| Frères de chevelures feat Sam Evans & Aiden Michaels |
|
« Je te rappelle qu’on va là-bas seulement parce que je dois parler à un ami pour lui emprunter un peu d’argent, répétait sans cesse la mère d’Aiden.
»Elle, un ami ? Était-ce possible ? Une personne si désagréable et méchante…
« J’ai compris, j’ai compris… »« Et fait donc un effort pour avoir l’air heureux, tu sais aussi bien que moi qu’aucun de nous deux ne veut avoir l’air d’être pauvres. »Elle avait au moins raison sur ce point. Mais « avoir l’air heureux » aux côtés de sa mère était quelque chose de quasiment impossible pour Aiden. Elle avait cette fâcheuse manie de l’emmener avec elle quant elle allait demander de l’argent à quelqu’un – ce qui arrivait souvent – simplement pour faire pitié.
Heureusement pour Aiden, cette fois, le voyage s’avérerait peut-être plus intéressant. L’ami en question leur avait donné rendez-vous au Gramophone Record. C’était un magasin de musique pratiquement légendaire au sein de la communauté de Lima : vieux vinyles et guitares acoustiques y étaient vendus, entre autres, et ce uniquement par des connaisseurs. Aiden n’avait encore jamais eu l’occasion de s’y rendre, puisque sa mère le lui avait formellement interdit.
Il était clair qu’il profiterait du moindre moment d’inattention de sa mère pour éplucher les étagères de disques et admirer les instruments du magasin. Après tout, la musique était sa passion.
Lorsqu’ils arrivèrent enfin, Aiden ouvrit la portière, mais avant qu’il n’ait pu sortir sa mère retint fermement son bras.
« Si je te vois acheter quoique ce soit dans ce magasin, tu sais ce qui t’attend, menaça-t-elle en fronça les sourcils. »Aiden secoua le bras pour se détacher de l’étreinte de sa mère, et celle-ci le fixa longuement par après, se retenant de ne pas le corriger pour son impolitesse – puisqu’elle était en public. Il entrèrent finalement dans la magasin. Tout de suite, Aiden fut émerveillé.
The Gramophone Record était une vieille bâtisse reconvertie en disquaire, puis en magasin de musique. De ce fait, il avait un cachet unique, un peu vieillot, qui lui plaisait beaucoup. Quelques vendeurs se promenaient dans les allées, répondant à toutes les questions sans la moindre hésitation, et les rangées de vinyles, d’instruments et de tout ce dont Aiden avait imaginé s’alignaient devant lui. Le paradis sur Terre.
Mais une fois de plus, sa mère le prit par le bras le tira vers lui, en l’obligeant à le suivre jusque dans un coin de la boutique, où un homme épluchait scrupuleusement les vinyles. Lorsqu’ils s’arrêtèrent derrière lui, l’homme se retourna et salua la mère d’Aiden, puis engagea la conversation.
Pendant ce temps, Aiden ne pouvait s’empêcher d’admirer l’endroit, son poignet vigoureusement étreint par sa mère. Puis, celle-ci lâcha pris finalement lorsque l’homme sortit quelques billets. Aiden ne se fit pas attendre : il s’empressa de s’éloigner et de commencer son exploration, alors que sa mère le regardait avec appréhension. Or, trop occupée par la transaction qui se déroulait, elle le laissa s’échapper.
Aiden était finalement libre de contempler tout ce qu’il voulait. Ses yeux brillaient tellement ce qu’il voyait était beau. Depuis le temps qu’il désirait entrer dans cette boutique, il y était enfin. Il se dirigea donc vers les guitares, où un des vendeurs lui demanda s’il avait besoin d’aide. Aiden hocha de la tête et expliqua qu’il ne faisait que regarder. Le vendeur le laisse alors seul. Il n’avait certainement pas l’argent pour s’acheter une de celles-ci. Elles étaient si belles.
C’est alors qu’il sentit une présence derrière lui, une présence qu’il connaissait bien. Il se retourna subitement et devant lui se dressa son imposante mère.
« Je t’avais dis Aiden… Elle s’approcha de son visage qu’elle écrasa avec sa main, tout en essayant de se cacher.
Tu l’as cherché. Trouves-toi un endroit pour dormir ce soir, tu ne reviens pas à la maison. »Puis elle le relâcha et s’éloigna, en faisant comme si de rien n’était. Elle s’en alla, en se désintéressant complètement de son fils. Aiden comprit qu’il n’aurait aucune chance de rentrer chez lui ce soir-là. Cette visite du Gramophone Record était soudainement un peu moins agréable…