05. Bills bills bills

Mardi après-midi, cours finis, retour à la maison. Encore une journée de passée pour Morgan, une de plus qui l'éloignait d'Allan. Comme souvent, il rentrait chez lui en bus mais là ce fut différent. Depuis son départ de la team de foot, il devait assurer des rentrées plus tardives pour faire croire à son père qu'il avait été à l'entraînement. Outre ce mensonge, il avait du remettre le blouson rouge qui malgré tout était une sorte de sécurité dans ce monde de harpies pubères. Nu sans son attirail de footeux, il s'y perdait sans ce fichu blouson protecteur. A côté de ça, Morgan avait des goûts vestimentaires… à lui. Grand fana de chaussures, qui étaient pour lui le sac à main de l'homme, il vouait un quasi culte à tout ce qu'il pouvait mettre à ses pieds. Hélas pour le reste c'était plutôt Shanghai les grands jours de mousson. Certes coordonné, enfin au possible, il arboré un look très spécial. Les lycéens le regardaient parfois de travers à cause de cela. Le brave garçon interprétait ces regards bizarres à son changement d'attitude. Il croyait que certains étaient au courant qu'il était un membre de glee club. Bref il psychotait…

Alors que la masse de lycéens fuyait le bahut, il décida de partir en direction du centre commercial. Il avait deux heures à tuer. Pourquoi? Ce soir, il avait dit à son père qu'il y avait un entrainement de foot. Bref. Il monta dans le bus qui l'emmena au centre commercial. Lorsqu'il rentra dedans le bâtiment, une idée d'immensité le saisit. Chaque fois qu'il entrait ici, il avait ce sentiment d'évoluer dans un monde gigantesque. Paradoxalement, gravitaient des gens telles des fourmis dans cet espace incroyable. Un rictus de sourire se dessina à ses lèvres et il s'engagea dans le centre à la recherche d'habits. Pour le moment, il avait une collection de joggings importante et quelques chemises. Peu de jeans car d'après son père cela coupait la gestuelle du sportif. Présentement, il était vêtu d'un bas de jogging bleu marine, d'un sweat vert et de baskets assorties. Son gros manteau ôté, il flashait parfois sous les spots des allées du centre.

Il fit rapidement le tour des premières boutiques sans rien trouver. Le comble était qu'en passant devant une glace, il ne trouvait rien à redire à ses sublimes chaussures. Après plus d'une heure de recherches, il trouva enfin son bonheur. Un ersatz de blouson rouge pour remplacer celui de la team de foot. Il l'enfila rapidement et alla se voir dans la glace. Il brillait de mille couleurs. Une vendeuse non loin, leva les yeux au ciel, cherchait-t-elle l'arc-en-ciel. Non elle l'avait devant elle. Moore toisant son reflet dans le miroir, ne voyait que sa tête et ses chaussures. Le reste n'avait pas d'importance. Enfin si, le blouson avait un pouvoir sécuritaire, mais aucun atout vestimentaire. Après quelques instants à tester les différentes tailles, la même vendeuse ayant pitié du garçon s'approcha de lui :

"Bonjour, puis-je vous aider ou vous conseiller dans votre recherche?"

Surpris et ne sachant pas quoi répondre sur le moment, Morgan la fixa un peu coi.

"Euh… non c'est bon merci, j'ai trouvé ce que je voulais…"

Ecarquillant les yeux, elle se retint d'éclater de rire et tourna les talons à Morgan après l'avoir remercié. Alors qu'il était à la caisse à attendre son tour, le jeune homme vit la vendeuse pleurer de rire dans son coin. Cela le fit sourire à son tour, il était assez empathique à ce genre de chose. Très loin de se douter que c'était de son look qui était la cause du fou rire de la vendeuse, il continua sa progression dans la file d'attente. Comme toujours, une grand-mère voulut passer avant tout le monde car elle n'avait qu'un article. Ceci fit lever le ton de beaucoup de personnes qui envoyèrent la vieille sur les roses avec des mots très fleuris. Morgan contint un rire et avança de quelques pas. Il entendait ruminer la mamie derrière.

"…gna si vous aviez fait la guerre… malotrus! Brigands!"

Perdu à écouter les propos de l'ancêtre, il oublia d'avancer lorsque ce fut enfin son tour. Le client derrière lui, lui rappela qu'il devait avancer. Morgan fut poussé à avancer. Secouant la tête, il comprit ce qu'il lui arrivait. Il leva les bras pour faire signe au type derrière de se calmer et posa son blouson rouge sur le comptoir. Il paya rapidement et sortit de cet endroit mitigé. Content d'avoir eu son lot mais énervé d'avoir été bousculé. Pour apaiser cette colère et avant de retourner à sa maison affronter son père, il décida de se payer une glace. Il devait bien être le seul timbré à prendre une glace alors que l'hiver gelait tout dehors. Il s'en foutait royalement, il adorait le sucré et rien, rien ne l'empêcherait d'avoir sa dose quotidienne.

Sa glace en main, il se posa sur le rebord d'une jardinière géante. Son achat dans un sac à ses pieds, flashant de plusieurs couleurs, il attendait paisiblement que l'heure tourne pour prétendre à rentrer chez lui.

Glenn avait eu une journée plutôt chargée. Il s'était levé tôt pour finir une tenue avant d'aller au lycée où il avait eu trois contrôles surprises et avait dû faire deux exposés. Il s'était ensuite reçu un slushie facial, ce qui l'avait mis hors de lui. Il en serait certainement venu aux mains si il n'avait pas été arrêté par un professeur qui passait par là.

Après les cours, qui avait terminé plus tôt pour lui, il avait été chercher les jumeaux avant de se rendre au centre commercial pour son job. Ce n'était qu'une fois à H&M, entouré de vêtements fabuleux que Glenn se détendit enfin après cette longue journée. Il aimait regarder ces étalages d'habits, la preuve que la mode se réinventait chaque jour, il aimait aider les clients à choisir les tenues qui leur convenait le mieux et leur éviter de se rendre ridicule. Il aimait aussi ses collègues qui, bien que plus vieux que lui, étaient très sympa.

Pour ce qui semblait être la première fois de la journée, le jeune homme sourit véritablement avant de se diriger vers une jeune fille tenant deux jupes entre les mains, une expression dubitative sur le visage.

-Bonjour mademoiselle ! Puis-je vous aider ?

-Et bien oui, je n'arrive pas à me décider. Laquelle des deux est la mieux ?

Et c'est ainsi que Glenn passa les deux heures suivante à débattre sur la mode avec sa cliente. Il adorait quand les gens savait de quoi ils parlaient et entendre leurs différent points de vue. Bien sur, il n'aurait pas dû se focaliser sur une seule personne mais le manager ne pouvait pas se plaindre, grâce à lui, la fille était repartit avec un cardigan, deux chemises, une robe, un sac et des chaussures en plus de la jupe. Glenn sourit, fier de lui. Il était vraiment le meilleur !

Après le départ de sa cliente, le garçon resta encore une demi-heure, rangeant les shopping bags, remettant les portiques en place, arrangeant les vêtements. Il entendit une commotion à la caisse et sourit, amusé. Il y avait toujours des clients plus grognon que les autres, et il fallait les traiter avec humour pour éviter de se mettre en colère.

Bref, l'heure de s'en aller arriva bientôt pour le garçon qui se prépara et se recoiffa avant de prendre son sac pour sortir. Se faisant, il passa devant Jenny, une des ses collègues, en train de pleurer de rire dans un coin. Il s'approcha, curieux, et s'enquit de la cause de son hilarité. Elle lui expliqua en hoquetant qu'un mec multicolore avait débarqué dans le magasin, et qu'il avait l'air tellement perdu que s'en était à la fois tordant et pathétique

-On … on … haha … on pourrait même se servir … servir de lui comme Pride Flag à la gay pride ! Hahahahahaha !!!

Glenn lui sourit tout en se disant que Jenny exagérait certainement. C'était tout simplement impossible qu'une telle chose existe. Il lui dit au revoir puis sortit du magasin et se dirigea vers la sortit tout en observant les vitrines lumineuses sur son chemin. C'est d'ailleurs en en regardant une qu'il se figea. Un reflet coloré venait d'attirer son regard. Et il sut que Jenny n'avait pas exagéré.

Son sourie se figea et il se retourna lentement, très lentement, tout en espérant qu'il était en train d'halluciner. Mais non, la vision d'horreur était toujours là. Peu importe le nombre de fois où Glenn clignait des yeux, le cauchemar ne cessait pas, le pincement qu'il s'affligea finit de le convaincre que l'arc-en-ciel humain devant lui était bien vivant et, et bien, humain. Ne pouvant se résoudre à laisser cette arme de destruction esthétique manger innocemment ET inconsciemment sa glace, le blond se décida à prendre le taureau par les cornes et à confronter le problème de front. Il s'avança donc vers le garçon et se demanda comment quelqu'un d'aussi mignon pouvait oser sortir de chez lui, vêtu ainsi ?

-Bonjour, je suis Glenn McAllistair et je suis là pour t'aider. Et, par le doux nom de Chanel, ne me dit pas que tu n'en a pas besoin, il suffit de te regarder pour savoir que c'est faux. C'est même une urgence à ce stade !

Puis, sans prendre garde à l'air ébahi du plus grand jeune homme, Glenn lui saisit le bras, le força sur ses pieds et le traîna, par la manche de son horrible blouson, cahin-caha vers H&M.

Il n'y avait rien de plus désagréable que de se faire déranger en plein moment d'extase. Mais le caractère de Morgan faisait qu'il prenait très peu de colères. Remarque il n'aurait pas pu. Avec la célérité de l'éclair, un type de son âge débarqua à côté de lui. Parla de Chanel, une des filles du lycée et le tira par le bras. Étonné, il fut entrainé par la tornade blonde. Résultat : une boule de glace sur le carrelage et un inconnu qui le traîné. Sur le coup, il saisit le bras du gêneur et se plaça face à lui pour le regarder dans les yeux. Il reconnut la tête d'un des nouveaux de McKinley High. Prenant le temps de peser ses mots, il prit la parole :

"Qu'est-ce tu fous là! Mec, t'as foutu ma glace en l'air pour un délire avec Chanel. Ecoute, Glenn, j'suis pas le genre de gars qui cogne en général sur les autres mais là sérieux… Putain, ma glace quoi…"

Il se rapprocha de McAllistair et poursuivit. Chaque parole éloignait de sa bouche le goût délicieux de sa glace suicidée. L'addiction qu'il avait pour le sucré était maladive. Un vrai drogué!

"Tu vas m'en repayer une sur le champ."

Son regard était posé et sa déclaration ferme. Il n'allait pas se faire voler son instant de délice par un total inconnu. Du doigt il pointa le marchand de glace où il avait eu la sienne. Il en aurait presque pleurait. Gâcher une si bonne glace, à l'italienne. Délicatement fouettée, parfaitement dosée, aux arômes de noix coco et à la pêche. Lui qui bénissait chaque jour l'inventeur du sucre, il vouait un culte aux glaciers et autres confiseurs.

"Je ne bougerais plus tant que tu n'auras pas remboursé ta dette!"

Prêt à durcir sa musculature s'il le fallait ou plaquer le blond pour le contraindre à passer par la casse glace avant tout autre sujet de conversation. Pour rajouter de l'huile sur le fue, il vit au loin sa glace en train de fondre. Le cœur brisé par ce gâchis, il accéléra sa demande.

"Une fois que j'aurais eu mon du, tu pourras me parler de ce que tu veux. Être nouveau ce n'est pas facile, je comprends que tu veuilles te lier aux anciens. Ma glace avant!"

Un peu à l'ouest sur les motivations de Glenn, Morgan ne voyait point que son look vestimentaire faisait peur. De plus il ne connaissait pas ce type et ses réelles intentions. Avant de lier amitié, autant savoir si la personne était de confiance. Une glace pour une discussion, cela paraissait totalement fairplay pour Moore qui ne démordrait pas d'un ongle.

Autour d'eux, la foule ne semblait pas heurtée ni même d'avoir remarqué quoi que ce soit. Remarque, des gens se faisaient violenter dans la rue sans que personne ne bouge. Morgan regarda avec un peu plus d'intensité Glenn et fit un bruit très significatif :

"tic tic tic tic…"

Style! Parfois il se la jouait trop! Mais c'était les restes de footballeur macho qui jaillissaient de lui. Fixe comme un poteau, prêt à cavaler derrière le blond au cas où il tenterait une fuite, Morgan attendait. Il avait le temps, du temps à perdre… Soudain, aux rages aux désespérés, un gamin de 6 six toucha le cornet renversé à quelques pas de Morgan. L'air triste, le garçon répondit à l'enfant :

"L'auteur de ce crime c'est lui! Ne pleure pas petit! Elle était délicieuse, elle n'est pas morte délibérément, elle nous pardonnera..."

Ses pulsions de sucré pouvaient le rendre parfois un peu... drogué?

Évidemment, la réaction du jeune homme ne tarda pas à venir. Se dégageant de la poigne de Glenn, il se plaça devant celui-ci et planta ses yeux verts furieux dans les siens. Glenn était d'ailleurs obligé de lever la tête pour soutenir ce regard.

"Qu'est-ce tu fous là! Mec, t'as foutu ma glace en l'air pour un délire avec Chanel. Écouté, Glenn, j'suis pas le genre de gars qui cogne en général sur les autres mais là sérieux… Putain, ma glace quoi…Tu vas m'en repayer une sur le champ. Je ne bougerais plus tant que tu n'auras pas remboursé ta dette! "Une fois que j'aurais eu mon du, tu pourras me parler de ce que tu veux. Être nouveau ce n'est pas facile, je comprends que tu veuilles te lier aux anciens. Ma glace avant!"

Glenn ne savait pas vraiment comment réagir. Il était à la fois indigné, outré, amusé et vaguement effrayé. Non pas par le garçon en lui même mais parce qu'il prenait peu à peu conscience de la difficulté de sa tâche. Mais, foi de McAllistair, il allait relooker ce mec et il allait inculquer un peu de bon sens de la mode dans sa tête dure. Il était en mission divine et rien ne l'arrêterait. Alors que le blond pensait déjà à tous les vêtements et toutes les combinaisons possibles, pouvant mettre son vis-à-vis en valeurs, celui-ci continuait à pester contre sa glace perdue.

"tic tic tic tic…"

En entendant cela, Glenn faillit éclater de rire. Il parvint cependant à se retenir et observa avec amusement le jeune homme se tourner vers un adorable enfant et lui parler, la voix déchirée par la tristesse.

''L'auteur de ce crime c'est lui! Ne pleure pas petit! Elle était délicieuse, elle n'est pas morte délibérément, elle nous pardonnera..."

Cette fois, s'en fut trop pour le blond qui explosa de rire. Littéralement. Il riait si fort que des larmes ne tardèrent pas à couler sur ses joues. Il ria longtemps, jusqu'à en avoir mal aux côtes, avant de se calmer. De petits gloussement s'échappèrent de ses lèvres avant qu'il ne reprenne contenance. Une fois cela fait, le visage de Glenn se ferma et il leva un sourcil parfaitement épilé. Assez pour l'amusement, il faisait face à une situation plus que sérieuse. Ce fut à son tour de s'approcher dangereusement du garçon et de planter son regard argent dans le sien.

-Primo, n'insulte jamais, jamais, Coco Chanel devant moi ! Sans elle, on s'habillerait encore en robe de bure et godillots ! Deuxio, si tu crois que tu me fais peur, tu te met le doigt dans l'œil, j'ai déjà fais face à des rebelles tchadiens, et je peux t'assurer que ça ça fait peur. Et tertio, sache que je ne suis pas venu à toi pour quémander de l'amitié mais pour te rendre service.

Se disant, il s'avançait de plus en plus vers le brun, tout en enfonçant son index dans sa poitrine, l'obligeant à reculer. Glenn n'allait certainement pas se laisser intimider par un arc-en-ciel en devenir.

-Parfaitement ! Pour t'aider ! Je ne sais pas si tu t'en rend compte mais tu portes tellement de couleurs que si on te hissait en haut d'un mât, on ne serait pas patriote mais juste gay friendly ! Je vais être brusque mais il le faut. Çà fait mal de te regarder ! On se croirait en face d'un clown daltonien ! Tu portes un jogging, un JOGGINIG, bleu avec un sweat et des baskets verts b****l ! C'est étonnant que tu ne te sois pas fais arrêter pour crime contre la mode ! Et, ce blouson !!!

Glenn s'arrêta et ferma les yeux. Il compta jusqu'à dix en respirant profondément par la bouche et soufflant par le nez. Il devait se calmer, il n'arriverait à rien en s'énervant sur ce garçon. Il n'était qu'un ignorant et son devoir était de lui apprendre, de le guider afin qu'il se libère de son aveuglement. Quand il rouvrit les yeux, il avait retrouvé son calme et un sourire douçâtre éclaira son visage. Il parla une suite d'une voix douce et létale.

-Tu veux une glace ? Très bien. Tu en auras une, mais voilà le deal. On va d'abord aller faire du shopping et tu n'opposeras pas de résistance. On achètera ce qu'il faudra pour te rendre sortable, chéri, et c'est seulement après que je t'achèterai ta glace. Mais, attention, pas une glace minable comme tu m'as montrer. Non, une glace trois boules avec de la chantilly, des friandises et toutes sortes de coulis. Ce seras la meilleure glace que tu es jamais mangé, parce que nous irons là-bas.

Glenn pointa alors vers la gauche, désignant un restaurant. Il s'agissait du meilleur glacier du comté, il offrait une panoplie extravagante de parfums, tous plus bons les uns que les autres, et ne désemplissait pas malgré que l'on soit en hiver. Il étendit alors la main vers le brun.

-Alors ? Deal ?

Spoiler:

Pour être tendu, c'était tendu. Morgan n'aimait pas du tout ce genre de situation où à tout moment une droite pouvait partir. Dire qu'il était tranquillement en train de déguster sa glace quand ce taré des chiffons a tout gâché. Il se croyait dans une émission de relooking? Investi d'une mission? A un concours de Miss USA? Sérieux… Morgan se regarda un moment, effectivement il avait quelques couleurs mais ses chaussures étaient géniales. D'ailleurs il tiqua sur le fait qu'il était aussi coloré qu'un drapeau gay. Il fronça les sourcils et se dit qu'il devrait faire attention au cas où cela serait un appel. De son côté, il s'en moquait. Sportif depuis toujours, il n'a aucune gêne avec son corps et donc avec ses tenues. A poil dans les douches, habillé à l'arrache… Il prend juste le soin de coordonner ses chaussures, la partie la plus importante pour lui. D'ailleurs, il en avait tout un stock. De la belle chaussure italienne à la basket de marque italienne. Il avait des dizaines de claquettes à ne plus savoir quoi en faire. Parfois sa mère désespérait de trouver deux chaussures identiques. Alors que lui savait très bien où les trouver.

Le doigt de Glenn touchant sa poitrine était un geste qui rappela à Morgan son père. Ce ton supérieur de personne qui sait tout sur tout. Un instant, Moore crut retourner en enfance. Même s'il vivait sous le joug paternel, il ne se laisserait pas faire pas une caricature de Marc St-James. On aurait dit un mauvais remake d'Ugly Betty. Dans lequel Morgan aurait eu le rôle principal. Finalement, il en avait oublié sa glace et le gamin qui était parti. Redevenant celui qu'il était, il ne chercha qu'une optique pour la suite de cette discussion : la fuite!

"Ecoute Glenn. Je me moque de savoir si tu préfères Chanel à Dior. Que tu te sentes obligé de m'aider. J'en ai rien à foutre de ressembler à un épouvantail. Tolérance mon gars! Alors laisse-moi tranquille. Va ailleurs chercher ton bonheur!"

Finies les réflexions crétines du garçon, il redevenait sérieux. Car très souvent, Morgan jouait à l'idiot pour savoir qui il avait en face de lui. Généralement, il était déçu par presque la majorité des gens qui se sentant supérieur à l'adolescent, se moquaient de lui, lui imposaient des choses. Pourtant ce que ces personnes là ne voyaient pas, c'était le vrai Morgan. Toutes s'étaient arrêtées aux apparences : un sale look, un air idiot, des réflexions complètements crétines… Mais tout cela, ce n'était pas lui. Grand lecteur de littérature, connaisseur de bonne philosophie, adorateur de l'histoire, sur nombre de sujets. S'il avait tenu à Glenn un discours sur la potentielle relation volontaire de Coco Chanel avec un nazi pour être sauve, il n'aurait eu la même attitude. Mais comme très souvent, les humains quand ils se sentent en position de supériorité, ils en abusent.

Malgré le fait que McAllistair lui proposa de lui offrir la Roll Royce des glaces, Moore n'en voulait pas. Si ce n'était qu'il réalisa que le blondinet n'était pas complètement insensible. Cela laissa entrevoir à Morgan la possibilité qu'il ne soit pas totalement perdu. Mais plus important encore, en regardant Glenn, il vit derrière lui la grande horloge du centre. Elle indiquait une heure poussait qui allait faire rater à Morgan son bus. Horreur pour le garçon. S'il avait le malheur d'arriver en retard, son père lui demandait pourquoi, comment, quoi, parce que, et après, alors, qui,…? Il devait être à l'heure à la maison pour éviter toutes ses questions car M Moore poserait moins de questions si son fils respectait son emploi du temps. Et oui! James avait imposait à son enfant un emploi du temps qu'il devait respecter. Tout bon sportif se contraignait à avoir un emploi du temps strict et à s'y tenir.

A cette nouvelle, il oublia Glenn un instant, la glace définitivement et son nouvel achat définitivement. Il s'éloigna de Glenn pour s'assurer qu'il voyait bien la grosse aiguille sur le 8. Lorsqu'il se confirma deux fois qu'il ne se trompait pas, il prit la tangente. Au pas de course bien sûr.

"Désolé!"

Cria-t-il à Glenn laissé au loin mais il ne pouvait pas faire autrement. Sprintant comme il savait le faire, son ancien poste de foot était running back, il fila droit vers la sortie en slalomant entre les gens. Les années passée à pratiquer le football américain lui aura au moins servi à courir au milieu de la foule sans se faire attraper.

Spoiler: