Pour que la vie en colocation se passe le mieux possible, il faut que les personnes vivant ensemble puissent compter l’une sur l’autre pour se rendre service, et ce, d’autant plus quand votre colocataire et votre meilleur ami ne font qu'un. La veille, Ryder avait demandé à Robbie de faire quelque petite course, et le blond n'avait pas pu refuser. Ryder savait le plaisir que prenait Robbie en cuisinant, et pensait surement que cette escapade au marché, pourrait lui redonner envie de cuisiner. Robbie n’avait pas bronché, sachant pertinemment que de toute façon, c'était à son tour de s'occuper du ravitaillement de l’appartement. Depuis un mois, alors qu’il se la coulait douce à Baltimore, Ryder avait du s’occuper de cet endroit tout seul, ne sachant pas quand reviendrait son meilleur ami. Robbie se sentait redevable envers lui, et avait donc décidé de faire un arrêt au centre commercial, en rentrant des cours. Il privilégiait beaucoup plus sa voiture à un quart d’heure de marche désormais. Au moins, la voiture lui assurait d’être seul le temps du trajet, alors qu’une rencontre était vite possible en pleine rue. Il partit se doucher, s’habiller en quatrième vitesse, et s’en alla pour la fac. Plus il s’approchait de l’université, plus il se rendait compte que c'était la première fois depuis sa "fugue" qu'il y retournait. Le besoin de préciser qu'il n'en avait pas envie ne se faisait pas sentir, il n’avait pas envie qu’on lui demande pourquoi il avait été absent pendant près d’un mois et demi. De toute façon, n’ayant de compte à rendre à personne là bas, personne n’avait besoin de savoir la vérité.

La matinée se déroula sans imprévu majeur, et on le laissa relativement tranquille. Certes, il y avait toujours des commères qui voulaient être au courant de la vie des autres, pour alimenter la leur, mais Robbie n’avait pas semblé bon de leur donner ce privilège. Il rentra donc sereinement dans sa voiture, quand presque simultanément son portable vibra dans sa poche. Ryder, réglé comme une horloge avec son emploi du temps, venait de lui envoyer un message pour lui rappeler de ne pas oublier les couses. Fouillant dans ses poches, il se rendit bien vite compte qu'il serait obligé de retourner pour chercher la liste. Il roula tranquillement, n'ayant aucune envie d'arriver plus tôt que prévu à Lima, rentra chez lui, et trouva une place parfaite où se garer. Si bien, qu'une fois monté chez lui et la liste en main, il parti à pied au centre commercial. Comme à son habitude, il traina des pieds sur le chemin, musique à fond pour se couper le plus possible du monde, et regard baissé sur le trottoir usé. Il était, depuis sa rupture, dans un état second. Il ne parlait plus beaucoup, sauf aux rares personnes qui lui adressaient la parole en premier. Une chose était sûre, ce n'était jamais lui qui engageait la conversation. Il ne dérogea pas à cette règle lorsqu'il vit au loin, une chevelure qu'il connaissait bien, de part son originalité, ici à Lima. Des cheveux longs et clairs, ramenés en dread et relevé en une queue de cheval.

Il faisait gris, et de gros nuages menaçaient de laisser tomber une pluie épaisse d’ici peu. Il n’avait évidemment pas pris de parapluie pour se protéger, mais était heureux d’avoir un mis sweat à capuche aujourd’hui. Il leva la tête vers le ciel, et avança un peu plus vite maintenant, ne voulant pas se faire attraper par l’averse qui se préparait là haut. Il sortit les mains de ses poches chaudes, et releva la capuche sur sa tête. Il continua son chemin, sans s'arrêter, et pressa le pas en sentant la pluie commencer à tomber. Il était à quelques rues du centre commercial, son but était presque atteint quand une main se posa sur son épaule, le forçant à stopper sa marche brutalement. Il se retourna pour connaitre l'identité de cette personne, et vit le visage heureux de Joy. N'étant pas d'humeur à parler musique ou cheveux comme à leur habitude, il la regarda d'un air complètement neutre, attendant de connaitre ce qu'elle lui voulait. Il n'avait pas commencé de conversation depuis son retour, et il ne portait pas encore assez Joy dans son cœur pour changer cela. Il rentra la tête un peu plus dans les épaules, sentant la pluie de plus en plus forte, en cherchant du regard un abri ou se réfugier. Il se demanda ce qu'elle attendait, et pourquoi elle n'avait pas encore parlé. Il arqua un sourcil pour l'interroger silencieusement. Si ce geste n’avait pas été aussi caricatural, il se serait mis à taper du pied pour montrer son agacement. Qu’elle parle et vite, il avait d’autre choses à faire plus intéressantes qu’être ici, à attendre de se faire mouiller les os et en attendant que Joy partage la nouvelle qui apparemment la mettait de si bonne humeur malgré le temps maussade qui avait recouvert Lima en moins de dix minutes.