musique et couleur ce soir. ♥

15.59. Terri accoudée au comptoir de la caisse regardait les derniers clients se disperser pour enfin quitter le magasin. Elle aurait juste un peu de rangement et elle pourrait filer pour aller boire son chocolat. Chocolat, oui. Depuis que Terri avait vu Carl, il y a environ deux semaines de cela. Qu’elle lui avait raconté sa vie, ses problèmes, l’absence de Will et tout le tralali et le tralala, elle allait quasiment tous les jours au Starbucks boire un chocolat chaud. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle faisait ce petit rituel, peut-être une façon de remercier Carl ? Elle préférait donner de l’argent au Starbucks plutôt qu’au supermarché, pour les énièmes bouteilles d’alcool. Lorsque la pendule sonna l’heure pile, Terri sortit de sa rêverie. Elle regarda un peu autour d’elle, tous les clients avaient quittés le magasin, elle pouvait commencer à ranger. Cependant elle vit le seul et unique collègue présent aujourd’hui foncé droit sur elle, un sourire aux lèvres. Elle souffla. Qu’est-ce qu’il lui voulait encore ?! C’était le petit nouveau du magasin, Aaron , il avait été embauché il y a peu au rayon serviette de bain et commençait vraiment à casser les pieds à Terri. Toujours à demander de l’aide, à poser des questions, à proposer son aide, même lorsque c’était inutile. C’était gentil, mais lourd. Et depuis quelques jours, il s’était mis dans l’idée d’inviter Terri à sortir. Oh oui c’était juste un petit jeune de vingt-cinq ans, et un petit jeune de vingt-cinq est capable d’être très lourd. La première fois, la blondinette avait accepté d’aller boire son chocolat au Starbucks avec lui. Elle l’avait profondément regretté quelques heures plus tard, alors qu’elle était assise à sa table favorite, le jeune homme en face d’elle. En rentrant chez elle, elle aurait pu raconter toute sa vie dans un livre, puisqu’il n’avait que ça. Remarquez, ça avait plutôt bien arrangé la blondinette, qui ne désirait pas s’étaler sur sa vie et ses soucis du moment. Seulement après cet épisode, elle s’était promis d’ignorer le jeune homme et de refuser poliment toutes ses demandes. Et pour qu’il cesse pour de bon, elle avait activement prétexté avoir un compagnon. Ce n’est pas pour autant que l’employé lâchait prise.

Il fonçait actuellement en plein sur Terri. Trois. Deux. Un. Impact. « Bonjour Terri, comment allez-vous aujourd’hui ? » Batillonnant des paupières, il lui adressa un sourire charmeur en ajoutant, « Venez boire un verre avec moi, ce soir. 20h, le café de la place ? » Terri dévia son regard sur lui, elle fut dégoutée par son air prétentieux. Elle répondit, du ton le plus gentil qu’elle put, sans pour autant ménager ses paroles. « Désolée, mais non, j’ai un rendez-vous avec mon petit ami ce soir. » Elle s’écarta de lui rapidement en ajoutant au préalable avec un sourire narquois. « Et si on pouvait se presser, comme vous le savez, j’ai pas toute la nuit à passer ici. » La rangement se poursuivit tranquillement jusqu’à 17h30. Les deux jeunes gens avaient bossé chacun de leur côté sans se préoccuper de l’autre. Ben que Terri savait que les yeux de Aaron se baladait régulièrement sur sa silhouette encore maigre. Oui encore trop maigre. Certes depuis son entrevue avec Carl, Terri avait quelque peur repris sa vie en mains, mais elle n’était pas totalement guérie. Elle n’était pas encore à trois repas par jour, seulement un et demi, la nourriture la dégoutait. Elle prenait moins de cachets qu’avait mais il lui arrivait parfois, des soirs comme ça, de s’enfiler une boîte entière. C’était la même chose en ce qui concernait l’alcool. On aurait pu croire qu’elle ne voulait s’en sortir. Mais c’était totalement faux. Elle voulait arrêter de foncer au rayon alcool dès qu’elle rentrait du supermarché, arrêter d’entrer dans la pharmacie dès qu’elle en apercevait une.

Se débarrassant de son gilet, elle attrapa sa veste, son sac à main, ses clés, et partie en prenant bien soin de fermer le magasin. Pas de détour par le Starbucks aujourd’hui. La miss était trop fatiguée, elle ne désirait qu’une seule chose, prendre une bonne douche chaude, et se mettre dans les couvertures avec un bon film. A l’eau de rose si possible. Histoire de déverser son mal-être dans une histoire d’amour débile et ordinaire, plutôt que de pleurer sur les albums photos en écoutant du James Blunt. /sbaff/ demande-toi pourquoi j’ai dis J.Blunt ;DArrivée chez elle, elle se posa dans son canapé. Maintenant qu’elle avait dit « non » au petit jeune, il fallait bien trouver une occupation. Terri estimait que c’était le plus dur lorsqu’on vivait seul. Ne pas tomber dans une routine démoralisante, et trouver des occupations, en soirée, et le week end. C’est là qu’intervenait les amis. Pour Terri, c’était plus compliqué que ça. Si autrefois, la liste était longue, elle avait été très raccourcie ces derniers mois. Du au départ de Will, la blondinette s’était un peu laissée aller. Ne faisant plus attention grand-chose, ne répondant pas au téléphone, était un fantôme au boulot. En fait elle vivait un peu comme un mort-vivant. Elle n’avait pas peur qu’on lui dise, elle en était bien consciente. Seulement depuis son entrevue avec Carl, elle avait envie de se reprendre, sachant désormais qu’elle avait son soutien, en toute circonstance. Elle avait même le droit de le déranger, en pleine nuit si ça lui chantait. Ce qu’elle ne ferrait bien sur jamais, détestant qu’on lui trouble son sommeil, elle ne pouvait se permettre de faire subir ça à son plus proche ami. Mais c’était une marque d’amour de confiance. Terri avait beau être égoïste, lorsqu’elle était avec Carl, elle paraissait complètement différente, plus de sourire mauvais, plus de machinations, peu d’égoïsme. Elle devenait bienveillante, prudente, et souriante. matte la rime 8D

19.00 Terri entre-ouvrit les yeux. Elle n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, misant sur six heures du matin, elle grimaça lorsqu’elle lu sur le réveil, posé sur la table basse, qu’il était seulement dix-neuf heures. Elle s’était simplement assoupie pendant trois petits quarts d’heure. « Trop court. » pensa-t-elle. Elle se leva du canapé en chancelant. Il n’était que sept heures du soir. Et pourtant elle tombait déjà de fatigue. Entendant son ventre réclamer quelque chose, elle e dirigea vers la cuisine, et attrapa une moitié de concombre qui restait dans le fond du réfrigérateur. Elle s’assit à la table, mangeant silencieusement. En fait elle n’avait pas vraiment le choix. C’était pesant, lourd. Le silence était éternel, malheureusement. Finissant son légume, elle bu un rapide vers d’eau et balança sa vaisselle dans l’évier. Ce serait pour plus tard. Elle revient vers le salon. Balayant la pièce du regard, ses yeux se posèrent simultanément sur les photos de Will et d’elle trônant encore sur les meubles. Cette époque était pourtant bien loin. Se rasseyant sur le canapé, elle continua d’observer les objets, c’était un peu comme si elle revisitait sa maison. Tombant sur le téléphone, elle se leva d’un bond, s’empara de l’objet, composant un nouveau qu’elle connaissait aussi bien que celui de Will. Elle sourit en entendant la voix grave au bout du fil.

« Carl? C'est Terri... » « Hey Terri! Ca va ? » « Oui... Je repensais à l'autre jour au StarBucks Coffee, ce que tu avais dis... » « Oui? » « Que je pouvais t'appeler quand je me sentais seule... pour discuter... Je te dérange pas au moins? » « Non, non, bien au contraire, ça me fait plaisir que tu m'appelles! »

Terri sourit à nouveau. Elle était contente que Carl soit son ami, qu’il la soutienne etc. Leur amitié était vraiment fusionnelle, la blondinette était heureuse de vivre ça, ce truc qu’on est susceptible de rater dans sa vie. Cette relation semi-couple, semi-ami. Ce genre de truc quoi. Terri était vraiment heureuse d’avoir Carl. Elle raccrocha le sourire aux lèvres, qu’elle interrompit, d’un bâillement à décrocher la mâchoire. Elle monta, pris sa douche, fit sa toilette etc. Passant un certain temps dans la salle, après tout Terri restait une femme. Elle s’habilla de sa robe de nuit, une sorte de nuisette, et alla s’allongea avec un bouquin dans sa chambre.

21.13 DRINGGG ! Terri sursauta. Quelqu’un venait de sonner, regardant son réveil, affichant vingt-et-une heure treize, elle se leva, enfila une robe de chambre rapidement, qu’elle eut à peine de fermer, enfila ses chaussons, et descendit les escaliers à pas de loup. Devait-elle ouvrir ? Il était quand même plus de neuf heures du soir, ça pouvait être vraiment n’importe qui. Laissant la vieille batte de baseball de Will, à quelques centimètres de la porte d’entrée. Elle se décida à ouvrir. Et sourit largement découvrant le visage souriant de Carl devant elle. Cependant que faisait-il là ? Terri ne s’attendait vraiment pas à cette petite visite surprise, l’ayant eu au téléphone une demi-heure plus tôt. « Hey, hum, re-bonsoir! J'espère que je te dérange pas, comme j'avais rien de prévue ce soir et que toi non plus apparemment... J'ai pensé qu'une petite visite chez toi ne ferait de mal à personne... » Effectivement ça ne faisait de mal à personne, ça réchauffait même le cœur de la blondinette, qui sourit chaleureusement. Un vent frais lui passant sur les jambes, elle devina qu’il ne faisait pas chaud dehors, et surtout ramenant sa robe de chambre vers elle, elle répondit d’un ton tout aussi amical.

« Oh salut. Ahum désolée. Rentre, rentre, avant d’attraper froid. »

Refermant la porte, elle annonça.

« Hum vas-y installe toi, fais comme chez toi. »

Même si elle le lui avait déjà dit des milliards de fois et qu’il devait avoir imprimé l’info, elle se sentait obligé de lui répéter. Elle disparut quelques minutes dans la cuisine et en revint avec deux verres et une bouteille. Elle déposa le tout sur la table basse et s’assit dans la canapé, à côté de Carl. Se tournant vers lui et plongeant ses yeux dans le vert de ceux du beau brun, elle demanda.

« Un film ça te dit ? »

Terri était vraiment contente que Carl soit passé chez elle, contente qu’il ait pensé à elle ce soir, pourtant elle restait quand même un peu gêné. Son meilleur ami se tenait là devant elle, son sourire ultra-bright de Colgate scotchée au visage et elle se tenait là devant lui, la robe de chambre entre-ouverte, et un regard surpris. Regard qu’elle s’empressa de changer en sourire. Elle prit également soin de serrer sa robe de chambre autour de sa taille squelettique avant de prier Carl d’entrer. Elle l’observa s’installer du coin de l’œil et disparut dans la cuisine, revenant quelques minutes plus tard avec deux verres et une bouteille de Tequila dans les mains. Elle sourit amicalement et s’installa à côté de lui. Pour tout dire n’était pas qu’un peu gêné, elle était très mal à l’aise. Bien sur Carl était son meilleur ami, ça ne la gênait absolument qu’il vienne chez elle, elle était même ravie de le voir, seulement elle avait du mal à voir la raison pour laquelle il s’était pointé à son domicile à vingt et heure trente. C’était louche et étrange. Terri ne doutait absolument pas de Carl, elle se posait simplement une ou deux questions. Elle en vint à se demander si Carl n’avait pas reçu de mauvaises nouvelles du genre Emma l’avait larguée, où un de ses proches avait disparu, bref dans ce style là. Cependant elle raya bien vite cette idée, se souvenant que lorsque Carl avait débarqué, il n’avait pas la mine déconfite, ni les yeux rougis par les larmes, juste son brillant sourire habituel plaqué aux lèvres.

Pur tuer le silence pesant qui commençait à s’abattre sur la pièce, Terri à son ami de regarder un film. N’ayant bien entendu penser à aucun titre en particulier, c’était juste une proposition faite comme ça histoire de casser le blanc de la conversation. Manifestement le beau brun avait eu la même idée qu’elle. « Si tu veux j'ai aussi pris quelques films... Hmm « Big Fish », « Avatar » et « N'oublie jamais »... J'ai pris les premiers qui me sont tombés sous la main! » En fait elle connaissait les trois films qui étaient pour autant trois grands classiques, chacun à leur manière. Elle avait vu Avatar, il y a peut-être un an de cela. Elle s’en souvenait. C’était un samedi, Will lui avait proposé d’aller au cinéma, ne pouvant rien lui refuser, elle avait dit oui. Il venait de sortir et elle savait qu’il désirait vraiment aller le voir. Seulement ce genre de film n’était pas le truc qui plaisait à la blondinette, alors même si il ne lui plaisait pas, elle voulait juste passer un bon moment avec son mari. Et comme elle l’avait prédit, elle s’était à moitié endormie pendant le film, seulement la différence avec les autres fois, c’est que là elle s’était endormie sur l’épaule de Will. Il fallait le dire clairement, la jeune femme aimait davantage les films romantiques aux films d’actions. Elle avait déjà vu Big Fich aussi, avec Will, un soir alors qu’ils ne sortaient pas et n’avaient rien d’autres, ils avaient pioché dans leur petites réserves de DVD, et en avait ressorti le fameux « Big Fish » de Tim Burton. La blondinette aimait beaucoup le réalisateur et trouvait qu’il donnait beaucoup de magie à ses films. Elle avait passé une très bonne soirée, pour finalement s’endormir paisiblement dans les bras de son marri. Finalement c’était peut-être ça qu’elle appelait la magie du film ? En ce concernait « N’oublie Jamais. » C’était différent. Elle l’avait vu il y six mois, peu de temps après sa séparation avec Will. En cherchant un soir un film, elle était tombée sur The Notebook, elle ignorait totalement l’existence de ce film chez elle. Elle avait attrapé la boite, glissé dans le lecteur, était allée chercher la bouteille et avait regardé le film. Il lui avait vraiment plut, elle ne cachait pourtant pas, elle avait pleuré comme une madeleine. Alors quand elle entendit ce nom prononcé par Carl, elle sourit. Devant la réapparition du silence, Carl proposa alors « N’oublie Jamais », Terri acquiesça et il s’empressa d’aller mettre en route le CD. Il revint s’asseoir aux côtés de Terri qui remplissait déjà les deux verres.

La jeune femme avait beau connaître le film par cœur, l’avait vu des milliards de fois, c’était comme si elle le redécouvrait. Et puis aujourd’hui encore c’était différent, elle ne le visionnait pas seule, il y avait Carl qui se tenait à côté d’elle. Jetant un rapide coup d’œil à son voisin justement, elle n’y discerna aucune expression, ou peut-être un léger sourire, qui la fit sourire aussitôt. Une preuve qu’il ne s’ennuyait pas ? Car après tout c’était quand même un film romantique, un film de filles, il fallait le dire. Et comme à chaque fois Terri sentit des larmes lui monté aux yeux, toujours. Elle avait beau l’avoir vu et revu, elle pouvait carrément dore les répliques de chaque personnage, c’était toujours la même émotion. Jamais atténuée. Elle pleurait toujours autant. Enfin pleurer était un bien grand mot, elle s’humidifiait les yeux toute seule. Comme une madeleine. Etouffant un bâillement de fatigue, elle posa délicatement sa tête sur l’épaule de son meilleur ami. Le film se poursuivant tranquillement, Terri jetant par-ci par-là des coups d’œil rapide à Carl, voir si il ne s’endormait, si il baillait, juste observer son visage pour essayer d’y lire une expression, un sentiment, une émotion. Arrivant à un passage fort, elle serra la main du beau brun à lui en briser les os. Elle ne s’était pas rendu compte de son geste, trop perdue dans le long-métrage, et surtout trop emportée par ses émotions. Prenant conscience de son geste, elle se tourna vers Carl et murmura d’une voix presque inaudible.

« Je suis désolée.. »