Choriste du mois


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 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.

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MessageSujet: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptyVen 28 Déc - 19:33

« D’aucuns pensent que l’adolescence est la période durant laquelle perdre un parent est le plus difficile. Propulsé dans un rôle d’adulte où tous ses repères volent en éclat, l’adolescent s’efface, tandis que ses sentiments se bousculent. Le deuil est difficile, pénible, et pour certains il n’aboutit jamais vraiment. Seul le dialogue apaise l’adolescent confronté au décès d’un parent, et la clé pour réussir est ava… »

Gale referma le livre dans un bruit sourd tout en soupirant, sans craindre de réveiller quiconque dans la grande maison à étage de son oncle. Il admirait beaucoup sa tante pour sa rationalité à toute épreuve mais ce genre de livre de développement personnel dont elle faisait étrangement la collection l’exaspérait profondément. Il ne savait même pas pourquoi il l’avait ouvert, ce fichu livre—si, sans doute avait-il estimé que l’ennui par la lecture était le stratagème idéal pour vaincre son insomnie passagère. Hélas, sa tentative avait échoué : ses yeux pourtant rougis par sa lecture nocturne restaient trop crispés pour qu’il pût espérer trouver le sommeil. Cela faisait bien une demi-heure qu’il était assis sur le canapé du salon, ou plutôt vautré dessus, les jambes allongées sur la table basse et le corps enveloppé par un doux plaid en laine. L’obscurité l’entourait, percée çà et là par quelques rayons de la pleine lune, et le tremblement nerveux de sa jambe sur la table en bois vibrait au rythme des trotteuses des quelques dizaines d’horloges, réveil et montres qui, comme lui, ne dormaient pas. Il avait longuement hésité avant de quitter la chambre car habituellement, regarder Ecaterina dormir près de lui l’apaisait radicalement. Pas ce soir ; ce n’était pas d’être apaisé dont il avait besoin, mais plutôt réconforté pour surmonter le douloureux chagrin qui l’accablait. Gale avait d’abord envisagé de réveiller Cat pour discuter avec elle, c’était la seule vraiment capable de l’écouter, et puis il savait qu’elle aimait ça—l’écouter lui, qui s’était récemment découvert loquace. Mais il était vraiment très tard, et la respiration de la jeune femme lui avait paru tellement douce qu’il s’était interdit de la déranger.

Il était content qu’elle fût là. Chacun de ses séjours à Vernon avait le même goût amer depuis quelques années : la journée, il faisait comme si tout allait bien et le soir, il se morfondait en silence. Tout dans cet endroit lui évoquait sa mère, chaque petite babiole, chaque claquement de porte, chaque grain de poussière ravivait en lui une profonde douleur qu’il s’était évertué à chasser depuis son départ. Cette souffrance était plus qu’un vulgaire chagrin insupportable, elle l’exposait à sa vraie nature, à sa faiblesse insurmontable. La présence de Cat changeait la donne. La blondinette occupait ses esprits : aujourd’hui, il s’était changé les idées en lui offrant une visite privilégiée des lieux, agrémentée de petites anecdotes sur son enfance qu’elle avait eu l’air de savourer. Il ne s’était jamais encore ouvert comme il l’avait fait aujourd’hui avec elle, la confiance qu’il lui accordait n’avait pas de limite, elle était celle qui réchauffait chaque jour son cœur un peu plus. Sa tante s’était quant à elle réjouie comme une folle lorsqu’elle avait appris que son neveu venait accompagné d’une « simple amie » cette fois-ci ; elle n’avait pas manqué une occasion pour accaparer Cat, n’avait pas lésiné une seule seconde sur les petits détails un peu embarrassants qui, souvent, ajoutaient à chacune des anecdotes que le jeune homme avait mentionné un aspect ridicule—en la défaveur de l’intéressé, naturellement. Il n’y voyait aucun inconvénient, et espérait simplement que tante Stance n’était pas trop collante au goût de la blondinette. Si c’était le cas, il n’osait même pas imaginer quelle serait sa réaction lorsqu’elle lui proposerait ses loyaux services pour s’occuper de sa future potentielle progéniture… Soit, il fallait dire que Gale et Cat n’étaient pas vraiment un exemple de discrétion pour les baisers échangés au détour d’un couloir.

Attiré par la vision du trampoline trônant au milieu du jardin à travers la porte-fenêtre, Gale arrêta de faire tournoyer son portable dans la poche de son short et envoya valser le bouquin de l’autre main. Il pencha la tête et fronça les sourcils, dubitatif. Peut-être qu’après tout un peu d’exercice suffirait à l’épuiser, songea-t-il, puis il se leva d’un bond athlétique pour rejoindre l’extérieur sans prendre la peine de se chausser. Il aimait la sensation de l’herbe fraiche lui chatouillant légèrement les pieds, tout autant que l’air doux caressant ses jambes nues sans lui arracher un seul frisson. Vernon était un petit village reculé de l’Indiana, et la demeure d’oncle Ray, elle-même isolée, n’était bordée que de quelques champs de blé ou de maïs qui offraient à la propriété un agréable air de campagne. C’était différent de Lima : ici, les seuls éclairages nocturnes provenaient du ciel-même, et Gale réalisa que ce petit détail anodin lui manquait. Son regard s’attarda sur le sol devant lui à mesure qu’il progressait jusqu’au trampoline. Allongés sur l’herbe, lui et sa mère passaient jadis de longues nuits d’été à essayer de compter chaque étoile une par une, lorsqu’il était encore tout jeune. Ce n’était pas la même chose qu’observer le ciel depuis le toit de son immeuble, mais il s’était tant bien que mal adapté. Désormais, c’était à Vernon qu’il devait se réacclimater et qu’il redécouvrait, chaque année plus différente que la précédente.

Il enjamba le trampoline avec vivacité et sans réfléchir, se mit à sautiller puis à bondir, accompagné du léger grincement des ressorts. Le blondinet savait que ce dernier recours était idiot en plus de le tourner en ridicule. Il se sentait tel un gamin découvrant pour la première fois la sensation d’un saut de plusieurs mètres, à la différence près que lui n’en profitait pas ; il rebondissait machinalement, comme si on l’y forçait. Puis, une chose étrange se passa. Lorsqu’il leva la tête vers le ciel tacheté d’étoiles, il laissa aller son corps et abandonna toutes ses forces, penchant sa nuque vers l’arrière pour atterrir sur le dos et continuer à s’imprégner du ciel nocturne, dont il ne pouvait pas détacher le regard. Etalé de tout son long, il se stabilisa après quelques derniers rebonds. Ses yeux bleus, humides, brillaient comme des miroirs qui reflétaient les lueurs célestes. Il se revoyait soudain adolescent ; lorsque, bercés par le chant des grillons avant la tombée de la nuit, sa mère et lui se rêvaient astronautes. Il reconnaissait quelques constellations, ce qui le fit sourire. Mais l’instant suivant ses lèvres s’étirèrent et une expression grave se dessina sur son visage : il avait penché la tête vers la gauche, comme s’il avait cru un seul instant être dans un rêve, et pouvoir revoir les doux traits de sa mère. La déception était de taille, son cœur s’était serré et une larme menaçait de dévaler sa joue. Une vibration dans sa poche le remmena à la réalité ; c’était Cat qui lui envoyait un texto, inquiète de ne pas le savoir près d’elle. Gale tapota une réponse concise, la gorge nouée.

Je suis dehors, j’ai besoin de prendre l’air. Rendors-toi. Je t’aime.

La blondinette le connaissait pas cœur : elle n’aurait pas du mal à comprendre que quelque chose n’allait pas.


Dernière édition par Gale Hemmens le Lun 1 Avr - 0:24, édité 1 fois
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Ecaterina S. Robertson
Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptySam 29 Déc - 17:20

La réponse de Gale à son texto était trop concise à son goût. Cela lui fit aussitôt froncer les sourcils et sans se poser davantage de questions, Cat envoya valser le drap de l’autre côté du lit pour se lever, la mine ensommeillée. Elle n’était pas dupe, elle le connaissait. Dès qu’ils s’étaient couchés, elle avait ressenti que quelque chose n’allait pas. Elle avait espéré qu’il lui parle comme il l’avait fait tout au long de la journée, la faisant profiter d’anecdotes savoureuses sur son enfance, mais lutter aussi longtemps contre le sommeil n’était pas dans les habitudes de la blondinette : telle une enfant de cinq ans, elle s’était endormie à peine sa tête posée sur l’oreiller. Point de vue résistance, elle avait encore beaucoup de progrès à faire, et maintenant qu'elle était plus ou moins reposée, elle s’en voulait de ne pas avoir osé lui demander directement ce qui n’allait pas. Ecaterina imaginait que ce séjour devait être douloureux pour Gale malgré le réconfort que c’était de revoir la famille dont il lui avait si souvent parlé ces derniers jours, mais elle estimait que s’il ne s’exprimait pas sur ce qui le tracassait de lui-même, c’était qu’il n'y tenait pas et que malheureusement, c’était hors de la portée de Cat de l’aider à régler son conflit avec ses états d’âme. Il avait le droit d’avoir des secrets. Gale et Cat étaient ensemble, pour autant, ça ne voulait pas dire qu’elle devait tout savoir, même si elle admettait que sa curiosité dominait plus souvent son désir profond et ses nombreux efforts pour faire preuve de discernement. Cat avait appris à se montrer moins insistante sur ce genre de point néanmoins, car elle savait que c’était la nature de Gale de se montrer introvertie sur certains détails de sa vie. Ça l’agaçait parfois, mais elle consentait à ce qu’il veuille garder une part de son jardin secret pour lui, elle s’y forçait et contre toute attente, elle s’en sortait plutôt bien. Et puis, elle avait encore tout le temps de lui prouver qu’elle était digne de sa confiance et qu’il ne fallait pas qu’il craigne de lui parler, qu'importait le sujet. Passant une main dans ses cheveux défaits puis se baissant pour remettre convenablement ses grosses chaussettes (il faisait très chaud, cette nuit, mais curieusement, Cat avait froid), la jeune femme enfila le long gilet qu'elle avait abandonné quelques heures plus tôt et attrapa un pull pour Gale ; il n’était pas à l’abri d’un petit frisson, lui aussi. Cat s’approcha de la commode, lança un regard dédaigneux à son reflet dans le miroir, prévoyant d’enfiler un pantalon à la place de son short assez court, par pur respect pour la famille de Gale qui était composée de trois garçons, dont un jeune homme qui donnait l’impression de la détester, mais se dit qu’il n’était pas plus court que les robes qu’elle portait habituellement. De toute façon, tout le monde dormait depuis longtemps. Elle rabattit tout de même les coins de son gilet qui lui arrivaient un peu au-dessus des genoux, sur sa poitrine, et serrant le pull de Gale dans ses bras, elle haussa les épaules, se dirigeant vers la porte pour sortir de la chambre.

Comme elle s’y était attendue, la maison était plongée dans l’obscurité complète, et elle regretta d’avoir laissé son téléphone derrière elle. Très courageusement, Ecaterina se contraint à progresser dans le couloir pour descendre les escaliers silencieusement, occultant sa crainte de se faire dévorer par les horribles créatures qui devaient probablement se cacher dans le vieux grenier. Son nez enfoui dans le pull douillet qu’elle serrait entre ses bras, Cat s’apprêta à descendre les marches tranquillement quand un ronflement sonore provenant de l’une des chambres voisines la fit sursauter très violemment. Elle dévala les escaliers à toute vitesse, rejoignant en gambadant la porte qui menait au jardin, située dans la cuisine, puis une fois à l’extérieur, elle se colla tout contre la porte close, retenant sa respiration et fermant les yeux, cherchant à calmer son cœur qui s’était emballé trop vite en respirant l'odeur du pull qu'elle n'avait pas lâché d'un pouce. Cat avait été très bien accueilli par la famille de Gale, plus particulièrement par sa tante. Ça devait être elle qui venait de lui coller la frousse de sa vie, mais elle lui avait déjà pardonné, elle le lui devait bien après tous les compliments sincères qu’elle lui avait faits depuis son arrivée, et la gentillesse remarquable avec laquelle elle l'acceptait dans sa maison alors qu’elle ne la connaissait pas. Ecaterina la soupçonnait de ne pas croire une seule seconde au fait que Gale l’ait présenté comme une amie, étant donné qu’elle les avait surprit en train de s’embrasser plusieurs fois. Elle avait eu l’élégance de ne faire aucune remarque sur ces petites incartades en présence des autres et Cat se prêtait au jeu : la pauvre fille sans véritable repère familial qu'elle était, adorait cette ambiance conviviale et plus que tout, elle ne voulait pas faire honte à Gale. Elle avait donc tenté d’être la plus naturelle possible, même si cette rencontre avait engrangé un certain stress chez la jeune femme. Elle n’avait pas la cote avec les parents, de manière générale. Elle se souvenait avoir été presque rejetée par la famille de Seth lors de sa première rencontre avec eux. Ecaterina n’entrait pas vraiment dans les critères de sélection de la mère du jeune homme, mais c’était un fait : Cat et les mères, ce n’était jamais le grand amour. En revanche, son père l’avait beaucoup apprécié, soulignant sa finesse d’esprit et ses bonnes lectures. Finalement, tout ça n’avait pas été important pour elle : elle savait qu’elle ne finirait pas sa vie avec Seth. Par contre avec Gale, c’était tout autre, et si la famille du jeune homme ne l’aimait pas, Cat savait que ça pourrait avoir une incidence directe sur leur relation, c’était pourquoi l’hostilité de son plus vieux cousin la touchait particulièrement. Elle ne parvenait pas à savoir ce qu’il lui reprochait. Cependant, elle avait senti qu’il ne la portait déjà pas dans son cœur, et avait même saisi que quoi qu'elle ferait, ça ne changerait jamais.

Son cœur à elle, justement, retrouva une allure normale, constatant dans un même temps que grâce à la lune pleine cette nuit-là, l’obscurité à Vernon était moins terrifiante qu’à Lima. Elle en fut rassurée et descendit, chaussettes aux pieds, les quelques marches qui menaient à l’étendu d’herbe devant elle. De là où elle était, elle distingua un corps allongé au milieu du trampoline qu’elle couvait du regard depuis des jours déjà. Souriant en coin, elle avança discrètement jusqu’à l’engin, et grâce à une manœuvre habile, grimpa dessus pour se retrouver debout, sautillant par intermittence ; elle étouffa un petit rire, mettant encore une fois en évidence son immaturité occasionnelle. Le tissu de son gilet descendant lentement sur son épaule caressée par la tiédeur environnante, Cat continua de sauter faisant très légèrement décoller Gale du plateau souple « J’ai envie de faire ça depuis qu’on est arrivé. C’est génial, ce truc. » Elle sautilla deux fois encore, puis s’arrêta pour se mettre à genoux en remontant son gilet sur son épaule nue, et avança jusqu’à Gale en glissant précautionneusement. Elle se courba pour regarder son visage, vérifiant de fait si ses théories concernant le désordre présent dans sa tête étaient justes, et constata en effet qu’il ne devait pas se sentir très bien ; elle ne l’expliquait pas, ça se lisait dans ses yeux, et son estomac se contracta derechef. Cat posa le pull qu’elle lui avait apporté sur le ventre de Gale, en profita pour passer sa main sur ses épaules qu’elle pouvait atteindre de cette façon, et laissa un petit silence s’installer entre eux. Elle jeta un coup d’œil furtif aux nombreuses étoiles, soupira, avant de reporter son attention sur le jeune homme et de venir replacer une mèche de ses cheveux sur son front « Tu veux pas me dire ce qui se passe ? » murmura-t-elle. Elle se pencha pour l’embrasser posément sur les lèvres, resta inclinée pour créer un aparté entre eux, et ne put se retenir de sourire en disant « J’ai dit des choses horribles pendant mon sommeil ? Ou alors j’ai grogné et ça t’as rebuté ? » Elle tentait de le faire rire, mais elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle se moquait de la tristesse qu’elle avait cru déceler dans son regard. Alors, l’embrassant sur la joue cette fois, elle se redressa ensuite pour s’asseoir en tailleur, et lui attrapa la main pour la prendre dans les siennes. Cat reposa sa question d’une autre manière « Qu’est-ce qui te tracasse, Hemmens ? » Effleurant lentement la ligne des doigts de Gale avec les siens, elle se sentit obligée d’ajouter pour conclure, levant les yeux au ciel dans une mine faussement désabusée « À part mes grognements, s’entend. »
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MessageSujet: Re: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptySam 19 Jan - 16:48

Une part égoïste de Gale avait contemplé l’idée que la blondinette vînt le rejoindre avec un certain espoir ; aussi s’empressa-t-il de se frotter les yeux lorsqu’il entendit les pas de la jeune femme trahir son arrivée l’instant qui suivit. Il refusait de laisser son regard brillant, rougi par le chagrin parler à sa place et, en parfait acteur, il esquissa un sourire pour ne pas l’inquiéter. Il n’eut pas besoin de déguiser ses émotions très longtemps car un autre sourire, authentique cette fois, illumina son visage qui suivait attentivement Cat à mesure qu’elle progressait dans les airs au rythme de ses sauts sur le trampoline, heureuse. C’était un trait de caractère qui le surprenait toujours autant chez elle mais qui ne faisait qu’accroitre son admiration pour elle – sa tristesse l’empêchait pourtant d’éclater de rire comme à chaque fois qu’il faisait face à une Ecaterina retournée en enfance. Cette dernière eut l’air de s’en rendre compte plus vite qu’il ne l’eût souhaité et, après avoir mis fin à ses sauts, elle retrouva petit à petit son équilibre et son air plus sérieux. Naturellement, elle s’approcha de lui tandis que blondinet pencha sa tête dans sa direction pour les contempler, elle et ses cheveux soyeux légèrement ébouriffés par sa séance de sport improvisée. Il se somma de lui dire que tout allait bien, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter et qu’elle devait retourner se coucher au plus vite mais, au lieu de ça, il resta muet. Il ne parvint qu’à déglutir difficilement pour réprimer un sanglot.

Comme il le craignait, elle s’enquit de son état et lui arracha même un sourire inespéré en supposant être l’origine de son mal être, d’un air amusé. Ce à quoi il s’empressa de répondre d’une voix enrouée, après avoir inspiré un grand coup : « Ne te fais pas de bile, tu n’y es pour rien. Tu es parfaite, et figure-toi que ma tante ne s’est pas gênée de me le faire subtilement remarquer plusieurs fois depuis qu’on est arrivés. Continue dans cette voie, Robertson, et à la fin de la semaine elle me confie la bague de fiançailles de sa grand-mère », dit-il avec un humour contredit par son faciès aux traits graves. Pour lui, l’ironie de cette phrase provenait du fait qu’elle pouvait très bien s’avérer correcte – il connaissait suffisamment tante Stance pour la savoir capable de refiler ce cadeau à lui plutôt qu’à ses propres enfants pour ne pas que Gale perde « plus de temps que nécessaire » selon ses termes. Et au fond, il se fichait qu’elle soit si maladroite que ça avec lui : elle restait le seul modèle maternel sur lequel il pouvait compter – cette pensée le fit froncer les sourcils un peu plus. Avec intérêt il observa Ecaterina lui déposé un pull sur le ventre, vraisemblablement soucieuse de son corps légèrement refroidi « Qu’est-ce que je disais : parfaite ».

La jeune fille s’installa en tailleur près de lui et, sans lui demander l’autorisation, Gale vint placer sa tête au milieu du triangle formé par ses jambes fines, le crâne posé contre son ventre. Il prit part au silence qui s’ensuivit, fermant les yeux dans l’espoir de se vider l’esprit, enveloppé par le parfum de Cat et l’air doux qui lui frottait les jambes. Mais la jeune femme le ramena sur terre en renouvelant sa question, en faisant par la même occasion vibrer la tête du garçon, collée contre son ventre. Il avait cruellement envie de lui expliquer, et même besoin de le faire, mais que penserait-elle de lui ? Il n’avait pas envie qu’elle le voit comme le garçon pleurnichard qu’il avait le sentiment d’être à cet instant, il refusait de la décevoir en lui exposant toute sa faiblesse ou pire, la mettre mal à l’aise. C’était sans doute ça qu’il trouvait le plus difficile ; ne pas savoir quelle serait sa réaction, plutôt que l’aveu en lui-même. Mais les doigts fins de la jeune femme qui vinrent lui caresser les cheveux lui soufflaient qu’il se trompait, qu’elle aurait toujours la même image de lui quoiqu’il arrive – il avait encore beaucoup d’efforts à faire pour changer. Alors, n’écoutant que son courage, il leva le regard vers le visage penché de Cat pour croiser le sien, avant de s’éclaircir la gorge. « C’est cet endroit. J’aime beaucoup revenir à Vernon mais à chaque fois que j’y mets les pieds, des souvenirs refont surface. Et la plupart concernent ma mère, alors… » une larme coula pour venir dévaler sa tempe, mais il l’écrasa illico avec sa main. Il renifla avant de pointer son bras vers le ciel. « Les soirs d’été, quand il faisait beaucoup trop chaud pour s’endormir, elle et moi on avait l’habitude de s’étaler dans l’herbe pour observer les étoiles », expliqua-t-il en reniflant aussi discrètement que possible, « et puis on essayait de leur trouver un nom à chacune et de retrouver celles qu’on avait déjà baptisées ». Gale étira ses lèvres pour essayer de sourire – malgré la douleur associé à ce souvenir, ç’en était un beau. « Un jour elle m’a dit que, où que je sois, le ciel serait toujours le même, les étoiles toujours au même endroit, et qu’il en resterait toujours une à baptiser – même après qu’elle s’en aille ». Les sanglots l’avaient rattrapé, il n’essayait plus de les camoufler, c’était trop tard. « J'ai compris le sens de cette phrase que beaucoup plus tard... et maintenant me voilà, en train de chialer face au ciel en essayant de me rappeler chaque prénom », ajouta-t-il en roulant les yeux, comme excédé « pathétique ».

« Cat », dit-il sans lui laisser le temps de répondre. Son cœur avait accéléré et battait désormais à toute vitesse, rendant chaque mot plus difficile à prononcer. « Tu te souviens quand on s’est rencontrés pour la première fois, tu m’as demandé pourquoi j’avais déménagé à Lima. Tu te souviens de ce que je t’ai répondu ? ». Elle lui répondit que oui, ce qui le fit sourire légèrement. Il était toujours agréablement surpris de constater à quel point leurs souvenirs du lycée étaient vifs, autant pour elle que pour lui. Puis en songeant à sa phrase suivant, il afficha un air de nouveau sérieux. « On est pas venus s’installer à Lima à cause du travail de mon père, c’est plutôt mon père qui a dû chercher à tout prix un poste loin d’ici – le plus loin possible ». Penchant sa tête sur le côté Gale frotta le bout de son nez contre la cuisse de Cat tout en fermant les yeux une seconde fois. Sa voix grêle se fit entendre juste assez fort pour parvenir jusqu’aux oreilles de la jeune femme. « On a fui Vernon ».
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MessageSujet: Re: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptyDim 20 Jan - 16:26

Sa tentative de faire rire Gale avait échoué, et même s’il s’évertua à faire de l’humour en retour, glissant une allusion à une bague de fiançailles qu’elle préféra aussitôt chasser de son esprit, Cat fut prise d’un léger sentiment d’anxiété à l’idée qu’il n’aille pas aussi bien qu’il le prétendait depuis leur arrivée. Au fond, elle savait ce qui devait le tourmenter, elle arrivait à le comprendre sans qu’il s’échine à rentrer dans les détails. Vernon était la ville de son enfance, il l’avait quitté quand il était adolescent pour des raisons qu’elle avait toujours cru légitimes, elle était plutôt bien placée pour savoir que ce n’était pas simple de quitter un endroit où on avait construit tout un tas de choses. Il devait avoir des amis ici, et puis il était proche de sa famille. Sans parler que depuis son départ, il avait perdu quelqu’un qui lui était très cher, sa mère. Ça aussi, elle était en mesure de le comprendre, elle avait également perdu la sienne. Sauf qu’elle n’était pas naïve au point de pouvoir prétendre que la relation qu’elle entretenait avec sa mère s’apparentait à celle que Gale entretenait avec la sienne, ce n’était même pas comparable. Cat avait longtemps appréhendé la conversation qui allait suivre. Celle où Gale lui dirait que sa mère lui manque, car elle n’était pas en capable de le rassurer ; elle pouvait tout juste faire preuve de compassion. Sa mère à elle ne lui manquait pas, c’était le contraire. Elle se sentait abominable, ce n’était pas normal de ne pas éprouver de la tristesse, mais elle avait cessé de penser qu’elle était quelqu’un de bien depuis longtemps et s’était faite à l’idée que même si elle essayait parfois de renouer avec le souvenir de sa mère pour se sentir comme tous les autres, elle n’aurait jamais la notion de la maman qu’avaient ses amis. Quand ses amis parlaient de leurs parents, justement, Ecaterina préférait ne pas se référer à sa propre histoire et faire comme si elle avait fait partie d’une famille modèle avec une mère aimante et un père présent. Ce n’était pas si compliqué que ça, elle avait beaucoup d’imagination. Toutefois, au fond d’elle, c’était dur, elle ne le gérait pas aussi bien qu’elle le prétendait. Aussi, tout ce qu’elle espérait c’était que Gale ne lui en tienne pas compte et surtout qu’il ne lui en veuille pas de ne pas avoir les mêmes repères que lui.

Le voir dans cet état, c’était pénible pour Cat. Seulement, ils avaient passé une sorte de pacte tacite, et quand l’un n’allait pas bien, c’était l’autre qui prenait le relais. Ce soir, c’était à la blonde de faire preuve de force pour ne pas craquer. Si elle s’en sentait capable ? Pas vraiment, car c’était Gale qui se trouvait face à elle et que l’empathie qu’elle éprouvait pour sa situation associée à ses sentiments pour lui ne lui facilitait pas la tâche. C’était très douloureux de l’entendre parler de cette façon, de le voir si vulnérable, mais bien sûr, ça ne changeait rien à ce qu’elle éprouvait pour lui, ça ne faisait que confirmer qu’elle l’aimait. Il n’hésitait plus à lui faire part de ce genre d’anecdotes, ce qu’elle avait peiné à obtenir. Elle était tentée de croire qu’il lui faisait davantage confiance et même si les circonstances n’étaient pas propices à ce genre de sentiment, elle était heureuse qu’il consente enfin à lui accorder plus que de simples compliments et des déclarations d’amour, c’était important pour elle. N’empêche que ça n’adoucissait pas la douleur qu’elle éprouvait en le voyant si triste; prendre sur elle s’avérait être plus compliqué qu’elle l’avait imaginé. Ecaterina passa ses doigts dans les cheveux de Gale, gardant en tête qu’elle devait résister et ne pas compliquer les choses en pleurant avec lui, et elle jeta une œillade timide au ciel comme si elle craignait de s’immiscer dans un endroit dans lequel elle n’était pas invitée. C’était le genre d’histoire que Cat ne pourrait jamais raconter, parce qu’elle n’avait pas partagé de moments semblables avec ses parents ou très peu lors de son enfance. C’était plutôt poétique, très touchant et ça lui fit esquisser un sourire discret. Elle gardait des souvenirs distincts de la mère de Gale qu’elle avait dû rencontrer peut-être deux ou trois fois quand elle avait dix-sept ans et bizarrement, ça ne l’étonna pas qu’elle ait utilisé de belles images lyriques pour enjoliver la présence des étoiles, ça l’aurait presque déçu si c’avait été le contraire. Prenant une courte inspiration, la blondinette rebaissa son regard sur Gale et secoua légèrement la tête quand il eut l’impression d’être excédé. C’était à ce moment-là qu’elle était censée intervenir pour le consoler, et sans réellement penser à ce qu’elle allait lui dire, elle murmura :

« Je trouve que c’est plutôt normal que tu sois malheureux. » Elle pinça les lèvres, tira prudemment sur sa manche pour venir sécher les yeux du jeune homme en continuant sur le même ton « C’est le contraire qui m’aurait affolé et tu sais, je ne suis probablement pas la mieux placée pour te donner mon avis, mais je suis quand même là pour t’écouter. C’est mon job de, si ce n’est te faire oublier la douleur, au moins essayer de te la rendre plus supportable. Si t’as peur que je me paie ta tête parce que tu verses quelques larmes, laisse-moi te dire que tu es un idiot, Gale. » Preuve du sérieux de la situation, elle utilisait son prénom, ce qui n’arrivait pas aussi souvent que ça ; juste quand elle était très en colère ou pour l’attirer dans ses filets. Elle ajouta, encore plus bas « Ça m’est égal. » Elle cligna plusieurs fois des yeux en s’appliquant à le débarrasser de toutes ses larmes, eut envie de l’embrasser, mais ne s’y risqua pas, se battant avec le fait que c’était atroce de le voir si fragile, puis elle posa sa main sur la poitrine de Gale et rejeta un coup d’œil hésitant aux étoiles « C’est une jolie tradition, peut-être qu’elle n’y verra pas d’inconvénient si tu en baptisais une à son nom. » Elle lui fit un petit sourire, n’insistant pas sur ce point et détourna finalement les yeux pour le laisser seul avec ses pensées. Cat estimait que si c’était quelque chose qu’il envisageait de faire, il voudrait faire son choix par lui-même et par décence, elle fit mine de s’intéresser aux éclairages clignotants d’un avion qui passait juste au-dessus.

Silencieuse, Ecaterina laissa les bruits de la nuit reprendre leur place et chasser leurs voix, les yeux perdus dans le ciel étoilé et la tête pleine de remords. Elle était tellement peu douée pour réconforter les gens que ça la mettait mal à l’aise et de nouveau, elle se mit à espérer que Gale ne lui en veuille pas d’être si incompétente. Elle voulait vraiment l’aider à se sentir mieux, à l’apaiser. Si elle avait pu aspirer sa douleur d’une façon ou d’une autre, elle l’aurait fait. Elle était prête à partager ce genre de chose. Elle se fichait de souffrir, tout ce qu’elle voulait c’était qu’il soit heureux, lui et lui seul, et que les épreuves qu’il avait dû surmonter quand elle n’était pas là ne lui gâchent plus la vie. Elle estimait qu’elle avait tellement eu une vie épouvantable jusqu’à maintenant que si on en rajoutait davantage, elle ne verrait même pas la différence. Gale avait eu plus de chance qu’elle dans le passé, elle tenait à ce qu’il la retrouve. Mais comment le lui faire comprendre ? Il était secret, autant qu’elle l’était. Elle ne voulait pas le brusquer. Leur histoire se passait plutôt bien depuis février, mieux que la première fois, elle ne voulait pas que son insistance ruine tout encore une fois. Alors, elle rongea son frein, fermant les yeux en ne cessant de passer et repasser ses petits doigts dans les cheveux de Gale. Sa voix la fit revenir sur terre, néanmoins, et se contentant d’acquiescer à ses questions, elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils quand elle sentit qu’il s’engageait peut-être dans une direction qui échappait totalement à ses aptitudes. Attendant qu’il se redresse après sa dernière phrase, elle le regarda droit dans les yeux, sans ciller, visiblement surprise.

Ils avaient fui Vernon ? Cat tenta de chercher une réponse limpide dans le regard de Gale, daignant enfin à arrêter de le fixer. En bonne connaisseuse, la jeune femme savait que la fuite était la seule solution à une situation sans issues. Pas forcément la meilleure solution, cela dit, mais c’était celle qui permettait à beaucoup de gens de connaître un nouveau départ. Son cerveau se mit à bouillir, elle sentit son cœur battre un peu plus fort dans sa poitrine qui se souleva au rythme de sa respiration, mais tentant de reprendre sur elle, elle rouvrit les yeux. Se sentant soudain inconfortable sur le trampoline, elle se pencha pour embrasser rapidement Gale sur la joue, et lui dit « Viens, on va s’asseoir sous le perron. » Puis, sautant du trampoline, elle attendit qu’il fasse de même pour lui reprendre la main et se diriger vers les quelques marches qui menaient jusqu’à la porte de derrière. C’était totalement ridicule de se poser autant de questions, parce qu’au final, elle savait que peu importait les raisons de cette fuite, une fois que la vérité lui serait dévoilée, ça ne changerait pas grand-chose à ce qu’elle ressentait pour lui. Peut-être qu’elle aurait enfin des réponses, qu’elle comprendrait des choses qui lui avaient toujours échappé et la curiosité d’en savoir davantage reprit le dessus sur cette petite pointe d’angoisse qui l’avait prise dès qu’il avait pris un ton plus solennel pour lui parler. Grimpant les marches pour rejoindre la balancelle sur la gauche, Cat s’assit dessus et étendit ses jambes sur les genoux de Gale, gardant le silence. Ce fut après un moment à réfléchir qu’elle lui reprit précipitamment la main et qu’elle lui demanda « Hey, regarde-moi. » Elle replia ses jambes, entrecroisa ses doigts aux siens, et reprit « Tu sais que je t’aime ? » Encore une question idiote et purement rhétorique, mais elle avait besoin de lire la réponse dans son regard et après confirmation, elle poursuivit, la voix assurée « C’est toi que j’aime, pas ton histoire ou ta famille, d’accord ? Tu peux tout me dire, ça ne changera rien. Même si c’est grave, et que tu penses que ça me fera fuir. J’ai des antécédents, c’est certain, mais j’ai changé, et je crois que j’ai réussi à te prouver que je pouvais endosser plein de choses. Alors, s’il te plaît… » Nerveusement, Cat glissa une longue mèche de cheveux derrière son oreille et continua en lançant de petits regards pressés à la porte non loin d’eux « Raconte-moi ce qu’il s’est passé. Je ne te cache pas que je commence à avoir peur, Gale, et à ne pas pouvoir m’empêcher de penser que… que Liam est lié à cette histoire. » C’était le regard de psychopathe du jeune homme qui la mettait sur cette voie. Elle avait d’abord cru que c’était sa façon de l’accueillir dans la famille, une espèce de bizutage qu’il trouvait drôle, mais elle n’aurait pas été étonnée de savoir qu’il dépeçait des petits animaux dans le sous-sol et retenant sa respiration dans sa poitrine, elle lâcha brusquement la main de Gale en tendant ses deux mains ouvertes devant elle, fermant très fort les yeux « Non, non, non, attends ! Je crois que je ne suis pas prête. » Elle regretta aussitôt ses paroles et son ton trop concis, et glissant davantage vers Gale, elle lui reprenit pour la énième fois la main qu’elle embrassa tout en minaudant « Pardon, pardon… excuse-moi, vas-y. N’édulcore pas surtout, bien sûr que je suis prête ! Je peux tout supporter ! » Elle se redressa craintivement, grossit légèrement le regard et pour illustrer le propos, crut bon de conclure de cette manière « J’ai vu Saw, hein. »
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MessageSujet: Re: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptyLun 4 Mar - 22:30

Le jeune homme marchait à quelques centimètres derrière Cat, en direction du perron, serrant très fort sa main dans la sienne. L’air fit sécher les larmes écrasées sur ses joues, et Gale réalisa malgré sa gêne qu’il se sentait plus serein qu’il ne l’était un peu plus tôt. La réaction de la jeune fille face à ses propos morbides l’avait surpris dans le bon sens, et aussi maladroits qu’avaient pu lui paraitre ses propres mots, elle avait réussi à le réconforter avec brio. Gale voyait ce qu’elle essayait de faire. Jouer la carte de l’humour, le rassurer sur le fait que sa tristesse fût fondée, rester forte en dépit de cette lourde révélation : ces preuves d’amour qu’elle lui témoignait valaient plus que les conseils surfaits qu’aurait pu lui prodiguer n’importe qui d’autre. Il se sentait bête d’avoir pu douter de la capacité de la jeune fille à endosser sa tristesse, et maintenant qu’il la savait capable de supporter l’image de lui versant quelques larmes, il sentit son cœur se réchauffer. Cela n’atténuait pas son embarras ; il préférait nettement lorsque les rôles étaient inversés et que c’étaient ses bras qui entouraient le corps de la jeune femme, mais cette nouvelle facette de Cat nourrissait un peu plus l’admiration qu’il lui vouait. Leurs efforts payaient.

La révélation suivante était tout aussi difficile que la première, pourtant tous les doutes qu’il avait éprouvés, infondés, s’étaient dissipés aussitôt qu’ils furent confortablement installés sur la balancelle, baignés du clair de lune et de quelques lanternes solaires perchées au-dessus d’eux. Il ne put réprimer une rire nerveux lorsqu’Ecaterina formula une hypothèse farouche concernant son cousin ; sur ce sujet, il ne savait pas trop si la jeune fille était sérieuse ou profitait simplement du fait que Liam, son cousin le plus âgé, semblait l’avoir prise en grippe dès qu’elle avait posé un pied dans sa maison. Elle se trompait, l’histoire qu’il s’apprêtait à lui faire partager ne concernait pas son cousin. Ce qui ne signifiait pas pour autant qu’il cautionnait le comportement de ce dernier ; il se promit d’ailleurs de mettre les choses au clair avec l’intéressé dès le lendemain. En attendant, il expliqua simplement : « Je suis désolé pour Liam, je ne sais pas vraiment ce qu’il te reproche ». Il pencha la tête pour fixer la blondinette, les yeux toujours humides mais les lèvres moins crispées, et caressa tendrement ses cuisses. « il a beaucoup changé depuis que j’ai emménagé à Lima. On était très proches alors forcément, la séparation n’a pas été facile. Mais quand il comprendra à quel point tu comptes pour moi, il fera des efforts. Il est jeune ». Sur ces derniers mots, il haussa les épaules. Il n’essayait pas de décharger son cousin, au contraire, mais il était bien conscient que cette antipathie à son égard la peinait. Gale connaissait très bien ce sentiment de frustration : les enjeux des rencontres familiales étaient toujours colossaux. Même s’ils n’étaient pas encore tout à fait en couple à l’époque, il en avait fait l’expérience avec le père de la jeune femme—la perspective d’un diner avec l’intéressé lui avait littéralement flanqué la frousse, à tel point qu’il s’était imaginé toute sorte de scénarios rocambolesques au cours desquels la soirée avait mal tourné. Cat, elle, pouvait se targuer de s’en sortir en merveille, et pourtant cet idiot de Liam était là pour l’empêcher de pleinement savourer sa réussite.

Il prit une longue inspiration. Ce n’était pas si simple qu’il se l’était imaginé, et au moment où il ouvrit la bouche pour parler, Cat le stoppa ; c’était à son tour de douter. Le cœur du jeune homme fit un bond, surpris, puis reprit son rythme normal lorsqu’elle lui confirma être fin prête. Gale n’avait pas le droit de lui en vouloir : ce n’était pas anodin comme situation. Déglutissant avec peine, il baissa les yeux une demi-seconde et déposa un baiser sur la joue d’Ecaterina, avant de reprendre. « Dans les semaines qui ont précédé notre départ pour Lima, j’avais l’impression qu’on me suivait. Ça a commencé à la sortie de mon lycée, je croisais souvent une vieille femme qui avait l’air de m’observer. J’étais pas vraiment inquiet. Tu sais, elle fait partie de ce genre de personnes que tu ne connais pas mais dont le visage t’est étrangement familier, et au bout de quelques temps, je n’ai plus fait attention ». Il fit une pause brève, pour échanger un regard furtif avec Cat, intriguée, et reprit. « Un jour, cette femme est venue me parler. J’ai eu un peu peur puisqu’elle connaissait pas mal de détails à mon sujet, du coup je me suis enfui en courant jusqu’à chez moi—j’habitais tout près du lycée ». Sa voix se fit plus tremblotante, les mots plus difficiles à prononcer, mais il continua. « J’ai rien dit à mes parents, et je n’ai plus revu la vieille femme… Quelques jours plus tard, j’ai reçu une lettre écrite de sa main, où elle m’annonçait qu’elle était la mère de mon père. Elle me proposait de la rejoindre dans un café le week-end même ». Gale fronça les yeux brièvement, tentant de se remémorer les détails précis de cette période, en vain. « J’ai paniqué, j’ai montré la lettre à mes parents et deux jours plus tard, on partait pour Lima ». Sa voix rauque résonna plus fort qu’il ne l’avait voulu ; il espérait que sa tante dormît profondément. « Je ne connais pas les détails de l’histoire, mes parents ont toujours refusé d’aborder ce sujet avec moi, du coup j’ai jamais vraiment cherché à en savoir d’avantage. Si mes parents ont pensé que la fuite était la meilleure solution, je me dis qu’ils devaient avoir leurs raisons. Mais bon, ça m’arrive de repenser à cette journée et d’imaginer ce qu’il se serait passé si je n’avais pas bêtement fui ». Il agita les mains, comme pour feindre la résignation. Il ressentait le même sentiment de frustration à chaque fois qu’il se remémorait ce souvenir—à savoir, à chaque fois qu’il remettait les pieds à Vernon. « Je suis désolé de te l’annoncer comme ça, mais voilà, maintenant tu sais ».
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Ecaterina S. Robertson
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MessageSujet: Re: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptyVen 8 Mar - 15:55

Le caractère sérieux de la conversation rendait Cat nerveuse, si bien qu’elle se mit à échafauder mentalement des théories grotesques sur ce que son petit-ami avait de si important à lui avouer. Comme si son imaginaire d’écrivain avait décidé de refaire surface au mauvais moment, exprès pour alimenter le pressentiment désagréable qu’elle avait qu’il s’agissait de quelque chose qui était littéralement hors de sa portée. Elle s’imagina donc que Liam, l’illustre cousin de Gale qui visiblement nourrissait à son égard une inimitié injustifiée étant donné qu’ils ne se connaissaient ni d’Ève, ni d’Adam, était probablement un psychopathe en puissance et qu’il avait coutume de danser le quadrille sur la tombe des ratons-laveur qu’il dépeçait à la pleine lune, de préférence. Dans les grandes familles, il y en avait toujours un qui finissait par filer un mauvais coton, peut-être que les parents de Gale n’avaient pas supporté l’idée que le rejeton instable d’un membre proche de la leur côtoie leur propre fils. Ceci avait entraîné la fuite de la famille de Gale vers un autre état, ça se tenait. Le fait que le jeune homme lui lance des œillades sinistres à chaque fois qu’elle se risquait à ouvrir la bouche la laissait penser que s’il devait passer au stade supérieur dans la chaîne alimentaire des tueurs en série, Ecaterina elle-même était placée en tête de liste de ses proies potentielles. De fait, elle approuvait les Hemmens qui avaient sûrement préféré prendre leurs distances pour le bien de Gale.
Si Ecaterina ne tenait pas autant à ce que tout se passe bien avec la famille de ce dernier, elle se serait sans doute abstenue de se retrouver dans la même pièce que Liam vu qu’il donnait l’impression de vouloir la plaquer au sol même quand elle osait respirer un peu trop fort. Sauf que cette théorie semblait tellement évidente pour la blondinette, tellement sensée et cohérente (elle se basait essentiellement sur les regards appuyés et agressifs du jeune homme depuis son arrivée, c’était une preuve relativement tangible à ses yeux ; les yeux ne mentaient pas) que forcément, il ne s’agissait pas de ça en réalité et jetant un regard désespéré au ciel étoilé, elle pria intimement pour que ça ne soit pas plus grave encore qu’elle ne l’avait imaginé. Cat constatait que Gale était vraiment bouleversé par ce qu’il avait à lui dire, il y avait de quoi craindre le pire. Ça lui faisait de la peine, et bien qu’elle fût prête à tout pour qu’il se sente mieux, elle ne pouvait s’empêcher de redouter ses aveux. Ça ne changerait pas ce qu’elle ressentait pour lui comme elle le lui avait dit, il n’avait pas à avoir peur de la décevoir ou de la heurter, mais s’il s’avérait qu’elle n’était pas capable de pâtir à sa situation, que se passerait-il ? Un doute se faufila en elle, et retournant progressivement son regard morose vers le jeune homme, elle espéra très fort que ses questionnements ne se lisaient pas sur son visage puis lorsqu’il se mit à parler, Ecaterina écarta momentanément ses incertitudes pour mieux écouter attentivement son récit.

Comme elle l’appréhendait, les confessions de Gale touchaient à des histoires de famille. Sans qu’elle ne puisse s’y opposer, son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine, inquiète à l’idée de ne pas être assez adroite pour le rassurer davantage. Comment était-elle censée intervenir quand dans son propre cas, les chroniques de la sienne étaient désastreuses ? La blonde fronça très brièvement les sourcils, baissant furtivement le regard en battant des cils pour se mettre un instant à la place de Gale et comprendre la situation, toute novice qu’elle était. Elle avait toujours vu la famille du jeune homme comme étant soudée, harmonieuse et chaleureuse, elle ne s’était pas doutée une seule seconde que des secrets puissent obscurcir le ciel sans nuage qui se déployait au-dessus de leurs têtes. Elle comprenait que Gale soit troublé par ce renversement de situation, elle-même se sentait corrompue ; ses parents avaient des choses à cacher, comme le commun des mortels. Ils avaient estimé judicieux de le préserver d’évènements difficiles, c’était tout à leur honneur mais ils n’avaient pas le droit de ne pas l’informer du pourquoi, surtout à l’âge auquel Gale avait été confronté à cette rencontre avec sa grand-mère et à cette lettre écrite de sa main ; en plein dans l’âge ingrat, le moment où on se cherche, où on se construit. Cat ne leur jetait pas la pierre, elle n’avait pas le droit elle non plus d’apporter son jugement à une situation qui au final ne la regardait pas, mais elle n’était pas indifférente aux tourments de son petit-ami. C’était suffisant à son avis pour, si ce n’était avoir une opinion sur la question, au moins essayer de démêler le faux du vrai et de l’aider à y voir plus clair. Encore fallait-il qu’elle y parvienne.

Avant de se lever de la balancelle, Cat déposa un long baiser sur la joue de Gale, posant sa main gauche sur son autre joue pour raffermir la pression de ses lèvres contre sa peau puis dépliant ses jambes, elle marcha jusqu’à la rambarde qui encadrait le perron. Elle balaya la pelouse des yeux et se retourna finalement vers le jeune homme, les bras tendus en arrière, les doigts refermés sur le vieux bois de la rampe « Je ne sais pas quoi te dire. » avoua-t-elle d’une toute petite voix. Elle se pencha doucement en avant, ne lâchant pas la balustrade et soupira en reprenant et se redressant de toute sa taille en même temps « Tu penseras toujours à ce qui aurait pu se passer si tu avais réagi autrement. Crois-moi, je suis bien placée pour le savoir. » Elle le regarda avec intensité, sachant qu’il saurait de quoi elle voulait parler et tout en venant appuyer ses reins contre la rampe derrière elle, elle croisa les bras sur sa poitrine et continua après avoir marqué une courte pause « C’est pour ça qu’il faut que tu cherches à en savoir plus sur les raisons qui ont poussé tes parents à ne pas aborder le sujet avec toi et à implicitement t’interdire de rencontrer ta grand-mère. Tu ne pourras pas commencer à vivre ta vie si tu sens qu’il y a des zones d'ombre sur ton histoire, il te manquera toujours quelque chose. Tu vivras malheureux, et personne n’y pourra rien. » Elle haussa furtivement les épaules, secouant la tête de droite à gauche en risquant un petit sourire réconfortant « Quoi qu’il arrive, tu seras toujours leur fils et... » Cat resserra ses bras autour de sa poitrine. Sa peau réagissant à la brise qui s’était levée, elle frissonna. Hésitant un instant par crainte d’aller trop loin dans ses propos et de fâcher Gale, elle détourna le regard. Puis elle se dit que si elle ne lui exposait pas le fond de sa pensée, ça serait encore pire et se mordant les lèvres, elle fini par poursuivre plus bas « On n’a pas le droit de décider à ta place, Gale. Avec tout le respect que j’ai pour ton père, je trouve que c’est égoïste de sa part de continuer à te laisser dans le flou concernant cette histoire, alors qu’il est évident qu’il sait que t’es pas idiot et que t’as compris depuis longtemps que votre arrivée à Lima était liée à cette lettre de ta grand-mère. Sa vie à lui est déjà bien entamée, tu sais. Il n’a plus le droit de t’imposer ce secret sous prétexte que c’est pour te protéger, c’est trop facile. » On pouvait sentir une pointe de colère dans le timbre rauque de sa voix, mais Ecaterina tacha néanmoins de garder une expression neutre sur son visage. Laissant de nouveau le silence s’installer, elle inspira brusquement en tirant lentement sur les manches de son gilet pour réchauffer ses mains. Elle aussi avait été confrontée aux secrets de famille, on lui avait caché trop de choses pendant trop longtemps. Elle refusait que Gale connaisse ça lui aussi.
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MessageSujet: Re: 06. [Vernon, IN] Hometown sorrow.   06. [Vernon, IN] Hometown sorrow. EmptyLun 1 Avr - 0:23

Gale fixait Cat intensément, comme à l’affût d’un verdict dont beaucoup dépendait. Il ne s’était rendu compte que trop tard que le secret qu’il venait de lui livrer était lourd à digérer et une part de regret s’insinua dans son esprit. Ses doutes ne concernaient ni Cat ni sa capacité à comprendre, seulement il savait que les épaules de la jeune fille étaient déjà meurtries par le fardeau écrasant de son propre passé. Peut-être était-il égoïste de lui infliger ça, maintenant qu’il y réfléchissait. La fatigue avait sans aucun doute brouillé son goût du secret mais c’était bel et bien sa volonté propre qui l’avait conduit à parler, pouvait-on le lui reprocher ? Ecaterina méritait de savoir, elle devait savoir. Le voulait-elle vraiment ? Le silence qui s’installa entre eux le fit longuement hésiter, et son cœur se mit à frapper très fort dans sa poitrine.
Un seul geste suffit pourtant à le calmer : son rythme cardiaque s’apaisa lorsque les lèvres de la blondinette caressèrent sa joue encore légèrement mouillée par les larmes. Concis et efficace, ce témoignage de bienveillance à son égard lui fit fermer les paupières furtivement. Une fois de plus, il avait douté pour un rien, et il se rendait compte après coup de la chance qu’il avait. Cat n’était pas encline à reconnaitre ses propres qualités mais elle était vraiment celle dont il avait besoin à tous points de vue. Gale s’en voulait de ne pas réussir à ébranler sa ferme conviction d’être une mauvaise personne, mais c’était dans ces moments-là qu’il savait plus que jamais qu’elle se trompait.

Elle avoua ne pas savoir quoi lui répondre, ce qui lui décrocha un sourire. Il ne lui en voulait pas d’être incapable de lui répondre, l’inverse l’aurait étonné. Le seul fait qu’elle l’écoutât à cette heure-là de la nuit, s’efforçant à lutter contre le sommeil pour ne pas le laisser seul, suffisait à le réconforter. L’empathie qu’elle lui communiquait avec le regard était bien plus touchante que tous les mots qu’elle aurait pu chercher pour le calmer ; le jeune homme se surprit d’ailleurs à désirer que cette communion entre eux se fît à travers tous leurs sens, s’efforçant de contenir ses ardeurs en se rappelant le décor qui les entourait.
La jeune femme confirma les doutes qui l’avaient rongé jusqu’ici : s’il ne cherchait pas à connaître la vérité à propos de la fuite de ses parents, la frustration continuerait à le poursuivre inlassablement. Toujours assis sur la balancelle il laissa échapper un long soupir de dépit, levant les yeux en l’air avant de poser à nouveau ses yeux bleus sur Cat, postée face à lui. Il lui faisait confiance, elle pouvait bel et bien dire savoir de quoi elle parlait. L’idée de faire ressurgir de tels souvenirs chez elle était d’autant plus pénible qu’il se souvenait à quel point il avait été maladroit, la première fois qu’elle lui en avait parlé. Cat n’avait pas aimé sa volonté naïve de vouloir l’aider à surmonter tout ça : elle n’avait pas eu besoin de lui. La situation actuelle était légèrement différente puisque Gale n’avait jamais vraiment osé faire face au mystère émanant de son passé—peut-être plus pas peur que par indifférence. Seulement, sa blessure n’avait jamais entièrement guérie, et chacune de ses visites à Vernon avait pour effet néfaste de raviver la douleur, plus lancinante à chaque fois.

Les commentaires de la jeune fille concernant son père lui firent froncer les sourcils, lui donnant un air faussement soucieux. Il savait qu’elle n’avait pas tort, ce n’était pas la première fois qu’il se rendait compte que les secrets de son père l’annihilaient involontairement. Seulement, il n’était pas le seul à son origine, sa mère avait elle aussi participé à leur fuite, quelques années plus tôt ; et Gale savait très bien que s’il finissait par aborder le sujet, la seule mention du nom de sa mère pousserait son père dans ses retranchements. Le blondinet n’oubliait pas que lui aussi avait souffert de son décès, que ce n’était pas lui qui avait perdu celle qu’il aimait le plus au monde—son père méritait d’avancer, et même de refaire sa vie. Gale se rendait compte que, s’il voulait en faire autant, il était nécessaire pour lui de se montrer égoïste avec son paternel et de faire primer son intérêt au dépend de leur relation pour une fois. Cette perspective l’effrayait, mais si Cat l’encourageait comme il la sentait prête à le faire, il y parviendrait sans nul doute.

« Mon père n’est pas le seul fautif » avoua-t-il malgré tout « enfin si, il l’est. Mais disons qu’une part de moi se complaisait dans la nouvelle vie que ma mère et lui ont reconstruit après notre fuite. J’étais trop lâche pour vouloir chambouler cet équilibre et puis… » il fit une pause et se leva de la balancelle en s’étirant les bras. Il rejoignit Cat dont il saisit la main pour entourer ses doigts des siens « et puis, j’étais jeune quand on est arrivé à Lima, j’avais d’autre soucis. J’étais amoureux ». Il lui adressa un sourire complice, avant de regagner un air plus sérieux. Posté face à la blondinette, il caressa l’ovale de son visage avant de glisser ses bras autour d’elle pour venir la serrer contre lui. C’était la première fois depuis leur arrivée qu’il pouvait rester collé contre elle en dehors de leur chambre—commune, dieu merci—sans risquer d’être épiés par le regard attendri de sa tante ou consterné de son cousin. La tête penchée en avant, ses lèvres étaient plaquées contre le haut du front de Cat tandis que ses doigts virent caresser le bas de ses reins pour la réchauffer. « C’est pas très marrant tout ça : rester là à tranquillement écouter mes lamentations ». il esquissa un sourire moqueur avant de décoller légèrement son buste de celui de la jeune femme pour croiser son regard. « C’est qu’on pourrait presque croire que tu te ramollis, Robertson », ajouta-t-il, taquin. Il n’eut pas le temps d’en rajouter une couche ; la jeune fille, visiblement outrée par ce changement de registre, lui pinça un bout de chair au niveau du bassin. « Ouch ! » s’exclama-t-il plus fort, tellement fort que Cat couvrit sa bouche de son autre main pour atténuer le bruit. Gale, plus détendu, prit un air faussement inquiet à l’idée que quelqu’un pût l’entendre. Au lieu d’ajouter quoique ce soit, il resserra son étreinte et embrassa Cat fougueusement—ça lui manquait.
« Je t’aime », lui murmura-t-il un fois le baiser interrompu, avant de ressaisir sa main pour la mener à l’intérieur. Il était temps qu’ils essaient de dormir.

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