Le dimanche après-midi, il y avait-il un meilleur temps pour faire les courses? Non et Ryder se demandait encore ce qu’il faisait là et pourquoi il avait reporté ce moment toute la matinée. Il y avait des files infinies aux caisses, des vieillards qui sortaient leurs coupons rabais ou cherchaient leur monnaie dans leur petite pochette, des enfants couraient partout et tentaient par tous les moyens de faire acheter une boite de biscuits au chocolat à leurs parents et il semblait y avoir une nouvelle caissière à la quatrième caisse, car depuis qu’il attendait à la troisième, cinq personnes étaient passées dans sa ligne et c’était toujours le même monsieur qui était dans la ligne numéro 4. Ryder regarda sa montre. Cela faisait déjà 5 minutes qu’il patientait et ce n’était pas prêt d’être son tour! Tout ce qu’il voulait c’était payer son pain, son détergeant à lessive, son café et….son lait-qu’il-n’avait-pas. Il soupira. Il avait absolument besoin de lait. Il devait donc quitter sa place sagement acquise pour aller le chercher et refaire la ligne tout au bout. Il se retourna vers le client derrière lui, peut-être pourrait-il lui demander de garder sa place, mais le client en question semblait de mauvaise humeur et le musicien n’osa pas. Il connaissait déjà la réponse du monsieur, à savoir qu’on n’était plus à la petite école et blabla. Il quitta donc la file d’attente-qui venait tout juste d’avancer- à contre cœur et se dirigea vers les réfrigérateurs, tout au fond de l’épicerie.

Il ouvrit la porte du frigo en se maudissant d’avoir pu oublier un élément essentiel à son alimentation. Il referma la porte d’un coup d’épaule, en tentant tant bien que mal à retenir toutes ses emplettes, car bien sûr, il n’avait pas cru bon de prendre un panier à l’entrée. En se retournant pour aller refaire la file, il fût frappé par la vue d’une tête châtaine qui lui était familière qui regardait les sortes de yaourts. Il n’avait pas vu le propriétaire de cette tête depuis…la fin du lycée, soit plus de cinq ans et il n’avait pas eu de nouvelles non plus. Pourtant, Victor (si cette personne était bien le Victor en question) et lui avaient été de bons amis. Chaque semaine, tous les deux se retrouvaient pour « jammer » ensemble, Vic étant un très bon batteur, mais les deux garçons avaient pris des chemins différents et rompus tout contact. Ryd avait néanmoins entendu quelques rumeurs au sujet de son ancien pote, mais il ne les avait jamais crues. Le Victor qu’il connaissait n’était pas le genre à faire de la prison. Il lui avait déjà raconté des conneries qu’il avait faites, mais qui n’en faisait pas à l’adolescence?

Quoi qu’il en soit, Ryder était à peu près qu’il s’agissait bien de son ancien ami du lycée, mais il y avait tout de même une part de lui qui était incertaine et il se voyait mal apostropher cette personne et se rendre compte qu’il y avait erreur sur la personne, surtout qu’aux dernières nouvelles Vic était hors de la ville. Il attendit donc quelques secondes, la personne allait certainement se retourner vers lui pour une quelconque raison. Il pourrait peut-être aussi crier son nom subtilement comme en éternuant ou bien lui foncer dessus par inadvertance. Il préféra faire le tour et passer par l’autre allée pour arriver face à l’individu et passer à côté de lui comme si de rien était si ce n’était pas Victor. Il remonta l’allée presqu’à la course, de peur que l’inconnu soit parti. Il tourna le coin en prenant un air décontracté. Son visage s’illumina. C’était bel et bien son vieux pote musicien. "Heeeey Vic! Ça fait un bail! Comment vas-tu?" Il était réellement content de le voir et il se demandait pourquoi ils avaient perdu contact alors qu’ils étaient entourés de moyens de communication facile à utiliser!

Tout d’un coup, Ryder ne regrettait plus d’avoir décidé de faire ses courses en plein dimanche après-midi, cela lui avait permis de retrouver un bon ami du lycée. . "Oui bah…depuis la fin du lycée!" Dans sa tête, il repensa à un moment ou un autre dans les cinq dernières années où les deux garçons auraient pu se revoir, mais rien ne lui vint à l’esprit. Le temps passait tellement vite. On aurait dit que c’était hier que Vic et lui se rejoignait dans un local pour jouer et faire les fous et il dû se rendre à l’évidence que ces moments-là lui manquait. . "Moi? Bien je…"Il rattrapa de juste la boite de café qui se faufilait tranquillement vers le bas. . "Je suis revenu ça va faire presque un an…j’étais en tournée avec Rachel Berry…tu sais la choriste Diva du lycée? Bref, t’as dû entendre parler qu’elle avait réussi à percer..." Ryder resta vague sur le sujet, il n’aimait pas trop se vanter en général et il n’en voyait pas l’importance de toute façon, surtout pas en plein milieu des réfrigérateurs du supermarché. Si Vic le voulait bien, il lui raconterait autour d’une bonne bière bien froide. "Et là, je suis co-gérant du Gramophone, depuis quelques semaines" Rajouta-t-il en souriant. Bizarrement, il était plus fier de dire qu’il gérait le magasin de musique, qu’il avait participé à une grosse tournée nationale. Il avait l’impression d’être plus utile en s’occupant d’un magasin et il s’amusait comme un petit fou avec le studio et tous ces boutons et consoles. Il avait hâte de pouvoir enregistrer des morceaux, car pour le moment, il s’était plus concentré à apprendre les bases du métier de gérant.

Il fût heureux de savoir que Victor était de retour en ville. Son vieil ami était parti à l’étranger pour étudier dans l’État du Connecticut dans la prestigieuse université de Yale. Il se rappela avoir été particulièrement heureux et fier lorsque son ami lui avait annoncé avoir été accepté dans cette université. Lui-même, avec un peu plus d’efforts et de motivation, aurait pu aisément pu y aller, mais ça n’avait jamais été l’un de ses buts, il avait préféré aller à celle d’Ohio. Pour le temps qu’il y avait étudié, heureusement qu’il n’était pas entré dans une école de l’Yvy League. Cela aurait été un pur gaspillage d’argent. Quoi qu’il en soit, il se demandait tout de même si Victor avait terminé ses études en architecture et que c’était la raison de son retour que Ryder espérait être pour un bon bout de temps. Il avait réellement envie de renouer avec lui. Les deux hommes se ressemblaient psychologiquement. Ils avaient plusieurs points en communs et le même humour et le batteur ne semblait pas avoir beaucoup changé. "Et qu’est-ce qui te ramène en ville? T’es arch…oh pardon." Une vieille dame passa entre eux pour aller se chercher un paquet de yaourts aux fraises. Ryd se poussa pour lui laisser la place. Voyant qu’elle n’arrivait pas à son paquet, il déposa tant bien que mal, son carton de lait sur l’étagère et s’empara des yogourts qu’il donna à la dame qui le remercia d’un sourire et sans un mot elle repartie vers les autres produits frais. Ryd la regarda s’éloigner et revint à Vic. "Bon, ouais c’est ça! T’es architecte maintenant?" Ayant une main de libre, il lui donna une petite tape sur l’épaule pour l’encourager. Victor n’avait jamais été un grand parleur, tout comme Ryder d’ailleurs, mais ce dernier voulait en savoir d’avantage qu’il se débrouillait bien! En plus de cinq ans d’éloignement, il devait s’en être passé des choses dans sa vie quand même.