Sectionals

« December 16, 2016 - Ohio Stadium - Columbus »

A l’instar de la concurrence, Quinn attendait - avec une certaine appréhension - que le tirage au sort dévoile l’ordre de passage. Les dix coach dont l’équipe avait été sélectionnée pour la compétition devaient s’avancer devant une urne, et en extraire tour à tour une balle numérotée. Le président du jury se racla la gorge, mettant ainsi un terme au silence pesant qui s’était abattu dans les gradins de l’Ohio Stadium, puis invita les entraîneuses à plonger leurs mains au fond de la jarre opaque. Quinn sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine, tandis que ses doigts se refermaient autour d’un objet arrondi. Elle leva les yeux au ciel, dans l’espoir que la providence divine la gratifie d’un tirage favorable.

Jamais elle n’aurait pensé devenir un jour la coach des Cheerios de McKinley et suivre les traces de Sylvester. Cette dernière avait proposé le poste à l’étudiante en criminologie quelques mois auparavant, car elle n’était pas satisfaite de sa remplaçante. En effet, le départ de Sue pour le monde politique avait marqué la fin d’un règne : l’équipe qui jadis, brillait pour ses performances toutes plus époustouflantes les unes que les autres, avait accumulé de nombreux échecs d’années en années, ce qui lui avait valu une nomination dans la catégorie « pintades désarticulées » d’une célèbre revue nationale de cheerleading. Face à une telle humiliation, la mairesse tyrannique avait repris les choses en main. Du jour au lendemain, elle s’était arrangé pour faire disparaître de la circulation celle qui avait eu le malheur de lui succéder. Nul ne savait avec exactitude le châtiment qui lui avait été réservé, mais une rumeur circulait dans les couloirs du lycée. La coach répudiée se serait exilée dans les campagnes du Kentucky pour y faire l’élevage de moutons noirs.

Sylvester s’était alors mis en tête de nommer son ancienne head-cheerleader : Quinn Fabray. Cette dernière avait longuement hésité avant de consentir à reprendre le flambeau. Ses journées étaient déjà suffisamment chargées et épuisantes avec ses études de criminologie. Mais la blonde avait commencé à voir les choses autrement lorsque la question du salaire fut abordée. Depuis qu’elle s’était mis en ménage, ses fins de mois étaient difficiles. Quinn ne pouvait décemment pas cracher sur cette entrée d’argent, attractive et régulière. Depuis la rentrée de 2016, elle avait pour mission de remettre des Cheerios de McKinley sous les feux de la rampe. Et à vrai dire, ce n’était pas une mince affaire. Les adolescentes n’avaient aucune cohésion de groupe. Leurs rapports étaient régi par des rivalités puériles, et une bonne dose d’hypocrisie. De plus, leur niveau en danse était assez déplorable. Pour mettre toutes les chances de son côté, Quinn avait fait appel à son amie Brittany, pour l’aider à monter le numéro des Sectionals. Cette dernière avait accepté de lui rendre ce service avec plaisir, et leur binôme de blondes s’était avéré efficace et complémentaire : la première utilisait son leadership pour recadrer les membres de l’équipe, et la seconde usait de ses talents de chorégraphes pour améliorer leurs performances.

Après un long trimestre de préparation, les Cheerios de WMHS étaient prêtes à se mesurer à leurs concurrentes devant un jury, sans craindre d’être ridicules sur le terrain de sport. Mais malgré tous les efforts personnels déployés, leur coach ne parvenait pas à se défaire de ses appréhensions. Depuis que leur bus avait franchi les grilles de l’université de Columbus, elle sentait une boule de stress comprimer ses entrailles. En outre, la jeune femme n’avait pas réussi à fermer l’œil de la nuit, tant l’enjeu de la compétition la paralysait de peur. Un parfum amer de défaite flottait dans l’air, combiné au regard inquisiteur de Sue Sylvester, qui ne perdrait pas une miette du spectacle depuis sa loge.
Quinn savait que la mairesse l’attendait au tournant. Elle ne concéderait aucun faux pas de sa part, et lui ferait payer très cher un échec éventuel.

« Mesdames, vous pouvez ouvrir vos mains, et découvrir le numéro gravé sur votre balle ». Sourire de soulagement pour certaines, rictus d’angoisse pour d’autres. « Putain ! » Les yeux écarquillés sur le chiffre dix, Quinn ne put réprimer un juron. Le destin de son équipe était désormais scellé : ses Cheerios allaient passer les dernières. Et pour quelqu’un qui avait l’habitude des compétitions, la jeune femme savait que cette position n’inaugurait rien de bon. Celles qui ouvraient la marche se confrontaient au manque de recul de la part du jury. Quant à celle qui la fermaient, elles devaient faire face à leur lassitude, et à leur regard critique par rapport à toutes les prestations vues précédemment.

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« Les filles, j’ai une bonne, et une mauvaise nouvelle à vous annoncer. » ironisa la coach, en se mordillant la lèvre inférieure, geste qui trahissait son anxiété, pour ceux qui la connaissaient bien. « La bonne, c’est que nous avons toute la journée pour régler les détails tangents de notre prestation. La mauvaise… vous l’aurez compris, c’est que nous sommes les dernières à passer devant le jury. Je compte sur vous pour rester concentrées. » Le vestiaire privé qui leur avait été attribué pour la compétition se para soudainement d’un silence de plomb. La journée promettait d’être longue et angoissante, mais Quinn allait s’évertuer à ne pas trahir ses émotions devant les adolescentes. Après tout, elle était leur repère, et était sensée leur montrer le bon exemple. Même si à cet instant précis, elle se serait damnée pour vider un paquet de cigarettes. Ou même deux. Mais le plaisir salvateur procuré par le tabac était un luxe hors de portée des femmes enceintes.
La jeune femme comptait donc tout particulièrement sur la présence de ses amis pour la soutenir dans cette épreuve. Et sur ses filles pour défendre avec dignité les couleurs de leur lycée.

Brittany était une pure boule d’énergie depuis son arrivée à l’Ohio Stadium. Elle était excitée comme une puce à l’idée de voir l’équipe des cheerleaders de McKinley présenter enfin le numéro qu’elle avait aidé Quinn à mettre sur pied. Bien sûr, elle avait le beau rôle dans cette affaire : ni danseuse, ni coach, elle n’avait aucune responsabilité officielle et donc aucune pression à supporter. Son rôle était tout à fait officieux : elle avait prêté assistance à sa meilleure amie avec plaisir et de manière bénévole. Aux yeux d’autrui, l’issue de cette journée ne la concernait pas directement. Et pourtant, elle prenait très au sérieux la question... Contrairement à ce qu’on pourrait croire devant son manque de nervosité. Elle était simplement d’un optimisme à toute épreuve.

Elle se posta aux côtés de Quinn lorsque celle-ci vint annoncer le résultat du tirage au sort à ses cheerios. Tout comme son amie, Brittany saisissait parfaitement les implications de leur ordre de passage. Elle dut retenir une petite grimace mais ne se laissa pas abattre pour autant. Si elle-même ne restait pas positive, qui d’autre le ferait ? Lorsque Quinn se tut, devinant le stress qui l’habitait, Brittany décida de prendre le relais, ne serait-ce qu’un bref instant. Elle fit un pas en avant pour rajouter : « Si vous avez peur de voir les autres, évitez simplement de les regarder. Et inutile de tomber malade ou de se blesser avant la représentation, alors évitez de manger tout ce qui vous passe sous la main mais forcez-vous à avaler quelque chose ! N’oubliez pas vos exercices d’assouplissement et d’échauffement mais évitez de trop forcer ! »

Ayant été à leur place puis ayant fait partie de troupes professionnelles, Brittany savait parfaitement ce qui pouvait leur arriver pendant ces quelques heures qui les séparaient du moment crucial. Si on leur en donnait l’occasion, au moins l’une d’elle vomirait ses tripes d’ici là, une autre ferait probablement une crise de glycémie, une troisième se froisserait un muscle, et une dernière paniquerait. Elle-même avait déjà testé toutes les options, alors elle parlait en connaissance de cause ! A la fin de la journée, elles n’auraient plus une troupe de cheerleaders mais de bras cassés. Et ça, c’était seulement si elles arrivaient à ne pas s’étriper mutuellement.

« Pour celles qui pensent avoir besoin de répéter des pas, vous savez où me trouvez. » conclut-elle. Elle les éblouit d’un sourire Colgate, tout en sachant pertinemment que la moitié d’entre elles n’en ferait qu’à leur tête. En tant qu’aînée, Brittany devait paraitre responsable et mature, tout ça, tout ça… mais si elles ne lui paraissaient pas prêtes à l’heure H, elle leur mettrait des coups de pieds aux fesses, s’il le fallait ! Elles commençaient à en avoir l’habitude ceci dit : Brittany était un ange, extrêmement patiente, mais pour celles qui n’essayaient même pas de suivre le rythme, elle était inflexible. Tant qu’elle n’était pas satisfaite du résultat, aucun repos envisageable. Elle avait été à bonne école après tout. Tout comme Quinn, elle avait appris sous l’égide du Tyran. Elles avaient les mêmes principes, les mêmes souvenirs, les mêmes méthodes… C’est ce qui leur permettait probablement de fonctionner aussi bien ensemble.

Lorsqu’elles furent à l’écart des filles, Brittany se pencha pour chuchoter à l’oreille de Quinn : « Je les surveillerai si tu as besoin de t’absenter, compte sur moi. » Elle glissa ses mains sur ses épaules et massa gentiment les muscles tendus qu'elle sentait à cet endroit.

La jeune femme était une personne loyale et surtout droite. Ambitieuse, sa carrière passait avant beaucoup de choses car autant dire que pour le moment, elle n’en avait aucune. Se retrouver à travailler comme Agent de terrain au Bureau de Columbus ne représentait pas la réussite ultime : elle était encore en période d’essai – en quelque sorte – et la moindre erreur l’obligerait à se retirer de la course. Alors, Oxanna pourrait dire adieu à son rêve de devenir le meilleur Agent sur Terre, qui excellerait tellement qu’elle bosserait carrément en free-lance. Elle voyagerait partout aux Etats-Unis et peut-être même à l’étranger, tous les QG du FBI se l’arrachant pour obtenir ses services sur les enquêtes les plus délicates. En fait, la blondinette réalisait aussi avoir eu beaucoup de chance d’être repérée par le Bureau lors de ses études. D’ordinaire, peu de futurs Agents étaient recrutés et envoyés à Quantico pour leur formation aussi tôt. Mais ses notes, et ses talents obtenus grâce au métier de son paternel, lui avaient permis d’obtenir cette chance. Une chance qu’elle ne gâcherait pour rien au monde, et qu’elle comptait bien utiliser pour grimper au sommet.

C’est exactement ce pourquoi, en cet instant précis, et alors qu’elle roulait en direction de l’Ohio Stadium, elle se sentait des plus nerveuses. Oxanna avait demandé à Sheldon de la couvrir cette après-midi. Tous deux devaient mener une petite enquête des plus banales – observation du camp ennemi plus ou moins, mais aucune intervention, seulement la choriste avait autre chose de prévu. Normalement, elle aurait du dire à sa meilleure amie Quinn qu’elle devait bosser le jour du concours et qu’elle ne pourrait donc pas la soutenir. Mais voilà, ne pas être présente pour sa sœur de cœur dans un moment pareil était carrément inconcevable. Beaucoup plus inconcevable que de demander un tout petit service à son coéquipier pour que son escapade ne soit pas connue du boss. Après tout, il en avait déjà fait de même et Oxy s’y était pliée sans broncher. Il était temps que Sheldon lui renvoie l’ascenseur. Elle avait confiance en lui et savait qu’il ne dirait rien, même si leur patron le mettait au pied du mur pour une raison X ou Y. Pour autant, la blondinette sentait son estomac se nouer à la pensée que sa petite balade soit découverte. Elle ne se ferait probablement pas virer, cependant les faits seraient indiqués à vie dans son dossier professionnel. Et tout le monde savait –même les civils – que ces papiers-là étaient d’une importance capitale pour tout Agent de la Police ou du Gouvernement. On ne rigolait pas avec les anges gardiens des citoyens.

Oxanna se détendit un peu en arrivant sur place et en apercevant le monde dans les gradins, ou encore sur le terrain. L’euphorie que ce concours faisait naître était des plus palpables. Les gens riaient, faisaient des signes d’encouragements à l’équipe qu’ils soutenaient, portaient des panneaux décorés, sautillaient sur place… Il régnait une telle atmosphère que la jeune femme fut presque instantanément transportée dans cet univers, en oubliant son travail – ce qui n’était pas plus mal, car elle était là pour Quinn et pour personne d’autre. Sa meilleure amie avait fait un travail remarquable avec les Cheerios de cette année. Depuis le départ de Sue pour une carrière politique, l’équipe n’avait fait que se dégrader petit à petit. On pouvait dire ce qu’on voulait sur Miss Sylvester, pire tyran de tout McKinley, mais au moins une chose était sûre : elle savait mener sa barque. Les trophées qui trônaient dans son bureau ne s’étaient pas matérialisés là. Elle les avait gagnés à la sueur de son front – et surtout à celle de ses Cheerios certes souvent malmenées, mais néanmoins victorieuses. Et c’était ça, le plus important, non ?

Arrivant au pied du stade, Oxanna entra et s’aperçut tout de suite que les Cheerios de son ancien lycée ne se trouvaient pas sur le terrain. L’ordre de passage avait du être déjà fait, et elles n’étaient, quoi qu’il en soit, pas les premières à se présenter. Supposant que tout ce petit monde avait fait demi-tour vers les vestiaires, la jeune femme en fit de même. Elle trouva facilement son chemin ici, après tout, elle connaissait cet endroit presque par cœur pour avoir fréquenté l’OSU et tous ses bâtiments annexes durant plusieurs années. Elle débarqua rapidement dans un couloir avec beaucoup de portes fermées. Sur chacune, une feuille plastifiée avait été scotchée. Oxy eut tôt fait de repérer celle qui l’intéressait, et entra sur la pointe des pieds. Brittany, en quelque sorte coach-assistant et surtout chorégraphe, était en train d’expliquer aux Cheerios qu’elles ne devaient pas oublier leurs exercices. Oxanna observa les adolescentes en tenue rouge et blanche quelques instants. Certaines semblaient sereines, d’autres un peu plus stressées, mais dans l’ensemble, aucune ne paniquait encore.

« Salut, les filles, » s’annonça-t-elle alors que Quinn et Brittany se retrouvaient à l’écart de leurs Cheerios. Elle les serra brièvement dans ses bras pour les saluer et demanda. « J’espère que je ne suis pas trop en retard, mais apparemment j’en ai loupé un bout. Vous passez quand au juste ? » Et avant même que l’une des deux ne puisse répondre, Oxy étira ses lèvres en un rictus amusé et s’exclama. « Oh et avant que j’oublie. Je suis là comme soutien, mais si l’une d’elles ne se montrait pas concentrée et risquait de compromettre le travail de l’équipe, n’hésitez pas à faire appel à moi surtout. » Pour appuyer ses paroles, elle tapota sa hanche. A cause du métier qu’elle pratiquait, ses amies comprendraient immédiatement ce qui se cachait là-dessous. Bien sûr, Oxy faisait simplement de l’humour, essayant tant bien que mal de les détendre… Jamais elle n’irait jusqu’à tirer sur une ado un peu trop distraite… Quoi que…

Coach Evans revint enfin du tirage au sort et c’est avec un air solennel qu’elle annonça une bonne et une mauvaise nouvelle, la première paraissant très ironique aux vues des circonstances. Dernières ! Les cheerios de McKinley allaient être les dernières à passer devant le jury et le public, l’esprit déjà surchargé à bloc des prestations précédentes et la lassitude ajoutée sûrement aux estomacs qui les tirailleraient à la fin de la journée ne les mettaient pas en bonne position. La Coach avait déjà fait ce topo sur l’ordre de passage et avait invité ses filles à ne pas prendre ce facteur à la légère. Pour sûr, cette fois ci il ne serait pas ignoré, et comment pourrait il l’être ? Passer toute la journée dans ce huis clos infernal, c’était comme marcher dans un champ de mine, et ça, elles allaient toutes le sentir passer.
L’ambiance dans le bus et même des dernières répétitions ne leur avait donner qu’un avant goût de ce qu’allait sûrement être cette journée passée dans leurs vestiaires attitrés, une journée comme dans une cocotte minute prête à valser dans les airs dans le grand fracas d’une explosion inévitable. Pourtant, Nina fut rassurée de n’entendre que ce silence de recueillement après l’annonce de leur coach. Aucune objection, aucune protestation, il n’y avait pas motif à se révolter de toute façon, mais dans la basse cour de poules carnivores dans laquelle elles se trouvaient, rien n’était prévisible.

La Coach Pierce-Holcomb qui s’était chargée d’apporter son aide pour les chorégraphies fit son entrée, rompant ainsi le silence de mort très pesant qui régnait en ce lieu. Sa présence parut être bien salvatrice pour la coach Evans elle même ! Nina écoutait attentivement les dernières recommandations de leur chorégraphe, elle ne voulait penser à rien d’autre que la compétition et à rien d’autre, car malheureusement il y avait beaucoup d’autres choses pour lesquelles s’inquiéter !
Elle n’était pas anxieuse pour sa performance, Nina était une très bonne danseuse et avait un parfait sens du rythme, on en attendait pas moins d’une ballerine et d’une violoncelliste. Pourtant elle hésita un instant à prendre au mot la proposition de leur coach Pierce-Holcomb, et ceci uniquement pour se tenir à distance des échanges de missiles qu’elle sentait déjà tout près à partir ! Elle se ravisa cependant quand évidemment Cissy manifesta son désintérêt pour ces répétitions de dernière minute. Elle n’avait pas tort, saisir une main tendue n’était pas le meilleur moyen de faire tomber Devon du top de la pyramide pour lui voler sa place.
La pyramide ? Nina imaginât un bref instant ce qu’allait pouvoir donner la leur : après une journée de combats acharnés et de coup bas à répétition, elles se tiennent fébriles les unes sur les autres, mas tout autant prête à en découdre. Cissy lâche « par mégarde » les chevilles de Devon et Adrianna tout en se défaisant de leurs pieds qui lui martèlent l’épaule. Coup de maître, les fessiers des deux indésirables s’effondre au sol dans un bruit suspect par son intensité étonnante, et Cissy lève les bras plus souriante que jamais, reine des reines parmi les reines.
Nina fut tirée de son imaginaire insensé par Mlle Prescott, une amie du coach. Leur situation était elle si désespérée que cela pour justifier un tel défilé de soutien ? Assurément oui. La prestation des premières candidates avait débuté et c’est sur Lady Gaga que la foule criait en délire ! Mieux ne valait pas jeter un coup d’œil aux performances des adversaires, le stress était bien assez insupportable pour cela.

Les trois jeunes femmes se réunirent, laissant ainsi les filles à leurs occupations. Nina redoutait qu’il s’agisse du début de la bataille, car celles ci n’avaient pas de répit au sein de l’équipe, en toutes circonstances. En vérité, Cissy et Nina en était souvent la source mais aujourd’hui, cette dernière n’avait pas envie de se jeter à corps perdu dans les hostilités gratuites et les luttes de pouvoir. Elle n’avait de toute façon pas intérêt à faire d’histoire. Premièrement, ses parents n’étaient pas au courant de sa participation aux selectionnals, comme du fait qu’elle était cheerios en général. Autant dire que trafiquer l’autorisation de sortie lui valut ce sentiment de culpabilité très amer dont elle avait du mal à se défaire, mais impossible d’imaginer ses parents supporter l’idée de la voir agiter les pompons juste après la messe. Deuxièmement, Sunny Palmer était dans les parages ! Elle avait fait le trajet en bus avec les cheerios et venait sûrement officiellement pour jouer les reporter, officieusement pour semer le trouble, et ça elle savait le faire mieux que personne, elle était bien placée pour le savoir.
Nina tenta d’éluder tout cela de son esprit et décida de prendre les choses en main. Elle rejoignit Cissy pour la persuader de rester tranquille durant tout l’après midi, le plus implicitement du monde.
Elle s’adossa à côté de son casier tout en refaisant sa queue de cheval d’un air désinvolte. « T’es confiante ? » Sans attendre sa réponse elle continua. Evidemment qu’elle était confiante, elle l’était toujours ! « Moi je suis confiante, je crois même être assez confiante pour supporter la présence Blondie et Miss Tacos sans faire d’histoire ! Je crois qu’on a déjà frappé assez fort avec le coup des casiers pour qu’elles se tiennent à leur place ! » Sa queue de cheval terminée, elle se tourna vers son amie avec un grand sourire qui ne devait pas tromper ses intentions. Celle ci restait impassible tout en continuant de se repoudrer le nez, et tout ce que Nina espérait, c’est que Cissy serait d’humeur à laisser du répit aux opposantes des tranchées d’en face !

Le teint pâle, Devon respirait profondément et surtout très discrètement pour se soulager. Ne supportant pas les voyages en car, elle se devait de rester plus souriante que jamais. Pourtant, pour le moment rien ne se passait comme prévu, sa relation avec Elijah n’avait pas progressé et celle avec sa mère, Cheryl, ne faisait qu’empirer. Devon était assise au fond du car, en compagnie d’Hayley et Adriana. Le mal de car de la capitaine grandissait de plus en plus, surement à cause du stress et de la responsabilité qui lui pesait sur les épaules. Devon travaillait sa chorégraphie dans ses pensées, peur d’oublier un mouvement qui lui couterait la victoire, elle remit tout les mouvements dans sa tête. Ces derniers temps, elle avait du mal à jongler avec sa vie sociale, les cheerios, les études et surtout le GleeClub. La chorale jouait beaucoup sur ses liens, la preuve, la hyène de Cissy et son caniche de Nina n’attendaient qu’un seul faux pas de la part de Devon pour lui voler sa place au sommet de l’échelle sociale. La jeune capitaine devait plus que jamais faire attention à sa réputation qui se tenait sur une corde raide.

Arrivé sur place, Coach Evans s'était absenter pour aller se renseigner pour l'ordre de passage. À son retour, elle fit savoir à toutes l'équipe que celle-ci passera en dernière position. Le meilleur pour la fin, quoi. De plus, cela allait permettre à Devon d'aller s'entraîner un peu avant le moment final. Elle n'était pas faible en danse, tout du contraire, elle excellait dans ce domaine et les membres des New Directions le savaient et n'oseraient pas dire le contraire sous peine d'une nouvelle engueulade. La belle et ravissante Coach Pierce proposa aux filles qu'elle était disponible pour répéter quelques pas. Parfait. Devon pris son sac pour se rendre au vestiaire et irait de suite rejoindre la chorégraphe de talent pour se remettre d'aplomb. Sur le chemin, elle croisa Coach Evans. Cette dernière, était sans nul doute affecté par le stress, mais Devon remarqua qu'elle essaya de cacher son stress pour ne pas en affecter ses élèves. Lorsqu'elle croisa le regard de sa coach, Devon lui adressa un sourire laissant apparaître ses dents blanches parfaitement alignées.

Etrangement, Devon se rendit compte qu'elle n'était pas si différente de sa coach étant jeune. Comme elle, elle était capitaine des cheerios, elle était dans le Glee Club, a souffert de sa réputation en dent de scie,... La jolie blonde se dit alors qu'elle irait surement prendre des conseils auprès de sa coach dans quelques jours. Nous ne sommes jamais à court de conseils et après réflexion, sa coach était surement la seule qui pouvait la comprendre en raison de tous ses problèmes du moment.

Ensuite, Devon se dirigea donc vers les vestiaires réservés pour les cheerios de McKinley. « Ca va mieux ? » Demanda son amie, Adriana. Surement en raison de son état dans le car. « Oui, merci. Je respire à nouveau ! » répondit Devon, attachant ses cheveux en queue de cheval. « Je vais aller répéter quelques pas avec Coach Pierce, je te rejoins tout à l'heure. » Devon ferma son casier, pris une bouffée d'air et s'en alla rejoindre la belle chorégraphe. Enfin, en sortant des vestiaires, elle entendit les premières participantes faisant leur numéro sur Lady Gaga. La jeune capitaine adorait cette chanteuse, elle se sentait donc de nouveau mal et son stress revenait au galop.

Aucune émotion ne troubla le visage de Crystal alors que Coach Evans annonçait le résultat du tirage au sort mais elle n'en pensait pas moins. Cela allait déjà être suffisamment difficile de gagner avec les dindes qui composait leur équipe mais si en plus elles passaient en dernier, il allait falloir redoubler d'efforts. Elle écouta distraitement les paroles de leur chorégraphe en se retenant de lever les yeux au ciel. Sans blague, c'était ça qu'elle appelait des conseils ? ''Ne mangez pas mais mangez quand même, faites des efforts mais pas trop''. Il y avait tellement de contradictions dans ces simples phrases que cela ne l'étonna pas plus que ça quand certaines de ses camarades regardèrent autour d'elles, le regard vide. Les cheerios n'étaient pas sortie de l'auberge.

La rousse ne fit pas attention à la nouvelle venue, l'amie de leurs coachs, encore une vieille bique qui chantait dans les chorales. Comme si elles avaient besoin d'elle pour gagner. Ses paroles d'encouragements ne lui faisait ni chaud ni froid, elle préférait reporter son regard sur les autres cheerios, histoire d'évaluer l'état de chacun. Et de ce qu'elle voyait, ses camarades avaient toutes des sentiments différents. Certaines étaient calmes quand d'autres étaient malades d'anxiété. Elle se fichait royalement de ce qu'elles ressentaient tant que cela ne leur coutait pas la victoire

En attendant, CeCe se trouvait face à un dilemme. Son côté démoniaque s'agitait, conscient de la chance inespérée de porter un coup fatale au règne vacillant de Van de Roy sans être tenu pour responsable. Sans compter qu'elle mourrait d'envie d'humilier Adriana devant l'Ohio Stadium tout entier. Mais d'un autre côté, elle avait envie de gagner, de redorer le blason des cheerios et de retrouver la gloire que l'équipe connaissait du temps de Sue Sylvester et des six victoires consécutives.

Alors qu'elle était en plein débat intérieur, Nina s'approcha d'elle, un air déterminé sur le visage. Curieuse, Crystal offrit un (vrai) sourire à son amie avant de lever un sourcil, attendant que son amie crache le morceau tout en finissant de rassembler ses cheveux flamboyants en la haute queue de cheval habituelle avant de se repoudrer le nez. Même si elle n'en laissa rien paraître, Crystal écouta les paroles de Nina, son sourire s'élargissant un peu à la mention de ''Miss Taco''. La jeune fille était rarement raisonnable mais elle reconnut intérieurement que la brune avait raison et décida de laisser les rivalités aux placards pour les prochaines heures seulement. Après tout, elles avaient déjà assez de problème comme ça entre leur place dans la compétition, leur manque de cohérence et la présence de cette limace blonde et fouineuse qui furetait un peu partout dans le vestiaire, réveillant des envies de violence chez la rousse. A cause de Sunny, elles allaient être obligé de faire encore plus attention à leurs paroles. Cette sale geek mettaient les cheerleaders mal à l'aise et CeCe se jura qu'elle lui ferait souffrir mille morts si elles perdaient à cause d'elle. Après avoir repeint ses lèvres de son rouge habituel, elle referma son miroir d'un coup sec et se tourna vers Nina qui attendait à ses côtés.

-Évidemment que je suis confiante, on a quand même de quoi se défendre. Et j'ai décidé de laisser nos deux cruches préférées tranquilles jusqu'à la fin de la compétition. Il était bien sur hors de question que CeCe avoue que Nina avait influencé sa décision, pas en présence de tant d'esprits hostiles en tout cas. J'aurais tout le temps de m'amuser plus tard.

Se disant, elle regarda du côté de Van de Roy et Adriana et un rictus méprisant étira ses lèvres en remarquant le teint cireux de la blonde. Quand celle-ci se tourna vers Crystal, ayant sans doute senti son regard sur elle, ce rictus se transforma immédiatement en un sourire mielleux tandis qu'elle lui adressait un petit geste amical, auquel la choriste ne vit que du feu, comme d'habitude. Du coin des lèvres, CeCe reprit doucement la parole de sorte que seule son amie puissent l'entendre.

-Vu la tête que tire notre chère capitaine, elle serait bien capable de tomber sans l'aide de mon intervention. Avec un peu de chance, elle écrasera Chimichanga sous ses grosses fesses au passage.

Sur ces douces paroles, Crystal se détourna de cette vision qui lui retournait le cœur et entama quelques exercices d'échauffement. Après tout, ce n'était pas pour rien qu'elle avait décidé de faire preuve de mansuétude alors autant mettre toutes les chances de son côté pour gagner.