mais j’imagine que j’en attends trop de la part de quelqu’un qui m’a claqué la porte au nez, il y a quelques semaines. » Elle fit un pas pour s’écarter de la porte vitrée. La lumière de l’intérieur les drapa d’une sorte de lueur chaleureuse qui n’arrangeait en rien l’atmosphère glaciale entre eux cependant « Je ne parle pas le polonais. J’ai demandé à une assistante en linguistique de me traduire les premiers chapitres, mais elle est rentrée chez elle avant que je ne puisse lui apporter le journal. Pour tout te dire, je n’ai pas confiance en Google Trad, donc j’ai négligé cette partie pour m’attaquer aux passages en anglais. En diagonale, Tate, c’est tout ce que j’ai fait. » Elle arqua un sourcil défiant en décroisant les bras qu’elle agita, les laissant retomber le long de son corps « Je l’ai parcouru ce journal, d’accord ? Quand je me suis aperçue que c’était aussi personnel, je me suis arrêtée tout de suite et je suis venue te le rendre. J’ai peut-être… j’ai… » Elle pinça les lèvres en prenant une inspiration qui fit vibrer sa poitrine, étouffant les excuses qu’elle aurait dû lui faire pour s’être immiscée dans sa vie privée de cette façon. Cat n’avait pas d’excuse. Elle qui tenait tant à préserver ses petits secrets avait plongé dans ceux d’un inconnu sans se poser de questions.
Les mains tendues devant elle, donnant l’impression de le retenir pour qu’il ne s’avance pas vers elle, Cat poursuivit en parlant tout bas « Ça m’intéresse parce que des témoignages comme celui de ton père, on n’aura peut-être plus jamais l’occasion d’en avoir d’aussi précis, c’est une vraie histoire ! Superbement bien écrite, d’après ce que j’ai pu lire ! C’est important le travail de mémoire, je pensais que ça te parlerait. » Dans la pénombre, Cat chercha le regard de Tate, consciente de sa provocation qu’elle ne tenta même pas de dissimuler. Et une fois qu’elle l’eut trouvé, elle le soutint sans ciller. La mauvaise foi de son voisin lui fit esquisser un sourire qu’elle rendit éclatant en détournant la tête sur le parc du campus de L’Ohio State, rompant de fait le contact visuel « Quand on sort de chez soi en plein milieu de la nuit pour avoir une conversation concernant un pauvre journal, comme tu dis, c’est que quelque part, ça a plus d’importance qu’on veut l’admettre. Tu y crois autant que moi, tu es juste furieux que je sois venue fourrer mon nez dans tes petites affaires. Ce que je comprends, je t’assure, mais… » Cette fois, elle se mordit la lèvre supérieure, un faux rire entravant sa démarche. Elle attendit plusieurs secondes, mais elle préféra se taire finalement, consciente qu’elle aurait tout à perdre en se lançant dans un dialogue de sourds.
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Tate Bartowski
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MessageSujet: Re: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptyVen 8 Aoû - 23:23


L’avocat arqua un sourcil impatient lorsqu’elle lui mima sévèrement de baisser d’un ton. Il s’apprêtait à lui demander des explications un peu plus éloquentes, lorsqu’elle lui indiqua un coin du salon d’une main leste. Ah, voilà autre chose, considéra-t-il en poussant ses lèvres en avant, mécontent. Une fillette aux allures de chatons se trouvait-là, bercée dans le halo chaleureux du plafonnier qui la surplombait. Lovée contre un coussin mœlleux, et les lèvres légèrement entrouvertes, comme si elles venaient de relâcher un soupir paisible. Aussitôt, Tate calcula qu’il serait préférable de faire machine arrière, tourner les talons et remonter aussi sec dans son appartement. Après tout, si cette conversation lui était soudainement apparue impérative—lorsqu’il la pensait au mieux seule, au pire avec son copain—il pouvait aisément se convaincre d’ajourner la discussion s’il pouvait s’épargner de la tenir en messes basses. Il n’était pas encore venu à bout de ce dilemme pourtant loin de Corneille, lorsqu’elle le précéda en direction de la baie vitrée. Tate poussa un soupir audible avant de faire demi-tour pour tourner silencieusement le verrou—c’était un geste un peu déplacé lorsqu’on n’était pas chez soi, mais de nature instinctive en ce qui le concernait—appuya sur l’interrupteur du vestibule, avant de lui emboîter le pas. Elle ouvrit, puis referma derrière eux la baie vitrée dans un chuintement souple et Tate passa une main chaude sur son avant-bras où sa peau s’était hérissée sous la bise nocturne. Il tira sur les manches de son pull en grosses mailles, coulant un regard scrutateur sur les cuisses—puis les courtes jambes—d’Ecaterina.

“On est au moins d’accord là-dessus. How civilized of us” répondit-il d’un ton neutre, ne souhaitant pas mettre le feu aux poudres trop rapidement. Ce n’était pas l’une de ces conversations où ils pourraient simplement se claquer la porte au nez lorsqu’ils en auraient assez de débattre; non, le sujet était important, et mettrait donc à l’épreuve leur patience et endurance. Deux qualités qui, si elles existaient chez l’un comme chez l’autre, avaient toutefois des limites. Il indiqua le canapé qu’ils avaient laissé derrière eux d’un mouvement du menton: “Toi, et Gabe avez décidé de jouer au papa et à la maman?” railla-t-il en arquant néanmoins un sourcil curieux. La réponse d’Ecaterina n’avait pas d’intérêt particulier à ses yeux, mais son copain était une source de plaisanteries inépuisable en ce qui le concernait.

Tate plissa étroitement les paupières, étudiant attentivement les traits de la jeune femme et prêt à relever la moindre trace de malhonnêteté. Ainsi, il aurait été possible de continuer à l’incendier pour cette intolérable violation de vie privée, et s’en servir de motif pour multiplier les crasses qu’ils échangeaient quotidiennement depuis qu’il avait emménagé à Columbus. Seulement, il pouvait discerner un accent de sincérité lorsqu’elle lui assura n’avoir fait que parcourir les chapitres qu’elle était en mesure de comprendre. Son droit à la revanche désormais subtilisé, Tate avala sa salive sans pouvoir se départir d’une saveur douce-amère. “Je suggère que tu t’excuses ; maintenant” lui répondit-il très sérieusement, se composant néanmoins un sourire mi-figue, mi-raisin nettement perceptible puisqu’il faisait face à la baie vitrée. Il ne pouvait peut-être plus lui reprocher d’avoir eu le défaut humain d’ouvrir le livre par curiosité ; il n’en demanderait pas moins une forme quelconque de dédommagement et des excuses verbales ne lui semblaient pas si chères payées. “Les gens civilisés font ça. J’ai entendu dire” ajouta-t-il pour adoucir l’échange.

“Don’t be a smartass” maugréa-t-il, agacé par la justesse de ses propos. Il lui tourna le dos pour s’accouder au parapet, le livre toujours en mains. Sans surprise, la vue était la même que celle qu’il avait depuis son balcon, deux mètres au-dessus. Lorsque le soleil était plus haut, ils pouvaient voir le tissu urbain se détacher de la ligne d’horizon; là, ce n’était plus qu’un amas d’ombres et de formes indistinctes, impossible à distinguer les unes des autres. Il tourna machinalement la tête en direction du campus de l’OSU, offrant le dessin de sa mâchoire saillante à Ecaterina, et repérant la silhouette de son horloge. “Ça a de l’importance pour moi; ça veut pas dire que ça doit en avoir pour tout le monde” ajouta-t-il après une poignée de secondes de silence. Le ton était maîtrisé, mais elle avait heurté un point sensible. Tout ce qui concernait sa famille—et plus spécifiquement, son père—l’était. Ils s’étaient quittés lorsqu’il avait quinze ans, ses parents avaient divorcé. Et quand Tate avait enfin mis sa rancune de côté, après des années de correspondance à sens unique de la part de son père, qu’ils s’étaient retrouvés pour la première fois en quatorze ans, ç’avait été comme rencontrer un étranger aux traits bizarrement familiers. Lui, parce qu’il était passé d’un corps d’adolescent un peu maigrichon à celui d’un homme dans la force de l’âge; Pawel, parce qu’il avait commencé à semer ses souvenirs à Alzheimer.

“Approche” lança-t-il en tapotant la place à côté de lui, et dans sa voix on pouvait entendre les inflexions de son autorité naturelle. Il réfléchit encore quelques secondes en silence, la tête doucement inclinée. “Si on se lance là-dedans, je ne veux personne d’autre dans le coup, compris?” Il redressa le menton pour vriller ses pupilles couvertes de fines lentilles de contact, dans les siennes; pour les capturer, jusqu’à ce qu’il lui arrache cette seule condition. Elle ne s’était pas trompée lorsqu’elle avait présumé qu’un projet comme celui-ci pourrait l’intéresser. Et parce que les enjeux étaient personnels, Tate ne tenait pas à ce que le travail soit réalisé de travers; c’est pourquoi il avait la ferme intention de s’y investir. “C’est une histoire vraie, mais certains aspects devront être censurés. Je ne tiens pas à ce que les vrais noms apparaissent, ni les chapitres sans rapport avec le sujet” poursuivit-il en ouvrant au hasard le journal qu’il avait lui-même fait relié de cuir. C’était une page en polonais. Il en lut les premières lignes, et le récit coula en lui tandis que les mots jaillissaient spontanément de sa mémoire. Il l’avait lu si souvent depuis qu’il le possédait, qu’il avait parfois l’impression étrange d’en être l’auteur. “Je te traduirais les passages en polonais. Je pense que t’auras compris que ça parle du Ghetto de Varsovie. Je crois qu’il le mentionne en anglais un peu plus tard, mais c’est moins vif. Il avait pas le même âge” expliqua-t-il d’une voix un peu dissociée; c’était plus facile de parler de cet épisode du journal en dépit des horreurs évoquées, que celles qui suvaient sa propre naissance. Celles qu’il préférait garder pour lui, et donc dissimuler à Ecaterina. “C'est tout bon pour toi, princesse?”

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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptyMar 12 Aoû - 0:23

Cat croisa résolument les bras sur sa poitrine en décalant sensiblement sa tête de plusieurs millimètres par rapport à l'axe originel de son corps, histoire de toiser à la manière d'une Gangsta Charlie durant l'une de ses crises passagères, sans l'attirail qui va avec (ce qui, avouons-le, galvaudait la contemplation de cet impertinent tableau - encore que), la silhouette mal éclairée de son interlocuteur. Ainsi, lorsque Tate lui suggéra - non, lorsqu'il lui ordonna - de s'excuser, c'est avec un sourcil en accent circonflexe qui altérait inéluctablement la symétrie de ses traits, et en remuant imperceptiblement la tête en signe de dénégation, qu'elle continua de le regarder sans ciller ne serait-ce qu'une nanoseconde. Donnant la sensation à quiconque l'observant désormais que dans son esprit tortueux, la seule question se répercutant sur les parois fixes de sa boîte crânienne était : pour qui se prend-il exactement ? Ecaterina ébaucha un sourire faussement diverti et tandis qu'elle retrouvait sa posture habituelle, elle en profita pour retourner toute son attention sur le panorama obscur qui s'offrait à eux du haut du balcon de leur immeuble. Pendant un moment indéfini, Ecaterina demeura coite puis elle se somma de reprendre le dessus.

« Me pousser à te faire des excuses gâcherait la saveur des dites excuses, non ? Autant que je te les présente plus tard, quand je serai vraiment désolée d'avoir fait ce que j'ai fait. » Elle arqua son sourcil plus haut et plus fort dans l'idée d'appuyer ses boniments. Car même si elle était profondément navrée d'avoir violé l'intimité de son voisin, il ne lui facilitait pas la tâche et Cat avait, comme tout le monde, un ego à préserver. S'enfonçant dans ses mensonges sans chercher à en peaufiner les détails, bien qu'ils ne tarderaient pas à être découverts, connaissant ses lacunes évidentes pour l'affabulation, la rousse se rengorgea d'assurance. Ajoutant à la suite de son voisin qui, visiblement, s'en donnait à cœur joie, elle décroisa les bras au préalable et recommença « Mais Tate, je n'ai jamais prétendu que j'étais quelqu'un de civilisé, moi. » Avant de se répandre en un discours savamment préparé, Ecaterina lui donna un sourire bouche fermée mais non moins malicieux. Ses pommettes remontèrent doucement en même temps qu'elle coulait un autre regard au campus et la brise de la nuit la fit frissonner.

Il n'y avait rien de plus facile que de prendre Cat de haut. Il suffisait de s'en remettre à sa stature qui était loin d'en imposer et de se laisser guider par le parfum sucré qui la suivait en permanence, de se laisser harponner par le sursaut de ses boucles dansant au rythme de sa démarche. Cependant, le fait était que sous cet aspect inoffensif, sous son allure soignée, se cachait un caractère aussi ardu à régenter que semblait l'être celui de son satané voisin. Plusieurs individus s'y étaient cassé les dents. Essayer de la faire descendre de sa tour d'ivoire, la toucher au point de la faire sortir de ses gonds relevait d'un challenge que seul Wyatt Pillsbury avait su remporter et sa victoire, le docteur ne l'avait pas démérité. Alors, si Tate Bartowski pensait l'impressionner en usant de sa voix grave et de ses propos délicieusement sarcastiques, il se mettait le doigt dans l’œil, car ce n'était pas de chance pour lui : elle avait connu bien pire.
Pendant un bon nombre d'années, on n'avait pas laissé le choix à Cat de faire ce qu'elle voulait. Dirigée à la baguette, c'était à peine si elle ne demandait pas l'autorisation pour respirer. Sa mère avait naturellement tiré profit de la docilité de sa cadette pour la façonner à son bon plaisir ; la gamine avait en réalité compris qu'en lui obéissant, elle éviterait tous les soucis. Mais aujourd'hui, les choses avaient considérablement changé. Son caractère s'était affirmé et son quotidien avait changé. Cat s'ennuyait tellement que quand son voisin du dessus sonnait chez elle à une heure avancée de la nuit, elle ne trouvait pas anormal de lui répondre et de revenir sur un évènement qui datait depuis plusieurs semaines déjà. À cet instant, ce n'était pas sa passion pour la littérature qui poussait Cat à considérer les propos de Tate, mais bel et bien le désir insatiable d'être propulsée au cœur de l'action.

Ce qu'elle déplora, déçue par son comportement. Le journal qu'elle avait eu entre les mains, Cat en avait dévoré les quelques pages qu'elle avait osé lire en toute impunité. Ce qu'elle avait affirmé à Tate concernant la rareté du témoignage de son père et la beauté de sa plume, elle le pensait véritablement. Se laissant déconcentrer par l'appât d'un changement imminent de son rythme de vie, Ecaterina cligna des yeux plusieurs fois avant de s'apercevoir que le jeune homme avait changé de position et qu'il lui intimait de nouveau, avec un ton qui l'irritait de plus en plus, d'agir sous son commandement. Roulant des yeux, la jeune femme s'approcha de lui pourtant. Recouvrant ses mains avec ses manches pour s'éviter un frisson supplémentaire, elle agrippa la rambarde de l'escalier de service en attendant qu'il explicite sa pensée.
Il ouvrit le journal qu'il tenait toujours entre les mains et l'odeur caractéristique de la poussière s'en échappa aussitôt. Même l'atmosphère autour ne réussissait pas à dissiper ces effluves qui rappelaient à Cat à quel point elle aimait lire et à quel point elle aurait voulu réussir dans cette voie. Inconsciemment, elle baissa les paupières, mettant de côté ses plans boiteux pour chercher un moyen supplémentaire de convaincre son voisin.
C'est quand la voix de ce dernier résonna à ses oreilles refroidies par l'humidité de l'extérieur qu'elle consentit à redescendre de son échappatoire mentale pour poser un regard interdit sur son profil. Et ce qu'elle entendit lui fit plaisir autant que ça lui hérissa les petits cheveux sur sa nuque ; il était d'accord. Perplexe, Cat eut un léger mouvement de recul et posa brusquement ses doigts sur l'ourlet de sa bouche. Elle la palpa distraitement pendant un moment, lorsque Tate s'enquit de son opinion. Elle avait compris. Ou plutôt mal compris.

« Princesse ? » répéta-t-elle d'une voix grave. Pour la énième fois depuis le début de leur conversation, son sourcil s'arrondit au-dessus de son œil et elle esquissa un sourire amer. La façon qu'il avait de la rabaisser constamment ne lui plaisait définitivement pas, si bien qu'elle décida qu'elle n'avait pas à faire dans la dentelle elle non plus. Après tout, il faisait en sorte que ses pensées soient raccords avec ce qu'il lui disait, pourquoi alors chercherait-elle à le préserver ?
Ecaterina recroisa les bras sur sa poitrine et lui demanda avec une sincérité qui n'appartenait qu'à elle « Tu ne me fais pas vraiment confiance, n'est-ce pas ? Sois honnête. C'est quoi l'entourloupe ? Qu'est-ce que tu cherches à faire au juste ? Me donner de l'espoir ou simplement te moquer un peu plus de moi ? »

Son sourire s'agrandit, découvrant ses dents qui reflétèrent la lumière s'échappant de la baie vitrée derrière elle. Ce sourire avait beau être éclatant, presque naturel, il était douloureux en vérité ; Tate ne la prenait pas au sérieux, elle le ressentait très clairement et en ça, il avait touché LE point sensible. Aussi, Ecaterina resta stoïque, ses yeux opérant quelques trajets au hasard sur le visage plongé dans l'obscurité de l'avocat. Le fait qu'il la prenne de nouveau pour une idiote en lui précisant le sujet du journal de son père la plongea dans un sentiment proche de la vexation, en même temps de la conforter dans sa suspicion, et relâchant le bord de la rambarde en ferraille solide, Cat haussa les épaules et laissa ses mains retomber le long de son corps en signe de résignation. A quoi aurait-elle dû s'attendre de la part d'un homme qui faisait en sorte de la réveiller tous les dimanches à la même heure pour avoir le plaisir de lui dire à quel point ces cernes étaient vilains en la rencontrant par hasard dans la cage d'escalier ? Désabusée, mais surtout blessée, Cat fit deux pas pour rejoindre la baie vitrée sans lui accorder rien d'autre qu'un soupir affecté.
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Tate Bartowski
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MessageSujet: Re: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptyJeu 4 Sep - 20:18


Tate plissa à nouveau les paupières en fronçant l’aile des narines. Il n’aimait pas cette lueur d’insubordination, ni celle de défi qu’il pouvait discerner sur le visage d’Ecaterina. À se tenir sur une hanche, comme si le dernier mot lui appartenait quoi qu’il puisse en dire. Tate arqua un sourcil en se mordant l’intérieur de la joue tout en soutenant le regard de la jeune femme, sans qu’aucun ne manifeste l’intention d’abandonner la partie ; probablement parce qu’ils s’estimaient mutuellement dans leurs droits et n’avait pas envie de se soumettre à l’autorité de l’autre. “Crois-moi, tu le seras”, répondit-il en lui empruntant la malice qui était apparue sur son sourire ; “Touché”, admit-il en lui retournant un sourire sucré lorsqu’elle lui répondit innocemment qu’elle n’avait jamais prétendu être civilisée. Ecaterina, si elle savait se montrer irritante au possible, savait aussi le prendre par surprise au moment même où il pensait l’avoir enfin cernée. Il y avait quelque chose d’attractif dans cette habitude qu’elle avait de ne jamais se révéler tout à fait ; c’était comme de se retrouver face à un puzzle particulièrement coriace dont les pièces ne cessaient de changer de contours ; et Dieu savait combien Tate aimait une bonne énigme. Il était donc secrètement intrigué—si ce n’est troublé—par ce tempérament—qui démontrait soit d’une grande présence de caractère, soit d’une personnalité frivole des plus décevantes. Tate était cependant assez convaincu de la validité de cette première option pour que sa voisine continue à attirer son attention ; quand bien même cette attention se divisait inégalement entre curiosité, et un attrait manifeste pour sa plastique de mannequin. “Qu’en penserait maman Robertson ?” Commenta-t-il, suave. C’était une question purement rhétorique, et il la prononça sans avoir la moindre idée de l’impact qu’elle pourrait—ou non—avoir su la jeune femme.

Tate s’humecta la lèvre inférieure d’un passage de langue, songeant qu’il avait encore une fois mal estimé le caractère d’Ecaterina Robertson. Celle-ci se tenait maintenant derrière lui, la mine offensée—jugea-t-il—et les bras croisés sur sa poitrine généreuse. Il se détacha du parapet en fronçant les sourcils sous ses accusations et pendant une courte seconde, il se demanda quel genre d’enfance malheureuse elle avait pu avoir pour se méfier autant d’autrui—c’était de mauvaise foi dans la mesure où il lui avait donné toutes les raisons pour se méfier de ses démarches ; mais il n’en prit pas considération. Il se redressa de toute sa hauteur pour lui répondre : “J’ai dû manquer la partie où ça tournait autour de toi, rétorqua-t-il en les encerclant elle, le journal et lui d’un mouvement de main. “Je suis descendu parce que tu m’as amenée une idée qui m’intéresse ; mais j’ai pas le temps de te rassurer sur le pourquoi du comment et encore moins sur ce que je pense de tes compétences.” Tate n’avait certainement pas hérité de la finesse de discours que sa mère avait cultivée à travers des années, et des années de carrière politique où le moindre faux-pas pouvait entraîner un conflit diplomatique ; et si Ruth Allen Bartowski avait été présente, elle lui aurait sans doute intimé de se taire d’une œillade éloquente avant d’excuser l’attitude de son deuxième fils avec des formules qu’elle seule savait utiliser sans donner l’impression de cracher du préfabriqué ; puis, elle aurait arrondi les angles et la conversation se serait détendue d’elle-même. Mais Tate n’avait pas le temps ni l’envie de ménager son entourage, et se retrouvait souvent à traiter autrui sans cérémonie. De fait, il n’avait pas plus le temps, pas plus l’envie de materner Ecaterina en cherchant à lui prouver qu’aucune démarche mesquine ne se tapissait derrière ce futur partenariat. Il ne pouvait que secouer l’arbre dans lequel elle était réfugiée, et attendre de voir si elle avait ce qu’il faut pour s’accrocher aux branches. Il estimait lui rendre service ; ce n’était pas une faveur que de lui donner une tape dans le dos en lui assurant qu’elle ferait un ‘bon boulot’ seulement pour la dorloter.
“Par principe, je ne fais confiance à personne, l’interpela-t-il alors qu’elle lui tournait le dos dans l’intention manifeste d’ouvrir la baie vitrée et se réfugier à l’intérieur. Il s’approcha sensiblement, envahissant son espace, et lui barra le passage à l’aide de sa canne. Il inclina légèrement le visage sur le côté pour trouver son regard ; il détestait s’adresser à quelqu’un sans les regarder directement. “J’ai entendu des trucs à propos de toi ; on dit que t’as quitté l’Ohio comme ça (il claqua des doigts), du jour au lendemain, sans prévenir personne. Je m’en fiche de savoir pourquoi, ça te regarde. Mais je dois savoir si t’es assez solide pour mener ce projet à terme—ou au moins, essayé. Tu t’en doutes, ça ne va pas être facile tous les jours et je ne vais pas te faciliter la tâche. Alors dis-moi tout de suite si t’es une lâcheuse ou une battante parce que si tu n’as pas l’intention d’aller jusqu’au bout avec ça, tu peux être sûre que j’irais voir ailleurs et ça n’aura rien de personnel.”
Il marqua une pause, et ses pupilles glissèrent du visage d’Ecaterina vers le journal qu’il tenait dans sa main libre. Il hésita une courte seconde avant de le lui tendre sans un mot.

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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptySam 6 Sep - 14:51

Déjà quand Tate avait mentionné sa mère, Cat avait senti une vague d’impatience monter tout doucement en elle, emportant avec sa mousse et ses vapeurs de sel, le calme olympien qu’elle tentait de garder chaque fois que les choses ne tournaient pas à son avantage. Et précisément, la conversation qu’elle entretenait maintenant avec son voisin du dessus n’empruntait pas le chemin convoité. Alors qu’il faisait plutôt doux à l’extérieur, la brise qui caressa ses cuisses découvertes lui sembla plus glaciale que jamais et la rousse, tournant résolument le dos au jeune homme pour rejoindre son appartement, laissa un rire de bonne composition s’échapper de ses lèvres pour ne pas lui donner la satisfaction de s’apercevoir maintenant qu’il venait d’effleurer du bout de sa verve pleine d’ironie et de sarcasmes une plaie qui n’avait jamais cicatrisée et qui ne cicatriserait certainement jamais. Avec le désordre venait autre chose en général, car quand rien ne se déroulait comme elle l’avait prévue, Ecaterina fuyait. Depuis six ans, personne ne lui avait redonné l’occasion de pivoter sur ses talons pour partir quand elle sentait qu’elle perdait le contrôle de la situation. Jusqu’à ce soir. Devant les provocations incessantes de Tate, la fâcheuse manie de la blonde à mettre les voiles refit brusquement son apparition et elle se retourna pour marcher jusqu’à la baie vitrée, cherchant à instaurer le plus de distance possible entre elle et l’avocat courbé au-dessus de la rambarde du balcon. C’était comme si toutes ces années à résister, à prendre sur elle et à balayer d’un geste nonchalant de la main toutes les épreuves difficiles qu’elle avait traversées n’étaient plus qu’un vieux souvenir ; comme si tous les efforts qu’elle avait fournis pour changer ne serait-ce qu’un peu depuis son retour à Lima n’avaient servi strictement rien. Cat resterait une petite-fille malheureuse toute sa vie, une lâche vivant dans l’assurance que tout le monde autour d’elle ne verrait jamais rien d’autre que la ravissante image qu’elle reflétait, une image que sa mère avait voulu lui donner ; une bonne thérapie s’imposait, elle le savait pertinemment, mais ça impliquait de devoir parler et elle n’était pas certaine d’y parvenir sans manquer d’air. Même si elle avait toutes les raisons de préférer le cimetière à la vie morose qu’elle vivait depuis deux ans, succomber à une violente crise d’angoisse ne ressemblait en rien à la jolie sentence qu’elle avait choisie pour conclure le roman de sa vie.

Cat rechutait donc devant un homme qui prenait plaisir à la contredire juste pour avoir le dernier mot ; un homme qui n’hésitait pas à retourner ses offensives dans la direction opposée en se fichant éperdument de l’endroit où ça atterrirait. Lui aussi devait être malheureux, elle ressentait une certaine détresse dans ce besoin malsain de garder le contrôle, de la commander en profitant de tout un tas de facteurs qui, fatalement, le propulsait en tant que maître du jeu. Peut-être était-il malheureux, en effet, et l’esprit de la jeune femme divagua pendant une fraction de second sur la canne qui l’aidait à marcher et sur le bruit caractéristique de son pas se répercutant en écho sur les murs de son appartement ; sa curiosité ne fut pas assez forte pour dissiper l’irritation permanente qu’elle lui destinait cependant, et elle décida qu’elle n’en avait rien à faire de son histoire personnelle ; elle était vexée, il ne lui en fallait pas moins pour décider qu’elle, la bénévole indulgente et à l’écoute, ne s’abaisserait pas à apporter son soutien à un infirme. Elle continua son chemin vers la baie vitrée, occultant sans difficulté les cinquante raisons qui l’auraient poussé à s’attacher à quelqu’un d’aussi désespéré que Tate en temps ordinaire, et tandis qu’elle posait ses doigts sur la poignée coulissante de la baie vitrée pour rentrer, elle l’entendit lui confirmer qu’il ne lui faisait pas confiance.

Sa canne lui barra soudainement le chemin, alors que son pied touchait déjà la baguette en ferraille qui amortissait la coulisse des vitres. Cat eut un mouvement de recul justifié, se retourna pour lancer à Tate un regard qui en disait long sur ce qu’elle pensait de son initiative, et pendant que la vitre glissait de l’autre côté quand elle retira son pied, se refermant dans un bruit mat qui ne risquait pas de réveiller la petite Emily, elle plongea son regard furieux dans celui du jeune homme. Se sentant soudainement obligée de se justifier quant aux vérités qu’il lui déballait, elle tint à lui indiquer entre deux phrases :

« J’avais dix-sept ans. » Mais elle savait que c’était loin d’être un argument valide ; si on lui offrait l’opportunité de partir aujourd’hui, elle le referait sans hésiter, et elle avait six ans de plus. Tate avait raison de se méfier. Plus rien ne la retenait en Ohio ; Seth était parti, Dorian et Lynn aussi, Gale faisait sa vie de son côté, Charlie était entre de bonnes mains et elle s’ennuyait. Ses sourcils se froncèrent, car les propos de Tate la gênaient profondément. Qu’il fasse une analyse aussi juste de sa personne en ne l’ayant côtoyé que quelques fois la mettait très mal à l’aise parce qu'elle mettait tellement d’énergie à dissimuler ses failles que son discours la menait à penser qu’elle n’était pas aussi douée pour préserver ses secrets finalement. Pour Cat, c’était un problème qu’il fallait pallier, et ça passait par la contradiction ; elle lui prouverait de quoi elle était capable, il le fallait et entièrement cette fois-ci, elle se tourna vers lui, oubliant de s’enfuir – elle était prête à affronter la situation. Son cœur se mit alors à tambouriner dans sa poitrine. Mettant à profit l’amertume qu’elle éprouvait pour le jeune homme, c’est sur un ton de défi qu’elle lui répondit :

« Je suis assez solide. » Cat s’approcha d’un pas vers lui, baissant de fait la canne qui les séparait en se rengorgeant d’une assurance nécessaire pour lui faire passer le message qui se diffusait en boucle dans sa tête. Sa poitrine se souleva quand elle inspira, faisant remuer ses lèvres charnues qu’elle entrouvrit pour mieux se préparer à parler. Elle s’arrêta à quelques centimètres à peine de la silhouette élancée de l’avocat pour pencher la tête, tout comme lui, et sa voix descendit de plusieurs mesures, la rendant plus grave encore, tandis qu’un petit sourire en biais remontait ses pommettes, quand elle lui dit « Ne crois surtout pas que tu es le seul maniaque du contrôle que je n’aie jamais connu, Tate. J’en ai connu des pires que toi, et ils ont disparu bien avant moi ; ça t’éclaire sur ma capacité à gérer ton ego ou tu as besoin d’une assurance supplémentaire ? » Elle redressa le menton « Fais-moi signer un contrat, si ça te rassure. » Son sourcil gauche s’arqua graduellement, et elle laissa son regard interrogateur considérer les traits du visage de son interlocuteur pendant une longue seconde, avant qu’elle ne consente à le déporter sur le journal qu’il lui tendait.

Cat le prit avec précaution et l’ouvrit. Lissant la rainure du petit livre avec ses doigts, elle ajouta en baissant la tête sur les premières pages « Ton père est toujours en vie, je me trompe ? Je veux le rencontrer. » L’obscurité du dehors ne lui permettait pas de distinguer les lettres se formant sur le papier qu’elle avait devant les yeux, alors elle releva le regard pour le verrouiller à celui de son voisin ; elle ne le distinguait pas très bien non plus, mais elle commençait à connaître la couleur de ses yeux à force de s’entêter à les affronter dans la lumière du jour « Ce sera mon unique condition. Si tu refuses, tant pis, je ne m’opposerais pas à ce que, comment tu as dit ? À ce que tu ailles voir ailleurs. Oh, et bien sûr, ça n’aura rien de personnel, Tate. » Elle referma le livre d’un coup et un nuage de poussière vint chatouiller le bout de son nez qu’elle frotta avec son index au moment où elle se ragaillardit, fière d’avoir réussi à prendre la main comme elle venait de le faire. Visiblement, Cat avait plus en commun avec sa mère qu’elle ne le pensait, et curieusement, alors qu’elle avait passé une bonne moitié de sa vie à désavouer leurs ressemblances, pourtant frappantes – du moins, physiquement –, elle était ravie aujourd’hui d’avoir de telles capacités à se sortir d’une impasse sans avoir à hausser le ton. Elle continua à affronter le regard de Tate et un sourire fendit son visage. Aussi, elle fit un pas supplémentaire pour se retrouver très près de lui, réduisant définitivement l’espace entre eux, et elle lui colla sans ménagement le livre contre son torse. Cat se hissa sur la pointe des pieds pour lui souffler au creux de l’oreille « Tu vas en avoir besoin, il y a du travail. » Elle descendit de son piédestal de fortune, ne lâchant pas le livre avant qu'il ne le retienne et se recula en lui lançant une dernière œillade qui signifiait clairement qu’il avait eu tort de douter d’elle.
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Tate Bartowski
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MessageSujet: Re: 05. Scars and souvenirs.   05. Scars and souvenirs. EmptyDim 7 Sep - 7:20

Beaucoup s’acharnent à dire qu’il existe une frontière très mince entre l’amour et la haine ; comme s’il ne suffisait que d’un pas dans une direction ou une autre pour changer complètement la donne finale. C’était des conneries ; aux yeux de Tate, c’était une lande aussi vaste que la muraille de Chine qui séparait ces deux extrémités, et c’est ici qu’il voyait évoluer sa relation avec Ecaterina. Il avait conscience de tirer sur la corde ; elle aussi le faisait, à sa manière. Et franchement, il ne savait pas encore s’il arriverait un jour à l’apprécier ou la détester entièrement.
Elle se tourna vers lui, et il opposa une expression impassible au regard qu’elle lui adressa. S’il était incapable de ménager ses proches—par fainéantise sociale, par désintérêt pour l’effort, autant que par manque de tact—Tate savait toutefois mesurer l’impact de ses propos sur autrui ; c’était son métier de frapper verbalement les points sensibles, et d’adapter son discours en fonction de. Ecaterina n’était pas si différente des autres ; elle était humaine après tout, et pas des plus insensibles d’après ce qu’il avait pu voir. Seulement, la jeune femme avait cette manière de réagir un peu plus complexe, plus nuancée, que ce à quoi il était habitué. Elle ne fonctionnait pas impulsivement. S’il devait lui reconnaître une qualité, c’était le flegme dont elle faisait preuve en toutes circonstances. À bien y réfléchir, il ne l’avait jamais vue perdre son sang-froid ; et c’était quelque chose quand on savait qu’elle le fréquentait quotidiennement. Il pouvait néanmoins observer que l’évocation de ce passé qu’il n’était pas censé connaître—cet élément en particulier—pinçait les cordes sensibles qu’elle préservait d’ordinaire sous un bouclier d’aplomb, et une repartie des plus honorables. Il se demanda pendant un court instant s’il lui arrivait de laisser tomber le bouclier, le masque, d’arrêter la comédie ; il savait combien il était angoissant de perdre sciemment le contrôle, de se laisser aller simplement ; il en était tout aussi—sinon davantage—incapable qu’elle semblait l’être. À première vue, Ecaterina était une jeune femme sans histoire ; à vingt-quatre ans, Tate sur-simplifiait bêtement son analyse en considérant qu’elle n’avait pas encore eu le temps d’expérimenter l’insensibilité du monde dans lequel elle vivait—qu’elle se soit enfuie à l’âge de dix-sept ans ne changeait rien. Alors, qu’avait-elle à dissimuler ? Qu’existait-il de si terrible que son impassibilité se fendait comme du verre, là où toutes attaques pourtant directes s’écrasaient, inoffensives ? Était-ce une simple cicatrice, un compartiment de failles, un abîme ? Soudainement, en dépit de sa précédente affirmation, il eût besoin de connaître les raisons qui l’avaient poussée à fuir l’Ohio, six ans plus tôt. Il avait besoin de comprendre comment elle fonctionnait ; et il soupçonnait fortement que cet évènement la révélait plus fidèlement qu’aucun autre. Il se rappela brusquement qu’à dix-sept ans, lui quittait à peine le foyer pour adolescents où il avait vécu plusieurs mois après que sa grand-mère ait remarqué les cicatrices superficielles qu’il avait sur les avant-bras. Il avait distraitement remonté ses manches ce jour-là, et elle avait attendu que son grand-père se soit éclipsé dans leur hangar à bateaux pour lui remonter les bretelles. Tate décida de réviser le portrait qu’il s’était mentalement dressé d’Ecaterina ; il savait qu’une personne était plus profonde qu’une simple image et que celle qu’il avait actuellement à l’esprit était biaisée par sa rancune.
Il ne lui opposa aucune résistance lorsqu’elle abaissa la canne qui les séparait avec fermeté. « Prouve-le, répondit-il en haussant une épaule, comme si finalement ça n’avait pas d’importance ; mais ses yeux affirmaient tout le contraire. Il ne connaissait pas assez Ecaterina pour savoir si oui ou non il pouvait accorder du crédit à ce qu’elle venait de lui affirmer d’une voix dénuée de tremblements ; il ne le croirait que lorsqu’il le verrait. Peut-être parce que tu es encore plus maniaque de contrôle, souligna-t-il sans sourciller. Il ne doutait pas qu’elle puisse gérer son égo ; il ne lui suffisait que de voir comment elle avait essuyé ses remarques depuis qu’il vivait dans l’appartement du dessus. Je déteste la paperasse ; mais on en viendra là de toute manière. C’est une clause dans tous les contrats d’éditions. J’ai vérifié » Indiqua-t-il, avant de baisser les yeux sur le manuscrit de son père pour lui tendre sans rien ajouter.


« Oui, lui répondit-il avec méfiance. Il n’aimait pas qu’elle lui pose la question, il ne discernait que trop bien sur quel terrain ils risquaient d’atterrir. Lorsqu’elle formula sa requête, il se raidit très distinctement malgré la pénombre ambiante. Non », objecta-t-il fermement. C’était hors de question ! Son père avait été transférer dans une maison de repos à Lima le mois précédent ; il était à peine lucide la moitié du temps et il ne tenait pas à l’exposer à un nouvel élément perturbateur. Et quand bien même il serait lucide au moment où il lui présenterait Ecaterina ; à quoi bon ? Ses mâchoires saillirent, et il inspira profondément par les narines pour ne pas perdre patience. Le sourire triomphal qu’il vit apparaître sur ses lèvres pulpeuses lui donna la nausée ; et pendant une fraction de seconde, il lui adressa un regard troublé encadré par un froncement de sourcils. Il eut envie de lui apprendre que tout dans la vie n’était pas une question de bras de fer verbal ; que lui imposer cette condition hors de propos n’était qu’une tentative—lamentable, mais réussie—d’asseoir son contrôle qu’elle avait encore sur la conversation. Elle se sentait probablement très puissante à ce moment précis ; et elle s’endormirait sans doute sur ses deux oreilles après son départ. Ces images le dérangeaient profondément. Et lui ne dormirait probablement pas avant les premières lueurs du matin. Ses épaules étaient encore tendues quand elle s’approcha sensiblement de lui pour lui susurrer quelques mots à l’oreille ; elle était si proche que son souffle vînt lui chatouiller le lobe de l’oreille.
« Je sais, répondit-il et il effleura sa main au moment où il retint le journal de son père contre lui. Elle s’écarta de lui, et il l’observa un court moment, pensif, avant de reprendre d’un ton faussement neutre. Très bien ! Libre à toi, si tu as du temps à perdre ; mais c’est un légume, t’en tireras rien du tout ».

Tate coinça le journal de son père sous l’un de ses bras avant de resserrer sa main autour du pommeau de sa canne. Il dépassa Ecaterina au moment où elle tirait sur la porte de la baie vitrée, l’ouvrant dans un chuintement inaudible. « À plus tard » lâcha-t-il sobrement ; et dans cette dernière phrase qu’il formula en lui lançant l’œillade la plus furtive qu’il ne lui ait jamais accordée, on pouvait entendre la vexation raide et froissée qu’elle lui avait suscitée en lui demandant la seule chose qu’il n’était pas prêt à lui accorder.

Il ne dormit pas, cette nuit-là.

- TOPIC TERMINÉ -
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