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 [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU

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Jamie Ainsworth
Jamie Ainsworth
MODO ► And now he's so devoid of color, he don't know what it means
Age : 21 ans
Occupation : Assistant Manager au Gîte Preston, pigiste et barista au Lima Bean à temps partiel.
Humeur : Rasséréné
Statut : En couple avec Harper Pritchard.
Etoiles : 2567

Piece of Me
Chanson préférée du moment : LANY - ILYSB
Glee club favori : Ne se prononce pas
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MessageSujet: [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU   [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU EmptyDim 10 Fév - 22:45

[Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU 186843Sanstitre1
HARPER TAKES CARE OF EVERYONE, BUT NO ONE TAKES CARE OF HARPER
“When you try your best but you don't succeed,
When you get what you want, but not what you need,
When you feel so tired but you can't sleep, stuck in reverse.”

i was not magnificent

Les cours étaient terminés depuis près de deux semaines.
Éclairé par la lumière tamisée de sa chambre, un titre de Bon Iver résonnant doucement contre ses quatre murs. Perché sur le toit de la Pension, Jamie détailla lentement l'horizon qui s'étendait placidement devant ses pupilles océaniques, surplombé des premières étoiles de la soirée, indifférentes aux problèmes des hommes. Un soupir quitta ses lèvres et s'égara dans la pénombre naissante du crépuscule.
Il avait ÉCHOUÉ. Les résultats finaux de ses examens lui étaient parvenus la semaine précédente. Il avait décroché quelques notes relativement correctes en vue de son historique, c'est vrai — mais visiblement, elles n'avaient pas été suffisantes pour qu'il puisse prétendre ne serait-ce qu'un instant à recevoir son diplôme de fin d'études. Il avait ÉCHOUÉ. C'était écrit en petites lettres, à la toute dernière ligne de son courrier, comme s'ils avaient craint de le froisser proprement en utilisant une police plus agressive. Lorsqu'il l'avait convoqué dans son Bureau pour la seconde fois du semestre pour 'discuter de ses options', Figgins n'avait pas semblé s'encombrer de tant de manières. Il lui avait martelé son ÉCHEC à la figure pendant près d'une heure, en grosses lettres capitales rouges éclatantes, de son accent indien insupportable ponctué de quelques coups de poings sur le bois suédois de son bureau. Jamie avait interrompu ce supplice auditif en concédant une promesse vide qu'il n'était pas même certain de pouvoir tenir. Parce que McKinley High avait des statistiques à tenir. Et s'il devait doubler sa dernière année de lycée 'comme son cousin' — avait-il jugé nécessaire de préciser — James, vous nous devez d'offrir des résultats concluants. Il avait hoché la tête en s'imaginant ailleurs, loin.
Mais il ne s'appelait pas Harper Pritchard. Il n'était pas premier de sa classe. Des facilités pour apprendre certes, mais aucune pour combler le monstrueux retard accumulé depuis son arrivée en Amérique. 'Vous trouverez un moyen' avait distraitement commenté Figgins (ou vous ne reviendrez pas) avaient ajouté ses sourcils outrageusement épilés. Il s'était retiré de la pièce avant de prendre une décision qu'il regretterait par la suite.
Il avait donc ÉCHOUÉ. Lamentablement. Cette certitude se répercutait inlassablement contre sa boîte crânienne, comme un dur rappel de l'existence fragmentée qu'il avait menée jusqu'à aujourd'hui. À quoi s'était-il attendu ? Il semblait s'être voilé la face à tous les niveaux en emménageant à Lima. Il avait trouvé des personnes auxquelles tenir ; mais il n'était pas certain que la réciproque soit certifiée. Pourquoi restait-il, alors ? Tim ne semblait pas disposé à lâcher le moindre bout de terrain. Sa tante restait conséquemment hors de portée pour le moment. Pourquoi ? Pour Anna. Il doutait qu'elle puisse encaisser aussi facilement un nouveau départ. Pour Sunny. Parce qu'il aimait la manière qu'elle avait de lui raconter les derniers scandales du lycée avec cette étincelle passionnée dans les yeux. Pour Dylan, parce qu'elle s'était révélée être une véritable amie au cours des dernières semaines et qu'il ne pouvait concevoir de l'abandonner derrière lui. Pour Harper. Parce qu'il avait encore un business inachevé à régler avec elle. Pour lui. Parce qu'aussi peu familière fût-elle, cette ville était l'illustration la plus proche d'un foyer qu'il eût jamais connu.Et pour tout ceux qu'il attendait encore de pouvoir connaître.
Un sachet de tabac à rouler sur les cuisses, Jamie s'empara d'une feuille et commença à le tasser tout en tentant d'absoudre le nœud qui lui obstruait la gorge depuis ce qui lui semblait être une petite éternité. Quelques secondes plus tard, il passa doucement sa langue sur la fine bande de papier avant de laisser une flamme brûlante en dévorer le coin. Il l'observa se consumer d'un air absent, avant de déposer la cigarette sur son genou. 'Au moins une chose pour laquelle je suis doué', songea-t-il en esquissant un mince sourire. Malheureusement, ça ne le mènerait nulle part. Nouveau soupir. Il n'avait strictement aucune raison de se montrer aussi défaitiste. C'était seulement une passade — du moins l'espérait-il. En attendant, il avait d'autres affaires à prendre en compte.

Une enveloppe kraft sous le coude, sa cigarette coincée dans son bonnet de laine (complètement hors saison) au-dessus de l'ourlet de son oreille, Jamie continua de pédaler avec vigueur. Il était près de 21 heures à présent, toutefois, il était convaincu que la maison Pritchard tournerait toujours à plein régime. Il lui semblait qu'elle était toujours en pleine effervescence. L'adolescent s'était déjà rendu chez Harper à plusieurs reprises afin de suivre les leçons de tutorat qu'il avait soutiré à sa camarade. Il avait dû reconnaître l'avoir mal jugée au premier abord. Les scrupules s'étaient invités à son défilé de confusion. Qui était-il pour asseoir ses besoins au-dessus de ceux d'Harper — et donc par extension, des Pritchard ?
Ils s'étaient rencontrés plus régulièrement au cours des deux dernières semaines, dans un cadre bien moins formel que celui offert par le lycée. Il lui avait laissé entendre une ou deux fois qu'il garderait son secret pour lui, sans jamais lui offrir une preuve tangible. Il s'était levé chaque matin dans l'intention de le faire et s'était couché tard le soir en regrettant de ne pas avoir sauté le pas. Il savait qu'il n'avait pas le droit de tirer les ficelles de cette manière. Il fallait qu'ils se voient.
Jamie abandonna son vélo dans la pelouse de la propriété et s'avança d'une démarche chaloupée vers la porte d'entrée. Les températures étaient douces et il ne portait qu'un t-shirt à l'honneur des Beatles, au-dessus d'un pantalon cargo froissé. Il se mordit l'ongle du pouce durant quelques instants avant de survoler les marches du perron et de donner trois coups secs contre le panneau.
Une femme apparut alors dans l'encadrement de la porte. Il n'avait fait que l'apercevoir au cours de ses précédentes visites et avait justement déduit qu'il s'agissait de la mère d'Harper. Pas très vive, elle titubait légèrement sur ses deux jambes, comme si elle avait porté le poids du monde sur ses épaules. Avec le sourire le plus vague qui soit. « Je peux t'aider, luv ? » l'interrogea-t-elle, les cheveux en bataille. « Est-ce que Harper est là ? demanda-t-il avec politesse. Il doutait qu'elle se soit absentée, mais les civilités étaient sans doute de mises. Il entendit sa voix à l'intérieur, parmi d'autres. Les trois autres enfants de la fratrie semblaient réclamer une portion de frites supplémentaire. « Est-ce que vous pouvez lui donner ça ? » ajouta-t-il en désignant l'enveloppe, qu'il lui plaça dans les mains sans préciser son contenu. Il imaginait difficilement quelle serait sa réaction s'il lui apprenait qu'elle détenait les clichés de sa fille en pleine fraude et, une bonne centaine de dollars. Elle hocha la tête et, referma la porte d'entrée sans réclamer son reste. Il resta planté devant celle-ci durant quelques instants, ahuri. Drôle de famille, songea-t-il avec un sourire avant de hausser les épaules et de commencer à retrouver son chemin jusqu'à son VTT. Il n'avait pas parcouru dix mètres que la porte s'ouvrait de nouveau derrière lui.


Dernière édition par Jamie Ainsworth le Dim 24 Fév - 20:35, édité 2 fois
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
Not everybody just gets to blurt out how they fuckin’ feel every minute
Age : 20 ans
Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
Humeur : Déstabilisée
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MessageSujet: Re: [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU   [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU EmptyJeu 14 Fév - 0:32

La quiétude extérieure était typique d’un début d’été étouffant. Pour échapper aux premières semaines d'une saison particulièrement éprouvante, les habitants de Lima semblaient s’être confinés chez eux, préférant certainement la bourrasque rafraîchissante de leur ventilateur aux rayons brûlants du soleil qui se reflétaient partout sur les devantures des maisons aux fenêtres grandes ouvertes. Les rues étaient désertes, les mésanges de passage picoraient les miettes de pain jetées sur les terrasses : c’était l’heure du dîner pour tout le monde. Le bruit des criquets se faisait persistant à mesure que le soleil déclinait tout là-haut, teintant le ciel bleu électrique (annonciateur d’un orage) d’une magnifique lueur rose-orangé – un peu de pluie assainirait l’atmosphère. Rien ne semblait pouvoir perturber la tranquillité dans laquelle le lotissement était plongé en cette chaude soirée. Pourtant, un sifflement provenant de la fenêtre de la cuisine des Pritchard fit brusquement s’envoler les mésanges et s’arrêter les criquets tant il était strident. Il fit se boucher les oreilles au petit dernier qui la bouche pleine arrondit de stupéfaction arrêta de mastiquer. Quand Lilibeth sifflait avec ses doigts, c’était qu’il valait mieux se calmer sans discuter sous peine de filer au lit dans la seconde qui suivait. Il regretta d’avoir insisté avec si peu de patience pour avoir plus de frites, se souvenant que dans moins d’une heure son émission préférée allait commencer. S’il était consigné, il ne pourrait pas la regarder. Les deux plus vieux, eux, lâchèrent leur hamburger graisseux, interrompus dans leur conversation assourdissante. C’était toujours la même chose quand Harper ramenait de la nourriture du fast-food d’à côté, à croire qu’ils n’avaient jamais rien à manger. Ce n’était pas la vérité, bien sûr. Même si les finances étaient maigres, les garçons Pritchard avaient toujours de quoi se nourrir. Harper y veillait au point de restreindre ses propres portions, parfois. Le brouhaha d’excitation qui faisait trembler les murs de la maison se dissipa lorsqu’ils comprirent qu’ils étaient trop bruyants. D’un regard autoritaire, la blonde leur fit comprendre que toute cette nourriture ne s’envolerait pas, qu’ils avaient tout le temps de se remplir le ventre. Dans la pièce d’à côté se trouvait Mariella, la mère d’Harper. Elle avait prétendu ne pas avoir faim, préférant divaguer sur le crâne dégarni du docteur Phil qui lui rappelait la boule de cristal d’une de ses anciennes connaissances qui se disait médium et qu’elle fréquentait quand elle était encore capable de tenir une conversation cohérente. Harper avait insisté pour lui faire avaler le sandwich au fromage fondu qu’elle avait apporté exprès pour elle, elle avait dit qu’il était délicieux. Harper n’était pas allée la voir depuis, elle devait sûrement s’être endormie comme à chaque fois, et finalement, c’était mieux comme ça.

Timidement, le cérémonial autour de la table reprit. Chassant l’air sévère de son visage qui avait pris quelques couleurs estivales, Harper fronça son nez recouvert de taches de rousseur inhabituelles en se penchant sur son petit frère qui lui lança une frite recouverte de ketchup, tachant son débardeur blanc en plein milieu. Riant de bon cœur, elle lui frotta le haut du crâne et faisant fi de cette vilaine tâche, elle se leva pour prendre la bouteille d’eau posée sur le comptoir du petit-déjeuner, après avoir remonté au niveau de ses coudes les manches de sa chemise à carreaux. Cela faisait des années que Harper n’avait pas eu de vraies vacances. Cette année ne dérogeait pas à la règle : elle travaillait tous les jours à la gare de Lima et le peu de temps libre qu’elle avait, elle l’occupait à donner des cours de soutien à droite et à gauche ou à garder ses petits voisins contre de l’argent. Elle avait des dettes à payer et pas seulement celles dont elle avait l’habitude de venir à bout. Elle n’avait toujours pas réussi à réunir l’argent nécessaire pour rendre son dû à Madeleine Wild, la surveillante de son lycée. Aussi, Harper avait réussi ses examens haut la main et avait même remporté une autre médaille au dernier championnat d’athlétisme de la saison. Son coach lui avait dit que des recruteurs s’étaient présentés lors de cette session, mais elle n’avait pas été contactée. Elle ne préférait pas se faire de soucis pour ça, elle en avait déjà assez. En plus, elle avait la certitude de pouvoir faire encore mieux pour les impressionner, l’an prochain. Harper rentrerait en terminal à la rentrée des classes, c’était tout ce qui l’importait ; ça et de savoir que ses frères passaient, eux, de vraies vacances d'été.

« Qui en veut ? » demanda-t-elle en débouchant la bouteille d’eau, se servant avant les autres qui rapprochèrent leurs verres. Elle baissa la tête, mais son regard fut alpagué par sa mère en robe de chambre qui traversait le couloir. Cette dernière s'arrêta à la porte, l’air absorbé par ce qu’elle tenait entre les mains « Maman, je croyais que tu dormais. Tu veux quelque chose, tu as encore faim ? Il y a de la glace aux noix de pécan dans le congélateur, c’est celle que tu préfères. » Mariella lui fit un grand sourire pour toute réponse et s’approcha de sa fille en lui tendant une enveloppe conséquente qu’Harper attrapa, ayant terminé son service avec la bouteille « Le facteur est passé. Il a déposé du courrier pour toi, ma chérie. » Harper la regarda, incrédule. Il était 21 heures, le facteur ne passait pas à cette heure-ci « Il connaissait ton prénom, je crois qu’il est déjà venu ici. C’est étrange, il portait un bonnet. L’hiver est-il déjà arrivé ? Le temps passe si vite, les enfants, si vite… » Harper retourna l’enveloppe, constata qu'il n’y avait rien d’écrit dessus. Pas d’adresse, pas de nom : le papier était vierge. En la sous-pesant discrètement, la jeune fille jugea son contenu lourd et compact, et pendant que sa mère rebroussait chemin vers le salon, ne cessant de répéter que le temps passait vite, Harper garda son regard rivé sur ce paquet-surprise, visiblement angoissée « Bah, qu’est-ce que t’attends pour l’ouvrir, Lilibeth ? » La voix d’un des jumeaux lui fit relever le menton. La mine ahurie, elle le fixa en retour « Tu veux peut-être que j’le fasse à ta place ? »

Secouant la tête pour recouvrer ses esprits, Harper tourna le dos à la tablée et marcha jusqu’à l’évier, ouvrant avec précaution le battant de l’enveloppe. Elle en sortit des clichés d’elle quittant l’Ohio State University au cours de cette année. Il y avait deux personnes susceptibles de lui avoir apporté ces photos dans cette ville : Sunny Palmer et Jamie Ainsworth. Bien que la première ait des méthodes discutables, Harper avait la certitude qu’elle n’oserait jamais rejouer le petit jeu du chantage avec elle, malgré le fait qu’elles s’étaient quittées sur une note amère. C’était bête à penser, mais Barbie fouineuse lui manquait. Balayant cet élan saugrenu de bons sentiments d’un battement de cils frénétique, Harper replaça les photos dans l’enveloppe et se rendit compte qu’il y avait autre chose à l’intérieur. Elle enfonça sa main bien au fond, en sortit cette fois quelques billets verts dont la vue lui fit entrouvrir la bouche, confondue. Harper fit un décompte rapide, ce qui lui confirma que c’était bien Jamie qui était passé : il y avait ici la somme exacte des heures de tutorat qu’elle lui avait données sous son chantage.

Même si Harper était furieuse à cause de la pression qu’il exerçait sur elle, elle admettait que maintenant, ça lui était égal. Jamie était quelqu’un de bien. Ils se voyaient plus souvent, ces temps-ci. Pas seulement pour travailler, mais Harper trouvait toujours un moyen de faire passer ces rencontres programmées pour des heures de perfectionnement ou ce type de choses. Elle n’avait pas vraiment l’habitude d’avoir ce genre de contacts avec les gens, ça la mettait mal à l’aise. Fronçant les sourcils en relevant la tête, son regard perdu vadrouilla à travers la petite fenêtre en face d’elle. C’est alors qu’elle aperçut Jamie enfourcher son vélo et rouler le long de l'allée pour en sortir. Ni une ni deux, elle fourra les cent dollars dans l’enveloppe qu’elle emmena avec elle. Faisant volte-face, elle cria à l’attention de ses frères qui restèrent cois face à son attitude « Je reviens dans une minute ! La glace est dans le congélo. Deux boules, pas plus ! » Elle traversa le couloir à grandes enjambées, faillit passer la porte qu’elle avait ouvert à la volée, mais se ravisa soudainement pour ajouter plus sévèrement « Si vous en prenez plus, je le saurais ! » Elle crut percevoir des soupirs exaspérés puis se retourna de nouveau, quittant la maison pour de bon. Elle dévala les marches du perron, rattrapa le visiteur qui prenait déjà la poudre d’escampette « JAMES ! » l’apostropha-t-elle. À peine essoufflée, Harper le rejoignit aux abords du trottoir « Hey… » dit-elle maladroitement. Sa chemise descendue, elle la remonta d’un mouvement brut d'épaule et lui montra enfin l’enveloppe, une expression interrogatrice assombrissant ses traits « Je comprends pas. Qu’est-ce que c’est ? »
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Jamie Ainsworth
Jamie Ainsworth
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MessageSujet: Re: [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU   [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU EmptyLun 18 Fév - 21:20

James se pencha pour redresser son vélo sur ses deux roues avant de l'enfourcher avec fluidité. Il s'accorda un dernier regard en direction de la porte d'entrée doucement éclairée par le halo d'une bougie à la flamme vacillante placée sur le bord d'une fenêtre, avant de commencer à remonter la rue. Une drôle de famille, les Pritchard. Personne n'osait le souligner ouvertement ; mais Jamie avait déjà intercepté ce genre de discours hypocrites que l'on chuchote si rapidement que les mots se crochèrent les uns aux autres sous la crainte d'être surpris à cancaner. Les mauvaises langues bavassaient à tous les coins de rues. Elles disaient que le père d'Harper était décédé sur le terrain, quelques années plus tôt. Qu'après la naissance de son dernier enfant, Mariella était devenue complètement cinglée. Et 'ses quatres gosses ! ses quatre pauvres gosses ! ils n'ont plus personne, personne ! j'en jure ma pension qu'on verra la plus vieille crêcher son canapé sans plus rien faire d'ici quelques années'. Le Titan s'était empressé de régler ses consommations avec de quitter l'établissement en se promettant de ne plus y mettre les pieds. Il se demandait où ces personnes s'étaient-elles trouvées lorsque les Pritchard s'étaient retrouvés dans le besoin. Se présenter aux obsèques, offrir quelques tartes protégées d'un film plastique en murmurant quelques formalités n'était guère suffisant.
Il ne connaissait pas très bien Harper. Mais il l'avait suffisamment fréquenté depuis son arrivée à Lima pour savoir qu'elle n'avait strictement rien de la vaincue que ses voisins, dans leur petit confort familial, se complaisait à décrire. Il ne s'était jamais autorisé à l'interroger à ce propos, même au cours des deux dernières semaines — parce qu'ils n'étaient pas assez proches, parce que c'était complètement déplacé et parce qu'il se fichait éperdument de ce qui se disait. Il ne souhaitait pas franchir ce seuil d'intimité sans avoir discerné au préalable, les signaux l'y autorisant. Il savait seulement que les Pritchard n'étaient pas parfaits. Mais, quelle famille pouvait prétendre l'être aujourd'hui ? Ils avaient le mérite de continuer à vivre en se serrant les coudes malgré toutes les épreuves traversées, et d'encore prendre le temps d'allumer une bougie, aussi petite soit-elle, pour éclairer la rue.

Jamie se dressa momentanément sur ses pédales le temps de quitter le trottoir de l'allée pour retrouver l'asphalte souple de la route goudronnée. Inévitablement, ses réflexions le menèrent à regretter une nouvelle fois l'utilisation d'un tel procédé avec la jeune femme. À vrai dire, il s'était complètement mépris sur son compte. Il s'était laissé conduire par des préjugés injustifiés, l'avait placé sans réfléchir dans le panier des têtes de classe pédantes et avait choisi d'en tirer un maximum de profit sans même prendre le temps de vérifier ses propres a priori en espérant lui apprendre une leçon d'humilité. Il avait eu tort. James s'en était rendu compte durant les heures de tutorat qu'elle lui avait dispensé dans l'espoir d'assurer son silence. Elle ne vivait pas dans le luxe, ni même dans le plus grand confort. Elle travaillait avec un acharnement impressionnant pour garantir ses propres résultats scolaires, mais également ceux de ses trois frères cadets. Elle faisait tourner la maison. Et il ne doutait pas qu'elle fût la première debout et, la dernière couchée. Il aurait préféré lui remettre cette enveloppe en mains propres, mais au moins, c'était une bonne chose de faite.
« JAMES ! ». L'interjection venue de nulle part lui arracha un violent sursaut de surprise. Il manqua de déraper, retrouva son équilibre in extremis avant de poser ses semelles à terre, freinant sa course dans un long crissement caillouteux. Son menton pivota finalement vers l'origine de l'appel et ses pupilles ne tardèrent pas à distinguer la silhouette d'Harper se découpant dans le jardin consciencieusement entretenu, sprintant dans sa direction, l'enveloppe à la main. Et quel sprint ! Pendant une très courte fraction de seconde, il se demanda s'il n'aurait pas mieux valu de continuer à pédaler très rapidement tant qu'il en était encore temps. Mais avant qu'il n'ait eu l'occasion d'offrir une réponse judicieuse à cette question dictée par un instinct de survie basique, la jeune femme se planta devant lui, la poitrine se soulevant et s'abaissant à une fréquence régulière, la chemise tombée sur les coudes qu'elle s'empressa de réajuster sur ses épaules. « Jamie » corrigea-t-il en grimaçant légèrement. Il lui offrit un sourire plein de fossettes tandis qu'elle lui lançait un 'hey' maladroit ; il arqua un sourcil inquisiteur. « Je comprends pas. Qu’est-ce que c’est ? » l'interrogea-t-elle finalement en désignant l'enveloppe kraft d'un hochement de tête éloquent. « C'est pourtant évident, non ? » répondit-il d'un bref haussement d'épaules. Il descendit de son vélo afin de se tenir complètement en face d'elle et s'appuya contre sa selle avec nonchalance.
« Je voulais te les donner moi-même, mais ta mère ne m'a pas invité à entrer, poursuivit-il en attrapant la cigarette qu'il avait coincée dans son bonnet pour la faire rouler entre ses doigts fins. C'est toutes les photos de toi quittant l'OSU après les fraudes. Je n'ai aucune copie » promit-il, avec sincérité. Il laissa passer quelques secondes, avant d'attaquer le terrain plus épineux du contenu de l'enveloppe : « J'économise depuis quelques semaines déjà pour pouvoir te rembourser les cours. C'est le moins que je puisse faire. Tu m'as beaucoup aidé, Pritchard ! ». Il lui donna une petite tape amicale sur l'épaule, se fendant d'un sourire un peu plus large encore. Son regard virevolta au-dessus de l'épaule de la jeune femme, à travers la fenêtre où il pouvait apercevoir la table de la cuisine encore dressée. Il se gratta machinalement la tempe à l'aide de son index avant de reprendre : « Tu penses pouvoir te libérer ce soir ? Il y a un festival de films dans le centre. L'entrée est gratuite pour les mineurs » lui proposa-t-il spontanément.
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
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Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
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Statut : En couple avec Jamie Ainsworth
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MessageSujet: Re: [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU   [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU EmptyDim 24 Fév - 18:38

Harper avait de prime abord mal jugé Jamie. Principalement à cause de son nom de famille, Ainsworth. Ce nom, c’était aussi celui du surveillant de son lycée qu’elle détestait et qui le lui rendait particulièrement bien, Timothy. Elle lui reconnaissait un aplomb incroyable qui la clouait sur place à chacune de ses interventions, mais jamais Harper ne le lui ferait savoir et puis quoi encore ? On disait qu’ils étaient de la même famille, l'adolescente avait préféré se référer aux bruits de couloirs plutôt que de se faire sa propre opinion sur une question qui la laissait définitivement indifférente, fatiguée par sa fin d’année studieuse. Frères ou cousins, peu importait, ça ne lui changerait pas l’existence de le savoir. Cependant, connaissant relativement le cas du plus vieux des Ainsworth qu’elle s’entêtait à vouloir défier du regard à chaque fois qu’elle le croisait dans le long corridor de WMHS, elle pensait que Jamie était lui aussi du genre à prendre les gens de haut et à user de son statut important pour arriver à ses fins et obtenir tout ce qu’il voulait. Force était de constater qu’elle ne s’était pas trompée – les liens du sang et ses mystères. Il lui avait clairement déclaré la guerre en souhaitant jouer au corbeau avec elle et pleine d’incrédulité face à tant d’audace de la part d’un newbie, Harper la belliqueuse s’était laissée marcher sur les pieds sans même s’y opposer. Elle n’avait pas comprit pourquoi James avait voulu utiliser ces clichés pour faire pression sur elle néanmoins, car elle aurait tout aussi bien accepté de l’aider sans qu’il ne se sente obligé de la menacer d’entrée de jeu. Peut-être était-ce une question de fierté masculine, après tout. Il avait besoin de sentir que c’était lui qui menait la barque en bon mâle qu’il était, elle le comprenait. Admettre ouvertement qu’il avait besoin d’elle, une belle blonde intelligente au caractère bien trempé, l’insupportait tout bonnement. C’était la seule explication plausible aux yeux de la blondinette qui avait su déceler chez le jeune homme autre chose que de la simple effronterie, comme c’était le cas chez Sunny.
Avec le temps, Harper avait fini par laisser ses interrogations en suspens parce que c’était agréable d’échanger avec une personne qui ne lui reprochait pas d’être ce qu’elle était et qui ne cherchait pas à percer sa coquille qu’elle tentait farouchement de garder intacte. Alors, Harper l’admettait, elle s’était laissé prendre à ce jeu et avait usé d’une carte qu’elle n’utilisait que très rarement : celle de la naïveté et de l’insouciance de l’adolescence. Ils avaient eu des conversations, avaient ri parfois et une relation de confiance s’était installée entre eux. Elle l’avait laissé rentrer chez elle pour partager un peu de son univers minable, c’était une preuve de confiance concrète pour elle, mais elle soupçonnait Jamie de ne pas s’en apercevoir. Bien entendu, elle ne pouvait pas le blâmer pour si peu. Harper n’était pas prête à lui dévoiler tous ses secrets, loin de là en réalité mais dans son monde très fermé, le rapport qu’elle entretenait avec le garçon s’apparentait à de l’amitié. James Ainsworth était son ami, le seul véritable ami qu’elle avait aujourd’hui.

Après un court sprint dans l’allée, Harper rejoignit Jamie avec l’enveloppe contenant les photos et les quelques billets dans les mains. Pour les photos, elle avait compris. Visiblement, il ne voyait plus l’utilité de les utiliser puisqu’elles ne représentaient pas un réel danger pour Harper. Ils se connaissaient maintenant et dès les premières heures de leurs cours hebdomadaires, Harper s’était rendu compte que Jamie n’utiliserait jamais ces clichés. Il avait dû se douter des soupçons de l’athlète, se départir du poids que ça représentait devait considérablement le soulager, c’était logique. Mais pour l’argent ? Cherchant le regard du garçon sous sa frange en désordre, Harper haussa les épaules en même temps que ses sourcils blonds dans l’attente d’une réponse et lorsqu’il lui parla de sa mère, elle secoua brièvement la tête en fermant subitement les yeux, un peu confuse « Oui, elle s’excuse, d’ailleurs. Elle ne se souvenait plus de qui tu étais, elle t’a pris pour le facteur. » Un petit rictus nerveux s’échappa de ses lèvres entrouvertes, caressées par la chaleur extérieure qui lui donnait déjà soif. Mariella ne s’excusait pas mais Harper prenait toujours le temps de le faire à sa place. Personne n’avait besoin de savoir qu’elle était trop assommée par les médicaments pour comprendre que claquer la porte au nez de quelqu’un était très impoli. La réponse de Jamie ne la satisfaisant pas, Harper roula des yeux, s'impatientant. Elle tendit brusquement la main pour lui arracher sa cigarette qu’il faisait rouler entre ses doigts et la jeta au sol le plus naturellement du monde, sans s’en sentir coupable. En bonne sportive, le tabagisme était quelque chose qu’elle abhorrait et Jamie le savait.

Aussi, lâchant un soupir las, Harper lui dit de but en blanc « Je ne parle pas des photos, Jamie. Je parle du fric, j’en ai pas besoin. » Encore un mensonge. Elle souffla furieusement par le nez et lui tendit l’enveloppe « C’est une trop grosse somme, ça couvre plus que les heures de soutien que je t’ai données au cours de l’année. En plus, je ne dois pas être aussi pédagogue que je le pensais puisque tu n’as même pas obtenu ton diplôme. » La légendaire diplomatie d’Harper. Elle s’en mordit les doigts aussitôt. Elle n’avait pas cherché à le blesser ou à le rabaisser pour ses examens ratés, et baissant les yeux sur le béton sec s’étalant sous ses pieds, elle reprit avec plus de douceur « Je suis désolée, c’est pas ce que je voulais dire. » Elle lui lança un regard timide par-dessous puis releva la tête en dégageant ses épaules de ses longs cheveux blonds. Elle insista pour qu’il prenne l’enveloppe en s’approchant de lui pour la lui coller contre son abdomen « Reprends ça, James. Je t’ai pas aidé pour qu’à la fin tu finisses par me payer pour mon incompétence. Je l’ai fait parce que c’était toi, et que je savais que j’étais la seule à pouvoir te maintenir la tête hors de l’eau. Je me suis plantée, tu vois. Tu trouveras une autre tutrice à la rentrée et tu auras ton diplôme, fin de l’histoire. Tu utiliseras tes économies pour t’acheter une autre cartouche parce que je suppose que tu n’as pas encore décidé d’arrêter de fumer, je me trompe ? » Elle planta son regard droit dans le sien, esquissa un petit sourire résigné en enfonçant davantage ses doigts crispés dans l’abdomen du jeune homme, jusqu’à ce qu’il finisse par maintenir l’enveloppe avec sa propre main. Se redressant doucement, Harper fit un pas en arrière et lui glissa dans un chuchotement narquois « C’est bien ce que je pensais. » Puis, elle fit un tour sur elle-même pour refaire le chemin inverse mais Jamie lui fit une proposition qui la fit éclater de rire. De fait, elle fit de nouveau volte-face, croisa les bras sur sa poitrine découverte et la voix pleine de sourires, elle lui répondit « C’est une blague ? Tu crois que je suis le genre de fille à traîner dans ce genre de… trucs ? » Harper sourit davantage en shootant dans un caillou fictif à ses pieds et conclut d’un ton qui se voulait détendu, mais qui ne parvenait pas à dissimuler toute l’amertume qu’elle éprouvait à l’idée de devoir rentrer à la maison pour s’occuper des tâches ménagères « La vaisselle ne va pas se faire toute seule, et puis j’aime pas le cinéma de toute façon. C’est juste bon à te faire cogiter sur des évènements inventés de toutes pièces par des mecs qui n’ont rien de mieux à faire. Je trouve pas ça très divertissant. » avoua-t-elle, le nez froncé, comme dégoûtée. Elle se mordit l’intérieur de la joue en serrant plus fort ses bras autour de sa poitrine, pendant que le ciel commençait à dangereusement se couvrir. Elle laissa son regard clair fuir celui du jeune homme, continuant à taper le bout de sa chaussure sur l’asphalte de l’allée et après un long silence qui donna l’occasion à des grondements orageux de s’installer, elle finit par poursuivre sa marche à reculons en agitant ses bras d’avant en arrière « Mais merci pour la proposition ! Tu t’amuseras plus sans moi, Ainsworth ! »
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Jamie Ainsworth
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MessageSujet: Re: [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU   [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU EmptyJeu 14 Mar - 22:20

Les pupilles de Jamie s'illuminèrent avec amusement lorsque la jeune femme lui fît part de la méprise de Mariella quant à l'identité de son visiteur nocturne. Il aurait sans doute été préférable de s'annoncer plus explicitement c'est vrai, mais pour être honnête, il ne s'était pas même attendu à ce que la mère d'Harper soit encore debout à cette heure –il avait été pris au dépourvu. Il adressa un vague signe de la main à la jeune femme, indiquant clairement qu'il était loin de s'en formaliser. James savait que Mariella n'était plus aussi lucide que sa fille aînée souhaiterait le faire croire –c'était au moins une chose que les rumeurs colportaient avec une justesse révoltante et vis-à-vis de laquelle il avait décidé de retenir tout jugement. Parce que les commères de Lima n'étaient que de vulgaires ignorantes –volontaires, de surcroît ! – souriant à une existence dorée dénuée d'embûches et à l'abri des malheurs d'autrui. Oh, il ne doutait pas qu'occasionnellement, quelques-unes d'entre elles puissent trébucher sur cette vérité qu'elles abhorraient d'ordinaire. Toutefois, il était évident que la plupart finissaient toujours par se redresser et à passer hâtivement leur chemin comme si de rien n'était. Jamie savait aussi qu'il existait quelques autres milliards de Mariella Pritchard dans le monde à avoir perdu l'esprit par amour et, qu'il n'y avait aucune honte à cela. Il devait y avoir au moins le triple de chansons à ce propos sans que quiconque n'aille cracher sur un disque en clamant combien il était consternant de pouvoir aimer au point d'en souffrir autant.
Il connaissait suffisamment Harper pour savoir qu'elle réprouverait sans doute la compassion qu'il pouvait nourrir quant à la situation qu'elle endurait chaque jour. Alors, il évitait d'être trop manifeste, il économisait méticuleusement ses gestes pour une occasion où elle serait plus encline à les apprécier et, il restait dans le coin. Mais parfois, c'était drôlement difficile de ne pas forcer les barrières d'Harper Pritchard.

L'adolescente lui arracha sa cigarette des mains et la balança parterre sans le moindre ménagement, sous le regard médusé de Jamie : « That was rude » commenta-t-il après un court silence, sans toutefois esquisser le moindre mouvement pour s'élancer à la recherche de la cibiche perdue. Il laissa ses mains glisser contre ses cuisses en soupirant, sans plus rien n'avoir sous le coude pour les occuper. Il n'aimait pas discuter sans avoir quelque chose entre les doigts, c'était presque psychologique. Au collège, il suivait ses cours en tressant des bracelets, qu'il incendiait une fois la récréation arrivée –jusqu'à ce qu'un surveillant le surprenne à la tâche et lui confisque le briquet acquis dans une station-service, entre deux déménagements.

Jamie arqua un sourcil sceptique lorsqu'elle mentionna l'argent qu'il avait placé dans l'enveloppe. Il avait économisé durant plusieurs semaines pour réussir à réunir la somme qu'il lui devait, accompagnée d'un supplément qu'il estimait légitime en vue du retard qu'il s'était autorisé à prendre dans le paiement : « Très noble geste Pritchard, mais tu en auras certainement plus besoin que moi » objecta-t-il sans amorcer le moindre geste pour récupérer l'enveloppe qu'elle lui tendait avec insistance. Au contraire, il croisa les bras sur sa poitrine et pianota distraitement un air irrégulier contre ses côtes. Il n'y avait aucune hautaineté dans son ton, c'était une simple constatation basée sur une observation rationnelle. Il n'avait jamais eu à s'occuper de factures, ni à se soucier de remplir le réfrigérateur. Ni même à mettre une machine à laver en route de lui-même. Cet argent, il ne lui serait d'aucune utilité primordiale. Jamie tiqua malgré lui lorsqu'elle évoqua l'échec cuisant qu'il avait dû essuyer aux examens. Elle n'avait pas besoin de s'excuser, il savait déjà que sa pensée s'était exprimée de travers. Il planta toutefois ses yeux dans le béton de l'allée le temps de reprendre contenance tandis qu'elle poursuivait son discours. « Jamie » la corrigea-t-il une seconde fois sans redresser le menton. Il n'aimait pas qu'on l'appelle James. Généralement, on l'appelait ainsi lorsque les choses prenaient un tournant bien trop sérieux à son goût. C'était d'autant plus vrai lorsqu'on alignait son prénom entier en début de phrase. Comme si l'impact aurait plus d'ampleur, de cette manière. 'James Ronald Ainsworth, arrête de ...' ou encore 'James Ronald Ainsworth, je te préviens ...'. Des conneries tout ça.
Il releva finalement le menton lorsqu'elle s'approcha pour plaquer l'enveloppe contre son abdomen. Ses pupilles trouvèrent celles de la jeune femme, à peine dissimulées derrière un rideau de cheveux blonds. « Je le prends seulement si tu acceptes d'être ma tutrice, l'année prochaine » répliqua-t-il, un sourire malicieux s'épanouissant sur ses lèvres pleines. Un chantage bien plus innocent que le précédent qui adoptait l'allure d'une plaisanterie privée.
Elle lui tourna le dos après lui avoir glissé une remarque réprouvant implicitement le tabagisme. La première fois qu'il avait allumé une cigarette en sa présence, elle la lui avait arraché des lèvres et projeter par la fenêtre avant d'aérer la pièce en grand malgré les faibles températures extérieures et les chutes de neige répétitives. Un personnage, Harper Pritchard. « J'ai dit que je le prenais, reprit-il en haussant légèrement le ton pour qu'elle l'entende distinctement. Mais si tu changes d'avis, l'argent est à toi. Je n'y toucherais pas » garantit-il d'un ton irrévocable, avant de froisser l'enveloppe de manière à pouvoir la ranger dans sa poche arrière sans trop de difficultés.

Il lui proposa spontanément de sortir dans le centre-ville. Il était encore tôt, ils pourraient sans doute trouver quelque chose d'intéressant à faire. Harper éclata d'un grand rire clair, comme s'il avait lancé la meilleure blague de l'année –à une fausse note près. Flatteur, sauf qu'il ne plaisantait pas du tout. Et il aurait apprécié qu'elle considère l'invitation avec un peu plus de sérieux que ça. « Et quel genre de fille est-ce que tu es dans ce cas ? » répliqua-t-il sans se froisser en lui offrant un sourire adorablement malicieux tandis qu'elle revenait doucement sur ses pas en shootant ci et là. Il déposa son vélo contre le trottoir, avant de s'approcher légèrement à son tour. « La vaisselle sera toujours là demain et aller au cinéma ne t'oblige pas à regarder le film, contra-t-il avec habileté. Il reprit avant que l'incompréhension ne s'imprime sur les traits de la jeune femme : Tu peux t'asseoir au dernier rang de la salle et savourer une belle portion de pop-corn salé. Tu peux te moquer des couples qui se pelotent et leur envoyer tes meilleurs sentiments à grands coups de maïs soufflé. Tu peux rester dans le noir sans avoir à penser à quoi que ce soit. Tu peux même piquer un petit somme sans que personne ne vienne te déranger, avec un ami à côté de toi pour te réveiller avant que les lumières ne viennent t'éblouir » argumenta-t-il en se plantant finalement à moins d'un mètre d'elle.

Quelques instants plus tard, elle s'éloignait à grandes foulées en direction du porche de chez elle. Quelques gouttes de pluie chaudes vînrent s'écraser sur les joues de Jamie sans qu'il n'y prête la moindre attention. Ses pupilles étaient plantées dans le dos d'Harper. Harper qui ne se retournait pas. Harper qui fuyait sa vie d'adolescente comme une acharnée sans même un coup d'oeil en arrière : « Allez, Harper ! s'écria-t-il finalement en écartant les bras, scandalisé par son attitude. Combien de temps encore tu vas renoncer à TA vie ? Combien de temps encore ça va n'être qu'à propos d'eux et jamais à propos de TOI ? » s'exclama-t-il en désignant la salle à manger encore grouillante d'activités dans un large geste du bras. Le ciel émit un grondement, pareil à un avertissement. Il s'aventurait sur un terrain accidenté, il en avait conscience. Mais c'était nécessaire. Parce que personne d'autre ne viendrait lui dire la vérité en face. « Tu entends ce que je te dis ? » relança-t-il en s'avançant vers elle, désireux de réduire la distance qui les séparaient, s'épargner de crier.
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Harper E. Pritchard
Harper E. Pritchard
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Occupation : Employée à mi-temps à la Lima Station, étudiante au Lima Health Sciences Program de l'Ohio State University
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MessageSujet: Re: [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU   [Pritchard's] 06. I WILL TRY TO FIX YOU EmptyLun 18 Mar - 21:06

Puisque Jamie y tenait, Harper accepta d’être de nouveau sa tutrice à la rentrée. Pour parfaire sa comédie, elle roula ostensiblement des yeux en cherchant à lui faire croire que ça l’indifférait mais ce n’était pas le cas en vérité. James avait échoué pour une raison mystérieuse, ça l’avait empêché de dormir pendant une semaine tellement elle avait essayé de se remémorer leurs sessions de révisions. Qu’est-ce qu’ils avaient pu omettre pour qu’il n’obtienne pas son billet de sortie? Harper connaissait son potentiel désormais, il avait beaucoup progressé, n’en déplaise aux correcteurs sévères de l’académie. S’il y avait un seul élève capable d’obtenir de bonnes notes, c’était James Ainsworth, Harper en était convaincue. Et pourtant, il s’était retrouvé sur la liste de ceux qui repiqueraient leur terminal, au grand désarroi de sa tutrice qui le prenait comme un échec personnel. Rester sur un échec, ce n’était pas dans les habitudes de ladite tutrice qui était faite pour se battre et pour gagner. Elle n’avait pas réussi à l’aider, elle le regrettait et en endossait toute la responsabilité. Par chance, le garçon était doté d’un caractère aussi borné que le sien et il venait sans le savoir de lui offrir sa revanche. Cela tombait bien, Harper était déterminée à ce qu’il réussisse, qu’importe si cela devait se passer dans les larmes et le sang. En plus de sa détermination, Harper ne pouvait s’interdire de s’interroger à son sujet. Il y avait un truc chez Jamie qui lui échappait. Elle savait que le seul moyen pour des gens comme eux de quitter leur vie actuelle, c’était d’obtenir une bourse. Alors, pourquoi traînait-il la patte pour aller au lycée? Pourquoi suivait-il ses études avec autant de désinvolture? L’heure n’était pas aux interrogations toutefois, Jamie le lui rappela en lui criant qu’il ne toucherait pas à l’argent qu’il lui avait proposé. Cette dernière phrase vexa Harper qui se redressa par fierté, mais elle préféra continuer son chemin comme si de rien n’était. Elle ne voulait pas se sentir obligée de lui en vouloir ; pas à lui, pas pour ça. Il l’invita ensuite à se joindre à lui pour une sortie. Elle déclina aussitôt l’invitation, amusée par tant de sollicitude, et usa de sa condition pour fuir les rituels des jeunes de son âge. C’était le monde à l’envers : qui préférait s’occuper des tâches ménagères plutôt que de flâner dans le centre-ville?

Arrivée aux escaliers, Harper croyait que sa réponse suffirait à faire rentrer Jamie chez lui. Elle posa son pied gauche sur la première marche, s’apprêtant à les monter pour rejoindre ses frères. Seulement, elle eut une autre occasion de constater ô combien Jamie était un être têtu qui aimait arriver à ses fins. Lorsqu’il retourna sa propre joute contre elle, l’adolescente se raidit, se stoppant pour se retourner très lentement vers la rue qui s’offrait à elle, un sourire sardonique se dessinant au coin de sa bouche charnue. Quel genre de filles était-elle? Elle leva un sourcil soupçonneux en lui répondant « Tu me poses vraiment la question, James? » Elle aimait l’appeler James, car elle savait que ça l’énervait. Harper ne cachait pas qu’elle le faisait exprès pour percevoir cette furtive lueur d’agacement dans son regard, ça l’amusait. Encore, Harper sourit. Répondre à une question par une autre question, c’était le meilleur moyen pour elle de fuir l’auto-analyse de la personne qu’elle était censée être. Tout le monde s’en fichait de toute façon, Jamie, les autres, elle-même. Affrontant son regard de loin, Lilibeth s’obligea à revenir sur ses pas. Elle aurait pu l’ignorer, rentrer chez elle et ne pas prendre en compte ce qu’il était en train de lui dire mais elle avait choisi de revenir vers lui. Pourquoi? Simplement parce qu’elle était forcée d’admettre qu’il n’avait pas tort quand il disait que la vaisselle serait toujours là le lendemain.

Harper s’arrêta progressivement, non loin de Jamie qui continuait à avancer en argumentant habilement. Quand il arriva à un mètre d’elle et qu’elle remonta le menton pour le regarder fixement, elle croisa les bras sur sa poitrine, sentant l’air se rafraîchir et en retour, elle voulut argumenter, orgueilleuse. Pour cela, elle entama avec hésitation « Je… » Elle fronça les sourcils, fit une courte pause pour finalement reprendre plus fort qu’elle ne l’avait voulu « J’aime pas le pop-corn ! » Prise par surprise par sa réponse, elle qui était si douée pour faire tourner les choses à son avantage d’ordinaire, elle cligna des yeux puis décroisa brusquement les bras pour faire valser une longue mèche de cheveux en arrière. La bouche entrouverte, Harper chercha quelque chose à ajouter, n’importe quoi mais rien ne lui vint à l’esprit autre qu’un « Euh... » idiot qui la fit rougir jusqu’aux oreilles. Son regard paniqué furetant à toute vitesse dans les parterres de fleurs à sa droite, elle resta silencieuse un moment, la bouche très sèche. Harper n’avait plus besoin de chercher autre chose à ajouter, elle avait perdu sa crédibilité, sa réponse l’avait dépassée. Elle avait perdu de sa superbe, et c’était plus difficile à supporter encore que les propos criants de vérité de Jamie. Ses yeux et sa gorge se mirent à lui piquer, Lilibeth savait ce que cela voulait dire. Alors, elle se défendit avec hargne de céder au torrent de larmes salées qui emplissait sa bouche.

L’orage choisit ce moment pour éclater. Harper n’avait pas d’autre choix, elle devait rentrer et fuyant le regard de Jamie pour reprendre le chemin duquel elle s’était détournée, elle sentit ses larmes gonfler au ras de ses cils quand elle grimpa en petite foulée les marches du perron. Jamie avait mis les pieds dans le plat. Elle n’était pas stupide, elle savait que tout ce qui se passait autour d’elle n’était pas normal et qu’elle regretterait d’avoir mis sa vie de côté quand elle aurait dépassé la trentaine mais elle n’avait pas le choix. Encore, si elle avait eut quelqu’un pour l’épauler et prendre la relève une fois de temps à autre, elle n’aurait pas rechigné à sortir pour prendre l’air et faire comme tous les autres, mais le fait était qu’Harper était seule. Elle n’avait personne, il n’y avait qu’elle. Progressant jusqu’à la porte, elle attrapa la poignée, mais Jamie n’avait pas dit son dernier mot, et elle se sentit atteinte par ses propos. Après un moment à se retenir, restant debout devant la porte à tenir très fort la poignée dans sa paume au point que la trace du fer forgé se dessina à l’intérieur, elle prit une profonde inspiration secouée et se redressa de toute sa taille pour faire volte-face.

Harper fondit sur Jamie posté aux pieds de l’escalier qu’elle redescendit expressément, le regardant dans les yeux. En arrivant à sa hauteur, elle le poussa violemment pour qu’il fasse un bond en arrière et marmonna entre ses dents « Tu vas trop loin, Jamie. » Il n’était plus question de se délecter de son irritation, c’était sérieux. Elle le poussa une seconde fois, plus fort encore, en avançant les poings resserrés. L’orage gronda au-dessus d’eux. La pluie se mit à tomber, d’abord en bruine « Pour qui tu te prends ? » lui demanda-t-elle la voix pleine de trémolos mais le regard impétueux en avançant droit vers lui. Le visage près du sien, elle s’arrêta et attrapa le t-shirt du jeune homme entre ses doigts, tirant dessus pour qu’il se rapproche d’elle. Elle sentait le sang battre à ses tempes, son cœur devenir douloureux comme s’il allait exploser dans sa poitrine et la pluie, elle, s’abattait sur sa tête, de plus en plus fort « Tu crois que ça me fait plaisir d’être obligée de penser à eux en premier au lieu de penser à moi? Tu crois que c’est facile pour moi de refuser de vivre comme toi tu le fais? De te voir toi et les autres mener votre petite vie dans l’insouciance la plus totale alors que moi je suis obligée de faire les poubelles de l’épicerie chaque vendredi pour récupérer les invendus pour qu’ils aient de quoi manger à leur faim? Ou de frauder pour éviter que les services sociaux débarquent pour me les prendre, et qu’ils finissent par envoyer ma mère à l’asile? Ou de voler le fric de Madeleine Wild pour nous payer une nouvelle machine à laver pour qu’ils aillent à l’école avec des vêtements propres sur le dos? C’est ce que tu crois? Que c’est ce que j’ai toujours voulu? » S’accrochant résolument à son t-shirt, Harper ne s’aperçut même pas qu’elle avait parlé trop vite. Ses yeux se remplirent de nouveau de larmes et elle le lâcha brusquement, le poussant de nouveau, moins fort cependant. Elle frotta ses yeux, secouant la tête par dépit « Tes leçons de morale, tu peux te les garder, j’en ai pas besoin. » Les dents serrées, le visage crispé et les yeux humides, Harper fini par le regarder de nouveau pour ajouter, d’un ton qui se voulait persuasif mais qui se trahissait à cause du chevrotement dans sa voix « J’ai pas besoin de toi, Jamie. » Elle tressaillit subitement, la pluie devenant plus froide mais ne cilla pas pour autant. Jusqu’à ce que les sanglots qu’elle tentait de refouler furent trop persévérants pour qu’elle ne les retienne et qu’elle finisse par céder, tournant aussi vite le dos à Jamie pour ne pas lui faire face.
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